Il ne faisait pas encore nuit, et il était étonnant, partant de là, que
Zetsu traîne dehors, ou soit, tout simplement, éveillé. C’était un noctambule, lui, qui vivait au gré de la nuit. Impossible de le voir le matin, sauf s’il était en train de finir une soirée dans un quelconque bouge de la Toussaint. Mais bon, parfois, il fallait savoir se lever «
tôt ». Pendant que les bonnes gens de la société travaillaient fièrement pour contribuer à la société, Zet’, lui, errait dans la rue, portant sa veste. Pour une fois, elle était relativement propre, car il avait utilisé ses maigres deniers pour la mettre au pressing. En fait, c’était la principale raison pour laquelle Zetsu était levé... Il revenait du pressing. À force de porter sa veste tous les jours sans rien faire, elle avait fini par absorber sa transpiration, et avait bien eu besoin d’un lavage complet.
Maintenant, elle sentait bon, et, même s’il savait que ça ne durerait pas, il en profitait. Tirant entre ses lèvres un joint, l’homme avançait le long des ruelles sinueuses de la Toussaint. Il n’avait pas trop de but précis où se rendre, et se contentait de zoner, laissant ses instincts aux aguets, à la recherche d’un bon gros coup à renifler. Il reniflait le bon coup, tout simplement. Son petit foyer avait besoin de quelques garnitures supplémentaires. Récemment, il avait réussi à trouver un frigo et un micro-ondes. Mais il n’était pas contre une ou deux lampes. Tout ce qu’il fallait, c’était marcher, et chercher les bonnes opportunités.
*
Le Royaume de Dieu s’ouvre à ceux qui sont suffisamment lucides pour le voir...*
Zetsu remontait ainsi une rue, se rapprochant d’une ruelle, quand un homme émergea brusquement de cette dernière, de la sueur coulant le long de son visage, un élégant costume impeccablement repassé sur le corps. Un homme assez volumineux, qui croisa brièvement le regard de Zetsu. Ce dernier soutint brièvement son regard, et le richard fila rapidement, se doutant bien qu’un adolescent traînant dans un quartier pareil à cette heure n’était pas une personne recommandable.
Fourrant ses mains dans ses poches, Zetsu se demanda brièvement ce qui pouvait amener un type comme ça (qui avait tout d’un banquier, en réalité) dans une ruelle de la Toussaint, et, alors qu’il y songeait, il entendit des bruits sur sa droite, émanant justement de la ruelle. La cigarette aux lèvres, Zetsu tourna la tête, et fronça les sourcils. La ruelle était plongée dans l’obscurité, mais il discerna néanmoins, au fond une silhouette, et son cerveau commença à s’imaginer divers scénarii... Fort peu agréables.
*
Sale fils de pute, ne me dis pas que...*
Redresseur de torts à ses heures perdues, Zetsu s’avança rapidement... Et vit la femme se redresser brusquement.
«
Woow... On se calme, ma cocotte ! »
Il leva les deux mains en signe de paix, sans savoir encore que cette nana était une ancienne figure de son passé...
...Une figure qu’il n’aurait jamais cru revoir un jour ici, au cœur de Seikusu.