« J'suis aventurier à mi-temps. » - Cefa Course Vent

Du sang. Des cris. Des bruits sourds. L'enfer. Tout cela en si peu de temps. Ghanor, le contrebandier d'artefacts, boxeur et grande gueule devant l'éternel, se trouvait dans la forêt, non loin d'un bâtiment ancien aux souvenirs encrés dans la pierre. Tremblotant, les yeux écarquillés, sa longue veste dévoilant son torse avait perdu de sa superbe. Ensanglanté, déchiré, l'habit préféré de notre protagoniste n'était désormais rien de plus qu'un simple bout de tissu cachant sommairement son corps musclé, mais tailladé de toute part. Le goût de son propre fluide vital polluait ses babines, sa tête tournait, sa respiration était haletante. Putain. Putain de merde. Bloqué là, durant quelques secondes, son regard vide semblant se perdre lentement, le loup tentait de reprendre le contrôle de son esprit, de son être. De se ressaisir. Les multiples claques mentales ne servaient à rien. Il était fatigué. Blessé. Crevé. Bordel de merde, mais c'était quoi tout ça ? Tout son corps tremblait, de peur, de panique, d'appréhension. Il allait faire quoi maintenant ? Ghanor n'était pas en état pour rejoindre la ville. Trop loin. Et il ne savait même pas où était son camp. Son esprit lui jouait des tours, ses souvenirs avaient du mal à revenir. Et puis le Terranide perdit le contrôle de ses jambes, tombant les genoux contre l'herbe, avant de s'étaler de tout son long à même le sol. Fermant les yeux, il perdit alors connaissance. Dans sa main se trouvait un objet, brillant, qu'il serrait avec force, comme pour ne pas qu'il s'envole.

Oh bordel de merde. Comment ça s'était passé, déjà ? Ah oui, c'est vrai. Une commande. Quelqu'un, un anonyme, fit une demande au contrebandier. Trouver un ancien artefact, un collier aux propriétés inconnues, se trouvant au fin fond d'un ancien temple d'une civilisation disparue. Une mission plutôt étonnante mais à la foi relativement commune. Sur Terra, il y avait autant d'antiques ruines que de poivrots et souvent ces lieux abandonnés servaient de foyer à de nombreux trésors. Mais quand même. Certes, notre jeune ami aimait les objets magiques, certes, il lui arrivait d'aller directement chercher ces derniers "à la source" mais peut-être que de réels aventuriers étaient mieux doués pour ça. Et putain, il aurait dû y penser lui aussi. Bien trop en manque d'argent, notre protagoniste décida de partir réussir ce contrat, et seul. En effet, il ne faudrait pas qu'il ait à partager la récompense. Ni une, ni deux, un sac sur le dos, il traversa un portail reliant la terre à sa jumelle pour partir en direction des terres sauvages.

Le voyage se passa relativement bien. Pas d'agresseurs, des caravanes, et même quelques esclavagistes qui souhaitaient lui retirer sa liberté. Sans succès, bien entendu. Ce fut d'ailleurs assez étonnant. L'homme partait dans une mission particulièrement difficile, similaire à un film d'Indiana Jones. Normalement, aller jusqu'au lieu occupait les trois-quarts du film. Mais là... Rien. Remerciant le ciel pour ce petit cadeau, c'était donc heureux et en forme qu'il entra dans la fameuse zone où se trouvait son but. À l'aide de son bâton de sourcier, qui lui permettait de repérer des artefacts puissants, il n'eut besoin que de quelques jours de marche pour rejoindre le lieu de ses futurs déboires. Des ruines. Anciennes. Antiques. C'était grand, construit en plein milieu de la forêt. Grand, mais tout de même moins que ce qu'il pensait à la base. C'était même... Très différent des films. Pas du tout en hauteur, sur un seul plan. Large. A cette vue, l'homme haussa un sourcil et ne pût s'empêcher de rire. Du gâteau. Oui, il sous-estima clairement la difficulté offerte par cette future prison mortelle.

Et... Ce fut très certainement une énorme erreur. Mal préparé, le Terranide passa un très mauvais moment. Pièges à gogos, monstres sortis de nuls parts, il passa plusieurs nouvelles journées enfermé entre les murs chargés d'histoire d'un lieu bien trop dangereux pour lui. Ce n'était pas un aventurier expérimenté, ce n'était pas un dieu de l'orientation, ce n'était qu'un boxeur qui passait son temps à vendre des choses. C'était le sens des affaires qu'il avait, pas celui de l'orientation ! Mais qu'importe. Au prix de pas mal de sang, de cris et d'efforts, notre jeune ami réussit tout de même à récupérer l'objet convoité. Un bijou étincelant, qui valait déjà son poids de pièces sans attribut magique. Alors là, au vu des capacités qu'il devait renfermer... Il allait être riche putain. Au moins jusqu'à croiser le premier casino venu.

Au bout de dieu seul sait combien de temps, le protagoniste ouvrit ses yeux. Toujours aussi fatigué, son corps ne le faisait plus souffrir autant. Il était mort ? Nan. Quand on est crevé on est pas fatigué putain. Alors quoi, comment ? Surprit, déboussolé, le mâle releva alors le haut de son corps, se tenant à l'aide de la paume de sa main, posée sur le sol. Grommelant, une douleur revint au niveau de son torse, lui arrachant un grognement plus violent. Il n'arrivait pas à totalement comprendre sa position, où il était. Et surtout comment il était arrivé ici.

Cefa était dans une forêt, occupé à récolter quelques herbes pour faire des tonifiants, cela s’échangeant assez facilement avec les terranides, ayant tendance à vouloir avoir un corps en pleine forme et pulsant de puissance. Il avait rapidement conçu quelques sacs, avec les larges feuilles de certains arbre, permettant la conservation des végétaux. Il ne comptait pas rester bien longtemps dans cette forêt, quand il entendit des oiseaux voleter non-loin, ainsi que de petites animaux. Curieux, bien qu'un peu craintif, il se mit en direction du trouble. Il pouvait sentir les esprits aller dans la même direction, se disant que cela devait être grave pour qu'ils se rassemblent ainsi. C'est comme ça que l'apprenti chaman vint à rencontrer Ghanhor. Cefa écoutait les esprits qui disaient qu'il n'était pas mort, mais avait besoin de ses talents, son corps n'étant pas bon pour la nature autour. Le terranide vint à inspecter le corps et fit une première pommade pour permettre le déplacement. Usant de la puissance de ses jambes, Cefa parvint à traîner le blessé près d'un petit lac, les esprits avaient rassuré l'antilope sur le fait qu'aucun prédateurs ne viendrait le déranger, étant le paiement des créature éthérée pour s'occuper du terranide noire. 

Le terranide androgyne vint à s'occuper des blessures une à une, commençant par les plus grave, retirant toute trace de poison. Il vint à consommer énormément d'herbes de son sac pour permettre la stabilisation et le début de la cicatrisation. Cefa vint à prendre l'objet étincelant et sentit, au contact, comme un coup d'éléctricité statique, il percevait que cet objet n'était pas banal et préféra le placer dans sa sacoche, pour éviter tout vol. Cefa resta à surveiller Ghanor pendant deux jours et deux nuits, le terranide sombre ne venant à se lever qu'au bout de la troisième journée. L'apprenti chaman s'était occupée pendant tout ce temps de le faire boire et manger par petite portion, afin d'éviter qu'il ne s'étouffe, préparant des soupes et devant demander l'aide aux esprit pour préparer de la viande, chose qu'il ne savait pas faire en bon herbivore qu'il était.  Il se reposer par tranches de quelques minutes, afin d'être là lors du réveil de cet étranger.  Il fut d’ailleurs réveillé pendant sa micro-sieste, par le grognement de Ghanor.

Immédiatement, il se mit à poser ses mains sur les épaules du mâle en disant de sa voix douce.

- Il faut rester allongé, vos blessure ne sont pas encore guéri. Vous devez encore ménager votre corps jusqu'à ce que le soleil soit sous l'horizon. Je m'occupe de vos soins et j'ai gardé votre pierre étincelant dans mon sac, pour éviter que les oiseaux  ne volent cet objet magique.

L'antilope attendit qulques seconde avant de continuer.

- Je me nomme Cefa, je suis apprenti chaman. Les esprits m'ont informé de votre présence et je me suis occupé de vous. Cependant ... L'objet magique semble rendre esprit nerveux, vous l'avez eut où ?

Depuis combien de temps se trouvait-il ici ? L'homme ne savait pas. Sans réellement le comprendre, il venait de perdre toute notion de temps. Peut-être qu'il ne s'était assoupi que quelques secondes, comme il était possible qu'il ait passé des années à dormir sur le sol. Grommelant doucement, le terranide tenta du mieux qu'il pouvait de se tenir debout malgré la douleur. Tremblotant, ses yeux s'ouvrèrent lentement, s'habituant à la lumière du soleil. Putain de merde, dire qu'une ancienne ruine l'avait foutu dans un tel état. C'en était presque drôle ! Lui, la grande gueule qui pensait surmonter les différents défis du monde, le voilà blessé après quelques jours dans un véritable cimetière de civilisation. On aura tout vu. Souriant de sa propre bêtise, Ghanor sentit des petites mains se poser sur ses épaules, l'invitant à s'allonger. Refusant obtempérer, bien trop fier pour retourner s'allonger malgré ses blessures, le loup tourna la tête pour observer la personne qui avait prit soin de lui durant autant de temps.

Un autre Terranide. Merde.

Bloquant sur le coup, le loup écarquilla légèrement les yeux. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu une personne de sa propre race ? Des semaines. Des mois. Peut-être même plus. Après tout, l'homme n'était pas réellement sociable avec les siens. Vivant depuis sa plus "tendre" enfance sur Terre, parmi les hommes, le contrebandier ne se sentait jamais à l'aise avec les autres membres de son espèce. Se considérant bien plus humain que Terranide, Ghanor ne connaissait strictement rien des coutumes et habitudes de ses semblables, notamment ceux des terres froides, que l'on reconnaissait à leurs apparences bien plus animales que ceux ne possédant qu'une paire d'oreilles ou une queue. Passé la surprise, le loup observa de haut en bas Cefa, découvrant ainsi un corps svelte et une apparence androgyne. Plus féminin que masculin, l'antilope était plutôt agréable à regarder, le regard du prédateur pétillant durant quelques secondes, ses yeux se plissant. Néanmoins, sa contemplation fut arrêtée par une nouvelle douleur qui lui arracha un grognement.

Le chaman commença alors à expliquer la situation au contrebandier. Il l'avait soigné, mais néanmoins ses blessures restaient toujours présentes, demandant encore un peu de temps pour totalement guérir. Lorsqu'il parla de l'artefact durement gagné, le loup releva soudainement les oreilles. Oh merde ! L'objet ! Grommelant, il regarde ses mains ouvertes, avant que son regard ne se tourne vers le sac. Merde. Il l'avait, comme expliqué. Néanmoins, l'antilope ne semblait pas être une personne qui volerait le fruit de son travail. Se répétant ses mots, le Terranide se détendit doucement, tentant au mieux de ne pas faire attention aux douleurs qui lui arrachaient de légères plaintes silencieuses.

« Merci, gamin. » Souffla-t-il.

Enchaînant, l'androgyne se présenta. Cefa, Apprenti chaman, hein ? Selon ses paroles, les esprits s'occupèrent de l'informer quant à sa condition et il s'occupa de son côté de le soigner et de le surveiller durant tout ce temps. Enfin "tout ce temps", l'homme n'était toujours pas au courant que l'antilope était resté à son chevet durant des jours et des nuits, concentré sur ses soins. Puis, avant même qu'il ne puisse répondre, le petit être l'interrogea sur l'objet que notre protagoniste venait de récupérer. Le fameux pendentif, l'objet de sa venue, et la cause de tout son malheur. Fermant quelques secondes les yeux, tentant de ne pas faire attention aux quelques flashs rappelant les délicates souffrances vécues entre ses murs poussiéreux, Ghanor répondit d'une voix forte, mais lente, ouvrant ses mirettes pour poser ses yeux vairons sur le bel androgyne.

« Enchanté, Ghanor. » Commença-t-il, avant de prendre une bouffée d'air, comme pour se préparer à expliquer la suite. « J'suis aventurier à mi-temps. J'ai récupéré cet objet dans une ruine, non loin de là, j'imagine. J't'avoue que je n'arrive pas très bien à voir où nous sommes. »

Et quelles ruines ! Quand il sera rentré à la maison, son fameux commanditaire allait entendre de ses nouvelles. Enfin, après que le paiement soit arrivé sur son compte en banque, bien sûr. C'était bien la moindre des choses, histoire d'éviter d'être moins payé suite à une plainte. Se remettant doucement, arrivant enfin à mieux analyser son environnement, le Terranide quitte le corps svelte de son sauveur pour observer les alentours. Un lac, tout d'abord, qu'il semble rapidement reconnaître. De l'eau claire, surement potable, la forêt, les arbres, les oiseaux. Réfléchissant, le contrebandier oublia momentanément sa douleur, pour reposer ses yeux pétillants sur Cefa, l'observant de bas en haut, un léger sourire sur les lèvres. Sans réellement le comprendre, ses instincts semblaient plus présents. Néanmoins, bien que carnivore, ce n'était pas sa viande qu'il avait envie de dévorer, lentement. Plantant finalement son regard dans celui du chaman, il reprit la parole.

« Merci beaucoup, en tout cas. J'y serai surement resté, sans toi. Mais... Tu es seul ? Tu n'as pas un clan, ou quelque chose du genre ? »

Cefa vit les esprit s'agiter davantage au mot ruine, ils se mirent à dire des chose que même le terranide ne pouvait pas comprendre, sans doute la puissance de l'objet pouvait être dangereuses pour les esprits, quoi qu'il en soit Cefa devait s'occuper du blessé et répondre à ses interrogations, il se mit donc à répondre à la question d'où il était, écoutant les esprits dirent que la ruine se trouvait assez loin. 

- Cet endroit se nomme le lac de cristal. Il se nomme ainsi à cause de sa brillance la nuit de pleine lune.  Si les esprits ne se trompent pas, vos ruines se trouvent suffisamment loin pour que tout danger y venant ne puisse arriver ici.  Cependant .... non oubliez ce que j'allais dire. 

L'antilope ne pouvait pas parler de l'artefact, pas tout de suite, il devait attendre que Ghanor soit en état. Tant qu'il avait l'artefact entre les mains, aucun danger ne pourrait surgir de l'objet, étant à l'écoute des précautions que les esprits lui prodiguait.

- Si cela ne vous dérange pas je vais garder l'objet le temps que vous alliez mieux. Vous semblez vouloir le protéger et je serais bien plus apte à le faire que vous actuellement.

La phrase était du bon sens. Cefa était peut-être un peu fatigué, cela n'empêchait pas qu'il avait beaucoup de ressource, là où le terranide blessé était encore un peu en convalescence.  Vint alors le questionnement sur l'apprenti-chaman. Cefa montra un grand sourire, montant qu'il étiat content que l'on questionne sur ces sujets. 

- J'appartiens bien à un clan, se trouvant à quelques jours de marche, mais je ne peux y retourner pour le moment. Je suis actuellement en plein voyage initiatique pour devenir un véritable chaman, aussi je dois me plier à des règles, l'une d'elle étant de ne rentrer qu'une fois que j'aurais fait mes preuves envers différents esprits. Vous cous êtes défini comme aventurier, c'est le nom dans votre clan pour désigner les terranides observant autour du village les dangers et les ressources ?

Cefa avait la tête un peu penché, n'ayant eu aucun contact avec les humains, si ce n'est par les récits dans le village, pensant donc que les humains sont soient des fermiers, soit des esclavagistes. 

Ghanor n'avait que très peu l'habitude de vivre auprès des siens. Après tout, toute son enfance c'était passée sur terre ! Cela ne faisait qu'une demi-douzaine d'années que le contrebandier avait mis les pieds sur Terra et qu'il était donc tombé sur des êtres de la même espèce que lui. Malheureusement, après plus d'une vingtaine d'année passée avec les hommes sans aucune influence venant d'un autre homme-bête, notre protagoniste développa un puissant lien avec la race humaine. Désormais, baigné dans leurs cultures, le Loup en oubliait assez souvent ses réelles origines pour se considérer comme un simple terrien. Malgré cette différence d'apparence, malgré ce côté bien plus singulier et cette séparation physique, il s'entendait généralement bien mieux avec eux plutôt qu'avec d'autres membres partageant la même race que lui.

Néanmoins, ce n'était pas face à un autre mâle dominant que Ghanor se trouvait. Cefa n'avait pas du tout la tête des nombreux terranides mâles qu'il avait déjà rencontré très rapidement durant ses passages sur Terra. Surement à cause de sa race, tout d'abord, qui ne gâtait pas le garçon d'une apparence virile, mais bien plus féminine. Au plus grand bonheur de notre protagoniste, néanmoins ! Après tout, malgré le fait qu'il était lui aussi un homme, l'antilope était parfaitement au goût du Loup qui ne faisait généralement aucune préférence entre les mâles et les femelles, l'apparence gérant bien plus son excitation que le membre présent ou absent d'entre les cuisses de sa ou son potentiel partenaire. Une ouverture d'esprit qui était souvent démontrée de par sa libido développée et des nombreuses parties de jambes en l'air qu'il vivait au quotidien.

S'arrêtant de réfléchir, il écouta attentivement les paroles du petit être. Tout d'abord, il décrit l'endroit où ils se trouvaient, le lac de cristal, un endroit relativement éloigné des ruines qu'il avait visité au péril de sa vie. Le Terranide ne comprenait pas réellement quels dangers pourraient les suivre de cette forteresse perdue dans les bois, mais si les esprits l'ont dit, autant les écouter. De plus, il se proposa de garder l'artefact à sa place, le temps qu'il se repose. Ghanor grommela néanmoins à cette idée, plissant les yeux. Ils pétillaient légèrement, venant se planter dans le regard du petit garçon. Il était méfiant, dur, sombre. Il montrait en un clin d’œil qu'il ne rigolait pas et que cette idée ne lui plaisait guère, avant de pousser un long soupir.

« Je n'ai pas vraiment le choix, j'imagine. Mais fait attention, si jamais tu essayes de me la faire à l'envers, je suis quelqu'un de très rancunier. »

Le garçon reprit alors la parole, expliquant que sa présence aussi loin de son clan était liée à son apprentissage. Il haussa un sourcil, plutôt curieux, avant de hausser mollement les épaules. C'était une épreuve plutôt difficile, il fallait l'avouer. Cette pauvre petite chose était semblable à une brindille qu'il pourrait briser entre ses deux doigts. Il s'étonnait même que Cefa ne soit pas déjà dans une cage, capturé par un esclavagiste et prêt à être vendu. Peut-être que les esprits étaient assez puissants pour le protéger du mauvais sort normalement réservé à ses semblables ?

« T'as bien du courage, p'tiot. »

Lorsqu'il lui demanda alors ce que signifiait le terme d'aventurier, tentant d'expliquer ça par le fait que ce serait le nom de son clan ou du groupuscule s'occupant à vérifier les dangers et trouver des ressources, Ghanor ne pût s'empêcher de rire. Il reposa alors son regard sur le chaman pour reprendre la parole.

« Non. » commença-t-il. « Je n'ai pas de clan. Je n'en ai jamais eu. Je suis né auprès des hommes, très loin d'ici, dans un lieu où les humains ne connaissent pas les Terranides. Je n'ai jamais réellement vécu avec d'autre gens de mon espèce. Et un aventurier, c'est un terme humain utilisé pour parler des gens qui partent dans la nature un peu au hasard à la recherche d'artefacts, d'objets, ou bien pour réaliser une quête. D'ailleurs... T'es toi-même un p'tit aventurier, dans un sens. »

Il eut un petit sourire à l'intention de l'appétissant garçon. Après tout, il ne fallait pas oublier que Ghanor restait un mâle aux hormones toujours bouillantes, et la vision d'un petit corps si bien proportionné était toujours très agréable pour son regard bicolore.

Cefa ne comprit pas l’expression « la faire à l’envers », mais comprit, par l’attitude que cela voulait dire jouer un mauvais tour. L’antilope était assez doué quand il s’agissait de trouver un sens se rapprochant d’un terme spécifique, n’ayant qu’à observer l’état de l’interlocuteur pour savoir, un peu, la pensée qui voulait se dégager des mots. Il ne fut pas insensible à ce léger haussement de sourcil, comprenant que le mâle devait certainement croire à une bonne blague, en effet il était rare que des terranides aussi chétifs et féminins soit chaman, d’habitude cela était à des espèces ayant une forte carrure, mais Cefa n’était pas pour autant une exception, juste une minorité dans le groupe des chamans. Comme l’avait bien supposé Ghanor, l’épreuve était tout sauf sure, nombreux étaient les terranides qui finissaient soit capturé, soit mourrait tout simplement. Que cela soit par la main de l’Homme ou par celle des Esprit, l’avenir d’un apprenti-chaman n’était pas certain jusqu’à toutes les épreuves faites. Cependant, Cefa savait que son parcourt pouvait être mortel, mais même ainsi, il avait décidé de prendre cette voie, ce qui imposait déjà le respect de ses camarades. Le revers de la médaille et qu’en cas d’échec, il perdrait beaucoup de chose et sa potentielle mort ne serait pas un drame en soit, car il s’agirait de la volonté des esprits.  Quand le mâle se mit à dire qu’il avait du courage, il vint à doucement hocher de la tête négativement.

Cefa n’était pas courageux en soit, il avait juste une foi inébranlable en la justesse des esprits et savait qu’en ayant en tête qu’il n’était que le jouet de leurs volontés, il ne serait pas pris dans les mailles de l’orgueil.

L’antilope écoutait attentivement les réponses à ses questions. Le terranide efféminé savait d’avance que Ghanor devait être un terranide puissant et endurant, il en avait déjà eu un aperçu en s’occupant de ses blessures. Il avait pu sentir les muscles sous le pelage, la dentition exceptionnellement en bonne état. Il n’avait lésiné aucun endroit, afin de ne pas laisser une plaie s’infecter. Cefa était certainement à même de lire entre les lignes des propos que Ghanor avait prononcés. L’antilope avait vitre comprit que sa nature terranide n’était pas natif, d’où l’explication pour sa dentition en bonne état. Il comprit donc qu’il y avait un souci entre les deux cultures, Ghanor qui était éduqué comme un humain et lui qui était élevé comme un terranide lambda.  L’apprenti-chaman vint à pencher la tête en entendant dire qu’il était un petit aventurier. 

- Selon vos explications cela peut fonctionner. Concernant votre apparence  vous savez si vous auriez offensé un esprit ou si vous …

Cefa ne put retenir un bâillement.

- Veuillez m’excuser, j’ai veillé sur votre corps pendant deux jours et deux nuits, sans me reposer.  Je devais rester éveillé pour vous défendre contre une potentielle menace ou m’occuper de vous si votre récupération se passait mal.

Cefa vint fermer les yeux quelques secondes, avant de les rouvrir. 

- L’esprit vous a donné un corps que je n’ai pas souvent vue, que cela soit le trait animal ou vos muscles. J’ai dû masser votre corps pour détendre les quelques muscles qui avaient du mal à se détendre et j’ai pu constater que vous avez un corps très puissant. Certains étaient durs comme de la pierre. Vous n’avez pas trop de soucis avec votre pulsion animale ? Excusez mes propos, mais certain jeune terranide ont du mal à réfréner les instincts refoulés et ce n’est guère bon pour le corps de les retenir trop longtemps. 

Le chaman vint à se pencher vers un des soins qu’il avait fait.

- Vous récupérez très rapidement. Je pense que vous pouvez vous lever et bouger un peu, afin de vous dégourdir, mais évitez de faire un effort physique très important, comme soulever un rocher. Vous pouvez aussi vous baigner dans le lac, cela peut vous aider à finir les soins. Si vous avez besoin de nourriture, dites-moi et j’irais vous trouver quelques gruit. Je ne suis pas carnivore, donc je ne suis pas à l’aise avec la cuisine de la viande ou le dépeçage d’animaux.

De manière relativement originale, pour une fois, Ghanor n'était pas aussi gêné que d'habitude face à une autre personne de sa race. Surement parce que Cefa n'était pas aussi âgé que les diverses personnes de son espèce qu'il rencontrait, ni autant marqué par les différentes épreuves que les humains faisaient subir aux terranides. Après tout, même si l'antilope androgyne était très certainement au courant de la cruauté des humains envers eux, il ne semblait pas pour autant en avoir souffert personnellement, ni avoir vu directement de ses propres mirettes de telles choses. D'habitude, les semblables qu'il croisait partageaient avec notre contrebandier cette vie aventureuse et urbaine, bien plus marquée par l'humanité. Ces gens étaient d'ailleurs souvent d'anciennes victimes d'esclavagistes, quand ils n'avaient pas aussi vu des proches enchaînés et disparaître totalement, une fois achetés par des nobles. Sauf que... Ce n'était pas le cas du loup.

Son enfance. Ces nombreuses années, passées dans les rues, ne furent pas ponctuées par des rencontres avec les siens, mais bien avec des relations humaines. Ses amis, ses propres, ses amantes, la personne qu'il approchait le plus à un père... Tout ce beau monde était humain. Et malgré les nombreuses souffrances vécues par son peuple, malgré ces tortures qu'il vit de ses propres yeux, malgré ses pleurs, ses hurlements... Il ne partageait pas cette haine féroce qu'avaient les siens pour la race humaine. Certes, il était révolté par de telles pratiques, et ne les approuvait nullement, mais ce racisme qui s'installait ne lui plaisait guère. Malgré sa race, Ghanor se sentait si proche de ce peuple.

« Offensé un esprit ? Je ne pense pas, non. Je suis bien un Terranide, j'imagine juste que j'ai été abandonné là-bas. J'ai eu de la chance d'avoir vécu avec des hommes bons, qui se moquaient de mon appartenance raciale, c'est tout. » Dit-il avec un léger sourire.

Il écouta la suite, un sourcil légèrement levé. Son rictus s'élargit doucement lorsqu'il parla de son corps, qui était en effet un véritable petit cadeau de la nature. Ghanor était une montagne, même parmi les siens. Deux mètres de muscles, un corps entraîné, en forme. De par son métier qui lui demandait souvent d'aller sur le terrain, et grâce au sport qu'il pratiquait, notre contrebandier mettait toujours un point d'honneur à s'entretenir. Lorsqu'il parla de ses pulsions animales, un léger rire s'échappa de ses babines. Ahhh, ses pulsions ! Toujours là, présentes, violentes. Malgré son éducation humaine, notre jeune ami avait toujours cette part de bestialité en lui qui lui ordonnait de réaliser certaines actions. S'en prendre à quelqu'un qu'il n'aimait pas, dominer certains, et dans pas mal de cas réaliser son travail de mâle : la reproduction.

« Je pense que certains de mes instincts demandent surtout une petite femelle, mon grand. » Dit-il avec un nouveau rire.

Enfin "femelle" était un bien grand mot, qu'il utilisait pour englober la totalité de ses partenaires. Après tout, le contrebandier ne se limitait pas au sexe de la personne avec qui il allait passer un délicieux moment, traitant également ces différents amants sous ce terme unique. Lorsqu'il lui indiqua qu'il pouvait se lever, Ghanor ne se fit pas prier, se relevant sur ses deux jambes. Grommelant un peu de la légère douleur, il fut surpris de voir que cette dernière s'était déjà bien envolée, même par rapport à son réveil. Ce petit chaman était atrocement doué, et même s'il indiquait qu'il ne devrait normalement pas réaliser d'actions physiques trop importantes, il se sentait tout-à-fait apte à le faire. Le loup s'étira alors doucement, poussant un petit soupir de satisfaction.

« Encore merci pour ton aide, Cefa. Je sais pas si j'aurai survécu sans toi. Comment puis-je te remercier ? »

Cefa semblait montrer son embarras, ayant mal comprit ce que Ghanor voulait dire, pensant qu’il s’agissait d’un humain transformée en terranide. Cette situation avait déjà été constatée dans son clan et il savait qu’il avait manqué de respect envers un ainé totalement terranide. Il avait par contre comprit que Ghanor avait visiblement plus élevé par des humains que des terranides, ce qui démontrait que tous les humains n’étaient pas foncièrement mauvais, comme les terranids en somme. Il se mit à écouter attentivement les dires de l’aventurier, ne comprenant pas trop pourquoi il avait des rictus ou alors pourquoi il riait. L’antilope sentait que ce n’était pas un rire avec de mauvaises intentions et se disait juste que le loup devait certainement penser à des choses marrantes pour lui.  L’apprenti-chaman ne vint pas à poser des questions, sachant que l’intimité de chaque individu était son endroit sacré et qu’il était très mal vu pour la plupart des esprits de pénétrer ses sanctuaires sans y être invité.

Il écoutait le mâle parler de ses pulsions et vint à avoir un doux sourire quand il  se mit à parler d’avoir une femelle sous le coude. On pouvait voir dans les yeux de l’antilope, qu’il avait compris de quel genre de pulsion il s’agissait et vint à dire simplement.

- S’il vous faut une femelle, cela risque d’être difficile à trouver ici, les terranides stoppant à ce lac son rare.

Cefa était naïf, dans le sens où il avait cru que Ghanor parlait de vraie femelle, la culture dans le clan du terranide faisait bien la distinction entre mâle et femelle, les rapports entre même sexe n’était pas prohibé, jugeant que si les esprits avaient implanté ce genre d’envie dans les terranides, c’est qu’il y avait une utilité qui dépassait le raisonnement des mortels. 

L’antilope observait le terranide se relever et s’étirer, observant soigneusement les muscles roulant sous le pelage, tant pour sa satisfaction personnelle que pour regarder s’il n’y avait pas de soucis. L’apprenti-chaman vint à rester assis sur ses mollets. Il ne se levait pas, sachant pertinemment qu’avec sa fatigue actuelle, il allait certainement avoir le tournait.  Ghanor demanda alors la forme du remerciement. Cefa vint à bailler une nouvelle fois. 

- Encore désolée pour ma fatigue. Hum … il m’est interdit en tant que chaman de prendre un paiement monétaire. De plus votre cas m’a beaucoup instruit tant sur le corps des terranides de votre part animale que sur les soins sur des blessés plus grave que ce que j’avais dans mon village.

Un nouveau bâillement vint à se faire entendre.

- Si vous pouvez attendre je vais me reposer un peu, avant de vous donner une réponse, dans mon état j’ai un peu de mal à réfléchir. Vous devriez pouvoir chasser, mais évitez les proies trop lourde, il reste encore quelques blessures qui peuvent, potentiellement de rouvrir, même si je pense qu’une ou deux heures d’attente devraient suffire.

L’antilope attendit d’avoir le droit de se reposer et se mit contre un arbre en fleur, la tête contre l’écorce. Il ne fallut pas plus de cinq minutes avant de la tête ne penche en  avant, le souffle lent et profond indiquant que Cefa s’était assoupit. Cela dévoilait une grande vulnérabilité et aussi que l’apprenti-chaman n’était pas habitué à rester au chevet d’une personne aussi longuement.

Les origines de Ghanor étaient relativement floues. En réalité, il aurait pu très bien être le fruit d'une malédiction, comme le pensait Cefa. Un être étant frappé par le mauvais sort, et donc l'existence humaine prit fin pour commencer en tant que Terranide. Après tout, notre contrebandier n'avait aucun souvenir de sa naissance. Sa première vision fut une ruelle sale et déserte, enfermé dans un corps animal âgé d'un ou deux ans. Heureusement pour lui, la croissance des êtres de son espèce était relativement rapide au départ, permettant au jeune enfant de réussir à vivre avec seulement quelques années passées sur ces terres. Par conséquent, il y a un léger vide dans sa frise chronologique, vide qui pourrait être ainsi rempli d'une potentielle malédiction. Néanmoins, tout au fond de lui, Ghanor savait très bien qu'il n'était pas humain. Son corps, son âme, tout son être appartenait à cette espèce, malgré ses habitudes de vie et sa culture personnelle strictement humaines. Après tout, on ne passe pas de nombreuses années auprès d'un peuple sans en prendre les coutumes.

Frémissant doucement, le loup commença à s'étirer délicatement, faisant doucement craquer ses os et offrant une vision particulièrement agréable de ses muscles taillés au jeune chaman. En même temps, le mâle avait déjà parfaitement repéré le regard du petit aventurier : même s'il était visible qu'il observait la musculature développée du protagoniste dans le but de s'assurer qu'aucun problème n'était présent, une certaine lueur d'appréciation se ressentait dans ses iris. Autant lui offrir un petit spectacle, pour son plaisir. Lorsqu'il expliqua que trouver une femelle dans un endroit comme celui-ci risquait d'être difficile, Ghanor ne pût s'empêcher de doucement rire, dévoilant sa dentition acérée de prédateur.

« Oh, je ne suis pas difficile... S'il n'y a pas de femelles, je m'attaquerai à un petit mâle appétissant. » Dit-il, taquin, en lançant un léger clin d’œil à son sauveur.

Le sous-entendu était relativement facile à comprendre. Le garçon semblait être plutôt premier degré, donc autant appuyer un peu plus ses dires à propos de son... ouverture. Après, peut-être que cette petite antilope n'était pas ouverte aux plaisirs du même sexe, mais Ghanor est un très bon professeur. Soupirant doucement d'aise en vérifiant bien chacun de ses muscles, un sourire toujours figé sur ses lèvres en observant son corps se remettre particulièrement vite, son regard vairon perçant se repose de nouveau sur sa potentielle proie. Lorsqu'il parla du moyen de paiement, le contrebandier haussa un sourcil. Bon, en même temps, un paiement monétaire ne lui servirait en réalité pas à grand chose étant donné qu'il vivait bien au delà de toute civilisation. Mais il pouvait tout de même lui donner quelque chose !

« Je paierai ma dette... D'une manière ou d'une autre. » Dit-il, toujours en souriant.

Finalement, le jeune garçon annonça qu'il comptait se reposer un peu. En même temps, le chaman surveillait maintenant son corps meurtri depuis plusieurs jours, les seules pauses qu'il s'autorisait étant des micro-siestes qui ne suffisaient à le tenir réveillé qu'un peu. Le petit avait besoin de bien plus de sommeil pour s'en remettre. Ghanor haussa simplement les épaules, sans rien répondre. Observant le petit être sombrer dans les bras de Morphée, le prédateur commença à réfléchir sur ce qu'il devait faire. Son regard bicolore retomba sur son sauveur, avant qu'il ne se mette à soupirer. Ce n'était pas une position pour dormir, bordel ! Levant les yeux au ciel, il vint donc récupérer le corps assoupis de Cefa pour l'allonger dans une position plus agréable, posant le petit Terranide sur un matelas de divers tissus, histoire de lui offrir un repos bien mérité. Une fois fait, il se releva, frottant ses mains en observant l'extérieur.

C'est partit.

Durant les quelques heures suivantes, le Terranide remit son corps à l'épreuve. Il parcourra la forêt, chassa quelques bêtes, et alla même cueillir quelques fruits en relevant le défis de monter les grands arbres. Pendant un moment, il testa alors sa forme physique, ralentissant lorsqu'il sentait que l'effort était trop violent et accélérant lorsqu'il savait qu'il tiendrait le coup. Au final, son repos et sa récupération étaient tout bonnement exceptionnelles. L'homme ne se rendait qu'à moitié compte du talent du chaman qui remit sur pied un contrebandier qui était pourtant à moitié mort. Les quelques blessures étaient refermées avec dextérité, offrant ainsi un confort agréable au prédateur. Juste après son réveil, Cefa pouvait ainsi voir que l'endroit était désormais remplis de quelques petites choses. Des proies, qu'il avait déjà préparé, et de nombreux fruits et légumes récupérés ici et là. Néanmoins, le loup n'était pas présent à ses cotés, ce dernier ayant décidé de terminer le tout en se délectant de l'eau pure du lac.

Durant plusieurs dizaines de minutes, le Terranide reposa ainsi ses muscles et son corps entier en frissonnant de plaisir. Une fois ceci fait, il retourna alors voir si le petit chaman s'était réveillé. Son corps était humide, trempé, ses muscles luisant légèrement.