C’était gagné, à l’instant où il avait vérifié le contenu de l’enveloppe Lynn savait qu’il ne ferait pas machine arrière. De toute façon, pour lui, il ne s’agirait pas d’un travail particulièrement difficile et elle, retrouverait enfin une certaine sérénité. Du moins, sur le plan physique elle serait sécurité. Le reste, c’était une toute autre affaire.
Il avait raison de montrer les crocs le mercenaire, sans doute lui aurait - elle dévoilé toute sa dentition si elle s’était trouvé à sa place. Elle n’avait plus grand chose à perdre aujourd’hui et la menace, discrète, de bonne guerre, qu’il lui retournait glissa sur la jeune femme qui se contenta d’avaler une gorgée encore un peu trop chaude de chocolat. Tout juste passable.
- J’ai besoin de vous, Mr Smith et je ne vous laisserais pas me filer entre les doigts. Je n’ai aucune envie de vous montrer que j’ai le bras long comme je n’ai pas besoin de connaître le nom de chacune des balles de votre chargeur.
Elle sourit, un sourire entendu avant de retrouver une expression plus neutre, soucieuse. Elle avisa du coin de l’oeil la serveuse, s’assurant qu’ils soient bel et bien seuls pour entamer une conversation qui risquait effectivement de s’éterniser.
-L’opération Delta, vous vous en souvenez certainement, tout comme du sas de décontamination et du produit qui vous a été inoculé le jour de votre arrivé au complexe, ce dont vous ne vous souvenez surement pas, c’est qui a enfoncé l’aiguille dans le creux de votre bras. Et bien c’était moi. Je gage à présent que vous saurez dans l’heure qui je suis.
C’était un peu direct, un peu risqué peut être d’évoquer une mission commune, secrète, qui ne rimait guère avec moralité. Peu importe, ils étaient des assassins, des pousseurs, des chiens parfois, ils étaient des menaces, ou plutôt l’avait - elle été. Car aujourd’hui Lynn n’était plus qu’un petit bout de femme perdu dans les montagnes à protéger ce qui devrait être détruit.
- Le protocole DT321, vous étiez là quand il été déployé, moi pas. Mon domaine c’est la génétique, pas la sécurité. Je suis certaine que vous seriez capable de vérifier qu’il n’y aucune faille. Quand bien même je ne le vous demanderais pas que vous le feriez. Je ne crois pas avoir commis d’impair monsieur Smith mais il y a trop longtemps que je vie retranché ici pour avoir la prétention d’être au meilleur de mes capacités.
En effet, il avait fait partit de ceux chargés d’éliminer les “sujets” lorsque le système de détention avait montré ses limites.
- Rassurez vous, je ne vous demande pas de jouer uniquement les techniciens de maintenance, non, je sais aussi que vous êtes de ceux à avoir assisté à la sécurisation du complexe Delta et au déploiement du protocole DT322. Je veux que vous m’aidiez à l’appliquer, ici, au sein de mon chalet, à l’adapter. Il...Ca ne doit pas sortir et ça ne doit pas être neutralisé. D'une vérification tout les les 3 ans, je suis passé à 5, par sécurité. Le temps de trouver quelqu'un qui était là ce fameux jour, quelqu'un que l'ont a pas fait taire et qui sait se taire...
S’il avait été décidé d’un commun accord d’oublier collectivement ce qui s’était passé à la base, ou plutôt imposé, sous peine de mort, Lynn venait de briser ce serment. Elle était en danger depuis le jour où elle avait emporté ce sujet, le jour où elle avait trahi le gouvernement, à présent, lui aussi. Ce n’était pas de café mais probablement de whisky dont il avait besoin après une telle révélation. Cet homme ignorait tout de la nature des créatures qu’il avait dû abattre mais il en connaissait la dangerosité et ce que la scientifique sous entendais n’était pas rassurant, pas du tout.
- J’ai mes raisons, se sentit - elle obligé de se justifier, je ne vous paie pas pour être jugé mais pour réfléchir ensemble à l’amélioration des moyens employés pour le garder captif.
Restait à savoir de quel mutation parlait la jeune femme, de son stade d’évolution. Quel vilain secret cachait la médecin dans son joli chalet ? Un humain plus vif, un humain plus animal, un monstre ? Il avait vu tellement de choses surréaliste, meurtrières...
- Je crois que nous serions mieux chez moi pour parler de la suite, mais peut être ne me suivrez vous pas sans plus d’informations, de vérifications ? Je vous écoute.