Problèmes forestier PV: Le Cervidé sexy

Le monde était grand, indubitablement grand et l'univers l'était encore plus. Nombreuses sont les créatures qui y vivent, les mondes qu'ils cachent, les secrets qu'ils renferment et les connaissances qu'ils possèdent. Il pouvait faire le bonheur des uns comme le malheur des autres. Mais parfois, l'ordre des choses étaient bouleversés et pour le faire revenir à son état initial, il fallait parfois se retrousser les manches et se dire qu'il faut prendre les grands moyens. Que l'action en serait justifiée par les raisons qui motivaient les uns et les autres. De bonnes intentions, mais de mauvaises méthodes pouvaient tout ruiner, aussi noble soit-elle. Quand cela arrivait, les gens avaient pour habitude de faire deux choses : soit posséder assez de courage pour faire le travail soi-même ou... Engager quelqu'un d'autre pour faire la sale besogne et espérer qu'il allait s'en sortir sans laisser de traces. L'option numéro deux arrivaient beaucoup plus fréquemment que l'option numéro une. Une bonne chose pour ceux qui sont prêts a tout pour avoir de l'argent.

Mais Clyde n'avait justement besoin d'aucune somme... Pour le moment. Mais après ce qui s'était passée il y a de cela quelque semaine au penthouse, le jeune homme avait décidé qu'il était temps de renforcer encore plus la coque de son vaisseau ainsi que l'ensemble de sa sécurité, malgré le fait que son Fer de Lance était déjà bien assez avancé comme cela. Il ne voulait pas prendre de risque pour ses hommes. Les attaques de pirates se faisaient d'ailleurs plus fréquentes dans l'espace et les territoires de Tekhos étaient quelque peu tendues. Clyde était arrogant, enfantin, dangereux, instable... Mais certainement pas stupide. Il savait ou était ses limites. Celle de son équipage. En bon capitaine, il avait appris à se lier avec chacun d'entre eux, a se faire respecter, aimer et craint en même temps. 

C'était pour cela que depuis quelque temps, le jeune albinos avait pris des contrats de gauches a droites, en Ashnard comme a Tekhos ou bien au Sultanat des Sables Blancs. Certains étaient d'une facilité déconcertante, presque du niveau de la maternelle pour des mercenaires chevronnés comme eux et d'autres étaient plus délicats, ou il fallait prendre le moins de risques possibles. Ce qui ennuyait souvent Clyde, mais qui le faisait pour son bien. Pour leur bien. Mine de rien, il s'attachait aux gens assez facilement. Il s'était attaché profondément à Bonnie d'ailleurs depuis qu'il l'avait rencontré il y a de cela des années. 

Puis vint un homme qui lui offrit un contrat alléchant... Qui était simple à première vue, tuer un gêneur. Il avait rencontré son employeur quelque part dans un coin perdu que Clyde ne connaissait pas. Un 'Hiérophante' qu'il été. Peu lui importait l'identité de son employeur. Tout ce qui comptait, c'était le contrat et la paye qui allait s'en suivre.



C'était donc par un bel après-midi que Clyde se promenait en forêt, habillé d'une simple armure de combat léger de Tekhos, transportant avec lui dans sa main sa faux qui était d'une taille ridiculement gigantesque, mais dont le tranchant était unique
 Son regard se posait n'importe où tandis qu'il foulait du pied le sol de cette forêt. Il avait laissé ses hommes dans son vaisseau, qui se trouvait a une heure de marche de sa position, prés d'un lac pour réapprovisionner leurs stocks d'eau potable et pour refroidir les moteurs puissants du vaisseau.

Allait-il être la proie... ? Ou le prédateur ?

La dense forêt ne chantait plus autour des étranges êtres venus armés de leurs mauvaises intentions. Au plus haut des cimes les oiseaux restaient muets, observants craintivement. Aucune bête légendaire n'osa se dévoiler pour les faire fuir en flairant de leurs instincts hors du commun le danger de s'attaquer à cette troupe. Même seul le pâle jeune homme marchant sereinement avec sa lame sembla prêt à trancher tout ce qui se trouverait sur sa route. Pourtant l'ordre était donné de repousser toute tentative d’expansion de la ville à l'orée, un ordre de la nature même ou plutôt de son avatar. Difficile de faire un choix quand, pour une fois, nul ne s'était préparé à devoir se battre ou user de magie contre de tels adversaires. Poudre de fée, charme d'Ondine, feu de dragon, tout parut inutile avant même qu'ils n'aient tentés d'en user.

Quand la situation devenait aussi problématique il ne pouvait y avoir que deux solutions. Se rassembler pour faire face, ce qui serait long et complexe mais forcément efficace, ou laisser la nature elle-même gérer la situation. Ce n'était pas la première fois que des Tekhos faisaient halte et généralement les meilleurs serviteurs du maitre de ces lieux s'occupaient de les effacer comme la pierre deviens poussière avec le temps. Mais pour une fois le Roi lui-même s'était déplacé.

Dehilahy le voyait depuis longtemps, depuis que lui et son équipe avaient posé le pied sur la terre fraiche de ce vaste territoire. Ses naseaux de cervidé humèrent la tension de ses protégés, leurs peur. Quand sa silhouette se dessina à travers les feuillages il apparu pourtant comme toujours, serein et impérial. Son sourire calme et son expression placide à la cime d'un corps massif et musculeux, complètement nu, ne trahirent aucune appréhension dans cette rencontre.

"Vous n'êtes pas les bienvenus en ces lieux."

Autour d'eux sur un large rayon le soleil déclina jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une lueur crépusculaire à cause des feuilles étendus autour. Sans bruit les végétaux formèrent une arène nantis d'une unique sortie derrière le garçon à la faux géante. Tout se passa sans heurt, paisiblement. La voix du cervidé royal, grave et profonde roula comme un tremblement de terre malgré le ton détaché.

"Va, et ne reviens pas."

La présence, l'aura du Roi, son regard pénétrant aurait suffit à faire tomber n'importe qui sur le champ mais pas lui... Ses muscles se tendirent subrepticement. Une sensation qu'il n'avait ressentis depuis un age, celle d'un affrontement à venir.

Rien n'était normal dans cet endroit, Clyde ne le savait que trop bien. La verdure de cet endroit, les troncs d'arbre en pleine santé, le sol bien confortable pour marcher dessus... Et aucun bruit forestier. Aucun oiseau qui chantait, aucun rugissement d'ours ou de cris d'animaux au loin. Rien du tout. Que du silence. Ce qui était anormal pour une forêt aux apparences si vivantes et si verdoyantes. Mais l'ouïe de Clyde lui était fort heureusement utile, ainsi que son odorat et sa vue perçante. Il sentait l'odeur des oiseaux perchés dans les arbres, presque dans la cime, l'observant marcher, les lapins se terrer dans leurs terriers... Quelque chose leur avait averti de sa venue.

Certes, la faux géante de Clyde n'inspirait pas vraiment confiance, évidemment, surtout avec son sourire incrusté sur son visage androgyne qui n'était pas du tout rassurant, lui donnant un air fou et psychopathe, ce qu'il était. Mais il n'avait même pas fait un pas dans la forêt que tout s'était soudainement tus... Il y avait quelque chose, une anguille sous roche. Son employeur lui avait-il caché une présence magique dans les alentours ?   

Plus la nuit tombait, plus les alentours devenaient froids et plongés dans la pénombre. Les arbres étaient plus intimidants et des petits yeux brillaient dans le noir. La faux de Clyde, quant à elle, émettait une sorte de lumière rouge violacée, illuminant un tant soit peu les alentours ainsi que la silhouette de Clyde. Puis il vit une énorme silhouette devant lui, stoppant net tout mouvement de sa part. Il entendit derrière lui des branches se mouvoir... Et il sut que le nouvel arrivé n'avait aucune intention amicale. La silhouette lui dit qu'il n'était point le bienvenu en ces lieux et qu'il devait partir sans revenir un jour ici.

Clyde laissa échapper un doux gloussement gracieux et froid.

-Vous voulez me faire partir, pourtant, vous vous tenez prêt au combat... Je n'ai rien contre vous, assurez-vous de cela. Cela semble cliché, mais je ne fais que mon travail : exterminer la vermine.

Sans avertissement, Clyde fonça avec sa vitesse surhumaine vers la créature dont la figure fut dévoilée grâce à la lumière de sa faux. Un cerf a la grande stature et aux muscles semblables à ceux d'un dieu de la guerre. D'un mouvement rapide et fluide, Clyde tournoya sa faux dans les airs avant de l'abattre sur la silhouette... Qui disparut avant qu'il ne puisse l'abattre. Clyde roula au sol pour se réceptionner et se mit sur ses gardes, regardant aux alentours d'un air calme et souriant.

-Aaaah, je vois, vous voulez jouer à cache-cache dans le noir ? Fort bien, fort bien. Prêt, pas prêt, j'y vais !

Clyde marcha dans les alentours en gardant sa garde levée en cas d'attaque surprise et sans avertissement, coupa un arbre facilement en deux à la base de celle-ci, le faisant tomber, lui et ses occupants, et en fit de même avec deux autres.

-Dois-je raser cette forêt à blanc pour vous retrouver, le mammifère ? Ou préférez-vous encore vous cacher en envoyant vos lapins carnivores contre moi ? 

Comme le grand Roi s'y était attendu, les apparences étaient particulièrement trompeuses chez ce petit androgyne. Bien qu'il ai conscience de la gravité de la situation pour son domaine, ou plutôt pour les résidents des lieux, il décida par réflexe de prolonger cette rencontre. Pourquoi? Il se posa la question seulement une fois haut perché sur une branche dominant celui se définissant comme un assassin. Dehilahy n'avait plus affronter qui que ce soit depuis de nombreux âges. En jetant un bref coup d’œil à sa ramure entaillée entrain de se reformer il songea qu'il pourrait bien avoir perdu la main depuis lors. Il était grand temps de s'en faire une idée. Un premier arbre tomba tout proche, suivis d'un second.

"Quel garçon présomptueux." Le Roi Cerf sourit. "Les enfants de Terra ont toujours été très talentueux."

La branche sur laquelle se tenait le corps massif trembla sous l'impulsion projetant le Cervidé jusqu'au sol. Sans attendre il pris un nouvel appuis sur une racine et s'élança de face sur son adversaire qui eu le réflexe de lever son arme pour se protéger du poing lui arrivant droit vers le visage. La puissance du choc entre la lame et les phalanges souleva les feuilles alentours. Tout se passa en une fraction de seconde. Ils se regardèrent sans bouger, le Roi affichant l'expression amusée d'un professeur entrain de jauger un élève. Cet échange silencieux fût le prémices du premier véritable assaut du grand Cervidé. Il n'usa d'aucune forme de magie quand, usant de ses propres capacités physiques hors du commun, il frappa de nouveau. Chaque nouveau coup de poing fût paré de manière élégante, souple et fluide par le manieur de faux particulièrement doué dans cet art. Les deux créatures si différentes dialoguèrent ainsi un long moment en réduisant les alentours à l'état de désert. Quand une frappe simultanée les projeta l'un et l'autre d'un côté différent ils purent enfin profiter de la petite brise qui s'était levé. Toujours aussi impérial, le Roi Cerf glissa son index le long de sa joue qui venait de recevoir un violent coup de lame. Pas une trace pourtant ne s'affichait sur ce pelage offert par le cœur même de Terra.

"Mon désir d'échanger est satisfait. Maintenant que tu as pût observer ton adversaire je te propose de te retirer, une dernière fois. Loin de moi l'envie de minimiser ton talent, mais tu n'est pas de taille à m'affronter, mon garçon. Et ta lame n'est pas assez affutée."

Il n'y avait aucune raillerie dans le ton apaisant de l'avatar, une simple constatation. Dehilahy n'avait utilisé que son bras droit. Il n'était pas un guerrier au fond, juste un protecteur très anciens considérant chaque enfant de Terra à sa juste valeur. Mais la nature est d'une neutralité implacable, une vie de moins ne serait jamais qu'un repas de plus pour une autre étincelle.

Les sens aux aguets, Clyde continuait d'attendre avec une grande impatience le grand cerf qui avait pu éviter son attaque de manière assez spectaculaire, parcourant du regard partout son environnement. Il était passé où ? Il n'entendait presque rien et pourtant, a part le vent, la forêt était presque silencieuse. Le jeune homme continua de couper quelques arbres avant qu'une voix vînt finalement dans ses oreilles et immédiatement, il en localisa la source. Lui, présomptueux ? Mais il avait totalement raison ! Et il le complimentait en plus ! Une pierre, deux coups ! Il avait nourri son excitation et avait augmenter son ego en plus de son arrogance quasi-colossale. Lui, Clyde, fils adoptif d'un célèbre et redoutable chasseur de prime spatiale et Tekhan, qui était homme pourtant et qui avait réussi à tailler sa place dans le monde Tekhan.   

À peine s'était-il retourné que l'ombre massive du cerf fonçait sur lui déjà, mais Clyde, doté de sens surhumain, avait heureusement prévu à temps de se défendre du coup qui venait vers lui en levant la manche de sa faux en direction du poing. La manche intercepta le coup qui tint bon malgré la férocité de l'impact et Clyde eut un gros sourire aux lèvres. Il était fort. Même sacrément fort. Mais Clyde pensait pouvoir le vaincre. Mine de rien, il semblait avoir eu un lot d'années de paix et très peu d'années de combats. Mais il n'eut pas le temps de penser qu'il esquiva les autres coups ou les bloquait férocement. Chaque coup causait une sorte d'onde de choc qui balayait les troncs, les feuillages et les créatures au loin, le gazon bientôt remplacé par une sorte de petit cratère de poussière et de sable. 

Enfin, ils se donnèrent un coup qui les propulsa vers l'arrière. Clyde se rattrapa en plantant la lame de sa faux dans le sol, haletant, avec un sourire, regardant l'énorme cerf. 

-Ma lame, pas assez affutée... Je vous remercie de vous inquiéter pour moi, corne-bois, mais elle est la plus tranchante des lames de Tekhos ! Et vous, vous êtes peut-être doué et fort... Mais tout comme moi, vous n'êtes qu'un tas de viande pourris tenant sur quelques os.
 
Et de nouveau, Clyde fonça. Mais il n'eut guère l'avantage. Le cerf disparut de son champ de vision et il ressentit une énorme douleur au niveau de sa hanche gauche, crachant du sang quand il sentit son coup de pied l'envoyer valser contre un tronc d'arbre. À peine allait-il se lever pour attaquer de nouveau, Clyde se fit attraper à la gorge et plusieurs fois fut-il frappé au sol avant de se faire envoyer de nouveau contre un arbre de nouveau. Lentement, il se leva, prenant appui sur sa faux...

… Et leva un regard rempli de folie et d'amusement envers le cerf. Il appuya sur un bouton se trouvant sur le manche, et la faux brillait d'une lumière ardente rouge. Il la fit tournoyer rapidement en prenant sa posture initiale malgré ses blessures et sans faire attention, se mit a découper tout ce qui se trouvait autour de lui... Provoquant de ce fait un feu.

-Je me demande si tu adores des produits chimiques extrêmement inflammable et toxique !
 
Avec un rire démoniaque et inhumain, distordu par sa folie, il fonça de nouveau vers le cerf en agitant sa faux de partout.

-UN CONTRAT EST UN CONTRAT, JE DOIS L'ACCOMPLIR ! PAPA M'AVAIT TOUJOURS APPRIS CA.

Ce qu'il ne savait pas, c'était que quelqu'un l'avait suivi, lui, dans la foret, sa présence cachée... dans le but d'éliminer Dehilahy ainsi que Clyde. Un homme du Seigneur du coin.

Cet échange n'avait que trop duré, cette fois plus question de faire preuve d'indulgence par égoïsme. Le grand Cervidé passa à l'assaut. Son enchainement aurait brisé n'importe quel Humain mais comme il s'en doutait l'assassin encaissa encore une fois. Peut-être plus grâce à son mental un peu particulier que grâce à son physique, le Roi se doutait de la douleur immense qu'il devait ressentir. Le rire fou qui s'échappa de la gorge du jeune homme sonnait distordu pour le Cerf qui ressentis une certaine tristesse dans cette voix en plus de frustration et de douleur. Le mélange de sensation ne pouvait signifier qu'une chose, quelque chose de rare dans la nature mais qu'il avait découvert chez le genre Humain. La folie. Il n'avait jamais complètement compris cette chose étrange. Mais il n'était pas le temps de se poser des questions, le feu commençait à prendre.

"Vous faites beaucoup trop confiance à votre technologie vous autres."

L'avatar de la nature ordonna au sol de s'ouvrir. Une faille impressionnante lézarda le sol sur plusieurs centaines de mètres autour du manieur de faux et s'ouvrit pour former un ravin si profond qu'on ne pût en voir le fond. Des profondeurs de la terre jaillirent alors des racines imposantes avec une force phénoménale qui s'enroulèrent les unes aux autres autour des foyer d'incendie pour les étouffer. Le déferlement de pouvoir dont faisait preuve le Roi fît scintiller ses bois d'un éclat irisé, lui restant les bras croisés à vaguement observer son œuvre. La zone toute entière trembla violemment et le gros bloc de terre sur lequel reposait le jeune homme s'éleva dans les airs soulevé par de nouvelles racines. Mais il n'attendis pas son heure et fondit de nouveau sur le Cerf en sautant de plateforme en plateforme dans le ciel se couvrant de débris et de racines mouvantes. Dehilahy lui-même se souleva du sol grâce à une racine et sauta pour accueillir la faux ardente avec ses bois durcit par sa toute puissance. Le choc provoqua une explosion de chaleur dans le ciel qui réduit en cendre une bonne partie des racines les plus hautes et des vêtements du garçon qui prenait vraiment tout les risques pour sa mission futile.

L'onde de choc ralluma certains foyer autour d'eux, les racines s'en chargèrent petit à petit mais une fumée noire recouvrait à présent l’arène quand ils tombèrent tout deux au sol. Sans attendre plus de dégâts de la part de cet insolent survivant, le grand Roi fronça les sourcils.

"Ça suffit!"

Sa colère gronda comme un millier de torrents furieux juste avant qu'il ne se lance à nouveau sur son adversaire. L'échange de coup ne dura que trois secondes avant que le manieur de faux ne cesse de parer pour recevoir un uppercut si violent qu'il devait lui avoir brisé les os, suivit d'un coup de pied destiné à lui briser un bras, et d'un coup de tête fêlant le crâne. Chaque coup porté s'accompagna d'impacts terribles soulevant à chaque fois le sable autour d'eux. La nature furieuse se déchaina quand le Roi en colère prépara son ultime frappe destiné à tuer pour de bon.

Soudain tout alla très vite. De nombreuses pointes se plantèrent autour des deux combattants et formèrent un écran en se liant les unes aux autres par l'électricité destiné à les entraver. Immédiatement après de nombreux missiles apparurent depuis un recoin sombre et foncèrent sur eux. L'explosion fût d'une telle violence qu'elle souffla toute la zone de combat en éteignant le feu mais aussi en brisant les immenses racines serpentant dans les airs et sur le sol.

Tout redevint calme, lentement, le vent se remis à souffler au sommet des arbres. Et quand la poussière s'effaça, quand le mercenaire se révéla avec son armure mobile suréquipée pour le combat, il découvrit avec stupeur que ses cibles étaient bien vivantes à l'intérieur d'un dôme de diamant qui s'effrita pour les révéler à ses yeux. Le garçon aux cheveux blancs était au sol, ses vêtements en lambeaux, vaincu mais vivant, son regard fou toujours grand ouvert.

"Encore un qui a trop confiance dans ses appareils."

Il était évident que sa cible n'était pas uniquement le Cervidé. Il voulait savoir ce qu'en dirait le jeune homme, des réponses à ses interrogations méritaient bien un sursit.

Pour lui, perdre un contrat, échouer, n'était pas une option. Oh que non. Lui, qui a été élevé par quelqu'un d'excellent, doit devenir quelqu'un d'encore plus excellent, grandiose... Parfait. Il devait devenir le parfait mercenaire redouté de tous, devenir une légende vivante et une légende qui sera éternelle. L'Écorcheur ne devait en aucun cas mourir ou disparaître dans un quelconque dossier de la police de Tekhos ou figurer son nom sur une simple tombe. Clyde ne devait en aucun cas mourir, même s'il n'avait pas peur de la mort, il avait peur pour sa propre réputation.

Et s'il fallait détruire la foret de ce foutu Cerf en entier, Clyde le ferait ! Ce n'était que des animaux, puissants pour certains certes, mais des animaux pareils. Et l'on finissait tous par mourir de toute façon.   

Alors qu'il fonçait vers le Cervidé, le sol s'ouvrit soudainement sous ses pieds, et des racines vint sortir pour étouffer les flammes du mieux qu'elles pouvaient. Certains étaient réduits à quelques flammes, mais d'autres résistèrent. Mais Clyde fut surpris un instant tandis que la parcelle de terre où il se trouvait s'éleva dans les airs. Revenant donc de sa surprise, voyant que d'autres morceaux s'élevaient aussi vers les cieux, et avec un sourire, entreprit la descente du ciel en sautant de morceaux en morceaux de terre ou de racines agilement. Les courses-poursuites dans la cité de Tekhos a pied étaient bien plus difficiles, en raisons des troupes mécaniques policières inépuisables et de la sécurité de nombres de bâtiments.   

Puis il se propulsa de nouveau vers le Cerf en rigolant comme un fou échappé d'un asile, maintenant fermement sa faux, et voyant que le Cerf se propulsait aussi vers lui, il se prépara au pire. Mais il n'avait guère prévu de l'intensité ni de la soudaine violence du Cerf, qui le surprit. Le Cerf bloqua sa faux en flamme avec ses bois qui étaient illuminés d'une lumière violette, et nombre de racines furent réduites en cendres, notamment de nombreuses parties du vêtement léger et solide de Clyde, découvrant maintenant son torse nu, une partie de sa jambe et son cou, démontrant de nouveau son coté androgyne.   

Quand il hurla, Clyde sentit son corps frissonner. De la stupeur. Et de nouveau, il subit les coups violents du Cerf après avoir essayé en vain de parer du mieux qu'il pouvait ses coups pour ensuite se recevoir un uppercut d'une violence tel qu'un craquement sinistre résonna dans la nuit, signe que des cotes ont été cassés. Clyde en compta trois, et son regard de folie s'accentua un peu plus, malgré son visage tordu par la douleur. Et son bras se brisa, se tordant en un angle bizarre et sinistre, ainsi que son crâne, entendant un craquement sonore encore plus bruyant cette fois. Et quand il vit qu'il allait être tué, son sourire ne fit que s'agrandir. Un sourire teinté de folie... Et de douleur.

Mais Clyde, avec son ouïe surhumain, entendit de petits sifflements dans l'air tout autour d'eux. Et avant qu'il ne put savoir ce qui se passait, une puissante lumière l'aveugla, ce qui l'obligea a fermer ses yeux. Et quand il les rouvrit, il avait remarqué que des diamants avaient formé un dôme autour d'eux, surement créer par le seigneur de ces environs, donc Dehilahy, et qui s'effrita pour révéler qui avait causer ces lumières.

Une mercenaire en armure forestière camouflée, mais lourde, tenant un lourd fusil d'assaut en mains, et équipée aussi de lunettes de visions nocturnes. Il voulut dire quelque chose, mais la femme hurla :

-MERDE, ABATTEZ-LES !
 
Elle pointa rapidement son arme vers Dehilahy... Mais rien. Intriguée, elle tourna son regard derrière elle, regardant dans la pénombre bien trop épaisse derrière elle pour que cela soit naturel. Et elle hurla de terreur en tirant sur ce qui pouvait s'y cacher. Soudainement, des ténèbres sortirent une tentacule rouge qui transperça le ventre de la femme, qui hurla de nouveau de douleur, essayant d'appeler au secours de ses partenaires, mais qui, visiblement, ne pouvaient guère répondre. La tentacule l'attira lentement vers ces ténèbres et s'agrippa à une branche.

-AIDEZ-MOI !
 
Et la branche céda, la tentacule l'attirant donc violemment dans les ténèbres, et les hurlements durèrent quelques secondes avant de céder. Le silence revint, mais lourd et menaçant. Même Clyde ne pouvait voir ce qui s'y cachait... Mais sourit de nouveau en voyant une silhouette reconnaissable en sortir, un sourire froid et poli aux lèvres.

Alyster avait les mains derrière dans son dos, son manteau noir flottant au vent doucement derrière lui sous la douce brise rafraîchissante nocturne, observant un Dehilahy visiblement tendu de nouveau. Le capitaine de Clyde, en revanche, présentait un air totalement calme et paisible, souriant. 

-Ma foi, que vois-je là... Un rat albinos et le Seigneur essayant d'exterminer la vermine ?
 
Alyster ricana d'une voix gracieuse et étendit ses bras de chaque côté de son corps lentement. L'une d'elles était gantée de rouge, visiblement faite en soie en apparence. Puis il s'inclina doucement, comme le ferait quelqu'un de classe inférieure face à la royauté avant de se relever.

-Vous pouvez m'appeler Alyster, la Faucheuse Noire. Mais que serait-ce une faucheuse sans sa faux ?
 
Souriant, il leva doucement sa main et attrapa la faux de Clyde qui avait été emportée vers le ciel après les nombreux coups violents de Dehilahy pour ensuite retomber vers la direction d'Alyster. La soulevant prés de son nez, il l'observa avec attention une minute en silence et sourit de nouveau avant de regarder le Cerf.

-Et j'imagine que votre nom est bien évidemment... Dehilahy Tandroka, Avatar de la nature des environs avec une virilité impressionnante et protecteur de cette forêt ? Je vois bien pourquoi l'on vous craint... Mais je ne vois pas pourquoi je devrais vous craindre, messire.

Souriant, il s'approcha a pas lent et appuya sur un bouton de la faux, qui se replia pour ne former qu'une sorte de simple bâton de marche, qu'Alyster utilisa comme une cane. Portant des lunettes, un seul de ses yeux étaient illuminés. L'œil avait un aspect sinistre. Le blanc était en noir et l'iris brûlait d'une lumière rouge vive, ardente et brûlante. Puis il s'arrêta a environ cinq pas de Dehilahy, toujours souriant.

-Vous tenez bien votre réputation, mais j'ai compté plus de soixante-neuf fois des ouvertures qui vous auraient été mortelles si ce n'aurait été de ces... Mercenaires dans les buissons, maintenant futur repas des vautours et des charognards. Du nombre de vingts. Il fallait croire que nous ne sommes pas les seules personnes qui veulent votre tête. Des Tekhanes faisant partie d'un gang nommée les Red Skulls, redoutée pour leur travail plutôt macabre qu'elles laissent derrière elles. Mais moi, je ne laisse rien derrière moi. Hormis des veuves, des orphelins et des veufs.

Toujours souriant, il sortit d'une poche une enveloppe de papier ensanglanté et qui avait une senteur florale, le tendant ensuite au Cervidé. L'enveloppe contenait plusieurs informations sur les environs, notamment des dangers de ce qu'ils pouvaient y encourir ainsi qu'une carte miniature de la région avec une mention 'TUEZ DEHILAHY'

-Voyez-vous, notre employeur semble vraiment déterminer à vous éliminer... Mais d'une détermination farouche motivée par quelque chose : le désir de coloniser la région. Hors, vous vous trouvez sur son chemin. Malgré son intelligence, mon commandant qui gît présentement au sol telle une pauvre merde sans défense, du nom de Clyde, n'a pas juger utile de vouloir découvrir l'identité de cet employeur, qui n'était qu'autre...

Alyster ricana doucement.

-Que le Hiérophante nouvellement élu, récemment. Plus sévère et plus... Radicale. Mais nous le sommes encore plus, n'est-ce pas, Dehilahy ? Voici ce que je vous propose pour régler ce malheureux malentendu qui aurait pu mener la mort de mon capitaine... Ainsi que de la vôtre, même si votre enveloppe spirituelle avait survécu. Mine de rien, pour tuer un Avatar comme vous, il nous faudrait un archidémon ou même un autre dieu. Mais trêve de bavardage. Nous pouvons soit continuer à nous taper dessus... Ou rejoindre nos forces et régler ce problème auprès du Hiérophante lui-même. Et qui oserait vouloir défier la Faucheuse et l'Écorcheur de Tekhos ainsi que l'équipage du Fer de Lance ?
 
Dans un bruissement de feuille, Alyster disparut soudainement de devant Dehilahy pour se retrouver au pied d'un Clyde blessé gravement, observant son visage et son corps avec un sourire.

-Mon commandant, vous devriez faire plus attention, si vous ne voulez pas crever comme une merde. Qui aurait peur de votre nom, sinon ?
 
-Hehehe... Clyde cracha du sang. Ceux qui ont trop peur d'affronter un dieu, surement. Et j'aurais été célébré comme combattant de ce corne-bois.

-Un cadavre ne sert a rien sinon à nourrir les vers, Clyde.
 
Avec un doux ricanement, il sortit de sa poche une seringue contenant un liquide noirâtre qu'il enfonça dans une veine de Clyde, y versant son contenu pour ensuite le retirer et le briser dans sa main. Avec un doux gémissement presque féminin, Clyde sentit son corps se guérir peu à peu des blessures, son corps reprenant forme, son bras reprenant son angle et sa place d'origine et ses plaies se refermèrent, surtout celle de sa tête, dont les cheveux blancs avaient été maculés de sang. Ceci fait, Clyde se releva doucement et reprit avec douceur le bâton d'Alyster, qui se contenta de sourire, et tout comme Clyde, il tourna son regard vers le Cerf.

Son torse, ses bras, sa jambe dévoilée, son cou, sa gorge et un coin de sa lèvre démontraient qu'il avait des fils rouges cousus DANS sa peau, ce qui rendait la chose un brin perturbant. Le visage de l'androgyne était marqué par un simple sourire calme mais un brin fou.

-Tu m'as bien cassé la gueule, toi.

-Alors ? Votre décision ? Nous vous laisserons tranquille, si tel est le cas. Nous n'aimons guère la concurrence et le Hiérophante pourra se débrouiller tout seul. Quant aux produits chimiques déversés par la faux, ne vous inquiétez pas... Les effets disparaitront au bout de quelques jours, même si ca pourra tuer quelques animaux au passage. 

-J'ai toujours apprécier ces idées d'améliorations de ta part, Alyster, mais que fais-tu donc ici ? Tu m'as retrouvé comment ?

Le capitaine en noir sourit et sortit de sa poche une sorte d'écran verre holographique qui démontrait la carte des environs.

-Remerciez la technologie de Tekhos.