- Karin ?
- Oui, Maîtresse ?
- J'ai dis quoi à propos des rendez-vous à 13h30 ?
Keleth tapotait tranquillement ses doigts sur le bureau devant elle, un, deux, trois, quatre phalanges venant marteler le bois exotique à un rythme soutenu, ce qui ... n'était pas du tout un bon signe pour la pauvre Karin, qui se tenait debout devant elle, en sentant bien qu'elle allait passer un mauvais quart d'heure. Keleth appréciait avoir du temps pour déjeuner tranquillement, si elle passait du temps dans cette entreprise, ce n'était pas pour avoir à subir les même turpitudes que lorsqu'elle se retrouvait à chasser quelques démons récalcitrants aux lois suprêmes de l'univers démoniaque, et le fait d'ainsi la priver d'une vraie pause pour pouvoir se sustenter était un véritable blasphème à son goût. En d'autres circonstances, elle avait tendance à se faire encore plus cruelle qu'elle ne pouvait l'être à l'accoutumée, mais pour l'occasion, le fait qu'elle ne se soit rendue compte de ce changement de planning qu'à partir de onze heure fut suffisant pour qu'elle choisisse simplement d'accepter l’inévitable, ce qui n'allait pas pour autant l'empêcher d'offrir quelques remontrances à celle qui avait osée ainsi changer son petit train-train de calme et de sérénité. Karin le savait bien, la jeune démone ayant déjà fait quelques erreurs bien malgré elle, et quand elle vit finalement sa chef se relevée pour s'approcher d'elle, ce ne fut pas sans un clair frisson d'angoisse. Par chance, ou non, Keleth ne vint même pas lui offrir un bon revers de main, mais à la place, s'arrêta juste devant elle en soupirant, avant de finalement s'exprimer d'une voix plus calme :
- Tu sais quoi ? Je n'ai pas le temps pour cela, il est déjà quasiment midi, et si je dois me presser, ainsi soit-il. Vas m'acheter un truc rapide à grignoter, tu as vingt minutes, en attendant je vais m'informer sur ce rendez-vous... Mais ne me refait plus jamais ça, où je te jure que je te trouve une place dans une maison de passe au fin fond de l'enfer... Tu vois, celle où les incubes violent les femmes sans interruptions, et où la seule chose que tu auras pour te sustenter est une gamelle de semences diverses et variées ?
- Euh ou-oui maîtresse... je me presse, à tout de suite maîtresse.
- Brave fille ... au moindre retard je t'envoies au 16ème étage.
- P-pitié non !
La jeune démone s'empressa de sortir du bureau, laissant Keleth soupirer un grand coup pour se détendre, observant son agenda ouvert sur le bureau, et se maudissant de ne pas avoir eut la présence d'esprit de vérifier plus tôt ce qu'elle avait à faire dans la journée, auquel cas elle aurait put annuler cette entrevue mise en place à la va-vite. Quinze minutes plus tard, on lui apportait un bento accompagné d'une fourchette, vue qu'elle était tout à fait incapable de manger avec des baguettes, et elle prit tranquillement le temps de sustenter, avec un petit peu de thé pour pouvoir faire passer le tout, en contemplant avec un air intrigué la fiche de celui qu'elle allait devoir rencontrer d'ici peu. Camille, un nom bien androgyne qui ne l'aidait pas le moins du monde, accompagné de plusieurs descriptions sur ses activités, mais aucune photo, ce qui eut le don de lui déplaire un peu. Elle aimait à mettre un visage sur ceux qu'elle allait entrevoir, simple formalité professionnelle, et le fait de ne pas avoir cette information n'était pas pour faire sa joie, bien au contraire, même si elle comprenait que le service avait fait le minimum vu le peu de temps qui leur avait été imparti pour lui donner ces détails. En revanche, il rentrait clairement dans le cadre d'activité de l'entreprise, profession correcte, et but apparent coïncident avec ceux de la compagnie, à savoir offrir un bout de culture nippone à l'intégralité de ses fans. Bon après, si c'était de la J-pop, ce n'était pas vraiment ce que la démone cherchait à offrir au monde, elle qui préférait l'aspect passéiste du Japon, mais après tout, il fallait bien faire des essais, n'est-ce pas ?
Elle jeta le bento vide à la poubelle, et observa tranquillement l'horloge qui se trouvait au dessus de son bureau principal, observant avec un certain dépt qu'il était déjà 13h15 quand elle vint tout juste à finir son déjeuner. Tant pis, il fallait bien qu'elle se remette au travail, et quittant son bureau pour les membres de la compagnie, le A, elle vint à fermer le tout à clé et se dirigea tranquillement dans le couloir jusqu'au bureau annoté C, où elle avait prit l'habitude de produire ses rendez-vous officiels, notamment par le confort des deux canapés qui s'y trouvaient, mais aussi des différentes boissons qui se trouvaient affichés en vitrines, non sans parler de l'ordinateur et de l'imprimante-scanner qui s'y trouvaient afin de produire immédiatement un contrat papier, et numérique, de qualité. Ne tiendrait qu'à elle, elle n'utiliserait jamais la technologie terrienne, une bonne année lui ayant été nécessaire pour apprendre à utiliser suffisament efficacement ces moyens bien compliqués pour elle, mais elle n'avait pas trop le choix si elle voulait afficher le sérieux de la compagnie. En tout cas, elle y entra tranquillement, et prit le temps d'installer des verres en bout de tables, ainsi qu'à allumer le matériel électronique présent dans la pièce. Puis elle se prépara à attendre, avant que cela ne soit coupé par un court appel depuis le service du rez-de-chaussé : son invité était un peu en avance, parfit, cela allait lui permettre de prendre tout le temps nécessaire avec lui pour échanger autant que nécessaire... Et quand enfin elle entendit quelques coups à la porte, elle s'exprima cordialement, invitant la personne à ouvrir la porte :
- Entrez donc. Bonjour, je me présente, Aethesa Shivas Keleth, en...chantée.
Elle avait eut un petit loupé en apercevant le jeune homme entrer dans la pièce. Il était... mignon ? Non ce n'était pas ça, son air androgyne, sa silhouette fine, son expression un brin mal à l'aise, on aurait dit une jeune femme avant sa nuit de noce. Captivée, la femme en vint à s'arrêter dans ses gestes, ne s'attendant pas à faire une telle rencontre en cette journée, mais d'un coup, son humeur avait prit une envolée merveilleuse, et c'est avec une joie intense qu'elle lui fit un rapide signe pour qu'il rentre dans la pièce, et vienne s'installer sur l'un des canapés qui se trouvaient l'un en face de l'autre, la table basse en verre au milieu, tandis qu'elle se dirigea tranquillement vers le téléphone, avant de contacter le rez-de-chaussée :
- Installez vous donc, je dois juste appelez rapidement le service.... Oui, c'est Keleth... je veux juste que vous préveniez Karin, qu'elle sache que son erreur est toute pardonnée. Voilà, merci !