Ororo faillit reprocher à Emma d’user encore de ses pouvoirs... Mais elle savait que ça ne changerait rien. Ce n’est pas comme si elle était la mère d’Emma, après tout, et, plus perturbée qu’elle n’aurait osé l’avouer, l’Afro-Américaine sortit en compagnie des autres professeurs. Emma Frost... La journée sembla défiler au ralenti. Ororo oscillait entre le lycée et l’université, qui se situaient tous les deux sur le même campus. À l’université, elle animait un module d’enseignement complémentaire sur l’Afrique, tant d’un point de vue historique que moderne, articulant son cours autour de séances-clefs. Néanmoins, alors qu’elle pensait à tout ça, sa conversation avec Emma lui revenait sans cesse, ainsi que les quelques mouvements sensuels qu’elle avait fait, et qui n’étaient pas anodins. La Reine Blanche ne lui avait jamais fait de la drague comme ça, à caresser son corps, ou à mettre son fessier en avant... Chose qui n’avait nullement échappé à Ororo, tout comme le fait qu’elle parle d’un «
rencard », ou la convoque comme une vulgaire étudiante.
*
Un rencard... Et puis quoi encore ?*
Aller la voir dans sa chambre d’hôtel était assurément dangereux. Emma était une télépathe redoutable, l’une des plus puissantes au monde. Elle n’était pas devant Charles ou Jean, mais elle tenait sans problème la dragée haute. De plus, contrairement à Charles, elle n’avait aucun scrupule à user de ses pouvoirs. Tornade savait que le SHIELD avait utilisé le modèle du casque de Magneto pour réaliser des protections similaires, des casques qui protégeaient leurs porteurs des attaques télépathiques, mais Ororo se voyait mal venir la voir avec un tel objet. Après tout, elle disait vrai quand elle voulait parvenir à une réconciliation. Et, de ce qu’elle savait d’Emma, elle pensait que la femme était également meurtrie par cette situation, une situation qui la conduisait à ne plus pouvoir enseigner autant qu’elle le voudrait. Or, s’il y avait bien une chose qu’Emma aimait, c’était bien le fait d’enseigner.
Cependant, Ororo ne voyait toujours pas comment amener les deux camps à se rapprocher. Ils s’étaient opposés de façon redoutable, et chaque X-Men avait soigneusement réfléchi au camp qu’ils choisiraient. Scott n’avait toujours connu que les combats, la violence, et la manipulation, et ce depuis sa plus petite enfance, où il avait été, sans le savoir, un cobaye dans un orphelinat détenu par Sinistre. Malgré le rêve de Xavier, Scott n’avait jamais cessé de se battre, et son seul rayon de soleil, le seul moyen pour lui d’être dans la normalité, avait été Jean. Quand elle était morte, il avait changé, et ces changements n’avaient fait que s’accentuer, tandis que le monde, lui, avait sombré davantage dans le chaos. La situation était plus désespérée que jamais, et, pour beaucoup de mutants, on ne pouvait plus suivre la voie de Xavier, car elle était vouée à l’échec. Et c’était un point de vue qu’Ororo pouvait comprendre, elle qui avait récemment fait l’objet d’un important scandale international en aidant les habitants d’une île gérée par une junte militaire à repousser un cyclone. Son
intervention à Santa Marco avait fait du dégât, et les médias du monde entier avaient tourné en boucle cette image. Toutefois, au Japon, les évènements de Santa Marco intéressaient fort peu les insulaires. Par tradition, le Japon était un pays isolationniste, et, même s’il s’était ouvert au monde étranger, les préoccupations japonaises restaient encore très locales. C’est de cette manière qu’Ororo avait pu séjourner sans avoir une flopée de journalistes aux fesses.
La fin de la journée finit par arriver, et Ororo contemplait l’adresse donnée par Emma. À la fin des cours, elle s’y rendit, constatant qu’il s’agissait de l’un des plus grands hôtels de luxe de la ville, le long de la plage.
*
Elle ne se refuse rien... Mais, pour autant, elle doit probablement souffrir à l’idée d’être dans une simple chambre d’hôtel. Qui sait ? C’est peut-être ça qui l’a amené ici, afin de passer d’un bunker militaire désaffecté à un manoir de luxe le long de la côte japonaise...*
Il n’était pas bien difficile de deviner qu’Emma se trouvait au dernier étage, dans la suite de luxe.
*
C’est dangereux d’y aller, oui... Mais le danger, ça me connaît.*
Le soir vint, et, aux alentours de 19h45, le soleil commençait à se coucher sur la baie de Seikusu, formant un spectacle magnifique. Le long de la plage, les élèves et les étudiants qui flânaient entreprenaient de rentrer chez eux. Et, dans les airs, une femme volait, se rapprochant lentement de la plus grande terrasse de l’hôtel, comprenant une piscine d’extérieur. Elle se posa dessus, devant les baies vitrées donnant sur le salon, et s’avança lentement, sa main gantée se posant sur la surface de la vitre.
«
Je suis là, Emma. »
Ororo était venue dans les airs, arborant son
nouveau costume, celui qu’elle portait depuis qu’elle s’était rasée la tête, lorsque le Schisme avait éclaté.
Prête à en découvre avec cette femme...