« Alors moi, je fais quoi ? Bah je lui pète le nez ! Il est neutralisé et elle, elle fait quoi ? Elle hurle à l'aide, la police, tout l'monde quoi !
-Sans vouloir paraître sarcastique ou mesquin, je pense que ça a à voir avec le fait que vous aillez battu l'agresseur à mort.
-Ouais mais la miss, je lui ai évité de se faire voler !
-Pour que son argent soit investit dans une thérapie après l'horreur que vous lui avez fais voir. Vous devez impérativement apprendre à vous maîtriser Mr.Hexon, vous êtes un super héros, vous faites partie d'une équipe qui une certaine réputation. Vous ne pouvez pas vous permettre d'endosser un rôle de soldat à la manière du Punisher... J'aimerai que vous conteniez vos pulsions.
-La salle de sport ça suffit pas putain !
-Ajoutez un peu d'exercice le matin. Et concentrez vous. Vous vous rappelez de nos dernières séance n'est-ce pas ?
-Je suis maître de moi-même, pas maître d'autrui. Ouais ouais... J'suis pas sûr que ces conneries psychologiques m'aident vraiment m'sieur Lecter.
-Allons bon. Je suis sûr que si vous souhaitez ce changement, il se produira. »C'était la séance de la semaine dernière. Un patient de plus au lourd registre qu'il entretenait. Lourd ? Pas par son nombre. Les supers ; raccourci de personne ayant des supers pouvoirs et appellation que Lionel utilise très souvent ; avec des soucis aussi pesants que ceux de Mr.Hexon étaient assez peu fréquents. Mais leur infériorité numérique ne rendait pas leurs cas moins lourds. Au contraire. Leurs soucis étaient d'une originalité que Lionel qualifierait de terrifiante à ses collègues. Intriguant, pour lui même. Chacun de ces héros était pour lui une merveilleuse occasion de pouvoir se nourrir. Après tout, qui serait surprit qu'un de ces guignol disparaisse ? Ils étaient tellement éparpillés, indomptables... Que dés qu'il en manquait un, de toute manière, il y avait facilement 88% de chance que l'on mette ça sur le dos du Fossoyeur. Le Fossoyeur... Un patient qu'il aurait aimé avoir plus longtemps pour en cerner toute la complexité. Ou la simplicité. L'un dans l'autre, il pensait que toute personne que le monde voyait comme déséquilibrée pouvait être bonne à étudier. Et puis, pour Lionel, c'était une merveilleuse curiosité de tout les jours. En effet, fan d'expérimentation psychologiques, c'est toujours un plaisir pour lui de voir ce qui ce passe lorsque l'on joue un peu avec la psyché humaine. Personne n'en est à l'abri, pas même les supers. C'est d'ailleurs à l'aide de subtiles insinuation qu'il amenait une des héroïnes à devenir folle. Lady ColdHands. Une spécialiste du froid qui est petit à petit entrain de virer du même bord que Mr.Hexon. Elle tue pour faire régner l'ordre et s'isole dans ses pleurs aux remarques de ses compagnons. À force, elle finirait par s'isoler sans jamais ressortir... Et là, il pourrait tenter quelque chose. Il avait prévu ces réactions et au moment opportun, il n'aurait qu'à la tuer, la découper, la découper en sashimi puis l'assaisonner avec une sauce au citron. Un délicieux buffet froid.
Mais ce Hexon... Il n'avait rien de bien intéressant. Son pouvoir était lié à la lave. Apparemment, son cœur avait la puissance d'un volcan, ou quelque chose de ce genre. Un détail que le psy' gardait précieusement. Au fond, il savait qu'il n'y avait guère grand chose à faire. Deux chemins s'offraient à Hexon : Le premier était que la thérapie marche et qu'il se rende compte qu'être miséricordieux fait de lui un meilleur héros, et une meilleure personne. L'autre option est qu'il craque son câble et se laisse dominer par son agressivité naturelle, amenant sûrement à son exécution forcée par ses collègues qui ne pourront qu'achever cet animal aux abois. Aucun intérêt. Aucune saveur. La seule idée que Lionel se faisait de son goût devait être celui d'une viande trop cuite, abandonné sur une plaque de cuisson... Dans tout les cas, peu lui importait. Hexon ; alias Vulkain, n'était qu'un détail dans le vaste et fabuleux mécanisme qu'était la machine à pensée du Docteur Lecter !... Du moins, c'est ce qu'il pensait.
En cette matinée bien calme, le ciel tirait la tronche. Un visage grisé de nuage et quelques larmes qui coulaient par intermittences. Aujourd'hui, il allait pleuvoir. Fort. Le genre de pluie qui vous motive à construire une arche. Le premier effort de la journée, et celui qui marqua le début de l'éveil du docteur, fut le cri de la cafetière à piston au moment où la main de l'homme s'écrasa dessus. Une odeur agréable s'empara de toute la cuisine. Un parfum agréable qu'il inspira longuement, son cerveau et tout ses sens se mettant immédiatement en marche. L'odeur du café était un régal pour Lecter. Mais aussi un excellent outil. Vous savez, dans ces parfumeries, on met à disposition des clients des grains de café. En effet, ils permettent de « réinitialiser » l'odorat. Pour quelqu'un avec un nez aussi développé que lui, c'est donc un vrai plaisir. Mais surtout, plus spécifiquement pour ce drôle de psy, l'odeur du café le matin éveille ses sens et leur donne une sorte d'ordre, de message. Ce parfum réveille son corps et le prépare à une nouvelle journée, emplie d'éventualités. Et aujourd'hui, il en rencontra une qu'il n'avait même pas envisagé.
On avait toqué à la porte. Rapidement, le jean que portait le bel homme fut suivit d'une chemise afin de rester décent. Un livreur, courageux pour faire son travail avec un tel temps, lui déposa une grande boîte carrée dans l'entrée et le salua. Lionel resta un rien bouche bée. Surprit. On lui offrait des cadeaux parfois, mais ça se limitait à des fleurs et des chocolats. Ou du café, rarement. Il fallait que la personne en question connaisse ses goûts, forts exigeants. Là, pour le coup... Il resta sur ses gardes. Sa paranoïa habituelle l'habitait, mais il restait serein. Il prit la carte dessus et en observa le contenu, espérant plus de réponses sur le contenu de ce présent mais surtout sur son émetteur.
« Salut m'sieur Lecter !
C'est Hexon ! J'vous envoie un paquet spécial. J'sais que vous êtes du genre mystérieux et à vous la jouer Batman, mais faut pas vous inquiétez, j'ai prévu un cadeau exprès pour ça ! Elle est discrète, pas bruyante, et sera vraiment sage, z'inquiétez pas ! Je leur ait demandé à ce qu'il lui explique tout ! Elle sait qui vous êtes, ce que vous faites, qu'vous êtes seul chez vous, tout quoi ! Ils vous l'ont p't'être préparée, j'sais pas, j'ai pas vu si c'était dans l'offre. Alors ouais, j'sais que c'est pas tout légal, mais hé, v'm'avez dis qu'faut prendre les bons risques hein ? Alors là quitte à me faire niquer, j'vous aurai fait un putain d'cadeau quand même hein !
Salut !
Hexon ! »
Cette atrocité littéraire que vous venez de lire est une version un peu plus propre de l'horreur qu'avait dû traduire Lionel. De quoi parlait ce con ? Et qu'est-ce qu'il avait bien pu lui offrir !? Cette prise d'initiative ne lui plaisait pas réellement. Il avait du mal à concevoir qu'une quelconque bonne idée puisse venir du crâne de ce fondu du bulbe. Alors qu'il pose son café sur le meuble de l'entrée, sa main hésitante s'approcha du haut du paquet... Et d'un petit coup de phalanges secs, mais mesuré au cas où, il releva d'un seul coup le haut de la boîte, en révélant son contenu... Une fille. Une jolie jeune fille à la nuisette bien trop courte, d'un blanc argenté et aux ornements de dentelle noire. De longs cheveux, coiffés, un minois tracé au pinceau... Une petite merveille. Un genre de perle rare qu'on convoitait, désirait, rêvait... Bien que pour la partie ''secrète'' du professeur, un autre être vivant à ses côtés serait... Encombrant ♪ Sous la surprise, sous l'incompréhension, sous ce flot d'émotions qu'il ne su contrôler, il tenta d'articuler une phrase. Les mots ne s'alignant pas correctement, il se contenta de prononcer deux syllabes qui prouvèrent à quel point il ne comprenait pas ce qui ce passait actuellement :
« … Pardon ? »Un début de conversation bien médiocre. Maiiis, au moins, il y avait assez de silence pour laisser la nouvelle arrivante s'exprimer !