Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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[Abandonné] On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

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Catalina Taylor

Humain(e)

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    Description
    Riche veuve, par treize fois, qui s'est exilée à Seïkusu et qui investit dans différents secteurs d'économie de la ville.
    Peu farouche quand elle trouve quelqu'un à son goût, mais secrète quant à son passé.
« C’est fini, Madame Taylor. »

La voix rauque de son geôlier fait grimacer la veuve. Elle s’était fait alpaguée, deux semaines auparavant, par un groupe d’hommes masqués. Au fil des jours, la brunette avait appris qui étaient ces hommes. Il s’agissait d’une organisation secrète, rivale de celle pour laquelle elle avait travaillé. Pendant ces deux semaines, elle n’avait cessé d’être interrogée. Ces hommes n’hésitaient pas à la frapper et à la malmener de façon plus intime pour qu’elle coopère. Mais pas un mot n’avait franchi la barrière de ses lèvres. Catalina était redevable à ses anciens patrons. Grâce à eux, elle pouvait mener la vie qu’elle désirait. Elle n’allait certainement pas les vendre pour sauver sa vie. C’est pourquoi, après deux semaines d’interrogatoires permanents, ses ravisseurs avaient pris la décision de l’éliminer. D’après ce qu’elle avait compris, ils enverraient ensuite sa tête aux leaders de ses anciens patrons pour les menacer.

Elle n’avait pas peur, cela dit. La mort n’était pas une fin, pas vraiment. Après ces années passées à Seïkusu, Catalina avait appris plusieurs choses. Notamment que, bien souvent, la réalité n’était pas tout à fait ce que l’on croyait. Elle pensait donc qu’il pouvait exister d’autres alternatives, après la mort. L’heure de vérifier ses hypothèses était venue et elle n’avait qu’un regret : N’avoir pu dire au revoir à tous ceux qu’elle connaissait. Son colocataire allait s’inquiéter, peut-être. Ses quelques amis… Un soupir franchit ses lèvres alors qu’on la redressait sur ses pieds, la guidant vers l’échafaud en tirant sur une chaîne rattachée à ses mains et ses pieds menottés. La brune, vêtue d’une robe à présent en haillons, trébuchait souvent sur le sol inégal. Elle se croyait revenue au moyen-âge où l’on traînait les condamnés à mort vers le billot. C’était un peu le type de la société secrète qui l’avait enlevée, en fait. Ils étaient dans un village, à quelques distances de Seïkusu, où la technologie était réservée aux membres importants de l’organisation. Les autres, ceux qui vivaient là avec leur famille, en étaient réduits à vivre comme des paysans. Pas d’électricités, pas de voitures, pas de modernité.

Tandis qu’elle trébuchait sur les pavés inégaux du chemin, la veuve affichait un air méprisant. Il fallait être fou pour accepter ce genre de vie. Elle ignora royalement les mains de ses geôliers qui l’aidaient à se remettre sur pieds. Elle ignora aussi ses pieds nus, en sang, qui glissaient sur les pavés. Elle regardait fièrement devant elle, sans peur face à son destin. La rue inégale offrait pleins d’occasions de trébucher. Une fois de plus, la brune ne manqua pas de tomber à genoux, empêtrée dans les chaînes qui l’entravaient. Mais alors qu’elle s’apprêtait à sentir les pavés sur son front, elle tomba face contre un sol moussu tandis que le souffle d’une explosion la poussait en avant.

Elle ne saurait jamais quelle était l’origine de l’explosion. Etait-ce ses anciens employeurs qui venaient la sauver ? Ou bien des attentats contre les gérants de cette société qui l’avait emprisonnée ? Ou, tout bêtement, une conduite de gaz qui explosait ? Mais le résultat était le même. Elle avait traversé, sans la voir, l’une de ses failles qui existaient un peu partout. Aléatoires, ces déchirures dans la trame dimensionnelle permettaient de rejoindre un monde étrange que les autochtones appelaient Terra. Elle avait déjà eu quelques fois l’occasion de passer à travers ces failles. Sans intentions volontaires. A chaque fois, elle avait mis du temps pour revenir, pour trouver une autre faille. Il lui semblait qu’elle avait déjà perdu plus de vingt ans, sur Terra. Mais à chaque fois qu’elle revenait, elle ne s’était absentée que quelques semaines, parfois quelques jours. Le temps ne se déroulait pas de la même manière dans l’un ou l’autre des deux mondes.

Curieusement, d’ailleurs, Catalina n’avait pas vieilli, depuis cette première fois où elle était passée à travers une faille. Depuis cet enlèvement au milieu des démons. Malgré le temps passé de l’autre côté, elle n’avait pas vieilli. Elle était restée cette bonne vieille Catalina, âgée de vingt-huit ans. Est-ce que le temps s’arrêtait pour les terriens qui passaient sur Terra ? Ou bien est-ce que quelque chose clochait, en elle ? Peut-être que ces sérums, qu’elle s’était longtemps injecté au sein de son organisation, avaient modifié sa biochimie au point qu’elle ne vieillisse plus…

Elle en était là de ses réflexions, couchée sur le tapis de feuille sur lequel elle était tombée, quand des clameurs se firent entendre au loin. Elle se redressa immédiatement, alertée. Ses prunelles azurées fouillèrent les environs autour d’elle à la recherche de quelque chose pour forcer la serrure de ses chaînes. Elle finit par trouver son bonheur, quelques pas plus loin, avec un piège-à-loup qui avait dû être masqué autrefois mais qui, avec le vent, s’était révélé à l’air libre. Elle s’en rapprocha en rampant rapidement, et ses mains liées bidouillèrent rapidement pour défaire l’une des composantes de ce piège dangereux. Armée de cette petite aiguille qu’elle venait de récupérer, la brunette crocheta ses menottes et se retrouva rapidement libre de ses mouvements. Elle réunit rapidement ses cheveux en un chignon, y cachant la petite épingle après avoir trouvé comment nouer sa coiffure, et se campa sur ses pieds nus pour attendre le danger.

Elle ne savait pas où elle avait atterri. Elle devait donc se renseigner, avant de passer à l’action. Quelques mèches rebelles encadraient son visage sali par la détention et par la terre contre laquelle elle était tombée, donnant à son expression un air guerrier et sauvage. Les lambeaux de sa robe flottaient autour de son corps, agités par la brise au même titre que ses cheveux. S’ils cachaient encore l’essentiel de sa pudeur, on se rendait vite compte, cependant, que ce n’était que pas quelques fils. Que son corps était meurtri, en-dessous, et qu’elle avait sûrement été maltraitée. La brune se pencha pour ramasser ses chaînes et s’en faire une arme. Au loin, les clameurs se rapprochaient. Elle entendait aussi le galop des chevaux et le hurlement d’un loup. Les sourcils froncés, elle ne bougea pas, cependant, jusqu’à ce que, jaillissant des fourrés, un loup surgisse devant elle. Effrayée, la bête était agressive. Elle tourna un instant autour de Catalina, ayant presque oublié ses poursuivants, avant de finalement bondir pour l’attaquer. La brunette se défendit avec ses chaînes, et le loup roula sur le côté avant de revenir à l’assaut. La veuve, affaiblie par les deux semaines de torture et de détention, ne put éviter l’attaque suivante et se retrouva allongée sur le dos, les pattes du loup appuyant douloureusement sur son buste. Sa gueule était à quelques centimètres de son visage. Elle sentait le souffle brûlant de l’animal, et la bave qui coulait de ses babines suintait dans son cou. Le claquement des mâchoires puissantes était si près de son cou… Elle retenait tant bien que mal l’animal avec les chaînes, mais la force lui manquait. L’épuisement la guettait.

Au moment où ses bras fléchirent malgré elle, elle crut sa dernière heure arrivée. Mais, au lieu de lui déchiqueter la gorge, le loup s’affaissa soudain contre elle. Peu après, un liquide chaud et épais lui coula dessus, au niveau de l’abdomen. Les griffes du loup, dans sa précipitation, avaient arraché ce qu’il restait des bretelles de sa robe et avaient déchiré sa peau. Son poids, perché sur elle, lui avait sûrement démis une épaule à en juger par la douleur qui irradiait dans son bras. Mais elle était vivante.

Avec un grognement de douleur, la veuve rejeta l’animal sur le côté, comprenant qu’il était mort. Le sang, ce liquide chaud qu’elle avait senti, avait maculé son ventre et sa robe. Autrefois blanche, cette dernière était plus près du marron-noir quand elle était arrivée ici. A présent, elle se rapprochait du pourpre. Une main se tendit devant elle, et la Catalina remarqua enfin les cavaliers qui l’entouraient. Prenant la main, elle se releva avec une grimace lorsque ses muscles protestèrent. Ses blessures aussi criaient grâce. Son épaule démise la lançait terriblement. A bout de force, après ces deux semaines de captivité, après une exécution à laquelle elle avait échappé de justesse, et après l’attaque du loup, la brunette ne tarda pas à tourner de l’œil quand elle se retrouva rapidement de la position allongée à la position debout.

* * *

Les jours, les semaines et les mois passèrent. Catalina avait été prise en charge par son sauveur, un roi, et s’était doucement remise de ses blessures. Elle n’avait pas fait attention, sur le coup, mais la pointe de la flèche qui transperça le corps du loup s’était aussi enfoncée dans sa poitrine, juste sous son sein, à travers ses côtes. Heureusement, ce n’était pas trop profond et aucun organe n’avait été touché. Elle avait été recueillie et soignée dans le palais de son sauveur, le Roi Zachariah de Jeb. Ce dernier bien qu’âgé, était bon et amical. Bien vite, la veuve se prit à l’apprécier, et à apprécier cette vie qu’elle menait au sein de son palais. Au bout de quelques mois, ils étaient devenus proches, tous les deux. Elle avait même, contrairement à la première version qu’elle avait donné après son sauvetage, raconté la vérité sur ses origines au Roi. Il avait gardé cela pour lui, mais il avait été flatté de la confiance de la brunette. Il l’intégrait à présent à toutes les cérémonies officielles. Il la présentait au peuple, et très vite, Catalina devint aussi appréciée au sein du Royaume.

D’après son histoire, racontée après avoir repris connaissance, au palais, Catalina était issue d’une vieille noblesse Ashnardienne. Exilée, sa famille s’était peu à peu habituée à la vie de bohème. Mais un jour, des assassins étaient venus pour éteindre cette vieille lignée qui s’opposait à l’Empereur. Catalina était la seule survivante, ayant été capturée pour le plaisir des mercenaires. Elle avait réussi à s’échapper, le jour où le loup l’avait attaqué, et c’était ainsi qu’elle avait rencontré le Roi et ses hommes. Face à son histoire, la brunette s’était attiré la compassion de nombre de gens. Par ailleurs, sa joie de vivre retrouvée après sa guérison, et sa gentillesse face aux nombreux enfants des rues qu’elle croisait, lui valait d’être aussi appréciée que le Roi.

Peu de temps après que la veuve eût raconté sa véritable histoire à Zachariah, ce dernier proposa de l’épouser. Après quelques jours de réflexion, Catalina finit par accepter. Elle appréciait sincèrement le vieil homme. Elle lui était redevable, par ailleurs, et cette union augmenta sa popularité au sein du peuple. Mais la brunette n’eut pas le temps de profiter de sa vie d’épouse, de reine, car un matin, alors qu’ils prenaient leur petit déjeuner, elle détecta quelque chose d’anormal dans leurs plats. Elle n’eut pas le temps d’avertir son époux que l’odeur de son assiette était suspecte. Au moment où elle ouvrait la bouche, il tomba raide mort sur le côté.

La rage et la douleur se mêlèrent dans l’esprit et le cœur de la veuve. Elle connaissait ce poison. Elle-même en avait été très friande, au moment où elle exerçait encore son métier de tueuse à gage. Elle n’en revenait pas que quelqu’un l’ait utilisé ici, contre son dernier époux en date. Un homme qui l’avait sauvée et qui, même après avoir appris sa véritable histoire, l’avait protégée. Elle fit venir les conseillers royaux, et mena une enquête par elle-même. Elle se jura de venger Zachariah, peu importait le temps que cela pu prendre. Le Premier Conseiller, l’ami le plus proche et le Confident de feu son époux, lui apporta la réponse. Lui aussi connaissait la vérité sur la veuve, le roi l’ayant mis au courant. Et lui aussi avait accepté de passer outre, se fiant à l’attitude généreuse et aimante de la jeune femme. Pour toutes ces raisons, il voulait autant qu’elle que le meurtrier de Zachariah soit retrouvé. Que son ami et son Roi soit vengé. Et il raconta alors cette vieillie histoire sur comment il était devenu Roi. Il lui conta les batailles, avec l’armée de rebelles, contre le roi de Meisa. Et la brunette en déduisit alors l’identité du coupable.

* * *

C'est ainsi qu'elle se présenta finalement à ce bal, où elle était invitée, avec la ferme intention de faire tomber le roi de Meisa de son piédestal, et de faire rouler sa tête sur le sol.
« Modifié: mardi 04 juin 2024, 19:25:05 par Serenos I Aeslingr »
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2eab41 - Paroles de Catalina.

Serenos I Aeslingr

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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 1 mercredi 11 mai 2016, 23:34:27

« Mais sire, vous n’avez pas à vous soumettre à ces festivités, vous devriez profiter de ce congé pour vous reposer!
- Pour l’amour du ciel, Aglaë, vous êtes ma Conseillère ou ma mère? Faites votre choix. »

Et évidemment, Aglaë préféra se taire. Confronter le Roi sur sa génitrice avait le don de le mettre de très mauvais poil. Aussi grognon qu’il soit, il n’était pas déraisonnable, mais elle aurait de loin préféré qu’il ne se mêle pas à ces beaux parleurs sordides qui étaient les joueurs du Noble Jeu.

« Et pour votre rapport?
- Maintenant que le Roi Zachariah est mort, ses gens se sont à nouveau ralliés à la bannière Anderranienne. Les terres sont unies. Le dernier vestige de l’armée rebelle a été consumé, votre Majesté.
- Je me demande quand même… Qui a pu intenter à la vie de Zachariah?

Serenos ne gardait pas un souvenir cordial de cet homme. S’étant déclaré Roi une dizaine d’années plus tôt alors qu’il déclarait l’indépendance de la Province de Jeb, le Roi Zachariah avait également donné troupes et ravitaillements aux Rebelles, il y a quelques années, et s’était rallié à la cause de sa demi-sœur Jezebelle de Tyr lorsqu’elle avait essayé d’usurper le trône des Trois Royaumes. Certes, ses prétentions au Trône de Meisa n’avaient rien d’invalide, car étant l’aînée du Roi Talion, si elle avait pris un mari de son rang, elle aurait pu prendre également le pouvoir. Si ce n’est que dans sa panique, elle avait participé au régicide de son propre père pour éviter qu’en reconnaissance de la réussite de la campagne militaire de Serenos contre l’Aranie, il ne le déclare comme son Roi-Servant et donc héritier du trône, peut-être même aurait-elle arrivé à cette fin. Zachariah était un homme honorable, soumis aux vieilles lois, et même si sa rébellion lui avait attiré l’ire de Serenos, il n’aurait jamais souhaité le mettre à mort de cette façon. De toute façon, en gage de paix et de réconciliation, il avait accepté de verser un tribu annuel à Serenos en échange de conserver sa souveraineté sur le Royaume de Jeb. Sa mort ne l’attristait évidemment pas, mais il regrettait qu’un homme de cette qualité ait été aussi sournoisement assassiné.

Serenos n’avait pas été très clément envers les Rebelles. D’une part parce que défier son autorité n’était jamais une bonne idée au départ, mais après le meurtre de son épouse aux mains d’assassins envoyés par Jezebelle de Tyr, il était tout sauf compréhensif et miséricordieux. D’ailleurs, l’événement qui avait mis fin à la rébellion, le Massacre de Vrahilel, avait été commis de sa propre main et avec l’usage de la magie. Suite à cette catastrophe, les Rebelles comprirent que le Roi était beaucoup trop puissant sur son territoire pour qu’ils puissent espérer mettre fin à son règne par leurs maigres moyens, et ce fut Zachariah qui se présenta devant le monarque des Trois Royaumes pour déposer les armes au pied de son trône, et supplier sa clémence.

Aglaë l’arracha alors à sa réflexion pour lui exposer un autre problème.

« Sire… certaines personnes… certaines rumeurs disent que vous seriez responsable de cet attentat. »

Surpris, Serenos ne put pas empêcher ses doigts de relâcher sa coupe de vin. Le récipient d’argent glissa de sa poigne et s’écrasa sur le sol, répandant son contenu sur le marbre de sa chambre. Il se retourna vivement.

« Je n’aurais jamais rien fait de tel sans consulter le Conseil! S’offusqua-t-il, les bras croisés sur sa poitrine.

Des rumeurs, ce n’était pas que des rumeurs, c’était une diffamation! De toutes ses années de règne, il n’avait jamais utilisé, ne serait-ce qu’une seule fois, une méthode aussi lâche pour se débarrasser d’un ennemi. Pour avoir essuyé plusieurs tentatives d’assassinats au cours de sa vie, il n’était pas sans savoir que le poison n’était pas seulement une arme subtile, mais également une insulte, surtout pour une personne d’un rang élevé; le poison signifiait que l’assassin ne juge même pas sa cible comme étant digne d’être tuée de sa main. Non, quelqu’un d’autre avait commis cet acte, et il ne prévoyait aucunement déclarer sa responsabilité, que ce soit pour générer du chaos, pour ébranler la confiance du peuple ou simplement parce qu’il savait qui serait le premier suspect dans une telle affaire.

Serenos n’était pas la seule autorité dans ce genre de décisions; même si, dans un autre monde et dans d’autres circonstances, il aurait opté pour occire un souverain, il aurait été contraint de s’entretenir avec le Haut Conseil avant d’entamer quelques mesures militaires ou politiques contre son adversaire, ne serait-ce que pour évaluer les répercussions géopolitiques d’une telle entreprise. Il n’avait rien à gagner de la mort du Roi de Jeb, sinon quelques bouts de terres de plus. Cela justifiait peut-être une demande de reddition, mais certainement pas un assassinat.

Le roi leva simplement les bras pour noter qu’il ne désirait pas parler davantage de ce sujet.

« De toute façon, pour l’instant, je ne peux rien y faire. Nous ouvrirons une enquête en temps et lieux. Pour ce soir, c’est la Fête de la Reine qui est, je vous le rappelle, une célébration pour commémorer la mort de ma femme. Je ne vais pas parler d’assassinats le jour du sien. »

Sans être superstitieux, il trouvait de mauvais goût de souiller le jour qu’il avait consacré à la défunte Reine Laryë. Même s’il s’agissait d’un triste jour pour sa mémoire, il désirait symboliser que malgré son départ, les gens pouvaient encore avoir un souvenir joyeux de son épouse regrettée. Et à cette occasion, il avait fait envoyer des invitations à tous les nobles et dignitaires des Trois Royaumes et des royaumes alliés. On y trouvait donc quelques Nexusiens notables, comme le Comte Lucius Marius Septimus et la Dame Francesca, l’épouse du fameux chevalier Roland, qui avait défait trois fois le Général Ashnardien Arthas en combat singulier, mais aussi des dignitaires de la Theocratie Galarienne, de riches marchands d’Hoshido et encore d’autres.


Le Soir Même

Arthuros s’éclaircit la gorge avant de faire signe à la troupe de trompettistes d’attirer l’attention de la foule de nobles qui s’était massée dans la salle de bal de la Citadell, une énorme plazza, couverte par un toit de verre aux multiples couleurs pour protéger les participants d’une possible intempérie, autour de laquelle se trouvait de grands buffets qui servaient des plats de toutes les contrées, pour le plus grand plaisir des invités. Suite au signe du Premier Conseiller des Trois Royaumes, les trompettistes se dressèrent et levèrent leurs instruments avant de pousser à grand souffles l’hymne musical des Trois Royaumes, une juxtaposition modifiée des trois précédents hymnes qui avait été composée par le grand maître des Arts, Kieran Field. Les gens cessèrent de rire et de parler pour se tourner vers les escaliers, d’où ils pouvaient déjà apercevoir les jambes du Roi, alors que celui-ci les descendait lentement. Pour beaucoup, c'était la toute première fois qu'ils voyaient le monarque se présenter dans une célébration, même celle de la fête de la Reine, d'une part parce que certains n'étaient même jamais venus en Meisa avant cette soirée, et d'une autre parce que le Roi de Meisa n'aimait pas les célébrations, préférant consacrer son temps aux problèmes de l'État pour s'assurer que tout ce beau petit monde puisse se consacrer à leurs loisirs sans avoir à se soucier de perdre toutes leurs possessions aux mains d'un ennemi belliqueux. Ce soir, il avait fait une exception. Pourquoi? Lui-même l'ignorait. Il avait simplement un désir irrépressible de rencontrer de nouvelles têtes, peut-être, pour se changer des têtes dépités du matin au soir de ses informateurs et chefs militaires.

« Amis et invités, j’ai l’honneur de vous annoncer la présence et la participation de notre grand souverain à notre bal! Sa Majesté le Roi de Meisa, d’Anderran et de l’Aranie, Maréchal de l’Alliance des Contrées Libres, Seigneur d’Eist’Shabal, de Sombre et de la Haute Aranie, et finalement le chef de la Maison du Sombrechant, Serenos Sombrechant! »

En signe de respect, les dignitaires et nobles Meisaens se tournèrent vers leur Roi, un poing sur le cœur, la tête inclinée, alors que beaucoup d’autres restaient silencieux un bref instant avant d’imiter leurs voisins par politesse. Lorsque le Roi posa le pied sur le plancher de marbre de la salle de bal, il fut rapidement accueillit par ses invités, qui se massaient très près pour avoir l’occasion de lui serrer la main ou lui présenter leurs salutations plus directement. Parmi les nobles qu’il rencontrait, Serenos dût faire de gros efforts de mémoire pour se rappeler de leurs noms, car s’il n’était pas friand du Noble Jeu, il n’aurait guère apprécié qu’on ne se souvienne pas de son nom, alors, il s’efforçait de montrer le même respect à ses interlocuteurs. Après avoir serré quelques mains et remercier quelques invités notables, son regard se porta sur une silhouette étrangère. Une jeune femme, aux cheveux aussi noirs que la nuit, aux yeux bleus aussi clairs que le ciel et des lèvres à se damner. Il avait au moins une fois rencontré chacun de ses invités, mais cette femme-là ne lui disait rien, et cela était assurément inexcusable puisqu’elle attirait le regard comme la lune dans la nuit.

Grand mal lui fut de décrocher les yeux de cette étrangère pour croiser ceux d’un marchand si large et grassouillet que ses yeux n’étaient désormais que deux petites fentes entre ses pommettes et ses sourcils, qui s’empressait de lui parler de l’état inquiétant dans lequel se trouvait le commerce des crustacés au sein du Royaume.

« Oui… oui, je verrais si je peux porter votre souci au Conseiller de la Trésorerie… Excusez-moi. »

Il se fit poliment violence, ses yeux cherchant à nouveau cette femme à la beauté éblouissante… mais celle-ci avait disparu. Il n’était pourtant pas fou, il l’avait bien vue! Mais alors, où était-elle passée?

Catalina Taylor

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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 2 jeudi 12 mai 2016, 17:30:13

« Le meilleur moyen d’atteindre le Roi, disait le Premier Conseiller, c’est lors de la Fête de la Reine. Il y participera cette année, c’est notre chance, ajouta-t-il. »

Hochant la tête, la brunette observa les visages des autres conseillers royaux. Tous approuvaient cette idée. Certains avaient eu du mal à croire que la responsabilité du Roi de Meisa était engagée, mais ils avaient cédés face aux preuves présentées. Ne connaissant pas personnellement ce dernier, Catalina était loin d’imaginer qu’il ait pu s’agir d’un coup monté, et elle plongeait dans le panneau comme une débutante. Mais elle n’en avait pas conscience.

Se levant, signalant que la séance était levée, la jeune femme -veuve à nouveau- sortit de la pièce d’un pas las. Le Premier Conseiller la suivit, et l’escorta jusqu’à ses appartements.

« Nous avons fait venir les meilleures couturières, majesté, afin de vous offrir une tenue qui éblouira tout le monde, et qui accrochera l’attention du Roi, signala-t-il alors qu’ils arrivaient au seuil des quartiers de la brune. Votre robe est prête, vous n’avez qu’à l’essayer pour que les dernières retouches puissent être faites. »

* * *

La robe était parfaite sur elle. Conçue dans un tissu ressemblant à du satin, une étoffe que ne connaissait pas Catalina, elle épousait les formes de son corps pour mieux les mettre en valeur. Le décolleté carré était presque sage, laissant à peine deviner la naissance de sa poitrine ronde et ferme, alors que le dos nu était plutôt plongeant, descendant jusqu’à laisser apercevoir le creux de ses reins, sa cambrure parfaite et la naissance de ses fesse. D’une teinte oscillant entre toutes les teintes de bleue, irisée, la robe descendait ensuite en une longue jupe évasée qui se terminait par une légère traîne à l’arrière, et révélait ses pieds délicats chaussés de petits escarpins. Ces derniers étaient également taillés dans un matériau inconnu de la veuve, ressemblant à du cristal, mais ayant la douceur et le confort du cuir. Les talons, d’une quinzaine de centimètres, rehaussaient sa silhouette et accentuaient sa chute de rein, soulignant son fessier ferme et rebondi.

Un sourire étira les lippes peintes en rouge sombre de Catalina alors qu’elle s’avança parmi les autres nobles. Elle était la cible de tous les regards, et elle en était parfaitement consciente. Sa crinière brune avait été savamment relevée en un chignon compliqué dont s’échappaient quelques boucles qui venaient encadrer son visage aux traits fins. Son regard, souligné d’un trait de khôl, était d’autant plus mis en valeur que la robe prenait parfois l’exacte teinte de ses prunelles, selon la luminosité et le mouvement qu’elle lui imprimait. Ignorant les courtisans, ces prunelles se dardaient vers l’escalier d’où descendait le Roi. Il était là, si proche… A portée de main, pourrait-on dire.

Mais elle s’écarta de la foule des courtisans, préférant l’observer de loin avant de tenter quoi que ce soit. « Séduisez-le, avait recommandé le Premier Conseiller. Séduisez-le, laissez-vous courtiser, et il plongera la tête la première vers sa fin. » Tel était le plan.

Alors qu’il discutait avec quelques invités, la brunette laissa son regard errer sur sa silhouette mâle. Son cœur se serra en songeant qu’il était responsable de la mort de son Roi, de cet homme qui lui avait tendu la main et offert un refuge. Elle se promit de lui faire payer au centuple cette perte, ce lâche assassinat. Plongée dans ses pensées, elle ne fit pas tout de suite attention à ce qui se passait. Elle remarqua finalement que le Roi l’avait vue, et l’observait. Elle soutint son regard, tranquillement, et s’esquiva de sa ligne de mire dès qu’il détourna les yeux pour répondre à son invité.

Ses pas l’avait portée près des portes, menant aux jardins. Soupirant doucement, la veuve laissa traîner ses doigts contre le pilier de marbre, et s’y appuya légèrement, laissant ses bras nus réchauffer la pierre froide. Le haut de la robe était soigneusement agrafé dans sa nuque, dénudant ainsi totalement son dos et ses omoplates. Elle bordait ses flancs, laissant apercevoir les rondeurs de sa poitrine arrogante, avant de revenir pour se joindre sur sa croupe. Distraitement, la brunette passa un ongle vernis de bleu nuit contre le creux de ses reins, grattant doucement la parcelle de peau qui la démangeait.

Ses prunelles observaient le calme de la nuit, s’élevant de temps à autre vers l’astre lunaire quand les nuages n’étaient pas devant pour le masquer. Une tristesse sans nom l’accabla en songeant à ces promenades nocturnes qu’elle avait l’habitude de faire avec son Roi. Au départ, c’était parce qu’elle n’arrivait pas à trouver le sommeil, la nuit. Marcher dans les jardins, sous l’œil bienveillant de la Lune, l’aidait à s’apaiser. Il était tombé par hasard sur elle, au détour d’un chemin, et ils avaient fini leur balade ensemble. Puis, au fil du temps, c’était devenu comme un petit rituel. Un moment rien qu’à eux, où Catalina lui confiait des souvenirs de sa vie sur Terre, et où il lui parlait de son Royaume.

Chassant les émotions négatives qui étreignaient son cœur, la veuve préféra se concentrer sur la suite du plan. Il l’avait vue. Le Roi de Meisa avait eu du mal à la quitter du regard, elle l’avait bien remarqué. La première phase était lancée. Maintenant, il fallait attendre pour voir si elle l’avait hameçonné. Elle soupira, et regretta l’absence du Premier Conseiller. Elle se savait capable d’arriver à mener le plan à bien. Après tout, ce n’était guère différent de son activité passée. Mais cela faisait tellement longtemps qu’elle ne l’avait pas fait… Et cette fois, il n’y avait pas de filet de secours, comme elle en avait avec l’organisation qui l’avait recrutée…
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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 3 vendredi 13 mai 2016, 01:00:31

Les gens se massaient autour de lui pour lui poser des questions et lui faire différentes offres. C’était normal, et quand il était en visite chez certains membres de la haute société de ses Royaumes, il s’y attendait toujours, mais là, maintenant, il n’avait pas le cœur à se lancer dans le jeu des dettes et des faveurs. Malgré ses efforts, il ne semblait pas pouvoir l’apercevoir au travers de cette foule, et il se résigna à la possibilité qu’il ne pourrait peut-être pas la revoir ce soir. Il regarderait la liste des invités lorsque tout ce beau monde aura déserté son palais. Il s’engagea dans quelques conversations cordiales, avant de croiser Arthuros, le Premier Conseiller.

« Sire, je dois vous parler, dit-il sur un ton posé.

Un simple phrase qui ne présageait rien de bon au vieux Roi, qui sentait déjà un long discours chargés d’avertissements et de préoccupations qui ruineraient assurément sa soirée. Le monarque affaissa les épaules, d’un air résigné, un vieux tic dont il ne s’était jamais débarrassé qui n’avait rien de royal. Avec un peu d’attention, on aurait dit qu’il était en train de faire la moue. C’était peut-être le cas. Un avantage de la présence d’Arthuros, c’est que tout à coup, tous les dignitaires cessèrent de l’importuner, à croire que le Premier Conseiller les intimidait encore plus que leur Roi… ou alors savaient-ils que le président du Haut Conseil n’était pas aussi cordial et bienveillant que son Roi. Serenos lui fit signe qu’il le suivrait de la main, et Arthuros prit la tête pour se diriger vers le jardin.

L’air frais de la nuit remplit les poumons du Roi, remplaçant rapidement l’odeur pestilentielle de ces nobles ô combien trop parfumés, à croire qu’ils essayaient de cacher l’odeur putride de leurs âmes sous cette couche d’effluves artificielles. Arthuros posa alors une main sur l’épaule du Roi, un bris évident du protocole, mais que le Roi laissa passer, puisque le Premier Conseiller était également un ami.

« Votre Majesté, je sais que la mort de la Reine vous peine toujours, mais…
- Arthuros, je t’en prie, soupira le Roi en repoussant alors la main de son camarade. Je n’ai pas le cœur à parler de Laryë.
- Soit, mais c’est d’un autre problème dont je dois vous parler. Il est temps pour vous de vous remarier.
- De me remarier? »

Le Roi haussa un sourcil étonné à cette déclaration. Arthuros n’était pourtant pas du genre à se mêler de sa vie affective, alors pourquoi s’y intéressait-il aussi soudainement?

« Sire… Comment dire, vous êtes du genre… à vous absenter fréquemment. Lorsque vous partez, le peuple a l’impression que sa famille Royale lui tourne le dos…
- Pourtant, Grymauch se débrouille parfaitement bien en mon absence.
- Ce n’est pas ce que je veux dire. Évidemment que votre fils est un excellent Roi-Servant, peut-être un des meilleurs, sans vouloir vous froisser, que Meisa n’a jamais connu. Mais les nobles commencent à s’impatienter. Vous refusez catégoriquement de prendre épouse parmi leurs filles, et pourtant, ils remarquent bien que le trône de la Reine reste libre.
- Que veux-tu que je te dise? Je n’ai pas confiance en quiconque. Je te rappelle pour mémoire que Laryë a été tuée par ces chiens de rebelles, et que Mélisende a bien failli m’égorger vif! Une tuée par traîtrise, une chose que je souhaite éviter de voir se reproduire, et une autre qui est passée très près du but de vous contraindre à en trouver un autre, de Roi.
- Alors, ne faites pas confiance! Tout ce que nous demandons, c’est que la place de la Reine ne soit plus laissée vide. Nous avons besoin qu’une personne représente votre autorité au sein de la communauté Meisaenne. Une présence… féminine, qui représenterait la matriarchie familiale.
- Tu veux donc que je me marie par intérêt…
- Par intérêt ou par amour, ce n’est pas la question. Mais sans vouloir vous presser, si vous continuez d’ignorer les propositions de mariage, vous allez finir par vexer des gens… et nous verrons à nouveau le sang couler. »

Sur ces mots, Arthuros sembla juger qu’il en avait assez dit pour forcer son Roi à la réflexion, et il s’inclina poliment avant de tourner les talons, retournant parmi les invités pour satisfaire leurs innombrables questions. Serenos manquait d’arguments à présenter à son camarade. Évidemment qu’il savait que tôt ou tard, il devrait prendre épouse, bien qu’il eut tout fait pour repousser le jour où il le ferait. Il avait bien tenté de laisser son cœur oser la grande aventure une nouvelle fois, mais ses histoires de cœur ne finissaient jamais bien joyeusement, voire de façon complètement désastreuse. Hélas, être Roi célibataire était la porte ouverte aux conflits entre les Grandes Maisons, et il ne désirait nullement revoir la guerre civile déchirer son royaume. Et étant donné la… qualité des femmes des Grandes Maisons, ou des Maisons plus secondaires, il ne risquait pas de trouver une compagne apte à régner à ses côtés.

Frustré de se voir ruiner une soirée qui aurait pu être bien plus amusante et légère, il s’enfonça dans les jardins, seul, pour trouver un endroit plus reculé et tranquille où il pourrait trouver refuge le temps d’éclaircir ses idées. La tête basse et les épaules affaissées par le poids de sa colère et de son émoi, il ne remarqua même pas la présence de la femme du Roi de Jeb alors qu’il passait devant elle, quoi qu’il capta son parfum, transporté par le vent. Rien d’aussi lourd que ce qu’il avait vécu plus tôt. Un instant, il songea même à s’arrêter et essayer d’en trouver la source, mais le cœur n’y trouva pas son chemin, alors qu’il poursuivait le sien jusqu’à trouver un banc près d’un des étangs artificiels qui entourait la salle de balle, dans lequel barbotait quelques poissons, bien ignorants des problèmes des hommes. Grande était leur chance, aux yeux du Roi, qui n’avait que les problèmes des hommes comme seul compagnie.

Son silence ne fut interrompu que par le passage bref d’un serviteur. Un Anderran, à son accent. Serenos l’avait souvent vu dans les cuisines. Visiblement, le personnel du palais manquait d’effectifs pour accueillir un aussi grand nombre de dignitaires étrangers. L’Anderran lui offrit une coupe de vin, fraîchement tirée des tonneaux de cerisiers de la cave. Bien qu’il n’eut guère le cœur à célébrer, il accepta le présent et remercia le jeune homme de sa bienveillance avant de prendre la coupe en argent de ses mains. Sans attendre, l’Anderran quitta le Roi, qui regarda alors l’intérieur de sa coupe. Un soupir lui vint alors qu’il remarquait un étrange teint au vin; le vin de ses caves était aussi foncé que le sang, et celui-là était un poil plus clair. Il leva la coupe et la versa sur le sol. En quelques instants, la végétation mourut à l’endroit où il avait versé le liquide. Le breuvage était empoisonné. De la Cantarella. Parmi tous les poisons connus, la Cantarella était exclusivement réservé aux hommes militaires déshonorés voulant retrouver leur dignité dans la mort, mais elle était aussi utilisée pour faire mourir un homme, dans un dosage trop fort, dans d’horribles souffrances. Plus la concentration était élevée, plus les liquides dans lequel la poudre était mélangée étaient clairs, puisque la poudre était blanche.

« Et voilà pourquoi je ne sors plus en fête… marmonna le monarque, regardant la végétation s’effriter et tomber en poussière.

Catalina Taylor

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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 4 lundi 16 mai 2016, 19:50:06

Mais elle, elle le vit passer. Ses sourcils se froncèrent, alors qu’il prêta à peine attention à sa présence et continuait son chemin. Avait-il l’esprit tellement occupé qu’il ne pouvait même pas profiter d’une soirée de fête ? D’après ce qu’elle avait appris, il participait rarement à des évènements de ce genre. Elle aurait ainsi pensé qu’il aurait voulu en profiter pour se libérer l’esprit de ses soucis royaux.

Elle reste alors un instant là où elle était, appuyée contre le pilier, avant de se décider à le suivre. Il fallait qu’il tombe dans ses filets, ce soir. C’était un peu la base de leur plan. C’était aussi ce qu’elle était habituée à faire. Séduire d’abord, et tuer ensuite. Rien ne devait créer d’interférences, c’était crucial.

Elle l’observa s’asseoir sur un banc, et masqua sa présence derrière de hauts buissons de houx. Elle voulait, avant de s’approcher plus, le jauger. Elle espérait comprendre pourquoi il avait l’air abattu, alors que c’était censé être un soir de fête. Avait-il appris une mauvaise nouvelle ? Ce serait bien sa chance qu’il ne soit pas disposer à flirter et à se faire séduire…

Les prunelles de la veuve furent happées par le serviteur qui se matérialisé tout à coup. Elle n’avait pas fait attention à son arrivée, et se mordit les lèvres en le jaugeant rapidement. Il ne lui inspira aucune confiance. Mais, à vrai dire, rares étaient les personnes à avoir sa confiance dans ce monde. Et l’un d’eux était mort, lâchement empoisonné.

En pensant au poison, d’ailleurs, elle remarqua que le Roi renversa la coupe qu’il venait d’accepter. La brunette fronça les sourcils. Avait-il déjà tant bu qu’il en était maladroit ? Mais la fête n’avait pas commencé depuis longtemps. S’était-il donné du courage liquide pour passer la soirée en compagnie des courtisans, à tel point qu’il en avait mal au crâne ? Cela expliquerait son attitude qu’elle qualifierait de maussade.

Quelques secondes plus tard, cependant, elle comprit la raison de son geste. L’herbe se racornit sous l’effet du liquide, et devint comme de la cendre. Ayant étudié les poisons de ce monde avec le Premier Conseiller, la veuve essaya d’en deviner la provenance. Mais elle n’avait pas eu le verre sous les yeux, alors le travail était d’autant plus compliqué. Cependant, il n’y avait pas beaucoup de poisons aussi fulgurants que celui-ci. Et encore moins capable de détruire autre chose que la vie dans un corps humain.

Elle venait de deviner, ou du moins le croyait-elle, de quel type de poison il s’agissait quand le Roi se mit à parler tout seul, marmonnant pour lui-même. Elle décida alors de se montrer, franchissant l’espace étroit entre les deux buissons sans même accrocher sa robe. A pas mesurés, la silhouette altière, elle s’approcha du souverain avec un discret sourire aux lèvres.

« Pas de répit, pour les monarques, glissa-t-elle en prenant place sur le banc à son côté, sans paraître impressionnée ou gênée. Cantarella, n’est-ce pas ? Et, vu la vitesse à laquelle la végétation s’est désagrégée, celui qui vous visait voulait vous voir souffrir. Une telle concentration n’aurait pas manqué de faire fondre les parois de votre œsophage et de votre estomac. »

Elle prit la coupe entre ses doigts, sans en demander la permission à son possesseur, et observa les résidus qui couvraient le fond. Une petite moue ennuyée traversa fugitivement son expression avenante. Quelqu’un voulait la mort du Roi, en plus d’elle-même. Elle ne laisserait pas ce nouveau joueur lui voler sa vengeance. Elle espérait simplement qu’il ne s’agissait pas d’une manœuvre du Premier Conseiller du défunt Roi de Jeb visant à agir au cas où elle ne réussirait pas son cou. Elle supportait mal le manque de confiance en ses capacités.

« C’est dommage de gâcher ainsi ce qui semblait être un bon vin, finit-elle par dire après avoir humé la discrète fragrance qui s’échappait encore des quelques gouttes restantes. »

Elle posa la coupe au sol, non loin de la tâche de végétation morte, et redressa le buste.

« Je ne crois pas que nous ayons été présentés officiellement, fit-elle en souriant, métamorphosant ses traits fins et illuminant son visage innocent. Je m’appelle Catalina. Je suis l’épouse… Enfin, j’étais l’épouse du défunt Roi de Jeb, continua-t-elle, son regard s’assombrissant lorsqu’elle mentionna le décès de son protecteur. »
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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 5 mercredi 18 mai 2016, 01:29:40

Qui que soit son nouvel ennemi, il était clair que le serviteur n'était pas impliqué directement. Il était tellement facile de faire porter le blâme sur les gens du service que Serenos les plaçait dans la catégorie des gens les plus souvent exécutés pour des crimes qui n'étaient pas les leurs. Après tout, il était beaucoup moins cher de pendre un serviteur plutôt que d'ouvrir une enquête et essayer de dénicher le véritable assassin. Cependant, la probabilité que l'assassin puisse avoir été envoyé par le Premier Conseiller de Jeb n'était pas complètement nulle; après tout, qui se reposerait sur les simples charmes d'une femme pour se débarrasser d'un Roi, et surtout celui qui avait réussi à survivre à un lynchage au poignard? Un plan de secours était normalement mis en place pour chaque mission.

Malgré ses sens aiguisés, le Sombrechant ne perçut la présence de la femme du défunt Roi de Jeb qu’à l’instant où elle-même lui adressa la parole, et sa main se porta à sa hanche, où se trouvait normalement son arme, avant d’être frappé par son absence; il s’était lui-même décidé de ne pas trimbaler Ehredna dans les soirées festives justement parce que la présence d’un outil de mort pouvait causer un énorme malaise pendant les festivités. Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, Serenos n'eut aucun mal à reconnaître cette femme; c'était celle qui avait attiré son attention, quelques instants plus tôt, et qui avait tôt fait de disparaître. Elle n'avait visiblement eu aucun mal à reconnaître le poison qu'il venait de verser au sol, un talent déjà plutôt rare, et lorsqu'elle décrivit les effets d'une surdose, il comprit qu'elle n'était pas ignorante des propriétés de ce poison. Soit elle pratiquait elle-même l'art de l'assassinat, soit elle avait essuyé elle-même suffisamment de tentative de meurtres pour avoir reconnu la substance. Elle déplora alors le gaspillage du vin, et malgré sa méfiance, le Roi hocha la tête avec approbation.

"C'est malheureusement le vin qui cache le mieux les poisons," dit-il sur une note experte. "Avec ses différences de teintes, ses variétés et surtout sa consistance, il est plus difficile de détecter le goût ou même la présence d'un poison dans un vin, qui a déjà une odeur normalement forte et dont le gout saisit la langue."

Il nota un moment de silence, se demandant un bref instant pourquoi il venait d'expliquer l'usage du vin dans la plupart des tentatives d'assassinats, mais il finit par chasser ce questionnement de son esprit. Il avait probablement et simplement envie de parler. C'était normal; à part ses conseillers et les autres monarques du monde, qui n'avaient que la politique et le peuple aux lèvres, les discussions cordiales sur des sujets plus variés, et assurément plus intéressants, étaient rapidement mis de côté, et venaient donc à lui manquer. Elle se présenta alors. Catalina… L'épouse du Roi Zachariah du royaume maintenant démantelé de Jeb. Serenos aurait pourtant dû se rappeler d'elle, malgré sa récente apparition, mais il ne l'avait jamais rencontrée. Absent lors du mariage en raison des conflits avec les Seigneurs de l'Ouest, les rares occasions où il avait pu l'apercevoir, comme les célébrations et tournois, n'ont pas dû lui laisser suffisamment de temps pour qu'il puisse se souvenir d'elle.

"J'imagine qu'il n'est pas nécessaire de vous dire qui je suis", dit-il, un brin sombre. " Le Roi Fou, le Corbeau, l'Usurpateur des Trois Trônes, le Tyran, le Fornicateur des Monstres, l'Abominable Roi Serenos Sombrechant le Terrible."

Au ton empreint de colère et de mépris qu'il avait insufflé à chaque parole, il était évident qu'il ne s'agissait pas d'un titre officiel, mais bien une accumulation des surnoms que ses opposants politiques lui ont affublés au cours des années. Le Roi Fou, il l'acceptait plus ou moins, simplement parce qu'en regardant ses propres actes, il devait admettre qu'il n'était pas sans avoir été bien plus que pragmatique dans ses décisions pour lutter contre ses ennemis; traîtrise, manipulation et hostilité sans provocation, sans oublier le génocide des derniers groupes de Rebelles qui existaient encore après l'assassinat de la Reine. Il chassa sa colère d'un geste de la tête et laissa échapper un doux soupir.

"Pardonnez-moi, mon humeur est assombrie par de mauvaises nouvelles, et cette machination vulgaire n'est pas pour me revitaliser. -il releva alors les yeux vers elle, se rendant compte qu'il n'avait pas répondu adéquatement aux exigences de l'étiquette, et se reprit.- Je vous présente mes plus sincères condoléances pour le décès de votre époux, Dame Catalina," dit-il d'une voix sincèrement compatissante. "Je sais ce que c'est de se voir privé d'une personne que nous chérissons."

Et c'était exactement pour cela qu'il était le principal suspect de beaucoup de gens dans l'affaire du meurtre du Roi de Jeb. Quoi de mieux que la vengeance pour alimenter des complots et motiver une action violente contre un des responsables? Si Serenos était innocent, alors, la sympathie présente dans sa voix était sincère, mais s'il ne l'était pas, alors, peut-être essayait-il simplement d'amadouer la femme de son ennemi avec des mots de miel.

"Le Roi Zachariah et moi avons eu de nombreux différents aux cours des années. Lorsque nous étions jeunes… ou plus jeune, dans son cas, il était le conseiller de feu mon beau-père et prédécesseur sur le trône d'Anderran, le Roi Ulric. Une bourrique têtue et traditionnaliste, que je me disais à l'époque. Mais un homme honorable. Droit et fier, avec le bien-être de ses gens à cœur."

Il ne mentionna évidemment pas la participation de Zachariah dans la Rébellion ni l'assassinat de Laryë. Quoi que Serenos en pense, il doutait que Zachariah eusse été derrière une manœuvre aussi honteuse, et surtout envers la fille de son propre Roi et ami. Un rebelle et un traître, assurément, mais un meurtrier de femmes et d'enfants? Un adepte de la violence? Même avec sa réputation de jeunesse, qui voulait que Zachariah eut été un des monstres les plus craints du champ de bataille, celui qu'il avait connu n'était plus cette personne. Et puis, à l'air sombre que le beau visage de Catalina affichait encore, il aurait été parfaitement inacceptable de l'accabler en plus de doutes sur son défunt époux. Serenos se redressa alors, avec une agilité rare pour un homme de son âge, même simplement de son âge apparent, et afficha un sourire qui se voulait chaleureux avant de lui offrir galamment sa main pour l'aider à se relever.

"Vous n'êtes pas d'ici… je ne reconnais pas cet accent. Comment avez-vous atterri à la cour du Roi de Jeb, ma Dame?" l'interrogea-t-il, avec une curiosité pure.

Et par accent, il ne voulait évidemment pas parler du dialecte de la jeune femme. Elle maîtrisait visiblement la langue officielle, mais ce n'était pas la corruption du parler Anderranien qu'il détectait dans son intonation… une femme du continent, peut-être?

Catalina Taylor

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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 6 mercredi 25 mai 2016, 18:36:56

La brunette hocha la tête. Oui, le vin était la meilleure boisson pour camoufler un poison. Mais ça n’empêchait pas que ce soit dommage de gâcher du bon vin. Elle lui adressa un sourire ravissant, lorsqu’elle se présenta, guettant sur ses traits une quelconque réaction à la mention de son défunt époux. Son meurtrier devait éprouver des regrets, peut-être, ou de la joie, une joie malsaine. Pourtant, elle n’y vit rien de tout cela. Les mises en garde du Premier Conseiller revinrent alors à son esprit. « Cet homme est un manipulateur né. Un comédien talentueux. Ne croyez rien de ce qu’il dira, il ne cherchera qu’à vous embrouiller, majesté, à vous détourner de votre but. Séduisez-le, prenez-le à son propre jeu, et vengez notre Roi adoré. »

Oui, les paroles du Conseiller tournaient dans sa tête, attisant la méfiance de la veuve envers le Roi. Et pourtant, alors qu’il se présentait, elle se surprit à éprouver quelque chose qui ressemblait à… De la compassion. Pouvait-elle réellement éprouver de la compassion pour celui qui avait fait assassiner son époux ? Celui qui avait fait empoisonner l’homme bon qu’était Zachariah ? Non, elle devait se reprendre. Elle savait qu’elle n’était qu’une humaine, qu’elle était même plutôt sensible lorsque ça ne concernait pas un contrat, mais ça ne l’excusais pas. Elle trahissait la mémoire de celui qui l’avait secourue et protégée, en agissant ainsi. Il fallait qu’elle se reprenne !

Se forçant à ne pas éprouver ce pincement au cœur en l’entendant débiter les surnoms antipathiques dont elle-même avait usé en parlant de lui avec le Premier Conseiller, Catalina  se composa un sourire neutre alors qu’il exprimait ses regrets pour s’être emporté. Elle hocha la tête, indiquant qu’elle ne lui en tenait pas rigueur. Si seulement elle savait combien elle lui en voulait pour la mort de son époux…

« C’est effectivement très dur. Pas un jour ne se passe sans que je ne pense à lui, ou à son absence… Admit-elle. »

Ce qu’elle ne prononça pas à voix haute, en revanche, c’est qu’il ne se passait pas un instant sans que le désir de vengeance ne la tenaille. Qu’il n’y avait pas une seule seconde où elle ne voulait pas arracher les yeux de celui qui a trouvé opportun de glisser un poison pour se débarrasser de Zachariah. Et elle avait le responsable sous les yeux, d’après le Premier Conseiller. Elle devrait se retenir à grande peine de lui sauter dessus pour planter ses ongles soigneusement manucurés dans ses prunelles, et chercher à arracher son cœur de sa poitrine à main nue. Pourtant, tout ce qu’elle ressentait en cet instant, c’était un vide. Même si elle ne l’aimait pas comme une femme aime un homme, Catalina avait apprécié Zachariah. Elle l’estimait, et lui serait toujours reconnaissante de la protection qu’il lui avait offerte, de son affection et de sa compréhension.

Elle ne se laisserait pas piéger par les paroles apparemment sincères de celui qui avait intrigué pour se débarrasser de lui. Non. Même si une part d’elle-même voulait y croire, à cette innocence, tout le reste était convaincu qu’il était le coupable, ainsi que l’avait désigné le Premier Conseiller. La veuve ne faisait pas de politiques. Elle préférait gérer ses affaires personnelles que de se mêler de celles du peuple. Elle était loin d’imaginer que tout cela pouvait être un complot dont elle serait le pion.

Reconnaissant bien l’homme qu’elle n’avait côtoyé que pendant quelques mois dans la description de Serenos, Catalina sentit son cœur se serrer. Elle détourna le regard un instant, observant sans la voir la végétation morte à ses pieds, avant de relever la tête quand le Roi bougea. Observant un instant la main qu’il lui tendait, elle hésita. Quelques secondes seulement. Puis elle y posa la sienne, avec toute la grâce dont elle était capable, se relevant avec son aide.

Un sourire sans joie ourla ses lèvres gourmandes alors qu’il embrayait sur sa provenance. Oh non, elle n’était pas d’ici. Loin de là. Elle ne lui révélerait pas qu’elle venait de ce qui semblait être une sorte de dimension parallèle. Il la prendrait pour une folle, et la ferait interner ou décapiter. Il était cruel, lui avait dit le Premier Conseiller, et on ne pouvait pas lui faire confiance.

« Le Roi Zachariah est un homme bon, et il m’a accueillie alors que j’avais le plus besoin d’aide. Vous n’êtes pas sans ignorer les périls pour une femme seule qui désire voyager dans ces contrées… »

Elle soulevait plus de questions que celles auxquelles elle en apportait la réponse, mais dans l’immédiat, elle s’en fichait. D’un rire sans joie, elle continua, imperturbable.

« Je lui serais éternellement reconnaissante de la bonté dont il a fait preuve envers moi, et de son affection sincère, souffla-t-elle, en ressentant le besoin de s’épancher. J’imagine qu’épouser une étrangère n’est pas forcément bien vu par tout le monde, ajouta-t-elle dans un froncement de sourcils. »

Elle redressa la tête, fière, en esquissant un sourire navré.

« Pardonnez-moi, je me laisse facilement emporter par la nostalgie, ces derniers temps. Je n’ai même pas répondu à votre question. »

Elle espérait voir un quelconque signe de culpabilité sur les traits de Serenos, la confortant dans son désir de revanche et dans la justice de leur plan. C’est pourquoi elle avait gardé les yeux rivés aux siens.

« Je viens de loin, effectivement. Au-delà de Nexus, et plus encore. Peu d’étrangers arrivent sur mes terres de naissance… »

Elle lâcha doucement la main du Roi, esquissant quelques pas autour de l’étang artificiel.

« J’ai entendu dire que vous ne participiez que rarement à de tels événements, reprit-elle d’une voix plus sûre. Y a-t-il une raison particulière à cela ? »
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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 7 lundi 30 mai 2016, 17:32:36

La jeune femme lui révéla que Zachariah lui était venu en aide, à elle, une étrangère. Cette simple révélation arracha un sourcil surpris au Roi de Meisa, qui avait pourtant connu un rejet presque immédiat pour cette raison très exactement lorsqu'il avait été envoyé à la Cité d'Elsgard pour y être éduqué dans les différents arts de la royauté et de la noblesse. Zachariah était un homme fier de sa patrie, droit, mais également… xénophobe, pour le moins. À son souvenir, cet homme n'avait adressé que froideur et dédain pour ceux qui n'étaient pas de sa nationalité. Bien que trop poli et bien élevé pour démontrer ouvertement son mépris, il avait adressé au jeune prince qu'il était une animosité qu'il ne comprenait pas. Ou alors cela ne s'adressait seulement qu'aux mages, comme beaucoup de gens de sa génération. Ou alors… il s'était simplement amélioré et avait ouvert son cœur à des gens des autres terres.

"J'imagine qu'épouser une étrangère n'est pas forcément bien vu par tout le monde."

Cette phrase fit mouche parce que ce n'était pas entièrement faux, sans être la vérité. Les anciennes lois faisaient des mariages entre deux personnes de différentes nationalités des unions taboues, prohibées, pour plusieurs raisons; soucis d'identités, à savoir à quelle nationalité appartiendront la progéniture d'une telle union, des risques de trahison pour les gens de familles plus aisées, comme les chevaliers qui risquaient de se retourner contre leur suzerain pour se rallier à la famille de leur épouse, et aussi à des soucis politiques. De toute façon, à l'époque, il était préférable de se marier avec une personne de son propre village, ou du moins de sa propre nation, plutôt que de tremper dans les unions internationales. Oh, il y avait bien quelques unions entre seigneurs, mais dans ce cas-là, c'était surtout des mariages d'intérêt. Cependant, Serenos avait réussi à faire tomber, du moins légalement, ces barrières entre les peuples, principalement grâce à sa prise de pouvoir et l'instauration de son autorité sur les trois territoires de Meisa, d'Anderran et d'Aranie, ce qui avait grandement simplifié ces mêmes unions.

"Au contraire… je crois qu'avoir le cœur assez grand pour partager la vie d'une personne possédant un bagage culturel différent du nôtre est quelque chose de très noble."

Ces mots lui avaient échappés si rapidement qu'il se reprocha d'avoir ouvert sa grande gueule. Étrangement, cette femme lui arrachait, certainement par inadvertance, des mots qui se voulaient romantiques. Ou alors c'était la pleine lune. Assurément, les astres pourraient… non, ce n'était qu'un mensonge qu'il essayait de se monter à lui-même pour justifier son manque de retenue. Presque simultanément, il allait présenter ses excuses quand elle le devança, s'excusant de se montrer nostalgique. Il essaya de lui sourire pour lui assurer qu'il ne lui reprochait rien, mais… son visage restait de pierre. Le regard, lourd, que la jeune femme portait sur lui était comme l'archet qui faisait résonner une corde en lui. Sans le mettre mal à l'aise, il avait l'impression qu'elle cherchait chez lui une réaction à ses mots. Elle finit cependant par lui dire qu'elle n'était pas de Meisa, ni même d'Ayshanra. Au-delà du Continent, au-delà des terres connues… S'il avait déjà entendu parler de la terre, il n'était pas suffisamment familier avec leurs différents accents pour en percevoir un dans la voix de la jeune femme. Cependant, sa maîtrise du Lyriksa Ryel, la langue nationale de Meisa, était presque parfaite. Ses "Vei" et ses "Fei" étaient parfois confondus, ce qui rendait la conversation un brin difficile à suivre selon le contexte, mais il était remarquable qu'une étrangère parvienne à respecter la grammaire avec une telle aisance.

Elle lui demanda alors pourquoi il ne participait pas à ce genre d'événements. Les fêtes, les festivals et autres activités populaires. Il marqua une pause, pour réfléchir à sa réponse.

"Eh bien… c'est une très longue histoire. Il y a bien sûr l'aspect sécurité… mais aussi l'aspect social. Je n'ai aucun talent de diplomatie, et mon entregent est pour le moins… médiocre. Avant la mort de ma défunte Reine, beaucoup vous diront que ce n'était qu'à elle qu'on devait ma présence aux célébrations…"

Il lui emboita le pas, non sans jeter un discret coup d'œil au roulement des hanches de la belle étrangère lorsqu'elle lui faisait dos.

"Et qui plus est… je crois que ma présence risque de jeter un froid sur les festivités. Les rumeurs sur mon… humeur sont très nombreuses. Certains me disent impitoyable et cinglant, d'autres me diront discret et observateur… et à cela, on rajoutera que je suis un Roi plutôt volage, et pour cette raison, la noblesse essaie toujours de me "consacrer" une de leurs filles. "

Et c'était certainement sur cette dernière rumeur que s'était basé le Premier Conseiller de Jeb pour décrire le Roi, lorsqu'il avait formulé son plan pour le mettre hors d'état de nuire. Et ce n'était pas complètement faux. Serenos aimait la compagnie des femmes, et même de certains hommes, selon les rumeurs. Catalina le constatait d'elle-même, il n'était ni envahissant ni intimidant lorsqu'il était seul à seule. Au contraire, il semblait beaucoup plus ouvert que ce que les histoires colportaient. Sur son trône, il était le Roi de Meisa, qui devait prendre des décisions importantes et qui ne pouvait laisser transparaitre aucune faiblesse… et devant elle, il était simplement Serenos Sombrechant, un homme aux airs un peu grave, mais qui n'était pas aussi renfrogné et froid qu'on pouvait le dire.

Le Roi eut alors une idée pour émerveiller l'étrangère et d'un geste de la main, il manipula l'eau de l'étang et l'air pour faire flotter autour de la jeune femme des milliers de gouttelettes, aussi brillantes que des petites étoiles sous la lumière de la lune. Il s'approcha alors d'elle et lui sourit. Il était près d'elle. À peine à une distance de bras, la distance parfaite pour porter un coup rapide et létal. Avec l'élément de surprise, elle aurait une chance de trouver un objet pointu et lui porter un coup fatal… mais il lui révéla alors ce qui le chicotait.

"Et mes conseillers deviennent graduellement plus pressants à m'encourager à accepter une offre. Ainsi, toutes les fêtes deviennent du... marchandage."

Catalina Taylor

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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 8 lundi 06 juin 2016, 18:17:45

Sans qu’elle puisse le réprimer, la veuve sentit un sourire sincère étirer ses lèvres. Serenos, contrairement à ce qu’on lui en avait dit, semblait ouvert. Il semblait loin du despote tyrannique dont on lui avait fait le portrait. S’il paraissait surpris que Zachariah ait prit une étrangère pour épouse, elle ne ressentait pas d’animosité pourtant. Perplexe, elle n’en montra rien et préféra continuer la conversation, l’orientant sur lui plutôt que sur elle. Elle était devenue, avec les années, assez douée pour éviter de parler d’elle. Moins on dit de mensonges, moins on s’y perd. Et comme elle était malgré tout femme à préférer l’honnêteté, moins elle dirait de conneries, moins elle se sentirait coupable.

Accentuant légèrement, et volontairement, le balancement de ses hanches pleines, la brunette ramena l’un de ses bras contre son ventre, ses doigts fins agrippant son autre bras. Ce n’était pas la posture digne et rigide que lui avaient conseillé les ministres de Jeb, mais elle préférait être elle-même. Les rigides conventions, si elle en tenait parfois compte, l’ennuyaient plus qu’autre chose. Et puis, si elle n’avait pas à se concentrer sur sa posture, elle pouvait se concentrer sur le langage. Il est vrai qu’elle était naturellement douée pour les langues, et qu’elle avait mis du cœur à apprendre celle-ci, mais il restait des lacunes, comme pour tout être humain.

Esquissant un sourire amusé quand Serenos avoua qu’il venait surtout pour sa femme, autrefois, elle reprit vite une expression neutre et avenante. Elle n’osa pas présenter ses condoléances. Il aurait sûrement été malvenu de sa part de le faire, étant donné qu’elle ne la connaissait absolument pas, et qu’elle n’avait pas été présente lors de sa mort. Préférant continuer de l’écouter, la veuve pencha la tête sur le côté, sincèrement intéressée par ses paroles.

« J’ai du mal à croire que vous puissiez être cinglé, commenta-t-elle simplement d’une voix douce. »

Le Roi lui semblait en effet être aussi sain d’esprit qu’elle. Elle lui sourit, par la suite, quand il relaya les rumeurs du Roi volage. Elle ne pouvait le blâmer d’aimer les femmes, à vrai dire. Elle-même appréciait plus que de raison les hommes, et on pouvait la considérer comme une femme facile, comme une mangeuse d’hommes, ou même comme la dernière des catins. L’opinion des gens lui importait peu. Elle se sentait libre de papillonner d’homme en homme, de se livrer dès le premier soir ou même de pratiquer des actes considérés comme tabous.

Elle sourit de plus belle, en songeant que le Premier Conseiller de Jeb avait bien choisi l’angle d’attaque. Quoiqu’en règle général, même si l’homme n’était pas un coureur notoire, la brunette n’avait pas vraiment de mal à le manipuler aisément. Cela dit, plus elle passait de temps en la compagnie du Roi, plus la veuve avait du mal à croire tout ce qu’on lui avait dit sur son compte. Elle faisait confiance aux conseillers de son défunt époux, bien entendu, mais de visu, ce qu’on lui avait rapporté lui semblait exagéré.

Songeuse, Catalina tarda à remarquer le spectacle que Serenos avait déployé autour d’eux. Quand elle le fit, ses yeux s’écarquillèrent légèrement, et ses prunelles brillèrent de plaisir. C’était un magnifique spectacle, et il semblait que le Roi en soit l’auteur. Ses lèvres gourmandes s’étaient étirées en un franc sourire, dévoilant ses dents blanches, alors qu’elle se sentait comme une gamine devant ses cadeaux de Noël. Le spectacle était ravissant.

Elle tourna la tête un peu tardivement, quand son compagnon lui mentionna la pression de ses conseillers pour qu’il prenne une nouvelle femme. Elle n’avait pas remarqué qu’il s’était approché. Un instant, les paroles du Premier Conseiller de Jeb flottèrent dans sa tête. N’hésitez pas à frapper dès que vous le pouvez, il est fourbe et sournois. Redoutable. Ne risquez pas votre vie pour rien. Mais elle ne pouvait se résoudre à l’assassiner aussi tôt après leur rencontre. Elle préférait mille fois son plan, qui consistait à le séduire, l’appâter et l’hameçonner, avant de lui donner la mort en traître, ainsi qu’il avait commandité celle de Zachariah.

Se contentant donc de lui offrir un ravissant sourire, elle garda sagement les bras contre son corps, ramenant son second pour les croiser.

« Je comprends bien, effectivement. C’est sûrement ennuyeux, à la longue. »
Elle se rapprocha également de quelques pas, une idée derrière la tête. Se penchant légèrement face à lui, elle eut soudain un air de conspiratrice.

« Que diriez-vous de… Leur fausser compagnie, le temps d’une soirée ? Vous pourriez me faire découvrir les alentours, et m’épater une nouvelle fois avec votre magie ? »

Elle arqua un sourcil, interrogatrice, alors qu’une lueur de malice brillait au fond de son regard.

« D’ailleurs… Est-ce si courant que cela, de pouvoir faire ces choses magnifiques ? Questionna-t-elle, curieuse. »

Ce n’était certes pas le premier être surnaturel qu’elle rencontrait, mais plus ça allait, et plus elle avait l’impression que ça devenait presque banal. En tant que simple humaine, elle était fascinée. Qu’est-ce qu’elle aurait apprécié pouvoir faire un truc plus cool que de trouver soixante-trois manières d’empoisonner quelqu’un à son insu. Voler, par exemple. Ou contrôler le feu. Mais humaine elle était, humaine elle resterait. Faible et fragile face aux surnaturels, malgré sa ruse, son agilité, et son absence totale de conscience quand on l’engageait pour tuer quelqu’un.
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Evangile selon Sainte Cata 28:11 : "Venez à moi, vous tous qui avez envie de RP, on va s'enjailler grave j'm'en bats les couilles j'vous prends tous"
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Serenos I Aeslingr

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Re : On piège les rois avec nos charmes (Serenos)

Réponse 9 samedi 18 juin 2016, 21:54:16

" D’ailleurs… Est-ce si courant que cela, de pouvoir faire ces choses magnifiques ? "
"Courant… Je ne dirais pas que c'est répandu… enfin, plus maintenant."

Il lui fit donc, sans vraiment s'en rendre compte, une petite leçon d'histoire sur la magie et ses pratiquants en Meisa. Avant son ascension au trône de Meisa, les personnes possédant le don de la magie étaient marginalisées. D'ailleurs, la folie générale avait poussé les Rois précédents à croire que la magie était une capacité héréditaire, et donc, si un enfant doué naissait dans une famille paysanne, il n'était pas inhabituel que la famille au complet soit relocalisée dans les complexes militaires et de recherches, ce qui avait généré une croissance abominable d'infanticides. La magie était pourtant très présente, plusieurs siècles plus tôt, voir même qu'avec un peu de pratique, n'importe qui pouvait manipuler les forces naturelles à sa guise, mais au gré des années, des siècles, ce talent se perdait de plus en plus, et même graduellement plus rapidement. Par exemple, selon les registres du Roi Athis III, les magiciens étaient si nombreux que les loger était une tâche ardue. Maintenant, Serenos était à la tête de trois royaumes et il n'existait, sur tout son territoire, que trente mille personnes capables d'user de la magie. Ce nombre semblait élevé, mais sur soixante-dix-sept millions de citoyens, selon un recensement fait trois ans plus tôt, seul un très petit pourcentage parvenait à produire une descendance magique, et un plus petit pourcentage encore était des magiciens accomplis.

Il ne s'éternisa cependant pas sur le sujet pour ne pas ennuyer son invitée. Les discussions sur la démographie, la politique et les lois sur la magie n'étaient assurément pas une conversation qui pouvait intéresser une invitée. Et puis, le Roi en aurait eu long à dire sur la magie et sur les changements qu'ils avaient apportés.

"Fausser compagnie à mes invités… ma foi, pourquoi pas? Ce ne serait guère la première fois." Plaisanta-t-il en lui adressant un sourire, se plaçant à sa droite.

Ils passèrent alors devant une femme, également dans le jardin. Blonde, les cheveux à peine maintenus, vêtues d'une ravissante robe rouge, mais qui arborait un collier de fer autour du cou et des menottes aux mains et aux pieds, reliés ensembles par une chaine en or, et flanquées de deux gardes en armure noire. Sur leur passage, Catalina put apercevoir le regard plein de haine de l'étrangère… mais ce regard n'était pas dirigé vers elle, mais vers son compagnon.

Autrefois d'une beauté à faire fondre le cœur du plus valeureux des hommes jusqu'à la décadence, Guenièvre n'était maintenant plus que l'ombre d'elle-même. Sa peau, autrefois dorée par la caresse généreuse du soleil, était maintenant blanche et terne, et ses yeux étaient si plissés qu'on devinait que même la lumière de la lune les irritait. Catalina avait assurément entendu parler de cette femme; elle était après tout celle qui avait été à la tête de la Rébellion, qui avait entrainé avec elle des centaines de milliers d'hommes et de femmes, dont Zachariah de Jeb, à se révolter contre le règne de l'Usurpateur. Conformément aux lois de Meisa, qui interdisait qu'une personne soit enfermée lors des célébrations nationales, ce qui représentait une occasion pour de nombreux détenus de vivre un moment de plénitude et de fête, Serenos s'était vu forcé de faire sortir de son cachot une femme qu'il considérait comme l'un des êtres les plus sordides jamais sorti des entrailles putrides de la Terre; sa propre sœur.

Parmi les quelques sympathisants rebelles encore vivants, on pouvait entendre les louanges de la Princesse Guenièvre; belle, charmante et honorable fille héritière de Talion VII, elle s'était élevée contre les idées anti-traditionnalistes de Serenos, dont les politiques avait grandement fragilisé l'économie alors instable du Royaume, et pour avoir été l'héroine des traditionnalistes, le perfide Roi l'avait condamnée à une sentence pire que la mort; être enfermée tous les jours dans le noir le plus complet, dans le silence le plus total, à l'exception de ces fêtes. Si Catalina avait besoin d'une preuve de la cruauté de Serenos, elle l'avait à sa gauche.

Serenos ne portait cependant aucune attention à cette femme. Visiblement, il considérait sa présence comme une abomination qu'il préférait ignorer, une présence qu'il ne devait qu'aux quelques lois constitutionnelles qui la protégeait encore. Parfois, il se demandait s'il ne serait pas plus simple de l'exécuter, mais il ne pouvait se mener à verser le sang de sa famille. Aussi perfide et amorale que cette femme était, il restait, en un sens, sa famille. Parfois, il pensait à la libérer, à lui donner des quartiers du palais qui remplacerait le décor de sa prison de fer pour une prison de velours, mais il craignait sa ruse; aussi belle que futée, cette femme ne perdrait pas une occasion de lui sauter à la gorge.

Ils arrivèrent alors sur un autre grand pont, comme celui qu'avait emprunté la jeune Reine de Jeb au moment d'entrer dans la citadelle, mais en bien plus petit format et, bien sûr, beaucoup moins fréquenté. Les petits brasiers, pourtant éteints, s'allumaient immédiatement d'une flamme forte au passage du Roi, comme si sa présence suffisait à provoquer cette soudaine combustion. Encore de la magie, pourtant. Autour d'eux, quelques petits feux follets, curieux, s'approchèrent, s'enfuyant cependant dès l'instant qu'un de leur regard les observaient.

"Je crois que vous les intriguez, milady." Dit le Roi en se penchant un peu sur son oreille. "Et ils ne sont pas les seuls."

Sous sa frange négligée, le sourire du Roi s'était enfin étiré. Un sourire détendu, à la limite amusé, mais son regard trahissait sa curiosité à l'égard de la belle demoiselle, ainsi que son intérêt. Elle n'était pas comme les femmes de la cour. Meisa était une nation très libérée, mais il émanait un petit je-ne-sais-quoi de Catalina… une énergie à la fois sensuelle et… dangereuse, en même temps. Si la mort n'était pas aussi fréquente en ce monde, Serenos aurait probablement été plus inquiet de cette étrange aura que la dame avait… une aura de mort… tout comme la sienne. L'aura de ceux qui avaient tué, et ce à de nombreuses reprises.

Il se glissa alors derrière elle et posa les mains sur ses hanches, alors que les feux follets se rapprochaient davantage. Il conversa avec eux dans une langue étrange, composée de sifflements et de mots si bas qu'ils en étaient presque inaudibles. Le Roi leva alors les bras de Catalina et lui conseilla de rester immobile, alors que les petites lumières bleues se posaient sur la peau de ses bras. Même si leur forme était imperceptible à l'œil nu, elle pouvait sentir un poids léger sur ses bras. Malgré leur nom, les feux follets n'étaient pas brûlants au toucher… mais procurait au contact de cette flamme un sentiment de détente, comme si la chaleur soulageait les douleurs du labeur. Les petites formes parcoururent les bras de Catalina puis s'envolèrent à nouveau pour tourbillonner autour d'elle, émettant de petits cris excités, avant de retourner flotter dans le gouffre en contrebas.

Profitant du spectacle, Serenos était maintenant adossé contre la rambarde du pont, ses cheveux noirs flottant au gré de la brise, ses yeux brillant comme deux petits soleils dans la nuit rivés sur Catalina.


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