Chassez le naturel, il revient au galop (Alex-Doutzen)

« Je peux te raccompagner si tu veux Doutzen. C'est stupide d'appeller un taxi alors que je peux le faire. Il n'y a vraiment pas de mal »

Voilà comment, de façon habile, Adam avait réussi à faire en sorte de se retrouver avec elle qui l'une des meilleures amies de sa femme et aussi la compagne de son frere ainé. Les deux couples s'étaient rencontrés en meme temps. Doutzen et son frère, Quentin, faisaient partie de la même troupe de théâtre. Sa femme Milena en était la maquilleuse. Adam lui n'avait rien avoir avec ce milieu mais de par son frère, il le fréquentait souvent. Un soir apres une représentation, alors que justement Doutzen et son frère étaient déjà ensemble, il les avait rejoint. Milena était là aussi. Par apres, il avait appris que tout était prévu bien entendu.  Quoiqu'il en soit, le courant était bien passé avec Milena et assez vite il avait entamé une liaison avec elle. A la base ce n'était qu'une liaison comme il en avait dans le passé. Ils s'entendaient bien et Adam appréciait sa compagnie mais il refusait  de faire des projets . Une habitude chez lui. Il vivait au jour le jour, c'était sa façon de faire. D'ailleurs c'était sa philosophie de vie et cela expliquait pourquoi il faisait une allergie au long terme.

Malgré tout, avec Milena, il avait du assez vite faire une exception. Elle était tombée enceinte , de lui, et si Adam avait des défauts, il n'était pas un lâche.  Assumant ses responsabilités, il avait bien du  se rendre à l'évidence et prendre conscience du boulversement majeur de sa vie. A l'époque, peu etait ceux qui auraient pensé qu'il en était capable. Pourtant, assez facilement, Adam était passé du statut de jeune homme assez relax à celui de père de famille à 21 ans.  Il s'était trouvé un boulot  de commercial pour un concessionnaire auto, avait acheté une maison et avait même épousé milena. Su dans un premier temps, il n'était pas question d'amour, au fil du temps Adam s'étaiut surpris à eprouver de la tendresse et une forme d'attachement pour elle. De même la vie de père était quelque chose qui le comblait de joie. S'il avait d'abord craint que cela ne change sa vie de façon un peu trop brutale, désormais il ne regrettait rien.

 3 ans plus tard, à 24 ans, Adam était devenu le meilleur vendeur de la concession et surtout Milena attendait leur second enfant. Elle était enceinte de 6 mois et cette fois c'était un acte programmé. Après une fille, il espérait un fils et Adam  misait beaucoup sur cela. Avoir une autre fille le decevrait, même si forcement, il l'aimerait.  Bon mari, bon père de famille, Adam savait donner le change car comme souvent, et comme tout le monde, il avait ses petits secrets.

Commercial de qualité, toujours bien habillé, bien de sa personne, séducteur, il n'avait pas mis longtemps à avoir des opportunités. Clientes, secretaires, representantes de marques, Adam avait au bout d'un moment collectionner les aventures. Avec toujours le soucis de discretion absolu. Car il n'était pas question pour lui de perdre cette structure familiale qui lui importait et qui le rendait heureux. Pourquoi la mettre en danger alors ? Pour l'adrenaline, pour le plaisir et le besoin de sexe dans ce qu'il avait de plus terre à terre . Milena était une femme charmante mais elle était aussi une mère. Et au bout d'un moment il ne la voyait plus que comme cela. Il la désirait certes toujours, mais ce n'était plus comme avant

Que venait alors faire Doutzen, sa belle soeur la dedans ? Et bien à vrai dire, Adam la convoitait secretement depuis toujours. Elle lui plaisait et l'attirait comme le feu pouvait attirer un pyromane. Elle avait ce quelque chose qui la rendait si spécial a ses yeux. Bien entendu, dans un premier il s'était raisonné et avait fait en sorte de ranger ses pulsions dans un coin  de sa tête mais elles finissaient toujours par revenir. Elle qui était la marraine de la petite Alison et qu'il voyait frequemment occupait ses pensées à un point tel que finalement, il s'était mis à penser qu'il devait la posséder.

Conscient du coté complètement suicidaire de cela, Adam avait tenté à de nombreuses reprises de chasser la tentation de ses pensées. Mais il n'y arrivait pas, c'est elle qu'il voulait. Alors il avait commencé à la regarder differemment. Comme une femme qu'il désirait et plus comme sa belle soeur. Il y avait des regards, des compliments, des sourires. Rien de bien visible, mais assez que pour mis bout à bout et en sachant qu'il la voulait, cela soit assez significatif pour lui comme pour elle. Adam avait vite compris qu'elle se doutait de quelque chose mais jamais elle n'avait fait d'allusions ou dit quoique ce soit.

C'est donc dans ce contexte là qu'en cette douce soirée d'avril, apres un barbecue bien copieux et arrosé, du moins sauf pour Milena, qu'Adam avait fini par proposer à Doutzen de la ramener chez elle. Quentin, son frère, avait quitté  le repas plutot que prevu à cause d'une urgence au boulot. Adam y avait vu une forme de signe et d'occasion qu'il avait saisi en bon commercial qu'il était. Il restait à voir ce qu'en penserait Doutzen, alors que tres certainement milena n'y verrait aucun soucis. Pourquoi se méfierait elle ?

« L’histoire tragique de Doutzen »... « Le Phénix-Kroes »... Les médias n’avaient pas manqué d’imagination pour décrire l’histoire de cette femme. Une success story qui serait d’ailleurs bientôt adaptée au cinéma , et qui était l’une de ces histoires qu’Hollywood affectait tout particulièrement. Celle d’individus issus de rien, qui parvenaient à se hisser tout le long de l’échelle sociale. De là à comparer Doutzen à la Marilyn Monroe du 21^ème siècle, il n’y avait qu’un pas, que certains médias avaient déjà franchi.

Vendue comme esclave par ses parents à la Mafia russe lorsqu’elle était jeune, Doutzen Kroes était maintenant une étoile d’Hollywood, une star qui, grâce à ce passé, avait bénéficié de la sympathie des studios, pour tourner dans de multiples films. Les multiples interviews qu’elle avait donné quand elle était encore adolescente, et que al police avait arrêté son « père », avaient fait le tour du Web, et son passé ne l’avait jamais quitté. Comme elle-même le disait souvent, il était vain d’oublier d’où l’on vient, car c’est le passé qui forge l’individu du présent. Il fallait donc apprendre à vivre avec son passé, et c’était ce que Doutzen avait fait. Plutôt que de voir son passé comme un poids, une toile dont elle n’aurait jamais pu se défaire, elle avait choisi de s’en servir pour rebondir.

Maintenant ? Maintenant, elle vivait à New York, elle avait tourné dans de multiples films, et remporté plusieurs Oscars. Elle était Doutzen Kroes, et elle était mariée. Quentin, son mari, avait choisi de porter le nom de sa femme, car Kroes était maintenant un nom à succès. Comme elle, il était un acteur. Après le couple d’acteurs formés par Brad Pitt et Angelina Jolie, il y avait désormais celui constitué de Doutzen et Quentin. La jeune femme aurait-elle seulement pu croire qu’un jour, elle serait là où elle en était actuellement ? Elle, qui avait été vendue comme esclave à Reto, avait finalement réussi à s’arracher à son influence. La police l’avait mis derrière les barreaux, et, actuellement, Reto croupissait toujours derrière, quelque part au fin fond du Japon. Elle, elle avait tracé sa voie, et elle était maintenant une femme riche, influente, dont l’avis comptait. Elle ne comptait plus le nombre de blogs, d’articles, de forums parlant d’elle. La rescapée... Les surnoms affluaient autour d’elle pour la décrire comme une nouvelle étoile, une star magnifique, pétrie de qualités.

*Et, surtout, j’ai accompli mon rêve... Celui d’être une actrice.*

Elle avait toujours rêvé de faire ça. Elle faisait aussi bien du théâtre que du cinéma, ce qui faisait qu’elle allait régulièrement à Broadway Avenue. La simple évocation de son nom suffisait à remplir les salles. Pour autant, elle doutait que le biopic soit totalement fidèle à la réalité... Car il y avait des pans de son existence que Doutzen n’avait pas dit aux médias. Elle s’était juste contentée de dire que Reto l’avait violé, et utilisé comme instrument auprès de pervers japonais, ce qui, d’ailleurs, avait déclenché un scandale au Japon. Le « Kroesgate », ainsi qu’on avait pu l’appeler, avait coûté sa place à de nombreux politiciens, et Doutzen jonglait, au niveau de son agenda, entre les innombrables procès et les spectacles. De plus, et comme pour parfaire son image de sainte, elle reversait une bonne partie de sa fortune à des associations d’aide pour les victimes de viols, ou pour lutter contre les trafics de prostitution et d’esclavage qui continuaient à exister.

Aujourd’hui, elle profitait d’une soirée au sein de la famille de Quentin, qui était aussi sa seule famille. Milena, sa belle-sœur, avait un jeune enfant, et Doutzen adorait passer un peu de temps avec lui. Milena lui avait souvent demandé quand elle déciderait de tomber enceinte, elle aussi, mais Doutz’ n’était pas très chaude à cette idée. Elle voyageait beaucoup entre les États-Unis et le Japon, et, pour l’heure, elle préférait attendre que sa vie soit stabilisée avant de se risquer dans cette nouvelle aventure.

« Mais ça me plairait bien, oui... »

Quentin avait dû partir précipitamment. Il était en ce moment sur une représentation théâtrale d’une fameuse pièce d’Oscar Wilde, Ernest, ou l’Importance d’être Constant. Doutzen n’y voyait aucun problème, elle-même ayant souvent des imprévus.

La maison de Milena et d’Adam était au Queens, et elle, son appartement était à Manhattan, le long de Central Park. Cependant, Quentin ayant pris la voiture, il lui fallait bien rentrer chez elle. C’est à ce titre qu’Adam avait proposé de la raccompagner.

« Je ne voudrais pas m’imposer, Adam. Tu es sûre de n’y voir aucun problème, Milena ? »

Milena acquiesça. Doutzen haussa alors les épaules.

« Et bien... Ça me permettra d’économiser des frais de taxi, alors... »

Adam était le frère de Quentin, elle n’avait aucune raison de refuser cet acte de galanterie.

Adam pouvait déjà être satisfait : elle avait accepté. C'est vrai que de prime abord, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Personne ne pouvait lire les pensées d'Adam heureusement car sinon Milena se serait davantage méfiée. Mais elle lui faisait confiance et à Doutzen. Ce qui était some toute logique.

« Et puis en taxi tu aurais certainement été embetée par des paparazzis. C'est plus sage comme cela, Adam a raison »

Milena avait cru bon d'ajouter cette reflexion. Alors que la petite dormait déjà et que forcement, le duo s'appreter a quitter les lieux, elle vint embrasser chaleuresement sa belle soeur et son amie. C'était comme une soeur pour elle. Milena lui confiait beaucoup de choses, elle lui parlait de tout et elle savait qu'elle pouvait compter sur elle.

« A bientot j'espère Doutz' »

Enceinte de 6 mois, Milena resplendissait. Elle faisait partie de ces femmes qui etaient plus belle au fil de la grossesse. C'était une chance et elle le savait. Pour elle ce n'était pas compliqué de vivre sereinement tout  cela. Contrairement à d'autres, elle n'avait jamais eu les côtés plus négatifs de la grossesse.  Adam venant à son tour l'embrasser sur la bouche, il s'éloigna vers la perte, la mere de famille ne les suivant pas  pour économiser ses forces et ses déplacements. Elle ajouta simplement

« Je serai sans doute déjà au lit quand tu rentreras. Je suis épuisée »

Adam avait souri , repondant qu'il n'y avait pas de soucis et qu'il s'occuperait lui même de tout ranger. Ouvrant la route, il se dirigea vers l'exterieur de la demeure assez cossu et alla vers la voiture située dans l'allée de garage. Ouvrant la porte par l'intermediaire du verrouillage centralisé, il se glissa dans sa berline d'une marque prestigieuse, prenant position derrière le volant. Attendant que Doutzen fasse de même il mit le contact et fit une marche arrière apres avoir allumé les phares. La nuit était tombée et il fallait donc adapter sa conduite à cet état de fait.

Passant une main négligée dans ses cheveux, Adam avait les cheveux blonds impeccablement coiffés comme toujours . Portant son allilance et sa montre au poignet gauche, il était vete d'un simple jeans avec une chemise blanche  qu'il portait par dessus un t-shirt léger d e la meme couleur.Portant aux pieds des chaussures de villes impeccablement cirées, il avait glissé son portefeuille dans la boite à gants, s'excusant au passage aupres de Doutzen pour le dérangement. Impeccablement rasé, avec toujours cette manie qu'il avait de laisser un petit collier assez discret mais visible au niveau de la barbe, il avait ses deux oreilles reliées par ce petit artifice physique.  Baissant quelques peu la vitre, il avait allumé la radio pour avoir un léger bruit de fond. Posant ses yeux bleus, couleur ocean sur la route, il venait de sortir de chez lui

« A cette heure la circulation est nettement plus fluide. »

Ayant bu sans être ivre, Adam savait que s'il était controlé, il risquait des soucis. Voilà pourquoi il dit

« je vais pas prendre les routes principales si cela ne te dérange pas. Ce sera plus long mais je préfère éviter de croiser la police. Ce vin rouge était trop délicat pour mon palais »

Souriant à Doutzen, il donna quelques coups d'oeil furtifs vers elle. Rien d e trop insistants mais assez que pour mieux la détailler et qu'elle le sente.N'ajoutant rien de plus, il attendait de voir ce à quoi elle pensait et si elle avait envie d'entamer la conversation. Et surtout qu'elle en serait la teneur bien entendu.

Pour cette soirée, Doutzen, elle, avait opté pour des vêtements simples, délaissant ses robes au profit d’une veste, d’un débardeur blanc, et d’un jean. La perspective d’échapper aux paparazzis était toujours bonne à prendre. Doutzen, quand elle avait quitté Reto, avait eu peur de sombrer dans l’anonymat... Mais c’était tout le contraire qui avait eu lieu. Les paparazzis la suivaient fréquemment, et elle donnait régulièrement des interviews. On lui demandait tout... Son opinion sur les signes astrologiques, sur la guerre en Syrie, sur les élections présidentielles... Des choses qui n’avaient absolument rien à voir avec son boulot d’actrice, mais, quitte à vouloir être comme Marilyn Monroe, il fallait bien en accepter ces côtés.

Le duo roulait donc. En supposant que tout irait bien, il fallait une bonne grosse demi-heure pour rejoindre Central Park, en passant par le Queens Midtown Tunnel. Doutzen connaissait plutôt bien la Grosse Pomme. En chemin, Adam enclencha la radio, et Fortunate Son se mit à résonner dans l’habitacle de la voiture. Doutzen soupira lentement, regardant le paysage défiler par la vitre de la voiture, puis tourna la tête vers Adam.

« Toi et Milena... Vous formez un superbe couple. Et je vous félicite, vous avez réussi à conserver le secret pendant toute la durée du repas. »

Le secret portant sur l’enfant de Milena... Ou, plutôt, sur son sexe. Quentin avait essayé de savoir s’il aurait une nièce ou un neveu, prétextant qu’il lui était impératif de le savoir pour les cadeaux, mais, en souriant, Milena avait rétorqué qu’on le saurait au moment de la naissance. Doutzen en avait été amusée.

« En tout cas, je vous remercie pour cette soirée. Parfois, j’oublie les bienfaits d’une soirée simple, entre  des gens proches. »

Ça n’avait rien à voir avec les cocktails et les soirées mondaines, et, en un sens, c’était... Nettement plus agréable.

Elle avait vraiment passé une très bonne soirée.

« Oh tu sais à vrai dire moi aussi j'aimerais le savoir. Ce n'est pas un secret que je veux un garçon mais Milena ne veut rien savoir. Elle veut garder la surprise. Je ne suis pas de son avis mais je respecte son choix. Et puis c'est vrai qu'au final fille ou garçon c'est pas le plus important. Quoiqu'il arrive je sais que je l'aimerais »

Adam avait répondu en fixant la route. A vrai dire la simplicité de Doutzen ne le derangeait pas vraiment. Cette tenue bien que modeste ne l'empechait pas d'être belle et désirable. Mais en même temps même avec un sac de poubelle elle le serait aussi pensa t'il.

« Tu sais de notre coté c'est toujours un plaisir de vous voir aussi. Bon j'aime bien mon frère mais il m'en voudra pas si je dis que c'est surtout toi qui est toujours agréable à rencontrer et à voir »

Faisant de l'humour, il sourit. C'était aussi une façon de la complimenter tout en gardant une certaine retenue. C'était ce qu'il fallait qu'il fasse vu la situation. Esquissant une moue de contrariété , le compliment de Doutzen sembla le déranger.  La référence au couple qu'il formait avec sa femme avait semblait il un peu de mal à passer

« Parfois les apparences sont trompeuses Doutzen »

Il avait dit cela dans un espèce de murmure. C'était audible mais on avait la sensation qu'il avait voulu éviter de faire trop de bruits. Une sorte de reflexion lancée à lui meme

« Je travaille beaucoup et Milena est désormais une mère avant d'être une épouse. Cette grossesse n'arrangera pas cela mais bon c'est un choix qu'on a fait, que j'ai fait. Du moins cette fois. Pour Alison c'était pas prevu et finalement j'ai assuré. Cette fois ci , vu que c'est prevu, je me dis que ca peut aller que mieux. En tant que mère et père, on assurera. »

Mais pour ce qui est de l'époux et de l'épouse, c'était plus compliqué.  N'en disant pas plus pour l'instant, il tourna légèrement la tête vers elle

« Enfin je suppose que tu es au courant de cela non ? Milena t'as toujours tout raconté Doutzen. »

Là aussi il y avait un sous entendu assez clair. Est-ce que Milena comme il le pensait lui avait conié certaines choses sur leur vie intime ? Lui demandait elle conseil ? Il aurait aimé le savoir. Peut etre lui dirait elle

« Et toi alors ? Je sais que mon frère met la pression pour avoir un enfant. Je lui ai déjà dit d'etre patient car tu as ta carrière et que c'est le plus important. Je ne suis pas certain qu'il m'ait écouté mais bon c'est lui l'ainé apres tout. Il n'est pas obligé de suivre mes conseils »

Le sujet était quelque peu epineux. De ce qu'il avait pu collecter comme infos, il avait la quasi certitude que les soucis qu'il pouvait y avoir entre sa belle soeur et son frère avaient comme point commun cette histoire de grossesse. En prenant le parti de Doutzen, il cherchait donc à marquer des points.

Les apparences sont trompeuses... Oh, ça, Doutzen était bien placée pour le savoir ! Quand on voyait le nombre de politiciens et d’hommes d’affaires luttant officiellement contre la criminalité organisé, la prostitution, les valeurs familiales, l’esclavage, à qui elle avait sucé la queue, on savait combien les gens pouvaient se montrer hypocrites. Mais, en-dehors de cela, en-dehors de ce passé conflictuel, Doutzen savait que la venue du bébé angoissait Milena. Elle et Milena étaient très proches l’une de l’autre. On sympathisait assez facilement avec Doutzen, en grande partie à cause de son passé, qui fascinait autant qu’il inquiétait les gens. Comment se comporter face à une femme qui avait été vendue par ses parents, et avait servi d’esclave sexuel ? Et puis, on la voyait rire, on la voyait sourire, faire de l’humour, et on sympathisait rapidement, sa grande beauté et ses sourires photogéniques y contribuant énormément.

Milena était angoissée par la venue du bébé, car Adam, par son travail, était très souvent absent. Il gagnait de l’influence dans la boîte, ce qui l’amenait à faire des déplacements et à enchaîner les heures supplémentaires.

« Je te dis la même chose que je dis à Milena : un enfant, c’est ce qui doit souder un couple. C’est la fonction même d’être d’un couple, au bout d’un certain temps. »

Quand on avait un enfant, il fallait s’y concentrer tout le temps. Doutzen ne savait pas comment les mères célibataires faisaient, car, pour elle, gérer un enfant tout en ayant un travail nécessitait d’être au moins deux. Sur ce point, on pouvait estimer qu’elle avait un point de vue rétrograde, mais elle considérait que le système familial asiatique n’était pas forcément le plus mauvais. En Occident, on avait voulu amener les femmes à avoir la même fonction sociétale que l’homme, ce qui était bien sur le plan théorique, mais une erreur absolue sur le plan pratique. Une femme ne pourrait jamais être totalement égale à un homme, et, pour Doutzen, le dire, ce n’était pas être sexiste. L’homme était différent de la femme, sans que cela implique une relation de supériorité. Le fait est que c’était la femme qui écopait de neuf mois de grossesse, alors que l’homme se contentait juste, dans tout ce processus, de cinq petites minutes d’action.

Pour elle, le rôle de la femme était de diriger les affaires intérieures du couple, et l’homme les affaires extérieures. C’était la vision asiatique, une vision que les Occidentaux caricaturaient instantanément en soulignant le caractère sexiste de cette vision, mais, pour Doutz’, elle pouvait au contraire se montrer assez juste.

Doutzen s’échappa de ses pensées quand Adam lui demanda si elle voulait avoir un enfant. Ceci fit sourire la jeune femme.

« On en parle assez souvent, oui... Il y a ma carrière, il y a la sienne, et... »

Elle se mordilla les lèvres.

*Il y a des choses que je ne peux pas encore dire...*

Heureusement, Doutzen était une très bonne actrice.

« Je suppose que ça se fera... Mais je ne peux pas avoir une grossesse tout en voyageant toutes les semaines du Japon aux États-Unis. C’est assez usant. Je pense que je vais attendre d’en finir avec mon passé pour pouvoir aller de l’avant. »

Il n’y avait généralement aucun problème à en parler. Doutzen parlait de son passé sans trop de problèmes, ce qui avait pu surprendre certains psychologues. Normalement, une victime, surtout de crimes sexuels, éprouvait très souvent une sorte de réticence, de honte, à parler de ça... Mais pas Doutz’. Sa gêne n’avait été qu’une gêne de façade, de circonstance. Les ardents soutiens de la femme avaient dit qu’elle avait une mentalité d’acier, un caractère à toute épreuve...

...Mais la réalité était bien différente.

Partagé entre  s a belle soeur  et la route, l'attention d'Adam avait bien du mal à faire un choix. Il faut dire que la belle et douce Doutzen  avait de quoi perturber n'importe quel homme. L'entendant parler,  il ne pouvait s'empêcher de faire la moue. Elle avait raison et tort à la fois sur le role que pouvait tenir un enfant dans un couple

« Tu sais Doutzen, avoir un enfant est à la fois le pire et le meilleur des cadeaux dans la vie d'un couple. Cela change pas mal de choses ; j'aime ma fille, j'aimerai mon second enfant mais je mentirai si je disais que c'est tous les jours simple à la maison. Notamment au niveau de ma vie de couple. L'enfant soude la famille mais crée aussi des tensions. On doit apprendre à vivre avec le fait qu'un homme ou une femme passent désormais apres l'enfant. Et cela crois moi ce n'est pas simple du tout. Je sais de quoi je parle je suis moi meme passé par la. Encore aujourd'hui on a plus la meme complicité avec Milena. Je ne sais pas trop ce qu'elle en pense, si elle t'en as parlé mais pour moi c'est dur à vivre car à 24 ans je suis encore relativement jeune et j'aimerais passer + de temps avec ma femme »

Ce constat posé, il se tut a nouveau pendant un assez bref moment. Il en avait trop dit ? Pas forcement Doutzen était une amie de sa femme, sa belle soeur. Et puis lui parler faisait du bien. Il n'y avait aucun calcul de sa part. Oui il la désirait mais en ce moment précis ce qu'il avait pu dire ne faisait pas partie d'un plan precis. Mais qui sait cela pouvait peut être l'aider

« En tout cas tu as raison de prendre le temps avant de passer le cap. Tu es encore jeune finalement et encore une fois tu as ta carrière qui est aussi importante »

Nulle question de vouloir aller dans le sens du vent. Il pensait ce qu'il disait là aussi. Avec le recul lui aussi aurait aimé pouvoir etre père plus tard. Mais cela il ne l'avait pas décidé. Quoiqu'il en soit il se rendait compte qu'il avait beaucoup parlé de lui jusqu'ici. Ce qui pouvait passer pour de l'égocentrisme

«  mais je parle de moi depuis tout à l'heure. Tu m'arrêtes hein si cela te derange parce que quand je commence c'est dur de m'arreter »

Mais finalement, vu que Doutzen n'avait pas l'air de vouloir prendre la main du débat, il ne mit pas longtemps à revenir vers lui et ce qui pouvait le travailler

« J'aime Milena. Mais parfois je regrette ma vie d'avant . Je ne sais pas si Quentin t'as expliqué mais avant de rencontrer Milena j'etais pas forcement le mec le plus sérieux. A l'époque tu etais déjà avec lui mais ce n'était pas comme maintenant.  Enfin peut etre que  tu me comprends pas. De  plus en plus je me dis que retourner ne serait ce qu'un moment dans ma vie d'avant serait bénéfique pour moi. A l'époque je ne pensais qu'à moi, qu'à mon plaisir, qu'à plaire. C'était égoiste mais finalement j'y trouvais mon compte »

Il savait que Doutzen pouvait répéter ce qu'il venait de dire à sa femme. Mais elle pouvait aussi ne pas le faire. De toute façon pour le moment c'était une conversation entre un beau frère et une belle soeur. Qui y avait il de mal ? De l'extérieur on pouvait juste interpreter cela comme le fait qu'Adam flippait un peu avant de redevenir père et avait la nostalgie d'avant. Ce n'était pas le premier

« Voilà pourquoi il faut être sûr d’en vouloir un... » commenta Doutzen après la première réplique d’Adam.

Milena lui avait parlé de cette situation, de cette romance compliquée. Enfin, le couple ne battait pas encore de l’aile, mais il fallait savoir gérer l’éducation d’enfants en bas-âge. Certes, ça rapprochait, mais ça mettait aussi sur les nerfs. Il fallait savoir faire des concessions, et Milena avait souvent reproché, auprès de Doutzen, l’attitude un brin désinvolte d’Adam. Pour elle, il était plus proche de la première moitié de la vingtaine que de la seconde. Autrement dit, Adam voulait encore profiter de sa jeunesse, mais, maintenant qu’ils avaient un enfant, la chose était impossible. Pour autant, Doutz’ pensait qu’ils noircissaient un peu le tableau. Si c’était aussi compliqué, se seraient-ils risqués à avoir un second enfant ? Après tout, les méthodes de contraception existaient, maintenant, et ça, Doutzen était bien placée pour le savoir. Si Milena attendait un second enfant, c’était bien parce que, quelque part, Adam y trouvait son compte, lui aussi.

Du moins, c’est ce que Doutzen pensait. Un fin sourire éclaira ses lèvres quand Adam s’excusa de monopoliser la conversation, et elle haussa les épaules, indiquant que ce n’était rien. Adam, effectivement, adorait parler. C’était un peu le meneur de table. Lors des soirées, il y avait toujours un type comme ça, l’animateur, celui qui parlait tout le temps, enchaînant les blagues, extrêmement chaleureux et convivial. Et bien, chez eux, c’était Adam qui remplissait ce rôle. Par opposition, Quentin était plus réservé. Peut-être que c’était ça qui avait plu à Doutzen ? À l’époque, elle avait presque dû choisir entre les deux, et c’était Quentin qui avait hérité du gros lot... Pour ainsi dire.

C’était une autre époque, où Doutzen n’était rien de plus que cette jeune femme fragile, à qui tous les studios avaient ouvert leurs portes, bien trop conscients de la mauvaise presse qu’il y aurait à refuser à cette jeune femme martyrisée par son père adoptif des tournages.

Adam poursuivit alors, se livrant à une curieuse séance psychologique, quelque chose que Doutzen, en réalité, avait déjà observé. À force, elle s’était convaincue que les gens, devant Doutz’, se confiaient bien plus facilement. Après tout, quand on avait vécu ce que la femme avait vécu, qu’était-ce que quelques querelles amoureuses ? Étant une victime, il y avait chez Doutzen un élan de sincérité inné qui faisait qu’on avait naturellement tendance à la croire et à la penser sincère.

Il continua donc à parler, avouant des regrets pour l’existence qu’il avait perdu, ce qui fit doucement sourire Doutzen.

« Tu as une famille, Adam, une femme qui t’aime, deux enfants, une belle maison dans le Queens, un métier qui te rapporte beaucoup... C’est ça, le rêve américain, non ? »

Elle sourit donc.

« Si tu y trouvais autant ton compte, pourquoi avoir décidé de fonder une famille ? » demanda-t-elle finalement.

Doutzen avait le mérite de ne pas pratiquer la langue de bois.  C'était une qualité. La conversation était franche et sincère.  Et c'est pour cela qu'Adam y allait honnetement aussi de son cote

«  Tu sais aussi bien que moi qu'à la base ma relation avec Milena a été modifiée par sa grossesse non désirée. A Partir de là ma vie n'était plus la même.  Certes aujourd'hui ce second enfant est le fruit de ma volonté comme de la sienne. Mais tu sais aussi bien que moi que parfois on a besoin de faire certaines choses pour se rassurer. Ce second enfant peut aussi donner l'illusion que notre mariage se porte bien aussi bien pour nous que pour les autres. Toi même tu l'as dit, nous sommes un couple modèle »

Adam sentait bien que pour la première fois, il osait dire les choses qu'il avait toujours refusé d'admettre. Sa vie actuelle était satisfaisante mais pas suffissante. Il manquait certaines choses et c'est ce qu'il essayait d'expliquer à sa belle soeur

« le reve américain oui mais parfois je me dis que « 

Il marqua une pause s'arretant. Devait il aborder ce sujet la maintenant ? Apres tout ce serait peut être aborder de vieux demons mais ces derniers temps il pensait sans arret et de façon bien trop prononcée. Il devait chasser cette pensée et quoi de mieux que de la prendre à la source

« Tu sais c'est via toi que j'ai rencontré Milena.  Je me suis toujours demandé si tu avais fait cela parce que tu savais tres bien qu' à la base je te convoitais aussi. »

Il l'avait regardé du coin de l'oeil,  cherchant à y deceler un quelconque signe.  Lui comme elle n'avaient jamais vraiment reparlé de cela. Leurs conjoints respectif ignoraient tout  de cette partie de l'histoire. Sans doute parce que cela avait évité des explications un peu trop compliquées alors que tout allait bien

« Je savais que tu plaisais à mon frère et j'ai pas voulu intervenir dans votre histoire. Mais si je l'avais fait qu'est ce que cela aurait pu donner Doutzen ? »

lentement mais surement une main avait quitté le volant pour venir se poser sur la cuisse gauche de sa belle soeur. Il l'avait fait avec pas mal de retenue et precautions mais l'avait fait. Ce qui forcement allait changer la donne. Il se disait que si elle devait mal le prendre, il lui dirait que c'était un simple moment de faiblesse dans une période  un peu plus délicate. Cela tenait la route finalement.

Sa main désormais fermement posée, il restait concentré sur la route tant que faire se peut. Mais son esprit était principalement tournée vers Doutzen.  Cette femme il l'avait toujours convoité. Et si pendant un temps, son mariage avait pu combler cette frustration, ce n'était plus le cas aujourd'hui.

« Je ne sais pas si c'est parce que en ce moment je suis frustré, mais je pense tres souvent à toi « 

La situation devenait étrange dans la voiture. Surtout si on prenait par exemple en compte que sur la banquette arrière, il y avait un siège enfant. Rappel d'une famille a  laquelle les deux passagers appartenaient.

Tandis que la voiture se rapprochait de Manhattan, le ton de la conversation dérivait de plus en plus, à la surprise de Doutzen. Adam lui reparla de Milena, laissant entendre que Doutzen l’avait envoyé auprès de lui pour éviter d’avoir à choisir entre les deux. C’était… C’était une manière très particulière d’interpréter les choses. Milena était surtout proche de Quentin. Elle travaillait dans le mode et le maquillage, et avait passé des années à poudrer le nez des invités sur les talk-shows d’émissions télévisées. Un boulot particulièrement ingrat, et qui n’avait guère permis à Milena d’exprimer toute sa créativité artistique, nécessitant, pour cela, un meilleur emploi, différent. Quand Quentin et Doutz’ avaient décidé de fonder une troupe de théâtres, ils avaient proposé à Milena de la rejoindre. Mais, de base, c’était Quentin qui connaissait Milena, qui avait fait des études avec elle. En réalité, Doutzen avait toujours pensé que, avant d’aimer Adam, Milena avait eu le béguin pour Quentin… Mais, assez rapidement, ce béguin s’était reporté sur son frère, qui lui inspirait davantage confiance que Quentin.

Tout cela remontait à loin, à une époque où Doutzen ne connaissait pas vraiment encore les individus qui, par la suite, fonderaient son existence. Les propos d’Adam devenaient encore plus étranges, jusqu’à ce qu’il finisse par poser une main sur sa cuisse. Doutzen le regarda en écarquillant lentement les yeux, puis l’entendit parler de frustration sexuelle, en liant ceci à elle.

« Euh… Honnêtement, Adam, je ne suis pas vraiment dans la perspective de refaire le monde, ou de songer à mon passé. »

Elle ne comprenait pas trop ce qu’Adam disait… Ou, plutôt, elle avait peur de comprendre. Elle posa alors sa main sur le poignet d’Adam, et repoussa lentement sa main, sans vouloir le froisser.

« Pour le reste, je pense que tu as effectivement dû un peu trop boire. »

Inutile de rentrer dans le détail, autant mettre tout cela sur le dos extrêmement large de Dionysos et de l’alcool. Doutz’ préféra plutôt regarder ensuite par la vitre passager. Le spectacle disparut rapidement, la voiture s’engageant dans le Midtown Tunnel, ce tunnel mythique de New York, immortalisé dans le film « Men In Black 1 », quand Will Smith et Tommy Lee Jones le remontaient par le toit, à bord de leur voiture magique.

Doutzen ne disait plus rien, plongée dans ses pensées. Adam, avoir un béguin pour elle ? Difficile à croire, sachant qu’il avait deux enfants, mais la jeune femme n’était pas dupe. Elle ne l’était plus depuis longtemps, depuis que Reto avait fait d’elle son esclave. Elle savait lire dans l’esprit des gens, et elle comprit qu’Adam avait peut-être fondé une famille avec Milena pour mettre fin à un amour caché envers Doutzen… Ou, plutôt, pour tenter d’y mettre fin.

*Oh non, comme si j’avais besoin de ça…*

Non, elle n’en avait clairement pas besoin !

Adam n'avait pas forcement des sentiments pour Doutzen. Non il aimait sa femme. C'est juste qu'il se sentait attiré par elle de plus en plus. C'est ce qu'il avait essayé de lui faire comprendre. Du coup il precisa sa pensée

« Excuse moi Doutzen. C'est juste que tu es superbe et que ces temps ci c'est un peu galère pour moi à ce niveau ; mais tu as raison j'ai du trop boire »

Oui mieux valait en rester là. Pour le coup non seulement il se sentait quelque peu idiot mais aussi un poil vexé. Il avait pris ce qu'on pouvait nommer comme une veste ou tout au moins elle l'avait repoussé.  Essayant de faire comme si de rien était, il n'avait pas forcement envie d'en rester là. Maintenant qu'il s'était jeté à long, autant aller jusqu'au bout. Les risques étaient minimes. Il voyait mal Doutzen allait dire à une femme enceinte de 6 mois que son mari lui avait fait des avances ; Surtout si elle était mariée à son propre frère.  Non raisonnablement, il pouvait se montrer un peu plus hardi quand meme

« Tu sais je me disais que.... «

Bon comment amener cela ?  Adam se rendait compte que désormais, il allait de toute façon pour le mec un peu pathétique qui a du mal dans son couple et qui saute sur sa belle soeur.  Et puis de toute façon comment Doutzen reagirait s'il lui disait ce qu'il avait en tête ?  La situation était pour le moins loin d'être evidente à gérer.  Il opta pour une tentative de pirouette

« je crois que je me suis mis dans de beaux draps »

On sentait bien qu'il était tout simplement incapable de se sortir de ce mauvais pas. Pour bien faire, cela l'arrangerait bien que Doutzen l'aide.  Mais il ne comptait pas trop la dessus.  Etant toujours à une bonne dizaine de minutes de sa demeure, il cherchait un moyen de faire en sorte que la fin du voyage ne se transforme pas en long et pénible moment pour lui.

« Je dois te parler d'un truc délicat qui pourrait justifier ma conduite mais je pense que cela risquerait de m'enfoncer un peu plus encore »

Visiblement il lui restait une ligne de defense mais c'était pas forcement glorieux non plus. Mais il fallait bien de toute façon dire ou faire quelque chose . Attendant de voir ce que pourrait penser Doutzen de ce qu'il venait de dire, il avait reporté sa concentration sur la route  Continuant a faire fonctionner ses méninges, se posant mille questions, il finit par lacher et avouer

« la vérité c'est que je suis frustré sexuellement depuis un moment. Et que forcement l'alcool aidant et vu ton physique avantageux, j'ai developpé une réelle attirance pour toi  ces derniers temps. Aujourd'hui j'ai un peu franchi la ligne jaune.Voilà tu sais pourquoi je me comporte ainsi »

Il ignorait sans doute qu' sa manière, elle l'était aussi

Adam était têtu, il fallait bien lui reconnaître cela. Doutzen l’avait déjà remarqué. C’est ce qui faisait de lui un si bon commercial ; quand il avait une idée en tête, il n’en démordait pas. Il était ainsi un bon vendeur de voitures, un excellent négociateur, mais là, en ce moment, il s’engageait sur un terrain dangereux. Un autre homme aurait abandonné en mettant tout ça sur le compte de l’alcool, mais c’était mal connaître Adam. Tandis que la voiture filait le long du Midtown Tunnel, Adam continua, en lui expliquant être sexuellement frustré.

Doutzen le regarda silencieusement, dans les reflets obscurs du tunnel. Il lui expliqua être insatisfait au lit avec sa femme, ce que Doutzen pouvait comprendre... Mais, de là à se laisser aller... Elle était bien placée pour savoir que, dans ce domaine, la femme serait toujours dans le tort, contrairement aux hommes. C’était elle qui emballerait, pas les autres, et, n’en déplaise à Adam, elle se voyait mal lui proposer une partie de jambes en l’air chez elle, alors que Quentin était susceptible de rentrer d’un instant à l’autre.

C’est ainsi qu’un léger silence s’installa, jusqu’à ce qu’ils sortent du tunnel, et rejoignent le péage autoroutier à la sortie. Ils étaient maintenant à l’entrée de Manhattan, près du centre névralgique de la Grosse Pomme, Midtown. Toutes les images qu’on voyait de New York étaient généralement des photographies issues de Midtown, un grand quartier d’affaires abritant également de multiples zones commerciales. Doutzen se mordilla doucement les lèvres, et la voiture reprit sa route, filant dans de petits tunnels décrivant des virages, avant de rejoindre la 37^ème Rue, pour remonter ensuite le long dz la 3^ème Avenue.

Doutzen semblait peser le pour et le contre, et finit par lui répondre, tandis que la voiture remontait le long d’une avenue interminable.

« Je connais ça, Adam, et je le comprends, mais... Nous sommes tous les deux en couple, et tu attends un autre enfant. »

Ce simple argument était en soi suffisant, et Doutzen ne rajouta rien d’autre, se mordillant les lèvres, estimant en réalité en avoir déjà bien trop dit.

« Néanmoins, je te remercie pour le compliment sur ma beauté... Mais Milena n’est pas mal non plus, tu sais. »

Adam était quelque peu songeur sur l'attitude de Doutzen. Elle l'avait certes une nouvelle fois éconduit mais il avait la nette impression que c'était pour la forme plus qu'autre chose. Comme si elle l'avait fait parce qu'elle devait le faire point. Pour comparer, cela le faisait penser à une personne qui se rendait dans une concession automobile, à qui le vendeur proposait une affaire en or  mais qui disait non car à la base il en avait déjà une et qu'il était juste là pour regarder. Ce type de situations il les rencontrait presque tous les jours au boulot.  Et c'est ce qui lui faisait dire que la reaction de Doutzen n'était pas aussi ferme qu'elle aurait du l'être

Du coup il se demandait ce qu'il devait faire. Adam avait l'habitude de ne pas lacher sa proie quand il en avait une. C'était un bon commercial effectivement et il était tenace.  C'est donc dans cette optoque qu'il essaya de relever ce qui était bon pour lui. Et il y avait quelque chose d'intéressant : visiblement elle aussi était  frustrée

« J'ignorais que tu étais toi aussi insatisfaite au niveau sexuel avec mon frère Doutzen »

Il ne faisait que reprendre de manière plus claire ce qu'elle avait sous entendu. Il n'inventait rien.  La regardant du coin de l'oeil, il savait qu'il devait accélérer sa prise de risques ; une fois chez elle, ce serait trop tard, et dieu sait s'il aurait une nouvelle chance pareille. Quelque chose lui disait que c'était sans doute le bon moment. Du moins pour lui

« Tu sais aussi bien que moi que Milena pour le moment est avant tout une mère et pas une femme ou une épouse. Plusieurs fois j'ai essayé de faire des efforts, de la comprendre, j'ai meme tenté de faire quelques ajustements pour pouvoir retrouver notre complicité. La vérité c'est que déjà avant cette seconde grossesse c'était compliqué au niveau sexe. Et depuis qu'elle attend notre second enfant c'est pire. Je sais que cela peut paraitre injuste et cruel de ma part de parler de la sorte mais j'ai 24 ans, je suis encore jeune, bien de ma personne.J'ai toujours fait ce qu'il fallait pour ma femme et ma fille. Est-ce un crime de désirer sa femme ? Je ne pense pas. Pourtant c'est l'impression que Milena me fait. »

De nouveau il posa une main sur la cuisse gauche de Doutzen. Le contact était plus affirmé, plus direct cette fois. Il la fixa un moment puis poursuivit

« Tot ou tard je sais que j'irai voir ailleurs surtout que je suis sans cesse sollicité au boulot. Alors pourquoi ne pas vouloir le faire avec quelqu'un de confiance comme toi Doutzen ? Nous savons tous les deux ce qu'on a à perdre et ce qu'on peut faire endurer comme souffrances à nos conjoints respectifs. Du coup, on serait lié  par le secret et le silence mieux que nul autre. Je ne te demande pas de coucher avec moi forcement mais juste de soulager quelque peu ma frustration qui me rend de plus en plus sensible et soumis à la tentation. Sauf bien sur si je te degoute Doutzen. Tu ne le ferais pas que pour moi mais pour aussi aider Milena . Car je t'avoue de plus en plus avoir du mal à me contenir »

C'était à la fois vicieux , immoral, dégeulasse mais plein d'opportunisme comme propos. Il jouait à la fois sur la corde sensible, la culpabilité eventuelle d'être indirectement responsable du malheur d'une amie.  Cela pouvait le faire passer pour un enfoiré mais il n'était plus à cela pret. Quand comme lui on avait une double vie régulière, on savait depuis longtemps qu'il fallait renier certains principes.

La Troisième Avenue de New York était célèbre. S’étalant sur plus de 100 blocs, elle filait de Manhattan jusqu’au Bronx, rejoignant ainsi, en une route, le quartier huppé de Midtown, et les quartiers plus défavorisés du Bronx. Elle était, à elle seule, une étrange et troublante allégorie des conflits sociaux. Difficile de savoir pourquoi Doutzen pensait à cela, pendant qu’Adam continuait ses avances, et que Central Park semblait être plus éloigné que jamais.

Doutzen sentit ainsi la main de l’homme revenir sur sa cuisse. Têtu, voilà comment il était. Quentin le disait souvent. Quand un client lui disait « Non », Adam entendait un « Oui, mais… ». Parmi les grandes leçons de vente, il y avait cette règle d’or : un client est toujours prêt à acheter. Qu’il soit pauvre, riche, endetté, endeuillé, un client était, fondamentalement, un individu avec un esprit consumériste. Si ce n’était pas le cas, alors le démarchage ne serait pas aussi efficace, et la législation pas aussi protectrice à l’égard du consommateur, et il n’y aurait pas autant de problèmes d’endettement. Tout ce qu’il fallait, c’était trouver la corde sensible, l’argument qui ferait choc. Chaque consommateur avait des attentes différentes, attentes dont il n’avait parfois pas eux-mêmes confiance. Alors, Adam, pugnace, insistait… Et, maintenant, il le faisait. Il avait saisi une faille, senti une brèche, et cherchait à s’y engouffrer le plus intensivement possible.

*Adam tout craché…*

Une nouvelle fois, elle dut retirer la main de l’homme, et le regarda lentement, un peu abasourdie devant sa proposition… Ce qui l’amena finalement à sourire.

« Je crois que tu devrais t’enregistrer, parfois, Adam… Tu viens de me dire que tromper Milena en couchant avec moi, sa meilleure amie, c’est pour son propre bien… J’avoue que je n’aurais pas tenté une telle approche. »

Pourtant… Adam était sûr d’avoir trouvé quelque chose, une sorte de frustration sexuelle. Quentin n’en parlait pas beaucoup avec lui, mais les deux amants étaient un couple très fusionnel. Doutzen se pinça donc les lèvres, observa la vitre une fois, puis regarda Adam.

« Je ne sais pas ce que tu peux croire, ou ce qui t’oppose à Quentin, mais, si ça peut te rassurer, il me fait jouir à chaque fois que nous baisons ensemble. »

Doutzen soupira ensuite, en secouant la tête.

« Si tu peux pas tirer ton coup avec Milena, je le regrette, mais ne compte pas sur moi pour m’immiscer dans un truc si tordu ! »

Manifestement, percer les secrets se dissimulant derrière l’auréole dorée de Doutzen Kroes ne serait pas aussi facile que ça.

« Tu sais le simple fait que tu dises qu'il te fait jouir à chaque fois c'est une forme de justification en soit. Je ne te demandais pas tant de détails mais je suis heureux de savoir que mon frère est un amant au top »

Fixant toujours la route, il n'était pas stupide meme si forcement la façon qu'il avait pour le moment de parler pouvait le laisser le penser.  Des années dans la vente lui avai appris que quand une personne se justifiait d'elle même, c'était sans doute pour se defendre avant tout ou se premunir d'un  quelconque danger . Mais bon, il allait laisser de coté les analyses psychologiques pour l'instant. Doutzen voulait la jouer de manière assez habile et maligne. Elle gardait toujours un coup de precaution et le laissait prendre la main et prendre des risques. Soit, dans le pire des cas il n'y aurait rien. Tampis mais il se disait que quitte à passer pour un con ou un salaud, autant y aller de manière directe et  nette

« Je te demandais pas de coucher forcement avec moi Doutzen. Enfin soit, dans le pire des cas, si cela tourne mal avec Milena tu ne seras pas surprise. Mais si tu veux lui rendre service, rappelle lui de temps en temps qu'elle a un mari qui a certains besoins »

On le sentait quelque peu vexé malgré tout.C'était normal, il n'avait pas l'habitude qu'on lui tienne tete.  Fixant la route, il ne savait pas si Doutzen prenait son pied à lui compliquer la tâche ou à se moquer gentiment de lui. Ou tout simplement, elle n'était pas intéressée ce qui était dure à admettre pour lui.  Quoiqu »il en soit jusqu'ici il avait pris un sacré bide dans toutes ses iniatives. Tant et si bien que pour l'instant il pédalait un peu dans la semoule

Augmentant un peu la vitesse, il eut la desagreable surprise de se voir ralentir par un accident qui engendrait quelques files

« Bordel de merde »

 S'arretant dans la file, il pouvait voir au loin quelques gyrophars et des lumières clignotantes. Il ne manquait plus que cela. Visiblement , impossible d'y couper, il allait falloir s'armer de patience

« Il ne manquait plus que cela »


Pour le coup, c'était pas sa faute mais cela ne l'arrangeait pas non plus.Regardant vers Doutzen, elle n'avait pas l'air non plus ravie de devoir prolonger cet instant avec lui dans l'habitacle.  Tapotant le volant, il regarda sa montre. Il espérait que cela passe vite et que la route serait assez rapidement dégagée. Il était pas encore chez Doutzen et il n'y avait pas pour le moment de possibilité de prendre une route secondaire. Decidemment ce soir il n'y avait pas grand chose qui allait dans le même sens que lui. Mais qui sait, peut être qu'au bout de cela, il aurait l'occasion de recupérer quelques points avec Doutzen.