Rayon fruits et légumes ~ [PV Nava-kun]

Bien sûr, on avait déjà parlé à Meiko de cette manie qu'avait les humains de l'autre monde de « tout mettre en boîte ». Les gens, les animaux, les marchandises... tout avait une place bien précise, dans cette civilisation sans chevaux pour tirer les carioles et sans principe monarchique.

Mais ça n'allait pas du tout, dans l'esprit assez étroit de la kappa. Pour elle, Terra était un endroit ou l'on avait déjà du mal à foutre un minimum le bordel, alors ici... D'ailleurs, elle avait déjà tenté l'expérience de regarder sous la jupe d'une blondasse il y a quelques minutes : apparemment, elle avait plus de caractère que les terraniennes, qui se contentaient de piailler avec des yeux larmoyants de trente mètres carrés.

Enfin... ça n'était pas bien grave. Il fallait positiver. Et heureusement, la jeune fille avait de quoi. Après être passé dans plusieurs étalages (là encore, elle n'avait toujours pas compris l'utilité de mettre autant de choses entre quatres murs, c'est vrai quoi, ça prenait pas le frais, et c'était pas mieux gardé ._.), elle avait trouvé ce qu'on appelait communément le rayon des fruits et des légumes... et un superbe stand de concombres frais, qu'elle s'était empressé d'approcher en bavant. Eh oui, on n'oubliait jamais ses petites habitudes. Elle allait pas en plus de se priver de chair humaine de gamins, se priver du délicieux goût du concombre, nan mais ~ Aussi ne se fit-elle pas prier pour en saisir un, et le tâter, avant de passer sa langue sur la peau verte sans aucune retenue. Mouais... c'était pas comme ceux de Terra, quand même. Mais ça pouvait aller.

Bien sûr, après avoir passé une bonne minute à lécher et à tripoter ce concombre d'assez bonne taille, certains clients du magasin, principalement la gente masculine, ne se fit pas non plus prier pour laisser des pensées peu catholiques se glisser au travers de leur esprits tourmentés par les courses du mois avec leur femme et leur mioches qui piaillaient autant l'un que l'autre. Meiko, quant à elle, ne semblait pas se soucier de si peu, si elle s'en doutait, bien évidemment.

Finalement, elle emporta le légume avec un sourire satisfait sur son joli minois, sans cesser d'en profiter, cependant. C'était un des petits plaisirs de la vie d'un kappa, après les parties de shôgi et les dessous de jupes. Il fallait vraiment une bonne raison pour que ce petit manège cesse pour quelques instants...

Depuis quelques semaines, on pouvait, sans se tromper ni mentir, dire que Nava s'était posé. En effet, cela faisait déjà quelques mois - à peine- qu'il était arrivé dans la ville Seikusu, quelque part orphelin. Les premiers mois avaient été faciles, sans trop de soucis, il avait postulé et été engagé par la suite dans une p'tite et timide supérette d'un quartier tranquille en tant que caissier. Par après, il avait, sur un coup de tête aisément qualifiable de lubie, quitté son travail pour vivre la vie de bohème durant quelques temps : des instants appréciables qui semblèrent durer une éternité mais qui finirent tout de même. Dur retour à la réalité; vie désorganisée, aucune attache, ni fille, ni discipline de vie. C'est alors que, par le pur hasard, il trouva ce job de pseudo concierge au lycée et depuis, tout allait mieux, sa vie se faisait de plus en plus paisible, tracée sans être aucunement ennuyante. Sport, flirts, hygiène de vie : il était heureux, en très bonne santé et enviable (malgré tout, il restait célibataire).

Il se rendait donc, depuis quelques semaines, au marché lorsque son horaire le lui permettait, y achetait de bons et délicieux légumes et fruits frais. Il observait de temps en temps les jolies filles et femmes qui s'y promenaient, sans pervésité, innocement.

Cependant, cette fois-là, une demoiselle assez singulière s'était, certaiement sans le vouloir, donnée en spectacle. Elle avait en effet, pendant quelques minutes, léché goulûment un concombre plein de vie(tamines). Si cela avait amusé Nava, cela avait également intrigué d'autres jeunes, plus enclin aux pensées vicieuses.

Il avait suivi la jeune fille par après, intrigué en se demandant  ce qu'il pouvait bien s'être passé dans sa tête...Il arriva à sa hauteur, sourire aux lèvres...

-Dites, ça vous arrive souvent de montrer de cette manière aux gens votre amour pour les concombres?

Il semblait amusé...

Il y avait de quoi être amusé. Ou choqué, c'était au choix. Mais dans tout les cas, il n'y avait vraiment pas de quoi rester de glace. Meiko supposa que la voix qui la suivait derrière le rayon était la seule à oser s'adresser à elle sur le sujet. Tché, les japonais alors... tous des couilles molles. Sauf lui, apparemment.

La kappa se retourna brusquement en faisant mine d'être effrayée. Cette réaction trompeuse la décida à jouer un rôle sympa : celui de la fille innocente et pas vulgaire pour un sou (malgré le short beaucoup trop serré et presque taillé en pièces), qui se demandait ce que l'on lui reprochait. Elle lança au jeune homme de grands yeux bleus larmoyants et un regard de petit chiot sans défense qui avait de quoi vous faire fondre. Elle n'hésita pas non plus à passer deux ou trois rapides coups de langues sur le concombre adoré, qui commençait à être un peu trop humide pour le reposer. Meiko n'avait pas non plus l'intention de l'acheter, alors...

« - Je me demandais... pourquoi les gens me regardaient bizarrement depuis tout à l'heure é___è »

Elle constata par-dessus les fausses larmes brillantes que cet humain était tout ce qu'il y avait de plus mignon. Son minois était encore plus craquant lorsqu'il était tellement déconcerté ! Ahlàlà, les jeunes~ Mais avec tout ça, Meiko n'avait aucune intention de le laisser partir ! Il semblait innocent et frêle... peut-être puceau ? Elle avait beau ne pas être une succube assoifée de sexe, la kappa déguisée aimait bien se farcir un jeune garçon innocent de temps à autre... bon, ça courait pas les rues dans Nexus, parce qu'ils se faisaient démolir quand ils commandaient des lait-fraises dans l'auberge du quartier, mais elle était toujours là pour les consoler. Bref.

« - J'ai fait quelque chose de mal ? »

Et ça continuait. Petit manège qui amusait beaucoup la démone des eaux, tandis que ses doigts se posait sur son visage, pour renforcer son air désemparé.