Les chaînes à ses poignets cliquetaient bruyamment. Allongée sur le sol en bois, Myrrha ravalait ses larmes alors que ses camarades étaient secouées de silencieux sanglots. Du bout des doigts, elle effleurait le métal, brûlant au toucher, qui composait ses liens. Bien trop épuisée, la jeune femme peinait à remonter le fil cruel du temps afin de se retrouver les événements qui l'avait mené ici, piégée, étalée sur le par terre de cette caravane qui filait, bringuebalante vers le destin de la jeune demoiselle.
Myrrha n'avait jamais été cruelle, ni mauvaise, bien entendu, il serait infâme de considérer comme mériter un pareil sort. Pourtant, rien n'aurait pu amener les âmes clémentes à croire que cette aimable créature puisse se retrouver dans une telle situation. Et pourtant... et pourtant.... c'est par sa nature et la beauté naturelle de la délicate que celle-ci tomba entre les griffes des mortels avides. Oui, rien n'aurait pu préparer la naïve Myrrha à se retrouver en ces lieux, aux côtés d'étranges et curieuses bêtes qui comme elle, attendaient d'être remises entre les mains de celui ou celle qui en ferait l'acquisition. Soudainement, la caravane s'arrêta.
Quelques voix leur parvinrent depuis l'extérieur. Les yeux de la jeune femme s'attardaient sur les silhouettes déformées dans l'ombre, de ses camarades d'infortune. Puis, la porte s'ouvrit et ils étaient arrachés vers la lumière du jour. Les prisonniers n'eurent pas le temps de respirer, adroits, les marchands tiraient les cages des bêtes qui demandaient plus d'attention, de par leurs natures. Ceux qui s'étaient trouver avec Myrrha avaient des chaînes, des casques ou des muselières. Un homme immense tira ses liens de métal, l'amenant à l'extérieur avant de la positionner sur la petite scène qui surplombait le marché aux esclaves de Nexus.
« Approchez, approchez ! » La voix rauque du marchand tonnait sur la petite place. Les badauds s'agglutinaient devant la petite estrade, éventuels acquéreurs ou juste curieux souhaitant se rincer l’œil. « Ces merveilles sont fraîches et il y en a pour tout les goûts ! Des créatures splendides et étonnantes ! » Il s'avança vers une des silhouettes, un jeune homme aux oreilles pointus qui se releva soudainement au passage de l'homme. « Un elfe des montagnes, un achat que vous ne regretterez pas... » Les paroles devinrent ténues, comme le son de la foule. La tête baissée, Myrrha fixait ses chaînes, puis le sol. Voilà ce qui l'attendait, se faire vendre comme un vulgaire objet, à l'un de ces visages avides qui observaient les esclaves avec une attention soutenue. « La prochaine est un peu spéciale... » La jeune femme sentit une main soulevé son cou afin de faire admirer à la foule le visage juvénile encadré de beaux cheveux d'un rouge vif tirant vers le sombre.
« Voici une satyresse, oui messieurs, dames vous avez bien entendu. L'un des rares spécimens femelles de cette espèce, presque rarement vu. Un véritable trésor, messieurs, dames, comment passer à côté d'une pareille occasion ! » Avec panache, il vanta les pouvoirs et les caractéristiques d'une pareille créature, sans même enrober la vérité, il admira la tenue et la résistance de cette créature "que l'on jugeait inépuisable", commenta-t-il avec un clin d’œil. On connait après tout les talents des satyres pour la chasse, leur adresse et leur habilité aux plaisirs, ajouta-t-il en hochant la tête avec sérieux. Myrrha rougit légèrement. Un mensonge... enfin, pas totalement vrai. Ou peut-être était l'une des rares exceptions, ses errances, et sa proximité avec la nature ne l'avait pas orienter vers une vie d'étreintes enfiévrées. Cela ne voulait toutefois pas dire qu'elle était prude...
Elle jeta un coup d’œil au marchand avant de repiquer du nez. Et c'était sans compter les capacités de la belle créature, qui seraient bien entendu brider à l'aide d'atouts plus délicats, forgées dans un même matériau que celui-ci qu'elle portait. Il appuyait ses dires en montrant une paire de bracelets permettant d'empêcher l'utilisation, contre le maître, de ses pouvoirs : « commander à la nature, aux plantes, etc... », un embellissement de la réalité pour le premier, le second... un peu plus vrai. Les capacités de Myrrha n'était pas destructrice, elle pouvait commander aux plantes mais ses talents restaient quelque peu limités. Le marchand sortit d'un sac une flûte de pan rutilante, vantant les talents pour la musique de la jeune satyresse, puis il trancha, annonçant le prix de départ de la jeune créature, attendant les propositions.