Timothée regarda, à travers ses larmes, cette verge répugnante se dresser, sale et impatiente, non loin de son museau. Il peinait à reprendre son souffle. Ses mains étaient crispées sur son ventre endolori. S’il n’avait pas été redressé, il serait probablement toujours au sol, recroquevillé à cause du coup de pied. Quel choc ! Pour son corps oui, pas pour son esprit. En dépit des apparences, le jeune Terranide était combatif. Il fallait de la volonté pour mener sa vie d’errance et poursuivre sa vocation utopique. De la volonté et aussi des armes.
La peur s’estompa tout à fait, laissant la place à la colère. Celle que la souris destinait aux monstres. Il serra les dents, serra les poings, refoula la douleur et une lueur de détermination passa dans ses yeux d’ordinaire si tendre.
« Vous n’auriez pas dû faire ça », dit-il de sa petite voix, rendue tremblante, vacillante.
Une voix si fragile, un être si chétif, comment se méfier, comment prévoir ? L’humain comprit trop tard que le souriceau n’était pas sans défense. Des poings de Timothée jaillirent des flammes blanches. La chambre fut illuminée, puis il y eut un hurlement, celui de cet homme infâme éjecté contre le mur, la virilité brûlée par la magie. Timothée vacilla, retrouva son équilibre, puis jugeant que le type avait son compte, au moins pour l’instant, il fit face à son comparse.
« Reculez ! Ne me forcez pas à vous défoncer, vous aussi ! »
Curieusement, un vagabond qui se révélait magicien était généralement pris plus au sérieux. Timothée se tenait maintenant bien droit, les mains serrées, nimbées de son feu immaculé.