La mort n’était jamais une fin en soi, et ça, Anges et Démons, vous étiez bien placés pour le savoir. Quand un Ange était tué, ce n’était que son enveloppe physique qui était annihilée. L’âme, immortelle, se retrouvait immédiatement dans les Cieux, dans de hautes tours, flottant dans le ciel, où le corps se reconstruisait. Le processus prenait bien quelques siècles, parfois, mais les Anges finissaient toujours par revenir. Les démons suivaient une logique similaire. Quand on tuait un démon, on le renvoyait en Enfer, où il revenait à la vie, néanmoins sous une forme différente, affaiblie… En ce sens, vous partagiez un point commun avec vos éternels antagonistes, car, comme eux, un Ange tué ne revenait jamais à la vie exactement comme auparavant. Dans tous les cas de figure, la mort restait une expérience traumatisante, et, tout en affrontant ces démons, tu te jurais de ne pas faire subir ce même sort à Cupidon.
S’en prendre à elle était un coup bas de la part de Flagg, mais qui n’aurait, en réalité, guère dû te surprendre. Tu traquais ce magicien depuis des siècles, au bas mot, et, à chaque fois, sa malice et sa ruse lui permettaient de te glisser entre les doigts. C’était un mage aussi cruel que puissant. Un expert en magie, véritable virtuose, maîtrisant d’innombrables arcanes. Il avait fait des sectes à son effigie, des cultes entiers, ne laissant que désolation et souffrance derrière son sillage.
« Tuez l’Ange ! beugla un démon en balançant une nouvelle ligne de feu depuis sa bouche, droit vers toi.
- Vous avez enlevé Cupidon ! tempêtas-tu. C’est une violation du Pacte ! Rendez-là moi ! »
Tu tendis la main vers la langue de feu, et les flammes s’écartèrent devant tes doigts, évitant ta silhouette… Cependant, un autre démon avait profité de ce mur de feu pour foncer à travers les flammes, et, quand ces dernières se rompirent, une main noirâtre et griffue te saisit à la gorge, tandis qu’une force herculéenne te poussait vers l’arrière. Tu heurtas le mur, poussée par un démon noirâtre avec des ailes de chauve-souris et des pattes en forme de bouc. Ses yeux meurtriers te fixaient, et tu laissas la magie s’emparer de toi, ton corps devenant aussi brûlant qu’un soleil. Une odeur de brûlé s’échappa des doigts du démon, qui hurla de douleur, puis tu le repoussas, l’envoyant rebondir sur le sol, ce dernier se tenant sa main endolorie.
Dans ta main, ta hallebarde se matérialisa, et tu fondis sur ce démon noir, poussant un hurlement rageur en transperçant son dos de ton arme céleste.
« HAAAAAAAAAAAAAAAA… !! »
Un beuglement traversa les lèvres du démon moribond, et un autre bondit vers toi. Tu t’envolas d’un coup, évitant sa charge… Lorsqu’une langue visqueuse te saisit au genou, t’envoyant t’écraser lourdement sur le sol. Le propriétaire de cette langue était un autre des démons restants. Sans plus attendre, tes doigts se tournèrent vers le démon tenant cette langue corrosive à la salive acide, et tu envoyas des traits magiques qui le frappèrent au visage, avant d’exploser, transformant sa tête en un geyser de sang.
De ton côté, ta cheville présentait maintenant quelques plaies sinistres, ta peau ayant fondu par endroits. Rien de bien grave, tu cicatriserais rapidement. Entre-temps, le démon rouge qui crachait du feu te cibla à nouveau, preuve qu’il n’était pas très intelligent, balançant toutefois, non pas une langue de feu, mais une boule de feu. Ce coup-ci, tu ne pouvais l’esquiver, et tu choisis donc de partir sur le côté, évitant la déflagration, pour décapiter le démon.
Il n’en restait maintenant plus qu’un, et tu te retournas vers lui.
« Où est Cupidon ? Parle, et j’abrègerai tes souffrances !
- HUUUUAAAAARRRGGGHHHH… !! »
Tu soupiras lentement. Le démon courut vers toi à toute allure, tu t’élanças vers lui, et enfonças ta hallebarde dans son ventre, te tenant sous lui, un genou sur le sol, serrant les dents en sentant la masse épaisse du démon s’enfoncer sur ton arme. Grognant sous l’effort, tu réussis à le renverser, et envoyas sa carcasse se coucher sur le sol.
C’est là que tu avais réalisé l’embarras de ta situation. Aucune information sur Cupidon, rien de bon à en tirer. Tu avais massacré plusieurs démons, sans aucun succès apparent, et, alors que tu commençais à reprendre ton souffle, tes plaies cicatrisant sous l’effet de la magie, ton regard se portait autour de toi, cherchant quelque chose à exploiter.
Le Chevalier Infernal finit par revenir, et te demanda si tu avais des nouvelles de ton amie.
« Non. »
Réponse courte, mais l’Ange de la Pureté n’avait guère envie de sympathiser avec lui.
« Tuer cette pauvre Beast était vraiment… Déplaisant, glissa alors la voix sardonique de Flagg, venant du décor.
- Ramène Cupidon !
- Allons, allons, Yehaël, tu es donc si pressée que ça de quitter l’Enfer ? Surtout que tu t’es fait un nouvel ami, je m’en voudrais de précipiter la fin de cette fructueuse et naissante amitié !
- Va te faire foutre ! grognas-tu.
- Ah, la douceur si angélique de ta verve, Yehaël… Je ne m’en lasserais jamais, vraiment. »
Tu grognas encore sur place.
« Arrête avec tes petits jeux, Flagg ! Libère Cupidon !
- Mais je ne demande que ça ! Vous avez vaincu Beast, et vous avez hérité de votre première clef pour pouvoir libérer votre amie. Si vous voulez la retrouver, il vous suffit de rejoindre le miroir. »
Flagg disparut alors, mais, au fond du hall, une porte s’ouvrit dans un grincement. Elle conduisait sur une petite pièce, avec un miroir de téléportation en son sein, qui venait de s’actionner, diffusant une lueur orangée…
Menant vers une autre partie de l’Enfer.