Pour le plaisir. [PV Naysha]

Mitsuko, après avoir passé une journée épuisante en cours, tomba sur son lit dès qu'elle fut entrée dans sa chambre. Réfléchissant à haute voix, elle se dit que la fatigue ne l'empêcherait certainement pas de s'amuser ce soir. Elle n'aurait qu'à aller dans un endroit reposant, et à boire de la boisson énergisante. Beaucoup de boisson énergisante. Elle passa tout de même un bon moment dans sa chambre, se relaxant avant de repartir, pensant du même coup à ce qu'elle voudrait faire. Elle pensa soudainement au club "Pour le plaisir", dont elle avait eu vent en entendant des élèves en parler dans les couloirs.

Elle se remaquilla et enfila des shorts ainsi qu'un débardeur au décolleté plongeant rouge. Elle voulait être séduisante ce soir, ne serait-ce que pour elle-même. Elle prit donc le bus, coincée entre deux garçons de son âge qui semblaient envieux en jetant des coups d'oeil insistants et peu subtils dans son décolleté. Quelle ne fut pas son soulagement lorsqu'elle sortit du véhicule, c'est à dire vers les dix heures. Il était lourd de se faire reluquer par des jeunes hommes vulgaires qui ne cherchaient qu'une bonne paire de seins pour s'exciter comme des imbéciles inexpérimentés.

L'endroit était éclairé de lumières rouges et tamisées, et Mitsuko dut passer au travers d'une horde de fumeurs de 50 ans avant de s'engager dans l'escalier qui la mènerait à un club où sexe et alcool étaient bénis. Elle s'avança timidement dans la foule, pour mieux voir le spectacle qui s'offrait à elle; des femmes se déshabillaient et se déhanchaient pour le vouloir des hommes en manque. En observant la foule, la jeune fille se rendit bien compte qu'elle était une des seules femmes parmi la majorité masculine. Elle posa son regard sur la danseuse qui était sur scène; une brune au visage plutôt laid et aux dents pas droites du tout. Il n'y avait aucune sensualité dans ses mouvements, que des tétons pointus et de la sueur, et du maquillage en quantité excessive. Mitsuko n'était pas du tout satisfaite.

La brune finit par retourner dans l'arrière scène, presque complètement nue, sous les acclamations inutiles et incompréhensibles des hommes qui ne voulaient que ça. La jeune japonaise se foutait de tout ça, elle voulait quelque chose de plus. Une autre femme s'avança sur la scène. Une femme aux cheveux rouges, vêtue de sous-vêtements noirs assortis. Quelque chose se dégageait d'elle, quelque chose qui n'était pas vulgaire mais plutôt magique et différent. Mitsuko, émerveillée, poussa encore quelques personnes pour mieux observer le spectacle charmant de la danseuse. Son regard admiratif prit encore plus d'ampleur quand elle réalisa que sa danse à elle était beaucoup plus lascive et sensuelle que la précédente.

La lycéenne qu’était Naysha avait fini les cours tôt aujourd’hui, 14h30, elle était libre, grâce à un prof malade, il semblerait. Peu importait la raison, la jeune femme à la chevelure sanguine allait en profiter pour se faire un peu d’argent, comme souvent. Elle quitta le lycée et prit le bus pour rentrer chez elle, comme tous les jours. L’horaire était toutefois inhabituel, il n’y avait pas que des élèves ou presque, tout ça pour en arriver au fait qu’elle s’est retrouvée très proche, trop proche, d’un pervers, qui s’est amusé quelques instants avec Naysha, qui se laissa faire tout simplement : il était plutôt mignon, et pas trop brusque et violent, mais déjà, il fallait quitter le bus, et elle restera frustrée, pour le moment, de ce petit passage agréable de sa journée.

Après s’être douchée, et surtout changée, la jeune femme s’était rendue au club, bien plus sereine, la douche n’avait pas vu couler que de l’eau, ce qui l’avait pleinement détendue. L’arrivée au club fut des plus conventionnelle, pour l’heure trop avancée : il n’était pas encore ouvert. Elle avait rejoint l’équipe de la soirée, et acheva la mise en place, aidée d’une nouvelle venue. Ca tombait bien cette histoire de prof malade, la soirée était spéciale, on pouvait y danser de façon plus aisée qu’à l’accoutumée.

La soirée avança dans l’atmosphère propre au lieu, la température montant au fil des danses, des tournées, des passages de ces demoiselles sous une table ou l’autre, de l’occupation augmentant des alcôves plus privées, des danses qui se succédaient… puis ce fut à son tour à elle. La danseuse qui finissait son numéro était peu intéressante, et elle avait senti dans la salle quelques râles de mécontentement, et elle allait récupérer la situation, pour la deuxième fois déjà.

C’est une jeune femme en sous-vêtements très courts, partiellement transparents, noirs, qui s’est présentée proche de la barre, avec son sourire doux et cette étincelle dans le regard, puis la musique reprit, et la danse débuta. Tous les râles se turent, une bonne partie des clients, et du personnel, fixa la sulfureuse rouquine, qui semblait mettre un terme au mauvais passage de la femme qui l’avait précédée.

Quelques minutes plus tard, elle délaissa la scène qui resta vide, personne ne sembla oser passer après elle, et elle se rendit au bar. Elle avait une petite soif et une limonade lui ferait du bien… les spot au-dessus de la scène chauffent horriblement, et la demoiselle était couverte de sueur. Elle récupérait doucement de sa prestation, sirotant sa boisson, en discutant avec une serveuse, dans la même tenue que celle qu’elle avait arboré quelques minutes plus tôt.

La danseuse que Mitsuko admirait déjà depuis quelques instants se retira. La jeune japonaise tenta si bien que mal de suivre la femme des yeux, mais les murs trop fermés de l'arrière-scène l'en empêchèrent. Aucune autre danseuse n'osa pointer leur nez -ou autre chose- après l'érotique artiste qui venait de se présenter, ce que l'étudiante comprit tout à fait puisque personne ne serait probablement à sa hauteur. Époustouflée, Mitsuko s'apprêta déjà à rentrer au lycée. Elle fit volte-face, remarquant avec dépit quelques hommes beaucoup trop vieux et gros qui regardaient avec nostalgie sa poitrine généreuse. Tentant de les ignorer, elle se fraya un chemin parmi la foule affamée, jusqu'à arriver au bar où elle comptait acheter une bouteille d'eau avant de partir.

Arrivée au comptoir, elle tourna la tête pour discrètement observer les gens autour d'elle, comme elle aimait bien le faire dans de tels endroits. Elle vit alors la danseuse de tout à l'heure, rayonnante. De près, Mitsuko pouvait même affirmer que le visage de la femme était aussi parfait que son corps. Un instant médusée par la présence étrange de la créature de rêve, elle finit par balbutier quelques compliments.

Vous êtes vraiment douée. Il y a ce petit quelque chose en vous, qui vous différencie des autres...C'est magique. Vous êtes vraiment talentueuse.

Mitsuko se sentit aussi sale qu'affreuse de complimenter autant quelqu'un, ce n'était pas son genre. Les mots étaient sincères, mais ça ne paraissait pas autant qu'elle ne l'aurait voulu. Elle commanda donc sa bouteille d'eau, comme si de rien était. Seulement, maintenant, la jeune japonaise n'avait plus du tout le goût de rentrer dans son dortoir.

Naysha était toujours en pleine conversation, dans le brouhaha normal du lieu, avec une autre serveuse. Elle entendit un compliment, même plusieurs, qui lui étaient sans doute offerts à elle, au vu de sa prestation récente…

Elle acheva sa discussion, la serveuse allant justement chercher la bouteille d’eau que l’inconnue qui venait de complimenter la rouquine sulfureuse avait commandée. La lycéenne sourit à cette inconnue, dont elle détailla brièvement le haut – le reste étant caché par le bar – et elle lui répondit, tout aussi sincère, douce, et sans doute touchée par les mots que Mitsuko lui avait adressés.

-   Je vous remercie, mais je suis certaine que vous vous débrouillez bien vous aussi !

Large sourire doux pour cette belle inconnue, que Naysha regardait, oubliant un peu qu’elle fût là pour travailler, comme quoi, être la fille des patrons, ça a ses avantages !

La jolie danseuse sourit largement et répondit à Mitsuko qu'elle devait se débrouiller assez bien, elle aussi. La japonaise, gênée sous les lumières rouges, répondit en regardant le comptoir.

Je n'ai jamais essayé...

Elle eut un petit rire nerveux, quelque peu intimidée par l'énergie royale que dégageait Naysha. Elle fut bien heureuse de recevoir sa bouteille d'eau minérale; cela briserait quelque peu le silence. De plus, elle avait eu extrêmement chaud, pressée par la foule d'hommes affamés sous les lumières torrides. Elle tira une longue gorgée du précieux liquide, hésita visiblement, puis fit à la danseuse une proposition qui lui brûlait les lèvres depuis quelques instants.

Est-ce qu'on pourrait aller...discuter quelque part ? Si vous le voulez, bien sûr.

Elle sourit sincèrement à la femme pulpeuse qui se tenait fièrement devant elle.

Naysha rit doucement en même temps que la jeune noiraude, qu’elle sentait un peu mal à son aise quand même. La rouquine savait très bien que l’endroit était plutôt particulier, et que tout le monde, et surtout les jolies demoiselles, pouvaient y être un peu  gênées parfois, après tout, la plupart des mecs venaient tout de même ici pour tenter de tirer un coup, comme on dit familièrement.

Naysha souriait toujours, elle ne pouvait ignorer les nombreux regards qui s’étaient posés sur elle, comme bien souvent, mais elle les ignorait presque tous, la seule qui avait en ce moment son attention venait de lui demander d’aller discuter ailleurs. La jeune femme parcouru la salle du regard, et eu un sourire plus marqué en apercevant les hôtesses de services plutôt occupées pour la plupart, on ne voyait que leurs fessier, et pour la plupart, leur intimité par certains jeux de lumière : il y en avait plusieurs sous une table ou une autre, mais il y avait apparemment assez de personnel disponible pour le moment encore.

-   Venez, suivez-moi.

Naysha ne prit pas la peine de dire autre chose. Elle prit une vodka-orange déjà entamée qui était sur le bar, du côté du personnel, et après un petit sourire à Mitsuko, l’invita à la suivre d’un geste de la main, et elle se rendit devant l’un des nombreux rideaux fermés.

Elle le tira, gracieusement, puis ouvrit et poussa la porte que l’étoffe cachait, puis elle se posta contre la portée, laissant à la jolie noiraude l’honneur de passer la première.