[FINI] La Morsure du Roi [Shad Hoshisora]

« Nous en parlerons plus tard ! » s’exclama subitement l’Okami à l’adresse d’Aoife.

Car oui, pour le moment, il y’avait des sujets bien plus urgents à régler qu’une petite discussion explicative. Et il ne s’agissait ni plus ni moins que quelques arachniste à combattre. L’un d’entre eux, sans doute celui qui serait ramené au repaire pour analyse avait déjà été assommé par Scybilla, il ne restait plus à présent que ses compères à combattre.  Pivotant sur elle-même, la Lycane envoya une langue de feu qui brûla l’un de ses assaillants le forçant à reculer. Contrairement à Scybilla, elle ne possédait pas de bouclier, la prudence serait donc de rigueur. D’autres arcs électriques vinrent frapper un adversaire qui tentait de l’attaquer par surprise dans son angle mort, hochant la tête en guise de remerciement rapide envers la sorcière, la Louve se retourna vers Aoife, lui désignant l’arachniste au sol qui semblait reprendre peu à peu ses esprits :

« Assures toi qu’il ne se relève pas mais qui reste en vie ! »

Trois sphères enflammées surgirent des mains de la Terranide filant tels des missiles vers un arachniste au plafond le forçant à lâcher prise et à descendre.  Cinq…Il en restait cinq à tuer et au vue de la puissance de la première sorcière de Koldoue, ils ne risquaient pas de faire long feu. D’autant plus que la Louve comptait bien les massacrer également, une sorte de vengeance personnelle…et de défouloir et puis elles n’avaient pas de temps à perdre !  Ce ne fut donc plus la Terranide qui se trouvait debout la seconde suivante mais une lycanthrope au pelage d’ébène ornée de symboles rougeoyant, deux cornes cramoisies ornant le sommet de son crâne.  Cherchant du regard son premier adversaire, la Lycane fonça sur lui, des flammes entourant ses pattes munies de griffes acérées et le mettant au sol, elle se mit tout simplement à le frapper…Encore et encore, lacérant ses chairs et le brûlant par la même occasion.

Ce fut comme si elle était rentrée dans une rage sanguinaire, le sang et les tripes de son adversaire se répandant sur le sol humide des égouts. Et cette fois, elle s’assura de brûler entièrement le corps, ne voulant pas réitérer l’expérience de l’araignée géante qui attaquait par surprise. Délaissant le corps devenu tas de cendre, la Lycanthrope se rua vers un autre adversaire, lui prévoyant le même sort. Les fils de soie furent soient évités, soient brûlés et tandis qu’elle apercevait un autre arachniste tomber sous la puissante magie de Scybilla, ses griffes se plantèrent dans le ventre du suivant, l’ouvrant et laissant dégouliner les tripes sur le sol. Il allait sans dire que les arachnistes restant ne résistèrent pas bien longtemps face aux deux femmes qui s’assurèrent qui ne se relèveraient pas. Reprenant une apparence plus humaine, l’Okami alla rejoindre Aoife, s’assurant que leur captif était encore dans les pommes.

« Médonée et Elise sont en sécurité et ..Scybilla ici présente a accepté de m’aider à te retrouver.  Nous ferions mieux de partir avant que d’autres Arachnistes ne rapplique. Je répondrais à tes questions une fois que tu auras été soigné et que tu auras repris des forces mais je peux déjà te dire que..Nous allons avoir besoin de toi Aoife pour combattre Charlotte et White Elise. »

Puis, agrippant l’arachniste pour le soulever, elle se tourna vers Scybilla afin qu’elle les ramène au repaire.  Une fois sur place, elle laissa le cultiste aux «  soins » des sorcières et accompagna Aoife lors de sa guérison, se tenant prête à répondre au mieux aux questions qu’elle pourrait lui poser. D’un autre côté, la Louve espérait que le fait qu’elle se retrouve dans un antre de sorcière en tant que chevalier de Nexus ne risquait pas de lui donner des sueurs froides. Elle n’était pas réellement sûr du « lien » qui les unissaient.

« ...Alors, voilà où nous en sommes. »

La Reine déchue marchait lentement, devant une table ronde située dans l’une des pièces du refuge de Scybilla, et résumait les derniers évènements de son histoire. Une étape nécessaire, pour faire le point sur leur situation actuelle, et envisager leur réponse. Les derniers rapports de l’armée étaient peu encourageants. White Elise marchait sur Koldoue, et le Roi avait réuni les États Généraux, une assemblée extraordinaire consistant à réunir tous les décideurs politiques du royaume, à savoir les représentants de la noblesse, du clergé, et de l’aristocratie. Le sujet était grave, car le Roi allait demander aux États Généraux de déclarer que le pays était en état de siège, et conférer, en conséquence, les pouvoirs absolus au Roi, qui pourrait ensuite enrôler de multiples serfs pour rejoindre l’armée.

Une certaine effervescence commençait maintenant à régner dans les rues de Koldoue. Les réfugiés étaient de plus en plus nombreux, et venaient spontanément rejoindre l’armée. Malheureusement, dans l’opinion populaire, un lien avait commencé à se dresser entre les Arachnistes et les sorcières, de telle sorte que, pour parvenir à empêcher le peuple de se retourner contre le pouvoir, les autorités publiques avaient accusé les sorcières d’avoir pactisé avec les Arachnistes. Un bouc-émissaire idéal, mais qui compliquait la tâche de Scybilla. Un climat particulièrement délétère et explosif était en train de s’installer dans la ville, sur fond de fanatisme religieux larvé, au fur et à mesure que les rumeurs du champ de bataille, toutes plus horribles les unes que les autres, se répandaient.

« J’ai cru pendant longtemps que mon pouvoir venait du fait que j’avais été mordue par une araignée formienne, mais il semblerait que je n’ai été qu’un cobaye... Une femme mordue par une araignée appartenant à une entité maléfique très puissante, le Roi Cramoisi.
 -  La nature exacte du Roi Cramoisi n’est pas encore très claire, intervint Scybilla. Ce que nous savons de lui, c’est qu’il est un individu très puissant, qui inquiète grandement ma Déesse, Sha. Il se trouve au bout du monde, au-delà de l’Empire d’Ashnard, dans son château, le Casse-roi russe.
 -  J’ai eu affaire à ses séides une fois, en compagnie de Shad. Nous avions affronté Brahmin, un mercenaire qui avait rejoint l’Affiliation, le bras armé de la Monarchie de la Rose, l’organisation qui est dirigée par le Roi Cramoisi. L’Affiliation est un conglomérat de milices et de hordes criminelles diverses et variées qui ont rejoint l’autorité commune de la Monarchie. »

Aoife hocha lentement la tête. Rétablie, elle avait eu le temps de se remettre sur pied.  Depuis plusieurs jours, elle poursuivait l’entraînement, pendant que Scybilla organisait une sorte de mouvement de résistance, luttant contre l’insécurité croissante.

« Enfin, pour en revenir à mon histoire, le Roi Cramoisi a créé un clone de moi, qui a réussi à s’emparer de mes araignées, de mon royaume. Elle a augmenté considérablement le nombre d’araignées, et a étendu mes terres. J’ai été prise en traître, et j’ai dû fuir de ma forêt, grièvement blessée.
 -  J’ai sauvé ma Reine, expliqua Médonée. White Elise est apparue un beau jour, et nous n’avions aucune raison de nous méfier d’elle. Elle a expliqué à ma Reine être sa sœur, et l’a poignardé. Le corps de ma Reine est tombée dans une rivière, et White Elise en a profité pour prendre le contrôle. J’ai aidé ma Reine à s’échapper, mais les Arachnistes m’ont rattrapé, et je me suis sacrifiée pour les retenir, et permettre à ma Reine de s’enfuir.
 -  Et je t’en remercie, Médonée. »

Scybilla avait décidé de réunir tout le monde pour envisager la suite. Élise leur avait expliqué sa situation, et Médonée poursuivit.

« Ce sont les Hamleigh qui m’ont amené ici, et qui nous ont poursuivi. Je suis convaincue que William Hamleigh est de mèche avec le Roi Cramoisi.
 -  L’influence de cette famille est grandissante à Koldoue, soupira Scybilla. En quelques jours, leurs gardes ont pu rétablir l’ordre dans de nombreux quartiers, et ont le soutien des pouvoirs publics.
 -  Hamleigh a toujours été un ennemi. »

Leur stratégie était en train de s’affiner, et de s’orienter vers les Hamleigh. Aoife se retourna vers Shad, assise à côté d’elle.

« Tu as déjà affronté le Roi Cramoisi et ses séides à plusieurs reprises, Shad. Ton avis peut nous éclairer. Qu’en penses-tu ? »

Présente pendant l’assemblée, la Lycane avait écouté chacune des parties, restant cependant en retrait aux côtés d’Aoife. Elle avait plus tendance à agir, à suivre des directives plutôt que d’en donner. Et au vue de la position hiérarchique d’Elise et de Scybilla, elle avait préféré les laisser prendre les décisions, tel un conseil de guerre.  Tenant une petite sphère rougeoyante, la Louve la faisait passer d’une main à l’autre sans bruit, réfléchissant à tout ce qui venait d’être dit. Les choses s’étaient accélérées depuis quelques jours et toute la ville de Koldoue était en effervescence. Notamment pour deux choses : la préparation à la guerre et la chasse aux sorcières. Il était devenu ardue de se déplacer en ville sans faire front à quelques fanatiques qui poursuivaient sans réfléchir ceux qui pensaient être les vrais alliés des Arachnistes. Alors que la vérité était tout autre. Les fameux alliés étaient présents dans la ville de Koldoue, se déplaçant en toute impunité, servant la famille des Hamleight.  Lorsque Aoife se retourna pour demander l’avis de la Terranide, cette dernière stoppa le mouvement de la sphère entre ses mains et se mis à tapoter dessus avec l’index et le majeur, réfléchissant :

« Attaquer les gardes servant les Hamleight à présent serait que pure folie. Nous savons ou du moins nous supposons qu’ils servent le Roi Cramoisi et nous pouvons donc supposer que leur présence dans les rues de la cité ne sera pas réellement faite pour sa défense. Lorsque White Elise attaquera Koldoue, ils lui permettront un accès plus facile en éliminant la milice locale et les quelques gardes qui ne sont pas sous leur bannière. »

Ce n’était là qu’une supposition, mais avec tous les éléments qu’ils possédaient, peut –être était-ce la déduction la plus logique ? Malheureusement la plupart des gardes de la ville était affilés aux Hamleight ce qui ne laissaient que très peu d’alliés potentiels au niveau des autres hommes. Cependant ce n’était pas là le seul point noir de la ville et la Lycane reprit rapidement :

« Outre les gardes d’Hamleight nous avons aussi Charlotte et ses Arachistes et je doute qu’elle reste tranquillement à ne rien faire en observant White Elise arriver avec son armée d’araignée…Nous avions été dans leur repaire Médonée et moi-même, nous savons où il se trouve, le frapper au moment opportun serait  peut-être une option à envisager afin de créer un certain chaos dans leur troupes…quant aux gardes, malheureusement à part attendre le dernier instant afin d’éviter qu’ils n’ouvrent la voie à notre ennemie…Je ne vois pas d’autres instants. »

Il fallait penser sur plusieurs fronts à la fois. Chercher comment gérer l’attaque de White Elise, la rébellion des gardes et    l’offensive de Charlotte et ses acolytes. Se tournant vers Scybilla, la Lycane demanda :

« Qu’en est-il de l’arachniste que nous avons capturé ? Avons-nous réussi à trouver un moyen pour permettre à Elise de reprendre le contrôle sur ses araignées ? »

Si Elise parvenait à reprendre le contrôle de ses sujets, la situation serait déjà bien désastreuse. Elle avait donné son avis mais au fond d’elle-même la Louve savait qu’elle n’avait pas réellement fait avancer la problématique, elle soupira :

« Mise à part nous diviser en plusieurs groupes pour frapper à divers endroits différents au bon endroit, je ne sais pas quoi proposer pour contrer White Elise. Je ne suis pas très douée pour ce genre de réflexion,  Et ce n’est pas le fait que j’ai déjà affronté le Roi Cramoisi et ses séides qui  apportent une nette différence – elle regarda Aoife – tu fais partie de la garde de Nexus…la guerre et les batailles doivent faire partie de ton quotidien, n’as-tu rien à proposer également ? »                                    

« La magie du Roi Cramoisi est aussi rare que puissante, concéda Scybilla. Nous continuons à étudier l’Arachniste, mais les choses sont compliquées. Pour l’heure, nous sommes toujours en train de travailler avec nos alchimistes pour trouver une solution.
 -  Autrement dit, résuma Élise, mes phéromones n’arrivent pas à influencer notre prisonnier. »

Pas d’évolutions notables de ce côté, ce qui n’était pas surprenant. On parlait après tout du Roi Cramoisi, dont le sang était l’un des éléments magiques les plus puissants du monde. Manipuler les toxines émanant du Roi n’était donc pas chose aisée, même malgré les talents légendaires de Scybilla. La puissante sorcière ne perdait toutefois pas espoir, même si la situation devenait de plus en plus critique. À la surface, les membres du culte affrontaient les fanatiques et les miliciens des Hamleigh, tandis que, sous terre, elles étaient confrontées aux forces de Charlotte.

Certes, Scybilla connaissait le manoir abandonné où Charlotte s’était réfugiée, mais, pour autant, un assaut était difficile. Chaque jour, Charlotte et ses séides capturaient des réfugiés désespérés. Une véritable guerre secrète se déroulait dans les égouts entre les sorcières et les Arachnistes, car Charlotte assurait le transit des réfugiés, prêts à tout pour se dissimuler derrière les murs de Koldoue. Chaque jour, il y avait des émeutes et des rixes dans les tentes le long du lac, les gens étant terrorisés à l’idée d’être massacrés par les araignées de White Elise. Certains avaient même tenté de traverser à la nage le lac, mais sans succès. Scybilla tentait de secourir les réfugiés des griffes de Charlotte, car chaque réfugié perdu devenait un Arachniste.

Scybilla n’avait tout simplement pas les moyens d’attaquer Charlotte. La situation devenait de plus en plus critique, et la menace grandissante du Roi Cramoisi provoquait de multiples interférences magiques, qui faisait que le sabbat de Koldoue avait du mal à contacter les autres communautés de sorcières.

Aoife récupéra la parole, et s’exprima rapidement :

« La situation est critique. Il me semble évident qu’Hamleigh et Charlotte sont de connivence, et que nous ne pouvons pas mener une guerre sur deux fronts.
 -  En effet.
 -  Je pense que nous avons besoin d’alliés, et que nous devrions nous retourner vers les pouvoirs civils, et...
 -  Les pouvoirs publics ne m’ont jamais aidé ! Ils nous vendront aux Hamleigh sans même réfléchir !
 -  ...Et obtenir leur appui pour détruire les Hamleigh, compléta Aoife. Pour ça, nous devons réunir des preuves sur la complicité entre les Hamleigh et les Arachnistes. »

Scybilla restait assez sceptique.

« Je partage l’avis de Scybilla, les pouvoirs publics n’ont toujours fait que me mettre des bâtons dans les roues, et m’ont diabolisé. Pour autant... Je ne vois pas d’autres options. Nous ne pouvons pas tenir par nous-mêmes, et, chaque jour qui passe, l’armée de White Elise se rapproche. Si une guerre civile éclate à Koldoue, alors tout espoir sera perdu.
 -  Peu importe nos preuves, ils ne nous croiront jamais. Ils brûlent les miennes dehors ! Hamleigh bénéficie de leur soutien ! Les juges qui autorisent les bûchers n’ont même pas besoin d’être corrompus, le Roi a besoin d’un bouc-émissaire, et il l’a trouvé avec nous, comme à chaque fois ! »

La sorcière ne faisait qu’exprimer un fait historiquement avéré. Aoife, néanmoins, n’avait pas dit son dernier mot, et reprit :

« Je suis un chevalier de Nexus, je parlerais, et je t’accorderai le crédit dont tu as besoin. Je leur ferais comprendre que Koldoue ne recevra aucun renfort nexusien s’ils continuent à massacrer des innocents.
 -  Comme si ça suffira...
 -  Nous n’avons malheureusement aucune autre alternative. »

Plusieurs secondes passèrent, tandis que chacun semblait méditer ce plan.

« Je vais devoir me rendre auprès de mon ambassade, et tenter de réunir le plus de nobles possibles pour affronter Hamleigh.
 -  Je connais les Hamleigh, j’infiltrerai leur manoir pour trouver des preuves.
 -  Shad, tu devrais y aller, toi aussi. Avec ton flair et ta magie, tu seras d’une aide précieuse.
 -  À moins que tu ne veuilles affronter des nuées de diplomates avec moi ? Tu as déjà affronté les séides du Roi Cramoisi, ton témoignage pourrait être précieux. »

Autrement dit, il allait falloir que Shad choisisse.

Suivre Élise, ou suivre Aoife ?

Le regard de la Louve passait à la fois d’Elise à Aoife et un long soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Pourquoi fallait-elle qu’elle fasse un choix ? Ne pouvait-on pas simplement lui dire où aller et qui accompagner ? Chacune des voies à emprunter avait son importance ainsi que ses propres risques. Il ne restait plus qu’à savoir laquelle serait celle à privilégier et où elle pourra réellement apporter le plus de soutiens possibles. En d’autres termes, l’Okami devait connaître parfaitement ses limites. Elle se tourna d’abord vers Elise.

« Infiltrer une demeure, ce ne sera pas la première fois que je le fais et je pourrais bien sûr t’aider à te fournir des preuves dont tu cherches. Mais mon flair ne te servira à rien si c’est d’objet que tu parles. Je traque les êtres vivants, pas les choses inertes et sans vie…Cependant on peut déjà supposer qu’au vue des évènements, la sécurité du manoir risque d’être renforcée. Y rentrer en toute discrétion et trouver ce que l’on cherche ne sera pas à une simple affaire et le moindre faux pas pourra s’avérer fatal. Il nous faudra prévoir des moyens de replis en cas de derniers recours et espérer que les hommes servant les Hamleight ne portent pas sur eux des amulettes anti-magie… »

Cette histoire d’infiltration lui rappela soudainement l’épisode du manoir de Mandus. Elle y était aussi rentrée par effraction. Réitérer l’expérience ne serait donc pas impossible. Il ne restait maintenant plus qu’à voir pour la proposition d’Aoife. Réfléchissant quelques secondes, la Lycane fini par reprendre la parole :

« Pour ce qui est de ton ambassade, tu oublies un problème Aoife. Ma race. Bien que nous soyons sur le territoire de Nexus, je risque de ne pas avoir de crédibilité. Cependant…Si dans le conseil résidant à l’ambassade il est possible d’avoir la présence d’Adamante…Alors oui, oui je pourrais avoir voix au chapitre.  De plus,  tu connais déjà les confrontations que j’ai eu avec les séides du Roi Cramoisi, je ne doute pas que tu seras en mesure de les retranscrire… »

Croisant les bras, tapotant de l’index et du majeure sur ses avant-bras, la Lycane pesait le pour et le contre, réfléchissant à la meilleure place  où elle devrait se trouver d’ici quelques heures.  Glissant son regard vers Scybillia, elle eut soudainement une autre idée, farfelue mais rien ne l’empêchait de demander si un tel fait était possible. Il devait l’être vu le niveau de la sorcière.

« A moins…Que l’on puisse me dédoubler. Je pourrais ainsi vous aider toutes les deux sinon…d’après ta réponse Aoife, je te suivrais ou j’accompagnerais Elise. »

En d’autres termes, l’Okami devait être sûre de pouvoir se faire entendre pour accompagner le chevalier de Nexus si la proposition de dédoublement n’était pas possible à réaliser.

« On ne va pas te dédoubler. »

Certes, il était possible de créer des clones, mais Scybilla ne pensait pas que ce serait une bonne idée. Un clone magique avait ses propres spécificités, et, plus il était éloigné du corps d’origine, plus il devenait instable. L’idée était donc dangereuse, et fut rapidement rejetée. Le choix, en tout cas, semblait plutôt évident, suite aux derniers éléments fournis par Shad. Aoife et Élise se regardèrent brièvement, comme pour avoir confirmation de ce qu’elles pensaient l’une et l’autre.

« Ce qui compte, c’est ton flair pour éviter les gardes, Shad. Pour le reste, je m’en occupe.
 -  Il vous faut trouver des éléments qui impliquent les Hamleigh. Je ne pense pas que vous trouverez des ordres de missions, mais des runes, ce genre de choses...
 -  Oh, si les Hamleigh font partie d’un plan ambitieux visant à déstabiliser le pouvoir, je gage que nous pourrions trouver des éléments matériels.
 -  De mon côté, je préparerai le terrain auprès des nobles, et vais surtout essayer d’amener davantage de Nexusiens pour maintenir l’ordre. Il faut lutter contre la mainmise des Hamleigh dans la ville. »

Scybilla resta silencieuse. Pour elle, elle avait surtout l’impression d’aller de Charybde en Scylla. À Nexus aussi, on pendait les sorcières, et la cité-État avait, de fait, connu ses époques de fanatisme religieux et de chasse aux sorcières. Pour autant, elle était suffisamment lucide pour savoir que leurs options étaient plutôt limitées. Néanmoins, elle n’avait pas encore dit son dernier mot.

« De mon côté, je vais demander de l’aide à ma Déesse. Sha a gagné en puissance, et nous viendra sûrement en aide.
 -  Voilà une aide qui nous serait bien précieuse. »

Sha était une Déesse, après tout. L’avoir dans son camp, c’était un atout conséquent, un soutien de poids. Élise se déplaça encore.

« Nous allons y aller cette nuit, Shad. On passera par les rues. Même s’il y a un couvre-feu, elles sont plus sûres que les égouts. »

Et puis, Élise ne supportait pas l’odeur des égouts. Son choix était donc arrêté, et il ne restait plus qu’à s’y plier.


Un couvre-feu avait été décrété sur Koldoue, et chaque individu surpris le soir était emmené au poste. De cette manière, il n’y avait plus que des patrouilles de gardes qui se promenaient librement dans les rues. Élise et Shad sortirent par une bouche d’égout, arrivant dans une impasse silencieuse, et s’approchèrent d’une ruelle qui montait.

« Le manoir des Hamleigh est à l’autre bout de la ville. Ton flair nous sera utile pour y aller, Shad. »

Élise, habituée à sa forêt, était assez désorientée ici, au milieu de tous ces immeubles et de tous ces murs. Elle avait le sentiment d’étouffer, d’être oppressée dans cette immense ville.

« Ma forêt me manque, Shad... Même si je suis heureuse de te revoir, j’aurais aimé que cela se fasse en d’autres circonstances. »

La Reine déchue s’avançait donc, tout en s’ouvrant à Shad, qu’elle estimait, après tout, être une amie...

« Crois moi, j’aurais aussi préférée te revoir dans ta forêt Elise…J’espère aussi qu’ils vont bien au Village des Toiles ainsi que tes…protégés. Mais ce n’est pas le lieu ni l’instant pour parler de cela. »

Non, leur déplacement se devait d’être silencieux et ce n’était pas en discutant du bon vieux temps que leur mission risquait d’aboutir à une réussite. Pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait à la Terranide, depuis qu’elle avait retrouvé Elise ainsi que Médonée les discussions ont majoritairement tournées autour de leurs ennemis actuels, de plan d’attaque ou de défense ou de stratégie en tout genre pour empêcher que Koldoue ne tombe entre les griffes de White Elise. Pas une seule fois, leur discussion ne fut plus …commune presque banale, une conversation qui permettait de souligner que tout se passait pour le mieux.  Levant la main pour indiquer à Elise de ne plus bouger, la Lycane attendit quelques instants mettant en branle ses sens, odorats comme l’ouïe pour être à l’affut de la venue de la moindre patrouille de garde. Et si elle avait intimé le silence à la Reine déchue ce fut pour une bonne raison. Une patrouille passa près de leur impasse, une bonne demi-dizaine de gardes portant le blason de la famille des Hamleight. L’Okami les suivit du regard et s’assura que la voie était libre avant de se diriger vers Elise.

« Je vais me transformer pour que tu puisses monter sur mon dos. Ainsi  je pourrais faire plus attentions aux patrouilles sans tenter de te prévenir par un quelconque moyen non verbal….Et au pire tes pattes d’araignées pourront nous servir pour nous mettre hors de leur portée. Et puis nous arriverons aussi plus rapidement à destination. »

Elle ne lui laissait pas réellement le choix, changeant de forme pour prendre une apparence plus animale, se couchant devant Elise afin qu’elle puisse s’installer sur son dos avant de se relever et d’humer l’air de sortes à  s’assurer qu’aucun garde n’était à une courte distance. Actuellement son flair fonctionnait comme une sorte de radar couvrant à chaque fois un rayon autour d’eux. Par chance, les seuls êtres vivants à part elles au dehors étaient les patrouilles, il n’était donc pas difficile de les détecter rapidement.

« On y va, n’hésite pas à me donner des petits coups sur les flancs si je dois changer rapidement de  direction. »

Sur ses mots, la Terranide entama sa course vers la demeure des Hamleight, s’arrêtant des fois brutalement pour se cacher dans les ombres à l’approche d’une patrouille, avançant avec prudence dans d’autres ruelles, écoutant les indications muettes d’Elise. Peu à peu, le duo finit par atteindre sa destination ou du moins à s’y rapprocher suffisamment. Le manoir des Hamleight était loin d’être désert et plusieurs tour de gardes étaient présent, ainsi que des guets surveillant une large zone autour de la propriété. Autant dire que leur approche même furtive ne risquait d’aboutir à des résultats concluants. Abaissant son museau vers une bouche d’égout,  la Lycane parla à voix basse :

« Je sais que tu n’as pas envie d’y aller mais…Je crois que nous n’avons pas le choix. A moins que tu veux quand même tenter par la surface ? Si tu as la moindre idée je suis à ton écoute. »

Shad prit sa forme animale, et Élise, de manière assez incongrue, grimpa sur elle. Elle posa ses mains sur sa fourrure, et résista à la tentation de se visualiser la scène. Une femme-araignée chevauchant une louve au pelage bleu et sombre dans les rues de la ville... Qui aurait cru qu’elle aurait un jour pu se retrouver dans une situation aussi exceptionnelle ? Élise laissa donc Shad les guider, utilisant son flair pour se dissimuler dans les ruelles, ou contourner les patrouilles. Koldoue était une grande ville, et assez ancienne, de sorte qu’il existait beaucoup de passages, d’ouvertures, de petites ruelles étroites et sinueuses permettant de traverser la ville discrètement.

Le duo rejoignit ainsi un quartier plus aéré, avec de grandes rues, abritant de belles demeures entourées par des clôtures, et avec des patrouilles de gardes circulant sur de grandes avenues. Élise, elle, se faisait au rythme que Shad lui imposait, mais fut malgré tout heureuse de poser à nouveau ses jambes sur le sol. Elle avait laissé la louve se guider elle-même, Élise étant en réalité encore plus perdue qu’elle dans cette ville.

« Sacrée demeure... »

Shad proposa de passer à nouveau par les égouts. Il y avait des gardes au rez-de-chaussée. Impossible de passer par là, mais Élise avait encore une autre piste, et releva la tête, observant le toit de la demeure. La résidence des Hamleigh était un grand manoir en forme de L, avec un jardin intérieur où des gardes se promenaient également.

« Les égouts doivent être sécurisés, eux aussi... Cette fois, Shad, ça va être à moi de te porter. »

Élise désigna le toit, pour lui faire comprendre ce qu’elle comptait faire. Après tout, si Shad avait des pouvoirs lycanthropes, Élise, elle, avait des pouvoirs arachnéens. Elle attendit donc que Shad enroule ses bras autour de son cou, puis bondit par-dessus la grille. Elle atterrit ainsi dans l’herbe, devant l’un des murs de la maison, et usa de ses pattes arachnéennes pour s’accrocher à cette dernière. Ce faisant, Élise grimpa ensuite, et rejoignit, au bout de quelques minutes, le toit de la demeure.

Il y avait, là aussi, quelques sentinelles, et le toit, assez long, se composait de cheminées et de pentes triangulaires.

« Ils ne sont pas très nombreux... On devrait pouvoir les neutraliser tranquillement, et nous infiltrer ensuite. »

Levant le regard vers le toit que désignait Elise, la Lycane n’eut guère de souci pour comprendre où elle voulait en venir. Il était vrai que les obstacles tels que les murs n’étaient pas réellement un souci pour une femme possédant des dons arachnéens. Hochant simplement la tête en guise de compréhension, elle enroula par la suite ses bras autour de son cou, prenant garde de ne pas écraser ses pattes d’araignées et  se laissa simplement porter jusqu’au toit. Ce dernier n’était pas dénudé de sentinelles mais elles étaient assez espacées et s’en occuper l’une après l’autre ne relèverait pas d’une grande difficulté.

« Attends juste…J’aimerais juste voir le déplacement…S’ils suivent toujours le même schéma »

Restant à l’ombre d’une cheminée, la Louve se mis donc à observer les différents gardes, analysant leur trajet, vérifiant qu’ils ne changeaient pas subitement de direction. Chacun des gardes effectuaient des allers-retours sur une dizaine de mètres, observait les environs et recommençait leur manège. Parfaitement réglés telles les aiguilles d’une horloge. Aucune déviance, aucun pas de travers, il suffisait juste de les observer quelques temps pour pouvoir les anticiper. De plus, les cheminés présentes le long du toit ainsi que les pentes triangulaires offraient de parfaites cachettes à la vue d’autres patrouilleurs si le besoin se faisait ressentir. Effectuant un bref mouvement de poignet, la Louve activa la lame cachée sous ce dernier, vérifiant que le mécanisme fonctionnait avant de la rétracter.

« Quand je me serais occupée du premier tu devras vite faire le second qui ne se trouve qu’à quelques mètres…Après ça il suffira d’avancer en les éliminant l’un après l’autre jusqu’à pouvoir entrer …Dommage que  nous ne pouvions pas relever les corps tels des pantins pour donner l’illusion qu’ils sont encore en vie. »

Sur le coup, il aurait fallu quelques notions de magie noire et de nécromancie pour donner l’illusion du vivant et ne pas éveiller les soupçons. Car plus les deux femmes avanceraient, plus les gardes risqueraient de se douter de quelques choses et de changer leur pattern. Sa cible venait de se retourner, dix petits mètres avant qu’elle ne refasse de même. Il fallait agir, vite et en silence. Sans attendre une seconde de plus, la Louve s’élança sur le toit, utilisant les parts d’ombres que ce dernier lui offrait pour avancer vers son objectif. Arrivant rapidement derrière lui, elle passa un bras autour de sa gorge, plaquant sa   main contre sa bouche et activa rapidement la lame qui perfora l’artère faisant couler le sang, le garde mourant dans des gargouillements étouffés. Elle ne s’inquiéta pas réellement du second qui devait se retourner en cet instant pour voir l’horreur se dérouler sous ses yeux, l’Okami avait confiance en Elise et savait qu’il ne restait plus longtemps à cet homme.

Laissant les corps inertes et sans vie, le duo continua ainsi sa progression, tuant de diverses manières chaque obstacle se trouvant sur leur route, faisant attention à ce que l’alerte ne fut pas donnée. Puis, apercevant une fenêtre entre-ouverte, la Louve la désigna à Elise. Une petite vérification pour s’assurer que la voie était bien libre et elles étaient à présent à l’intérieur de la demeure des Hamleight. La pièce était vide de toute présence mais les sons provenant des couloirs permettaient aisément de deviner que l’intérieur de la demeure était loin d’être vide de toute vie. Haussant ses oreilles, la Terranide était aux aguets, écoutant les différents sons, déterminant si des individus étaient à portés ou non.

« Tu sais ce qu’on doit rechercher, je m’occupe de surveiller nos arrières…Pour le moment nous avons une opportunité et il faudra aller vers la droite…Après ça…Espérons ne pas avoir de mauvaises surprises, trouver rapidement les preuves et sortir d’ici. »

Ce qui, elle s’en doutait, ne serait pas une mince affaire !

Shad se précipita vers un duo de gardes proches, et, quand elle attaqua le premier, le second, en entendant du bruit, se retourna. Ses yeux s’écarquillèrent, puis sa bouche s’entrouvrit, ses mains se crispant sur sa hallebarde... Puis un filament de toile lui recouvrit le visage, transformant ses potentiels hurlements en gémissements. Élise bondit ensuite sur lui, le plaqua au sol, puis l’empala avec ses pattes d’araignée, soulevant son corps, avant de le rejeter en le balançant à côté d’elle. Il s’écrasa sur le toit dans un cliquètement métallique que, fort heureusement, les autres gardes n’entendirent pas.

Après ce premier coup, le duo remonta le long du toit, abattant successivement les sentinelles. Elles ne faisaient pas dans la dentelle. Élise n’avait aucun remords à tuer les hommes des Hamleigh, qui étaient, depuis bien trop longtemps, ses redoutables ennemis. Elle projetait ses toiles sur ceux susceptibles de les repérer. C’est ainsi qu’elle entoila la tête d’un homme, puis ses jambes, le renversant sur le sol, et permettant à Shad, plus rapide qu’elle, de le tuer. La Louve n’avait, elle aussi, aucune hésitation à répandre le sang, ce qui ne manqua pas de surprendre un peu Élise.

*J’ai le net sentiment qu’elle a changé depuis notre première rencontre...*

Elles arrivèrent ainsi jusqu’à voir une ouverture dans le manoir ennemi, une fenêtre entrouverte.

« Oui... Passons par là. »

Encore une fois, Élise laissa Shad s’agripper à elle, puis elle descendit le long du flanc de l’immeuble. En contrebas, dans le jardin intérieur, la Reine déchue pouvait voir de multiples gardes. Ces quelques sentinelles sur le toit n’étaient qu’une mince partie de toute la milice des Hamleigh. Élise et Shad s’enfonçaient dans une zone dangereuse. La femme posa sa main sur la fenêtre, et l’ouvrit en grand, puis aida Shad à passer la première, avant de la rejoindre. Elles arrivèrent dans un grand couloir aéré, avec d’énormes tableaux devant elles.

Shad expliqua alors qu’elle comptait surveiller leurs arrières, et Élise esquissa un léger sourire.

« Ce qu’on doit chercher... Je n’en sais pas plus que toi, tu sais. Je n’ai jamais été dans ce manoir. »

Des preuves, des indices, n’importe quoi susceptible de relier les Hamleigh aux ennemis qui s’abattaient sur Koldoue et sur ce royaume. Le pire était qu’elles pouvaient très bien trouver des éléments comme ne rien trouver du tout. Néanmoins, avec un peu de chance, Élise aurait au moins la satisfaction de tuer William Hamleigh. La femme s’avança le long du couloir, jusqu’à voir un escalier montant sur la droite. Elle choisit toutefois de continuer, jusqu’à approcher d’une porte. Derrière, il y avait une grande mezzanine avec de multiples gardes, des bibliothèques et des fauteuils dans les coins.

*Probablement une salle de réception...*

Des bruits se firent entendre dans leur dos, et elle se dissimula avec Shad dans une petite pièce latérale, consistant en un débarras.

« Je n’aime pas ça, glissait l’un des hommes en patrouille.
 -  Nous sommes dans le bon camp, c’est ce qui compte. Je sers les Hamleigh depuis l’époque de Sire Percy. William sera le nouveau Roi de Koldoue, c’est la volonté de sa mère, Lady Regan.
 -  Elle doit être encore en train de prier avec lui dans la chapelle... »

Le duo ouvrit la porte menant à la mezzanine, laissant les deux femmes seules... Pour le moment, en tout cas. Élise estima le moment opportun pour glisser quelques informations à Shad, tout en rebroussant chemin, afin de gravir l’escalier.

« Percy Hamleigh était l’ancien seigneur de la famille. C’était un homme pieux et bon, qui s’est marié avec Regan Hamleigh, une mégère au visage défiguré. Il est plus ou moins de notoriété publique que Regan a tué son mari, et, sous son règne, son comté est entré dans une ère de fanatisme religieux zélote, qui lui a permis d’asseoir son autorité, en faisant de moi l’ennemie absolue. Son fils, William, est le nouveau suzerain, mais il est à l’image de sa mère, si ce n’est pire encore.  »

William était un monstre impitoyable, dévoré par un complexe œdipien qui le rendait instable et cruel.

La chapelle du manoir était une piste, mais, peut-être qu’en chemin, le duo trouverait autre chose ?

« Tous serait différent s’il aurait suivi la voie de son père… »

En vérité la différence serait grandement radicale et beaucoup de choses ne seraient pas ce qu’elles sont actuellement. A commencer par le statut d’Elise. Peut-être ne serait-elle pas en cet instant la femme régnant sur une forêt composée d’araignée géante si William ne lui aurait pas fait subir des sévices par le passé. Qui pouvait savoir ?  Tendant l’oreille la Louve rajouta :

« Il semblerait que certains gardes commencent à douter de leur allégeance…ce serait une piste à exploiter. Si William est bien dans la chapelle, nous devrions en profiter pour fouiller ses quartiers sans risquer de le rencontrer et ainsi garder notre présence secrète…Le seul souci reste à savoir où se trouve la chapelle et où se trouve les quartiers de cet homme… »

Et autant dire que sans plan, cela risquait d’être assez ardu à trouver ! Néanmoins les deux femmes les deux femmes avaient déjà repris la route vers l’escalier précédemment rencontré, gravissant rapidement les marches de ce dernier. Une chance qu’aucun gardes ne soient passés à cet instant précis ! Car il n’y aurait eu aucun coin pour se dissimuler si tel aurait été le cas et leur furtivité aurait été mise à rude épreuve.  Il était d’ailleurs encore étonnant qu’aucune alerte ne fusse donnée quant à la mort des patrouilles sur le toit. Mais cela ne saurait tarder. Deux choix s’offraient donc au duo,  partir sur l’aile est ou sur l’aile ouest ? Rien n’indiquait les pièces qu’elles renfermaient. Toujours à l’écoute du moindre bruit, la Lycane glissa à Elise :

« Mieux vaut partir pour le moment sur la droite…Il y’a moins de présence de ce côté. »

Autant éviter le plus de rencontre possible non ? Emboîtant le pas, la Terranide pris donc la décision indiquée, s’arrêtant au niveau des portes pour écouter à ces dernières et s’assurer qu’aucune âme n’était présente quand elle serait ouverte. Elles passèrent cependant devant différentes portes qu’elles ne purent ouvrir pour cause de présence dans la dite pièce. Jusqu’à ce que l’Okami indique une pièce où aucun son ne provenait. De plus, le bois de la porte était grandement stylisé et présentée plusieurs arabesques dont ce qui semblait être au centre un blason familial. Qu’importe ce qui se trouvait derrière cette porte, la pièce serait loin d’être anodine. Une rapide vérification à gauche puis à droite et l’Okami poussa l’édifice qui s’ouvrit sans malice, offrant  à la vue des deux femmes une grande pièce pourvue d’une bibliothèque et d’un bureau au bois massif et impérieux.

« Ca m’a l’air d’être une bonne piste…. Mais avant par précaution… »

Elle s’approcha de l’unique fenêtre de la pièce qui donnait dans une cour arrière et s’assura que cette dernière n’était pas close. Mieux valait prévoir une porte, ou plutôt dans ce cas-ci une fenêtre de sortie.  Observant le bureau, la Terranide se dirigea d’un pas rapide vers ce dernier et commença à ouvrir les tiroirs, à chercher un quelconque compartiment caché, cherchant toute cachette éventuelle avant de subitement brandir une liasse de papier. Ces derniers portaient des inscriptions démoniaques et pouvaient être la preuve que les deux femmes cherchaient.

« Quelqu’un approche…. »

Fouiller encore ou partir en espérant que cela serait suffisant ? C’était à Elise de choisir ! Ou bien pouvait-elle aussi décider d’attendre et accueillir, si c’était lui, William Hamleigh dans ses filets.

À force de vivre près d’eux, Élise avait appris l’histoire des Hamleigh. Ils représentaient l’une des plus puissantes familles du royaume, à tel point que, jadis, Percy aurait pu devenir Roi. Dans ce royaume, le Roi n’était pas choisi par lignage, mais élu par ses pairs. Les familles de nobles se réunissaient à chaque fois que le Roi était mort, et débattaient entre elles pour choisir un nouveau Roi. Les discussions étaient souvent houleuses, et tout autant abusives (il était fréquent qu’on envoie des assassins, ou qu’on empoisonne certaines représentants jugés trop favoris), mais, une fois le nouveau Roi choisi, tous juraient fidélité à ce dernier. Percy Hamleigh aurait pu être le Roi, mais il manquait de volonté, et n’avait guère envie d’hériter du trône... Contrairement à Regan, dévorée par l’ambition. La femme était une redoutable zélote fanatique, qui avait jeté son dévolu dans la religion après avoir échoué à devenir Reine. Elle en avait, par conséquent, toujours voulu à son mari, car, même si le château des Hamleigh était impressionnant, et leurs terres riches, c’était dans la capitale que Regan voulait vivre.

Cette femme était la preuve que le mal trouvait toujours une origine, car, aussi cruel que soit William, il n’é&tait que le fruit des péchés de sa mère. Est-ce que cela l’exonérait de tout ? Des infamies, des exécutions publiques, des viols, des scènes de torture ? Ça, Élise se refusait à adhérer à cette théorie. Pour l’heure, elle suivit Shad, ce qui amena le duo dans une espèce de bibliothèque, assez isolée. Le manoir était un vaste labyrinthe, et Shad venait de trouver des documents dans un bureau. Elle-même trouva des cartes, mais Shad avait surtout mis la main sur un carnet de correspondances.

« Voilà qui est intéressant... »

Des bruits de pas se firent entendre, et Élise se dissimula dans l’ombre. Il ne s’agissait rien de plus que de quelques gardes qui menaient une ronde. Elle attendit néanmoins plusieurs secondes supplémentaires pour s’assurer de leur départ, et consulta ensuite les lettres.

« Cher Randall,

Il ne se passe pas une journée sans que je ne me languisse de vous, que ce soit vos conseils avisés, vos indiscutables talents, ou, de manière plus simple, votre personne même. Vous m’avez toujours été d’une aide indispensable, et, comme vous le savez, c’est uniquement grâce à vous que je continue à vivre.

Oui, je vous aime. Bien plus que je n’ai jamais aimé quiconque, si ce n’est mon fils, Dieu m’en garde. Et je sais que vous êtes à l’image de l’Homme-Jésus, en qui je continue à prier chaque jour. Feu mon mari n’était pas à la hauteur de la tâche qui nous incombait, cher Randall. Il ne comprenait pas quels étaient vos glorieux desseins, et s’était roué dans la peur et dans la lâcheté. (...) »

Élise n’avait pas le temps de tout lire, mais, à voir le papier jauni de ces courriers, certains dataient de plusieurs d’années.

*Randall...*

Élise tourna les pages, cherchant une correspondance plus récente.

« (...) Elle s’est enfuie. Nous avons capturé sa seconde, une immonde bête arachnéenne indéfinissable. Les pouvoirs d’Élise ont augmenté, Cher Ami. C’est un fait indéniable, et il m’insupporte de voir cette bête infâme sans être prise de spasmes nerveux. Je sais bien qu’il est nécessaire de purifier cette région pour pouvoir la racheter de ses péchés, mais je dois vous avouer qu’il me vient parfois de douter de la sagesse de mes actes.

Ce royaume est faible. Il s’est vendu aux Nexusiens, tremble sous les Ashnardiens. Même avant cela, nous vivions sous la coupe gardée de Gilead. Nous n’avons jamais pu exercer une véritable souveraineté. Alors, quitte à choisir, cher Ami, il va de soi que, si j’en avais les moyens, je me joindrais à vos forces. Tout comme Gilead en son temps, Nexus et Ashnard ont fait leur temps. Elles sont les vestiges d’un ancien monde qui peine à mourir, et vous, cher Ami, vous et votre mouvement, vous incarnez l’avenir et le renouveau.

Et moi, je vois le progrès (...) »

Regan écrivait de longues lettres, témoignant de sa belle plume.

« Randall... Le Magicien. »

Élise semblait perdue dans ses pensées.

« On a ce qu’il nous faut, Shad, on peut partir... »

Elle précisa néanmoins rapidement :

« Regan a conspiré contre le royaume, elle voulait prendre les rênes, et les offrir à Randall... Et je ne connais qu’un Randall. »

C’était le Magicien, un homme que Shad avait croisé en Enfer, et sans qui elle n’aurait jamais réussi à sceller Hastur.

Randall Flagg.

«  Randall Flagg….Sans vouloir être pessimiste Elise mais face à lui, je ne saurais rien faire. »

Et c’était effectivement le cas. La Lycane avait pu avoir un aperçu de sa puissance aux Enfers et savait pertinemment que contre un ennemi de cet acabit mieux valait éviter tout affrontement inutile.  Pourtant voilà qu’elles apprenaient que le magus avait pactisé avec Regan afin d’obtenir les rênes du royaume. Encore fallait-il savoir pourquoi ? Pour la Terranide, Flagg ne voulait pas réellement le trône, non ses desseins devaient être tout autres.

« Flagg qui veut contrôler le royaume….Cela ne présage rien de bon surtout si il a un lien avec le Roi Cramoisi….La voie est libre hâtons nous de sortir de cet endroit. Nous avions déjà eu assez de chance jusqu’ici… »

Une infiltration réussi, aucune rencontre fâcheuse, des documents capitaux trouvés. C’était comme si les deux femmes avaient eu extrêmement de chances de ne pas avoir eu un incident fâcheux sur leur chemin. A moins qu’une tierce personne voulait qu’elles trouvent ces documents sans heurts. Non, cette hypothèse était parfaitement impossible, qui donc irait aider Elise, elle qui était tellement craint et haïs dans tous le royaume ? Ce n’était là que le fruit du hasard. S’assurant une seconde fois que la voie était effectivement libre, la Louve indiqua le moment opportun pour sortir de la pièce, filant par la suite aux travers des couloirs avec Elise, les lettres de correspondances entre Randall et Regan en mains.


Par chance ou singulièrement, la sortie du domaine des Hamleight se fit sans réelle difficulté. Le duo dû toutefois abattre rapidement une ou deux sentinelles mais dans l’ensemble, les deux femmes évoluaient sans obstacles. A ce rythme lorsque Regan aura noté l’absence de ses précieuses lettres, elles seront déjà assez loin. Tout en continuant leurs fuites, la Lycane se tourna vers Elise.

« Nous avons ce que nous cherchions, penses tu que cela suffisant ?  Je peux aussi essayer de rejoindre Aoife si tu le souhaite...Mais quand même que viens faire  Randall Flagg dans cette histoire ? »

Une question qui ne cessait de perturber la Terranide qui cherchait une  solution logique à cette question nimbée de mystères. Petit à petit, le château des Hamleight disparaissait dans l’horizon. Il ne fut une nouvelle fois pas difficile d’éviter les milices locales patrouillant dans les rues désertes de Koldoue. D’une certaine manière on pouvait aisément dire que leur mission fut un franc succès. Ne sachant pas si Elise voulait rentrer dans le repaire des sorcières ou si elle avait un autre objectif en tête, la Terranide la suivit tout simplement en restant en alertes pour éviter de fâcheuses rencontres.

A présent quelle route allait décider de prendre Elise ?

« Flagg… »

Élise n’avait pas tourné en rond. Une fois en-dehors du manoir, elle et Shad s’étaient retournées vers le refuge de Scybilla. Elles emmenaient avec elles une série de lettres, et, en ayant désormais le temps de la lire, obtinrent les réponses manquantes sur la relation entre les Hamleigh et Flagg.

Regan était, pour le dire simplement, dévorée par l’ambition et par la perversion. Elle entretenait une relation incestueuse avec son fils qui avait détruit la psyché de ce dernier, le rendant cruel et violent. William Hamleigh était connu pour les femmes qu’il violait chez lui. Il avait instauré un « droit » seigneurial abusif, maintes fois condamné par les juridictions nexusiennes : le droit de première nuit. D’après les tenants de ce droit, un seigneur devait s’assurer, lors du mariage d’une jeune femme, qu’elle était bien vierge, en vertu des préceptes religieux interdisant à une femme de perdre sa virginité en-dehors du mariage. Dans les premières versions de ce droit, il s’agissait juste d’un examen gynécologique, mais l’usage en avait rapidement été modifié en un simple viol. William avait donc réinstauré ce droit, et s’en était servi comme d’un prétexte pour multiplier les rapts et les viols sur ses paysans. Souffrant d’un complexe œdipien, il essayait de trouver chez les femmes du plaisir, mais, à chaque fois, sa frustration le ramenait vers Regan. Pris dans des émotions contradictoires, William se défoulait chez les femmes. Il les battait à mort, les torturait sauvagement… Élise était bien placée pour le savoir, car il était fréquent, quand elle était dans sa forêt, qu’elle récupère plusieurs des victimes de William.

William aimait sa mère, et sa mère l’aimait, mais, rigoriste et impitoyable, elle avait toujours refusé cet amour, tout en corrompant l’esprit de William. Les lettres permettaient de déterminer qu’elle lui avait ainsi appris à se masturber, tout en le sermonnant d’avoir des érections, fouettant son sexe, le battant à plusieurs reprises. En réalité, William était un ensemble de paradoxes le rendant instable. Un homme qui commettait les pires infamies possibles, mais qui se confessait à chaque messe, car il avait une peur panique des flammes.

« Je sais que le manoir des Hamleigh a été incendié quand William était jeune… Il est possible que la vue des corps calcinés ait engendré chez lui un traumatisme qui résonne quand on évoque les flammes éternelles de l’Enfer. »

Quoi qu’il en soit, et en-dehors de ces considérations psychologiques, Regan était dévorée par l’ambition. Elle ne voulait pas juste être Duchesse, mais une Reine. Le royaume lui revenait de droit, et elle avait pactisé avec Flagg, non seulement pour tuer son mari en l’empoisonnant, mais aussi pour s’arranger afin que son fils dispose d’une armée conséquente, et puisse, un jour, devenir Roi. Regan et William avaient donc rejoint l’Affiliation, le bras armé de la Monarchie de la Rose. Cependant, le dossier de William était fortement entaché par Élise. L’Affiliation, pour l’aider, avait envoyé l’une de ses factions, Brahmin et ses séides. Brahmin avait malheureusement échoué, grâce à Shad, et les Hamleigh s’étaient retrouvés bredouille.

« Mais pas uniquement… Les multiples mercenaires de Brahmin ont rejoint les rangs des Hamleigh. J’ai manqué de vigilance », reconnut Élise.

La Reine des Araignées était un sujet de conversation récurrent entre Regan et Flagg. À travers les propos de Regan, Élise avait compris que William était sexuellement attiré par Élise, ce qui, en d’autres termes, signifiait que, si elle tombait entre leurs mains, soit William la tuerait lors de l’une de ses crises obsessionnelles, soit Regan la tuerait, comme elle avait tué, pendant l’adolescence de William, toutes les femmes se rapprochant un peu trop près de lui.

« Et, à chaque fois, le Magicien l’a aidé… Je gage que Flagg a dû rencontrer Regan avant Percy.
 -  La présence de cet homme est la preuve qu’il nous manquait. Il ne s’agit plus seulement du sort du royaume. J’ignore ce que veut White Élise, mais tout cela dépasse largement notre sort. Nexus doit intervenir !
 -  Nexus… Et Sha. Nous ne sommes pas de taille contre Flagg. »

Shad leur avait raconté qu’elle avait rencontré Flagg en Enfer, dans la cité infernale de R’lyeh. C’était lui qui avait contribué à sceller Hastur. Élise lui avait expliqué que Randall Flagg était le plus proche bras droit du Roi Cramoisi. Cependant, les motivations de Flagg étaient des plus obscures à saisir. Il était par exemple acquis que « Randall Flagg » n’était qu’un pseudonyme. Nul ne connaissait son véritable nom, en réalité. Scybilla savait que la Monarchie de la Rose était impliquée, mais pas que Flagg soit derrière cette invasion.

« Tu devrais retourner voir Aoife, Shad. Tu as les preuves qu’il fallait. »

Dans les notes, Regan indiquait clairement sa soif de pouvoir, et son envie de renverser le pouvoir, afin que le royaume devienne une nouvelle province de la Monarchie de la Rose. Scybilla se ravisa brusquement.

« Enfin… Sauf si tu veux te reposer avant.
 -  Il sera plus prudent d’aller à l’ambassade de Nexus la journée, sans le risque du couvre-feu », acquiesça Élise.

Scybilla hocha la tête, tout en se relevant.

« Ma Déesse connaît le Magicien… Depuis que sa championne a remporté le tournoi de Wallündrill, ses souvenirs lui reviennent. Tout ça… Tout ça nous dépasse. Flagg a participé à l’action des hommes ayant abouti à bannir Sha. Elle nous a prévenus de ne jamais l’affronter sans elle, et de l’avertir dès que nous aurons des informations sur lui. Je gage que Sha voudra discuter avec toi, Shad. Pour une Terranide, tu as vraiment un destin exceptionnel… Et je suis maintenant sûre que la Machine de Nexus est une autre partie du vaste plan de la Monarchie. Oui, Sha voudra vraiment te parler. »

La sorcière, consciente qu’il pouvait être intimidant de rencontrer une Déesse, reprit ensuite :

« Ne t’inquiète pas, elle adore les félins… Comme toutes les sorcières, en fait. »

Et puis… Ce n’était pas tous les jours qu’on avait l’occasion de rencontrer une Déesse, non ?

« Dans ce cas, il vaudrait mieux que j’apprenne à miauler pour ne pas la décevoir. Après tout, je tiens plus du canidé que du félidé. »

Rétorqua simplement la Louve un sourire amusé aux lèvres. Rencontrer la déesse des sorcières, Sha, voilà un évènement qui ne risquait guère d’être des plus banales. Mais après ? Que pourrait-elle lui dire ?  L’Okami avait déjà narré bon nombre de fois ce qu’elle avait vécu et gageait que ses paroles avaient dès lors déjà dû être rapportées. Que pourrait-elle donc dire de plus ? C’était là toujours une question récurrente quand elle était censée rencontrer des personnalités importantes et avec qui une discussion était prévue. Il était vrai qu’il y’avait beaucoup de point à aborder, notamment la Machine située chez Oswald Mandus et l’invocation de Hastur qui fut par chance mise à mal. Mais tout cela, Sha devait déjà le connaître. Sans un mot, la Lycane attrapa l’une des lettres de Regan et la survolant repris finalement la parole.

« Elise a raison. Il serait plus avisé que j’attende demain pour retrouver Aoife. D’une part, le lieu où elle doit être est sans doute clos à l’heure qui l’est et puis les cadavres ont dû être découverts à présent. Je pense que des patrouilles sont entrain de ratisser Koldoue pour chercher les coupables…J’irais la rejoindre demain avec ces preuves. »

Et quelles preuves ! Elises et Shad avait réellement mis la main sur un filon d’information non négligeable et tenaient maintenant entre leurs mains la preuve irréfutable que Regan, la mère de William Hamleight cherchait  à renverser le royaume pour l’offrir à un dénommé Randall Flagg, tout ça,  dans un premier temps pour renforcer la Monarchie de la Rose. Mais après savoir quelles étaient réellement les intentions du mage, cela restait un mystère. En observant simplement le papier d’une des lettres, la Lycane esquissa un sourire gêné :

« Mais…ces preuves peuvent être trop facilement détruites. Il faudrait nous assurer d’en avoir toujours un exemplaire, une copie de chacune de ces lettres… »

Il était si simple de détruire du papier   ! Les lettres pouvaient être tout aussi bien brûlées que déduites à l’état de petits morceaux inconnaissables et jetés aux vents. Cependant, la ou les personnes qui auraient en charge la copie de ces écrits auraient devant elles une bonne quantité de travail. Plus que le nombre de lettres, c’était également la longueur de ces dernières  qui était démentielles. Mais cela faisait en l’occurrence des preuves bien plus importantes à fournir.

« Je peux m’occuper de quelques une si besoin – se proposa spontanément la Terranide  - Quant à ta déesse Scybillia, je serais bien sûre ravie de la rencontrer et serait disponible quand elle le demandera – elle se tourna par la suite vers Elise – Je viens de penser…A-t-on des nouvelles de Medonée ? Je sais que le poison de Charlotte l’avait particulièrement affaibli.... »

Depuis le temps, le venin ne devrait plus faire d’effets mais on n’était jamais sûr de rien. Plusieurs choix s’offraient donc à la Terranide : recopier des preuves, se reposer, discuter des prochains jours et notamment sur les potentielles marches à suivre, voir Médonée ou simplement ….Et bien ce qui se présenterait à elle. Après tout, les prochains jours risquaient d’être  particulièrement chargés.