De tous les endroits et de tous les plans astraux du Multivers, l’Enfer n’était sûrement pas un endroit très recommandable. C’était une dimension unique en son genre, une sorte d’immense grotte, une grotte gigantesque, avec une surface insoutenable, balayée par des vents meurtriers, par les soufres s’échappant des centaines et des milliers de volcans qui crachaient continuellement leur feu volcanique dans les hauteurs. De vieilles légendes disaient jadis que l’Enfer avait été un endroit paisible, avec de la verdure, des forêts, mais que tout cela avait été battu en brèche quand un Grand Ancien s’était échoué près des Enfers, suite à la Guerre contre les Grands Anciens. Que cette légende soit fondée ou non, tout le monde pouvait actuellement s’accorder pour considérer que l’Enfer n’était pas très joli, ce qui expliquait pourquoi les démons adoraient tenter les humains... Car les humains étaient le meilleur moyen que nos braves amis à cornes avaient pour quitter ce plan, sans risquer de susciter le courroux des Cieux... Et, même si les Anges étaient en diminution, aucun démon digne de ce nom n’avait envie de se mesurer à eux.
Zone anarchique par excellence, l’Enfer était néanmoins fédéré autour de plusieurs notions, et bénéficiait, en réalité, d’une hiérarchie assez stricte. Géographiquement, on pouvait dissocier l’Enfer en sept territoires, sept Cercles, chacun représentant les Sept Péchés Capitaux, l’ensemble constituant la Terre des Démons. Chacun des Cercles était dirigé par un Grand-Prince, tous étant orientés autour du Palais Infernal, superstructure centrale, abritant notamment le trône, vacant, de Satan... Le Diable. Face à ce magnifique trône, il y en avait un plus petit, celui de son Grand-Général, un démon qui avait mené les démons pendant le Grand Conflit : Belzébuth, le «
Seigneur des Mouches », autorité suprême très virtuelle des Enfers.
Et chaque Cercle avait sa propre hiérarchie, son propre fonctionnement, ses propres clans. Et tout démon pouvait rejoindre le, ou les clans, qu’il voulait, ou rester libre... Mais la liberté, en Enfer, était souvent peu intéressante. Les clans vous fermaient leurs portes, et vous ne pouviez vivre que dans vos propres palais, ou entourés de monstres. Ainsi, tout démon, tôt ou tard, en venait généralement, soit à rejoindre un clan, soit à fonder le sien, et à devoir se battre contre les autres.
Le Cercle de la Luxure n’échappait pas à cette règle. Il était situé le long d’interminables grottes, et on y trouvait des forêts... Forêts particulières, car elles piégeaient dans leurs branches et dans leurs tentacules les malheureux venant s’y perdre, les attirant par des arômes et par des fruits empoisonnés. Le long des longs couloirs menant au Palais Magoa, on pouvait voir ces forêts, avec des arbres noirs, le feuillage étant constitué de tentacules et de corps enchevêtrés. Si on ne volait pas, il ne fallait pas dévier du chemin, sous peine de finir piégé par eux... Puis, quand on sortait de ces longs tunnels, on pouvait le voir.
Le Palais Magoa était situé sur le rebord d’un plateau, au-dessus d’un lac volcanique, ses fondations allant se planter dans le lac. C’était un grand palais, une véritable forteresse avec des tours, des balcons, et de grandes bannières à l’effigie du clan tombant à l’entrée. Des gardes étaient devant, et les portes étaient ouvertes.
Le Palais Magoa était le cœur du puissant clan Magoa, l’un des principaux clans du Cercle de la Luxure. Et de clan avait à sa tête une Matriarche, la belle et féroce
Onyxian Magoa, devenue Matriarche après avoir, dans la plus pure tradition infernale, tuée sa mère. Onyxian était une femme belle, très belle, mais aussi excessivement cruelle. Elle était l’incarnation même de ce fameux dicton propre aux Succubes : «
des Trésors aux mortels Interdits ». En effet, quiconque invoquait une Succube se devait de la satisfaire, ou la Succube dévorait son âme, ne laissant qu’un squelette carbonisé derrière elle.
Et, au sein du clan, majoritairement composé de Succubes, il y avait aussi plusieurs Incubes, dont l’un devait nous intéresser plus que les autres, car il devait être la première personne que la voyageuse devait voir en rentrant dans le palais :
Alastar Magoa. Surnommé «
Le Diablotin », Alastar était le petit-frère d’Onyxian, un Incube régulièrement torturé par elle.
Quand on entrait dans le Palais, on débarquait dans un grand salon, qui sentait bon les relents d’érotisme et de sexe, avec des tableaux très érotiques, et de délicieuses flagrances, des parfums roses qui désinhibaient les sens. Alastar était là, assis sur un fauteuil, se reposant, tandis que sa queue disparaissait dans la bouche d’une esclave humaine.
Le Palais, de manière plus générale, était organisé autour de ce qu’on appelait les « Cours ». Il s’agissait de grands terrains, au centre du Palais, où une sinistre et obscure orgie s’y déroulait. Une orgie sans fin, où on jetait tous les mourants condamnés au Purgatoire à purger leurs peines, et dont les âmes étaient fauchées dans les Limes par les chasseurs de la Luxure. Ceux qui finissaient au clan Magoa, amenés par des chariots remplis de prisonniers nus et effrayés, étaient jetés dans cette fosse de sexe moribonde. Un spectacle horrible, avec des corps qui ne s’étaient pas lavés depuis des semaines, obligés de copuler, baisant sur des cadavres, en cherchant à sortir des Cours pour ensuite commencer leur formation de démons.
L’Enfer n’était pas un endroit plaisant, et les Cours le montraient bien. C’était un lieu de souffrance et de punition, comme si, quelque part dans son développement, l’idée de «
rédemption » avait disparu.
Mais ce n’était pas ce traitement peu attirant qui amenait notre voyageuse à se rapprocher... C’était la promesse de rejoindre un clan puissant, et, peut-être, de pouvoir bénéficier des Portails du clan, meilleur moyen de quitter les Enfers.
Les gardes la laissèrent donc entrer, et, dès qu’elle entra, ce fut pour qu’Alastar la voit, et se mette à lui sourire.
«
Bienvenue, charmante dame ! »
Alastar se téléporta alors, et arriva juste à côté d’elle, avec son sexe à l’air libre. Il huma cette dernière, et sourit à nouveau :
«
Non, j’en suis sûr... Je n’ai jamais eu la chance de voir votre charmant minois ici. Quel clan vous envoie donc ? »