Reine & Impératrice [Enolia Vanarina Elworg]

Vallée de Loriot

« Ils sont... Nerveux, Mère. J’ai du mal à me l’expliquer, mais je le sens... »

Sarah hocha lentement la tête, soucieuse. Les Xénomorphes avaient toujours été très difficiles à contrôler, à rationaliser, et à éduquer. Ils étaient une race sauvage, fière, des chasseurs redoutables, stellaires, et, même si leur code génétique avait été incorporé dans le patrimoine génétique collectif de la Fourmilière depuis des décennies, ils continuaient encore à avoir des traits de caractère assez forts. Les modifications génétiques des Formiens avaient permis de donner naissance à des larves xénos sans que cela passe par la mort de la femme devant porter la larve. Elle accouchait d’une larve comme on le faisait d’un enfant normal, et il n’y avait guère que chez un hôte male que, pour sortir, la larve doive percer sa cage thoracique. Sarah avait, depuis des mois et des mois, incorporé dans sa vaste Horde des Xénomorphes, mais elle avait du mal à les contrôler. Régulièrement, ils se rebellaient, n’en faisant qu’à leur tête, et c’était pour mieux les contrôler qu’elle s’était dotée d’une nouvelle Cérébrate, la belle et délicate Irina, sa plus jeune fille.

Irina était une ancienne scientifique tekhane, spécialisée dans la xénobiologie. Une simple humaine, célibataire, qui avait toujours ressenti une profonde et secrète attirance envers les Xénomorphes. Elle les voyait comme une race biologiquement parfaite, capable de survivre à presque n’importe quelle condition climatique. Ils existaient sur des planètes arides et sauvages, et étaient, selon elle, une évolution naturelle parfaite. Sarah n’avait eu aucun mal à la capturer, Irina s’étant d’elle-même rendue à la Horde, non sans avoir eu quelques suggestions hypnotiques par Kerrigan lors de ses rêves (Sarah était une puissante télépathe). Tout comme Sarah avait jadis été une humaine transformée en la redoutable Reine des Lames, Irina était une ancienne humaine qui était devenue l’une de ses lieutenantes, une Cérébrate. Elle était la plus jeune, la plus fragile de ses filles, une créature aimante, qui ne vivait que pour deux choses : les Xénomorphes, ses bébés, et sa Mère, sa Reine, son amour, son idole et sa Déesse.

« Il y a... Il y a une présence dans cette région, Irina...
 -  Un télépathe ?
 -  Oui... Mais tes pouvoirs télépathiques ne sont pas assez forts pour le ressentir, car cette présence... Elle ne nous attaque pas. Elle rôde dans cette vallée, mais, pour des raisons que j’ai encore du mal à m’expliquer, sa seule présence suffit à perturber nos Xénos... »

La vallée du Loriot était un endroit paisible et reculé. Une zone nichée dans des montagnes, au nord de Tekhos. Sarah s’y était rendue avec Irina et plusieurs Xénos, afin de pouvoir mieux les former et les contrôler. Une sorte d’exercice en terrain réel... Mais, après plusieurs jours ici avec sa fille, les Xénomorphes devenaient de plus en plus incontrôlables.

« Nous allons en laisser filer un... Et nous le suivrons. »

Irina hocha la tête, néanmoins guère rassurée. Si Sarah voyait les Formiens comme de simples pions jetables, Irina, elle, était encore plus sensible, voyant chaque Xénomorphe comme l’un de ses bébés.

« Ne t’inquiète pas, je veillerais sur lui... »

Sarah allait appliquer la bonne vieille tactique du cheval de Troie pour comprendre l’origine de ce mystère.

Les rumeurs, une source d'informations et de savoir infini pour qui y prête attention, surtout à certaines bien particulières. Eve avait entendu, au cours de ses pérégrinations nocturnes parler de faits étranges, de disparitions dont les auteurs auraient été des créatures de la nuit, silencieuses et capable de chasser en embuscade. Plus grande qu'un homme, les créatures n'avaient ni yeux, ni nez, ni oreilles, et pourtant, s'avéraient être des traqueurs infatigables et infaillibles.

Ces faits, elle les connaissait, pour cause, c'était la façon dont les siens chassaient, mais comment seraient-ils arrivés ici? Et surtout, pourquoi ne les aurait-elle pas senti, après tout, tout les enfants de sa race, elle était capable de les sentir à des lieues à la ronde, de les diriger, les commander...

Intriguée, la reine-mère s'était mise en chasse, à la recherche des enfants qui avaient dors et déjà trouvé le chemin de cet endroit. Ce qui l'intriguait, c'était l'absence de phéromones, l'absence de présence mentale, même subtile.

Elle du voyager un long moment, jusqu'à un lieu situé au coeur de ce que les habitants de cette planète nommaient les contrées du chaos, plus précisément dans ce qui, pour  eux, était les terres sauvages. Elle ne cheminait que la nuit, si bien que le voyage lui prit quelques temps, mais à peine arrivée là, elle put enfin sentir leur présence, ils étaient bien là, mais elle sut sans qu'il y ai besoin de mot que quelque chose n'allait pas, leur phéromone n'étaient pas celles que les siens émettaient  en temps normal. Cachée dans un repli du terrain, elle se mit à réfléchir, c'est que les années et la mémoire ont parfois besoin de temps pour revenir.

Cette odeur particulière lui rappelait un fait passé, lorsque quelques uns des leurs avaient été capturés par les humains, puis clonés pour servir d'autres maîtres que leurs reines, impératrices ou reines-mère... Le sang bestial qui courrait dans les veines d'Enolia se mit à bouillir, la colère montant peu à peu en elle. Elle se concentra, longtemps, pour chercher à contacter les enfants de sa race, peut être les réveiller, d'autres êtres avaient sur eux une emprise forte.

Pourtant, et ce, malgré la distance, elle parvenait à modifier, détourner ses frères de l'emprise de celui ou celle qui les télécommandait sans parvenir à les libérer. Dans un cas pareil, elle enverrait l'un de ses pions pour piéger qui tenterait de changer la façon d'agir des siens. L'approche rapide d'un de ses frères confirmait ce qu'elle pensait, sans que la présence mentale ne le lâche, preuve qu'elle avait vu juste, on voulait la piéger. La xénomorphe eut un sourire amusé, libérant les hormones nécessaire pour pousser celui qui devait la retrouver à retourner d'où il venait, sa programmation naturelle surpassant les contrôles, c'est ainsi qu'ils étaient après tout... Afin de détruire ses geôliers, ou du moins, essayer, pendant ce temps, elle suivait le chemin d'où il était venu, pour observer, mais surtout, pour accroître son emprise sur les siens, les réveiller, sachant pourtant qu'elle n'était pas seule.

Sarah Kerrigan était en guerre, en guerre contre sa race d’origine, les humains... Plus particulièrement les Tekhanes, dont la redoutable technologie avait réussi à repousser les assauts initiaux des Formiens, et à les retenir encore. Une guerre qui s’enlisait, et à laquelle, pour trouver une solution, l’Overlord avait opté pour une nouvelle stratégie. Ancienne Ghost, Sarah avait été capturée par les Formiens lors d’une mission, et transformée en ce qu’elle était actuellement : la Reine des Lames. Une simple Cérébrate, à la base, qui avait réussi à voler l’armée de son Annexien, Zeratul.  Aujourd’hui, cet Annexien était toujours en vie, isolé quelque part. Est-ce que c’était lui qui agissait ici ? Qui essayait de récupérer sa Horde ? Sarah n’avait jamais réussi à le retrouver, mais elle ne sentait pas sa présence dans les environs. La vallée de Loriot était une région inhabitée, éloignée de toute civilisation en raison des hautes montagnes qui l’encerclaient. Tout au plus y avait-il, parfois, quelques alpinistes chevronnés à la recherche de cette terre promise, dont on imaginait sans peine que son caractère inaccessible puisse avoir fait l’objet de légendes.

Le Loriot était entouré par de hautes montagnes, et, dans ces contrées verglacées, Sarah était malgré tout embêtée. Elle voulait apprendre à Irina à être une Cérébrate, et, surtout, à diriger une Ruche. L’idée était certes de lui apprendre à utiliser ses Xénomorphes, mais aussi de fonder une Ruche, ce qu’Irina était en train de faire. Ses ouvriers venaient récolter des ressources, et sa Ruche répandait autour d’elle cette texture violette et gélatineuse qui était caractéristique des Formiens, le Creep. Des œufs étaient en train de pousser, et alla avait fondé un bassin génétique, près du grand lac du Loriot, permettant de faire pousser des Formiens. Les Formiens naissaient selon un rythme en plusieurs temps. Il y avait une période d’incubation, donnant naissance à une larve, et cette larve pouvait ensuite évoluer, selon les instructions de l’Annexien les commandant, grâce à sa Ruche. Les larves étaient alors plongées dans le bassin génétique, un bassin très particulier, car le liquide qui s’y situait était composé du patrimoine génétique collectif des Formiens.

« C’est très bien, Irina... Donne naissance à des bébés...
 -  Hmmm... »

Un pli soucieux barra le beau visage d’Irina. Si, généralement, Sarah choisissait des télépathes pour être ses filles, Irina était un cas particulier, car elle était juste une scientifique, à la base. Sarah la formait donc, et veillait particulièrement sur elle. Au sein de ses Filles, on se demandait même si Irina n’était pas la petite préférée de leur mère. Il fallait admettre que la femme à la peau bleue était d’une beauté incroyable, critère toujours très important pour Sarah... Mais, finalement, des œufs éclatèrent autour du bassin génétique, se craquelant, avant de se fendiller. Un liquide verdâtre en jaillit, et Sarah sourit.

« Là, regarde, ma chérie ! Tu as réussi ! »

D’immenses Formiens vinrent se dresser... Le Loriot était une région dangereuse, avec des animaux redoutables, comme des ours, des grizzlys, des aigles, des tigres, ou encore des manticores. Des bestioles qui pouvaient s’opposer aux Formiens, d’où la nécessité de sécuriser le camp. Pour cela, Irina venait de donner naissance à une demi-douzaine d’Hydralisks, créatures qui balançaient des jets d’acide, et qui avançaient en glissant sur leur queue.

Un sourire ravi vint éclairer les lèvres d’Irina.

« J’ai réussi... Je leur ai donné naissance !
 -  Oui... Et bientôt, ce sera automatique, et je... »

Sarah se tut soudain en entendant des hurlements. Irina fronça les sourcils, sentant une migraine l’envahir.

« Les Xénos... »

Sarah se déplaça rapidement, et entendit, ainsi qu’Irina, les bruits de bataille et de massacre.

« Oh non ! »

Les Xénomorphes étaient furieux, et Sarah débarqua au milieu de la clairière où ils venaient de massacrer une vingtaine de Zerglings, et rugirent en voyant Sarah et Irina arriver. Sarah brandit une main à côté d’elle, afin qu’Irina reste derrière elle.

« Mais... Que leur arrive-t-il ? »

Un Xénomorphe, à la queue couverte de sang, et dont l’un des pieds était planté dans le dos déchiqueté d’un Zergling, siffla dangereusement devant Sarah. Cette dernière fronça les sourcils, voyant les autres se déplacer également lentement, bandant les muscles.

« Quelqu’un lutte contre mon influence... »

Les Xénomorphes avaient toujours été difficiles à contrôler, ce qui faisait que, malgré leur puissance, bien des Annexiens ne se risquaient pas à les utiliser, car il pouvait arriver ce genre de carnages : qu’ils voient les autres Formiens, non pas comme des frères, mais comme des proies, ces créatures noirâtres étant après tout des chasseurs parfaits, et donc les seuls au sommet de leur branche alimentaire.

« Calmez-vous... »

Ils grognèrent à nouveau, et Sarah fronça les sourcils.

« J’ai dit... CALMEZ-VOUS !! »

Une impulsion psychique jaillit, et les créatures glapirent, avant de se reculer. Sarah venait de leur rappeler qui elle était, et les Xénomorphes, tout en sifflant, finirent par baisser la tête. Sarah tourna alors la tête vers le reste de la forêt. Son projet d’envoyer un espion avait échoué, ce qui signifiait que, quelque part dans la vallée, il y avait une personne qui était au courant de sa présence, et qui était en train d’essayer de faire se révolter ses Xénomorphes. Cependant, Kerrigan n’allait pas supporter très longtemps la sédition, et émit donc un message télépathique.

*[MT] Qui que tu sois, je t’invite à te manifester rapidement... Ne pense pas pouvoir m’échapper, il n’y a personne d’autre que nous dans cette vallée, et, si tu ne veux pas que je vienne te tuer, je t’invite à te signaler sans plus tarder... Tu sais où est mon camp. Si tu n’es pas là ce soir, je viendrais te traquer, et je prendrais les mesures qui s’imposent. [/MT]*

Et ça, c’était une promesse qu’elle lui faisait...

Alors que ses frères de race exécutaient leur sinistre besogne, Eve de son coté s'était approchée, lentement, sous le couvert de chaque ombre mouvante, silencieuse à l'extrême. Après tout, il n'était nul besoin pour elle de se faire remarquer, ce qui fait la première force du xénomorphe, c'est sa faculté à n'être qu'une ombre dans l'ombre.

Le message qui avait été transmis par voie télépathique lui était bien parvenu, mais quelle mauvaise idée que de menacer une reine mère lorsque l'on a des xénomorphes à portée, même 'soumis' par la violence. Elle n'était pas loin du campement, observant les faits, ses frères pouvaient à présent parfaitement la ressentir, elle pouvait parfaitement les contrôler, avec plus de précision que n'importe quelle autre créature de l'univers, c'était cela aussi, la force des reines, a plus forte raison des impératrices et des reines-mères.

De sa position, elle observait les faits, mais aussi depuis les sens de ses frères, en cela, l'esprit de ruche des xénomorphes était un parfait outil d'information et d'action, une façon de les coordonner sans grande peine. Eve concentra ses efforts sur le xénomorphe le plus petit du groupe, celui qui n'avait pas encore quitté son stade de drône, d'éclaireur en somme, qu'elle fit s'avancer d'un pas, avant de répondre, non pas par sa propre télépathie, mais par celle de tout ses frères.

- Que voila tactique digne de nous, de promettre sans savoir contre quoi l'on se bat, vous auriez sans nul doute fait une bonne porteuse pour mes frères et soeurs xénomorphes. Cependant, se jeter contre un ennemi sans savoir ce qu'il est est aussi ce qui causa leur perte plus d'une fois.

Les multiples voix raisonnaient ensemble, assourdissantes, fermes et pourtant pleine de sagesse. On pouvait presque entendre dans cette voix mentale un sourire.

- Je suis mes frères, ils sont moi, les frères esclaves doivent mourir, c'est là notre loi, mourir en rachetant leurs fautes, celle d'avoir cédé, d'avoir été faibles, les faibles n'ont plus de place parmi nous, ne sont plus que des chiens dispensables.

A peine la tirade terminée, tout les xénomorphes se tournèrent vers le premier des leurs à avoir cédé, des myriades de queues, de coups de griffes se mirent à pleuvoir sur le traître concerné, dispersant son sang aux quatre vents, ses entrailles brûlantes et mortelles jusqu'aux pieds des dirigeantes, sur les œufs et tout ce qui entourait les attaquants d'assez près.

- Si puissante que vous soyez, si violente soit votre espèce, à présent, vous ne pourrez plus reprendre le contrôle de mes frères, plus les commander comme de simples jouets, il faut vous faire à cette idée, aucun soldat ne se retourne contre sa générale, contre sa reine.

Elle voulait la voir? Elle allait voir, mais pas sans que certaines précautions ne soient prises. Les xénormorphes se placèrent en ce qui semblait être deux colonnes, les plus faibles vers l'avant, jusqu'à un replis rocheux, une zone d'ombre profonde, sans qu'aucune force ne puisse les détourner de cela, une fois fait, celle qui les influait sans plus avoir besoin de télépathie s'avança, lentement, les 'gardes' improvisés se massant autour d'elle a mesure qu'elle avançait, lui formant une garde bien difficile à percer.

Le visage inexpressif, mais le regard flamboyant, courroucé, Eve regarda tour à tour les deux meneuses, puis les oeufs qui se trouvaient là, leurs gardes également. La voix mentale de la reine-mère était sereine, on aurait en vainc cherché à la troubler, entourée qu'elle était, de multiples remparts.

- Vous vouliez me voir? Me voila, mais n'imaginez pas que vos menaces m'effraient, vous disposez d'une sympathique petite armée, mais contrairement à mes frères, ils ne sont que du gibier qui serait rapidement dépecé puis dévoré. Bien que vous, celles qui avaient osés vous faire passer pour l'une des nôtres, de façon imparfaite, soyez dangereuses, je ne vous crains pas.

L'une des 'mains' d'Enoria vint flatter la tête du xénomorphe directement à sa droite, ses doigts glissants sur la carapace, avec lenteur, puis dans la gueule même, frôlant les dents, sa queue battant l'air légèrement pour distiller ses phéromones.

Irina poussa un cri de panique quand elle vit les Xénomorphes se retourner vers l’un des leurs, et le massacrer impitoyablement. La créature se mit à couiner faiblement, son sang se vidant de son corps déchiqueté, et Sarah continua à maintenir Irina derrière elle, en prudence. La Cérébrate était encore un peu trop jeune, malgré son corps mûr et sa redoutable beauté. Effarée, Irina voyait ses propres bébés s’entretuer, tandis que leur agresseur raffermissait son emprise sur leurssoldats. Irina était courroucée ! Comment cet individu osait-il se faire passer pour leur « général », pour leur « reine » ? La Reine de ces créatures était là, dans sa carapace violette ! C’était Sarah Kerrigan, et personne d’autre ! Et, en ce moment, l’intéressée partageait, peu ou prou, le même sentiment qu’Irina, tout en sachant que les Xénomorphes avaient toujours été une espèce difficile à contrôler. Les monstres se tenant ici n’étaient pas de vrais Xénomorphes, ils étaient des copies génétiques conçus et incubés dans les bassins d’incubation des Formiens, mais, pour une efficacité maximale, ils avaient conservé l’essentiel de leurs propriétés génétiques... Y compris cet esprit de ruche qui faisait qu’ils ne se soumettaient qu’à une Reine xéno. Un rôle que Sarah remplissait, mais il n’y avait maintenant plus aucun doute sur l’identité de ce gêneur... Ou de cette gêneuse. Ce n’était pas un simple télépathe, un simple mage... C’était une Reine xéno’ ! Quant à savoir ce qu’une Reine xéno’ pouvait bien faire dans la vallée du Loriot...

Au milieu de cette végétation dense, la créature apparut alors, au milieu de Xénomorphes qui la suivaient. Ses Xénomorphes. Kerrigan enrageait sur place. Devait-elle rester sans rien faire alors qu’on lui volait ses créatures ? La femme se tenait là, dans une carapace chitineuse, dégageant une aura qui réveillait l’instinct primaire des Xénomorphes, comme elle le prouva en caressant la gueule d’un des monstres, qui, s’il avait pu ronronner, l’aurait sûrement fait.

Sarah laissa passer quelques secondes, puis lui répondit.

« J’ignore qui tu es, mais, si tu penses pouvoir retourner mes créations contre moi... Ce sont des Formiens ! Et, s’ils tentent de se rebeller contre moi... »

Sarah fronça les sourcils, et sa télépathie se répandit tout autour de lui, formant comme une onde... Et tous les Xénomorphes entourant la Reine xéno’ se mirent soudain à hurler et à couiner, vacillant sur place. Ce que Sarah faisait était une leçon. Cette femme pouvait peut-être prendre le contrôle de ses monstres, mais ils restaient ses monstres, psychiquement reliés à Kerrigan... Qui pouvait donc les tuer instantanément si elle le voulait.

« Ce sont des Formiens, ils m’appartiennent ! Qu’ils tentent de se révolter, et je les tuerai ! »

Irina tremblait derrière Sarah. Tuer ses bébés... Ce serait terrible ! Et ça, Sarah le savait aussi... Ce qui fit qu’elle relâcha sa pression, empêchant les cerveaux des Xénomorphes d’exploser dans leur tête.

« Maintenant, je vous laisse vous expliquer... Pourquoi nous attaquer ? Ma fille n’aimerait pas que je tue les créatures qu’elle a enfantées... Mais je n’hésiterai pas à le faire, si vous continuez vos actes hostiles envers moi et ma colonie. »

Et ça, c’était une promesse que Sarah comptait bien tenir !

L'onde de souffrance, elle l'avait ressentie tout autant que ses frères, si proches, leurs esprits étaient le sien, son esprit était le leur, elle n'avait pas vu venir l'attaque, quelle folie venait d'être faite, la reine mère resta droite et fière, malgré le cri strident qui était sorti de sa gorge.

Son regard avait changé, était devenu plus fixe, elle pouvait dire ce qu'elle en voulait, ils lui étaient génétiquement identique, et cette erreur, sa vis à vis l'avait sans doute faite volontairement, mais cela restait une erreur, s'il avaient été ne serait-ce que légèrement différents, elle aurait du les éliminer de ses mains, ils n'auraient été que des abominations, mais voila, tel n'était pas le cas.

Son regard passa de celle qui lui faisait front à celle qui se cachait, alors que la bouche de la reine mère était ouverte, exposant une rangée de dents identiques à celles de ses frères, mais surtout, la seconde gueule, sortie de quelques centimètres, preuve qu'elle n'avait pas du tout apprécié l'attaque qui venait d'avoir lieux.

- Vous les dites vôtre, pourtant, ce n'est pas autour de vous qu'ils se massent, pas autour de vous qu'ils tendent leur esprit, vous n'êtes pas ce que vous voudriez être pour eux. Vous n'êtes qu'une étrangère, vous avez assez de pouvoir pour les attaquer, mais...

Elle eut un sourire, tout en conversant, elle venait de modifier légèrement les ondes mentales de ses frères, fort peu, de façon minime, mais suffisamment pour que l'attaque mentale ne soit plus efficace, du moins, s'ils étaient de vrais xénomorphes ainsi qu'elle le pensait, c'était à la fois un test pour eux, et pour elle, qui déterminerait la survie ou l'élimination de ce début du ruche.

- Aucune reine d'une autre espèce ne dirigera jamais les miens, pas même par la force... Ni maintenant... Ni jamais.... Je parie même que vous n'avez pas réalisé que l'une des guerrières avait commencé à changer avant mon arriver, j'ai raison n'est ce pas?

D'un pas léger, elle s'était dirigée vers l'une des xénomorphes un peu à l'écart, posant la main le long de ses sortes de tuyaux qui sortaient de son dos, en retirant quelques gouttes d'un liquide noir et épais.

- Vous êtes peut être les 'créatrices', mais vous ne comprenez rien aux nôtres... Voila la preuve, une guerrière qui changeait, prête à nidifier et à grandir pour devenir la reine d'une nouvelle ruche...

D'un geste presque tendre, Eve glissa la main sur le corps de la dite guerrière, y compris dans sa gueule, paisible.

- Quand à mon hostilité, si vous nous connaissiez, vous sauriez le pourquoi de ce fait, les nôtres ne pardonnent jamais les traîtres, et encore moins ceux qui tentent de les diriger... C'est ainsi que nous avons pu garder notre pureté génomique... Et perdurer.

Eve s'était installée, faisant front aux deux femmes, sans réellement se concentrer sur celle qui dominait, elle envoyait des images d'un monde révolu, d'un monde passé, des sensations, des odeurs des ruches originelles à la cérébrale, non pour la détourner, mais pour qu'elle réalise ce qu'était réellement un xénomorphe.

« Si, je le savais ! »

Piquée au vif, Irina ne put s’empêcher d’intervenir quand la mystérieuse attaquante leur fit remarquer que l’un des Xénomorphes était en train d’évoluer pour devenir une Reine. Irina se déplaça un peu, intervenant dans l’échange tendu entre sa Mère et cette femme, et plusieurs des Xénomorphes se rapprochèrent d’elle, prouvant bien que, même si Sarah était la Reine, Irina restait leur dirigeante.

« J’ai étudié la xénobiologie avant d’évoluer, et de devenir une Formienne. Alors, je sais tout ce qu’il y a à savoir sur cette espèce ! »

On pouvait dire d’Irina qu’elle était faible, qu’elle avait du mal à être une télépathe, à utiliser ses pouvoirs, mais venir lui balancer qu’elle n’y connaissait rien aux Formiens, voilà qui la faisait bondir sur place ! Non, elle était douée, et Sarah, qui sentait la tension croître, se répertoriant sur les Xénomorphes, qui devenaient plus agités, tenta d’intercéder :

« Écoutez, nous ne sommes pas vos ennemies. Les Xénomorphes... C’est une espèce moribonde, dispersée dans l’Univers, traquée et dont les terres se composent de vestiges ravagés. La Fourmilière a incorporé dans son génome commun l’ADN si particulier de cette espèce il y a des siècles, mais nous n’avons jamais réussi à les incorporer totalement, sans les rendre inoffensifs. Ces Xénomorphes sont donc autant des copies de Xénos que de vrais Xénos. Alors, nous pouvons continuer à nous défier des yeux en essayant de voir qui a la plus grosse... Mais ce raisonnement typiquement masculin ne me plaît pas. »

Sa voix était ferme, comme pour annoncer qu’elle n’avait aucune envie de se battre, ce qui était vrai. Ce qu’elle voyait devant elle n’était pas une menace, mais une opportunité. Sarah laissa planer quelques secondes, avant de reprendre, en désignant Irina, comme pour donner davantage d’explications sur son rôle et sur sa présence :

« Irina était une humaine... Une scientifique, qui travaillait sur les Xénomorphes et sur les Formiens. Mais elle a rapidement été profondément fascinée par ces derniers, à tel point de les considérer, non pas comme de simples animaux d’étude, mais comme une espèce supérieure... »

Irina caressait la tête d’un Xénomorphe, sa longue queue venant frotter contre ses jambes, et elle embrassa sa tête sans problème, léchant cette peau gélatineuse et légèrement humide.

« Je l’ai prise car j’avais besoin d’aide pour mieux gérer les Xénomorphes... Vous pouvez estimer que cette démarche est inutile, les autres Formiens le pensent aussi. Je suis l’une des rares à recourir à ces créatures, car je crois à leur puissance et à leur efficacité. Pour le dire autrement, sans moi, il n’y a pas de Xénomorphes. Alors, pour résumer... J’ai des Xénomorphes que je peine à contrôler, et vous arrivez à les contrôler intuitivement, en raison de votre nature xénomorphique évidente... »

Sarah termina, en laissant sa phrase en suspens, et reprit ensuite :

« Vous voyez où je veux en venir ? »

Une association...

La reine-mère avait écouté, patiemment, son visage retrouvant son coté digne du marbre le plus pur et le plus dur, froid, inexpressif, alors qu'elle s'éloignait des xénomorphes qui n'en étaient pas, elle avait été flouée, les avait réellement pris pour des frères, alors qu'ils n'étaient que des pantins sans cœur et sans âme, des jouets, rien de plus.

Son instinct, celui de sa race, la poussait à présent à vouloir les éliminer, comme de vulgaire chiens, comme ceux qui avaient été créés avant eux par des expériences, pour ne pas souiller leur espèce. Pourtant, elle n'était pas apte à tenir tête à autant de vis à vis en une seule fois, surtout dans un terrain qui n'était pas à son avantage.

Pendant un temps, retranchée dans son propre esprit, elle pesait le pour et le contre, à l'heure actuelle, elle n'avait rien en ces terres, ni ruche, ni combattantes pour la seconder, rien, par contre, cette future pseudo reine pouvait se montrer à terme un poison pour leur race. Un proverbe qu'on lui avait enseigné il y a bien longtemps lui revint alors en mémoire, ce qui fit pencher la balance de sa décision, ce proverbe disait: Soit proche de tes amis, mais plus proches encore de tes ennemis, hors, de par leur nature non naturelle, ces xénomorphes étaient plus proche du second cas de figure que du premier, et ils se comportaient malgré tout comme de bons xénomorphes bien dressés.

- Soit, cependant, il est des conditions sur lesquelles je ne transigerais pas: La première étant que plus aucun faux frère ne soit créé, la seconde, que j'ai tout pouvoir sur mes suivants, tant que les ordres ne vont pas contre vos intérêts, je décide de notre lieu de nid... Et votre... Suivante, vit avec nous, d'une part pour vous transmettre les rapports, d'autre part pour mon plaisir personnel, les conditions vous conviennent?

Elle observait la future reine, qui, tant qu'elle serait là, n'évoluerait pas, le reste dépendrait des réponses de sa vis à vis.

Sarah n’avait aucun intérêt à se doter d’un nouvel ennemi, et de se battre avec elle. Ce raisonnement typiquement humain était à l’échelle de leur étroitesse d’esprit : simple, primitif, stupide. Il ne convenait guère à une Reine, à une Annexienne, une femme dirigeant une immense armée, et qui avait à cœur de la développer. Les débuts avec cette femme avaient très mal débuté, mais rien ne faisait opposition à une amélioration de leurs échanges. C’était, en tout cas, le but choisi et souhaité par Kerrigan, qui avait donc opté pour une sorte de médiation. Finalement, les choses semblèrent se calmer, car, après quelques hésitations, la créature xéno’ finit par acquiescer, tout en ayant plusieurs conditions à formuler… Certaines convenant à Sarah, d’autres étant plus litigieuses.

Néanmoins, Sarah la laissa parler sans l’interrompre, et la femme termina en évoquant la possibilité de disposer d’Irina, autant pour ses connaissances que pour son séduisant corps. La jeune Cérébrate ne dit rien, mais Sarah sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Étudier auprès d’une Reine xéno’ ! Même malgré les risques qu’une telle entreprise présentait, l’offre était tout simplement trop bonne pour la rejeter !

Sarah étudia donc ses propositions pendant quelques secondes, avant de finir par offrir une réponse :

« Je suis ravie que nous évitions un massacre inutile… »

Un préalable diplomatique, et elle marcha à son tour, sa main venant caresser le crâne d’un des monstres noires, ses doigts caressant cette surface gluante, gélatineuse, mais terriblement agréable et chaude.

« Malheureusement, il y a des conditions sur laquelle vous allez devoir transiger… Je ne compte pas arrêter ma production de Xénomorphes juste pour vous faire plaisir, ces créatures puissantes nous sont trop efficaces pour que je daigne les négliger. Ce serait une idiotie stratégique, et je ne tiens pas à sous-estimer mes adversaires dans la guerre que je déroule actuellement contre les Tekhanes. »

Cet élément n’était même pas sujet à discussion, en réalité. Sarah n’arrêterait pas de produire ses Xénomorphes, car ils faisaient partie des castes de guerriers d’élites de sa Ruche, des créatures aussi puissantes que dangereuses, fières et inébranlables. S’en séparer ne serait rien de plus qu’une pure folie, tout simplement. En revanche, en ce qui concernait les autres conditions…

« Pour le reste, je ne vois aucun problème à ce que vous fondiez vos nids. Le cas échéant, je pourrais vous apporter mon concours, mais vous devez savoir que Tekhos est un adversaire redoutable, et que vos nids sont susceptibles d’être repérés par leurs satellites, et détruits… Et, dans ce cas, il va de soi que vous ne sauriez me tenir pour responsable de ce genre d’incidents. »

Assez ironiquement, Sarah se faisait l’impression de parler comme une sorte d’avocate, chose d’autant plus amusante qu’elle n’avait qu’une connaissance très parcellaire de la loi. Elle reprit enfin sur la dernière condition :

« Quant à Irina… Je laisse ma fille libre de décider de ce qu’elle souhaite. »

En comprenant que c’était à elle de s’exprimer, Irina se mit à se mordiller les lèvres, puis s’avança un peu, et répondit assez rapidement, ne voyant aucun intérêt de maintenir un suspens qui, de fait, n’existait pas :

« Oh, et bien, je serais infiniment ravie de vous rejoindre, ma chère… Les Xénomorphes m’ont toujours passionné, et je suis sûre que je pourrais apprendre quantité de choses sur vous et sur votre magnifique peuple… Et, naturellement, je suis prête à me dévouer corps et âme à votre entreprise… Sans aucun problème. »

Comme toutes les femmes transformées en Formiennes par les bons soins de Sarah, Irina était devenue une redoutable perverse…

Ce fut au tour de la xénomorphe d'écouter, voila que sa vis à vis transigeait sur un point ou elle ne pouvait décemment pas plier, les bâtards qui ne sont pas né d'une reine xénomorphe, depuis les temps antédiluviens, étaient purement et simplement exterminé, même s'ils étaient proche à l'extrême de la race originelle. Bien que la cérébrale ait accepté la demande, Eve secoua la tête, retrouvant son coté froid et calculateur, son coté... Chasseur.

- Vous ne semblez pas comprendre n'est ce pas? Alors, je vais vous faire un ... Cadeau, si l'on peut appeler cela ainsi, cadeau empoisonné, cependant, cela vous aidera à comprendre...

Les yeux de la xénomorphe se plantèrent dans le regard de la dirigeant, son esprit quand à lui se mit à envoyer des informations en grande quantité, des informations aussi vieilles que la race des xénomorphes eux même. Des informations sur le pourquoi de sa demande, sur le fait que ses petits naturels, avec ou sans ses ordres, attaqueraient à vue les xénomorphes bâtards, pour les exterminer, comment cela avait toujours été le cas et le pourquoi.

- Comprenez-vous pourquoi je vous demande d'arrêter leur... Production, comme vous dite? Si je m'établis ici, et que mes nids prennent de l'importance... Ils finiront par attaquer les bâtards, avec, ou sans mon accord, c'est ainsi, c'est en nos gènes... Cependant, faute de les produire, je pourrais vous confier des troupes... Quand à repérer nos nids...

Elle eut un sourire mental, froid, glacial, cruel.

- A part un sonar puissant, nous sommes indétectable, pourquoi croyez vous que nous avons survécu jusque là? Alors que tant de races aimeraient nous éliminer de l'horizon?

De nouveau, elle se dirigea vers le xénomorphe qui était sur le point d'évoluer, la frôlant à peine, déjà, elle avait cessé de produire la substance sombre, preuve si besoin était qu'elle avait compris qu'une reine était déjà présente.

Enolia ne semblait guère avoir envie de lâcher l’affaire sur le point des Chasseurs xénos, et essaya d’encourager Sarah à comprendre en lui expliquant que ses propres Xénomorphes massacraient les siens. Sarah laissa les images déferler, tout en sentant une pointe d’agacement la traverser. Visiblement, cette créature ne comprenait pas tout... Que ce soit les Formiens, ou les Tekhanes. Sarah fronça donc les sourcils, et lui répondit rapidement :

« Et je crois que, toi aussi, tu ne comprends pas ce qu’est la Fourmilière... Alors, observe... »

Une onde psychique frappa l’esprit d’Enolia...

...Et elles se retrouvèrent alors dans l’espace intersidéral, flottant toutes les deux au milieu d’une mer d’étoiles, surplombant la surface de Terra, une planète ronde qui se distinguait par un énorme continent central, avec quelques satellites artificiels tekhans flottant le long de sa surface, y compris quelques stations spatiales.

« Voici Terra... Notre monde. C’est sur ce monde qu’un astéroïde des Formiens s’est écrasé il y a quelques années... Mais les Formiens ne se résument pas qu’à ça, Enolia. Cette espèce... Existe depuis des millions d’années. »

Le décor évolua, et les deux femmes se retrouvèrent à flotter hors de leur galaxie, puis allèrent au-delà encore, filant de plus en plus loin, pour surplomber l’amas de galaxies dans lequel la galaxie de Terra flottait, soit un espace d’une taille incroyable, se composant de multiples galaxies, et de centaines de milliards de planètes.

« Voici la partie de l’Univers dans laquelle nous évoluons tous... Plus ou moins. Tes Xénos, les Gordaniens, notre planète, la Station Spatiale... C’est une zone immense, gigantesque... Mais regarde là-bas... »

Sa main désigna, au loin, un autre superamas.

« Et ça, tout cet amas de galaxies... C’est là-bas que les Formiens vivent. Régulièrement, ils envoient des hordes et des hordes de Formiens et de vaisseaux-mondes, de bioplanètes, vers notre superamas. »

L’image se modifia encore, en montrant des espèces de nuages qui flottaient dans le vide intersidéral. Ces « nuages » étaient en réalité un regroupement immense et touffu de multiples vaisseaux formiens. Des millions de Leviathans, de tentacules gigantesques, tournant autour de planètes entièrement terraformées par les Formiens, et qui avançaient dans l’espace, des bioplanètes avec d’énormes tentacules qui faisaient bouger la planète, utilisant la rotation pour la faire avancer.

Puis Sarah lui montra les galaxies formiennes, des endroits remplis de Formiens, où il n’y avait que des planètes terraformées, reliés entre elles par des tentacules, par des nuages, formant une architecture spatiale inédite et terrifiante.

« Pendant des centaines de millions d’années, les Formiens ont combattu toutes les civilisations de cet amas. Il y avait dedans des puissances cosmiques terrifiantes, mais rien n’a pu ébranler les Formiens. L’un après l’autre, tous sont tombés face à la Fourmilière. Maintenant, cet amas abrite les plus puissants Formiens... »

Elle lui montra des Formiens gigantesques, grands comme des planètes.

« Voici, Enolia, voici ce que sont les Formiens... »

La vision se termina ensuite, et Sarah laissa à Enolia le soin de reprendre ses esprits, avant de conclure :

« Si tes créatures attaquent les miennes, c’est toi qui te feras massacrer. Alors, tu me pardonneras, mais je ne compte pas laisser Irina partir avec toi, si elle risque de servir d’otage par la suite. »

Sur le point de ses troupes, Sarah serait intransigeante, et, si cette femme pensait pouvoir la menacer, elle se trompait lourdement.

« Quant à tes nids... Et bien, tu n’as qu’à t’amuser à les faire, et tu verras bien ce qui se passera. »

Irina se pinça les lèvres. C’était un point de friction, mais qui pouvait tout à fait servir à relancer les hostilités... Ce qu’elle n’avait pas envie de faire, car elle pensait vraiment qu’elle pourrait apprendre beaucoup de la part de cette belle et puissante femme.

Un trait d'amusement passa après qu'elle ai vu les réactions, et les images, ainsi, sa vis à vis n'avait pas compris, ou ne souhaitait pas comprendre la raison de ce dont elle prévenait... Il n'y avait visiblement pas que les humains pour être idiots.

Avec patience, elle chercha les images les plus justes, celles qui expliquaient le pourquoi des réactions de son peuple. Cela lui prit du temps, mais elle finit par trouver. Elle se basa sur ce qu'elle savait du corps humain, et image par image faisait transmettre les informations le plus clairement possible: Le coeur et le cerveau étaient les reines, les artères les prétoriens de divers types, les vaisseaux, la caste des guerriers, et les plus vaisseaux les plus fins les drones. Chaque reine cependant n'était qu'une partie du cerveau, les impératrices pouvaient être vues comme des hémisphères, les reines-mères comme le cerveau complet.

Puis vint l'explication du pourquoi de leur réaction, ou plutôt, de ce qui se passait. Toutes les reines-mères se connaissent, puisqu'elles partagent une partie d'un même code génétique, une odeur qu'elles partagent toutes et que tout les xénomorphes partagent en partie, cependant, lorsque l'on 'crée' un xénomorphe, il ne possède pas cette odeur, et de même que les globules blancs du corps humain attaquent automatiquement tout intrus, les xénomorphes attaquent ces étranges pour les éliminer, puisqu'ils ne sont pas vraiment des leurs, même s'ils leur ressemblent.

Cependant, elle ne souhaitait pas la guerre, ce n'était pas là son idée, mais que feraient les autres reines mères si elles débarquaient?

- Je n'ai jamais trahi personne, si j'offre de venir étudier, ce n'est pas pour employer pour faire plier, mais je comprends votre point de vue et le respecte. J'espère que ce que j'ai voulu vous faire comprendre est assez clair, je ne vois pas de façon plus facile de l'expliquer, après tout... Le corps humain est l'un de ceux que nous connaissons le mieux. Tu dois comprendre que ce n'est pas une menace que je fais, c'est simplement une réaction instinctive, naturelle des xénomorphes, ce qui n'a pas cette odeur caractéristique fini exterminé... Nous sommes un peu assez... Difficile envers nous même, je le reconnais.

La voix mentale se voulait souriante, nullement agressive, elle expliquait les choses, après tout, qui mieux qu'une xénomorphe pouvait expliquer les xénomorphe?

- De plus, si j'avais voulu la bataille, crois tu vraiment que j'aurais essayé de faire comprendre les choses? Tu as pu le voir, vous avez pu le voir toutes deux, bien qu'ils soient vos 'jouets', ils m'obéissent plus qu'à vous, j'aurais donc pu agir et frapper, ce n'est pas le cas. Que ce soit mes oeufs ou vos ... Pantins, cela ne change que peu de choses au final s'ils vous servent, non? La seule différence étant que vous ne pourrez pas les tuer aussi facilement que ceux ci, mais l'avantage en contre partie est, qu'ou que vous alliez, s'il est des xénomorphes dans les parages, vous ne serez pas chargées pour extermination, mais acceptée, puisque partie de l'une des colonies majeurs.

C’était comme une conversation de sourds. Sarah avait exposé ce qu’elle était à Enolia, et elle fit de même, en lui expliquant que c’était dans la nature des Xénomorphes de tuer les autres. La femme ne pourrait rien faire contre ça, tout comme Sarah ne comptait rien faire pour arrêter cette production. Elle tenait trop à ses Xénomorphes, et il était totalement exclu qu’elle en arrête la production à cause d’une simple femme. Si un conflit devait avoir lieu, Sarah l’acceptait.

« Les Formiens sont des guerriers. Je vous ai exposé mon point de vue. Si les vôtres attaquent les miens, nous réagirons. »

Fondamentalement, c’était aussi simple que ça. On ne ferait pas changer de point de vue la Reine des Lames là-dessus. Elle se concentra un peu plus, et les monstres noires grognèrent, avant de se déplacer, en répondant à la volonté de leur Reine. Ils n’étaient pas des Xénomorphes « purs », et étaient avant tout des Formiens. La main de Sarah caressa la tête de l’un des petits monstres, qui se glissèrent ainsi dans son dos, ramenant Enolia à sa stature initiale : celle d’une étrangère venue perturber leur entraînement. Sarah estimait lui avoir tout dit. Elle était prête à retourner à des choses plus sérieuses, mais la main d’Irina se posa alors sur son bras.

Leurs regards se croisèrent lentement, et Irina regarda Enolia.

« On ne peut pas juste lui tourner le dos, Sarah... J’ai... J’ai besoin d’elle pour mes recherches.
 -  Je refuse de te mettre en danger, Irina... »

Irina fronça les sourcils, avant de regarder Enolia.

« Elle est bizarre... Mais elle a sa fierté. Elle ne mentirait pas. »

Un léger soupir s’échappa des lèvres de Sarah. Oui... Elle pouvait le sentir, elle aussi. Enolia était sincère dans sa démarche, et, quand elle disait qu’elle ne tuerait pas Irina, il n’y avait en soi aucune raison d’en douter... Mais voilà, Sarah n’avait guère envie de se séparer de sa Cérébrate. Même s’il était impossible de rompre le lien entre elles, Enolia ignorait tout des Tekhanes, et commettait l’erreur classique de les sous-estimer. Et Sarah n’avait guère envie qu’elle se fasse capturer.

« Très bien... Mais je veux que ça se passe ici, dans la vallée du Loriot. L’endroit est assez reculé des foyers de population, ce qui permet de limiter le risque d’immixtion tekhane. Je laisserais un ver de Nydus à proximité, ainsi qu’une petite colonie à l’entrée de la vallée. »

Irina acquiesça. Elle, elle ne désespérait pas d’éviter un futur conflit entre les deux espèces. Ce serait idiot, car les deux espèces avaient un ennemi commun, les Tekhanes, et, contrairement à ce qu’on pouvait penser, elles résistaient plutôt bien.

La Cérébrate se retourna donc vers Enolia, et lui fit un sourire :

« J’accepte de travailler avec toi, Enolia... »

Elle écoutait, paisiblement, cependant, elle réfléchissait dans le même temps. Sa vis-à-vis avait montré que les xénomorphes n'étaient que des chiens idiots, bâtards stupides et immatures, au moins, par sa simple présence, avait-elle empêché le passage d'une guerrière au stade supérieur, il était dors et déjà étonnant qu'il y ai des guerrières, mais ce n'était pas impossible, cela était déjà arrivé qu'un drone solitaire évolue avec le temps...

Alors qu'elles conversaient, elle voulu faire un geste, montrer ce que très peu en dehors des xénomorphes eux-même voyaient parfois... Bien qu'elle ai cette apparence passe partout, elle avait toujours sa forme native, celle des reines mères originelles.

Une ombre sombre l'entoura, alors même qu'elle reprenait sa véritable apparence, son ombre éclaboussant tout, pour cause, de son petit corps, si l'on peut dire, elle s'étendait de plus en plus... Septs mètres et demi de haut... plus d'une vingtaine de long... quand à son poids, on aurait en vainc cherché à le deviner. Cette fois, non contente de dégager les odeurs qui permettaient de gérer les xénomorphes, elle les faisait trembler, voir une reine mère hors de son antre est mauvais signe, même des clones le savaient.

Spoiler (cliquer pour montrer/cacher)

http://orig02.deviantart.net/2684/f/2009/095/e/5/e56763f173025c545ef666d0d98c4be3.jpg

La voix mentale, bien qu'infiniment plus forte et puissante, répondit à la cérébrale:[/i]

- Je n'ai qu'une parole... Et je veillerais à ce que rien n'arrive. Cependant, si le lieux me convient, mon nid ne sera connu que de vous, du moins tant qu'il ne sera pas suffisamment développé, par vous, votre 'mère', je n'en doute pas. Si d'autres... Visiteurs, venaient à y passer sans que vous n'ayez prévenu, je m'assurerais soit d'en faire des incubateurs, soit de les éliminer s'ils ne peuvent servir le premier dessein, cela vous convient-il?

Tout en attendant la réponse, elle avait reprit son apparence précédente, bien que cela fut bien plus lent, les xéno, bien que près de leur créatrices, émettaient des signaux clairs de détresse, de peur, qui mirent un moment à se résorber.

Sarah n’aimait pas cette idée. Elle, elle aimait tout contrôler, elle aimait tout savoir sur les autres, et, surtout, s’assurer que ses filles soient en sécurité... Et ce notamment pour Irina, qui était la plus faible et la plus jeune de toutes. Cependant, aussi faible soit-elle, Irina pouvait aussi se montrer très têtue, comme elle venait de le prouver en ce moment. Malgré l’avis contraire de sa Mère, elle avait décidé d’y aller. Irina, en voyant Enolia se transformer, s’avança lentement, les yeux transis d’émerveillement et de stupeur. Quel spectacle ! Quelle beauté ! Oh ! Quelle beauté ! Elle était... Elle était si belle ! Oui, magnifique ! Puissante, élégante, et forte, si forte... Irina aurait bien aimé la caresser, mais, assez rapidement, Enolia reprit sa forme normale, sans que Sarah ne sache si cette transformation avait eu pour but de la menacer, ou de lui montrer son vrai visage. Irina la regardait en se mordillant les lèvres, puis la Xénomorphe se remit à parler, en expliquant qu’elle acceptait cette vallée, mais qu’elle n’hésiterait pas à massacrer quiconque vienne, sauf Irina et Sarah. Pour le reste, elle ne garantissait rien, et Sarah se contenta de hausser les épaules.

« Comme tu veux. Tu administres ton nid comme tu le souhaites. Mais, au risque de me répéter, je veux retrouver Irina indemne. Sache que, comme elle est ma fille, elle est psychiquement liée à moi. Si elle m’envoie un message d’aide, je n’hésiterais pas à venir avec toute une Horde, et...
 -  On a compris, Maman ! »

Qu’Irina la coupe était le signe qu’elle tenait beaucoup à cette relation naissante avec Enolia... Et, comme pour partir sur de meilleures bases, elle s’avança vers la femme, et posa ses mains sur ses épaules... Puis alla l’embrasser. Sa bouche se plaqua contre la sienne, et elle soupira légèrement, blottissant son corps contre le sien, remontant l’une de ses mains pour caresser ses cheveux violets. Elle en profitait pour se frotter contre les écailles de la femme, contre cette espèce d’armure chitineuse qui recouvrait son corps. Ah, qu’elle était agréable ! Et encore, il y avait aussi sa longue queue... Irina en était tellement excitée qu’elle mordilla même les lèvres de la femme, avant de rompre le baiser.

« Oui... Moi, je veux travailler avec toi, Enolia... Et être ton amante, aussi... »

Qui n’aurait pas envie de l’être, honnêtement ?