Risa regarda Lucia essayer de se rappeler de détails qui lui permettraient d'identifier les voleurs. C'est là que ses yeux prirent une teinte différente, passant du marron au gris. La gérante n'avait jamais vu un tel phénomène, mais fut encore plus surprise après, quand la lycéenne lui rapporta ce qu'elle avait vu des deux garçons.
C'était impressionnant. Lucia venait de faire une description plus que détaillée. C'était bien suffisant pour retrouver les responsables. Cependant, une chose la dérangea chez la jeune fille : bien que son visage n'exprimait aucune émotion, son regard était tellement suppliant qu'on aurait dit qu'elle priait pour que la gérante du dortoir sache à qui elle avait affaire, et qu'elle puisse récupérer ses affaires. Risa afficha un sourire chaleureux sur ses lèvres.
« Ne t'en fais pas. Je sais de qui il s'agit. Ils sont pensionnaires dans ce dortoir. Suis moi, on va aller récupérer tes affaires. »
Risa guida Lucia jusqu'à une chambre du dortoir, d'où on pouvait clairement entendre une voix sortir. La gérante tambourina à la porte.
« Ouvrez, je sais que vous êtes là ! »
La porte s'ouvrit, laissant voir la tête de l'un des deux garçons qu'avait décrit la victime : grand, cheveux bruns et courts, yeux noisettes, visage carré, portant un t-shirt noir et un jean.
« Ouais, c'est pour quoi ? »
Risa força le passage à l'intérieur, ignorant les remarques de celui qui lui avait ouvert. Elle vit immédiatement le deuxième garçon, avec un sac entre les mains que Lucia identifia comme le sien. Ni une ni deux, la responsable du dortoir prit le sac et le rendit à sa propriétaire sans même faire attention aux deux autres.
« Hey, ça va pas bien ? On entre pas chez les gens comme ça. »
« Je suis la gérante de ce dortoir. Si j'ai envie d'entrer, je rentre. »
« Qu'est ce que tu veux ? »
« Vous avez volé ce sac à cette jeune fille ici présente, je viens juste le récupérer. »
« Tu peux prouver que c'est le sien ? »
« Vous pouvez prouver que ce n'est pas le cas ? »
« C'est la parole de cette fille contre la notre. Et vu tout ce qu'on raconte sur elle, ça m'étonnerait pas qu'elle ait menti juste pour nous mettre dans la mouise. »
Risa sentit sa tension grimper en flèche en entendant ça. Quand un garçon s'en prenait à une fille devant ses yeux, il pouvait numéroter ses abatis et prier pour survivre jusqu'à la fin de l'année scolaire, parce que cette fille aux cheveux bleus allait faire de sa vie un enfer.
« Tu veux te la jouer comme ça ? Très bien. Dans ce cas, c'est le conseil de discipline qui tranchera. Et le coupable sera renvoyé.
Par contre, si vous avouez dès maintenant, je promets que vous n'aurez pas plus que quelques heures de travaux d'intérêt général. Alors ? »
Les deux garçons commencèrent à douter. Ils se savaient coupables et ne voulaient pas se faire virer à cause de cette histoire, alors qu'ils ne risquaient que des sanctions minimes s'ils plaidaient coupables dès maintenant.
« OK, c'est bon, on avoue. On a volé son sac. Mais c'était juste pour rigoler, on lui aurait rendu après. »
« Bien sûr. »
Risa ria ironiquement.
« Bon, puisque vous avez avoué, on se revoit ce soir dans le bureau du proviseur. »
« Quoi ? Mais tu disais que... »
« ...que vous n'auriez rien de plus que du TIG. Mais ça, c'est mon verdict. On verra ce que le proviseur décidera. »
« Espèce de... »
« Je vous en prie, la grossièreté ne vous apportera rien de bon. »
Les deux filles quittèrent la chambre. Intérieurement, la gérante du dortoir jubilait.
« Et au fait, quand vous vous adressez à moi, il faut me vouvoyer. Je suis quand même la gérante du dortoir. »
Une fois dehors, Risa regarda Lucia et posa une main sur son épaule.
« Et voilà, un problème résolu. »
Après quoi, elle regarda sa montre.
« Ouh là, il faut que je me dépêche d'aller déjeuner. Ça te dirait de te joindre à moi ? »