Souvent, les hommes passent, hautains, et le considérant comme négligeant, sur le nounours d'un petit garçon. Grave erreur. Surtout si c'est un cadeau d'une mère à son fils. Voilà ce qui avait attiré Daclusia en ces lieux, lui qui n'était que simplement de passage sur Terre. Aujourd'hui, il portait des vêtements complètement noirs, hormis pour le t-shirt, qui était blanc. Sur le dos de la chemise, noir de jais, on pouvait voir une spirale ailée, rappelant une moitié de papillon.
Les pleurs d'un enfant réclamant sa mère.
Tout d'abord, les yeux bleu turquoise du vendeur furent attiré par ce tas de chair rose qui devait être vivant il y a à peine quelques minutes. Se penchant légèrement, les yeux clos, pour souhaiter une bonne après-vie à cet homme, il observa assez longuement Sandji une fois sa courte prière terminée.
Il était triste de voir ce que pouvaient faire la folie humaine. Connaissant son autre lui, il pensa un instants aux expériences de celui-ci. Au moins avaient-elles un sens. Au moins étaient-elles là pour une raison précise.
Alors que Sandji, lui, était une victime des conséquences de la théorie de Darwin.
Cependant, Daclusia prévoyait d'agir prudemment. Ce garçon avait été débridé, au moins en partie. Et du peu qu'il avait pu voir, il était également instable. Il fallait trouver un moyen pour le calmer et pour engager la conversation. Même si il ne savait pas encore pourquoi...
Puis ce fut autre chose qui capta l'attention du JYL. Une pelle. Mais pas n'importe quelle pelle. Elle était imprégnée de souvenirs tristes, de beaucoup de mélancolie, mais surtout d'amour maternelle. Cette pelle conservait en elle un morceau d'âme. Peut être même était-elle la demeure du spectre de la mère de Sandji.
Se doutant de la valeur que celui-ci devait y accorder, le vendeur préféra ne pas y toucher. Il se contenta de passer sa main autour, d'agiter l'air pour en capter les remous.
Se penchant, souriant, face à la pelle cette fois-ci, il murmura un "Enchanté madame", et entreprit de lier le contact avec Sandji.
Pour ce faire, il fit tourner son doigt, en spirale dans l'air autour de la pelle, pour l'imprégner de l'aura de ce sacro saint ustensile. Puis, soufflant doucement pour le bercer au gré de la brise, il expédia ce résidu d'aura sur le grand enfant.
Ce n'était rien d'énorme. Mais si ce gosse aimait autan sa mère que ça, alors il devrait la sentir. Au moment où ce fut le cas, le vendeur, à une bonne demi-douzaine de mètres de ladite pelle, pointa en direction de celle-ci, l'autre main dans la poche, souriant à Sandji pour bien lui faire comprendre qu'il était amical.
"Je crois que vous tenez à elle..."
Se contenta-t-il de formuler. Il était inutile de fioriturer les phrases. Pas avec lui.