Marchand de Viande (sarkesh)

    Issah se baladait dans la ville sacrée Athi, ville sacrée du Sultanat des Sables Blancs...Ou ce qui en restait de sacré. Le souffle du pouvoir religieux encore présent lui permettait d'arborait une forme assez succulente, celle d'une jeune fille aux formes appétissantes, la peau mate et presque dorée, les yeux oranges et la chevelure brune et épaisse qui descendait en une tresse sur son épaule. Cependant, si autrefois ce souffle était puissant en ses lieux jadis sacrés et intouchables aux yeux du peuple du sultanat, avec les mouvements politiques de ces derniers temps, le culte s'essoufflait et les pouvoirs d'Issah diminuaient. Ils étaient cependant toujours redoutables. Parue de cette apparat, elle était en chasse. En chasse d'une nouvelle proie afin de se rassasier. Elle était ainsi vêtue d'une cape d'un pourpre sombre pour se protéger du soleil brûlant, d'une longue et large jupe ocre couvrant ses pieds nus pour ne pas dévoiler sa vraie nature et d'un bandeau jaune sur sa poitrine. Elle n'avait mis qu'un ou deux bracelets de cuir, elle qui aimait tant les bijoux, pour paraître plus...abordable et facile que si elle s'était ornée d'apparats plus précieux. Plus facile car elle avait terriblement faim, en plein jour elle ne pouvait se rendre au cimetière, c'est pourquoi elle traquait avec un calme avide.

    Elle "chassait" en se faisant passée pour une proie, c'était une de ses techniques. Laisser ses cibles venir à elle tout en confiance juste avant de leur sauter à la gorge. C'est pour cela qu'elle évoluait dans le marché d' Athi, paraissant insouciante et volage. Mais malgré le monde, elle percevait bien qu'on la suivait, comme une ombre sur son dos. Sans rien laisser paraître, elle bifurqua du marché pour s'enfoncer dans les ruelles nombreuses et étroites. Elle s'éloigna ainsi de la foule, il était temps de se mettre à table...

Dois-je vous rappeler à quel point Sarkesh détestait les villes ? Non, sans doute pas !  Et le sable blanc ne faisait pas exception, ses villes étaient tout aussi peu appréciées qu'ailleurs. Il trouvait un campement nomade bien plus agréable ! Et il y avait l'immensité sauvage autour pour mettre en avant la liberté à disposition. Il fit une moue un peu boudeuse avant de rentrer. Il tenait par une laisse d'argent une jeune femme, presque nue, qui marchait pieds nus sur le sable brûlant sans la moindre trace de souffrance de sa part. Elle avait l’œil vif et semblait regarder dans une direction fixe, comme si elle avait trouvé quelque chose pour lui. Il sourit et lâcha la laisse lui imposant par la voix de ne pas bouger. Elle était au bord de la chaussée envahie de sable sur les pavés de pierre. Parfait ! Par sécurité, il lui attacha la laisse à un anneau fait sans doute pour un cheval ou un chameau et ensuite seulement il la laissa. Elle ne s'enfuirait pas. Il le savait. Question de principe.

Il s’engouffra dans la vielle, suivant la silhouette que lui avait indiqué l'esclave. Il la suivit dans un dédale de rues jusqu'à tomber sur une véritable venelle qui semblait être indiquée comme étant une impasse, qui plus est. Parfait… il se pencha et toucha les sables fin du sol pour entrer en contact avec et, doucement lui commença à lui ordonner. Il commença à ordonner au sable de suivre sa proie, de se diriger vers elle, plus encore, de remonter le long de ses jambes, de l'empêcher de fuir, de la clouer sur place alors qu'il avançait à sa rencontre. Finalement face à elle, il combla les derniers mètres n'en laissant qu'un ou deux de sécurité entre eux.

« Bonjour, autochtone. »

Il avait le ton dur et la voix inflexible. Une manière de montrer toute sa volonté et sa détermination. Il ferait ce qu'il y avait à faire.

« Je ne suis pas du genre à jouer la subtilité à ce stade des discussions. Je suis là pour toi. »

Il s'avança près d'elle, elle était belle, ce qui était encore mieux !  Une aura magique, de la beauté, rien de mieux en somme : il était gagnant sur tous les tableaux, non ? Il eut un sourire et plongea son regard dans le sien, comme pour distinguer dans cela quelque chose, comme la nature de ses dons.

« Voilà des yeux peu communs... »

    Elle sentie ses jambes s'immobilisaient malgré elle. Ah, cela n'était pas prévu...Ce qu'elle croyait être sa proie s'approcha d'elle. Il était plus grand qu'elle, très bien bâti et avec beaucoup de charisme...Trop, il n'était pas totalement humain. Et se dégageait de lui une aura bien trop noir pour que ce soit un être louable et charitable. En tout cas il était imposant, il aurait même été écrasant si Issah n'était qu'une humaine.

    Issah eut un sourire en coin quand il l'aborda, pour elle ? Mmmh...Elle ne bougeait pas, certes parce qu'elle ne pouvait pas mais elle ne cherchait pas non-plus à s'échapper. Non, totalement immobile. Affichant un air neutre comme si elle attendait, ses yeux oranges avaient un léger éclat de curiosité, sans plus. Se montant très patiente.

- Pour moi ? Mais pour quoi exactement ? Voilà une façon peu commune d'aborder les gens..

L'aura écrasante du démon se répandait dans la ruelle comme une violence inassouvie, latente, comme une sorte de présence envahissante et lourde qu'un humain aurait eu du mal à endurer sans trembler… mais elle ne semblait pas trembler. Curieux. Enfin bref, il était là pour la capturer, il aviserait sur les spécificités plus tard… il lui sourit, un rien sardonique et balaya ses propos de la main, ils étaient sans la moindre importance, pas le moindre crédit, voilà ce qu'il lui accordait.

« Allons, allons, j'ai différentes manières selon les gens ! Pour le coup, tu n'en mérites pas de bien évoluées étant donné ton avenir. »

Il sourit et attendit un peu, s'approcha assez pour lui toucher la peau, celle, douce, de la joue, sans violence mais sans aucune trace d'hésitation ; un geste précis et ferme, comme si cela prouvait quoique ce soit ! Il lui fit un sourire avant de reprendre la parole, sur un ton doucereux et plein d'une douceur qu'il n'était pas difficile de penser comme feinte. Il lui  saisit ensuite la mâchoire et plongea ses yeux dans les siens.

« Tu as maintenant un choix quant à ton avenir :  d'un côté, tu peux résister et lutter, auquel cas ton chemin sera une plaie sanguinolente, et je ne peux que te promettre un véritable chemin de croix. L'autre solution c'est que tu me suives sans résister et que tu obéisses bien sagement, auquel cas le traitement pourrait finir par te plaire, car c'est l'avenir qui t'es destinée, tu t'en doutes, non ? »

Il sourit avant de  la saisir à la gorge.

« Ton choix, esclave ? »

Le sable s'accumulait sur ses jambes, le moindre mouvement la déséquilibrerait et la ferait tomber.

    Son sourire s'agrandit...Esclave hein ? Il est vrai que dans sa longue vie elle n'avait jamais eu l'occasion de côtoyer l'autre bout de la chaîne, mais il faut avouer qu'elle n'est pas curieuse de le découvrir. Des esclaves, elle a put en voir plus d'un. Elle avait une fierté et une trop grande envie d'indépendance, même si elle servait Astar il s'agissait plus là d'une nature que d'un devoir...ou un dévouement...

   Elle commença doucement à rire, ses yeux n'avaient plus cette éclat de curiosité, voir de candeur mais traduisaient toute la noirceur de sa nature d'un regard transperçant

- Si on m'avait dit, il y 1 000 ans que c'était cela ma "destinée", je me serais contentée de le dévorer sur place, tout simplement, sans même chercher à lui faire comprendre à quel point il se trompait lourdement...

    Sa voix était plus voluptueuse et profonde qu'avant. Elle ricana doucement en dévoilant d'un sourire ses dents pointues et affutées, passant rapidement sa langue dessus. Le changement était palpable.

"-Mais je ne vois pas l'intérêt de croquer dans ta démoniaque viande si tu n'es pas humains. Et ce n'est pas non-plus la peine de t'expliquer que ton désir d'acquérir ce corps d'une manière ou d'une autre est tout simplement impossible...

    Elle le regardait dans les yeux, souriant de plus belle. Elle saisie son bras de sa mains dont les ongles poussés dangereusement aiguisées..Elle rit légèrement en se léchant le coin des lèvres,

"- Alors ..? Que vas-tu faire ? Dépêche toi de choisir je suis en appétit et il me tarde de me repaître...Pour t'aider dans ton choix, je ne sais combien de volontés tu as brisé pour mettre des êtres à ton service mais moi tu ne le pourras pas car je n'ai tout simplement pas de volonté propre."

Mille ans ? Elle était aussi vieille que ça ? Voilà qui rendait les choses plus qu'intrigantes… et peut être même aurait-il du avoir peur de ses dents pointues… pas humaine… encore mieux que simplement magique ! Il en frissonnait d'excitation !  Il regarda la jeune femme droit dans les yeux, leur couleur prenait un nouveau sens des plus divertissants… mille ans, donc… manger de l'humain, voilà qui rendait cela aussi très intéressant… il avait les yeux qui ne crevaient pas de trouille, mais des yeux qui pétillaient de malice ! Il lui fit un grand sourire avant de ricaner doucement, puis de rire plus franchement alors qu'elle finissait sa tirade !

« Et moi je ne vois aucun intérêt à te laisser aller ainsi, libre.. pour la protection de ces gens... »

Mais soyons honnêtes les propos de la « jeune femme » lui faisait plus que sourire… il était, selon lui, devant une perle rare et il ne comptait pas la laisser filer. Il comptait l'emporter et la dresser, toute personne pouvait être dressée si jamais on prenait la bonne méthode… alors il ne lui fallait que du temps pour trouver comment la faire craquer, chose qui était toujours complètement possible !  Il s'en savait capable, il suffirait d'une faiblesse…

« Pas de volonté propre ? On en a toujours une ! La tienne, bientôt, sera d'espérer un sourire de ma part par ta déférence, ton obéissance, et la diligence dans les deux ! Cette volonté sera celle que je t'imposerai et tu me remercieras de l'avoir fait, crois moi... »

Il eut un nouveau ricanement et le sable obéit, remontant le long de son corps pour l'immobiliser et l'emmener hors de la ville, il suivit ce « banc de sable » avant de lui faire faire le tour jusqu'à revenir devant l'entrée de la ville et siffler, que sa flaireuse revienne  vers lui, tenant sa laisse avec révérence, comme si c'était un honneur de l'avoir. Alors il parla à la nouvelle captive, de nouveau, prenant garde à e pas trop s'approcher d'elle.

« Tu seras aussi dévouée qu'elle…. Je suis sur que tu t'en doutes… à moins que tu ne puisses m'expliquer en quoi tu te crois plus forte qu'elle, par hasard ? »

Oui,il attendait des explications, une argumentation. Bref, de quoi jouer !

    Isaah sourit gentiment, elle doutais que cet être se souciait réellement du sort des êtres de cette ville, les gens étaient tellement égoïstes et impitoyable même entre eux.

    Elle fut ensuite emportée par le sable, qu'il dirigeait apparemment. Elle sentait chacun des grains de sable sur sa peau, l'immobilisant. Elle leva les yeux au ciel, elle le trouvait bien arrogant et obstiné, ce qui confirmait bien sa nature de démon. Mais si cela le continuait, il le considèrerait juste comme un imbécile buté...

    Ils arrivèrent aux portes de la ville. Elle haussa un sourcil en voyant la petite démonstration de l'esclave,

"- Grands Dieux j'espère bien n'être jamais aussi vulgaire qu'elle ! Je te le répète, même si je le désirais ce ne serait pas possible. Quelque soit la méthode que tu utiliseras, torture, corruption, manipulation, de l'esprit ou du corps, tu ne feras que t'épuiser pour rien et tu te montrerais bien stupide de plus...Mon sort ne dépend que des Dieux, de l'ensemble des êtres vivants et du temps. Crois moi tu as beau avoir l'air aussi puissant que tu en as l'air, nous sommes tout les deux bien en dessous de tout cela. Cela dit si tu souhaites que je sois comme elle, elle désigna l'esclave du menton, je veux bien te faire plaisir "

    Elle se transforma, copiant traits pour traits la jeune femme, jusqu'à son expression qui résultait plus du simple objet que d'un être à part entière. Jusqu'à ce que réapparaisse son sourire en coin en le regardant avec son regard transperçant, elle voulait lui faire deviner que si elle pouvait changer d'apparence, elle ne changerait jamais sa nature.

Oui, d'accord, sa flaireuse était un rien vulgaire, mais ça, c'était au naturel chez elle, mais voyez-vous, il n'était pas exactement intéressé par sa beauté ou autre, c'était son don qu'il avait trouvé précieux chez elle, d'ailleurs il la trouvait physiquement quelconque. Et son don, elle l'avait bien maîtrisée, aussi, autant le lui laisser, tout simplement. Elle était utile ainsi, plus qu'une personne qui aurait reçu de lui ce don  et aurait eu moins de temps pour le maîtriser. Il lui sourit avant de reporter son attention vers la proie capturée.

« Tu sais, ce genre de discours, toutes me le répètent, à chaque fois, chacune se croie assez forte car elle s'estime plus que les autres, et tu sais quoi , Étrangement, toutes ont cédé, pourquoi devrais-tu faire exception ? Parce que ton sort dépend de tant d'autres choses ? Les humains, et les dieux, par exemple ? Oh, comme c'est mignon… tu sais, je crois que nous allons beaucoup nous amuser ensemble… si tu reçois une bonne muselière. Je détesterai me faire mordre, même si je doute que tu me fasse bien mal... »

Il lui sourit, sardonique, regardant dans les yeux le sosie de l'esclave.

« Prends l'apparence que tu veux, rien de  ne change j'en sais quelque chose. Et je me fiche de cette apparence, donc peut me chaud, tu ne m'atteindras pas avec tes petits jeux polymorphes, mais tu me donne un renseignement intéresant :  un don de polymorphie me sera utile une fois que je te l'aurai pris ! Car oui, c'est pour cela que je veux te récupérer… ma flaireuse ta retrouvée car tu possèdes des dons  plus qu'humains… je te les arracherai pour les vendre au lus offrants et ensuite je te briserais pour que, finalement, je te vende avec les dons que l'on achètera. Et tu nous remercieras pour cela.

Il ricana ouvertement avant de dissiper le sable définitivement pour cesser de la faire reposer dessus. Il lui sourit et alors, il conclue.

« Je ne suis pas stupide, loin de là, mais croire sur parole une inconnue qui, potentiellement, cherche surtout à sauver sa peau, ce serait la bêtise la plus élémentaire… mais allez, je te laisse la possibilité d'agir pour le mieux :  convainc moi… ou cède... »

Beau défi, n'est-ce pas ? 

    Isaah souriait mais en son fort intérieur elle sentait la colère poindre en elle.  La goule était autrefois très susceptible, si on osait la comparer aux humains ou quoique soit d'autre, on se retrouvait à vivre les pires, et les derniers, moments de sa vie. Même si cela lui passé maintenant, il se moquait ouvertement de ses propos.. Mais elle ravalait sa colère. Il ne faisait que la provoquer. Puis elle sourit en coin, plus tranquillement, il se montrait de plus en plus désespérément borné. Comment n'arrivait-il pas à tout simplement comprendre ? Elle ne pouvait tout simplement pas être brisée, même avec la meilleure volonté du monde, elle était une entité semi-divine ! Sa médiocrité commençait à l'agacer.

    Cependant, le démon finit par relâcher son emprise de sable sur elle. Sans perdre l'équilibre, elle se rattrapa et en profita pour retrouver l'apparence qu'elle avait au début de cette conversation. Elle soupira et plongea ses yeux dans ceux de son interlocuteur, croisant les bras,

- Tu n'as pas l'air d'être un simple d'esprit... Tu sembles même, si tu es fidèle à ta race, être supérieure à n'importe qui en de nombreux points, elle soupira une seconde fois en s'approchant lentement de lui, Alors pourquoi. Mais pourquoi donc n'es-tu pas en mesure de connaître ma nature ? Ou alors tu l'as peut-être reconnue mais pour une raison que j'ignore  tu décides de l'ignorer alors qu'elle montre bien qu'il est purement impossible que je sois réduite en esclavage. Néanmoins...

    Elle marchait tranquillement, tourant autours du démon, jettant un coup d'oeil intéressé en passant près de l'esclave, se léchant les babines, elle avait toujours faim..Elle repris en se retournant vers lui

- Si tu veux autant mes dons, je veux bien travailler pour toi

Il y avait quelques petites choses que Sarkesh n’arrivait pas à tolérer ; En premier lieu, il y avait la désobéissance à un ordre direct, il tolérait assez bien l'insolence, dans la limite d'une certaine dose, mais tout de même, il avait une sainte horreur d'être face à quelqu'un qui lui renvoyait sa lac une comme la pire des ignardises. Ça le mettait en rogne, et même souvent, ça le mettait hors de lui !  Alors autant vous dire que les paroles de la créature qu'il avait face à lui ne lui plaisait pas le moins du monde… entre la flatterie éhontée et l'insulte non dissimulée… il la foudroya du regard et grogna légèrement, comme un animal sauvage.

« Arrête ça tout de suite ou ton sang sera bien vite absorbé par le sable… tu dis que tu ne veux pas me servir, mais que tu veux bien être employée ? Allons, ne me prends pas pour un imbécile, si tu n'as même pas de volonté propre, toute cette idée n' »est jamais qu'une fumisterie ! Tu mens quelque part et je finirai par savoir où, car si tu ne peux remettre ta volonté entre mes mains, comment pourrais-tu obéir si tu travaillais pour moi ? Je ne suis pas aussi imbécile que tu sembles vouloir le croire. Tes propos eux-mêmes se contredisent. Tout simplement. » [/b][/i]

Il soupira et la regarda changer de forme avant qu'il ne s'asseye sur un fauteuil qui émergea du sable. Il reprit alors la parole, sur un ton bien plus tranchant.

« Maintenant deux choix : expliquer ta nature et voir ce qu'il serait faisable de toi, d'un côté, ou renoncer à cette comédie et te préparer à endurer un âpre dressage. L'heure du choix a sonné, chose. À toi de faire le bon, car je n'ai plus de patience pour toi. Tu en as eu plus que ta part. » [/b][/i]

Il plongea ses yeux dans les yeux, des yeux pleins d'une flamme de violence et de colère.

« Alors ? »[/b][/i]