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Heu... Comme coussin ?!? Répète-je rouge comme une écrevisse.
Sans rire, je suis presque sûre qu'on doit voir de la vapeur me sortir par les oreilles tant je rougis. Elle se rends compte de ce qu'elle dit ? Utiliser mes seins comme oreiller ? Bon en fait non, c'est moi qui suit débile, bien sûr qu'elle sait ce qu'elle dit. Mais zut quoi ! Et mon innocence dans tout ça ?
J'ai rien dit... Je
pensais être rouge avant... Maintenant qu'elle m'a dit que la promotion sous le bureau c'est la norme dans le coin, je dois avoir découvert une nouvelle teinte de rouge pour l’entièreté de mon visage ! Et surtout, pourquoi me le dire à l'oreille ? C'est super gênant !
Heureusement, la suite est beaucoup plus calme pour mon pauvre petit cœur qui tambourinait à mes tempes comme un fou.
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Je vais me mettre à mes fourneaux dans ce cas...Mais la voilà qui revient à la charge en me disant que si je veux des baiser, je n'ai qu'à demander.
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Je... Ça ira pour le moment... Réponds-je d'une voix un peu efrayée.
Tout ça va un peu trop vite pour moi. Une heure à peine auparavant, j'étais encore l'une des personnes les plus seules au monde et en quelques minutes j'ai fait un câlin à une vampire qui m'a achetée comme esclave et elle m'a donné mon premier baiser par-dessus le marché.
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Heu... C'était... Bien... Réponds-je un peu confuse à la question sur le baiser.
Par contre j'étais trop surprise pour penser à goûter... Désolée... C'était doux... C'est la seule chose que j'aie réussi à identifier... M'excuse-je platement.
Je fini par réussir à me relever et m'incline avant de rejoindre les cuisinières. La première que je croise me fait un grand sourire et me demande ce que je sais faire. Je lui explique que j'ai appris un peu de tout et elle me délègue avec une tâche assez logique pour une nouvelle : l'épluchage et le découpage des légumes.
Je m'applique autant que je le peux, mais quand je termine, une autre cuisinière m'indique un espace de travail.
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Que dois-je faire ? Demande-je un peu surprise.
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Tu n'as pas dit que tu cuisinais pour la maîtresse ?Alors cuisine maintenant. -
Heu... Mais et le reste ?-
On peut s'en occuper. Cette cuisine tournait déjà avant que tu arrives. Alors à tes fourneaux ma grande et tâche de t'appliquer ! Maîtresse Mélinda a un palais délicat, entraîné par des siècles de dégustation. Quelque chose de "bien" ne suffira pas à la contenter.Je pâli un peu à cette mention, regardant l'espace de travail avec un malaise grandissant.
J'aime beaucoup cuisiner et je n'y suis pas mauvaise, mais suis-je vraiment douée ? Est-ce que mes plats valent ceux d'un grand chef ? Non, assurément pas, même si je place peut-être la barre un peu haut. Mais dans ce cas, que faire ?
Bon, rester ici à ne rien faire ne va pas faire avancer les choses. En plus c'est moi qui ai demandé à cuisiner pour elle...Comme on dit par chez moi "quand on fait son lit, on se couche".
Je m'empare des ingrédients, je vais éviter de faire dans le trop complexe pour éviter les couacs. Surtout que je n'ai pas vu l'ombre d'un livre de recettes depuis que je suis ici, alors je soupçonne que je vais devoir procéder de tête. Je me lance dans une série de trois plats : en entrée une salade mêlée, carottes râpées, salade verte, maïs, céleri-pomme râpé le tout agrémenté d'une sauce à la moutarde légèrement vinaigrée. Ça c'est l'histoire la plus simple et la plus rapide à faire, je la ferai donc au dernier moment pour que les légumes soient frais et croquants. En plat principal, un émincé de poulet au curry avec du riz en accompagnement. En règle générale, classique mais efficace pour reconstituer des forces. Si elle préfère nuit comme je le soupçonne, elle aura besoin de forces pour la tenir.
Pour le dessert, je suis beaucoup plus empruntée. Avec un plat principal chaud et épicé, il faudrait un dessert froid, voir gelé. Du genre une crème glacée ou un sorbet... Sauf que je n'ai rien vu qui me fasse penser à un congélateur. Je me tourne vers une des cusiinières.
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Dis, vous avez un moyen de faire des plats gelés ici ? Demande-je un peu gênée.
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Aucun problème, me répond-t-elle en me désignant une autre cuisinière.
Anaïs a un pouvoir sur la glace, demande-lui et elle te gèlera ce que tu veux.Je reste un moment très surprise de cette déclaration. Puis me décide à approcher cette Anaïs.
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Heu... Salut ?Elle se tourne vers moi et me fait un doux sourire qui me rassure un peu.
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Oui, que veux-tu ?-
Heu... J'aimerai faire un dessert froid et on m'a dit que tu pourrais m'aider...-
Avec plaisir, me sourit-elle.
Tu as besoin de moi tout de suite ?-
Heu, non je n'ai pas encore commencé... Admets-je
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N'hésite pas à me rappeler alors quand tu auras besoin de moi, me dit-elle en retournant à ce qu'elle est en train de faire.
Je m'éloigne un peu sur le cul. Bon ben il semblerait que je vais pouvoir faire de la crème glacée en plein moyen-âge au final moi...
Je commence par mon dessert parce que c'est ce qui va nécessiter le plus de préparatifs. Je prépare une base de crèmes épaisse avec du sucre, du lait et de la vanille. La première partie est la plus simple, on fourre le tout dans une casserole et on chauffe tout en touillant continuellement jusqu'à obtenir une composition homogène. Ensuite je réserve la composition pour m'attaquer à mon plat principal, la laissant simplement refroidir à température de la pièce pour le moment.
Je découvre l’énorme nuance entre faire de l'émincé de poulet soi-même et l'acheter dans un magasin. C'est beaucoup plus long, mais au final ça me permet de faire des morceaux qui me plaisent mieux, vraiment pas trop gros pour que Mélinda n'ai pas à ouvrir trop grande la bouche pour les manger et lui permettre de faire des petites bouchées. Je le saisi à feu vif dans une poêle huilée avant de le réserver et préparer ma sauce curry.
Le plat principal me prend au final vraiment plus long que je ne l'aurais cru et je m'applique de mon mieux pour qu'il soit vraiment bon. C'est très épuisant mentalement et physiquement, mais quand mon riz est enfin en train de cuire et que mon poulet mijote dans sa sauce au curry qui réduit doucement sur le côté du feu afin de laisser "à feu doux", je suis plutôt contente de moi.
Je retourne à ma crème glacée et me fais aider par Anaïs pour procéder à la "glaciation" de la crème. Elle prend vraiment mieux que je le pensais. Elle est un tout petit peu moins homogène que celle fait dans les grandes sorbetières industrielles, mais pour une glace faite main, elle se défend plus que bien je trouve. Comme je sais qu'elle vas nécessiter encore un temps de préparation je prépare un biscuit pour aller avec que je fais cuire au four et continue sur une crème pâtissière pour l'accompagner.
Tout ça est très joli, mais je trouve que ça manque d'une touche de fruits. Je pense faire un coulis de fruits quand une autre idée me vient. Mélinda est un vampire... Et si je tentais un autre genre de coulis ?
Je regard mon poignet un petit moment d'un air songeuse.Et puis au final, je me dis que cette journée semblant être placée sous le signe des nouvelles expériences, je peux aussi bien tenter le coup.
Dans mes affaires, il y a mon matériel pour mes perfusions d'urgence. Trouver une aiguille n'est pas un problème, mais je dois me cacher un peu pour éviter que les autres ne voient ce que je veux faire. Puis je réalise que je suis une conne parce que le sang vas coaguler au contact de l'air et surtout du froid de la glace. Je suis presque prête à abandonner quand je tombe sur du thé vert dans la réserve. Hors je sais à cause d'une mauvaise expérience que le thé vert est un anticoagulant naturel.
J'en prend une généreuse dose et retourne à mes fourneaux. J’humidifie mon thé et le presse pour en tirer le jus et reocmmence plusieurs fois avant de faire bouillir le résultat pour en tirer surtout la partie qui m'intéresse, celle qui empêchera mon sang de coaguler. J'obtiens un liquide claire et légèrement vert que je sucre pour s'accorder avec ma glace et continue à faire réduire jusqu'à obtenir une espèce de sirop de thé vert. J'emporte ensuite ma mixture dans la réserve où je me pique l'avant-bras avec mon aiguille et me sert de mon tube médical pour faire couler mon sang dans ma mixture. Comme je m'y attendais, les composants du thé empêchent le sang de coaguler et le sucre fixe les globules rouges dans un composé qui évitera qu'il ne gèle et forme des caillots au contact de la glace. Je tire autant de sang que je l'ose car après tout, mon idée est de faire un coulis au sang rehaussé du goût du thé vert, et non un coulis de thés vert avec un arrière-goût de sang. Je fini par me retirer l'aiguille du bras quand je commence à voir des points blanc se former dans mon champ de vision. je goûte quand même mon plat avec beaucoup d'appréhension. Ce n'est étrangement pas mauvais. Le but d'un coulis étant d'être sucré, il est sucré. Il goûte le sang sucré. Le thés vert n'est au final qu'un arrière-goût qui ne tranche pas dans le goût général.
Je retourne faire ma salade et terminer ma glace. Mais au moment où je vais pour monter ma coupe de glace, le grand noiraud qui a arrêté le noble tout à l'heure semble être apparu du vide à côté de moi pour renifler ma casserole de coulis au sang. Il me colle une peur bleue en surgissant comme ça de nulle part et je suis sûre que mon coeur manque un battement, me donnant l'impression que je m'apprête à tourner de l’œil.
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Heu... Désolée, c'est pour Mélinda... Dis-je en tentant de calmer ma respiration folle.
Je parviens à prendre la casserole sans qu'il ne dise ou me fasse quelque-chose pour la réserver un peu plus loin et remettre le couvercle. Je monte ensuite les assiettes pendant que le garçon disparaît à nouveau. Une autre dame en tenue de soubrette viens chercher mes plats pour les amener à sa maîtresse. Et j'ai une nouvelle occasion d'avoir l'impression de tourner de l’œil en réalisant que sa tenue de soubrette laisse libre accès à sa poitrine et que je peux apercevoir son entrejambe tellement sa minijupe est courte.
Elle emporte les plats un par un et reviens chercher les suivants quand Mélinda a fini de manger. Je termine en lui donnant ma crème glacée à la vanille avec son biscuit et sa crème fouettée. Je me sers du coulis pour marquer "Merci" sur la glace et envoie le tout avec la serveuse, laissant la casserole des fois qu'elle veuille en ajouter sur sa glace.
Par contre après ça, moi je suis naze ! Mais la cuisinière m'envoie quand même attendre dans une sorte de boudoir à côté de la salle à manger pour que j'aie le résultat de la dégustation de notre maîtresse.
Bon, elle a pas hurlé à la tentative d'empoisonnement, c'est déjà ça... Me dis-je en m'asseyant dans un fauteuil rembourré de style très victorien.
Je me mets à attendre en me posant une question existentielle : pourquoi y a-t-il un lit à baldaquin dans un boudoir ?