Ils avaient joui tous les deux, et Doutzen s’était à nouveau assise sur l’eau. Le sexe était pour elle un moyen de se détendre, même si elle avait du mal à comprendre ce qu’elle faisait ici. De fait, depuis qu’elle avait grimpé dans l’avion avec Alex, elle ne savait pas ce qu’elle fichait ici. Alex, ce play boy, voulait changer de vie avec elle, tout en continuant à la voir comme une prostituée... Alors, peut-être que c’est ce qu’elle était ? Et comment le lui reprocher ? Elle passait sa vie à coucher avec les autres, hommes comme femmes. Elle ne pouvait guère reprocher à Alex de voir en elle autre chose qu’une prostituée... Ce qui l’énervait, c’était qu’il mélangeait les choses, qu’il la voyait comme une petite amie, et à la fois comme une prostituée... Soit Doutzen était l’un, soit elle était l’autre, mais elle ne pouvait pas être les deux. Et était-il besoin de préciser qu’elle ne croyait pas vraiment à l’amour ?
Dario lui proposa une seconde manche, et elle le regarda en souriant.
*Attention, ne t’attache pas trop...*
Mais une seconde manche ? Est-ce qu’il le méritait ? il l’avait fait jouir, après tout, ce qui, en soi, n’était pas difficile. Doutzen était tellement habituée à coucher avec des gros tas et des pervers pédérastes que tomber sur des hommes bien fichus, et de son âge, était tout ce qu’elle demandait. Elle lui sourit donc, et glissa sa main dans ses cheveux, rabattant quelques mèches en arrière, quand elle entendit des bruits de pas. Elle tourna la tête, surprise, et vit Alex, se rapprochant à toute allure, chargé comme un taureau sur le point de plonger dans la corrida. Doutzen, toutefois, ne fut guère surprise de le voir. C’était son île, alors, s’il voulait l’espionner, il pouvait probablement le faire sans se faire trop remarquer.
Bien malgré elle, elle sourit. Il semblait souffrir, et se mit à l’invectiver furieusement, comme un mari jaloux qu’on aurait surpris en plein adultère. Doutzen aurait probablement dû se sentir choquée par ça... Mais elle avait en elle un voile de cynisme bien ancré, grâce à Reto. Doutzen finit par se relever, et haussa les épaules :
« Je t’en prie, Alex, à quoi est-ce que ça rime ? Me suivre comme si j’étais quoi ? Ta femme ? Ta fille ? Nous ne sommes rien de tout ça. C’est toi qui ne sais pas ce que tu veux. Entre nous, les choses ont toujours été claires. Tu entres, tu te retires, et puis basta ! Tu as cru quoi ? Que les Princesses charmantes s’envoyaient en l’air au premier rendez-vous ? Tu viens me faire la morale ici ? Comme si quoi ? Comme si on partageait autre chose que des coups de trique, toi et moi ? »
Dario ne devait probablement pas y comprendre grand-chose, mais ce fut vers lui que Doutzen s’avança, et l’embrassa sur le cou. L’homme avait déjà compris qu’il n’avait pas affaire à une vulgaire bimbo voulant se faire défoncer le cul sans réagir. Doutz’ était volontaire à ce qu’elle faisait, endurante et énergique.
« J’ignore ce que tu as vu en moi, Alex, mais c’est ce que je suis : une pute. Tu as voulu que je sois autre chose, mais... Tu t’es fourvoyée. C’est ce que je suis. Alors, tu as trois options : soit tu restes planté là comme un con pendant que je m’envoie en l’air avec ce mec, soit tu retournes chez toi pour te donner l’illusion que tu es un grand romantique, soit tu te rends utile, et tu me prends par l’arrière pendant qu’il me prendra par devant... Ou l’inverse, selon vos foutues préférences ! »
Qu’avait-il cru ? Qu’un sourire et quelques révélations en tête-à-tête changeaient le monde ? Il n’était pas amoureux d’elle, non, il la voyait juste comme son jouet. Son île, son avion, son fric, sa chose... Mais Doutzen était déjà le Petit Chaperon Rouge de quelqu’un, et ce quelqu’un avait des dents plus longues que celles d’Alex. Et elle n’avait aucune leçon à recevoir de la part d’un type qui avait eu un gosse avec un quasi-inconnu, et qui préférait se taper des putes, plutôt que de s’en occuper. Eux, un couple ? Bah ! L’image en était à mourir de rire ! Doutzen se retourna vers Dario, et fit comme si Alex n’était plus là :
« Alors, mon chou, tu veux me prendre comment ? Par devant, ou par derrière ? Tu peux demander à l’autre type, il paraît que je suis bonne par tous les trous... »