Mathusalem était assis dans son grand fauteuil, sous sa forme naturelle démoniaque, reposé et profitant de l'ignoble et séduisant plaisir d'un cigare, le genre d'invention humaine dont il se délectait. Le cigare était comme lui : imposant, toxique, addictif et symbole de richesse. Devant lui, un central de sécurité doté des mêmes écrans que le PC sécurité de la boîte de nuit, situé juste en-dessous, diffusait les images captées par les caméras officielles, ainsi que quelques-unes moins officielles qui donnaient dans des angles indécents : depuis le dessous de certaines banquettes observant directement sous certaines jupes ou plongeant dans les toilettes... Mathusalem soignait ses désirs pervers et aimait profiter de son pouvoir pour les assouvir.
Ce soir, il avait remarqué une proie splendide pour lui. Il l'avait repérée dès le début, dès son entrée. D'ailleurs, le videur avait un instant tiqué, mais il l'avait laissée passer - il en paierait le prix plus tard. En attendant, elle était trop jeune pour entrer et sa carte d'identité était à coup sûr une fausse. Elle était déjà prête à danser, il la suivit par les caméras. Elle commença à se dandiner dès qu'elle eut déposé son sac à main à la consigne. Sa robe blanche était magnifique, un bel écrin pour une jolie jeune fille, qu'il allait s'empresser de souiller...
Il appuya sur quelques touches et se pencha sur le micro devant lui.
"Otto, tu m'amènes la jeune fille qui vient d'entrer. Robe blanche, cheveux noirs. Elle vient vers toi."
Il changea d'une pression l'interlocuteur.
"Anna, ma douce, fais-moi monter le sac à main qui vient de t'être remis par une petite donzelle aux cheveux noirs et robe blanche, à la bouille de gamine, tu seras gentille."
Sur les caméras, Mathusalem vit Otto aborder la jeune fille, puis la guider vers une porte de sécurité. Le sac à main arriverait plus vite qu'elle, Mathusalem avait fait installer un monte-plat spécial de la consigne, car il aimait pouvoir fouiller librement dans les affaires de certaines personnes. On frappa à la porte et en un instant, Mathusalem prit son apparence du Boss, dans un beau costume blanc.
"Entre, Roméo."
Le jeune Roméo entra, portant le petit sac à main, et le déposa auprès du Boss.
"Voilà, Boss."
"Merci, Roméo... Au fait, on m'a dit que ta cousine cherchait du travail."
"Euh...oui, Boss."
"Tu devrais me l'envoyer, je lui trouverai sûrement une fonction ici."
"Oh, merci, Boss... Je lui dirai de passer dès que possible. Je vous remercie, Boss."
"C'est rien, c'est ça, la famille. Et puis, ça pourrait lui faire un joli cadeau de mariage. Et je sais que tu l'aimes beaucoup."
"Oh, pour sûr, Boss. Merci, Boss."
Roméo partit et le Boss sourit. Roméo transpirait de tous les pores de sa peau son désir pour sa cousine, une bien belle fille selon les photos, qui venait de se marier avec un petit banquier du secteur. Mathusalem se ferai un plaisir de s'occuper de la jeune mariée, puis de la laisser à Roméo pour satisfaire ses volontés perverses. C'est ainsi qu'on asservissait ses employés : en satisfaisant leurs instincts les plus bas. Il ouvrit la pochette de soirée. Il n'y avait pas grand-chose : de la monnaie, un peu de maquillage dont un rouge à lèvres qui n'en était pas un mais un petit vibromasseur, des mouchoirs, et la fameuse carte d'identité. Le faux était bon, mais Mathusalem avait de l'expérience. Il regarda les indicatifs et eut un petit rire nerveux, en voyant que le code de la carte était destiné à un homme et non à une femme. Il remit tout dans la pochette et posa celle-ci sur la table. Il allait bien profiter de cette soirée avec cette Lili Ivanes...si le nom était exact.
On frappa à la porte à nouveau et Mathusalem jeta un regard sur la caméra devant son bureau. La jeune femme, escortée par Otto, attendait devant la porte, visiblement mal à l'aise. Otto était parfait dans ce rôle, il savait être aussi froid que la glace. Sa femme le lui reprochait souvent, avant qu'elle ne découvre que son homme aimait la regarder se faire prendre par d'autres hommes. Depuis que le Boss avait couvert sa femme de sperme devant lui, leur couple était en plein essor, Otto se contentant d'un rôle de voyeur et sa femme explorant ses penchants pour les jeunes hommes bien montés et les petites perverses...
"Entre, Otto, et fais entrer mademoiselle Ivanes."
Otto entra et invita la jeune fille à le suivre. Puis, il s'éclipsa, non sans un regard sur le Boss, dont il connaissait sûrement les projets. Le Boss se leva et vint faire le baise-main à la jeune fille, un peu surprise, et il en profita pour humer ses pensées superficielles. Oh, quel doux parfum que celui de la fausse fille sage, se délectant des beaux calibres dans tous ses trous, s'avouant à peine son penchant pour le masochisme et recourant bien souvent à des caresses intimes pendant de longues heures dans son lit, à jouer avec ses parures de métal...
Le Boss retourna à son fauteuil.
"Tout d'abord, je tiens à vous remercier, comme tout client de mon établissement, pour l'avoir choisi. Une jolie fille comme vous est toujours un ravissement pour les yeux, et ce qui ravit ma clientèle m'apporte toujours plus de clientèle."
Il ouvrit devant Lili la pochette de soirée et en tira la carte d'identité.
"Mais là, je lis que vous êtres majeur sur cette carte d'identité, qui est un faux manifeste. Et je ne peux tolérer qu'une jeune fille mineure s'introduise dans mon établissement, sans quoi je pourrais avoir des problèmes avec les autorités. Honnêtement, je n'aime pas les policiers, et je pense que vous n'avez pas envie de les voir vous non plus pour répondre d'un usage de faux et d'une usurpation d'identité, je me trompe ? Alors, nous allons devoir trouver un terrain d'entente, entre nous, pour éviter que les autorités ne vous embêtent, vous comprenez..."