Liens [Hécate Cryptis - Décaptis Cryptinna]

Nexus n’était pas une ville où Juliette avait l’habitude de se rendre, et, quand elle sortit du périmètre de l’hôtel alloué durant le colloque universitaire, elle ne fut pas rassurée. Juliette s’attendait à se faire agresser au bout de quelques secondes, et, au lieu de ça, elle dut admettre que, malgré la propagande impériale… Et bien, Nexus n’avait pas démérité de son statut. L’hôtel se trouvait dans l’un des quartiers les plus aisés de Nexus, proche de la fameuse Place du Marché, une gigantesque place concentrique, immense, abritant la Grande Foire de Nexus. Même si celle d’Ashnard commençait à prendre de la taille et à gagner en notoriété, la vérité amenait Juliette à devoir bien reconnaître que rien n’égalait encore, en terme de choix, en terme de taille, et en terme de diversité socioculturelle, la Grande Foire de Nexus… Marchands itinérants, nains, elfes, cités libres, guildes… Tous avaient leurs étals, proposant une infinité de choses, soit autant de choses que Juliette pouvait acheter, afin de faire plaisir à sa Maîtresse et tutrice, Décatis Cryptinna. Juliette savait que cette dernière devait venir d’ici un jour ou deux pour ouvrir son étal. Même malgré la guerre, il était encore possible pour certains Ashnardiens, en suivant des contrôles et en obtenant de rigoureuses autorisations, de pouvoir vendre leurs produits. Maîtresse Cryptinna devait venir, et il était d’autant plus facile pour elle de le faire que, parce qu’elle avait autorisé une stagiaire venant de l’Académie, elle bénéficiait de l’aide de cette dernière. Tout en étant liées aux États, les académies et les universités bénéficiaient encore d’une certaine liberté, et organisaient encore régulièrement des colloques, politiquement neutres… Officiellement. Officieusement, ces grands colloques universitaires étaient l’occasion pour les espions de pouvoir se balader et se promener, utilisant une couverture officielle pour extraire des informateurs.

Juliette avait rejoint un colloque, en qualité de Beaumont, qui portait sur l’alchimie, et, plus spécifiquement, sur les Homoncules. Il s’agissait d’un terme alchimique désignant une expérience alchimico-magique consistant à fabriquer artificiellement un être humain. Outre les enjeux légaux, la question était surtout vue d’un point de vue scientifique et magique. Les Homoncules existaient, mais ils étaient très peu nombreux, et très difficiles à fabriquer. Plusieurs Tekhanes étaient également là, et le colloque s’étalait sur une semaine, avec de multiples conférences, des tables rondes, des interventions d’éminents spécialistes… Les mages ashnardiens avaient loué un étage à l’Auberge du Coucher de Lune, avec des chambres luxueuses. Quand Maîtresse Cryptinna avait appris ça, elle en avait profité pour confier à Juliette une mission, consistant à récupérer des artefacts et des produits avant qu’elle n’arrive. Être séparée de sa Maîtresse était terrible, car Juliette avait maintenant l’habitude, à chaque pause, d’être torturée et immobilisée par elle. Juliette adorait qu’on l’attache avec des cordes, qu’on la ligote, et, sur ce domaine, Maîtresse Cryptinna était terriblement douée. Elle la maintenait en suspension pendant de longues minutes, et, maintenant que les deux femmes s’étaient rapprochées, Juliette la voyait souvent nue, même si Maîtresse prenait souvent plaisir à refuser tout contact visuel, et à la faire jouir ainsi. L’amour que Juliette ressentait pour Décatis était de plus en plus fort, vibrant presque en une sorte d’obsession, de fascination incroyable. Ne pas la sentir pendant plusieurs jours était éprouvant, et, pour cette raison, Juliette sortait fréquemment, explorant les méandres de la ville, tout en évitant de s’approcher des bas-fonds.

Elle avait la liste de sa Maîtresse, mais cette dernière lui avait expliqué qu’elle cherchait un fournisseur très particulier : une petite boutique dirigée par une femme répondant au nom d’Hécate Cryptis. Un nom curieux, ressemblant à celui de sa Maîtresse, mais Juliette misait cela sur le compte d’une simple coïncidence. Elle avait une adresse, mais Nexus était une ville bien grande… Elle était accompagnée par une aînée, Courtney, mais cette dernière l’avait largué. Courtney, de fait, adorait fréquenter les luxueuses maisons de charme, et elle n’avait encore jamais eu les moyens de passer une nuit au harem Warren… À défaut, elle avait utilisé l’argent de l’ambassade pour larguer Juliette, et pour se rendre à un harem de luxe. Juliette aurait été tentée d’y aller, mais Courtney la voyait encore comme ce qu’elle n’était plus : une jeune femme frigide désintéressée du sexe. Maîtresse Cryptinna se chargeait de la former, voilà tout, mais personne n’était censé le savoir.

*La voici…*

La boutique se découpait devant elle, le long de la rue, et Juliette s’y avança. Elle ouvrit la porte, et pénétra à l’intérieur.

Pourquoi spécialement Hécate Cryptis, et pas quelqu’un d’autre ? La question continuait à la turlupiner… Et, tôt ou tard, la réponse finirait par arriver.

Ah là là… Si seulement vous pouviez imaginer à quel point ces regroupements marchants me fatiguent… Bon d’accord j’avoue ne pas y aller pour la simple raison que je n’aime pas cela, mais tout le bazar que cela apporte à coté quand l’ont n’est pas sur-place est incroyable. Et je ne parle pas seulement du bruit vous savez. Nombre de clients qui passent dans la rue où je me trouve et qui au final repartent sans dire une quelconque formule de politesse et repartent comme s’ils n’avaient jamais été là, c’est un poil irritant. Il m’arrive parfois de faire une petite affaire, mais cela s’arrête là. Au final je n’y gagnerais pas plus qu’un jour banal parmi tant d’autre dans l’année, certes, mais l’humeur va en prendre un sacré coup quand je vais rentrer sur Terre. Fort heureusement cette fois-ci, cela aura une fin douce et il faudra attendre un bon moment avant que cela recommence. D’ici là, j’aurais davantage la paix.

Depuis environs le début de mes heures, je me trouve derrière ce qui se trouve être mon comptoir de présentation, à gauche de la porte d’entrée à vérifier que toute ma pléthore d’objets enchanté en exposition ne souffrent aucunement d’un quelconque manque de magie. J’ai suffisamment eut de surprise comme cela. De plus, je n’ai pas tellement le temps à accorder aux objets que j’avais prévu d’enchanter à cause de la foule dont je dois m’occuper, bien que pour l’instant le calme à remplit la pièce depuis quelques minutes. J’ai également fait le ménage avant d’ouvrir, ayant redonné une nouvelle vie au bois servant de sol et à toutes les vitrines un peu partout. Par contre je n’ai pas encore eut le temps de m’occuper de la caisse présente un peu plus loin, là où se trouve la porte de mon laboratoire juste derrière, mais ce n’est que peu important. J’ai plus important à faire pour l’instant avec ma machine.

Ah la porte s’ouvre ! J’espère seulement que je vais avoir droit à une meilleure clientèle, même si aucun achat n’est fait, que celle déjà passée plus tôt dans la journée. C’est déjà assez dur de se lever très tôt alors épargnons-nous la mauvais humeur je vous prie :

- Bienvenue dans mon humble boutique ! N’hésitez pas à venir me voir si le besoin s’en fait ressentir.

Bon elle ressemble à tout, sauf une Nexusienne classique. Par déduction, je dirais même qu’elle vient de l’autre côté, mais après tout, l’habit ne fait pas le moine comme je l’ai appris. Après tout, avec ma coiffure atypique qui jure complètement avec ma blouse de laboratoire, et qui plus est les lunettes que je porte qu’il est facile de remarquer qu’elles ne me servent pas pour mieux y avoir, je fais un peu savante folle-dingue à interner.

Bref, retournons à nos marmitons jusqu’à ce que cette femme ait besoin de moi. En admettant que cela s’avère être le cas.

Quand Juliette entra, elle vit qu’il n’y avait pas grand-monde... Elle avait même le sentiment d’être la seule cliente, dans une boutique qui était à peu près aussi grande que celle de Maîtresse Cryptinna. Dans sa belle robe blanche, avec son manteau marron à capuche, elle ressemblait à une sorte de mélange atypique entre une bohémienne et une princesse. Elle avait eu peur que les gardes nexusiens la repèrent et ne la capturent, mais les Beaumont ne semblaient pas être très connus à Nexus. De plus, à voir toutes les affiches propagandistes qui résumaient Ashnard à une terre barbare et ensanglantée, les Nexusiens étaient bien éloignés de la réalité, au plus grand amusement de Juliette. La femme retira sa capuche en entrant, et la dame à l’accueil, une jeune femme, la salua rapidement, sur un ton entraînant.

« Je vous remercie pour votre hospitalité, Madame... »

Juliette reporta à nouveau son regard sur la liste. Elle comprenait beaucoup d’ingrédients alchimiques, comme de l’aubépine, de la vermeille, mais aussi des éléments alchimiques plus rares, qui n’étaient pas vendus à un simple public profane. Juliette s’était renseignée sur les traités et les conventions régissant, à Nexus, la profession d’alchimiste. Elle ignorait si cette femme respectait cette législation, faute de véritable contrôle de l’administration, mais, très simplement, certains produits n’étaient autorisés à être vendus qu’à des professionnels. Juliette devait donc attester de sa qualité. Or, elle n’était pas alchimiste, ni même enchanteresse, mais juste élève, apprentie. Pour cela, elle disposait, outre de la liste, d’un billet, une sorte d’attestation, indiquant qu’elle était envoyée par Décatis Cryptinna, Alchimiste reconnu sur le Tableau de l’Ordre des Alchimistes de Nexus, pour acheter les ingrédients alchimiques proscrits.

La jeune femme hésita donc quelques secondes, toujours perdue dans ses pensées. Pourquoi cette femme ? Pourquoi Hécate ? Pourquoi est-ce que son nom, Cryptis, lui faisait furieusement penser à Cryptinna ? Juliette était loin d’être idiote, et elle savait que Maîtresse Cryptinna avait perdu toute trace de sa fille, et que ce départ lui était douloureux... Faute d’informations fiables, Juliette ne pouvait que soupçonner et émettre des hypothèses, mais elle aimait bien celle qui était progressivement en train de s’échafauder dans sa tête. Ce n’était qu’une théorie, bien entendu, mais Juliette l’aimait bien.

Elle se rapprocha alors de la femme.

« En fait... J’aurais bien besoin de votre aide. Ma Maîtresse souhaite récupérer différents items, et la liste est plutôt longue. »

Juliette la lui présenta, sans avoir réalisé qu’elle avait employé naturellement le terme « Maîtresse », un mot qui était extrêmement connoté, aussi bien à Nexus qu’à Ashnard.

« Est-ce que vous pourriez m’aider à tous les réunir, Madame ? »

Cette vérification est, comment dire, moins commune que d’habitude. J’ai régulièrement un ou deux objets manquant d’une dose de magie pour retrouver sa fonctionnalité, et au passage stabiliser les fuites pour que ces dernières n’aient plus lieu. Je suis peut-être une tête capable de comprendre pas mal de choses, mais ma capacité à utiliser la magie est aussi élevée qu’un champ de fleur dans un désert de glace. Donc il n’y a rien de surprenant à ce que je ne donne pas assez de mes réserves pour solidifier la cohésion entre matériel physique et propriété magiques. Alors que là, il ne manque même pas de quoi alarmer le plus craintif des enchanteurs. Est-ce un présage de bon augure pour la journée ou au contraire de quoi reporter mon attention sur quelque chose qui va me la ruiner ? Je pense que si la deuxième option vint à voir le jour, je ne devrais pas tarder à en obtenir la réponse. En parlant de réponse, voilà ma cliente qui s’approche avec un papier :

- Des items ? Quel genre d’item ?

J’ai noté qu’elle a employé le terme le plus couramment utilisé quand quelqu’un de soumis parle de celui qui le domine. Maîtresse... Ce n’est pas un mot que j’affectionne tout particulièrement. Pour commencer, il s’agit principalement d’un mot employé par un esclave à l’encontre de celui ou celle l’ayant acheté. Vu que je déteste toute forme de domination forcée fournie par une transaction en pièces sonnantes et trébuchantes, il est donc normal que je me refuse d’apprécier ce mot. Ensuite, c’est également une formule employée par une amante à l’encontre de celle qui partage ses séances de plaisir plus ou moins mutuel. Là encore, ça peut passer. Mais je déteste l’infidélité donc non. Et enfin euh… Il y a certains milieux chaud que je ne fréquente pas qui utilise ce mot. Mais je ne m’y connais pas assez pour réellement en faire une définition. Et puis, ça me gêne !

Enfin bref… Je parcours rapidement des yeux les premiers objets demandé et je constate qu’il y a comme qui dirais un problème avant même d’arriver au milieu des articles listés. Je n’hésite d’ailleurs pas à en faire part à cette cliente, les yeux légèrement écarquillés par la surprise m’ayant envahie quelques secondes plus tôt :

- Je crois qu’il y a comme une méprise. Vous êtes ici dans une boutique d’objets enchantés, pas un atelier d’alchimiste. J’ai bien quelques ustensiles pouvant servir à cet usage, mais rien en ingrédients.

Cela me fait doucement sourire, ce qui est un fait. Je ne sais pas ce qu’a conduit ici cette dame, mais il est pourtant visible au premier coup d’œil qu’il n’y a absolument rien dans mon modeste établissement qui pourrait faire penser à des plantes ou un quelconque minerai pouvant servir à de l’alchimie. Quelle déveine ! Moi qui pensais pouvoir servir quelqu’un d’un peu plus.. euh.. Mieux que les autres, et bien je dois reconnaître que c’est un échec critique. Encore que, il y a peut-être moyen de tirer un peu de profit honnête dans cette mésaventure. Je me souviens avoir récemment aidé un alchimiste du coin qui m’avait généreusement offert des plantes en guise de remerciement. Plantes que je ne sais pas quoi en faire, donc ça tombe relativement bien au final ! Si j’arrive à me montrer convaincante, je pourrais même lui faire acheter du matériel enchanté par mes soins :

- Néanmoins, je peux vous faire un prix sur ce que je possède à mon usage personnel. Je vois qu’il vous faut de la vermeille, de l’ardoise et de la vesse-de-loup que j’ai justement en stock. Et peut-être du…

Je me fige. Je viens de voir un nom en bas de ce morceau de papier que je n’avais pas vu depuis des années. Ce nom qui aurait pu me faire radicalement changer d’humeur si depuis je n’aurais pas appris à me contrôler. Ce même nom qui était autrefois signe de mauvais moment dissimulé derrière d’agréable pour conserver un côté maternel. Celui qui en dépit de mon temps de vie à surtout été signe de sévérité et non de pur plaisir.
Décatis Cryptina. Ma mère.

D’où est-ce que cette femme connais celle qui m’a mise au monde puis abandonnée pour soi-disant que j’apprenne à me débrouiller seule ? Quoi que maintenant que j’y repense, cette bohémienne à bien parlé d’une maîtresse. Et il ne serait pas étonnant que ça soit ELLE, sa dite maîtresse. Est-ce qu’elle aurait découvert là où je vis ? Si oui, pourquoi est-ce qu’elle n’est pas venue directement me voir au lieu d’envoyer sa sbire avec une liste de course n’ayant rien à avoir avec le milieu dans lequel je travaille ?

Tout ça ne me plait vraiment pas. Je reste quelques secondes qui me paraissent comme des minutes en tenant cette feuille de papier entre les doigts crispé qui seraient très tentés de froisser, voire déchirer ce qui ose souiller leurs épiderme. Mais je finis par sortir de ce moment d’oubli et à rendre ce qui m’a été tendu. Je dois paraitre beaucoup moins amicale et accueillante maintenant, n’est-ce pas ? :

- Je n’ai rien contre vous, mais je vous demande de sortir de ma boutique. Vous n’avez plus rien à faire ici.

Peut-être que cet établissement avait une arrière-salle comprenant les ingrédients recherchés ? En regardant autour d’elle, Juliette voyait bien qu’il n’y avait rien de ce qu’elle recherchait. Simplement des objets enchantés pour des individus voulant faire des cadeaux à leurs proches. Vu la taille modeste de l’enseigne, Juliette s’était attendue à ce qu’il y ait du matériel un peu plus spécialisé que le tout-venant, mais elle ne voyait effectivement que des objets enchantés déjà fait... Or, la liste de Décatis comprenait bien des ingrédients alchimiques, ce qui n’était pas exactement les mêmes choses. C’était comme demander une planche de bois à quelqu’un qui vendait des jouets en bois. La femme lui en fit donc la remarque, et Juliette se mordilla les lèvres, nerveuse à l’idée d’avouer à sa Maîtresse qu’elle n’avait pas trouvé les ingrédients requis. Elle était censée la revoir ce soir, dans sa chambre, pour lui donner les ingrédients requis... Et elle était sûre de ne pas s’être trompée ! Était-il possible que l’établissement ait changé de propriétaire et de fonds de commerce entre-temps ? Qu’il ait abandonné de vendre des ingrédients pour vendre simplement des objets enchantés ? Cette idée commençait à germer dans l’esprit de Juliette, qui rougit légèrement, gênée par avance.

La femme continuait à lire la liste, lui disant qu’elle pourrait lui faire des ingrédients qu’elle utilisait notamment pour son « usage personnel ». Rougissant légèrement, Juliette secoua la tête.

« Oh non, ne vous en faites pas ! Dans le pire des cas, j’irais voir dans un magasin fournissant ce genre de produits, voilà tout... »

La vendeuse ne sembla pas l’écouter, car son regard se porta sur le bas de la feuille, où sa Maîtresse avait écrit son nom... Ce qui sembla déclencher chez la femme une réaction d’hostilité, qui n’échappa nullement à Juliette. La femme fronça les sourcils, en se demandant ce qui venait de se passer, et sa surprise fut encore plus forte quand, en semblant se rétracter sur place, la vendeuse lui remit le papier, en lui disant de sortir.

*Hein ?*

Pensant à une blague, Juliette regarda nerveusement autour d’elle, avant de regarder à nouveau la femme... Mais elle semblait sérieuse. Juliette n’y comprenait rien... Qu’avait-elle bien pu faire de mal ? Elle n’avait fait que donner une liste ! Elle la vérifia à nouveau, mais ne vit rien de choquant là-dessus. Plus rien à faire ici... Le ton était particulièrement sec, et Juliette comprit rapidement qu’il était vain d’insister.

« Et bien... Hum... Merci quand même... »

Interloquée, elle tourna les talons, et sortit de la boutique, n’y comprenant rien.

Qu’est-ce qui venait de se passer ici ? Pourquoi sa Maîtresse l’avait envoyé dans une mauvaise boutique ? Était-ce une nouvelle épreuve ? Une manière de l’inciter à se débrouiller par elle-même ? Malheureusement, Juliette ne connaissait rien à Nexus, et elle ne savait pas trop où se rendre... Sans compter que, en se baladant toute seule, elle risquait aussi de se faire agresser... Troublée, Juliette décida donc de retourner à l’Auberge du Coucher de Lune, et d’étudier en attendant le soir... Le soir, et la venue de Maîtresse Cryptinna, afin d’éclaircir les choses.

Que pouvait-elle faire d’autre ?

Nexus, une grande ville, cité puissante, mais pas vraiment en bon thermes avec Ashnard. Décatis avait l'habitude de s'y rendre, au moins une fois pas moi pour installer une étale au marché de la ville, mais cette fois c'était une version plus grande, plus importante. En tant qu'Asnardienne y participé était plus compliqué que pour le marché habituelle, heureusement Juliette fut un atout pour obtenir cette place.

C'est donc ainsi qu'en fin de journée, Décatis arriva à Nexus. L'avantage d'avoir de l'argent et d'être une cliente fidèle, elle n'ut aucun mal à avoir sa chambre luxueuse habituelle dans l'auberge où elle venait habituellement. La différence tait qu'il y avait bien plus de monde en ville. C'était une bonne chance pour avoir de bonne vente. Installer dans sa chambre, elle attendait maintenant Juliette. Son apprentie devait depuis arriver avoir fait ce qu'elle lui avait demandé.  Décatis lui avait donné une liste d'ingrédient à trouver, des ingrédients qui servaient à fabriquer  une mixture pour repousser certain parasite attiré par la magie. Mais volontairement, elle l'avait envoyé dans une mauvaise boutique et cela pour deux raisons. La première, voire comment elle réagirait dans une telle situation, car le point fort d'un enchanteur et savoir répondre à une demande même si elle parait sur le coup pas adapté. C'était une épreuve pour tester sa capacité d'adaptation. La seconde raison, était que la boutique envoyez était une boutique comme la sienne. Une boutique vendant des objets magiques, c'était un moyen détourné de voir ce que valait la concurrence.

En attendant Juliette, Décatis avait placé dans un coin la malle magique qui contenait toues ses marchandise et à côté du lit, celle contenant ses affaires personnelles. Finalement, la faim se faisait trop forte. L'enchanteresse décida donc de descendre pour commander un repas. Si Juliette arrivait entre temps, elle se croiserait sûrement en bas.

« Et bien, tu vois, Juliette, c’est quand même mieux que de rester enfermée dans sa chambre pour étudier la magie, non ?! Tu ne trouves pas la vue spectaculaire, peut-être ? »

Pour seule réponse, Juliette hocha la tête de haut en bas, avec un léger sourire sur les lèvres. Oui… C’était une vue qu’on ne voyait pas à la capitale. Ashnard était entourée d’un épais désert rocailleux et ensablé. Or, à Nexus, on se trouvait au bord de la mer, et, quand Juliette était retournée à l’auberge, Serafine, l’une de ses collègues, s’était empressée de venir la cueillir pour lui dire qu’elles allaient faire un tout le long d’une falaise. Prétextant ses livres, Juliette avait refusé, mais Serafine avait insisté, en lui disant que, si elles étaient à Nexus, c’était bien pour faire un peu de tourisme… Et, comme Juliette était ébranlée par sa rencontre avec Hécate, elle avait accepté, y voyant là un moyen de se détendre, et de penser à autre chose.

Serafine était son amie depuis plusieurs années. Elles s’étaient rencontrées ensemble à l’académie, mais Serafine, elle, n’était pas une enchanteresse. Elle était une magicienne à l’ancienne, avec la création de sorts magiques. Elle portait sur son corps des tatouages magiques, qui s’illuminaient au fur et à mesure qu’elle faisait de la magie. Les tatouages, de fait, étaient un grand classique dans l’apprentissage de la magie chez beaucoup de cultures. Serafine était originaire d’un clan tropical ashnardien, et avait, dès son plus jeune âge, manifesté des talents magiques. Le clan avait payé ses études, finançant le voyage vers la capitale impériale. Impétueuse et curieuse de tout, et déterminée, Serafine ne reculait devant rien. Elle était un peu le comportement opposé de Juliette, une jeune fleur timide et délicate. Même Serafine ne savait pas que Juliette avait une Maîtresse. Elle n’avait pas osé lui dire, même si elle sentait que, plus le temps passait, et plus elle lâcherait la mèche… Car elle lui avait dit que sa maître de stage, Madame Cryptinna (de justesse, elle ne l’avait pas appelé « Maîtresse » !) était une femme merveilleuse.

« Le mien est un vieux croulant qui a la vue qui baisse, et dont le seul souci est de me mettre une main au cul quand je passe trop près de lui ! »

La destinée de Serafine était de retourner auprès de son clan, afin de devenir la magicienne officielle de la tribu. Elle ne se faisait donc pas trop de souci pour son avancement professionnel, même si Juliette espérait bien la revoir plus tard. En attendant, elles observaient la mer, sentaient le vent remuer dans leurs cheveux, glissant le long de leurs corps, les faisant frissonner avec délice. Elles observèrent les bateaux sortant du vaste port, les multiples phares se dressant le long de la mer. Nexus était une ville immense, avec de multiples docks, des quais s’étalant sur des centaines de kilomètres, séparés ici et là par des falaises et par des forts militaires. La grande ennemie d’Ashnard était effectivement une cité très puissante, et, en la voyant, Juliette comprenait pourquoi les Impériaux voulaient mettre la main dessus. En un sens, elle était chanceuse de pouvoir s’y rendre. La guerre n’était toujours pas terminée, même si Juliette, en tant que petite idéaliste, la trouvait absurde.

Elles continuèrent à observer la mer, puis rebroussèrent ensuite chemin. La journée commençait à se terminer, et Juliette était sûre que Décatis était maintenant arrivée…

*Elle m’a probablement laissé un message…*

Elles se retrouvèrent donc dans l’auberge.

« Tu sais qu’il existe un harem dans cette auberge ? »

Devant cette question, totalement inattendue, Juliette se mit à rougir, et se mordilla les lèvres.

« Pourquoi tu me dis ça ?
 -  Oh, juste comme ça, pour ta plus complète information… »

Serafine avait sur les lèvres un sourire moqueur, des plus amusés, comme si elle savait très bien l’effet que sa petite phrase provoquerait chez Juliette. Cette dernière soupira, et suivit la femme vers l’un des salons. L’auberge du Coucher de Lune était très grande, et il y avait donc plusieurs salles où les clients se rejoignaient, que ce soit ceux ayant loué une chambre, ou juste des gens venant de la ville. Juliette avançait donc, mains dans le dos, une cape noire avec capuche recouvrant son corps, permettant toutefois de voir sa belle robe blanche. Elle rougissait à chaque fois qu’un client (ou une cliente) la regardait, baissant les yeux. Serafine avait fini s’asseoir près d’une table en bois. Juliette regarda l’aubergiste, et avança vers le comptoir, afin de savoir si un message n’avait pas été délivré à son intention.

Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas la forme arriver sur sa droite, et heurta une paire de poitrine. Juliette sursauta et glissa sur sa cape.

« Aaaah !! »

La courageuse femme tomba sur les fesses, sa capuche se retirant d’un coup, et, en clignant les yeux, elle vit, devant elle, une femme dans une longue robe rouge. Ses yeux filèrent de ses jambes jusqu’à sa tête, son visage exprimant peu à peu une surprise croissante… Jusqu’à ce que son regard croise celui de Décatis, et que Juliette ne se mette à rougir.

« Maî… Maîtresse ?! » murmura-t-elle, sous l’effet de la surprise.

Et, bien évidemment, elle se mit à rougir comme une pivoine.

Aurais-je été trop dure ? C’est possible. Mais il est hors de question que j’accepte à nouveau d’avoir à faire avec ma mère après avoir été lâchée comme ça à l’improviste de notre cocon. Nous serions dans la bonne situation, j’aurais limite crié à la brutalité policière, mais elle n’était pas dans les forces de l’ordre. Je n’ai jamais pardonné à cette femme de m’avoir abandonnée en me prétextant que je devais faire ma vie…  Alors qu’à cet âge, il y a nettement plus de chance de se retrouver sur l’étal d’un esclavagiste plutôt qu’à y consommer quelques piécette sonnantes et trébuchantes. Mais non ! Forcée de quitter mon seul et unique lieu de vie, j’ai dut me débrouiller avec ce que j’avais pour trouver un travail ainsi qu’un toit pour m’abriter. Si je n’avais pas été relativement douée en négociations, tout cela aurait tourné au vinaigre au vu de mes économies et de ma frêle constitution, bien que je ne sois pas plate loin de là, sans oublier mes capacités magiques peu fournies. Pour une fois que je ne suis pas malheureuse à cause de la guigne, et que j’arrive même à surpasser cette saleté, je n’ai au final pas trop à me plaindre vu comme cela m’a endurcie :

- Je vous en prie.

Toujours sur un ton un peu, restant sur-place, je la vois qui s’en va et qui finit par quitter la boutique. Moi qui pensais faire affaire, c’est raté ! Au moins, je n’ai pas à consommer mes ingrédients personnels même si un peu d’argent n’aurait pas été de refus vu comme j’ai peu gagné ces derniers temps. Je soupire Soupirant un grand coup tout en haussant les épaules, puis je pars à la recherche de grains de poussières furibonds sur mes bibelots histoire de terminer la journée de façon ennuyeuse. Ah peut-être pas vu que quelqu’un arrive. Une vieille dame, je dirais qu’elle a facilement plus de quatre-vingt-dix ans. D’après ce qu’elle me dit, elle recherche plusieurs objets de cuisine… Avec des enchantements à usages aphrodisiaques. Je vous avouerais que j’ai du mal à cacher mon état, prise en étau par un mélange de gêne, rire et honte. Heureusement pour moi, cette dame est fort sympathique bien qu’assez impudique, en plus d’être très bavarde. Vous savez, le genre de petite vieille à raconter sa vie une fois qu’elle est lancée. Au moins, cette ancienne prostituée des pompes funèbres, je vous jure que c’est ce qu’elle m’a raconté, m’a fait un bon apport en piécettes avec un sourire pour la fin de la journée. Ah comme j’aimerais avoir plus de clients comme elle ! Pour la sympathie, pas la prostitution bien entendu.

La journée est donc terminée et les résultats ne sont pas vraiment folichons. Au moins, j’ai la paix ! Boutique fermée et énergie revenue après une bonne limonade artisanale, c’est le moment de sortir manger un bon morceau à mon endroit préféré ! Je ferme donc le rideau, et je m’en vais à l’auberge. J’ai une de ces fringales… Il faut dire que j’ai mangé à la tire ce midi et que je ne pouvais pas trop me permettre de tarder. Même si au final j’aurais mieux fait... Bref ! Il ne me faut pas vraiment beaucoup de temps pour arriver à cette bâtisse que j’aime tant, et presque saliver à l’idée de manger quelque chose que j’adore, histoire de changer. Ou pas, vu que je mange toujours pareil de toute façon. Le poisson, il n’y a rien de meilleur ! Et en plus de ça, il se trouve que ça rime. Je n’ai pas vraiment de difficulté à me trouver une table, étant une habituée même si mon style capillaire et vestimentaire ne passe pas vraiment inaperçu. Il ne me reste qu’à attendre que l’on veuille bien prendre ma commande.

… Quel est cet horrible pressentiment qui me parcours ?

Décatis venais de descendre les escaliers pour rejoindre la partie restaurant de l’auberge. D’habitude elle avait l’habitude de se faire servir dans sa chambre. Mais cette fois elle était arrivé un peu tard pour pouvoir profité de se service. Il ne lui restait donc plus qu’a rejoindre la partie restaurant et manger dans une ambiance moins calme. A peine arrivé  dans la grande salle qu’elle senti quelque chose la percuté. La force de l’impact était trop faible pour déclencher ses protections magiques. Ainsi elle vit une jeune fille tombé sur ses fesses soudainement surprise et décapuchonné. Décatis ne fut pas vraiment surprise de reconnaitre son apprentie ainsi sur le sol.

-Juliette…combien de fois je t’ai de ne pas m’appeler ainsi en dehors du cadre de ton stage.

Lui offrant tout de même un sourire, elle se pencha pour lui tendre la main et la relever sans la moindre difficulté de force. Une fois Juliette debout face à elle la regarda plus attentivement.

-Petite étourdit, regarde mieux où tu vas, tu aurais pu percuter quelqu’un de moins compatissant. Enfin passons, je suis contente de te voir, comment c’est passé ton séjour pour l’instant ?

L’un des hommes qu’elle connaissait à force de venir ici s’approcha d’elle lui demandant ce qu’elle souhaitait manger. Elle lui confiât sa commande habituel qu’il semblait bien connaitre. Il prit note et s’éloigna pour rejoindre une table un peu plus loin. Sans trop savoir pourquoi, elle le suivit du regard alors que le serveur arriva pour prendre la commande d’une jeune fille. C’est alors comme si l’homme avait soudainement disparut, comme si plus aucun bruit n’était présent, plus personne d’autre n’avait d’importance à ses yeux, pas même Juliette, il n’y avait que cette jeune fille. Elle avait changé, mais elle la reconnut aussitôt malgré tout.

-Oh mais je rêve ?

En prononçant ses mots, elle avait mis ses main devant sa bouche affichant une surprise comme jamais elle le faisait. D’habitude l’enchanteresse camouflait bien ses sentiments, mais là, on lisait en elle comme dans un livre ouvert. Des larme apparurent presque à ses yeux, alors qu’elle abandonna Juliette se précipitant vers la jeune fille. Une fois devant elle, il n’y avait plus aucun doute.

-Ma fille ! C’est bien toi ?

Décatis était presque au bord des larmes, se retenant de la prendre dans ses bras et de lui balancé toute ses regrets à la figure, lui avoué toutes ses erreurs. Mais c’était peut-être le meilleur lieu pour ça.

Juliette ne s’attendait pas à croiser Décatis dans un tel lieu, et surtout si rapidement. Elle aurait au moins aimé pouvoir se changer, ou prendre un bain, avant qu’elle n’arrive. Quelques regards se tournèrent vers elle quand elle s’affala sur le sol, et la jeune enchanteresse se dépêcha de se redresser, les joues rougies. Décatis, comme à son habitude, lui reprocha de l’avoir appelé « Maîtresse », et Juliette se pinça les lèvres.

« Oui, pardon ! »

Elle se releva, s’épousseta un peu, proche de sa Maîtresse. Décatis était toujours aussi belle, et le simple fait de la voir faisait toujours trembler Juliette, qui baissa craintivement la tête, se mordillant les lèvres. Comment ne pas penser à tout ce que sa Maîtresse lui faisait subir quand elle la voyait ainsi, si près d’elle ? Que ce soit à Ashnard ou même à Nexus, soit à l’autre bout du monde, Juliette restait son esclave, et Décatis sa Maîtresse. La jeune enchanteresse sentait son cœur palpiter dans sa poitrine, et, assez rapidement, Décatis lui demanda comment les choses se passaient.

Juliette, qui avait les joues légèrement empourprées, releva la tête, et hocha cette dernière :

« Oh, tout se passe bien, Nexus est une ville magnifique, Décatis. Mais... »

Comme elle ne pouvait rien lui cacher, Juliette lui expliqua qu’elle avait été voir la boutique. Elle avait été voir la vendeuse, mais,e n voyant sa liste, cette dernière s’était rétractée. Juliette rajouta rapidement qu’elle avait néanmoins trouvé d’autres adresses de boutiques plus remplies, et qu’elle était prête à y aller... Mais elle remarqua alors que Décatis ne l’écoutait plus, et fixait un point sur sa droite.

« Dé... Décatis ? »

Étonnée, Juliette se retourna, essayant de suivre le regard de la femme, de trouver ce qu’elle regardait. Elle reconnut alors la femme qu’elle avait aperçu, et, de manière tout aussi énigmatique, Décatis se releva, les yeux embués, et fila vers cette femme, laissant Juliette pantoise, les yeux clignotant à toute allure dans ses orbites.

*Mais qu’est-ce qui vient de se passer, là ?*

C’est lent ! D’habitude je suis servie bien plus rapidement que cela. J’ai faim et je veux manger du bon poisson nom de non ! Des filets de cabillauds finement travaillée, une sauce rouge légèrement épicée avec des petits grains de poivre dedans, les légumes cuits à la vapeur… Brrr je me fais du mal à imaginer tout ça. Mais de toute façon, je ne peux absolument rien faire d’autre que patienter pour l’instant. Sans oublier cet horriblement nœud dans l’estomac qui est dut à tout, sauf à la faim. J’ignore pourquoi elle est là, mais je sens qu’il va se passer quelque chose de terrible. Quelque chose qui va très certainement détruire ma journée si je reste ici. Je pense d’ailleurs qu’il faudrait mieux que je parte sur Terre et manger là-bas… On ne sait jamais. Allez Hécate, tu te lèves et…

Ho mon dieu. Le serveur arrive. Et j’entends une voix un peu trop familière à mon goût Ma… Mère. Mais que fait-elle ici alors que normalement elle n’a rien à faire là !? C’était donc ça la raison de la venue de cette femme tout à l’heure !? La bonne blague ! Là je suis remontée encore plus qu’une pendule en avance maintenant que j’ai compris d’où venait mon pressentiment. Blasée d’extérieur et sous le coup de la colère à l’intérieur, je n’ai aucune autre envie de lui faire entendre tout ce qui m’est arrivé pendant qu’elle m’a abandonnée. Et pour l’instant, je n’ai absolument rien à dire d’autre que… :

- Mère.

Mais quelle honte ! Elle est en train de me faire tout un cinéma alors qu’il y a des tas de gens ici et là en train de faire leur vie ou leur commerce !  Et puis, c’est quoi ces larme de joie alors que c’est elle qui m’a lâchement abandonnée en prétextant qu’il était temps que je me débrouille toute seule !? J’ai une irrésistible envie de la gifler pour tout ce qu’elle m’a fait subir alors qu’elle n’était plus là pour me soutenir. Je croise les bras sous ma poitrine et prends un air plutôt sévère, et tente également de refouler ma colère. Ca n’est pas gagné, mais je ne peux pas me permettre de perdre la face devant elle :

- Que me vaux la présence de celle qui m’a laissée à mon triste sort il y a de ça quelques années ? Si vous voulez vous excuser, sachez qu’il est trop tard pour ça. Vous aviez tellement à faire que vous aviez envoyé votre nouveau joujou à la place ?

Zut je me suis emportée. Mais de toute façon, ça serait sorti à un moment où un autre  J’ai des TAS de choses à lui dire et de remarques à lui faire. Je vais lui montrer comme je suis CONTENTE de la revoir. Et surtout, comment j'ai eu les NERFS quand elle m’a ABANDONNÉE ! Calme-toi Hécate… Ho et puis non tient.

Décatis n’avait pas ressentie de tel émotion depuis des années. Il n’y avait plus aucun doute possible, c’était bien sa fille qui se tenais là devant elle. Chacune était comme deux bouilloire pleine fumante et prête à débordé par l’ébullition. L’une était pleine de larme et de regret, l’autre de colère et de reproche. Décatis avait toujours su se montré ferme avec sa fille, même trop comme elle s’en était rendu compte avec le recul. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait toue petite face à sa fille, pour la première fois, elle ne cherchait pas à la dominé pour son bien. Son regard, ses paroles tout chez sa fille était hostile et l’effet  se répercuta sur elle. Décatis sentie toute ses peur, tous ses regret l’envahir. Elle se sentait si honteuse et si mal qu’elle aurait voulu disparaitre, mais en même temps sous aucun prétexte elle aurait voulu raté cette chance de retrouvé enfin sa fille.

-Mon joujou ? Juliette ? Non c’est un pur hasard…Oh je suis Désoler…

Elle avait beau lui avoir dit qu’il était trop tard pour les excuses, elle ne pouvait pas ne pas en faire. Comme elle s’en était rendu compte trop tard, elle avait fait plus de mal à sa fille qu’autre chose. Pourtant tout se qu’elle avait fait partait d’un bon sentiment, toujours elle avait pensé par amour pour elle, voulant faire d’elle une personne parfaitement capable de s’assumé toute seule. Décatis l’avait élevé dans un contexte de richesse, mais elle savait comment l’argent était un piège et elle voulait que sa fille soit capable de vivre sans dépendre de sa fortune. Mais ses méthodes c’étaient montré être les mauvaises.

-J’ai une chambre, là-haut…tu accepterais de monté avec moi ? Je…j’aimerais tant me rattrapé…Je sais que j’ai fait n’importe quoi avec toi…si tu savais comme je regrette…

C’était plus fort qu’elle mais les larmes coulait sur ses joues, elle se savais observé par la foules. C’était l’une des raisons qui justifiaient son invitation, mais surtout, elle voulait à tout pris se faire pardonné au prêts de sa fille. Elle était prête à tout donné pour ça, a tout laisser tomber s’il le fallait. Les souffrances qu’elle avait endurées depuis son départ l’avait torturé trop longtemps.

Comme c’est pitoyable… Ma mère qui m’avait élevée à la fois de manière plus dure que souple, tout en ne montrant jamais un seul signe de faiblesse, est en train de se ridiculiser devant une foule qui se demandait ce qu’il se passait autour d’eux. Jamais je  n’aurais cru sermonner cette femme comme cela et pourtant, c’est exactement ce que j’étais en train de faire. Les rôles sont désormais inversés et je compte bien en profiter ! Je ne veux pas la détruire, loin de là, mais juste lui faire prendre la responsabilité de son acte. Il m’est arrivé beaucoup trop de choses que je ne peux pas laisser passer dans cette discussion qui va certainement durer un bon moment. Dieu que je dois être rouge de colère !

Elle est en train de me dire que son joujou, la dénommée Juliette, avait été envoyée ici par un pur hasard ? C’est une réponse tout à fait logique et crédible car elle n’aurait pas fait tout ce cinéma sinon. Néanmoins, je relève sans aucuns soucis que dans ses mots, elle n’a pas démenti que cette femme qui est venue dans ma boutique, pas pure coïncidence donc, est bel et bien son nouveau jouet. J’avoue que je suis en train d’émettre plein d’hypothèse, mais je garde ça pour plus tard. Je n’avais pas le temps de m’occuper de ces choses-là pour le moment. Encore que… Elle me propose d’aller dans sa chambre pour parler plus au calme. C’est effectivement une bonne idée même si je plains les voisins. Je n’ai plus faim de toute façon et son discours comme quoi elle compte se rattraper me donne un goût assez amer en bouche. Elle peut être sincère, mais maintenant, je me méfie d’elle :

- Très bien. Passez devant. J’aurais par ailleurs à converser avec votre Juliette, sachez-le.

Je tourne donc le plus naturelle du monde mon regard sévère vers elle. Il se peut que je me trompe, mais elle n’avait pas vraiment l’air d’être du genre à s’imposer dans ma boutique, et là encore ça n’est pas mieux. Je ne compte pas la martyriser, même si j’entends bien lui faire comprendre certaines choses, mais lui parler pourrait être instructif. Donc quand ma mère décidera d’ouvrir la marche, nous la suivrons sans aucuns soucis. Je suis certaine que nous sommes trois à vouloir parler, même si cette troisième semble beaucoup effacée. Pour ma part, je me dirigeais vers un des serveurs, celui à qui j’ai passé commande et qui avait repris son travail, tout comme les autres gens avaient repris leurs vie vu qu’il n’y avait plus de spectacle :

- Finalement, annulez ma commande. Cette femme m’a coupé l’appétit et je m’en excuse pour elle.

Cela m’attriste d’avoir demandé ça pour rien, mais bon, je ne me rappelle même plus si j’en avait passé une avec tout ça. Bref, en essayant de me calmer j’avançais jusque dans le dos de ma mère. Si quelqu’un d’autre qu’elle voulait me parler, ce n’était certainement pas le moment. Il avait son petit toutou à la rigueur, mais bon…

Décatis femme d'habitude si calme, si maitriser venait d'éclater, tous ses sentiments tous ses regrets venaient de prendre le dessus face à sa fille.  Son enfant qu'elle retrouvait enfin et qui clairement lui en voulait depuis tout ce temps. Se faire pardonner auprès d'elle allait être une épreuve bien difficile, mais au moins un pas était passé. Après tout elle n'était pas partie et avait accepté de la suivre dans sa chambre pour discuter plus en intimité. Torturée par toutes sortes d'horrible pensées, s'imaginant tout un tas de scénario pouvant mal tourné et la perdre difficilement lui traversait l'esprit. Décatis souhait qu'une chose, pouvoir la serré dans ses bras et reprendre leur relation mère fille à zéro. Depuis le temps  elle avait conscience des erreurs qu'elle avait commise avec elle, elle avait elle-même chuté dans le désespéré au point de reproduire pour la seconde fois la chute dans l'alcool et se retrouvait avec une surprise sur les bras.

Silencieuse, elle monta les escaliers qui remonter dans les chambres, son visage encore humide des larmes pleines d'émotion par ses retrouvailles tendus. Arrivé à la chambre elle laissa rentré les deux jeunes filles qui au final devait avoir à peu près le même âge. Une fois la porte refermée, elles se trouvaient dans l'une des chambres les plus riches de l'établissement, une pièce luxueuse, un grand lit confortable, une table personnelle pour pouvoir y diner en intimité et sur elle une bouteille de sang clairement identifiable. Il y avait ses grandes valises et accroché à une d'elle un précieux bijou où était gravé un portrait de sa fille qu'elle gardait toujours précieusement que cette dernière pouvait reconnaitre.

Maintenant qu'elles étaient plus en intimité, Décatis regarda sa fille hésitant sur quoi lui dire exactement. Elle voulait s'excuser de temps de choses. De ce fameux départ qui ne c'était passé comme prévue, de son éducation qu'elle avait trop poussé, de ses années à l'avoir forcé à suivre sa voie sans suffisamment tenir compte de ses envies. Si elle pouvait lui faire partager directement ses émotions, se serait bien plus simple, mais exprimé cela par des mots était bien plus difficile.

-Ma fille si tu savais à quel point je regrette ce que je t'ai fait. C'est après t'avoir perdu que j'ai réalisé à quel point je m'y suis mal prise avec toi. Je pensais tellement à faire de toi quelqu'un de fort et qui pouvait se débrouiller sans moi, que j'en oubliais ton bonheur.

Déjà les larmes commençaient à rejoindre ses joues, ce n'était qu'un début. Elle était bien loin de la mère qu'elle avait été à l'époque pour elle.

-Tu vas peux être croire que je me cherche que des mauvaises excuses, mais je veux que tu saches que je n'ai jamais cherché à t'abandonner. Quand je t'ai demandé de partir sans rien pour découvrir le monde par toi-même et apprendre à te gérer sans notre fortune, il s'est passé un imprévu. Quand tu es partie tu devais être accompagné par un garde du corps. Mais ce dernier m'as fait faux bond et alors que j'ai voulu te retenir tu étais déjà partie. J'ai cherché à te retrouver moi-même, mais je n'y suis pas parvenue. J'ai passé toutes ses années à te chercher. C'est comme ça que je me suis rendu compte qu’en voulant prendre soin de toi, je t'avais au contraire fait plus de mal qu'autre chose…

Juliette savait que Décatis avait une fille, une fille qui lui manquait, une fille qu’elle cherchait depuis longtemps. Les deux femmes en parlaient peu, car la jeune femme savait que c’était un sujet sensible pour sa Maîtresse. Elle était ici incapable de l’aider, car elle voyait mal sa famille agir pour retrouver la fille d’une enchanteresse. Néanmoins, Juliette était bel et bien disposée à l’aider, et elle avait donc utilisé ses maigres contacts pour tenter de retrouver la trace de la fille de Décatis... Cependant, il semblerait que, en définitive, ce soit bien sa mère qui ait fini par la retrouver, en faisant jouer ses propres relations. Juliette les voyait donc discuter, une discussion tendue, et la fameuse fille finit par grimper à l’étage, Décatis oubliant totalement Juliette pour la suivre.

Restant au rez-de-chaussée, Juliette observa silencieusement l’escalier. Elle était suffisamment pudique et intelligente pour ne pas aller jusqu’à les poursuivre. La femme se mordilla les lèvres. Décatis aussi avait des problèmes familiaux... Mais il ne lui incombait pas de s’y mêler. Si Hécate était aussi autoritaire que sa mère... Mine de rien, ce n’était pas étonnant que les deux femmes soient en bisbille. Elle avait remarqué que sa Maîtresse était froide. Oh, elle éprouvait des sentiments, mais elle ne cessait de les enfermer derrière une couche de neutralité glaciale et magique. Juliette connaissait le secret de sa Maîtresse, elle savait qu’elle était une vampire, et qu’elle niait sa nature profonde. Et, dans le fond, elle appliquait le vrai schéma avec ses sentiments. On pouvait donc aisément comprendre que sa fille puisse ne plus vouloir la revoir, et qu’elle ait été jusqu’à se rendre à Nexus, soit aux antipodes d’Ashnard.

*Les pauvres, ça ne doit pas être facile...*

Maintenant que sa Maîtresse s’était rapprochée du clan Warren, est-ce que les choses allaient évoluer ? La vampire Warren lui avait conseillé de ne plus chercher à nier ce qu’elle était, mais à l’accepter, et à vivre avec. Juliette n’était pas une psychiatre, bien entendu, mais, fondamentalement, elle pensait avoir cerné le cœur du problème avec sa Maîtresse. Se mordillant les lèvres, Juliette leva la tête, observant le plafond. Au-dessus des poutres, la mère et la fille parlaient vivement entre elles. Elle baissa ensuite la tête, se pinçant les lèvres.

Juliette entendit soudain des bruits de pas, et perçut une aura familière...

« Vous permettez que je partage votre table ? Vous êtes bien Juliette Beaumont ? »

La femme qui venait de parler était une magicienne proche de Nexus, Triss Merigold. Juliette l'avait croisé à l’Académie, et redressa la tête.

« Euh... Oui, oui, vous pouvez vous asseoir. »

La belle magicienne se posa devant elle, et esquissa un léger sourire. On pouvait lire instantanément sur le visage de Juliette que cette dernière était troublée.

« Quelque chose ne va pas ? L’air de Nexus ne vous convient pas ? »

Juliette releva la tête en la secouant négativement.

« N-Non, ce n’est pas ça... Je... Désolée, j’ai la tête ailleurs... »

La tête vers le haut.

Oh, comme elle espérait que les choses s’arrangeraient entre sa mère et sa fille !

Elle finit par s’en pincer les lèvres, puis se redressa précipitamment.

« Excusez-moi… »

La jeune femme allait peut-être commettre une bourde, mais c’était plus fort qu’elle. Elle grimpa l’escalier rapidement, et se rapprocha de la chambre où se trouvaient Décatis et l’autre femme, puis toqua à cette dernière…