Le lendemain matin…«
Votre route longe la forêt de Brokilone, je ne saurais que vous recommander d’être prudents. -
Je prends bonne note de vos recommandations, Sire d’Altenberg. »
Après la joyeuse nuit qu’elle avait passée, Elena avait eu droit à un petit-déjeuner très agréable, ponctué de viennoiseries, de chocolats au lait, et de pains chauds servis avec du beurre. Un repas agréable et consistant, après qu’elle se soit réveillée, endormie sur les seins de Nümba, et se sentant particulièrement légère, le cœur rempli d’allégresse. Mais il était maintenant temps de repartir, de faire route vers la lointaine Zerrikania. Après Altenberg, les choses sérieuses commençaient, et William d’Altenberg en avait parlé toute la soirée avec les gardes d’Elena, notamment
Luria, qui était, après tout, en charge de la sécurité de Sa Majesté.
Brokilone était une forêt primordiale, une très ancienne forêt, majestueuse, située au sud de Nexus. Cependant, aussi majestueuse qu’elle soit, la forêt était aussi très hostile aux humains. Peuplée de dryades, de druides anthropophages voyant les humains comme une nuisance irrespectueuse, Brokilone abritait de multiples elfes, et constituait, concrètement, un royaume de dryades, dirigée par la redoutable
Eithné, une dryade qui dirige son royaume depuis Duén Canell, un arbre-cœur qui était considéré comme la « capitale » de Brokilone.
Luria avait planifié l’itinéraire, en veillant à éviter de passer par Brokilone, mais, même malgré ça, l’expédition allait longer la forêt, à plusieurs dizaines de kilomètres de distance. Et William s’inquiétait à juste titre, car, récemment, Altenberg avait démantelé un camp de la Scoia’tael situé dans la région, ce qui avait amené les elfes renégats, en compagnie de nains, à fuir dans la forêt. Or, dans les ruines du camp, les hommes d’Altenberg avaient trouvé des potions et des substances alchimiques utilisées par les dryades de Brokilone. La Scoia’tael, elle, était une organisation, qui, selon les opinions, était, soit considérée comme une organisation terroriste, ou résistante. Elle luttait pour la reconnaissance de droits égaux entre les humains et l’ensemble des autres races, mais était aussi perçue, par beaucoup, comme une sorte de réaction conservatrice faisant suite à l’affaiblissement des vieilles civilisations.
Dans tous les cas, Brokilone était un endroit dangereux, et William avait intensifié les patrouilles le long des routes, de telle sorte que, pour les accompagner, un régiment militaire avait été déployé, les laissant ensuite à la sortie de Brokilone. Un tel luxe de précaution était peut-être superflu, mais il s’agissait de la Reine de Nexus, après tout. William ne tenait pas à prendre le moindre risque avec la santé de la dernière représentante de la famille royale.
«
Espérons que tout se passera bien… »
C’est sur cette note que le cortège quitta Altenberg, le convoi royal étant entouré par de multiples chevaliers et par des chariots supplémentaires abritant des réserves d’armes. Les spadassins et les arbalétriers se tenaient à l’intérieur des chariots, afin de permettre au convoi d’aller plus vite, tout en quittant le fort, s’éloignant des côtes pour rejoindre les terres, les pâturages, les petits villages,n et les forêts. À l’approche des villages, Elena souriait en voyant les villageois se rapprocher, observant ce cortège, qui était annoncé par des éclaireurs.
«
Longue vie à la Reine ! Longue vie à la Reine !! » scandait-on, preuve que, si Elena souffrait d’impopularité dans la capitale, dans les provinces, les choses étaient nettement plus agréables.
Le cortège continuait donc sa route, et Elena se retourna vers Nümba, puis posa doucement sa main sur la sienne, avant de lui sourire doucement.
«
Merci d’être là, Nümba… Merci pour tout. »