Observatrice, Rhian avait clairement vu le regard de l’Amazone glisser sur ses formes, ce qui ne l’avait guère dérangé... Elle n’était pas une jeune fille timide, et, quand on portait de tels vêtements, il fallait bien s’attendre à ce qu’on vous observe. Elle-même rendit légèrement la pareille à Persée quand cette dernière se déshabilla à son tour, enlevant son manteau, révélant, sous cette dernière, une élégante armure noire avec un tissu particulier. Elle ne se priva pas d’observer ses cuisses et son derrière, trouvant qu’elle avait un cul formidable, puis, quand Persée se retourna pour lui parler, Rhian releva rapidement les yeux. Lui répondant de manière polie, Persée était encline à répondre à ses questions, et, chose décevante, Rhian ne perçut aucun sous-entendu sexuel dans ses phrases... Était-il possible que les Amazones se refusent à coucher avec d’autres personnes que des Amazones ? Impossible de le savoir pour l’heure, mais Rhian comptait bien le découvrir sous peu. Persée, en tout cas, confirma que ses intentions étaient pacifiques, et, dans la foulée, la Princesse apprit le nom de sa Reine : Andromaque. C’était un nom antique, qui faisait... Et bien,
amazone.
Elle termina ensuite en lui disant qu’elle était prête à la suivre. Rhian lui sourit en retour.
«
M’en voilà ravie, je ne voudrais pas me débarrasser si rapidement de votre charmante compagnie. »
Rhian ouvrit ensuite la porte, et sortit, laissant le temps à Persée de la rejoindre. En lui disant qu’elle ne risquait rien en sa présence, la Princesse de Papua n’avait pas menti. Elle sortit tranquillement des ruelles, jusqu’à se retrouver dans une rue plus aérée, pavée, avec de nombreuses personnes, qui, bien entendu, la reconnurent assez vite.
«
La Princesse ! -
C’est la Princesse ! »
Les badauds s’écartaient, s’inclinaient, et Rhian les salua en remuant la main, tout en veillant à rester proche de Persée. Quelques marchands qui passaient par là lui proposèrent même des fruits secs, ou leurs victuailles.
«
Si vous voulez me faire plaisir, offrez-les aux orphelinats de la ville, répliqua Rhian sur un ton poli.
-
B-Bien, Ma... Majesté… »
Cette rencontre inattendue avec Persée avait eu pour elle d’amener Rhian à penser à autre chose qu’à son frère, et au fait que ce dernier ne leur envoyait plus de nouvelles. Son esprit se focalisait maintenant sur la Horde, sur les Amazones, et sur ce qu’elle avait entendu dire d’elles par les soldats ashnardiens qui accompagnaient Herebos. Persée était une femme ravissante, aussi belle que forte, et, curieusement, Rhian se sentait autant en sécurité avec elle que si elle avait été avec une troupe de gardes d’élite. Les gens ne se privaient pas pour les mater dans le dos, l’avantage de Persée étant qu’elle n’avait pas de cape violette pour protéger le spectacle de ses fesses se dandinant à chaque pas.
Rhian s’avançait le long de la rue, voyant ici et là des gardes, mais elle les empêchait d’approcher en tendant la main.
«
Inutile de vous inquiéter pour moi, Messieurs, j’ai déjà ma garde du corps attitrée... »
Et, comme pour le prouver davantage, Rhian tendit sa main, et attrapa celle de Persée, la serrant légèrement, enroulant ses doigts dans les siens, souriant aux gardes Ces derniers froncèrent les sourcils Ils n’avaient jamais vu cette femme à la longue chevelure blanche, mais ils savaient que la Princesse était facétieuse, provocante, et qu’elle ne supportait pas qu’on la colle de trop près Rhian se rapprocha alors de la femme, ses lèvres filant à quelques centimètres de son oreille :
«
Ça ne vous dérange pas, j’espère ? Les gardes seront plus rassurés ainsi... »
C’était une belle excuse, mais qui permettait surtout à Rhian de se rapprocher. Elle s’avança un peu, jusqu’à ce que le duo puisse voir l’entrée du
palais royal. Il était protégé par un mur d’enceinte, épais et vaste, avec plusieurs tours, et un grand corps de garde à l’entrée, menant ensuite au pont séparant le Palais de la ville. Le palais était en effet séparé de la ville par un pont faisant quelques dizaines de mètres de longueur, et par le mur d’enceinte à l’entrée dudit pont. Les deux femmes s’y engagèrent, et, toujours espiègle, Rhian posa une autre question :
«
Le palais a des bains à l’intérieur, mais aussi dans les jardins... Vu que ton peuple aime bien les espaces libres, où préférerais-tu te rafraîchir ? »
Tranquillement, Rhian était passée du vouvoiement au tutoiement.
Elles se tenaient la main, après tout.