Qui sème le vent récolte la tempête... Lucifer avait voulu jouer avec des forces qui le dépassaient, convaincu que sa puissance naturelle et ce talisman lui permettraient de s’entendre avec Hastur, un Grand Ancien qui avait toujours été décrit comme particulier, différent des autres, et refusant l’autorité de Cthulhu. Malheureusement, Hastur semblait refuser toute autre forme d’autorité que la sienne, et l’amas de tentacules qui avaient vaguement composé un corps disparut, tandis que Lucifer, face au Portail, sentait une magie terrifiante s’en échapper. Tout le plafond tremblait, vibrant dangereusement... Puis Hastur relâcha l’immensité de son pouvoir.
Dehors, le long des montagnes escarpées, à la surface, les pierres se mirent à trembler, lentement, puis, progressivement, les vibrations s’accentuèrent, comme si un séisme était en train de les ravager. La lave jaillit des rivières volcaniques, et les montagnes explosèrent sous l’effet d’immenses tornades qui se mirent à flotter dans les airs. Des
super tornades se formèrent, immenses monstres de nuages noirs qui se mirent à tout absorber autour d’elles, ne laissant plus rien de l’antique palais du Roi Cramoisi ou de R’lyeh, modifiant les cartes de cette région, tout en répandant une onde magique qui se fit ressentir dans tous les Cercles Infernaux.
Dans son immense palais,
Asmodée était au lit, besognant l’une de ses nombreuses femmes, une redoutable
démone à la peau noire. Une tâche normale pour le Prince de la Luxure, qui était un être pouvant aussi bien prendre l’apparence d’un homme que celle d’une femme. Asmodée remuait en harmonie avec elle, la prenant depuis maintenant des heures, depuis qu’il était revenu de l’audience avec Belzébuth... Quand un tremblement de terre le saisit, et le renversa, faisant tomber plusieurs des tableaux ornant la magnifique chambre.
Surpris, Asmodée sentit alors une force magique phénoménale, si grande qu’elle était en train de recouvrir tous les Enfers.
«
Mais que... ? »
Il se dépêcha de courir vers l’une des multiples terrasses de son vaste palais, et ouvrit les portes. Les terrasses surplombaient un grand jardin tentaculaire et aphrodisiaque, mais, ici, ce n’était pas le sort de ses multiples esclaves piégées dans les tentacules qui l’attira, ou les doux et sensoriels parfums s’en échappant... Mais le spectacle sinistre. D’énormes tornades flottaient devant le palais, le long d’une mer intérieure, un lac souterrain si vaste que, de fait, il en constituait une mer, et était l’une des sources du Cocyte, l’un des grands fleuves traversant l’Enfer.
D’immenses tornades se tenaient sur cette mer, et elles n’étaient pas naturelles, provoquant des éclairs et des chutes de boules de feu. Asmodée vit, à gauche et à droite du palais, des explosions parcourir les falaises cerclant sa demeure, puis des éclairs terrifiants s’abattirent sur sa demeure, provoquant, ici et là, des incendies. Il vit une boule de feu fuser droit vers l’une des tours du palais, provoquant une nouvelle explosion.
«
Oh non... »
Des cors retentirent alors, sonnant l’alarme générale. Une nuée d’oiseaux meurtriers s’approchaient, et Asmodée vit des milliers de Byahkee.
«
Repoussez-les ! » tonna une autre voix sur une autre terrasse circulaire.
Cette voix appartenait à une autre des femmes d’Asmodée, la Succube
Claris, une succube-guerrière qui dirigeait plusieurs Légions Infernales. Venant accueillir les Byahkee, des nuées de démons volants s’abattirent sur eux, se livrant à une danse terrifiante dans le ciel, parsemée d’éclairs meurtriers, les démons et succubes d’Asmodée étant guidés par une autre de ses femmes (notons que les femmes d’Asmodée étaient généralement ses propres filles), la Succube
Amorra, aussi belle que redoutable.
En 1947, les États-Unis avaient connu la plus forte tempête de tornades jamais enregistrée, appelée
Super Outbreak. En une journée mortelle, du 3 au 4 avril, on avait ainsi recensé 148 tornades, qui avaient frappé le pays sur une superficie de plus de 1 400 kilomètres carrés. Ce qui se passait ici était le même phénomène, mais amplifié par les pouvoirs du Grand Ancien. Hastur venait définitivement de se réveiller, et ses immenses tentacules sortaient des monts dans lesquels il s’était trouvé. Des Byahkee volaient dans tous les sens, et, au milieu de ce cauchemar, Hastur se dressait, sous sa forme originelle : un être gigantesque et cauchemardesque, dont la seule vue, disait-on, faisait perdre la raison aux gens normaux. Le Grand Ancien enterré en Enfer venait d’émerger, un géant plus haut que les montagnes, dont le corps tout entier ne semblait être qu’un improbable amas d’immenses tentacules d’où, continuellement, des centaines et des centaines de Byahkee sortaient, poussant le long de ses tentacules comme d’affreuses pustules qui, en éclatant, faisaient sortir l’un de ces horribles monstres :
Pendant ce temps, alors que les Enfers tout entiers tremblaient, dans le Palais des Magoa, Alastar était couché sur un lit, et Onyxian, sa redoutable grande sœur, était en train de le soigner, tout en écoutant les rapports de ses démones.
«
Des tempêtes ont éclaté près des demeures des Grands-Princes. »
Une attaque foudroyante et infernale, rappelant les vieilles légendes infernales sur les Grands Anciens. Onyxian était en compagnie de deux démones redoutables, des jumelles, qu’on désignait communément par la couleur de leurs cheveux :
Blue et
Purple.
Onyxian était désemparée face à ces évènements. Le Palais Magoa était aussi attaqué par des Byahkee, tandis que des tremblements de terre secouaient tout l’Enfer. Les tentacules d’Hastur s’enfonçaient si profondément dans le sol qu’il avait atteint les plaques tectoniques, s’en servant pour faire trembler le monde entier.
«
Quelle est notre stratégie ? -
Il faut venir en aide à Asmodée ! -
Et perdre du temps et des hommes ? Nous devrions plutôt concentrer nos forces sur Hastur... -
Nous n’avons aucune chance face à lui ! -
Nous ne ferons rien d’utile auprès d’Asmodée ! -
SILENCE ! »
C’était une belle
stryge qui soignait Alastar, tandis que Shad, après ses explications, suivait Onyxian. La Matriarche marcha rapidement, rejoignant une pièce, où elle tenta de communiquer avec Asmodée... Et finit par tomber sur Claris.
«
Onyxian ?! -
Nous sommes attaquées ! -
Nous aussi ! Un Grand Ancien... -
C’est Hastur ! -
Asmodée a réuni toutes les Légions. Lui et Amorra vont partir affronter Hastur, ainsi que les autres Légions Infernales. Vous devez vous rendre là-bas ! »
Amorra se tut pendant quelques secondes, et fronça les sourcils :
«
Avez-vous la Terranide ? »
Onyxian tourna la tête vers Shad, et hocha la tête.
«
Oui... -
Asmodée veut la voir. Amenez-là immédiatement ! »
La connexion était mauvaise, car la magie saturait tout. Néanmoins, Onyxian avait bien compris. En cette situation, Asmodée était, plus que jamais, son Prince et son souverain.
«
Nous devons y retourner, Shad... Ne t’en fais pas pour Alastar, il est bien traité ici. »