Entre les immeubles, les bâtisses, et les boutiques, s'immisçant dans cette société, cette humanité, cette civilisation, un terrain vague. Enfin, à première vue. En regardant de plus près, c'est un terrain vague avec un portillon en ruines. Les personnes normales s'arrêteraient là... Les autres... Ce sont celles qui ont besoin de cet endroit...
Ceux qui en ont besoin, eux, voient un portillon, en parfait état, s'ouvrant sur un jardin bien entretenu, où quelques buissons fréquentent un olivier solitaire. Un chemin de terre mène, quand à lui, à ce qui ressemble à une maison assez étrange. Un bloc central, avec un toit en tuile, surplombé d'une girouette en forme de gryphon.
A votre gauche, rattaché à la maison par une petite estrade de bois, un kiosque, où siègent fièrement un échiquier et un brasero, surplombé à son sommet d'une lune de métal.
Sur la droite, une autre tour, qui elle est incorporée à la maison, s'étend non pas sur la façade mais l'arrière de la bâtisse, qui sert vraisemblablement de grenier. Le bois de la baraque est clair, et dégage une odeur agréable et sucré. Les tuiles du toit sont noir, aux reflets violets.
Par-ci par là, quelques fenêtre rondes et rectangulaires.
Poussé par vous ne savez quelle force irrésistible, vous avancez vers les portes, presque inconsciemment.
Des portes vitrées, aux poignées stylisées, et de même teinte que les tuiles du toit vous accueillent, et s'ouvrent sur une petite pièce au sol décoré de pierres où se trouvent cinq paires de sandales japonaises, soigneusement rangées dans un meuble, vous invitant à y ranger vos chaussures pour prendre une paire de sandales.
Vous continuez dans un couloir mauve. Vous marchez sur un parquet clair et lisse, qui semble bien ciré et bien entretenu. Aux murs, deux miroirs aux contours d'or.
Au bout du couloir, trois chemins s'offrent à vous. La gauche et la droite continuent le couloir dans les ténèbres. La porte en face de vous est un shoji*, où se dessinent dans les coins du bas des buissons et des chats, et dans les coins du haut des lunes et des étoiles.
Vous faites coulisser le shoji. Devant vous se dévoile une pièce de type japonaise, où flotte une fumée opaque, mais pas désagréable, qui s'envole des quatre coins de la pièce, dessinant des formes et des fantômes mystérieux dans l'air. La fumée provient d'encensoirs, d'un style assez simple, ce qui contraste à ce que vous avez vu dans le couloir mauve. Au milieu exact de la pièce, une petite table et une chaise.
Soudain, vous sentez comme un souffle. Vous apercevez finalement, au fond de la pièce, en face de vous, ce qui ressemble à un lit rond à balustrade, du même mauve que le couloir. Des rideaux de même couleur, légèrement transparent, tombent des balustrades. A gauche du lit, une commode, où un pot de fleur héberge des lotus.
En vous concentrant sur le lit, vous percevez deux yeux brillants et à moitié clos qui vous observent avec malice. Un homme, d'apparence assez jeune et assez laissé allé sur la coiffure, juste vêtu d'un t-shirt blanc et d'une toge mauve, est affalé sur la couche. Sentant que vous l'avez vu, il se redresse sur un coude, un léger sourire sur le visage, et attend votre explication quand à votre présence ici, une coupe d'un liquide doré dans l'autre main.