Le silence s'était installé. Loin d'être celui agréable et calme, celui-ci était aussi lourd et difficile à supporter qu'un coup de poignard, et le cœur tambourinant du vampire avait bien du mal à lui offrir le calme dont il aurait normalement besoin pour supporter pareille situation, mais il ne pouvait pas non plus partir comme un voleur maintenant qu'il s'était exprimé, alors il restait là, muet, et terriblement mal à l'aise. Il ne savait pas à quoi s'attendre, il n'avait aucune idée de l'oeil avec lequel Alice allait observer cette information et comprendre bien malgré elle les différents comportements que le vampire avait eut jusque là, si bien que la question commençait réellement à se poser : dans quel état allait-il se retrouver après cette discussion ? Il ne pouvait pas se permettre de chercher dans le comportement d'Alice les réponses, même si il en était capable, non seulement cela aurait été bien maladroit de sa part, mais surtout, cela ne ferait que fausser un peu plus son écoute, et il savait pertinemment qu'un tel propos se devait toujours d'obtenir une réponse, qui, plaisante ou non, était chargée des véritables sentiments de quelqu'un. Alors il restait là, à patienter, et à chercher à calmer l'envie impérieuse qu'il avait de lui demander d'oublier ses propos, d'oublier le moindre de ses dires, et de simplement la remerciée pour tout ce qu'elle avait fait pour lui, sans jamais en douter à nouveau. Dans le fond, il voulait avant tout que cette situation trouve un dénouement acceptable pour la princesse, et si il venait à devenir un élément douloureux, il accepterait de ne plus jamais transparaître en sa présence.
Puis finalement la princesse vint enfin à rompre le silence, et le simple fait qu'elle lui assure qu'il se devait de le dire fut un premier soulagement, même si celui ci ne saurait aller contrer la nervosité qui le gagnait, qui l'emportait, qui le laissait là, seul, à écouter les dires de cette femme qui représentait tant pour lui, mais donc ses mots avait voilé le visage d'une peine et d'un doute qu'il ne savait se pardonner dans l'immédiat. Il l'écouta, attentivement, et parvint déjà à comprendre que parmi tout ses préjugés, parmi tout les questionnements auxquels il avait eut le droit jusqu'ici, de part sa propre personne, il y avait un élément sur lequel il s'était longuement, et terriblement trompé, et cela consistait tout simplement en cette notion de caste, qui lui avait permit pendant longtemps d'accepter son éloignement envers Alice. Ainsi donc elle avait été mariée à une esclave, en toute légitimité ? Il ne s'en était pas douté, il avait cru entendre parler de la mariée, Sakura Korvander, mais il n'avait jamais sut, de tout son temps en Sylvandell, puis en Ashnard, que celle-ci avait été autrefois l'une de ces femmes que l'on présente au beau milieu des étalages divers et variés de la capitale, pour la vendre à bon prix. Honnêtement, il ne savait pas quoi en penser, mais cela encore une fois eut le don de lui permettre de se détendre un peu, non pas parce que la femme perdait de sa pureté, de son importance à ses yeux, mais parce que son esprit envisageait enfin un fait, c'est que même si celle qu'il aimait plus que tout était d'origine royale, cela n'exemptait plus le fait qu'il ne puisse être autre chose pour elle qu'une source d'ennui monumentale... et pendant ce temps là, elle continuait de discourir :
D'abord les problèmes de son mariage, puis, lentement, les problèmes de son amour. Quand il entendit cela, deux choses se mêlèrent dans son esprit, l'une dont il ne pourrait accepter l'existence, tant il trouva la pensée répugnante et horrible, et l'autre qui vint percer son cœur d'un coup de poignard monstrueux, vif, terrible, comme si celui-ci était destiné à saigner pour la douleur que la jeune femme ressentait en cet instant. Il n'osa bouger pour être honnête, alors qu'observant celle dont il était tant épris, il pouvait parfaitement remarqué qu'elle ne parvenait à rester calme, elle ne parvenait à cesses de se déplacer, tantôt debout, tantôt assise ; tantôt martyrisant ses doigts, tantôt mordillant sa lèvre, mais jamais sans perdre de cet air perdu que son visage affichait à force de la laissée s'enfoncer dans les méandres de ses turpitudes amoureuses. Les marques d'un cœur trahi étaient présentes, et quand il contemplait en elle toute cette tempête incontrôlable, cette peur d'avoir fait une erreur qui lui pesait désormais sur les épaules, il ne savait même plus quoi dire pour répondre à ses aveux, face au sien, ayant presque cette crainte que les prochains mots qu'il oserait prononcer quand à son propre sentiment amoureux ne saurait être que poison envoyé à son visage. Pourtant, dans tout ce qu'elle disait, il y avait une chose qui le différenciait du cas de figure qu'elle lui révélait : son amour, l'importance qu'il lui attribuait, n'était pas venue ainsi seule, par un coup de baguette magique. Il avait été charmé à leur rencontre, l'avait appréciée quand elle avait prit soin de lui faire découvrir son royaume, avait été terrassé quand il avait subit ses remontrances, puis finalement l'avait aimé, quand il s'était rendu compte, en sa présence, que son cœur ne pouvait plus que s'emballer quand il la côtoyait, après en avoir été séparé par quelques barreaux.
Et finalement, c'est sans encore un mot de plus exprimer qu'il écouta ses dernières paroles, respectueux, mais en sentant qu'il avait peut-être quelque chose à éclaircir. Il ressentait que la femme, actuellement, ne sentait en l'amour aucune foi, aucune puissance, et il aurait été longtemps du même avis, si elle même n'avait sut lui montré un brin de tendresse et de délicatesse, alors qu'il n'était foncièrement qu'un vieux loup solitaire, affublé par la culpabilité de ses crimes passés. L'image qu'elle lui présenta, cette tour effondrée, était d'ailleurs quelques chose de très fort, qui ne manqua pas de parler au vampire, quand il l'avait mise en lien avec celle du coup de foudre : Elle avait elle même érigée cette amour de toute pièce, et y avait installée Sakura Korvander, y volant là toute la possibilité d'un avenir emplit d'une félicité, et d'un rayonnant soleil, mais au fur et à mesure que l'image de son amour s'était absentée, elle s'était retrouvée hors de la tour, à la regarder s'effondrer petit bout par petit bout, ensevelissant ainsi tout le cœur qu'elle avait d'elle-même mise dans cette ouvrage innocent. Le vampiroïde ne voyait pas l'amour de cette manière, et pour être tout à fait honnête, une chose n'était toujours pas clair dans ses mots : jamais elle n'avait refusée, jamais elle n'avait acceptée, en revanche, elle avait lentement cherchée à lui expliquer qu'il s'était épris d'une femme blessée, perdue, une chose qui, foncièrement, ne pouvant que pousser l'homme en recherche de rédemption à un dernier effort, une dernière tentative, peut-être pas pour qu'elle accepte ses bras, mais pour qu'elle puisse, enfin, alléger son fardeau.
« Désolée... Ce n’est sans doute pas la réponse que tu attendais...
- Partis pour être honnête, je dois avouer que je ne m'attendais pas à ceci en effet, Alice. Mais, je crois que j'ai encore des choses à dire. »
Se redressant de son siège lentement, il s'approche légèrement de la demoiselle et vint à lui tendre ses mains, avant de venir quérir les siennes avec une prudence, une délicatesse, et une légèreté exprimant un peu le soin infini qu'il cherchait à lui prodiguer.
« Permettez moi de vous demander la confiance. En dehors de ce que je peux ressentir pour vous, et en dehors de votre réponse, permettez moi de vous demander de vous lever, s'il vous plait. »
Il attendit dés lors lentement qu'elle accepte, et la suivit dans son mouvement, gardant toujours ses mains entre les siennes, ne pouvant que remarquer le fait que ses mains faisaient bien fine et petite entre les siennes, ce qui ne manqua pas de lui donner envie de soupirer, chose qu'il ne se permit en la présence de cette précieuse demoiselle au cœur meurtri. Actuellement, et surtout après l'intégralité des aveux qu'elle venait de lui faire, il ressentait chez elle cet aspect fébrile, cet aspect timide, cette faiblesse finalement qu'elle devait sûrement cacher à énormément de monde, et, pour le coup, il avait l'occasion de lui offrir son aide pour une fois, au lieu de ne faire qu'accepter la sienne. Donc, encore une fois, il patienta sans un mot, attendit que la demoiselle vint d'elle-même quitter l'assise pour venir se placée juste devant lui, avec sa perpétuelle élégance, sa perpétuelle beauté, son regard aussi pénétrant que doux, et son air délicat sur le visage. L'envie était de l'embrassée actuellement, pour le vampire, mais non, il avait plus important à faire que de se fié à ses envies, et c'est donc avec un geste relativement doux qu'il l'attira un peu plus près de lui, puis qu'il vint enfin l'enserrer entre ses bras, délicatement, chaleureusement, prononçant alors une réponse tout à fait personnelle à ses propos, une réponse qu'il souhaitait pouvoir lui être bénéfique, et lui offrir un brin de réconfort, accompagné de son étreinte :
« Alice. Je n'ai pas exprimer pourquoi je vous aimes, alors laissez moi cette chance, durant cet instant. Vous êtes une jeune femme merveilleuse, et depuis votre rencontre, j'ai eu le temps de pouvoir le constater. Vous êtes une personne aimante, n'en doutez jamais, tout autant auprès de votre peuple, que d'un simple étranger tel que moi, et cette qualité est si rare qu'elle n'a pas tardé à faire mouche auprès de mon cœur. Vos efforts, votre douceur, votre délicatesse, furent autan de chose qui sont à l'origine des sentiments que j'éprouve à votre égard. Je n'ai pas eut un « coup-de-foudre », je suis juste tombé lentement amoureux d'une femme que je considères comme exceptionnelle... Et c'est pour cela, en dehors de tout ce que je peux ressentir pour vous, que j'exprime ceci : Vous avez à reconstruire cette tour, mais n'avez pas à la rebâtir seule ! L'amour est une chose qui ne se vit, et ne se construit, qu'à deux, et vous méritez plus que tout d'en ressentir les bienfaits, malgré la douleur que votre femme à laissée, avec son absence. »
Il prit une légère inspiration, puis reprit ses mots, avec un message beaucoup plus douloureux :
« Vous ne m'avez répondue ni par la négative, ni la positive, plus tôt, et je ne saurais m'exprimer sur ce que cela provoque pour moi. Mais avec l'expérience que j'ai, de mes voyages, de mes découvertes... Je ne peux que dire cela : Vous méritez l'amour, et ne devez pas vous en éloigner. Si ce n'est pas avec moi, je ne saurais que l'accepter, c'est ainsi, et je m'y étais préparé. Mais ne restez pas seule avec cette blessure Alice, trouvez l'homme, ou la femme, qui saura la soigner avec ses propres sentiments. Pour ce qui est des miens, je ne sais combien de temps ils brûleront pour vous, mais ils ont au moins ce désir, que vous soyez heureuse, tout en assurant ce propos : Je serais là si vous avez besoin de moi. »
Et sur ces mots il se tut, conservant la femme tendrement contre son corps, se préparant à la laisser partir dés qu'elle en feras signe de la moindre envie.