Seikusu, une nuit particulièrement chaude. Même au dehors, on avait du mal à se rafraîchir. Depuis plusieurs jours la canicule couvrait la ville et la chaleur ne quittait pas les rues, rendant difficile la vie en ce bas monde. Les humains souffraient, dormaient mal. Ce n'était pas le problème de Valian : en tant que vampire, il n'était pas tributaire de la chaleur. Cette nuit, il avait décidé de découvrir ce qui se cachait derrière le manoir dont on lui avait parlé quelques semaines auparavant. Ses contacts humains lui avaient décrit les lieux comme une ode à la luxure et à la dépravation, sans pour autant être plus précis. A défaut de pouvoir avoir plus d'informations, il devait de ce fait s'y rendre lui même. La curiosité est un vilain défaut, mais c'était la principale qualité de Valian. Vêtu d'une chemise grise et d'un pantalon noir assez sobre, il se dirigea en début de nuit donc vers le quartier dont on lui avait parlé. Il avait complété sa tenue d'une veste noire et de chaussures de ville, et s'était préparé comme il se devait. Le manoir ne fut pas difficile à trouver tant la demeure semblait vaste et imposante. C'était même étrange qu'il ne l'ait pas vu avant, mais en tant qu'arrivant assez récent dans la région, ce devait être pour ça.
La voiture garée le long du trottoir, il scruta les environs, la bâtisse, sans pouvoir percevoir grand chose. Il aurait pu se projeter de manière astrale à l'intérieur, mais autant le découvrir de visu. La large grille était entrouverte, ainsi il s'aventura sur le chemin menant à l'entrée de la demeure. Les lieux semblaient fait exprès pour impressionner et peut-être dissuader les gêneurs, mais si les rumeurs sur l'endroit étaient vraies, le jeu en valait la chandelle. La large porte en bois semblait dater d'un autre temps, comme si elle se tenait là depuis des siècles. La modernité n'était pas encore parvenu à ce manoir visiblement. Ce n'était pas son soucis, et cela donnait du charme à la demeure en conservant son aspect authentique. Il frappa.
Une trentaine de secondes plus tard, la porte s'ouvrait sur ce qui s'apparentait être une humaine. En la fixant, et en scrutant son aura, il en eut la certitude. Bien faite, jolie et mise en valeur, elle trahissait à elle seule ce qu'il pensait : les rumeurs étaient vraies. Arborant son plus beau sourire, le jeune homme était beau, presque trop pour que ce soit vrai, et il en jouait généralement. Là encore, il affichait exprès un air intéressé et désireux à l'intention de la demoiselle.
Bonsoir, j'aurai voulu "visiter" le manoir, si cela était possible.
Il n'avait aucune connaissance sur le lieu et sa manière de fonctionner. Y avait-il des invitations ? Un nombre limité de clients ? De visites ? Tout ça, il n'en avait aucune idée, alors il fallait y aller au culot. D'ailleurs, la manière dont il avait insister sur le visiter dans la phrase n'était pas anodin. Si elle était bien ce qu'il pensait, elle allait comprendre que ce n'était pas que le manoir qu'il comptait visiter. Toujours posté dans l'entrée, il attendait qu'elle lui laisse le passage ou qu'elle le refoule. Si jamais elle choisissait ce deuxième choix, il n'irait pas faire d'esclandres : non, il changerait simplement d'apparence pour revenir sous un autre visage. La seule option ennuyeuse serait si il fallait une invitation pour entrer en ces lieux.
