JAVERT
Quand la bombe explosa, tous les instruments électroniques du vaisseau furent désactivés, offrant à l’Amiral Javert un silence particulièrement réconfortant. Le Gordanien soupira lentement, soulagé de ne plus entendre cette cacophonie d’alarmes et de sons tonitruants l’avertissant d’une catastrophe imminente. Dans le ciel, depuis les baies vitrées, il vit une boule de feu se former, éventrant le centre du Grand Guédester. Les boucliers du monstre mécanique n’avaient clairement pas suffi à protéger l’étoile cosmique de l’explosion atomique, et un champignon de feu brûlait dans le firmament, formant comme un soleil miniature. Le métal en fusion du Grand Guédester avait été carbonisé instantanément, et l’explosion avait arraché des centaines de kilomètres d’acier, tout en fragilisant davantage le vaisseau-mère gordanien. Les solides vitres du pont de commandement étaient craquelées et fissurées... Puis les lumières revinrent, ainsi que les alarmes, les écrans des ordinateurs s’allumant de nouveau, la machine se remettant en branle.
Javert ne cessait d’observer cette aberration spatiale. Était-elle vaincue ? Le Grand Guédester avait-il été détruit ? Avec un peu de chance, la bombe atomique avait atteint le réacteur principal du vaisseau, et avait pulvérisé Brainiac.
«
Verrouillez l’ennemi, préparez-vous à lancer des ogives supplémentaires ! »
L’Amiral ne prendrait aucune erreur.
«
Envoyez nos robots pour réparer le vaisseau. Colmatez les brèches. »
Le navire était terriblement endommagé, presque coupé en deux, mais Javert restait confiant. L’idée était d’empêcher ce dernier de se rompre, afin de permettre une évacuation du personnel. Contrairement aux Formiens, les Gordaniens ne sacrifiaient pas inutilement leurs soldats. Malheureusement, même si le Grand Guédester était vaincu, il fallait encore s’occuper de la Flotte-ruche qui venait d’arriver.
«
Amiral ! Les instruments détectent une montée d’énergie à bord du Grand Guédester ! »
Javert retint un juron. Ça aurait été trop facile !
«
Préparez à lancer les autres o... »
Il ne put achever sa phrase, car plusieurs missiles jaillirent alors du Grand Guédester, et pulvérisèrent les rampes de lancement des ogives nucléaires du vaisseau, provoquant de violentes vibrations qui traversèrent tout le vaisseau. Javert perdit l’équilibre, et s’appuya contre un bureau, évitant ainsi de s’affaler lamentablement sur le sol. Le Grand Guédester avait souffert, ce qui expliquait pourquoi sa première attaque visait à détruire les rampes de lancement. Javert pesta.
«
Concentrez le tir sur la brèche ! »
Les tours encore opérationnelles du vaisseau se déployèrent en visant la brèche béante, et mitraillèrent le ventre du monstre, défonçant des couloirs, des robots, des machines. Des cadavres de machines et des carcasses métalliques flottaient dans l’espace, et leur adversaire répliqua, en utilisant toutes ses tourelles. L’espace était strié d’échanges de lasers fusant entre les vaisseaux gordaniens et le Grand Guédester. Quant aux Leviathans, ils se déplaçaient à leur tour. L’un d’entre eux avait été détruit, mais les autres se rapprochaient également de la brèche.
«
Ordre de mission, Amiral ? »
Javert hésita un peu. Les Formiens constituaient l’ennemi héréditaire des Gordaniens, mais ils étaient visiblement venus ici pour attaquer le Grand Guédester, car aucune de leurs spores ne tombaient sur leurs vaisseaux. Et Javert ne pouvait pas se permettre de sous-estimer leur adversaire. Après quelques hésitations, il ordonna donc de maintenir le tir sur l’étoile géante. Les Formiens cherchaient à profiter de la brèche pour attaquer l’intérieur du Grand Guédester en envoyant leurs spores. Autrement dit, l’espoir était encore possible, et tout n’était pas perdu. Javert avait perdu son appât, la Sith et l’Abyssian s’étant évadés, mais, avec un peu de chance, ils ne seraient plus nécessaires.
«
Maintenez le tir ! Continuez à lui péter le cul ! »
DARK TALON
Talon avait été sonnée par leur atterrissage en catastrophe. Elle n’avait pas eu le temps d’enfiler sa ceinture de sécurité, et sa tête s’était écrasée contre la vitre, rebondissant dessus, laissant une trace de sang. Elle gisait donc contre le fauteuil, et n’émit aucune réaction quand Ludya alla la voir, l’embrassa, lui transmettant un peu de son énergie vitale, puis l’habilla. Une chaleur certaine envahit son corps après ce baiser, mais le réveil de la Sith était lent. Il put donc la porter, et, quand il se mit à taper contre le mur, Talon était déjà là... Elle l’entendait, et finit par émerger, en soupirant et en gémissant.
«
C'est ma faute ! C'est ma responsabilité j'aurai du y aller depuis le début... Je peux peut être encore le faire ! Il me reste un vaisseau ici. »
Talon était contre un mur, assise sur le sol, et poussa un grognement.
«
Ne... Ne sois pas stupide, Ludya... »
La Sith se redressa lentement. Sa tête lui faisait un mal de chien. Ils étaient retournés dans
Olysseum, afin de pouvoir récupérer leurs vaisseaux. Fuir ne tentait pas Talon, et elle nota qu’elle était habillée. Elle observa cette tenue intégrale, jaunâtre, avec un dispositif permettant de mettre sur sa tête un casque en verre, et comprit qu’il s’agissait d’une combinaison spatiale gordanienne, à la fois confortable et résistante, bien étanche.
«
Si tu y vas tout seul... Tu mourras. »
Ils devaient continuer à y aller ensemble. Talon secoua lentement la tête, la mémoire lui revenant par à-coups. Leur fuite dans le v aisseau-mère gordanien, le combat dans les quais du navire, et...
«
Les Gordaniens ont lancé une tête nucléaire, comprit-elle.
Ça peut être notre chance pour rentrer à l’intérieur du vaisseau. »
Le Grand Guédester et tous les belligérants allaient se concentrer sur cette faille, ce qui, autrement dit, permettrait d’entrer par un autre côté. Il restait juste à rejoindre le spatioport. Le duo se trouvait dans un couloir en triste état, et une voix jaillissait des haut-parleurs, ordonnant à tous les résidents de fuir le plus vite possible. Talon s’avança lentement, titubant légèrement. Sa vision était floue, et elle secoua la tête, laissant le soin à ses sens de se remettre correctement en place. Son regard se tourna vers l’Abyssian, et elle hocha la tête.
«
Merci... »
Quelle honte ! Elle avait été sauvée par cet homme ! Pour un Sith, c’était une véritable
humiliation, car elle avait le sentiment amer d’être un poids Son front lui faisait mal, mais, surtout, il y avait en elle quelque chose qu’elle ne s’expliquait pas... Comme une force extérieure qui pulsait dans son âme. Elle reprit sa route, atteignant un escalier métallique de maintenance. En contrebas de l’escalier, il y avait un bureau... Et des Formiens. Des
Zerglings qui filèrent en les voyant. C’était un poste de sécurité, mais tous les agents avaient été massacrés, par des impacts de balles et des tirs lasers.
Le poste de sécurité menait au centre-ville d’
Olysseum, cette espèce de grande rotonde, et un gaz rougeâtre flottait dedans. Talon arrêta Ludya, plus par réflexe qu’autre chose.
«
Attends... »
Ce gaz sang émanait certainement du Grand Guédester, Brainiac leur livrant un autre cadeau empoisonné. Talon vit plusieurs sondes métalliques, qui avaient traversé le toit de la rotonde, et qui émettaient ce gaz. Elle regarda autour d’elle. La Force lui permettait de se protéger des émanations empoisonnée, mais, après cet atterrissage en catastrophe, la Sith ne voulait pas tester sa chance. Un cadavre gisait près d’une porte, abattu dans le dos. Est-ce que c’étaient les Formiens qui les avaient tués ? Ou les robots ? Les Zerglings avaient juste pu se nourrir de leurs cadavres... La preuve en est qu’ils avaient fui en la voyant arriver, comme si combattre les humains n’était pas leur objectif. La tête pleine de questions, Talon usa de la Force pour ouvrir la porte blindée que l’agent de sécurité avait cherché à ouvrir.
Elle conduisait à une armurerie, avec une multitude d’armes, et, surtout, des masques à gaz.
«
Mieux vaut jouer la carte de la prudence... Je sens de curieuses perturbations de la Force avec ce gaz. »
Talon en happa un, et le mit sur sa tête. Ses
lekkus ressortaient de l’autre côté, ce qui n’était pas bien grave. Elle retourna ensuite vers la porte d’entrée du poste de sécurité. Il y avait de nombreux cadavres sur le sol, des dizaines et des dizaines... Qui se mirent alors à muter. Des pattes jaillirent dans leur dos, provoquant d’écœurants déchirements de tendons, d’os, et de chair. Les yeux écarquillés, Talon vit des morts revenir à la vie... Une vie spéciale et particulière. Ils se relevèrent lentement, grognant dangereusement, puis tournèrent leurs têtes vers eux.
Le Grand Guédester n’avait pas fini de faire étalage de sa technologie. Talon connaissait ce genre de créatures...
«
Des Nécromorphes ! »
Des parasites extraterrestres vivant dans des planètes mortes qui s’infiltraient dans de la chair morte pour la faire muter et la réanimer. Des zombies agressifs, sauvages, et qui ne mouraient pas quand on les décapitait, précisément parce que le parasite ne réactivait pas les ondes cérébrales, mais se substituait au cerveau de l’hôte. Ils grognaient et hurlaient, en formant une marée compacte, transformant peu à peu toute la station en une station morte, hantée par des créatures cauchemardesques.
Et ils étaient
très nombreux.