La majordome l’observa comme si Samara était une vulgaire paysanne venant offrir un quignon de pain. Samara fut courroucée dans sa fierté, mais n’en montra rien. La domestique daigna tout de même lui ôter son manteau, révélant Samara dans sa superbe tunique noire serrée, qui moulait à la perfection son corps magnifique. Vaniteuse, il n’était pas rare qu’elle use de sa magie grandissante pour créer des clones sexuels d’elle-même. Elle avait appris la difficile technique du clonage magique en ingérant les pouvoirs magiques d’un mage noir usant abusivement de cette technique, et qui était un peu trop misogyne. Elle perfectionnait peu à peu sa technique, et suivit la domestique. Elle aimait bien ce manoir. Il transpirait la richesse, la puissance, l’influence... Tout ce que cette arrogante femme recherchait pour améliorer sa position sociale dans ce monde. Remuant généreusement des hanches, elle suivait la domestique, jusqu’à rejoindre une hanche.
La maîtresse des lieux était là, au chevet de sa fille, une petite blonde étalée dans son lit, recouverte par une confortable couverture. Les deux étaient très belles, et, même malgré la maladie qui minait les traits de la fille, et la peur qui tirait sur ceux de la mère, elles dégageaient une redoutable beauté. Samara retint un sourire en se rapprochant, restant professionnelle. Belle et puissante, cette Prima était une cliente parfaite pour son ascenseur social.
« Ne vous en faites pas pour ma santé, chère Prima, répliqua Samara d’une voix envoûtante. Devant l’urgence de la situation, je suis venue aussi vite qu’il m’était possible de le faire. »
Prima était visiblement enceinte d’un autre bébé. Son ventre était tendu, déformant légèrement sa belle robe rouge, excitant davantage Samara. La démone suivit la femme dans un salon, louchant sans difficulté sur ses formes, sur son adorable cul. Si Prima n’avait pas fait l’amour depuis des jours, Samara était également en manque. Elle avait préféré maintenir ses réserves magiques pour l’opération à venir. Faire des clones d’elle-même consommait pour l’heure beaucoup de magie, car elle avait encore du mal à maîtriser cette technique.
Samara s’assit en croisant les jambes, écoutant la comtesse parler. Elle était abattue et désespérée, ce que Samara comprit rapidement. Elle le saurait sans doute aussi, à sa place. Sa fille avait été ensorcelée, et les guérisseurs étaient particulièrement rares. À cette date, la guerre entre Nexus et Ashnard était à son apogée, ce qui entraînait des complications dans tous les domaines. La magie blanche, notamment, n’était pas un art très répandue à Ashnard, les mages blancs venant surtout de Nexus. Avec la guerre, ils ne venaient plus, ce qui expliquait sans doute pourquoi Prima avait fait appel à Samara. La magicienne, qui espérait bien devenir Archimage, avait déjà exorcisé des maisons, et affronté plusieurs malédictions.
Elle était heureuse de se retrouver là, devant cette belle femme, puissante, aux seins généreux. Elle espérait qu’elle serait aussi généreuse dans sa récompense.
« Je- je me sens vraiment seule. Seule et impuissante. J'ai tout essayé, vous êtes la dernière chance de pouvoir réveiller ma fille. Si vous y parvenez, tout ce qui vous plaira vous sera donné. Je n'en peux vraiment plus, il faut que ça s'arrête... »
Samara hocha lentement la tête, sentant la détresse de cette femme.
« Il n’existe aucune malédiction qui ne soit susceptible de me résister, Comtesse... Je vous garantis être apte à la résorber. »
Elle n’allait pas se dévaloriser. Si elle était désolée pour Prima, Samara pensait avant tout à son propre intérêt. Elle restait une démone, après tout. La Comtesse invita ensuite Samara à retourner voir sa fille, et cette dernière acquiesça. Les deux femmes retournèrent ainsi dans la chambre, et Samara s’avança vers la femme endormie. Elle posa une main sur son front. Il était bouillonnant. Elle tournait le dos à Prima, ferma les yeux, et prononça quelques mélopées, s’ouvrant au monde de la magie, essayant de sentir, magiquement parlant, l’empreinte de la fille de Prima.
« Hum... »
Elle continua à caresser son front, sans rien dire, pendant une ou deux minutes, avant de relever sa main.
« Je vois... Il me faut tracer un glyphe... »
Samara se concentra, et, autour d’elle, des craies apparurent comme par enchantement. Elle tendit chacune de ses mains, doigts écartés, vers le sol, et laissa les craies tracer des courbes et des lignes sur le sol. Tandis que les craies traçaient des courbes, Samara se retourna vers Prima, et s’avança légèrement vers elle. Elle l’enlaça alors, et, sans attendre, l’embrassa tendrement. Sa main remonta pour caresser ses cheveux, tandis que l’autre glissa le long de son estomac, caressant son ventre rebondi.
« Mon prix, ma chérie, sera bien léger... Je ne veux pas d’or... Mais je veux ton aide. »
Elle s’écarta d’elle. Les craies continuaient à tracer leurs lignes, et Samara reprit ses éclaircissements :
« J’ambitionne de devenir Archimage... Une telle position me permettrait d’étendre mon influence personnelle auprès de l’Empire d’Ashnard... Mais, pour ça, il faut suffisamment impressionner le Conseil des Mages pour que ces derniers acceptent de faire de moi une Archimage. Si je soigne votre fille, je souhaite que vous interveniez en ma faveur auprès du Conseil de l’Académie d’Ashnard. »
Dans le fond, ce n’était pas grand-chose, et il n’y avait aucune raison que Prima s’y refuse. Le temps que cette dernière réfléchisse, le sceau se mit en place, et les lignes blanches se mirent à luire d’une lueur violette. Samara tendit sa main, et souleva le corps de la fille de Prima, le retirant de son lit, et le posa au milieu du sceau.
« La maladie qui l’affecte est mentale... Elle n’est pas physique, ni spirituelle, elle s’insinue dans ses rêves. Ce sceau que j’ai tracé est un trou, une faille qui nous permettra de s’insinuer dans ses rêves... En suivant un rituel spécial et assez difficile à réaliser. »
Samara lui sourit alors, ménageant un petit effet de suspens, et rajouta, en guise de préambule à ses explications :
« Il va falloir coucher avec votre fille. »