Shii était nerveuse, son petit cœur bondissant dans sa poitrine, alors qu’elle se rapprochait de la salle 312. Dans sa tête, elle se rappelait encore des évènements récents. Le lycée Mishima venait de ressortir d’une importante vague démocratique : l’élection des membres de ce qu’on appelait familièrement le «
conseil des élèves », une organisation regroupant des représentants des lycéens, du personnel, ainsi que des parents d’élèves. Il était présidé par le vice-directeur du lycée, personnage qui, dans les faits, était le réel directeur de Mishima, puisque c’était toujours lui qui était sur le front, notamment quand l’établissement scolaire était poursuivi en justice par des associations de parents d’élèves sollicitant sa fermeture.
Le conseil des élèves était majoritairement composé de lycéens, et Shii en faisait désormais partie. Tous les lycéens avaient comme présidente une élève du lycée, Rinako Suzumi, que Shii n’avait jamais rencontré personnellement. C’était une élève très stricte, qui, selon Clara, aurait bien besoin de se «
faire ramoner un bon coup le cul pour arrêter d’emmerder le monde avec des conneries ». Rinako était soit détestée, soit admirée, et, si Clara la détestait, Shii, elle, l’admirait. Rinako était intelligente, droite, et ne se laissait pas marcher sur les pieds, n’hésitant pas à aller voir la vie scolaire quand elle voyait des violations du règlement. Ceci lui avait valu une réputation de «
fayotte mal baisée » auprès de certains élèves de Mishima, généralement ceux assis au fond de la classe, et qui préféraient parler de mangas et s’échangeaient des jeux vidéos et des
hentaï en cours plutôt que suivre ce dernier.
«
Tu te présenteras à ces élections, lui avait ordonné Mélinda,
et tu seras élue. »
Shii était plus populaire que ce qu’elle croyait au sein du lycée. Non seulement elle bénéficierait du soutien de sa Maîtresse et de ses amies, mais les premiers de la classe, les «
têtes d’ampoule » selon Clara, appréciaient également plutôt bien Shii. Elle était intelligente, suffisamment discrète pour éviter d’attirer l’attention, et n’hésitait pas à aider les élèves ayant des difficultés. Elle n’avait cependant pas compris pourquoi sa Maîtresse la voulait au conseil des élèves, mais elle n’avait pas daigné lui expliquer plus avant ses motivations. Sa Maîtresse savait ce qu’il fallait dire et ne pas dire, et Shii savait s’en contenter. Elle était très soumise, après tout, et c’était tout ce que Mélinda recherchait. Elle s’était donc inscrite, en choisissant une suppléante, et avait fait campagne, à sa manière. Concrètement, il n’y avait pas grand-chose à faire.
Les résultats avaient été promulgués hier, et elle avait été élue. Après une récompense assez chaude avec sa Maîtresse, qui lui avait donné mal aux fesses toute la journée, Shii avait reçu le matin un mail sur sa boîte mail du lycée, de la part de Suzumi-san, l’invitant à venir la voir ce soir, à 17h, après les cours, en salle 312, afin de lui en dire plus sur le rôle du conseil des élèves, et sur ce qu’on attendait d’elle. Shii avait accepté.
La voici donc, dans les couloirs du troisième étage, dans son uniforme de lycéenne. Elle était nerveuse, car elle n’avait pas pour habitude de se mettre en avant. Elle avait été voir sa Maîtresse il y a deux heures. Comme à son habitude, la vampire était en train de passer du temps dans les toilettes, faisant une fellation à une élève, et avait dit à Shii d’y aller, et de faire ce qu’elle voulait pour se rapprocher de Rinako. Shii avait préféré ne pas trop insister, car elle avait peur que, si elle reste trop longtemps, sa Maîtresse ne veuille la prendre en levrette dans les toilettes... Ce qui lui aurait à nouveau fait mal aux fesses.
L’esclave avait donc filé sans demander son reste, et avait assisté au cours, jusqu’à ce que le dernier ne se termine, à 17h. Elle avait ensuite grimpé les marches pour atteindre le troisième étage, et se dirigeait vers la salle 312.
*
Allons, Shii, tu passes tes soirées chez une vampire nymphomane et perverse qui adore te traiter comme une chienne... Voir une simple présidente ne devrait pas t’effrayer !*
Elle avait quelques minutes de retard, car le cours avait duré jusqu’à 17h02, avant que le
senseï ne daigne enfin les relâcher, et il lui avait bien fallu trois ou quatre minutes pour rejoindre la salle 312. Nerveuse, elle se tenait devant la porte, et toqua à cette dernière, attendant qu’on vienne lui ouvrir.
Son cœur continuait à battre la chamade, et elle avait les joues légèrement rouges.