Ma lame ne la toucha pas, elle avait esquivée, du moins ce fut ce que je ressentis. Pour autant, elle n'avait pas relâchée sa lance, cela je le sentais à la tension qu'il y avait toujours en son manche ! Ainsi, je m'apprenais à enchainer avec un coup de taille qu'elle ne pourrait esquiver qu'en reculant, quand soudain je sentis la chaleur sous ma paume. Bon sang ! Elle venait d'embraser son arme ! Néanmoins, aussi intense soit il, le feu mettait un minimum de temps à se propager, et se faisant il dégageait de la chaleur. Cette dernière m'offrit ainsi le temps de réagir, relâchant brusquement l'arme que je tenais sans guère souffrir plus que quelques brulures minimes à la paume, qui ne m'empêcherait nullement de me battre.
Et malgré cette souffrance je finissais mon assaut ! Si pendant la moindre seconde j'avais hésité elle aurait pu profité sans peine de l'ouverture pour m'asséner avec ses seules paumes un coup mortel. Bien sûr, mon coup ne porta pas, mais étrangement rien ne survint par la suite... Ou si, une chose, un sifflement aiguë et caractéristique, celui du métal qu'on plongeait dans l'eau, et rapidement une certaine chaleur m'entoura...Et un sourire marqua mes traits alors. La pointe de la lance de mon adversaire avait été chauffée à blanc, et ces nuages, tout spéciaux qu'ils soient, étaient composés d'eau ! Ainsi la chaleur que je sentais était celle de la vapeur, et promptement, presque comme un enfant sur son jouet je me jetai vers l'origine de ce son, ma main libre est légèrement brulé se posant sur le métal. Ce dernier s'était refroidi et je n'eus aucun mal à la prendre en main, par le petit en-bout qui le fixait avant au manche en bois, et à me remettre en garde.
Bon j'étais toujours aveugle, ignorant de où se tenait mon adversaire, mais tout de même ! Avec deux armes je me sentais moins nu !
Qui plus est une arme aussi courte serait un atout face à un adversaire maintenant dépourvu d'arme, au corps à corps je serai moins handicapé qu'avec deux longues épées... Et c'était aussi bien plus commode pour me protéger les points vitaux, la pointe couvrant mon cœur alors que l'embout était à hauteur de ma gorge. De ma propre épée j’exécutais de légers mouvements, comme pour sonder la zone en face de moi. Il était peu probable que la vapeur me couvre, le vent soufflant l'ayant sans doute balayé.
Et pour le coup, mon adversaire m'avait prouvé qu'il pouvait très bien me frapper par derrière, et que j'étais tout aussi incapable de m'en défendre. ainsi à pas lent je me mis à reculer, mes esprits s'apaisant quelques peu alors que mes côtes me lançaient. Je ne savais pas ce qu'elle faisait, ni ce qu'elle attendait, mais le temps qu'elle m'offrait était précieux, et enfin j'atteins mon objectif. Mon pieds droit, à l'arrière, glissa quelque peu et il me fallut le ramener, j'étais juste exactement le dos tourné à une faille menant tout droit à la chute et au vide. Sur l'instant je fus un peu déstabilisé.
Et l'instant d'après vint le choc. Deux sifflements dans l'air, trop rapide pour que je riposte... Mais ma prise s'était resserré sur la pointe de la lance, j'en avais ajusté la position, et le choc survint, particulièrement brutale. La brute avait dû me bondir dessus comme le dernier des teigneux pour m'atteindre avec une telle violence sans le moindre bruit. Ainsi sous le choc mon dos se cambra dangereusement, et je ne pus riposter, laissant ses lames agir. Je les sentis ripper sur le métal de la pointe, et dévier, non sans dégâts. Une d'entre elle m'entailla salement le menton jusqu'à la lèvre et l'autre remonta sur mes doigts tenant la pointe et me les entailla profondément. Peut être même m'en coupa t-elle un ou deux. De toute manière avec la douleur difficile à savoir et le sang que je sentais couler n'aidait pas.
Et pourtant j'affichais un sourire...Car après avoir bondi elle était encore plus déséquilibrée que moi, et malgré la douleur je pouvais encore réagir. Après tout les piliers de bar méritaient bien leurs noms normalement. Peu importait à quel point on les entaillait ils tenaient bon à moins qu'on les rompe. Bon, dire que ce fut sans le moindre effort mental serait mentir, mais je n'avais pas le temps d'y penser, il me fallait agir vite. Alors que la pointe de lance tombait, ne pouvant plus la tenir vu l'état de ma main, je balançais ma jambe arrière au dessus du vide afin de la faire passer à l'avant, derrière mon adversaire. Mon corps suivit en un mouvement circulaire, seule mon autre jambe restant devant elle, et certaine qu'elle était devant moi, n'ayant pu reculer mon avis si peu de temps après avoir faire un bond, j'usais de ma main à nouveau libre, et ensanglanté pour la frapper violemment dans le dos.
Avec ma jambe faisant blocage avec la sienne, mon but était de la propulser en avant, droit dans le vide auquel je m'étais adossé, et, par simple précaution, j’exécutais un brusque arc de cercle devant moi afin de repousser une éventuelle contre attaque ou une tentative de prise désespérée...
Mais elle m'avait quand même pas loupé, en plus de ma main et de mon menton ruisselant de sang, je pus sentir après coup une vive douleur à l'aine, où elle était parvenue à me frapper durant mon mouvement... Ça faisait un sacré mal de chien bon sang, pire qu'une gueule de bois !