<< The cake is a lie >>
Sue espère n'avoir pas fait une trop mauvaise impression, parce qu'il est vrai qu'on peut trouver mieux que débouler devant un inconnu haut gradé de l'armée avec le haut limite par terre et la poitrine à l'air. Sur pour se présenter à lui pour la toute première fois, c'était vraiment parfait ... Sue en est à se demander si ce n'est pas dans ses gênes de vaporéenne d'être aussi naturellement dévergondée n'importe quand, n'importe comment pour n'importe quelle opportunité. C'est pas amusant d'être sage, c'est bien connu. Après, il est sûr qu'avec la maîtresse que Sue se tape, elle ne peut pas être totalement saine de corps et d'esprit, avoir Constance comme meilleure amie et amante, ça touche souvent votre cerveau qui se voit perverti de toutes les manières possibles et imaginables. Mais c'est cette perversion et la douce pureté trompeuse du visage de Sue qui la rend si désirable aux yeux de toute cette noblesse. Savoir se servir de son corps pour se faire aimer et user de ses coups de reins pour arriver à ses fins, tout en paraissant plus droite que certaines personnes, c'est quelque chose que Sue arrive à faire avec une simplicité agaçante. Comme si se prostituer était AUSSI une seconde nature. Un grognement de la jeune bicolore se fait entendre à cette pensée et elle arrête enfin de monologuer intérieurement en relevant les yeux vers le Maréchal. Bon sang, l'effet de la musique est toujours aussi mauvais.
Il faut toujours qu'elle passe du temps à réfléchir. Quand le garde disparaît enfin et que son visage se transforme légèrement sous l'effet d'une moue de douleur face à la poigne du maréchal, Sue distingue le bureau/chambre de l'homme encadré de toute sa stature effrayante, dans la porte. D'un coup d'oeil rapide, elle distingue surtout la boite à musique. Un petit frisson la parcoure, son coeur bat un peu plus rapidement alors qu'elle balaie du regard tout l'endroit. Son regard marron se pose de nouveau sur la boîte, elle en a envie. Elle sait calmer sa kleptomanie, mais à vrai dire, elle n'a pas du tout dans l'intention de se calmer cette fois-ci. Elle dérobera la boite à musique, tant pis pour le Maréchal et sa sensibilité. Après tout, Sue vient en conquérante, ici. Elle sait très bien pourquoi elle est là, et ce qu'elle comprend c'est qu'elle peut y gagner beaucoup, tout en restant la maîtresse du Jeu, celle qui domine et maintient la situation comme elle le veut. Enfin, ça, c'est en théorie, Sue n'a jamais joué ce rôle et la pratique risque d'être un peu plus douloureuse, à vrai dire. Difficile et si jamais c'est un échec, très douloureux ... Enfin, Sue entre, elle s'étire légèrement en souriant doucement malgré les ordres et l'allure, la démarche autoritaire du bonhomme. Il veut quand même pas lui faire peur ? Elle est l'invité, ici, M'sieur le Maréchal, il ne faut pas rire avec ça.
Elle le fixe, le dévisage, passe de ses épaules larges à ses hanches, ses jambes, regardant la stature effrayante par rapport à la petite taille de la demoiselle mécanicienne. Elle ne trouve ça que plus amusant, ce mastodonte et son masque opposé à elle, petite chose frêle mais forte, au visage et au corps bien visible. Elle esquisse un large sourire moqueur et passe une main dans ses cheveux en contrôlant un léger rire qui dégringole dans sa gorge, sa poitrine se soulevant légèrement quand elle rit à la phrase du maréchal.
<< - Son gout pour les femmes ne change rien à son esprit, je vous promets. A vrai dire, Maréchal, et entre nous, il a déjà peu d'esprit, alors comment voulez vous que nos croupes lui enlèvent le reste ? >> Elle hoche la tête quand il lui propose l'alcool.
Sue ne tient pas l'alcool. Il ne faut surtout pas qu'elle boive. Mais à vrai dire, ce cher Maréchal ne lui laisse pas vraiment le choix et lui impose plus qu'il ne plus propose ce verre de Scotch et elle hausse les épaules ne grognant légèrement, reniflant l'alcool d'un air assez particulier. Elle déteste ça, ça lui donne le tournis rien que de sentir l'odeur et un haut le coeur la prend. Pourtant, Sue sait à quel point il est malpoli de refuser de boire un verre qu'on vous donne quand c'est un Maréchal qui vous l'offre. Ils ont tous un amour incontrôlable pour l'alcool, ses soldats, Daud y compris, et ce fourbe a déjà bien usé de l'effet de l'alcool sur Sue pour lui faire faire ce qu'il voulait sexuellement. C'est bien une des raisons qui tirent à Sue un long soupir quand elle éloigne un peu le verre d'elle.
<< - Pas que votre Scotch m'indiffère .. Mais si vous ne voulez pas perdre de ce précieux alcool dans la bouche d'un Ouvrière comme moi .. Je peux vous le rendre. >>
L'affront est là mais Sue ne veut pas être à nouveau la victime .. un peu innocente d'hommes qui la saoulent et trouvent après plus simple de lui demander de faire des choses que sobre elle n'aurait pas fait. C'est sans doute pas le but de ce cher Maréchal, qui a l'air d'être un homme tout à fait honnête, bien sûr. M'enfin. Elle se laissa glisser sur le fauteuil, et haussa à nouveau un sourcil, en acquiesçant aux paroles de l'homme.
<< - Je sais très bien qui vous êtes ne vous en faîtes pas pour ça .. C'est même une des raisons pour lesquelles je suis ici, avec vous, Maréchal. >>
Un gage de sympathie.. Un léger rire, un peu aigre, s'échappa de la gorge de Sue. Putain, quelle sympathie. Daud lui envoie un cadeau empoisonné et il croit vraiment qu'elle est un gage de sympathie ? Puis elle n'est toujours pas un objet, désolée de les décevoir, mais elle ne se considère toujours pas comme une pute qu'on se donne. Wouais, elle sait, la fin de vos espoirs, toussa toussa. Elle se relève et boit enfin une gorgée de Scotch, une grimace se dessinant sur ses lèvres humides par l'alcool. Elle pose le verre sur la table basse qui les sépare et vient perdre sa main dans ses cheveux, les coudes sur les genoux, fixant le Maréchal, l'air sérieux.
<< - Un gage de sympathie ? Je ne sais pas. Je suis ici pour deux raisons, qui sont, je pense, assez liées. Je viens tout simplement vous offrir mes services de Mécanicienne, s'ils vous intéressent ... Et je viens vous faire une demande. >>
Cette fois-ci, Sue se relève totalement, se mettant debout et contournant la table pour s'approcher du Maréchal. Elle s'accroupit face à lui pour être un peu plus basse que lui et surtout, pouvoir le fixer sans le regarder de haut. Ils se vexent si facilement, tous ces jeunes gens.
<< - J'ai un frère, Maréchal. Flitz Stuart. Il est dans votre armée. Et il a été envoyé ... Justement. Je ne sais pas où, mais son boulot est .. horrible. Et.. Comment vous dire ça .. Est-ce que vous pourriez faire quelque chose pour qu'il revienne juste quelques jours ? Il est parti, je .. Je n'ai pas eu le temps de savoir pourquoi. Et toutes mes lettres restent sans réponse, puisque je ne sais pas où les envoyer. Contre ce service, je peux vous .. offrir ce que vous voulez. Mon travail .. >>
Elle s'arrête là. L'hésitation est assez explicite. Elle lui offre ce qu'il veut, surtout qu'elle désir qu'il prenne bien plus que son travail. Enfin, elle verra bien, elle a fait ses deux offres, et suit le plan de Daud au mot près, même si l'émotion qui perce dans sa voix est bien réelle. Elle se relève, la situation pouvant commencer à être gênante et tourne légèrement le dos au Maréchal, glissant son index entre ses doigts qu'elle suçote doucement, avant de tourner la tête vers lui, ses cheveux caressant son dos avec un doux mouvement alors qu'elle murmure.
<< - Mais .. Mais si vous avez des demandes. Je ne fais pas que des ailes, ou des bateaux volants. Si vous avez des plans .. Sans vouloir être orgueilleuse, je peux sans doute vous aider. >>
Elle finit pas lui sourire, soufflant un peu. Les cartes sont dans les mains du maréchal. A lui de s'exécuter ...