Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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De mal en pis [Mascotte]

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Le Maître

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    Dragon responsable d'une sombre institution, le Donjon, dans lequel il est impossible de mourir. Envoie régulièrement des hordes de monstre piller les villages aux alentours.
    
    Manipulateur sadique, adepte des tortures les plus abjectes. Mythomane.
    
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De mal en pis [Mascotte]

mercredi 30 avril 2014, 21:21:59

Toute activité professionnelle, même la plus épanouissante, possède au moins deux facettes distinctes : une facette agréable, et une facette moins agréable, dite « facette pénible ». Malheureusement, la gestion du Donjon n’échappe pas à cette règle. C’est un des aspects de la gestion, justement, qui est moins agréable : la comptabilité. Bon, d’accord, la paperasse, elle n’est pas très volumineuse : c’est l’avantage de travailler en dehors de toute forme d’état. Je n’ai pas non-plus de compte à rendre à un patron, puisque foncièrement, je travaille pour moi-même. Mais en fait si, la chose est bien cachée, je me dois des comptes à moi-même. Qui pensera à ma retraite, si ce n’est moi-même, je vous le demande ?

Je pourrais écrire un ouvrage intéressant sur comment bien gérer ses réserves d’or au sein d’un établissement comme le Donjon. Il y a plusieurs types de créatures : celles qui restent parce qu’elles sont trop stupides pour partir (les monstres) ; parce que leur vie est ici (les tribus des montagnes) ; ou parce qu’elles ont un intérêt spécial à disposer d’aventuriers captifs (le vampire du deuxième sous-sol). Mais il y a également une catégorie de créatures qui sont seulement cupides (et généralement un peu méchantes aussi). Celles-là, il faut les payer régulièrement, et bien, sinon elles font grise mine. Du coup, je dois empiéter sur les fonds propres du Donjon, et si le chiffre d’affaire est inférieur aux pertes... le tas d’or sur lequel je suis assis décroît. Vous voyez le tableau ?

Bien sûr, je ne peux pas tolérer que mon tas d’or décroisse. Mais les affaires n’ont pas été très bonnes ces derniers temps, alors j’ai du réduire substantiellement les salaires. Ce qui fait que, naturellement, le Donjon est un peu moins bien garni que d’habitude. Pour tout vous avouer, c’est même carrément la cata, en ce moment. J’en suis à regarder les groupes de pilleurs que j’ai envoyés, à travers ma boule de cristal, avec avidité.

J’observe une horde en particulier, qui reviennent justement vers le Donjon. Il s’agit d’une quinzaine de gobelins d’un genre particulier, que l’on appelle « dekanters ». Au départ, ce sont des gobelins normaux, et pas très beaux. Puis on utilise un sortilège trouvé dans un vieux livre sous une commode. Quelques sacrifices d’êtres conscients, deux trois... dizaines de ratés, et les gobelins se transforment. Leur tête s’allonge, leur corps grossi. Ils sont toujours aussi nabots, mais beaucoup plus massifs. Leur peau vire au rouge, et une corne du plus bel effet leur pousse sur le museau.

Je les aime bien, parce qu’ils ressemblent un peu à des dragons miniatures... ils ne leur font pas honneur, mais ça me rappelle mon enfance. Mon frère ressemblait un peu à un de ces sales dekanters. Je me suis toujours dit que j’aurais le pouvoir sur lui, un jour. Bien, maintenant, j’en ai sur les dekanters. C’est mieux que rien.

Ils marchent de la façon suivante : un éclaireur, trois à l’avant-garde, huit qui tirent les chariots, et trois qui ferment la marche. Une remarquable organisation pour des gobelins. Sans compter que pour ce qui est de marcher, ils sont plus endurants que la moyenne. En revanche, ils ont une tendance au cannibalisme - le terme exact est anthropophagie - plus marquée que chez les autres sous-espèces de gobelinoïdes. Je ne me l’explique pas, et je les laisse faire. Tout le monde sait que ce n’est pas vraiment un défaut.

Ils me rapportent de l’or, des vivres, des jeunes femmes. Tout cela, ça vient d’un petit village à trente kilomètres d’ici. Un village qui avait oublié de payé la taxe... ou dont j’ai perdu le nom dans les registres. Cela ne fait rien. Dans les cages, je regarde les jolies proies résignées. Il y en a une demi-douzaine. Mes gobelins ont pour consigne de ne prendre que les plus jolies. Je peux ensuite en tirer de bons prix sur le marché aux esclaves, du moins quand elles ne sont pas trop abîmées. C’est une activité annexe, oui, je sais, ce n’est pas particulièrement glorieux. Si ça peut vous rassurer, je ne vais pas moi-même les vendre à la crier. C’est un butin presque comme un autre.

Je me demande ce qui arriverait si un aventurier se pointait à ce moment précis. Cela n’a pas beaucoup de chance d’arriver, bien sûr. Cela fait plus d’une semaine que je n’ai rien vu de tel. Selon mes prévisions, les premiers devraient arriver, en réaction aux vagues de pillage, dans deux jours au mieux. Des grands dadais envoyés par un prince qui ne veut pas y aller lui-même, ou des croquants vengeurs. Il y a toujours quelques pressés, cependant.

Il est d’abord nécessaire pour eux de traverser la forêt. Les dangers ne sont pas aussi nombreux qu’on pourrait le croire, même si quelques unes de mes tribus rôdent toujours. Les autres types de bandits n’existent pas dans mon périmètre. Ils sont mauvais pour le business. Je les fais partir. Le chemin du Donjon n’est pas ensuite difficile à trouver : les sentiers de terre, les traces de pas et de chariots y convergent. De plus, il dépasse sensiblement la hauteur des arbres. Ça n’a rien d’étonnant en soi : je l’ai conçu pour qu’il saute aux yeux des aventuriers comme un nez au milieu du visage. Est-ce qu’un nez saute ?! Je n’en sais rien. Je n’ai pas de nez.

Une fois le voyage fait, les aventuriers voient toujours la même chose : une grande tour, le Donjon en personne. Il y a une fenêtre unique, à quatre mètres du sol, mais surtout une porte en bois. Cette dernière n’est même pas fermée, c’est dire. Lorsqu’on l’ouvre, une odeur assez infecte s’en dégage. C’est le ménage. Le ménage n’a pas été fait depuis longtemps. Mes employés n’ont aucun sens de la propreté.

C’est une grande salle ronde, le vestibule, qui s’offre alors. La déco est très tribale : tout en pierre brute. Dans le fond, il y a un trou qui sent plus mauvais que le reste. Je vous déconseille d’y tomber. Il est d’un usage sanitaire. Les restes d’un campement, avec un peu de paille et quelques vieux restes. Sinon, rien que du très normal. Il y a du sang séché un peu partout, et surtout, des morceaux de chair. Attention, pas de corps entiers. Juste des bras, des doigts, et d’autres masses plus difficilement identifiables d’un rouge terne. Pourtant, il ne paraît rien y avoir de dangereux. Avant, c’était un ogre qui me servait de portier. Depuis, il est parti, et personne n’a voulu prendre sa place... pas que c’en soit une facile... Mais tout-de-même, je ne suis pas aidé.

Puis du côté opposé au camp, il y a deux portes identiques, noires. Elles ne sont pas non-plus closes. Je n’ai vraiment plus beaucoup de monstres disponibles. Je vais devoir innover un peu.

Mascotte

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 1 mercredi 30 avril 2014, 23:26:05

Alors que le Maître regardait dans sa boule de cristal, celle-ci lui montra une scène qui, vraisemblablement, n’allait pas lui plaire. Lancés à la poursuite du groupe de pillards, deux cavaliers apparurent. Ce n’était pas de fiers chevaliers montés sur de lourds destriers et couverts d’acier rutilant. Non, ces aventuriers-ci, car ce ne pouvait être que des aventuriers, chevauchaient des poneys. Quoi de plus normal puisque c’était tout deux des Terranides à la taille fort modeste. A les voir ainsi, ils n’impressionnaient guère. Pourtant, ils ne manquaient pas d’efficacité. L’un sauta à terre, dégaina une épée et se rua au combat. Sa lame luisait d’une immaculée blancheur. Elle était forcément magique. Le guerrier tuait vite et avec style. Son compagnon, demeuré en selle, lança avec une grande adresse ses couteaux de jet. En relativement peu de temps, les gobelins cornus étaient mis en déroute et leur précieux chargement, perdu au profit de l’héroïque duo. Celui-ci ne s’arrêta pas en si bon chemin. Sitôt les captives libérées, ils poursuivirent en direction du donjon.

« C’est cette tour, aucun doute. Elle correspond parfaitement à la descriptions des villageois. »
« Le fameux Donjon... promesse de gloire et de richesse... Un sujet idéal pour ma nouvelle chanson. »
« Je ne suis pas là pour l’or, Réem. »
« Je sais, Wilem. Tu es là pour le tyran et c’est d’autant plus noble. »

La grise tour s’approchait au rythme des poneys. D’instant en instant, elle grandissait, menaçante et si peu discrète.

« Tu es toujours sûr de vouloir m’accompagner Réem ? Tu es habiles avec tes poignards, mais une fois dans le donjon, on croisera des monstres digne de ce nom, des pièges aussi. »
« Tu voudrais que je manque cette formidable aventure ? Hors de question, je viens ! »

Les deux compagnons, maintenant au pied de l’édifice, démontèrent. D’une petite claque sur le flanc, leurs bêtes s’en retournèrent au petit trot là d’où elles étaient venues. Wilem considéra la porte. C’était un chat blanc à fière allure, malgré le fait qu’il soit très animalisé. Haut d’un mètre trente, la silhouette élancée, le regard azuré, il était vêtu pour le combat. Des bottes, des gants, des braies épaisses, une cotte de mailles, une cape de voyage, le tout de couleurs assez clairs. Dans son dos, il y avait son sac et sa fameuse épée qu’il prit en main de nouveau. Un humain le trouverait mignon mais farouche.

« Bon, et bien, c’est parti. »

Il entra, prêt à en découdre, mais il n’y avait personne.

« Sympa le spectacle. »

Réem venait de le rejoindre. Lui, c’était une souris brune, tout aussi velue que son compère. Il était plus petit d’une dizaine de centimètres et avait des yeux verts plein de malice. Il avait moins de muscles, plus de gras sans être gros. Contrairement au félin, sa queue était visible. Elle était fine et souple. Chaussé de souliers, il portait un pantalon et une ample tunique de toile, ainsi qu’un chapeau avec une plume. Tuniques et chapeau étaient assortis à ses yeux. En bandoulière, sa lyre. A la ceinture, ses couteaux de jet. Sur l’épaule, son sac. Un humain le trouverait mignon et... mignon.

« Le Maître ne perd rien pour attendre ! Il va payer pour ses crimes ! Continuons ! »
« Là, deux portes. Elles sont pareilles. »
« Allons à gauche. »
« Modifié: jeudi 01 mai 2014, 09:32:15 par Mascotte »
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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 2 jeudi 01 mai 2014, 20:09:34

Des aventuriers, je crois en avoir rencontré de toutes sortes. J’en ai vu des laids, des beaux, des solides et des intelligents. Les soldats, les maîtres d’armes, ne sont le plus souvent pas un problème, car quel que soit leur puissance, il est souvent possible de les berner avec quelques tours de magie à laquelle ils n’entendent rien. Le plus dangereux, évidemment, c’est quand il y a dans le lot un sorcier capable de comprendre mes artifices. C’est tout un art de ne pas rendre ses plans trop aisés à décrypter pour l’un de ses collègues. Il est nécessaire d’inverser des processus classiques, et parfois, faire du compliqué avec ce qui ne l’est pas, dans le seul but de rendre les formules plus illisibles. C’est au risque de se perdre soi-même dans ses propres enchantements. Souvent cela devient un calvaire.

C’est pour cela que je n’aime pas quand d’autres profanes viennent mettre le pied dans mes intérieurs. Cela me donne envie de les transformer en blattes, de leur arracher les pattes une par une, puis ensuite... Pourquoi voulais-je les changer en cafards, déjà ? Bien, je crois que je m’égare.

Ah, tout-de-même : je suis très énervé. C’est la première fois que mon escouade de dekanters est mise à mal par des adversaires aussi petits qu’eux. D’habitude, de toute façon, mes convois ne sont pas attaqués, car l’on me manifeste un minimum de respect. Ce duo d’aventurier n’a pas beaucoup de respect pour les choses plus orchestrées. Ils étaient si proches, mes pauvres petits dekanters... si proches que j’avais déjà inscrit ces bénéfices là dans mes comptes. Je soupire et prends une grande plume : je griffonne rageusement à l’encre noire la ligne correspondante sur le registre. Je déteste à avoir à faire de nouveaux calculs.

Au moins, je les vois approcher. Cela aurait pu être pire : ils auraient pu se contenter de me piller et de s’enfuir. Mon estime envers eux remonte un peu, pourtant, il n’y a vraiment pas de quoi. Ce sont deux méprisables mammifères que l’on ne soupçonnerait même pas de pouvoir prendre les armes. Je me demande de quel royaume ils sont originaires. Il pourrait être déstabilisant pour de futurs aventuriers d’être attaqués par un groupe de ces petites bêtes qui leur paraîtraient pourtant si mignonnes... En premier lieu, je lorgne surtout sur l’épée magique du chevalier félin. Je suis incapable d’estimer sa puissance sans être directement en sa présence, mais pour permettre à un si petit être une telle puissance, elle ne doit pas être inintéressante.

Ils entrent : je les observe. En temps normal, je ne supervise pas d’aussi près une exploration, toutefois, nous ne sommes pas en temps normal. Ils prennent à gauche. Je suis soulagé. La salle de droite sert de passage pour éviter celle de gauche : elle n’est pas sans danger, mais ce qui se trouve dans l’autre est absolument incontrôlable. Heureusement, c’est incapable de passer une porte. C’est aussi pour cela que ça se trouve aussi près dans le Donjon : l’amener trop loin était trop dangereux. L’on y passe le moins souvent possible.

Les doigts du chat tournent la poignée, qui est entièrement faite d’un bois ancien mais solide. Celle-ci n’est pas fermée, comme je l’ai dit. Toutefois, le mécanisme est un peu difficile à pousser. L’intérieur est noir, mais si l’on sait y faire et qu’on l’éclair, on en voit bien vite la cause : de l’autre côté s’étend une toile épaisse.

Le simple fait d’avoir poussé la porte a déjà crée une vibration dans le complexe enchevêtrement des fils. C’est à ce moment qu’à lieu l’épreuve de bravoure : nombre d’aventuriers referment précipitamment et préfèrent tenter la deuxième voie.

Ma créature attend, dans l’obscurité, et là où on ne l’attend pas forcément : accrochée au plafond. Elle n’aime pas particulièrement la lumière, mais pas au point d’être repoussée par une trop forte luminosité. Ses yeux sont de toute façon presque atrophiés. Elle se repère presque uniquement grâce à des organes analogues à des oreilles, qui lui permettent de ressentir les variations dans l’air... et dans sa toile. En dehors de ce milieu, elle est beaucoup moins dangereuse.

Elle n’attend pas longtemps, avant d’attaquer, cependant. Si quelqu’un entre, elle ne tarde pas à profiter de son effet de surprise. Pourtant, elle ne se jette pas immédiatement sur lui. D’abord, elle tente depuis les hauteurs de lui cracher un généreux jet d’un liquide qu’elle secrète dans ce qui lui sert d’estomac. Il ressemble à celui des créatures que l’on nomme oxydeurs. C’est un fluide presque absolument inoffensif pour les formes de vie traditionnelles (je ne vous conseille cependant pas d’en boire avec vos céréales, et il pique un peu les yeux). En revanche, il est extrêmement agressif pour tous les métaux, qu’il fait rouiller, puis dissout complètement. Il attaque avec beaucoup moins d’efficacité les objets renfermant une certaine magie, car leur aura à tendance à les en protéger. Il n’y a cependant rien de tel pour mettre un paladin à nu !

Pour elle, il faut voir cela comme un avantage évolutif : dans les plans démoniaques d’où elle vient, la moindre proie est cuirassée d’acier sombre. Sans toutes ces fantaisies, la plupart sont ensuite beaucoup plus faciles à digérer. Ce n’est qu’après leur avoir vomi dessus qu’elle montre son vrai visage, et tente de les étriper de ses huit pattes au bout desquelles repose une paire de crochets. Elle essaie aussi de les mordre -c’est bien naturel- et ses mandibules ne font pas de cadeau, même si elles font rarement dans la précision. En fait, incapable d’atteindre des cibles trop mouvantes, elle tente de les faire paniquer, et de les pousser dans sa toile incroyablement gluante.

Vous l’aurez compris j’espère : ma créature est une araignée. Une jolie araignée géante, d’un rouge terne, à l’épiderme lisse et chitineux. Le reste de la pièce, rectangulaire et au plafond barré de grandes poutres diagonales, en bois, est là aussi assez fruste. Là aussi, des morceaux d’os, témoignage de quelques victimes anciennes, et des traces brunes sur le sol. Il y a aussi une sorte de cocon de toile, d’une taille à peu près humaine... c’est à se demander ce qu’il peut renfermer. Je ne suis pas sûr de le savoir, mais ce sera sûrement le cas bientôt.

Mascotte

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Re : Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 3 jeudi 01 mai 2014, 21:47:36

Wilem tourna la poignée, poussa, la porte résista. Il poussa plus fort, le vantail céda, dévoilant une salle plongée dans le noir. Le félin s’avança, circonspect. Son épée de lumière repoussait les ténèbres. La toile apparut. L’instant d’après, le guerrier comprenait.

« Araignée ! »

Il plongea en avant, effectua une roulade, se releva. Là où il se tenait, une seconde plus tôt, un jet de liquide s’abattait.

« En l’air ! Il y en a peut-être plusieurs ! »

Wilem était réactif, très réactif, plus qu’un homme ne pouvait l’être. Cela compensait amplement sa force modeste. Réem, quant à lui, était sur le seuil, un poignard dans chaque main. Il se recula d’un pas pour ne pas être touché par le fluide.

« Une araignée ? Les rimes en "é" sont faciles à trouver. Mon premier couplet sera vite écrit. »

Ni le chat, ni la souris n’avaient l’air effrayé. Le premier, très concentré, aperçut enfin le monstre.

« Une araignée géante ! Elle arrive, je crois qu’il n’y en a qu’une. »
« Géante ? Hum, ça change la donne. Les rimes en "ante" sont moins courantes. Fichtre, j’en ai déjà une ! Géante... courante... Est-ce qu’elle court cette araignée ? »
« Dis, Réem, si tu viens avec moi, c’est pour m’aider, pas pour papoter ! »
« Mille pardons. J’arrive ! »

Toutefois, le félin n’avait pas besoin d’aide. L’araignée l’attaquait avec ses longues pattes, cherchant à le faire reculer. Il esquivait, contournait, gracieux dans ses mouvements. Puis, d’un geste précis, sa lame décrivit un arc de cercle redoutable. Voilà une patte sectionnée. Puis une autre. Et encore une autre. Le chat s’approcha, frappa d’estoc. Le monstre poussa une plainte aigüe. Sa blessure n’était rien en comparaison de la suivante. L’arme magique tranchait comme dans du beure. Et le combat fut bien vite réglée. Réem n’avait même pas lancé un seul poignard. Il sauta par-dessus la flaque de liquide et observa de près la dépouille de l’arachnide. Il plaisanta :

« La prochaine fois, laisse-moi le temps d’intervenir. Moi-aussi je veux un rôle dans ma chanson ! »
« J’y penserai. Mais la prochaine fois, tape avant et palabre après. »
« J’y penserai. »

Les deux Terranides échangèrent un sourire. A les voir agir ainsi, on pouvait les croire dans un bourg tranquille et non pas dans un redoutable donjon. Wilem vérifia s’il n’y avait pas d’autre ennemi. Il remarqua le gros cocon.

« A mon avis, il y a un cadavre là-dedans. »
« On va quand même jeter un coup d’œil. Tiens-toi prêt à une mauvaise surprise. »

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 4 vendredi 02 mai 2014, 17:23:49

D’accord, je suis un peu perplexe : ils en ont fini avec mon araignée plus vite que je ne l’aurais cru. Cela a au moins le mérite de m’apprendre que je ne dois pas trop compter sur l’effet de surprise sur ce coup là. Du moins lorsque celui-ci fait appel aux réflexes de mes futures victimes. C’est dommage, car une bonne moitié des dangers du Donjon y font appel. Cela m’aurait étonné qu’ils y restent. Il n’est pas rare que des combattants arrivent et échouent déjà ici... mais même si la chose n’est pas vraiment rare, elle n’est pas non-plus de l’envergure que j’avais estimée pour eux. Toutefois, j’aurais espéré que ces deux là perdent un peu de leur trop plein d’équipement. Tant pis. Après tout, moi, je n’y laisse pas d’écaille.

Le cocon, la belle affaire, je l’avais presque oublié. Il n’est pas toujours bon de fouiller partout... pourtant, c’est ce que font une écrasante majorité d’aventuriers. Ils ont de la chance, je ne me souviens pas qu’il renferme quelque-chose de dangereux ; enfin, pas d’excessivement dangereux. Ils ont tôt fait de trancher la toile gluante, et c’est presque un miracle qu’ils n’entaillent pas le quelque-chose à l’intérieur. Le quelque-chose, en fait, c’est plutôt un quelqu’un.

-Gasp ! Vous êtes un chat ! piaille la voix aussitôt que ses paupières s’ouvrent.

Devant eux il y a la forme encore recroquevillée d’un petit individu. C’est une terranide, toutefois un peu plus grande qu’eux, l’épiderme recouvert d’un plumage blanc poisseux. D’abord il est possible de la prendre pour un mâle, mais la légère courbe de sa poitrine, et sa voix haut perchée détrompe vite. En effet, elle tient de la poule, mais moins que les deux compères, et en dehors de son duvet, seules ses mains et ses pattes sont également altérées, ressemblant à des ergots. Elle possède même une chevelure rousse, mi-longue, elle aussi engluée. Ses petits yeux verts la font à la fois paraître effrayée et attentive.

Elle tente de reculer précipitamment... en se retournant, elle vient se coller de nouveau contre la soie arachnéenne. Elle se débat un peu, et s’exclame, paniquée :

-Laissez-moi, laissez-moi !

Tentant de regarder tout autour d’elle pour trouver une porte de sortie, elle tombe sur le souriceau. Cela paraît la rassurer, et elle cesse de s’agiter.

-D’accord. Vous aviez déjà entendu dire que les araignées mangeaient les oiseaux, vous ? J’avais des raisons de me méfier des chats ?

Avec un effort manifeste et au prix de quelques plumes, elle arrache les fils qui retiennent sa patte, et semble chercher quelque-chose à sa ceinture. Toutefois, elle ne le trouve pas et relève la tête.

-J’avais un poignard, ici...

Sa tenue est celle d’une aventurière : une armure de cuir lui recouvre le buste, alors que ses jambes, elles, sont seulement camouflées par une jupe grise relevée au-dessus du genou. Elle porte encore une escarcelle, mais ne paraît plus avoir en sa possession aucun objet métallique.

-Je m’appelle Cochette. Puis-je avoir le nom de mes sauveurs ?

Dans son dos, il y a également un arc qui paraît brisé en plusieurs endroits. De toute façon, il manque les pointes à toutes ses flèches. Elle les regarde et fronce les sourcils, dépitée.

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 5 vendredi 02 mai 2014, 20:44:24

« Tu vois, tu es trop pessimiste. Il est très vif ce cadavre. »
« Je le concède, j’ai une certaine affection pour le tragique. Ça fait de si belles chansons ! Mais l’épic, c’est bien aussi. En tout cas, cette aventure ne pourrait mieux débuter ! Un monstre abattu, une demoiselle sauvée, le Maître doit enrager ! »

Le chat et la souris mirent là un terme à leurs commentaires. Faisant face à celle qu’il venait de libérer du cocon, ils entreprirent de la saluer. Le félin s’appuyait désormais nonchalamment sur son épée de lumière. Tant de talents n’allaient pas sans un peu d’orgueil. Sa queue en panache se faufila hors des plis de sa cape. Il fit les présentations.

« Je suis Wilem et cet incorrigible bavard, c’est Réem, mon compagnon. »

La souris laissa brièvement courir ses doigts sur les cordes de sa lyre. Quelques douces notes s’en échappèrent. Après, le petit terranide déclara, tout sourire :

« Je suis barde et lui, c’est un héros. Je ne veux pas perdre une miette de ses exploits ! Bientôt, il sera célèbre, pour sûr ! »
« Heu, n’en fais pas trop Réem. Je vais plus savoir où me mettre. Donne plutôt l’un de tes couteaux à Cochette, qu’elle est au moins de quoi se défendre. »

La souris s’exécuta, non sans pouvoir s’empêcher de jouer habilement avec le poignard avant de le céder. Le chat abandonna sa pause, désormais prêt à poursuivre sa route. Il ajouta à l’intention de l’aventurière.

« Vous devriez partir d’ici. La voie est libre pour l’instant. »

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 6 vendredi 02 mai 2014, 22:29:48

La jeune femme regarde le chat, aussi admirative qu’elle était terrifiée quelques secondes plus tôt. On peut presque voir des étoiles briller dans ses yeux lorsqu’elle contemple la cape agitée par la majestueuse queue blanche. Je ne vois vraiment pas ce qu’elle lui trouve, à ce félin. Elle doit aimer les toutes petites choses sans panache.

-Attendez ! elle proteste. Je ne peux pas vous laisser seul. J’ai une dette envers vous, à présent. Puis, j’ai des comptes à régler avec le Maître, maintenant, moi aussi.

Elle saisit le couteau qu’on lui envoie, et s’en sert habilement pour se défaire des derniers fragments de soie qui la retiennent sur place. Sa main est experte : il est manifeste qu’elle possède une certaine expérience avec ce genre d’instrument. Elle adresse un sourire à l’ancien propriétaire de la dague, et glisse ensuite l’objet tranchant à sa ceinture.

-Si vous le cherchez, je peux vous aider ! J’ai traversé une bonne partie du Donjon avant de me retrouver ici... je ne sais pas tellement comment, d’ailleurs. Vous n’avez pas l’air très fatigués, alors je suppose que l’on est pas très éloignés de l’entrée ? Je m’étais pourtant engouffrée bien plus loin... On peut s’y perdre des jours entiers si on ne sait pas par où aller, c’est un vrai labyrinthe.

Moi, je sais très bien comment elle a pu se retrouver ici. C’est qu’il y a quelques salles disposés de manière astucieuses, rigoureusement identiques... à ceci près qu’elles sont situées à des endroits complètements différents du Donjon. Lorsque l’on pénètre dans l’une d’entre-elle, on est téléporté quelques secondes plus tard dans une des jumelles, et ce, le plus souvent sans s’en rendre compte. Il y en a justement une comme celle-là juste au-dessus d’eux.

-Je suis arrivé par là, je crois. Mais je crois que ça pourrait être dangereux.

Elle pointe du doigt un trou circulaire dans le plafond. Rien ne paraît permettre d’y accéder, hormis peut-être une escalade sur la toile. Elle fait quelques pas sur le côté, et observe puis approche d’un mur. Elle se baisse, et ses griffes aviaires semblent arriver sur un relief particulier. Elle pousse un petit cri victorieux quand elle parvient à soulever la pierre... qui n’est en fait à cet endroit qu’une imitation en bois léger. Le faux-fond révèle une petite ouverture, qui ne fait pas plus de soixante centimètres de haut et à peine plus de large.

-Il y a des galeries comme celles-là un peu partout dans le Donjon. Elles servent au voyage de petites créatures que j’ai déjà rencontrées. Cela ne craint rien, elles s’enfuient au moindre bruit.

Les créatures en question, ce sont des kobolds nains dont j’ai moi-même crée la lignée. Moins d’un demi-mètre de haut, mais une intelligence vive et des petites pattes rapides. Parfaits pour m’apporter le thé, et surtout pour remettre en état les pièges aux quatre coins du Donjon. Malheureusement, les autres résidents ne les aiment pas trop, et certains essaient même de les dévorer. C’est pourquoi il leur faut des locaux spéciaux, et un moyen sûr de voyager sans péril. J’avoue ne pas avoir tellement prévu jusqu’à une date récente que des aventuriers seraient assez petits pour s’y engouffrer.

-Voulez-vous essayer par là ? Nous pourrions nous déplacer en un clin d’œil.

S’ils acceptent, alors ils se retrouveront dans cet étroit tunnel tapissé de pierre, encore plus sombre que le reste de ma demeure. Il tourne de nombreuses fois, suivant la forme des murs. Puis après quelques bifurcations supplémentaires il s’enfonce dans les boyaux. Cela sent le renfermé, et il y a très peu d’oxygène. De temps en temps, une irrégularité de relief peut venir frapper le front de celui qui ne s’y attend pas.

Ici et là, des pas lourds se feront entendre, comme si quelque-chose marchait au-dessus des têtes. Enfin, ils ne devraient pas tarder à croiser un kobold nain. Sauf que ce kobold nain là portera une petite arbalète, et pour démentir sa réputation de créature inoffensive, il n’hésitera pas à leur tirer dessus avant de s’enfuir en courant. Les kobolds voient dans le noir, eux.

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 7 samedi 03 mai 2014, 00:38:40

Les deux compères écoutèrent avec attention Cochette, tout autant qu’ils l’observèrent. Wilem, enthousiaste, finit par déclarer :

« Et moi qui à la base devait me lancer seul dans cette histoire. Je trouve un barde et maintenant, un guide ! J’imagine qu’il faut le prendre comme un signe du destin ! »

Il se tourna vers Réem et le désigna du doigt.

« Tu mettras ça dans ta chanson, hein ? »
« Mais oui, mais oui, j’y compte bien. »

La souris prit un ton théâtral et déclama :

« Solitaire il était. Cent ils arrivèrent ! »

Puis, plus sérieusement :

« Bon, on en est pas encore là. Mais rien n’est impossible ! Surtout que ce Donjon semble plein de surprise. Je suis curieux de découvrir la suite. »
« Cochette, bienvenue dans l’équipe en tout cas. On va passer par ce tunnel. »

Il s’en approcha et éclaira les premiers mètres avec la lumière de sa lame magique. Ensuite, il se mit à quatre pattes et franchit l’étroite ouverture. Réem suivit. Dès que la demoiselle fit de même, ils purent débuter leur progression. Mieux valait désormais ne pas être claustrophobe car il était difficile d’échapper à l’impression d’étouffement. Le guerrier retrouva tout son sérieux, toute sa concentration. Le barde ne changea pas tellement d’attitude.

« Vous entendez ? Des bruits de pas ! Ça a l’air gros ! Ho, ce que c’est excitant ! Ma chanson va être géniale ! »
« Hai ! »
« Quoi ? Un problème ? »
« Non, rien. Je me suis cogné. »
« Et le héros se fit une bosse ! »
« Attends... Arrête de parler. Je crois que quelque chose vient. »
« Sûrement une de ces bestioles froussardes. »

L’instant d’après, un carreau siffla aux oreilles des Terranides. Wilem se stoppa net. Réem lui rentra dedans.

« Elles étaient pas sensés nous attaquer ces bestioles froussardes ! Personne n’a été touché ? »
« Moi, ça va. La seule chose qui m’a touché, c’est ton postérieur. »
« Cochette, on doit pas s’éterniser ici. Guide-nous vers une sortie. »

Effectivement, pas facile de se battre à quatre pattes dans un lieu aussi exigu. Heureusement que l’arbalétrier, qui avait lâchement prit la fuite, visait aussi bien qu’il était grand. Ce ne serait peut-être pas le cas de tous ses semblables. Et mieux valait espérer qu’il n’y avait pas pire que ces lutins par ici.

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 8 samedi 03 mai 2014, 17:39:20

J’ai l’impression de jouer de malchance ! Comment puis-je tolérer des collaborateurs -excusez-moi : des larbins- atteignant un tel niveau d’incompétence ? D’accord, ils n’ont pas l’habitude de tirer à l’arbalète, ou de se battre en général, mais tout-de-même. Je n’aurais jamais cru qu’il aurait été seulement possible de rater trois personnes l’une derrière l’autre dans un tunnel aussi petit. Le pire, c’est que je n’ai même pas le choix ! Les kobolds sont à peu près les seuls serviteurs maniables et flexibles que je possède encore en abondance. Je vais être obligé de continuer à les utiliser, malgré leur maladresse crasse. Je m’en mords déjà les griffes.

Ils vont chercher à sortir des tunnels, à présent. Ce n’est pas difficile, si on est attentif, on peut repérer à certains endroit de discrets rais de lumières, qui correspondent à autant de trappes dissimulées dans les murs. Chacune permet l’accès à une pièce, et la plupart des pièces sont accessibles de cette manière.

-Cette pièce là a l’air d’être vide ! déclare Cochette en soulevant savamment une plaque de bois. Venez !

Elle s’y engouffre en premier, se glissant dans une salle dont le sol est fait d’un parquet assez haut de gamme, quoique poussiéreux. Les lattes sont susceptibles de grincer un peu, mais les aventuriers sont un peu trop léger pour que ce soit notable. L’endroit est parcouru d’étagères assez hautes, entièrement remplies de livres de toutes les tailles, de toutes les formes et de toutes les couleurs.

C’est ma bibliothèque secondaire, j’y mets les livres que je ne consulte presque jamais. En général, il s’agit de sujets futiles, ou de domaines magiques qui ne m’intéressent pas. Il y a aussi un certain nombre de volumes d’Histoire, en particulier celle des dragons. Quelques uns sont réellement intéressants, et écrits en langue commune, mais les plus érudits et les plus précieux sont écrits en draconique ou en infernal. Ce sont des dialectes assez peu répandus chez les mortels non-initiés et que, naturellement, je maîtrise parfaitement. Si je prenais le temps de les étudier, sans doute je trouverais la localisation d’une poignée d’artefacts oubliés.

-Oh, regardez là-bas ! Elles ne me disent rien qui vaillent, fait la jeune femme en pointant du doigt un couple de soldats de fer immobiles.

Il n’y a en effet qu’une seule issue, porte en bois, gardée par deux armures (un plastron, un casque intégral, typée XVe, vous voyez le genre ?) armées de hallebardes. Tant qu’on essaie pas de franchir la porte, ou qu’on ne les frappe pas, elles sont inanimées. Elles contiennent des squelettes blanchis.

En revanche, si l’on interfère, leur orbites se mettent à luire d’une discrète lueur rouge et elles se mettent à attaquer toute forme de vie dans l’enceinte de la bibliothèque. Le maniement de leur arme à deux mains est un peu lent, mais loin d’être inexpérimenté, et surtout, elles sont difficiles à endommager. En effet, même si une lame parvient à franchir leur cuirasse, elle sera le plus souvent confrontée à du vide, ou à un os indifférent. Il faut sacrément endommager leur carcasse pour que celle-ci s’arrête de bouger, une œuvre que des armes contondantes sont souvent les plus aptes à réaliser.

Enfin, il y a sur un des côtés un espace presque désert, dédié à la lecture. Il y repose sur un présentoir un énorme ouvrage laissé ouvert, particulièrement alléchant par l’épaisseur de sa couverture, sa reliure et ses nombreux rubans marque-pages dorés. L’une des pages laisse apparaître l’illustration dans des encres multicolores d’un dragon rouge, dans un style à la fois riche et flamboyant. Il est écrit en assez gros, au sommet, que l’on a affaire au « Manuscrit du savoir absolu ». En effet, le grimoire a l’air très consistant, mais le reste de ses caractères sont si petits que l’on a tendance à vouloir se pencher sur le papier pour parvenir à les lire.

C’est lorsqu’il sent une présence que le faux-manuel se transforme alors en piège. Il se referme ainsi avec la rapidité d’un piège à rat sur la tête (ou toute autre partie du corps malheureuse) qui tentait de le lire : pas de piques ou autres dents, juste une force suffisante pour fêler un crâne. Si la victime est toujours là (admettons qu’elle soit légèrement sonnée), le manuscrit continue, s’ouvrant et la frappant de nouveau frénétiquement jusqu’à ce qu’il ne demeure plus qu’une bouillie sanglante à la place de sa boîte à cerveau, ou que quelqu’un tire l’infortuné lecteur. Un moyen efficace de s’instruire.

Ah, et tout-de-même, si quelqu’un actionne le piège, les armures attaquent également. Il n’y a rien de tel pour priver une expédition de son sorcier sournois et trop curieux le temps d’un combat... voire définitivement, je vous le dis.

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 9 samedi 03 mai 2014, 20:07:32

Il fallait l’avouer, le chat n’était pas mécontent de sortir du tunnel. Il avait eu de la chance, lui et ses compagnons, avec le coup d’arbalète. Privé de mobilité, incapable de combattre correctement, la situation aurait pu devenir délicate en cas de mauvaise rencontre. A présent, il se sentait mieux.

« Ho, une bibliothèque ! »
« Génial... sortons vite d’ici ! »
« Mais voyons Wilem, il y a parfois des trésors dans les livres. »
« Ça, c’est bien une remarque de barde. Personnellement, j’ai jamais aimé lire. »

Pour dire vrai, le félin était pratiquement illettré. Il savait compter, parce que c’était utile dans la vie de tous les jours, et il savait déchiffrer son nom, parce que c’était drôle. Il en allait autrement de la souris. Son regard se mit à pétiller... de convoitise ? Disons plutôt de curiosité.

« Laisse-moi juste jeter un coup d’œil ! Je serais pas long ! »

Disant cela, Réem s’élançait déjà entre les rayonnages. Ses yeux sautaient de titre en titre, d’ouvrage en ouvrage. Tant de sujets et si peu de temps, c’était un peu frustrant. Wilem croisa les bras et préféra examiner les armures. De sacrés morceaux celles-là.

« Je suis d’accord avec toi, Cauchette. Ça m’étonnerais qu’elles restent tranquillement à leur place. »

Le barde venait de s’immobiliser. Un gros livre à la couverture rouge sombre et à l’écriture dorée avait retenu son attention. "Histoire du Songe Noir" annonçait l’inscription en langue infernale. Etant disposé en hauteur, hors de portée du Terranide, celui-ci commença à escalader l’étagère. Sa main velue était sur le point de s’en saisir quand le félin s’impatienta.

« Réem, tu viens ? »

La souris stoppa net son geste. Il hésita encore une seconde avant de sauter au sol. Il remarqua le coin lecture, mais c’était trop tard. Un peu dépité, il rebroussa chemin.

« Il y a plein de trucs sur les dragons. »

Il se garda bien d’évoquer le Songe Noir. Pratiquement inconnu sur ce plan d’existence, il s’agissait d’une sorte d’utopie de sorcellerie, un fantasme de mage diabolique. Un parfait dément était à l’origine de ce fameux songe. Mais puisque c’était un maître en son art, même ses délires pouvaient renfermer des concepts magiques à fort potentiel. En tout cas, qu’un mignon barde à fourrure puisse s’intéresser à cela, c’était un peu étrange. Mais, après tout, peut-être ne savait-il pas déchiffrer l’infernal et qu’il avait juste été attiré par l’orgueilleuse apparence du livre. Oui, c’était sûrement ça.

Les aventuriers se dirigèrent vers la porte. Ce qui devait arriver arriva. Voilà les armures qui s’animaient.


« Tiens, comme c’était prévisible ! »

Une hallebarde fondit sur le chat. Il interposa son épée. Le chant de l’acier contre l’acier raisonna. Il y eut même quelques étincelles. Le coup avait été paré mais sa force avait fait reculer Wilem. La seconde armure prit pour cible Réem, qui s’éloigna promptement. Alors elle s’attaqua à Cauchette. Le félin riposta. Sa lame entailla la cuirasse, mais sans plus de résulta.

« Je suis pas sûr que lancer des couteaux contre ça soit très utile. »
« Les yeux brilles ! Vise les yeux ! »

La souris s’exécuta. Son poignard alla droit à son but.

« Ça marche pas ! L’armure s’en fou ! »

Le chat parait un second coup.

« Alors ok, puisque c’est comme ça, vous deux passez la porte ! Les armures sont lentes, on va se contenter de les éviter ! »
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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 10 dimanche 04 mai 2014, 16:40:01

Évidemment, je sais bien que les armures sont rarement mortelles seules. Isolés, ce sont des outils d'assassinat assez médiocres pour tout vous dire. Il n'est pas difficile de les semer. Même un aventurier assez pataud doit être capable d'esquiver leurs coups précis mais ankylosés. Leur armure et leur nature même les empêche d'avoir des foulées rapides… alors ils font au moins des grands pas. Ça ne leur suffit pas à rattraper un fuyard qui se donne un minimum de mal. Mais pire encore : si l'on parvient à leur couper toute issue évidente entre leur cible et eux ils arrêtent tout simplement la poursuite. Pas terrible en soi, enfin, c'est une mesure d'économie. Avant, ils défonçaient les portes avec leur hallebarde ; c'était trop coûteux et très souvent inutile.

Heureusement, je ne suis pas né de la dernière pluie, et je le les ai pas positionnés n'importe où non-plus. Alors que les intrus arrivent à leur filer entre les jambes, ils se retrouvent dans un couloir à sens unique. Il est à sens unique puisque j'ai fait refermer une herse qui leur aurait permis d'aller de partir dans l'autre direction (c'est de là que les groupes normaux arrivent, d'habitude…).

Le sol est toujours en lattes de bois… ce qui est pratique pour cacher des mécanismes. En réalité, l'endroit est bourré de mécanismes : dans les murs, dans le sol, au plafond, partout ! Ils peuvent être faciles à repérer et à déjouer pour un filou qui a l’œil et le temps pour cela. Heureusement, grâce à mes squelettes en harnois, il n'en est rien. Le plus souvent, ils n'y pensent même pas, et ne songent qu'à mettre le plus de distance possible entre eux et mes soldats de métal.

La première à se précipiter est Cochette. Elle est assez agile à sa manière. Pourtant, lorsqu'ils marchent sur une latte-déclencheur et qu'une salve de flèche part du mur du fond, elle est obligée de se baisser comme les autres. Les projectiles sont calibrés pour des humains, alors ils n'ont pas à beaucoup se tordre pour les éviter, malheureusement. Toutefois, le piège suivant est plus sournois. De nouveau, sa patte appuie sur un système à pression qui fait basculer une lourde lame jusqu'ici contenue dans la rainure d'une paroi. Celle-ci aurait pu la couper en deux mais au dernier moment elle bondit en avant pour l'esquiver.

-Attention, c'est semé d’embûches !

On sent dans sa voix qu'elle est toutefois plutôt heureuse d'avoir ainsi échappé à la mort deux fois de suite. Elle ne peut pas attendre, et continue sa course à toute vitesse, tentant d'éviter les lattes suspectes. Bienheureusement, je fais en sorte que les lattes dangereuses n'aient pas l'air trop suspectes. Mon but n'est certainement pas de leur offrir des indices faciles. Elle parcourt encore deux mètres, puis hurle et chute.

-Merde !

Des pointes d'une dizaine de centimètres ont surgie du sol et transpercé son ergot. De par sa physionomie particulière, celui-ci saigne assez peu. Néanmoins, sa patte empalée sur le chausse-trape, elle ne doit pas être capable de se mouvoir sans aide.

-Wilem, ne m'abandonnez pas… gémit Cochette dont le regard vert est voilé de larmes.

Derrière eux, les armures continuent d'avancer d'un pas régulier. Elles sont suffisamment solides pour n'être que très peu atteintes par les différents dangers de la salle, sans parler du fait qu'elles sont bien sûr tout-à-fait indifférentes à la douleur.

Devant eux, presque amicale, sous le mécanisme qui leur a envoyé des flèches, il y a une petite porte plus rustique qui paraît descendre un peu. En réalité, le couloir est en légère pente. S'ils arrivent jusque là (il y a encore deux pièges dans le même genre que les premiers sur leur chemin), ils devraient se rendre compte qu'elle est verrouillée. Bien sûr, il est toujours possible de la détruire plus ou moins proprement. Si l'on y colle son oreille d'ailleurs, on peut y entendre le bruit reposant d'un cours d'eau. Parfait pour la méditation, n'est-il pas ?

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 11 dimanche 04 mai 2014, 17:50:30

Réem, un rien inquiet tout de même, s’émerveillait de la tournure que prenaient les événements. En fait, du moment qu’il n’était pas lui-même menacé, rien ne semblait vraiment le déranger.

« Voilà qui me fera un couplet d’enfer ! Que serait une aventure sans ses péripéties ? »

Wilem, quant à lui, regrettait déjà de ne pas avoir pris le temps d’éliminer les armures dans la bibliothèque. Cela aurait été un peu fastidieux, mais tellement plus facile que d’être forcé à courir dans ce couloir truffé de pièges. De surcroit, Cauchette blessée, tout se compliquait.

« Réem, arrête de blablater et va l’aider ! Moi, je retiens les armures ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait, le chat fit volte-face et chargea les soldats de fer. A demi courbé en deux, des fléchettes sifflaient dans l’air au-dessus de sa tête. L’épée de lumière rencontra une des hallebardes. Pour le félin, le choc fut rude. Qu’à cela ne tienne, il contre-attaquait sur le champ. Son coup toucha le robuste plastron dans une gerbe d’étincelles et y laissa une belle trace. Le voilà forcé de se retirer car la seconde armure était sur lui. La première préparait un nouvel assaut. Le guerrier roula de côté, déclenchant par la même occasion une énième salve de fléchettes.

« Allez Cauchette, debout ! Ton magnifique héros est occupé. Il faudra te contenter d’un humble barde. Courage, ça va faire mal. »

La souris attrapa la patte empalée et tira fermement dessus pour la retirer d’un seul geste. Ce fut brutal et particulièrement douloureux. Difficile d’imaginer que Réem pouvait agir ainsi. Sans doute parce qu’il avait peur du sang, il détourna le regard. En vérité, il masqua à tous le sourire Béa qui orna brièvement son visage de rongeur. Personne n’y avait fait attention, mais c’était la seconde fois qu’il devait ainsi cacher son expression. La première avait eu lieu lors de la mort de l’araignée géante. En tout cas, voilà la demoiselle libre.

« Appuie-toi sur moi. On va aller jusqu’à la porte. »

A cet instant, il y eut un grand fracas. Wilem avait malencontreusement enclenché un nouveau piège. Une lame s’était abattue, achevant l’une des deux armures, mais manquant également de trancher le chat en deux. Grace à une esquive in extremis, Seul le sac de l’aventurier avait reçu. Désormais éventré, son contenu se répandit au sol.

« Ha, maudit soit le Maître ! Il fera moins le malin lorsque je l’aurais en face ! »

Après une bonne minute à s’acharner, il parvint à vaincre la deuxième armure, rejoignit les deux autres à la porte et lorsqu’il constata que cette dernière était verrouillée, il la défonça à coups d’épée. Il fallait l’avouer, il avait perdu en finesse. Eprouvé par le combat, son blanc pelage s’était empoissé de sueur. Essoufflé, il avait besoin de repos. Son arme était devenue lourde. Même sa cotte de mailles lui pesait sur les épaules. De ses affaires, il n’avait récupéré que sa gourde. Il se mit à boire.
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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 12 vendredi 13 juin 2014, 08:28:29

Vous ai-je déjà raconté de quelle manière j'ai acquis le Donjon ? Je n'en ai pas eu le temps ; je ne l'ai toujours pas, d'ailleurs. J'en suis désolé, car je vous prive d'une passionnante mais néanmoins longue histoire. Une telle entreprise ne s'est pas montée en un jour. J'ai dû faire face à de nombreuses difficultés. Vous n'imaginez pas la paperasse pour obtenir un permis de construire… Mais les adversaires les plus terribles qui se sont dressés sur ma route étaient encore ceux qui me ressemblaient le plus.

Entre dragons, la solidarité n'est hélas pas une règle absolue. Dans ma jeunesse, j'étais en conflit avec un autre dragonnet du nom de Huvud, en son domaine maritime de Castelflux. Un méprisable gros lézard prétentieux et très sûr de sa force qui avait l'habitude de me regarder de haut et de me traiter de mauviette. Je ne me souviens plus exactement de l'origine de notre querelle. Enfin, quelle importance ?

Il est possible que j'ai accidentellement volé une gemme lui appartenant. « Le joyaux maître des océans septentrionaux » avec un nom aussi pompeux, je m'étais attendu à ce qu'il recèle un pouvoir formidable. Sa réputation était en fait très exagérée : c'était juste un très beau caillou avec tout juste assez de magie pour agiter quelques plans d'eau. Et encore, pas sans aide. J'ai même dû réparer quelques imperfections dans l'enchantement, assurément un travail d'amateur.

Pauvre Huduv. Il était peut-être très intelligent, mais surtout naïf et droit. Il ne pouvait pas faire le poids contre moi. Les mauvaises langues vous diront que j'ai préféré l'empoisonner plutôt que de me risquer à l'affronter. Ces calomniateurs ne détiennent qu'une partie de la vérité. Je l'ai bel et bien affronté. J'ai simplement attendu d'être sûr que le poison coule dans ses veines pour ça.

Pauvre Vuduh. Tout comme ce chevalier vandale n'a eu aucune pitié avec mes armures, je n'ai eu aucune pitié avec lui. Aujourd'hui, Vuhud n'est pas dans une tellement meilleure forme que mes squelettes défaits. Heureusement, il m'est toutefois beaucoup plus utile. Une fois son corps vaincu, son esprit vagabond a été enfermé dans la gemme même à l'origine du conflit. Une âme qui n'a pour seule enveloppe qu'une pierre précieuse est fortement malléable. Transformer cet ectoplasme égaré en un serviteur à la fois soumis et pervers ne m'a pris en tout et pour tout qu'une trentaine d'années… pour ma défense, c'était un coriace.

En attendant, Cochette, arrivée jusqu'à la porte, s’appuie sur le mur et regarde sa patte blessée. Elle essuie d'un revers de main l'humidité de ses yeux.

-Merci… R… Rim, c'est ça ? Merci… J'ai une dette de plus envers vous, maintenant.

Elle pose une main reconnaissante sur l'épaule de son sauveur. Néanmoins, elle reporte très vite son attention sur le chat, qui vient d'en finir avec la seconde armure.

-Vous allez bien Wilem ? Je crois que je vais devoir vous attendre ici… Mais je peux encore vous être utile, je crois.

Elle prend un air déterminé, fait un pas douloureux et observe la porte.

-Elle n'est pas piégée. Elle écarte légèrement le rongeur. Ou alors on le saura vite.

Portant la main sur la poignée, elle tente de la faire tourner, mais celle-ci est verrouillée.

-Fermée… mais le mécanisme paraît grossier… je dois pouvoir le crocheter.

La dague en main, elle commence à en enfoncer la pointe dans la fente entre la porte et le mur.

Pendant ce temps, le félin boit, ce qui constitue une funeste quoiqu'imprévisible erreur. Alors que le preux chevalier devrait sentir l'eau couler et rafraîchir sa gorge, le liquide s'arrête à mi-chemin dans celle-ci. Il peut alors tousser tant qu'il le veut, mais le breuvage rendu assassin refusera de s'extraire, le faisant suffoquer. Combien de temps tient un chat standard en apnée ? Je dois vous avouer ne pas en avoir la moindre idée. Au même moment, Cochette réussit à déjouer la fermeture de la porte.

-J'ai réussi ! Wilem ?

La porte s'ouvre sur une petite salle ovoïde plongée dans une obscurité presque totale. Le sol n'est pas de pierre, mais de terre, ou plutôt de boue. L'une des spécificités de la pièce est le ruisseau qui y coule tranquillement, la coupant parallèlement à la porte en deux parties égales. Mais ce qui attire l’œil, c'est le gros joyaux bleu luisant, en fait la seule source de lumière. La gemme est posée sur un pylône en marbre, gravé de runes, se trouvant lui-même sur un îlot.

Le torrent, d'abord calme, s'élève dans les airs pour former la silhouette d'un dragon d'eau d'environ un mètre cinquante au garrot. Sa gueule grand ouverte pousse un cri, dont le seul son est produit par l'eau qui en ruisselle. Entre-nous : c'est du bluff. Huvud est bien capable de noyer les plus mauvais nageurs, mais ses eaux agitées, même si elles sont effrayantes, ne sont pas plus dangereuses que la mer des mauvais jours (et encore, il n'y a pas plus de deux mètres de profondeur). Elle est aussi très froide, deux ou trois degrés seulement, ce qui ne rend pas la baignade très agréable ; vous n'imaginez pas les ravages de l'hydrocution même chez les plus valeureux. Le but terminal de faire toucher la gemme à un aventurier… ce qui produira l'affaissement de toutes les sculptures aquatiques que l'ectoplasme a pu créer, et toute autre sorte de libération des voies respiratoires.

Et rien de plus… immédiatement.
« Modifié: dimanche 15 juin 2014, 21:56:46 par Maître »

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 13 vendredi 13 juin 2014, 11:54:25

Wilem commença à s’étouffer, comme s’il avait avalé de travers. Pendant les premières secondes, seules Cochette s’en inquiéta. Réem, lui, fixait déjà le dragon d’eau avec appréhension et la gemme, avec convoitise.

« On avance ? » fit-il, toujours sans se soucier de son compagnon.

Mais voilà que le chat tombait à genoux, les mains serrées sur sa gorge. Cette fois, la souris ne pouvait plus l’ignorer. Quelque chose de grave était en train de se passer et il était sensé s’en alarmer. Il respecta donc les impératifs de son rôle.


« Ha, merde ! Wilem, t’en fais pas, je vais faire quelque chose ! C’est certainement un truc magique ! La gemme est tellement mise en évidence que ce doit être la clé ! Faut juste éviter le dragon... Je me dépêche ! Je fais vite ! »

Mine de rien, il avait déjà perdu un peu de temps à blablater. Le guerrier avait la langue pendante et le regard exorbité par la panique. Le barde se débarrassa de son sac, s’élança dans la salle, pataugea dans la boue. Un sol glissant par excellence. Heureusement qu’il avait pas mal d’équilibre. Il évolua sans trop de difficulté, tant que le dragon ne compliqua pas l’affaire. Il parvint à l’esquiver une fois avec une jolie pirouette. La seconde, en revanche, le voilà emporté par les flots animés de sorcellerie. Englouti, malmené par les courants on ne peut plus turbulents, sa petite taille ne jouait plus en sa faveur, au contraire. Il but la tasse à quelques reprises. Pour autant, son acharnement et ses talents sportifs finirent par payer.

« Je... déteste... l’eau... » déclara-t-il alors qu’il venait de gagner l’ilot.

Trempé jusqu’aux os, grelottant, claquant des dents, il avait perdu son béret lors de la baignade forcée. De l’eau, il en avait plein les souliers, plein les poches, il en crachait par la bouche et même le nez.


« Mais ça devient... de plus en plus... excitant ! Ma chanson va être superbe ! »

Il ne se contenta pas de toucher la gemme. Il voulait la prendre et la garder. Quoi qu’il en soit, à l’instant même, le dragon, qui était sur le point de le charger, se désagrégea. Le ruisseau redevint calme. Réem avait-il été assez rapide ? Wilem était-il encore en vie ?

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Re : De mal en pis [Mascotte]

Réponse 14 dimanche 15 juin 2014, 22:40:56

À l'extérieur, tout est redevenu normal… enfin, tout est revenu calme ; ce qui ne correspond pas nécessairement à l'état normal du Donjon. Le ruisseau a recommencé à circuler avec régularité, presque sans remous et il plane dans la pièce un quasi-silence. Cochette, malgré sa blessure à la patte, était parvenue jusqu'à Wilem pour l'aider.

Dans la tête de Réem, en revanche, la chose est très différente. Quelques secondes après qu'il ait touché la gemme, des picotements doivent lui remonter le long de la nuque, un malaise diffus, qui se transforme vite en un sentiment d'engourdissement du crâne très pesant. En général, les sensations désagréables et alarmantes s'arrêtent là : le reste du processus de transfert de la conscience de Huvud dans un corps étranger est imperceptible, ou du moins, impossible à exprimer. Très vite en effet l'âme puissante du dragon déchu prend un contrôle total sur le corps de l'imprudent, reléguant l'esprit du propriétaire légitime dans un tout petit coin.

Pourtant, cette fois, quelque-chose se passe mal. La souris doit pouvoir sentir à l'intérieur de sa tête une masse psychique enfler rapidement, comme un ballon qu'on gonfle, et par la pression qu'il exerce, tenter de repousser son propre esprit. Le phénomène n'aurait pas dû poser de problème ; malheureusement, il semble bien qu'Huduv soit incapable d'envahir l'enveloppe comme il le fait toujours. Après cinq bonnes secondes à lutter pour l'emprise, il s'arrête et semble disparaître. Un instant plus tard, des mots font leur apparition, dans la tête de Réem uniquement.

« Ton corps ment, créature, mais pas ton esprit. Tu n'es pas un terranide. Tu ne l'as sans doute jamais été. Qui es-tu ? »

Les paroles glissent directement d'esprit à esprit, pourtant, il est facile de reconnaître qu'il s'agit d'une voix grave, trop grave pour être humaine : le ton est sévère, un peu fatigué, mais également curieux.

-Réem ! Viens m'aider ! Fais quelque-chose !

Cochette appuie sur le poitrail du chat ayant perdu conscience dans un geste de premier secours désespéré. Elle masse la poitrine de toutes ses forces… puis fait glisser ses lèvres sur la gueule féline, et tente d'y faire pénétrer de l'air. Elle répète l'opération plusieurs fois, avec de moins en moins d'adresse et de force. Les larmes commencent à couler de nouveau le long de ses joues, et ses yeux déjà rougis.


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