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Les premiers martyrs du faste [Malk]

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Ozvello Di Luccio

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    Description
    Jeune homme de haute extraction (Castelquisianni), élégant dans ses manières. Richesse manifeste et étiquette respectée, malgré des habitudes de plus en plus mercenaires. Taille et carrure moyennes, souple.
    
    Bretteur et poète, gentilhomme en herbe, en perpétuelle quête de gloire.
    
    Porte une rapière en argent enchantée qui absorbe la magie, Caracole. La dite rapière est également douée de parole. Bottes de sept lieux aux pieds.

Les premiers martyrs du faste [Malk]

mardi 22 avril 2014, 22:09:09

Cette histoire s'est déroulée aux alentours du hameau qui allait devenir Castelquisianni, plus de six-cent ans avant notre ère. Ce n'était alors encore qu'un petit bourg paysan, en périphérie lointaine d'une Nexus déjà radiante. En ce temps là, on le connaissait encore sous le nom de la Quinquinière. Pour la métropole de Terra, on exportait des céréales, de la vigne, et quelques plantes médicinales qui ne poussaient guère ailleurs. En empruntant le sens contraire du fleuve qui reliait les deux viles, on importait également des produits d'artisanat, et des esclaves.

L'histoire d'Eolin, elle, n'avait rien de remarquable, mais c'était par le fruit de ce commerce qu'il s'était retrouvé à la Quinquinière. Bien malgré lui : dans sa courte vie, on ne lui avait jamais vraiment laissé le choix. Comme beaucoup de terranides, il vivait dans la servitude. Il était descendu du bateau à fond plat, puis avait été guidé dans une bâtisse en bois, qu'on avait fermé, sans vraiment leur donner de consignes.

Il ne s'en inquiétait pas trop, car c'était pour lui une situation familière. Sa mère, déjà, était née en captivité, et il n'avait jamais connu le moindre frisson d'aucune liberté. Très tôt, il avait su de quoi serait faite son existence. Sa destinée serait principalement dictée par le travail.

Un travail de force lui conviendrait, car ses gènes étaient ceux du bélier, encore que certains l'associaient davantage au mouton. Il ne goûtait pas les comparaisons faciles, mais était d'un bon caractère, et s'était toujours laissé taquiné par ses camarades de labeur. Le pelage brun, le ventre et le museau blanc, il était plutôt grand, quoiqu'il ne fut pas particulièrement massif. Sa carrure athlétique et ses jolis yeux bleus auraient pu lui fournir un travail tout autre, mais les hommes n'étaient pas aussi demandés que les femmes pour ce genre de service, dont il ne savait du reste rien. [-]

C'était en vérité la première fois qu'on allait lui confier une tâche en dehors du marché de son propriétaire, qui le gardait jusqu'alors pour l'entretient de sa propre maison. Certains esclaves avec lui avaient l'habitude de ce genre de trajet. L'aventure avait auprès d'eux bonne réputation, et ils ne s'en plaignaient pas. Quelques uns le faisaient tous les ans depuis plusieurs années déjà, avant de repartir servir à Nexus quelques mois plus tard.

En effet, peu nombreux étaient les agriculteurs, qui, cependant, possédaient les moyens d'acheter et de nourrir pendant les mois d'hiver une main d’œuvre, même travaillant gratuitement. En général, ceux-ci se contentaient donc de louer quelques hommes à des propriétaires plus riches pendant les périodes de récoltes et de semis, coûteuses en efforts physiques. Ce type de transaction était très courant, et avantageait tout le monde... esclaves compris.

Dans la pénombre de la grange où il avait été installé, il entendait les autres terranides discuter à voix basse. Eolin ne savait pas vraiment à qui se mêler. Constatant sa perplexité, un hybride au visage chevalin, un peu âgé, tenta de le rassurer.

« Tu verras gamin, la vie ici est rude, mais c'est moins cruel qu'en capitale. Si tu fais ton boulot, les fermiers t'embêteront pas.
Je suppose que oui. Mon frère a déjà été y travailler l'année dernière
, répondit-il avec un peu de timidité.
– Ah, et il s'en porte bien ?
Je crois, mais nous avons été séparés depuis.
– Je suis désolé. »


Peu de temps ensuite, les portes s'ouvrirent, éblouissant momentanément les esclaves. Le terranidier s'avança, un parchemin à la main, un monocle dans l'autre. Il ajusta la loupe à sa vue, puis ses petits yeux se mirent à arpenter le papier. À ses côtés se tenaient plusieurs autres hommes, qui paraissaient être des agriculteurs. Vérifiant systématiquement dans le registre qu'il détenait, le responsable distribua les ouvriers aux fermiers, au fur et à mesure que ceux-ci arrivaient. Certains en prenaient deux, d'autres trois. Bien vite, les rangs se clairsemèrent. Appelé à son tour, l'équidé qui avait discuté avec Eolin parti également, en lui adressant un signe de la main.

Finalement, Eolin fut le dernier à rester, seul dans le vaste hangar. Fronçant les sourcils, l'esclavagiste pointa d'un doigt accusateur son nom qui devait demeurer sur la liste. D'un geste sec, il sorti une montre à gousset de sa poche arrière, et la consulta, désapprobateur.

« J'espère qu'ils sont juste en retard. Hors de question que j'annule le paiement.
Excusez-moi, voilà !
fit une voix féminine derrière lui.
– C'est pas trop tôt.
Mon frère Tizio qui devait venir a fait une crise d'angoisse.
– Hum. Vous êtes bien Miguel Pohuel ?
Euh, ben non. Je suis sa fille, Stella Pohuel.
– Certes, c'est pareil. Voilà, vous n'en aviez pris qu'un. »


Se dégageant de l'ombre du marchand qui la cachait, la jeune fille apparut en pleine lumière aux yeux d'Eolin. C'était une demoiselle qui ne devait pas faire plus d'un mètre cinquante, et qui ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans. Elle avait un visage rond et amical, recouvert d'éphélides, et entouré d'une abondante chevelure rousse, maintenue par un bandeau vert. Sa peau était très blanche, et ses grands yeux verts la faisaient paraître joyeuse, pétillante et gentille. Le terranide sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine : c'était bien mieux qu'un énième fermier à moustache. [-]

« Bonjour !
B-Bonjour
, parvint-il à bafouiller, atteint d'une étrange et soudaine paralysie qui soudait ses jambes entre-elles.
Je pense que tu devrais me suivre... »

Un peu gêné, il secoua la tête, et s'avança vers elle précipitamment. Elle sourit, et bien que cette vision lui fut infiniment agréable, Eolin sentit une boule se former dans sa gorge. Ils entreprirent de s'éloigner, sans un regard pour le commerçant. Elle-même attendit d'avoir mis quelques distances avec l'homme peu sympathique avant de s'exprimer de nouveau.

« Je m'appelle Stella ! Mais tu le sais déjà... et toi ?
Eolin. C'est un plaisir de vous s...
Es-tu un bouc ou un bélier Eolin ?
Je, euh, ce que vous voulez mada... demois...
Tu n'as qu'à m’appeler Stella ! Et tu as quel âge ?
Je l'ignore exactement. Je crois qu'il est marqué que j'ai vingt ans... mais l'on vieillit souvent les jeunes esclaves pour ce genre de travaux.
D'accord, comme mon frère Dazio, alors ! Moi je n'ai que quinze ans, comme Tizio. En tout cas, tu es beaucoup plus grand que moi. »


Le bourg de la Quinquinière était encore assez peuplé à cette matinée. Les premiers bourgeois de l'endroit faisaient leur marché. C'était un tout petit marché où il n'y avait que l'essentiel, bien loin du faste qu'on lui connaîtra six-cent ans plus tard. Le terranide et sa maîtresse passèrent entre les étals. Cette dernière avait le nez en l'air, cherchant à capter chaque odeurs de nourriture se dégageant des présentoirs.

« On pourrait acheter des poires, qu'est-ce que tu en penses ? Il fait tellement chaud. Ça ferait plaisir à tout le monde, attend ! »

C'était vrai qu'il faisait chaud : mais Eolin n'étant habillé que d'un pagne, simple mais de facture décente, cela l'affectait assez peu. La tunique légère, assortie de bretelles et d'une petite jupe brune que portait la jeune fille était aussi plutôt bien adaptée. Elle échangea quelques pièces et se retrouva en possession de près d'une dizaine de poires.

« Tu m'aides à les porter ? lui demanda-t-elle en lui tendant une partie de ce qu'elle tenait dans les bras. Garde une main libre pour en manger une ! »

Le terranide jeta un regard interrogateur, voire un peu effrayé à Stella, craignant un piège. Les maîtres qui tentaient leurs esclaves pour mieux les battre n'étaient pas rares. Il fut cependant obligé de reconnaître qu'il n'y avait là aucun mauvais coup apparent. La remerciant, toujours confus, il porta le fruit juteux à sa bouche. Il n'avait encore jamais goûté de met aussi sucré et aussi doux ; c'est du moins ce qu'il lui parut. Probablement avait-il au visage une expression stupéfaite, car cela fit rire la demoiselle.

« Tu as l'air gentil. Tu vas bien t'entendre avec Talmide et Shney ! Ce sont deux autres terranides qui travaillent pour nous tous les ans.
Je ne les ai pas vus dans le bateau.
C'est parce qu'ils ont été avec nous pendant le printemps. Mon père commence à être un peu vieux pour travailler aux champs. Mais ne lui dis pas, il le prendrait mal ! Enfin, la récolte promet d'être tellement bonne qu'on a eu besoin de te prendre toi. »


Sous le soleil qui frappait de plus en plus fort, ils sortirent de la ville. Ils prirent un sentier assez peu marqué qui passait à travers des plaines couvertes d'herbes denses et grasses, les tiges atteignant parfois plus d'un mètre de haut.

« Il y aussi Numyë... mais elle est un peu difficile de caractère. Les garçons l'aiment bien parce que,  hum... » Elle plaça ses mains sur sa poitrine menue, la remontant légèrement à travers le tissu pour la faire paraître plus ostensible. « Elle se balade sans haut. Ça attire le regard. Mais c'est parce qu'elle a que ça pour plaire. Entre-nous, c'est une pou... Oh, mais j'y pense, tu es un garçon toi aussi. Alors tu l'aimeras sûrement autant que les autres. »

Elle avait ajouté cette dernière phrase sur ton un peu résigné, toutefois, son visage ne montrait toujours qu'une gaîté empreinte de légèreté. Eolin aurait bien voulu lui objecter que personne ne pouvait être aussi charmante qu'elle. Malheureusement, encore mal-à-l'aise et craignant de commettre une erreur, il ne trouva aucune façon élégante pour cela. Il se contenta alors de bégayer quelques réponses standards et faiblement assurées.

Les deux marcheurs progressèrent sans difficulté autre que la température. La peau de Stella était si pâle que le terranide se demandait comment elle faisait pour ne pas brûler sous les rayons ardents. Il songea que c'était peut-être ses cheveux fauves qui protégeaient efficacement l'épiderme sensible de son cou. La jeune fille était si bavarde qu'au bout des deux heures de randonnée qui les amenèrent jusqu'à la ferme, il eut l'impression de déjà tout connaître de ses habitants.

Finalement, ils purent apercevoir le domaine Pohuel se détacher nettement du paysage devant eux. Il apparut alors clairement à Eolin qu'ils avaient suivi le cours du fleuve, car celui-ci serpentait à une cinquantaine de mètres seulement de leur position.

La disposition de la ferme lui sembla moderne et bien pensée : elle s'étendait sur un espace rectangulaire dans lequel toute l'herbe avait été taillée à raz. Sur le côté, on pouvait distinguer une vingtaine d'arbres de type pommier, bien disposés et espacés, dont les fruits ne paraissaient pas encore mûrs. Plus loin derrière, un bâtiment à l'architecture sommaire devait servir à entreposer le foin, et à abriter quelques bêtes. Sans doute est-ce là que je vais dormir, pensa le terranide.

Du côté opposé, mieux bâti et mieux isolé de l'humidité, un autre hangar était utilisé pour stocker le grain. Le périmètre d'un poulailler était délimité par un grillage totalement fermé, y compris en hauteur : on y accédait par un petit portail de bois. Quelques belles volailles étaient sorties pour picorer. On pouvait aussi distinguer une poignée de clapiers. Derrière encore étaient les champs eux-même, divisés en quatre portions, et où se détachaient des silhouettes.

« Viens, on va te présenter à père ! »

Stella attrapa Eolin par la main et l'entraîna, dévalant la colline sur laquelle ils se trouvaient. Elle ouvrit la porte en bois massif et possédant plusieurs verrous qui avaient l'air de ne pas avoir servi depuis longtemps. À l'intérieur de la pièce, il y avait une table tout en longueur, et au bout de celle-ci, un petit homme affairé à la lecture d'un épais livre. Celui-ci releva la tête, interrogateur. C'était un individu dont les rides témoignaient d'un âge commençant à lui peser. Ses cheveux étaient  entièrement blancs, à l'exception des tempes, où persistaient des mèches d'un roux un peu délavé. Il ressemblait assez à sa fille, si l'on exceptait ses yeux, qui étaient bruns, mais tout aussi vifs. [-]

« Bonjour père ! Je te présente Eolin.
Bonjour monsieur.
Salut garçon
, fit le vieil homme en se levant. Hé bien, avec des muscles comme ceux-là, le travail va être vite terminé, cette année ! Sacré gaillard ! »

Si la tradition dans la famille voulait qu'on appelle les esclaves « garçons », ce ne fut pas ce qui surprit le plus le terranide. En effet, à peine se fut-il extrait de sa chaise – avec une grimace indiquant qu'il souffrait peut-être du dos – Miguel Pohel s'avança vers le nouveau-venu, et lui serra la main. Eolin était à nouveau stupéfait, ce que dut comprendre Stella, qui enchaîna aussitôt :

« Nous t'avons apporté des poires, mon petit papa. »

Elle lui tendit un fruit qu'il accepta avec un sourire. Au-dessus, des escaliers craquèrent, et c'est une autre jeune femme qui jeta un regard curieux dans la pièce.

« Ma fille, Elea, voici Eolin. »

La demoiselle resta muette un instant, puis son visage prit une teinte rosée. La ressemblance avec sa sœur était encore plus frappante, même si elle avait peut-être quatre ou cinq ans plus. Elle possédait un visage plus mature, mais non-moins attrayant, sur lequel manquait seulement des tâches de rousseur. Ses cheveux noués en une unique natte étaient en revanche du même roux prononcé, et ses yeux étaient d'une teinte de vert légèrement différente de celle de sa cadette. Elle portait dans les bras des linges, qui n'étaient autres que ses propres vêtements. [-]

« Bonjour toi, lança-t-elle simplement. Je vais me laver dans le fleuve, père. Dites aux ouvriers d'en rester éloignés ! Il ne faudrait pas qu'ils me surprennent à l'endroit, derrière les buissons épineux, en contrebas, où je vais toujours... »

Elle laissa traîner son regard longuement sur Eolin, et enfin, sorti sans se presser de la demeure, attrapant au passage une poire dans les bras de sa sœur. Celle-ci, exaspérée, levait les yeux au ciel.

« Fais pas attention, elle aussi c'est une al...
Stella ! Et si vous alliez plutôt porter des fruits à ceux qui travaillent ? C'est l'occasion de te les présenter, garçon.
Bonne idée p'pa. Viens Eolin. »


Une nouvelle fois, le jeune terranide se trouva agrippé par le bras. Ils firent le tour de la bâtisse, et marchèrent pendant une demi-minute avant d'arriver au champ. Il y avait quatre hommes, dont trois seulement paraissaient travailler. Deux d'entre-eux étaient des terranides massifs, et Eolin comprit aussitôt que le père avait voulu le ménager en complimentant sa musculature. L'un était un taureau noir et beige, incroyablement haut et large, auquel les cornes donnaient encore de la hauteur. Un énorme anneau de métal traversait son museau carré. L'autre était un félin, d'un genre que le nouveau-venu ne connaissait guère. À peine moins massif et aussi grand, ses muscles saillaient sous un pelage qui alternaient les rayons jaunes et brunes. L'un comme l'autre, malgré leur masse, avaient un air tranquille. Ils se retournèrent en entendant les bruits de pas sur la terre. [-]

« Talmide... et Shney, dont je t'ai déjà parlés » indiqua Stella en pointant successivement le taureau et le tigre. « Lui c'est mon frère Dazio, qui a le même âge que toi. »

Le troisième individu était pour Eolin un peu plus rassurant, car sa carrure d'humain lui paraissait plus accessible. Pour autant, il ne s'agissait pas moins d'un grand jeune homme très bien bâti. La parenté avec le reste de la famille était là encore absolument évidente, même si ses cheveux, agencés en de nombreuses tresses, tiraient plus sur le miels que le roux. Son visage et son torse et son dos nus, constellés de tâches de rousseurs, et les yeux bruns de son père se remarquaient aussitôt. [-]

« Enfin, lui c'est Tizio, mon frère jumeau. Ça va mieux Tizio ?
Non. »


Le ton du garçon était dur et sec. De plus, personne n'aurait parier sur son appartenance à la fratrie : sa peau plus foncée et sa tignasse en partie attachée en arrière, châtain sombre, détonnaient dans l'océan de rousseur de ses frères. Pourtant, on reconnaissait encore le regard noisette paternel. Il ne paraissait pas méchant, mais profondément troublé, et presque absolument renfermé sur lui-même. Il regardait le sol avec un air à la fois nerveux et autoritaire, comme s'il avait voulu commander au grain de pousser. Il était le seul à ne pas être au travail, et à porter un habit complet. [-]

« Bon... Voilà, dites bonjour à Eolin ! Il va travailler avec vous toute la saison. »

Les deux terranides hochèrent la tête avant de le saluer à l'unisson. Ils le détaillèrent quelques secondes, paraissant évaluer son potentiel musculaire, mais ne firent pas peser trop de pression sur lui. Ils dégageaient une aura de confiance, de force, de simplicité. Eolin se sentit un peu plus à l'aise avec eux, et alla spontanément leur proposer les poires.

« Bonjour, garçon, dit le plus âgé des frères avec peut-être un peu trop de fermeté et de concision.
Je vais ailleurs, lança soudainement l'autre frère, en repartant vers la cour de la ferme. Quelque-chose ne va pas.
Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu ne prends même pas une poire ? Hé, Tizio ! »

Les appels de sa sœur jumelle n'entravèrent pas la trajectoire de l'ombrageux garçon, qui ne daigna même pas y répondre, et s'enfuit d'un pas colérique.

« Tizio n'est pas toujours... enfin... c'est un gentil frère, je t'assure.
Tu n'as pas non-plus à te justifier pour lui, Stella. Il est comme ça depuis toujours.
Pas toujours ! Mais si papa et toi l’embêtiez un peu moins...
C'est vrai que c'est particulièrement sévère depuis ce matin, va. »


Plus profondément dans les champs, il y avait trois autres silhouettes, néanmoins, celles-ci n'avaient rien d'humanoïdes... ou presque. Portant son regard au loin, Eolin distinguait deux chevaux... et un cheval avec un buste humain. Un buste de femme. Un buste de femme qui ne s’embarrassait d'aucune tunique. [-] Le terranide tiqua.

« Ah ah ! Je savais bien que tu allais les regarder ! T'es vraiment comme tous les garçons, Eolin.
Je euh, non. Qu... qui est-ce ?
La trop belle Numyë, je t'ai dit. Je me demande si elle voudra des poires... Elle en a déjà une belle p...
Tu n'as qu'à aller lui en apporter
, proposa sans appel Dazio. Moi je vais parler en privé avec Eolin. Vous continuez seuls un moment les gars ?
Pas de problème
, fit d'une voix grave et posée Talmide, en agitant sa tête aux impressionnantes cornes. »

Le poussant légèrement, le jeune homme emmena l'esclave un peu à l'écart. Derrière une haie qui séparait deux pâturages, ils se trouvaient hors de vue des deux autres ouvriers, qui avaient de toute façon reprit le travail.

Une carte d'époque (authentique).
« Modifié: mercredi 30 avril 2014, 18:02:00 par Ozvello Di Luccio »
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Urgogot

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Re : Les premiers martyrs du faste [Démons]

Réponse 1 samedi 26 avril 2014, 07:37:40

Petchnak…

D’abord comme un murmure… murmure qui devient cri, grondement de tonnerre.
L’air est lourd, l’air est chaud. Il vibre et l’oxygène vient rapidement à manquer. Des explosions d’étincelles sont crachées par un sol devenu mou, organique, changeant. Une épaisse vapeur brûlante s’en extirpe difficilement…

Petchnak…

Un bras s’arrache de la terre… une tête ! Puis deux… quatre… sept… sept êtres difformes, le regard manque. Les dents sont trop aléatoires pour évoquer un quelconque animal… un corps à nue, sans peau. Les veines apparaissent et palpitent, de la corne se forme à des endroits improbables. Des muscles atrophiés ou anormalement développés par endroit. Rien n’a de cohérence. Ces créatures n’ont aucun sens selon la logique d’un humain.
Une sueur acre et moite enrobe leur corps et une odeur proche du bitume fraichement mouillé… (Odeur inconnue pour les gens cette époque cela va sans dire). Ils restent vouté, comme des êtres trapus, discret, sournois et à l’affût. Mesurant le mètre nonante et proche des deux mètres vingt une fois redressé.
Leur bouche s’ouvrent, des mots improbables en sortent, strident ou grave, se mélangeant avec des grognements.

Doux et merveilleux instant que le choc entre deux dimensions. Deux mondes qui se distordent l’espace d’une seconde pour les uns, de d’année pour les autres… n’étant même pas perceptible ou entrainant une poignée de victime dans un tourment inconcevable. Disloquent les corps et les esprits… Une jouissance sans pareil pour cette bande de démons, déjà à quatre pattes, reniflant le sol en claquant la langue, comme un mot d’ordre commun : Manger !



Il faisait agréable, un temps merveilleux. Qui inspirait au bonheur et à la nonchalance… un puissant parfum de bien être planait dans l’air. Quelle horreur !
L’un d’entre eux cracha par terre avec sa mâchoire sans lèvres, laissant une immonde trainé de bave pendre au bout de son menton. Leurs bouches s’ouvrèrent et les claquements de langues recommencèrent. L’un d’entre eux ricana, un rire sombre et agressif… dû à une aspiration d’air et non à une expiration comme le veut la méthode de langage humain. Cela résonnait différemment, comme le crie étouffé de ceux qui sont pris par la mort. Ils s’observèrent une dernière fois avec leur visage sans regard… puis disparurent, se jetant dans une course effrénée avec toujours le même mot d’ordre : Manger !

Une course sans délai, sans fatigue, un appel à la destruction et à l’anéantissement que rien n’arrêta. Et apogée du cauchemar, ils étaient aussi silencieux que rapide.
Ce qui sembla être leur chef, le plus massif, courrait en tête. Derrière lui, deux autres, et les quatre derniers les suivaient de quelques mètres. Ils courraient à quatre patte, portant leur armes de fortune en bouche ou plantées à même la chair. Ainsi l’un d’entre eux avait deux épées et une lance dans le dos… un autre tenait fermement un hachoir entre ses dents…
De temps à autre, l’un des retardataire se rapprochait du groupe de tête, jusqu’à arriver à leur niveau. De violent coup de gueule et des bousculades le chassèrent, rappelant l’ordre hiérarchique.
Un mélange d’excitation et de sauvagerie animait ses démons qui se consumaient de l’intérieur.

Le chef de meute se s’arrêta en dérapant, écartant les bras pour stopper ses deux confrères dans leur élan. Le groupe de suivant ralenti pour arriver derrière eux.
Ils s redressèrent tous et le chef  hurla un cri strident presque inaudible pour un humain… tous sourire d’avantage, empoignant leur arme ou arrachant de leur chair glaive, sabre ou hache.
Des gestes de bras, des signes et d’autre claquement de langue clôturèrent ce qui devait être une sorte de briefing.
Deux d’entre eux partirent sur le gauche, deux autres sur leur droite… et les trois dominants restèrent où ils étaient, se retournant lentement, amusés, excités, affamés.

La ferme Pohuel était emprunte d’une fraicheur et d’une simplicité de vivre écœurante, proche de la niaiserie. De bon sentiment partagé par des êtres qui sont loin des tracas de la vie, allant à l’essentiel et les rares tensions n’étaient que futilité dans la grandeur de l’univers.
Aussi, nul ou presque, ne remarqua le cri strident proche d’un ultra-son… hormis les bêtes, qui s’agitèrent légèrement. Nul n’aurait pu évaluer la soudaine toxicité de la rivière, hormis quelques poissons déjà contaminé qui flottait sur le ventre, faisant aller leur nageoire mollement.
Le bruissement rapide et soudain des herbes que Shney avait aperçu du coin de l’œil n’eut aucune explication.
A part ces quelques détails, tout paraissait tranquille. Extrêmement tranquille… si bien que le bruit environnant lui-même avait obéie à cette ordre de silence absolue. Oiseau, cigale et autre connerie qui font la joie des voyageurs avaient cessé de chanter. Le temps, l’espace de quelque seconde, semblait s’être arrêté. De longue seconde, lourde de sens…

Un sifflement, le bruit de la chair percé et meurtrie par la sauvagerie et un effroyable hennissement déchirèrent ce calme.
Puis plus rien à part le bruit d’un corps lourd qui tombe au sol… presque au même moment des os se brisèrent, un hurlement humain rapidement interrompu. Stoppé net par une force terrifiante… le dernier cheval s’encouru vers la ferme, manquant de bousculer Stella, seule témointe d’un spectacle surréaliste :
Une lance était venue traverser le flanc d’un cheval légèrement éloigné. Une gigantesque ombre était arrivée à sa hauteur pour lui asséné un coup assassin sur l’arrière du crâne. Le cheval venait de s’écrouler sous l’impact. Au même moment, une autre ombre s’était glissée derrière Numyë et frappa avec un objet lourd sur ses pattes arrière qui se plièrent. Son arrière train tomba et elle poussa un crie, mais la main de l’ombre lui attrapa l’arrière de la nuque et fit craquer les vertèbres de son cou, stoppant ainsi ses cris de douleurs.
Le dernier cheval parti au triple galop en direction de Stella qui n’eut le temps de comprendre ce qui se passait, ne faisant qu’observer toute cette horreur si soudaine.
La troisième ombre… une ombre abjecte, une ombre perverse, voyeuse et sadique, se redressa de sa cachette. Rehaussant ses épaules terrifiantes et levant son visage sans regard vers la jeune rouquine. Ils n’étaient qu’à quelque mètre l’un de l’autre.
Il fit pivoter sa tête sur le côté, comme un chien curieux… il huma ensuite l’air en faisant beaucoup de bruit et ouvrit lentement sa bouche, faisant claquer une longue langue se divisant en trois petite membrane…

Petchnak, le crie de l’horreur… le cri de la faim.
« Modifié: samedi 26 avril 2014, 18:27:12 par Armée infernale de Malk »

Ozvello Di Luccio

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    Jeune homme de haute extraction (Castelquisianni), élégant dans ses manières. Richesse manifeste et étiquette respectée, malgré des habitudes de plus en plus mercenaires. Taille et carrure moyennes, souple.
    
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    Porte une rapière en argent enchantée qui absorbe la magie, Caracole. La dite rapière est également douée de parole. Bottes de sept lieux aux pieds.

Re : Les premiers martyrs du faste [Démons]

Réponse 2 dimanche 27 avril 2014, 21:44:52

La journée s'annonçait comme toutes celles avant elles : travail aux champs depuis le lever jusqu'au coucher du soleil, avec deux pauses assez généreuses aux heures des repas. C'était la vie que menait depuis une quatre saisons déjà Shney Ajay Avinash. Cela faisait quatre saisons, déjà, que ses titres, comme le reste de son nom, avaient été oubliés.

Il n'était plus que Shney. Shney le tigre, ou plus couramment Shney le chat (car peu nombreux étaient ceux qui connaissaient l'espèce dont il partageait l'ascendance). Mais les félins n'étaient pas des animaux mis en cage, eux. Ils ne pensaient pas en faire partie, il ne le pensait plus. Il avait aussi le droit au titre de « garçon » qu'on lui donnait affectueusement ici, même s'il avait dépassé les trente-cinq printemps. Shney l'esclave était pourtant ce qui se rapprochait le plus de la vérité.

Il était un esclave : un parmi d'autre. Lorsqu'il ne serait plus assez fort pour travailler, peut-être aurait-il la chance de travailler comme reproducteur, car son potentiel génétique était intéressant. Toutefois, un esclave incapable de travailler ne durait jamais très longtemps, usé par la vie de labeur. Dans sa vieillesse, rien ne justifierait que l'on s'occupe de lui, et peut-être même qu'on le nourrisse. Bien vite, les maux de l'âge et de la besogne auront raison de son endurance déclinante. À sa mort, il n'y aurait personne pour le pleurer.

« Le cri du mérou ?
« Bignolles »... ?
Hehehe. »


L'homme-taureau, en dépit de la piètre qualité de sa plaisanterie, et du fait qu'elle était bien connue, riait quand même. Il fut rapidement rejoint par son camarade, qui se mit à pouffer à son tour. Il abandonna sa tâche une seconde pour lui taper vigoureusement dans le dos. Bien évidemment qu'il la connaissait, cette blague : Talmide avait du la lui raconter au moins trois fois depuis le début de l'année.

Il fallait comprendre le minotaure. Les blagues étaient rares, et le renouvellement ne pouvait se faire que lorsque tous les esclaves étaient ensemble, lors de la traversée. Certains maîtres racontaient parfois des histoires à leurs esclaves. Mais surtout, Talmide était un bon camarade. C'était ce qui comptait avant tout. Il pouvait bien raconter les choses les plus sordides, la camaraderie était une magie puissante. Elle rendait tout plus facile à supporter. L'on supporte tout, lorsqu'on est pas le seul à devoir le faire.

Ses mains énormes et griffues maniaient la faux avec une certaine dextérité ; ses bras, très longs et aux muscles puissants ne se laissaient pas décourager par l'effort, et répétaient le geste, inlassables. Il ne s'en était jamais plaint, et l'idée même lui aurait parue saugrenue. Il avait connu pire... et surtout, il était persuadé d'avoir eu ce qu'il méritait, et peut-être même davantage. La vie de la ferme, ça n'était rien.

« D'ailleurs, c'est quoi -exactement- un mérou, au fait ?
Un poisson qui vit dans les mers du sud.
T'en as rencontrés lors de la bataille de Bassecombe ?
J'avais d'autres choses à faire que de regarder la flotte.
Ah ouais... quoi par exemple, tiens ? »


Ça n'était rien en comparaison de la guerre. Il avait été dès l'âge de quinze ans homme de troupe, utilisé comme bête féroce par des régiments qui devaient frapper vite et fort. En ce temps là, il mesurait déjà deux mètres, et il avait encore grandi depuis. Des carnages, encore des carnages : il avait mis fin à d’innombrables vies humaines, en majorité celles de barbares assemblées en horde. Rien que des meurtres juste, de son point de vue, mais il se gardait bien de s'en vanter. Puis la promotion pour bravoure, et avec elle, l'affranchissement, la liberté.

Il n'aimait pas vraiment parler des conflits qu'il avait vécu. Il avait déjà fait l'erreur, soumis à une pression insistante, d'en discuter avec Talmide. Ce dernier avait beau être un frère, il était un peu trop enthousiaste concernant ces choses là. Le félin ne pouvait pas le lui reprocher, juste réorienter la conversation au mieux.

« Me faire les humaines de la taverne de Blanroc, qu'est-ce que tu crois ! Il y avait une jeune femme, superbe, les cheveux noirs et les yeux bleus... Elle nous servait, passait entre les tables, se déplaçait avec beaucoup de grâce.
Et alors, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Elle se déplaçait avec beaucoup moins de grâce le lendemain matin.
Hehehe. »


Sa liberté n'avait pas duré longtemps. Tout juste celle-ci acquise, il avait été employé comme garde du corps par un riche marchand, qui craignait qu'on tente d'enlever sa fille unique. Certains de ses concurrents étaient prêts à tout pour le faire chanter. Mais l'adolescente avait une quinzaine d'années, et supportait mal qu'un colosse terranide la suive partout. Sur le marché, profitant de sa petite taille, elle avait réussi à slalomer entre les badauds et à le semer.

Lorsqu'il avait fini par retrouver sa piste, elle était tenue par un bandit qui la menaçait d'une dague. La situation s'était déjà présentée à lui lors de ses années de service. Il n'avait jamais échoué, il n'avait jamais pensé qu'il pouvait échouer. Elle criait. Shney avait bondit sur le kidnappeur, certain d'être assez rapide. Il ne l'avait pas été : elle était morte égorgée, la lame du poignard entaillant son cou quelques dixièmes de seconde trop tôt. Le père ne lui avait jamais pardonné, et l'avait fait accuser de l'assassinat de sa fille. Il avait profité du bénéfice du doute, et sa peine avait été commuée. Ce fut un simple retour à la case départ, la servitude.

« T'as entendu ça ?
Meh ? La taille démesurée de ton... ?
Non, ça ressemblait à un cri. »


Réveillant ses plus vieux souvenirs, le cri résonna encore une seconde dans son crâne. Shney lâcha son outil, qui tomba sur le sol meuble. Il tendit l'oreille, puis fit, d'un ton inquiet, tout en s'éloignant déjà de son camarade :

« Je vais voir si tout va bien. Attend moi.
Tu penses que quelque-chose va mal, toi aussi ? »


Shney n'avait pas le temps de répondre à la question de l'homme taureau. Il avait commencé par marcher, mais très vite, cela se transforma en course. L'inquiétude gagnait, le rongeait, et se transformait en angoisse. Il y eut un deuxième cri, plus proche et plus aigu : celui d'une voix qu'il pouvait identifier. L'appel au secours provenait d'une personne terrifiée, une jeune fille. Il n'y avait plus pour lui de doute possible.

Stella était en danger.

Sur deux pattes, il était encore trop lent. Sa posture changea, et il adopta des foulées quadrupèdes. C'était comme autrefois, pendant les charges de ce que les généraux appelaient « la cavalerie ». Lui n'avait pas besoin de destrier. Il était le destrier. Il piétinait, écartait, passait à travers les herbes hautes des champs sans que cela ne semble le ralentir le moins du monde, menaçant d'envoyer voler à plusieurs mètres quiconque aurait eu le malheur de se trouver sur son chemin.

Puis son regard tomba sur ce qui dépassait au-dessus des épis. Une tête sombre, des traits qu'il ne parvenait pas à faire entrer dans aucune catégorie. Il n'avait jamais vu de pillard aussi laid de toute sa vie. Il se dit que ce n'était sans doute pas des pillards. En tout cas pas des pillards humains. Des ogres ? Ils étaient à la bonne taille. Mais même les ogres n'étaient pas aussi laids, aussi difformes, aussi, surtout, éloignés de ce que la nature pouvait produire. Néanmoins, il ne réfléchit pas davantage, car devant le monstre se trouvait l'adolescente, pétrifiée.

« COURS GAMINE » rugit-il tout en accélérant encore son allure.

La jeune fille, comme libérée de son épouvantable paralysie, parvint miraculeusement à suivre le seul ordre que Shney ne lui avait jamais donné. Elle fit demi-tour et prit ses jambes à son cou.

Au même moment, la masse de l'homme-tigre entrait en collision avec la créature. Le choc, à pleine vitesse, fut brutal, et aurait renversé le plus colossal des hommes. Sitôt, les griffes acérées du terranide pénétrèrent dans la chair impie. Il n'avait pas besoin d'arme. Il était une arme. S’agrippant à sa victime avec une force surhumaine, il y laissait de profondes entailles. Sa gueule, pleine de crocs, constituait un danger plus mortel encore. Elle cherchait une prise pour mordre, pour déchirer, pour tuer. Son adversaire était plus grand encore que lui, et il ignorait s'il allait parvenir à conserver longtemps son avantage. Cela n'était peut-être plus si important. Cette fois, Shney avait rempli son objectif.

Cette fois, Shney n'avait pas été trop lent.
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Urgogot

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Re : Les premiers martyrs du faste [Démons]

Réponse 3 lundi 28 avril 2014, 16:01:10

L’eau était à peine plus perturbée qu’à son habitude, même pas un remous pour annoncer l’épouvantable horreur qui s’y cachait.
La jeune  et insouciante Elea était sur le point de faire sa toilette… appréciant ce moment comme celui d’une communion avec ce qui faisait d’elle un être tant convoité. Elle ôta sa robe avec lenteur et élégance, le geste délicat dont seule une femme savait faire preuve.
Elle était loin des horreurs qu’endurait ses amis, à peine aurait-elle cru entendre un hennissement assez éloigné mais comme une murmure tout au plus.
Son regard paisible se posa sur la surface de l’eau toujours aussi claire… assez claire pour qu’elle aperçoive sans peine quelque poisson flottant tristement sur le dos. Tous à l’agonie, faisant aller leur nageoire dans un geste de désespoir. Un phénomène jusqu’alors jamais observé, et comme pour se protéger d’une sorcellerie malsaine, elle empoigna sa robe qu’elle serra contre sa poitrine avant de faire quelque pas en arrière.

Elle enfila sa robe à la hâte, ne cherchant plus à inspirer aucune grâce. L’espace d’un instant, ses vêtements lui voilèrent le visage et un clapotis léger se fit entendre. Probablement un poisson un peu plus vif, donnant un dernier coup de queue pour tenter de lutter. Ses yeux purent le constater… les poissons étaient toujours là à s’agiter d’une façon presque pathétique.

Un frisson s’empara de sa nuque et une pression violente enserra son crâne. Telle une araignée aux pattes griffues qui englobait l’arrière de sa tête. Elle n’eut le temps de comprendre que la chose la poussa, manquant de lui rompre le cou. Elle ne força pas, se laisser tomber et accusa le coup.
Son côté droit du visage heurta le sol, s’enfonçant dans une terre meuble et argileuse… Elle hurlerait probablement, elle tenterait surement de se défaire… elle frémirait sans aucun doute lorsque le tissu de sa robe cèderait et qu’une main gluante et poisseuse se attraperait sur ses fesses.
Les sensations se mélange, la situation n’a pas de visage… tout n’est qu’instinct et terreur. Les centaines de milliers de scénario imaginable n’arrivent pas à donner une idée précise de ce qui se passe. Elle panique.
Mais la prise ce détend sans raison… premier réflexe, s’extirper. Elle attrapa la terre devant elle pour se hisser, et ses mains rentrent déjà dans l’eau, s’emparant d’une vase visqueuse. Du coin de l’œil elle observa son agresseur et ne le reconnu pas, ne le comprit pas, l’information ne percuta pas. Un frisson d’angoisse lui parcours l’échine. Ses mains continuèrent à chercher des appuis pour s’enfuir… l’être ne la retient presque plus, mais son ombre et son corps est toujours penché sur elle. Elle le ressent, elle sait que sa vie est menacée… mais quelque chose ne va pas. Ses mains écrasent des formes gluantes, visqueuses qui gesticulent.
Le temps se fige, son visage se tourne… l’eau n’est plus eau, l’eau n’est qu’un lit de poissons morts… éventrés, éviscérés. Leur gros yeux vident sont posés sur Elea et soutiennent son regard. Comme un appel à l’aide, comme un au secoure… L’ombre dans son dos aspire un rire rauque, ressemblant à un dernier soupir. Un mot résonne… un mot prononcé en aspirant de l’air, un mot déformé, humain mais à consonance démoniaque…

- Couuuuurs…. Couuuuuurs… Couuuuurs… HaaHaaHaaHaaHaaHaa… Couuuurs !


Le démon sur le dos venait également de prononcé ses mots en ricanant lentement. L’attaque du félin faisait son effet, et bien que les bras du démon venaient se glisser sous la gorge pour se soustraient à une éventuelle morsure, il reste plutôt calme. Sa chair est meurtri, le sang coule à flot… elle est entaillée, déchirée, arrachée en morceau sanguinolent et frétillant. Et la gueule grande ouverte il se marre de plus belle… Répétant cet unique mot de façon grotesque.
Ses genoux se redressent, puis ses pieds se glissent sous le félin qui esquive pour revenir contre son corps. Le démon grogne et  claque la langue, commençant enfin à s’agiter. Sa force se développe et surpasse peu à peu celle du félin. Il le contient, le repousse pour finir par l’éjecter en arrière, sautant sur ses pieds sans le moindre mal… mais l’os de son poignet droit ressort de sa chair, son corps est en lambeau et sa bouche grand ouverte laisse s’échappé un fluide visqueux et jaunâtre. Le sol et le griffe de Shney en sont également recouverts. Du sang…

Il était impossible pour le tigre de capter le regard de l’horreur, et seul sa tête semblait indiquer qu’il l’observait autant qu’il était observé.
Au même instant, deux créatures semblables surgirent des hautes herbes... L’un passa entre lui et son adversaire, avec ce qui semblait être une tête sanguinolente entre les dents. Et un courant d’air lui indiqua qu’un second venait de passer dans son dos. Le démon en face de lui se redressa, défaisant sa posture de combat, laissant ses épaules retomber. Sa bouche grande ouverte ce remit à ricaner… et un nouveau mot, issu d’une aspiration de l’air.

- Gaaaa’mine… HaaHaaHaaHaa…

Les deux démons fondirent sur elle, parcourant rapidement les mètres qu'ils y avaient entre eux…


Quelque instant plus tôt… dans l’ombre de pâturage, deux autres démons c’étaient glissés dans le dos du taureau et du tigre. Comme des cafards ils avaient atteint la ferme pour se clouer au mur, enfonçant leur griffe dans la brique qui leur semblait bien tendre. Ne manquant pas de dévoiler leur présence aux éventuelles personnes dans l’habitation.
Ils se hissèrent sans peine sur le toit, dévoilant leur position par les monticules de poussières qui tombaient dans la ferme sur leur passage.
De là, ils avaient une vue imprenable :  Elea au bord de l’eau, sur le point de se dénuder. Tizio qui courrait dans la cour. Shney s’élançant vers le démon qui se trouvait devant Stella.
La suite est connu, la suite est calculée… le cri du félin résonne. L’un des démons s'agita, c’est son heure… c’est l’instant qu’il guettait depuis quelque seconde. Tout allait très vite.
Il descendit la paroi de l’habitation se trouvant en face de l’étable. Et ce tête la première, sans la moindre discrétion, tel un parasite répugnant aux membres atrophiés conçu exprès pour cela. Laissant à Tizio le loisir de le contempler… et à cela, le démon ne fit que poser son visage sans regard sur lui et d’ouvrir la bouche pour laisser sa langue fouetter l’air. L’espace de quelque seconde à peine et il s’élança ensuite vers Eolin et Dazio.
Sa charge fut fulgurante et silencieux. Avant même qu’il ne soit détecter, le démon avait bondit, lance en avant vers Eolin qu’il cloua au sol.
Dazio pu apercevoir une gerbe de sang sur sa gauche. La lance avait arraché une épaule, tranchant de grosses artères et explosant la clavicule de l’esclave. Celui-ci n’avait eu le temps de souffrir… il gisait au sol, des giclées de sangs chaud et poisseux éclaboussèrent les pieds du démon et de Dazio.
La voute plantaire du démon se posa sur le torse du jeune homme et il le poussa de quelques mètres en arrière… arrachant par la suite, d’un coup sec sa lance, pour se retourner vers la petite Stella… il ricana comme les autres !

- Couuuurs… HaaHaaHaaHaaHaa…

Ozvello Di Luccio

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    Description
    Jeune homme de haute extraction (Castelquisianni), élégant dans ses manières. Richesse manifeste et étiquette respectée, malgré des habitudes de plus en plus mercenaires. Taille et carrure moyennes, souple.
    
    Bretteur et poète, gentilhomme en herbe, en perpétuelle quête de gloire.
    
    Porte une rapière en argent enchantée qui absorbe la magie, Caracole. La dite rapière est également douée de parole. Bottes de sept lieux aux pieds.

Re : Les premiers martyrs du faste [Démons]

Réponse 4 lundi 28 avril 2014, 21:34:53

« Vous vouliez me dire quelque-chose, monsieur ?
Ça va, tu n'as qu'à m'appeler Dazio, comme tout le monde, viens. »


Il avait emporté ainsi le jeune terranide avec lui, en lui répondant d'un ton à la fois sympathique et rude, alors que Stella s'éloignait, et que les deux esclaves continuaient leur dur labeur. Un labeur qu'ils auraient fait sans se plaindre jusqu'au midi, même si l'aîné des fils Pohel n'était jamais revenu les aider. Mais il n'y comptait pas : le détail qu'il avait à régler promettait d'être bref. Dazio se promettait d'être de retour dans moins de deux minutes.

Comme son père avant lui, il avait toujours pris le travail de la ferme, comme le travail en général, très au sérieux. S'il avait pu, il n'aurait jamais pris d'ouvrier pour cela, et tout fait lui-même. On était jamais mieux servi que par soi-même, pensait-il sans concession. Toutefois, les affaires avaient trop bien marché, ces derniers temps, et ils avaient du faire des concessions. Son géniteur avait fini par le convaincre. Avec la meilleure volonté du monde, son âge et ses rhumatismes ne lui permettaient plus de l'aider comme il l'aurait fait.

S'il n'y avait pas eu les esclaves, il n'y aurait eu que les dames de la maison pour l'assister. Les dames de la maison, et son imbécile de petit frère. La famille comptait plus que tout pour le jeune homme : son père, ses sœurs, la ferme dont il hériterait... Mais lui demander d'aimer son petit frère, c'était pour lui une chose trop difficile. Il le tolérait seulement parce qu'il partageait avec lui son sang. En dehors de cette obligation, jamais il ne se serait lié d'aucune manière avec lui. Ils étaient de tempérament trop différents.

Le plus jeune des frères n'avait aucune force physique. Il souffrait à soulever la moindre botte de foin, et s'y refusait le plus souvent. Cela, Dazio aurait pu lui pardonner, car il pouvait comprendre que la nature l'ait fait frêle, et qu'il n'y pouvait pas grand-chose. Il y avait néanmoins quelque-chose à ses yeux d'infiniment plus grave, et c'était que Tizio n'avait aucun goût pour le travail. Le garçon se contentait d'aller et de venir, tous les jours et de flâner, grognant et s'enfuyant lorsqu'on lui confiait une tâche. Il n'était pour lui qu'un bon-à-rien désagréable, malpoli, malhonnête, obscur, et notablement paranoïaque. Il ne lui aurait pas confié la moindre chose de valeur.

Et il y avait une chose qui avait pour lui une valeur particulière.

« D'accord garçon, on va se parler franchement. Quelles sont tes intentions, exactement ?
Euh, c'est-à-dire que... travailler avec vous jusqu'à la fin de l'été... est-ce bien cela qui est prévu ?
Arrête de faire l'imbécile. J'ai bien vu qu'elle te regardait. »


La voix du fils de fermier s'était faite soudain beaucoup plus dure, ayant attendu qu'ils soient à l'abri des regards pour afficher un visage fermé, presque menaçant. L'incrédule terranide en face de lui, témoin du changement, restait stupéfait et manifestait les signes d'une nervosité croissante. Il n'assumait même pas la faute qui lui était reprochée, et cela agaçait beaucoup son interlocuteur.

« Je-je ne vois pas que qui... de quoi... vous parlez...
Tu ne poseras pas de tes sales pattes de bouc sur ma sœur, on est bien d'accord ?
J... euh...
BORDEL, dis le.
Oui, bien sûr Dazio.
C'est monsieur pour toi. »


Le sans commençait à monter aux joues du jeune homme qui rougissait sous le coup de la colère, et d'un ton qui montait crescendo. Il y avait un implacable sérieux, sans aucune légèreté ni même complaisance, dans la manière dont il réprimandait Eolin. S'il n'avait pas eu les bras le long du corps, on aurait pu s'attendre à ce qu'il se mette à le frapper. Il se contentait pour l'instant de serrer les poings. Il n'avait rien de concret, pas de preuve manifeste pour justifier un comportement violent. Il se disait que s'il était assez impressionnant, assez effrayant même, il n'aurait pas à le faire, alors il y mettait du sien. C'était pour la bonne cause ; c'était son devoir de frère. Il était presque obligé de jouer les durs.

« C'est pas en te donnant des airs que tu vas t'intégrer ici. Tu crois quoi, qu'on a besoin d'un beau garçon à la ferme ? Non, et ne crois pas que je vais me laisser avoir par ton genre de timidité apparente. Je ne comprends même pas comment on t'ai choisi. Tu vois Talmide, tu vois Shney ? Tu te vois toi ? Est-que tu penses sérieusement que... »


Un cri ne le laissa pas terminer sa remarque assassine. La voix de sa sœur, il l'aurait reconnue entre mille. Il se retourna en direction du champ où elle était partie, un air furieux au visage, car il tolérait mal la surprise lorsqu'il était énervé. Il fronça les sourcils lorsqu'il vit la masse musculeuse du terranide tigre se précipiter en suivant une ligne droite.

« Qu'est-ce qu'il fout ? Il se passe quoi ? » demanda-t-il, furibond, sans s'adresser à personne en particulier.

Il jeta encore un regard noir à Eolin, mais son attention était déjà ailleurs, sur cette silhouette informe sur laquelle Shney venait de bondir. Stella revenait vers eux. À cette distance, il était incapable de voir les détails de son visage, mais la panique de sa jeune sœur était évidente. Les échos de l'avertissement du tigre qui résonnaient jusqu'à lui finirent de le mettre en état d'alerte générale.

« Merde, ramène-toi » il ordonna à l'esclave.

Hors de question qu'il l'attende toutefois, et s'il l'entendait courir derrière lui, il avait déjà pris un peu d'avance et ne se laissait pas rattraper. Il voulait prendre sa sœur dans ses bras, et lui dire que tout allait bien aller. Il ne faisait pas confiance à grand-monde, mais il croyait savoir que Shney était plus dangereux que n'importe qui d'autre dans cette ferme.

Pourtant, un sentiment désagréable l’assaillit, et il finit par faire volte-face. Juste à temps pour constater l'horreur : Eolin, à quelques pas de lui, venait de se faire renverser par un autre monstre. Ce dernier ne laissa aucun répit à l'esclave, et à peine une seconde pour avoir peur. Déjà, le jeune terranide était étendu dans la marre de son propre sang, le haut du corps broyé par une arme impressionnante de rapidité et de puissance. Il n'avait même pas eu le temps de crier, tout juste de gémir lorsqu'il s'était retrouvé à terre. Dazio n'avait même pas eu le temps d'avoir pitié de lui. Il détourna la tête. C'était terminé, Eolin était mort, et le monstre avait continué sa route avec un braillement surnaturel et qu'il n'identifia même pas comme possédant les sonorité de sa langue.

Désorienté, son premier réflexe fut de se retourner à nouveau vers sa sœur qui s'était arrêtée. Le monstre qui avait terrassé le jeune esclave lui barrait la route, alors que deux autres l'encerclaient pas les côtés.

Plus loin, il voyait Shney donner de nouveau l'assaut à un quatrième intrus. Il était incroyable en soi que celui-ci soi encore debout après la charge qu'il avait du encaisser. Le tigre n'avait maintenant plus d'élan, et son combat s'était fait plus technique. Plus technique encore que Dazio ne l'aurait cru. Où avait-il pu apprendre de telles postures ? Cela ne correspondait en rien à ce que l'on pouvait attendre d'un simple ouvrir agricole, même d'une force titanesque. Le terranide tournait, à la fois prudent et agressif, tout en faisant toujours barrage de son corps à la bête. Ils étaient assez éloignés de lui, à l'extrémité du premier champ.

Dazio n'avait pas d'armes. Il y en avaient plantés dans le dos de la créature la plus proche de lui ; mais il doutait de pouvoir l'atteindre. Il n'avait reçu qu'une formation rudimentaire au corps à corps, pour se défendre contre les brigands. Le jeune homme était assez costaud et agile pour emporter une bagarre contre les autres garçons de ferme, un et peut-être même deux, mais c'était là une autre affaire. N'écoutant que son courage, il allait tout-de-même se précipiter, à mains nues, sur le démon.

Puis un sifflement retentit à ses oreilles, bref et aigu. Il reconnut le bruit d'un carreau d'arbalète. La pointe de métal pénétra la tête du monstre qui faisait face à Stella, et resta logé quelque-part à l'intérieur. Miguel Pohuel avait toujours été un excellent tireur. Son fils se doutait qu'il devait être là, son arme appuyé sur le rebord d'une fenêtre, en train de viser encore de ses yeux qui ne lui avaient jamais fait défaut. 

« Merci papa », murmura-t-il.

Profitant de sa chance, le jeune homme tira de toutes ses forces sur l'un des pics enfoncés dans la chair de l'abomination. Il se retrouva armé d'une lance rudimentaire, assez longue pour garder un peu de distance. Pourtant, il n'en fit rien, et entreprit de la replanter aussitôt dans le corps de la créature blessé, visant l'espace entre sa tête et ses épaules déformées. Cela constituait un point vital pour un humain, qu'un trait d'arbalète aurait déjà du faire expier... mais comment en être sûr avec de telles horreurs ? Il espérait que Shney s'en sortirait. Il ne connaissait au monde qu'une seule personne possédant plus de puissance encore que le tigre...

C'était ce nouveau combattant,  d'une incroyable corpulence, qui fit son entrée. Le sol tremblait sous les pas de Talmide et de sa demi-tonne de muscles et de graisse. Il n'avait jamais eu d'entraînement particulier, lui, et cela était évident. Il était également évident qu'il n'en avait aucun besoin. Sa faux dans sa main énorme, dont la lame devait pourtant faire plus d'un demi-mètre, paraissait minuscule. Cela non-plus, il ne paraissait pas en avoir besoin. Il fonçait, bipède mais tête baissée sur l'un des assaillants latéraux. Ses cornes étaient des armes plus solides et plus fiables que la meilleure des lames. Des millénaires d'évolution, de combats entre mâles, les avaient rendues presque indestructibles.

Avec une force démente, il entreprit d'emboutir le buste du démon, et l'empaler et le soulever pour mieux l'écraser contre le sol, et contre toute sa masse bovine. Peut-être ne parviendrait-il pas à cela... mais peut-être parviendrait-il à créer une diversion suffisante, une brèche, pour que la jeune fille puisse filer. Dazio, son arme de fortune serrée dans ses poings crispés, défendrait sa sœur avant même de songer à défendre sa propre vie.

*
*       *

Lorsqu'Elea Pohuel allait se baigner, comme elle le faisait tous les jours, elle espérait à chaque fois que quelque-chose de spécial allait se passer. C'était un fantasme qu'elle entretenait depuis maintenant longtemps. Elle y pensait souvent, sans jamais vraiment se l'avouer. Pourtant, rien ne lui aurait fait plus plaisir qu'un beau jeune homme la surprenant, par le plus curieux des hasards, dans son plus simple appareil. Qu'auraient-ils fait alors ? Elle ne le savait pas vraiment, car elle ne se voyait pas comme une fille facile, même si elle s'en donnait parfois les airs. Mais la perspective avait pour elle quelque-chose de terriblement tentant, de terriblement excitant. Lorsque les images lui défilaient dans la tête, elle sentait son ventre comme se nouer : comme se nouer sur un vide.

À dix-huit ans, elle était dans un âge où les jeunes filles se fiançaient, et commençaient même à songer mariage. Pour elle, rien de tout cela à l'horizon. Hélas pour ses ambitions amoureuses, elle avait hérité d'un grand-frère particulièrement protecteur. Celui-ci n'avaient encore jamais trouvé de prétendant à son goût, et avaient repoussé fermement tout ceux désirant s'approcher d'elle.

Ils étaient nombreux, car pour une fille de fermier, elle était tout-de-même admirablement faite. Bien sûr, elle n'avait pas la candeur juvénile et entraînante à la fois de sa jeune sœur, mais elle avait bien d'autres atouts. Son corps, tout en restant mince et en apparence fragile, était plus généreux, ses seins plus ronds et plus volumineux, ses hanches plus larges, abritant un pubis couleur de feu. Elle contemplait souvent pendant plusieurs minutes son reflet dans l'eau, songeant qu'il ne faudrait qu'une quinzaine d'années, peut-être moins, pour que ce corps si beau se flétrisse et devienne à tous insipide.

Elle était déterminée à trouver le père de ses enfants bien avant ce funeste jour. Le fils de la ferme voisine – à deux kilomètres de là – ou même Eolin, le nouvel esclave aux yeux si bleus... un homme libre ou un esclave, un humain ou un hybride... elle aurait accepté n'importe qui d'assez romantique à ses yeux. Une maison, une marmaille, elle avait tant de projets ! Tant de projets que son frère repoussaient tous. Elle s'était mise en colère plusieurs fois contre lui... rien n'y avait fait. Elea ne pouvait lui en vouloir. Il était son frère, le plus grand de ses frères, le plus vaillant de ses frères, le meilleur de ses frères, et c'était son devoir de frère. Elle se rassurait en pensant que Stella, dans le domaine, ne s'en sortait pas mieux qu'elle.

C'était en se regardant, encore, qu'elle avait compris que quelque-chose n'allait pas. Pas chez-elle ; elle était toujours resplendissante, mais dans l'aspect du fleuve. Une expression d'horreur au visage, elle se détourna et se rhabilla à la hâte. Il fallait qu'elle prévienne son père. Tizio avait fait une crise d'angoisse le matin même, alors qu'il devait aller chercher Eolin. Il avait fallu l'allonger, et il s'était relevé bien plus tard, encore paniqué, mais comme résigné. C'était la même angoisse primale que ressentait alors Elea.

Juste avant que cette angoisse ne se transforme en peur. Elle étouffe, elle sent un contact sur son corps, et plusieurs. C'est visqueux et implacable à la fois. On la tire, on la renverse : on lui arrache la robe qu'elle venait de revêtir, on la traîne dans la vase, dans cette vase si dégoûtante. Elle peine à reprendre son souffle, la panique rendant sa respiration aléatoire. Lorsqu'enfin un peu d'air arrive à passer la barrière de sa gorge, elle l'utilise pour hurler. Une seconde plus tard, elle manque à nouveau d'oxygène. Elle tente de se débattre, mais a peur de toucher quoi que ce soit. Elle brasse dans le vide, tente de s'accrocher à n'importe quel support tangible et sûr. Elle n'en trouve pas. La spirale s'arrête, finalement. Elle est trempée, nue, et l'odeur de poisson mort s'est accrochée à sa peau.

Pourtant, elle rampe, poussée par un instinct de survie. Elle la sent toujours, pourtant, cette horrible chose, quelque-part, non-loin, en dehors de son champ de vision. Elle lui est presque reconnaissante de ne pas se montrer. Elle ignore si elle supporterait la vision de ce qui était déjà si effrayant au toucher. Elle n'est plus en mesure de réfléchir correctement, elle revient à des croyances d'enfants. Peut-être que si elle le la voit pas, elle ne la verra pas non-plus. Son cerveau s'embrouille. Elle rampe, elle gémit. À quatre pattes, ses genoux deviennent bruns de boue. Ses bras tremblent, et elle paraît être à peine encore capable d'avancer. Elle avance, mais son avancée est lente, fébrile.

« S'il vous plaît... à l'aide... »

Son appel se perd au fond de sa gorge. Elle toussote. Elle réalise que son appel n'en était pas un ; qu'il ne s'agissait guère plus que d'une supplication, tout juste murmurée.
TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Re : Les premiers martyrs du faste [Malk]

Réponse 5 mercredi 30 avril 2014, 22:11:36

Sous leur airs de prédateurs sauvages et fougueux, chassant à l’aveuglette, ces démons avait engagé une véritable partie d’échec. Le Petchnack est un être dénué de volonté propre, il est mû par l’instinct commun. Il est un tout et plusieurs. Incapable d’individualisme ou d’égoïsme. Et leur rare dispute n’est qu’un décalage temporel léger dans leur état de perception des choses.
Ainsi l’individu éprouve, ressent, jouit mais n s’exprime pas, on s’exprime par lui dans l’intérêt de tous. Mais jongler ainsi entre deux mondes altères fortement la raison et font de ses démons des entités particulièrement dangereuses. Chacun d’entre eux est une fenêtre sur ce qui les entoure, nourrissant une conscience générale. Et même pour leurs congénères, ils sont à craindre et à éviter. Les plaies du vieux monde, les cauchemars de l’esprit… la Némésis distordue. Autant de nom qui faisait leur mauvaise réputation dans leur dimension. Des êtres cruels, sournois et malades. Ne se nourrissant que de peur et de souffrance.

 Les démons évoluent différemment sur le plan physique des hommes. Ils s’y matérialisent, se soumettent à certaine loi élémentaire de la physique mais leur conscience persiste donc dans une dimension parallèle. Constamment tiré entre deux mondes. Ce qui fait de leur corps éthéré un amas d’énergie totalement instable. Et les plus faibles d’entre eux finissent simplement par se consumer et disparaître dans une gerbe d’étincelles flamboyantes et de fumée. Voilà pourquoi, bien que tous comparable, leur physique changeait sensiblement. Parfois même en temps réel… une épaule se soulevait pour ne plus redescendre… un cou se rallongeait ou une mâchoire s’ouvrait anormalement. Offrant un spectacle d’épouvante permanent.

Ces éléments décomposés n’étaient qu’une foire aux horreurs mais une fois réunis,  ils formaient ce que les armées démoniaques auraient pu espérer envoyer de mieux pour prévenir le monde des hommes de leur existence.
Et c’est dans cet objectif unique et machiavélique que le carreau s’enfonça à l’arrière d’une tête qui l’avait aperçu. Perché sur le toit, le sixième démon avait pressenti et aperçu le vieux Miguel visé puis tirer… aperçu aussi Talmide prendre son élan dévastateur pour charger… desceller dans l’attitude corporelle les intentions de  Dazio. Immédiatement les autres démons en furent informés et on décida pour eux…  dans l’intérêt de tous.

La charge de l’homme taureau fit l’effet d’une bombe sur le corps pourtant massif du démon. Une corne l’embrocha sur le côté droit de son torse. La créature hurla, un cri strident proche de l’ultrason, à faire briser le cristal. Elle fut soulevé comme un fétu de paille et la corne alla jusqu’à briser les côtes pour déchirés le torse du démon dans une gerbe de sang jaunâtre et poisseuse. Le mouvement du terranide fit s’envoler le corps déchiqueté du démon qui alla mollement s’écraser plus loin. Entre Shney et les deux autres démons qui avaient encerclé Stella. L’amas sanguinolent de chair gesticulait n’importe comment, déchirant l’immensité de l’espace de ses cris strident.

Au même instant, un carreau était venu s’enfoncer à l’arrière du crâne d’un démon qui hurla également, cherchant à attraper cette épine dans son crâne. Dazio en profita pour se munir d’une arme et de frapper… perforant l’endroit ou un poumon aurait dû être. Mais l’observateur aurait constaté que jamais, aucun d’entre eux n’avait respiré comme un homme. Voilà pourquoi ils aspiraient de l’air pour créer un son qui ressemblait à ceux que les humains comprenaient, s’adaptant à ce monde qui n’était pas le leur. Et voilà cette aspiration qui reprit. Le démon ricana de façon grotesque, empoignant le bois de la lance qu’il brisa sans effort. Il fit mine de se rapprocher de l’humaine, puis se stoppa et vouta son dos comme pour se cacher d’un prédateur.

Les choses semblaient subitement les dépasser. Eux qui jusqu’alors avaient semblé d’un calme olympien, et ce, même lorsque Shney avait sauté sur le plus massif d’entre eux.
La charge du buffle gigantesque semblaient avoir ébranlé leur tactique… aussi, l’adversaire directe de Dazio et l’autre démon qui surplombait Stella se désintéressèrent complètement d’eux pour se ruer comme des enragés sur le terranide. Engageant une lutte bestiale et sauvage avec celui-ci.
Leurs mâchoires acérées comme des scies s'enfoncèrent dans la chair. Arrachant et meurtrissant l'incroyable géant qui continuait de se défendre en déployant toute sa force. Une force implacable… il balança l’un de ses deux adversaires d’un bras, le faisant rouler quelque mètre plus loin. Ainsi, il put asséner un redoutable coup de boule sur l’autre démon. Mais son crâne aussi semblait solide et il se retrouva très rapidement à nouveau au contact. Les deux démons attaquèrent simultanément, enfonçant leurs crocs dans les biceps de Talmide et tentant de le bloquer sur place en attrapant ses épaules et en écartant les jambes, afin de se donner le plus de stabilité possible. Celui-ci beugla avec détermination et secoua son corps dans tous les sens, comme pour faire lâcher prise à ses deux sangsues qui peinait à le maintenir sur place. Le hurlement aurait pu s’entendre à des lieux à la ronde.

Et puis… plus rien.

Une ombre fulgurante venait de mettre un terme à cet engagement bestial, plantant ses redoutables crocs dans sa trachée. Le forçant au silence et au calme.
 L’incroyable combativité du terranide s’arrêta aussi brutalement qu’elle avait commencé. Il était acculé, en proie à trois démons le saisissant de toute part. Un peu comme des lions, écrasant un adversaire plus fort qu’eux sous le nombre avant de l’étouffer lentement. Mais la comparaison s’arrêta la… la puissante mâchoire avait presque tué sur le coup le terranide qui s’écroula sur le dos. De grotesque gargarisme accompagnèrent son dernier râle alors que le démon décida de l’achever en tirant un coup sec ce qu’il maintenant entre ses crocs. La peau se déchira, laissant la place à de l’hémoglobine en grande quantité. Des lambeaux de chair ensanglanté, pendaient de cette troisième mâchoire qui était intervenue. Troisième mâchoire qui se tourna aussitôt vers Dazio… troisième mâchoire sans lèvres qui ne semblaient pas vouloir s’arrêter de sourire bêtement.

C’était le sixième démon.
Perché sur le toit. Voyant que les choses s’empiraient, il avait sauté d’un bond agile pour atterrir devant la fenêtre de tir de Miguel. Son bras long et rapide, avait attrapé l’arbalète pour le jeter avec force contre un arbre aux abords d’un champ avant de s’élancer comme un diable vers ses congénères pour mettre un terme à la rébellion courageuse de Talmide.

Le dernier démon, le plus massif, se tenait toujours devant Shney. Dont la situation venait réellement d’empirer.
Le démon l’observa avec son visage s’en regard. Lui ne semblait pas avoir été affecté et son attitude n’avait presque pas changé. Il était devenu plus fluide, sensiblement plus mobile. Le félin aurait pu le constater dans sa façon de tourner autour. Le démon ricana, inspirant de l’air pour créer un son long et rauque. Ses mains glissèrent sur sa peau et il empoigna deux manches d’épée qu’il arracha d’un coup sec, présentant un double jeu de lame à Shney. Un avantage d’allonge et d’impact mais le combat n’était pas fini pour autant.

En plus de leur corps anormalement résistant et musclé, ils disposaient tous de dent tranchant comme des lames de rasoir. Des griffes courtes et solide et le sommet du crâne renforcé par de la corne. D’autre partie de leur corps étaient tantôt hérissé de pique, tantôt recouvert de petite plaque plus solide, craquelant lorsque leurs membres se pliaient.
En plus de cela, leur sang était un poison et leur bave un puissant hallucinogène une fois dans le sang d’un mortel.
Le démon avait fait mine de bondir vers Shney, balançant sa tête comme un prédateur s’élançant mais c’était stopper aussitôt. Il recommença ainsi quelque fois, mettant une pression monstre sur le félin. A la troisième feinte de frappe, le démon éclata de rire et une masse bouscula le félin. La vitesse surnaturelle du démon qui l’avait chargé était imparable, et le félin eut à peine le temps de se retourner avant d’encaisser le choc.

Les trois démons avaient abandonné la dépouille sans vie du taureau pour se ruer sur Shney… à quatre contre un, le guerrier aussi valeureux soit il ne put rien faire. Lui aussi submergé par le nombre… et la terrible puissance de ses griffes et de ses gémissements ne purent rien y changer.
On ne lui offrit pas de mort rapide, massacrant son corps à coup de poing, de pied… usant de pierre trouvé ici et là, frappant sa tête sur le sol, jusqu’à ce qu’il ne réagisse plus.


Visage contre le sol… il aspire sans expirer, il aspire à répétition. Un odorat ? Un moyen étrange de communier avec la terre ? Difficile à dire mais il aspire la terre poussiéreuse de la cours intérieur.
Ses membres sont difformes, lui permettant des marchés à quatre pattes comme un cafard, rasant quasiment le niveau du sol. Il est discret et méfiant… son rôle ne se joue que maintenant. Il est le moins chanceux et le plus décisif de tous. Le septième démon, resté jusque-là, caché, attendant son heure. Œuvrant dans l’ombre pour tous au détriment de son implication personnel et de son ressenti propre.
Il est dans le rôle du chasseur, du croquemitaine, mais quelque chose n’allait pas. Il l’avait pressenti mais on avait décidé pour lui encore une fois…  qu’importe, voilà sa cible.
Un jeune homme freluquet. Il s’agissait d’une interrogation, d’une variante aléatoire dans le plan.
Arrivé à sa hauteur le démon se redressait, usant de ses membres intérieurs qui se ré-emboîtèrent correctement pour lui donner la stature d’un homme. Ses membres craquèrent alors qu’il finissait de se positionné près du jeune homme, ne cherchant nullement à dissimulé sa présence. C’était inutile et ILS le savaient. Son visage sans regard se tourna vers lui et sa bouche sans lèvres, affichant un rictus sadique permanent, s’entre ouvris…

- Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa…

Il ne s’agissait pas là d’un cri, mais d’un long mot, prononcé lentement avec ce même phénomène d’aspiration d’air.
« Modifié: mercredi 30 avril 2014, 23:01:40 par Armée infernale de Malk »

Ozvello Di Luccio

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    Description
    Jeune homme de haute extraction (Castelquisianni), élégant dans ses manières. Richesse manifeste et étiquette respectée, malgré des habitudes de plus en plus mercenaires. Taille et carrure moyennes, souple.
    
    Bretteur et poète, gentilhomme en herbe, en perpétuelle quête de gloire.
    
    Porte une rapière en argent enchantée qui absorbe la magie, Caracole. La dite rapière est également douée de parole. Bottes de sept lieux aux pieds.

Re : Les premiers martyrs du faste [Malk]

Réponse 6 jeudi 01 mai 2014, 01:38:05

Ils auraient pu le savoir, eux tous. Elle était la seule qui le savait avant tout le monde. Bien avant que cela arrive, elle l’avait déjà senti. Elle était capable de sentir ce genre de chose : les déformations, les anomalies. Il y en avait toujours, des bizarreries dans la matière, de petites réactions ici et là qu’on était tentés d’appeler magie. Mais cette impulsion là avait été différente. Si puissante qu’elle l’avait vue venir bien en avance, bien avant qu’elle ne déferle sur la réalité. Si puissant que cela l’avait touché au plus profond de son être, et qu’elle l’avait paralysée, de stupeur et d’effroi, pendant de nombreux jours.

Lorsqu’elle avait retrouvé la parole, la veille, elle leur en avait bien parlé, pourtant : elle avait essayé de leur dire, le plus sincèrement possible. Elle avait crié, elle avait hurlé. Ils auraient pu le savoir, et alors, ils auraient tous été encore en vie. Ils se seraient enfuis à temps, ils auraient échappé au massacre. Elle leur avait hurlé, mais ils ne l’avaient pas écoutée. Ils ne l’écoutaient jamais. Ils ne l’entendaient jamais, en réalité. Ils avaient toujours été sourds à ses appels : elle n’avait jamais eu de prise sur tous les membres de cette famille qu’elle connaissait maintenant si bien. Cette famille, c’était comme sa famille, elle avait toujours voulu en faire partie. Elle avait un père, deux sœurs et un frère.

Enfin, il y avait Tizio. Tizio n’était pas comme un frère. C’était différent, et plus fort. Tizio était l’exception, comme une part d’elle-même, l’extension de son être. C’était le seul avec lequel elle avait toujours pu communiquer, et le seul qui la rattache au monde réel. Elle ne savait pas ce qui arriverait si Tizio disparaissait. Elle n’avait pas envie que cela arrive, elle avait peur. Elle avait pourtant l’habitude de parler avec Tizio : elle lui parlait souvent... sauf dans les jours qui avaient suivis sa découverte, où elle avait été trop troublée pour s’adresser à lui.

Son mutisme avait inquiété le garçon, bien sûr. Il était devenu plus froid et plus paranoïaque encore. Elle savait que la plupart des membres de sa famille ne l’aimait pas beaucoup, le trouvait étrange et désagréable. Elle savait que c’était de sa faute. Elle n’avait pas choisi d’exister, d’être ce qu’elle était. Elle avait eu longtemps l’impression de n’être qu’un parasite, un poids mort qui l’empêchait d’avancer, de vivre une vie normale. Mais il n’y avait pour elle aucune échappatoire possible. Elle n’aurait même pas été capable de l’abandonner, si elle l’avait voulu. Elle pouvait se détacher de lui un moment, cependant, elle était toujours contrainte de lui revenir, inexorablement.

Puis elle était parvenue à discuter au matin, avec lui. D’abord, Tizio ne l’avait pas crue. Il pensait à une plaisanterie. Elle s’était alors mise à regretter toutes les blagues qu’elle avait faites jusqu’ici. Il avait raison de penser qu’il aurait pu s’agir d’un canular, car ses facéties avaient été une multitude. Elle ne comptait plus les heures où elle avait, dans sa jeunesse, cherché à ridiculiser son alter-ego. Il s’était retrouvé dans d’innombrables situations ridicules, par la faute de ses badinages parfois mesquins. Leur lien s’était ensuite fait plus fort, néanmoins, il avait toujours continué à s’en méfier.

Finalement, il avait réussi à percevoir la vérité. Il n’avait pas tout compris. Une partie de la vérité seulement, et cela avait suffi pour que la terreur l’assaille, coupant de nouveau court à toute forme de communication. Si seulement Tizio avait pu entendre tout son discours, alors peut-être il serait parvenu à agir autrement. Mais elle n’avait pas de lèvres pour parler comme les humains parlent... ou plutôt les siennes étaient-elles immatérielles. Elle ne pouvait faire aucun bruit. Elle n’avait pour tout mode d’expression, imprécis et implacable à la fois, prompte à générer les émotions les plus vives et les plus fatales, que la capacité de faire jaillir des images dans l’esprit. Dans l’esprit et sur les murs, lorsque sa silhouette se détachait.

Sa silhouette était la même que Tizio ; presque, car cela dépendait de l’heure. Elle était son ombre, après tout.

Elle n’était pas toujours collée à lui, et c’était vrai en cet instant. Car lui était resté dans la cour, et elle était allé explorer les environs. Elle avait assisté, impuissante, à la mort rapide et brutale de Numyë, la centaure que Tizio aimait tant. La seule capable de le comprendre vraiment, et la seule qui avait pour lui du respect. Elle n’avait pas voulu le lui dire, elle ne lui avait pas encore dit. Elle ne lui dirait que s’il était sur le point de faire une bêtise. À cette distance, il ne pouvait pas lui poser de question, seulement recevoir ses réponses. En revanche, elle lui signifia clairement la mort des trois autres terranides.

Le plus jeune était mort très vite. Les deux autres s’étaient battus vaillamment, mais cédaient du terrain sous les assauts. C’était un hurlement d’agonie qui était venu confirmer ses propos, celui de Talmide, qu’on aurait pourtant cru capable de briser une montagne, mais qui avait ployé sous le nombre. Shney ne s’en était pas mieux sorti. Il n’avait jamais aimé ni l’un, ni l’autre : pas de haine, plutôt de l’indifférence. Cela n’eut pas l’air de l’émouvoir beaucoup. Il savait aussi déjà que sa sœur aînée était perdue, que c’était trop tard pour la sauver. Là aussi, elle le sentait toujours impassible : elle n’était pas certaine que, même si cela avait été possible, il aurait entrepris quoi que ce soit en ce sens. Son frère et son père, eux, étaient pour l’instant toujours en vie. L’information ne l’avait même pas intéressé.

Tout-de-même, il avait bien vu deux choses, et elle le savait : une créature qui, de toute sa difformité rampante, s’approchait de lui. En face de lui, il y avait Stella. À travers ses oreilles, elle entendit la jeune fille hurler à son jumeau, sa voix pleine de sanglots :

« Tizio ! C’est affreux... c’est vraiment affreux... Il faut que tu fasses quelque-chose. Dis lui de faire quelque-chose ! Je t’en supplie. »

Elle avait alors vu le démon non-loin, s'égosillant en un borborygme affreux, et s’était arrêtée nette, ne sachant plus dans quelle direction aller.

« Prends ma main » lui avait-il alors ordonné, glacial mais d’un ton posé qui pouvait être rassurant, fuyant toujours le monstre.

Il commençait lui-même à avoir peur, et son ombre le sentait. Il avait besoin d’informations sur sa propre position. Plus que cela, il avait besoin d’elle, tout-de-suite. Elle était alors revenue vers lui : en un clin d’œil, elle y était. Lorsqu’il s’agissait de remonter le lien vers lui, l’obscurité dont elle était faite pouvait égaler en vitesse la lumière. La bête cauchemardesque était alors sur le point de les atteindre. Elle ne le put.

La nébuleuse les avait enveloppés : les deux jumeaux s’étaient alors drapés de ténèbres. Leurs corps devenus sombres s’étaient détachés de la matière, atteignant un autre plan d’existence dont l’ombre était la projection. Un instant, ils n’existèrent plus pour ce monde que sous la forme d’une tâche sombre. Les choses tangibles, et toutes les forces physiques et de la nature, pendant une fraction de seconde, n’eurent sur eux plus aucune emprise. Elles ne regagnèrent leur droit sur leur corps que lorsqu’ils eurent tout deux traversés l’épais bois de l’étable.

Tizio s’était alors précipité pour sceller la porte en faisant passer dans les poignées le manches d’outils dont on se servait pour remuer le foin. Les murs du fenil étaient solides, récents. Profitant des bonnes récoltes, ils avaient été rebâtis il y a peu, de façon à résister aux météo les plus violentes et aux incendies qui prenaient facilement dans la paille. Les seules fenêtres étaient trop petites pour laisser passer une des créatures aux appendices mortels. Ils seraient en sécurité pendant un petit moment.

D’autres avaient moins de chance. Dazio, constatant avec effroi le trépas des deux combattants bien plus expérimentés que lui était également revenu vers eux, suivant les pas de sa sœur. Il voulait encore la protéger, mais il n’eut que le temps de la voir disparaître à travers la paroi avec l’obscur personnage qu’était son frère. Tapant à une des fenêtres, il s’enquit :

« Vous êtes là ? Il les aperçut par l’entrebâillement. Merde, Tizio, fais moi rentrer. Ils sont derrière moi. Tizio ! Merde ! »

Le jumeau n’avait même pas semblé l’entendre. Il était tourné vers Stella, toujours tremblante, mais qui parvint à articuler :

« S’il te plaît... fais le rentrer. S’il te plaît, Tizio.
Je ne peux pas. Je suis désolé
, répondit-il, les lèvres pincées. »

L’ombre savait que c’était faux, et qu’elle aurait pu aller le chercher lui aussi. Toutefois, elle n’était plus sûre d’elle-même. Son jugement l’avait conduit jusqu’ici à permettre un drame. Elle ne pouvait plus s’offrir le luxe de ne plus écouter la volonté de son alter-ego. Se fier entièrement à lui, c’était à ses yeux la meilleure chose à faire. Elle lui devait bien ça : alors elle ne fit rien.

« Merde, merde, merde, Tizio ! »

L’aîné, comprenant que les portes de l’abri lui étaient fermées, avait alors attrapé une fourche qui était appuyée sur un des murs. Il la brandissait comme une lance, instrument dérisoire, face aux démons qui arrivaient vers lui. Il devait se sentir encerclé et perdu.

Son attitude et sa bravoure, sa détermination à se battre jusqu’au dernier moment lorsque la mort venait, sans se laisser troubler par les circonstances, ressemblait à celle de son père. Le vieil homme, l’ombre l’avait vu lui aussi, avait pris l’épée familiale qui reposait au-dessus de la cheminée, et qui était tout juste aiguisée. Il était sorti de sa maison, et avait pris la direction du fleuve, où se baignait sa fille la plus âgée. Il pensait peut-être avoir encore un espoir de la sauver.
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Re : Les premiers martyrs du faste [Malk]

Réponse 7 samedi 03 mai 2014, 22:07:26

La chair résistait, alors on la tordit en tous sens… les os étaient solides, alors on les plièrent à l’extrême… jusqu’à ce que les craquements et les claquements résonnèrent aux oreilles des mortelles. La tête s’arracha, celle de Talmide ! Le guerrier de puissance, réduit à l’état d’un macabre trophée. Et son propriétaire le souleva de façon grotesque au-dessus de sa tête.
Les autres l’entourèrent, ricanant en cœur. Tout cela était délectable et plaisant. Le démon tantôt blessé, c’était redressé péniblement, une main pour maintenir ses organes qui s’écoulaient de son ventre.  L’espace d’un instant, leur visage s’en regard c’étaient concentré sur l’homme taureau. Une espèce d’un nouveau genre, qui avait su montré un peu de résistance, blessé l’un d’entre eux et offrir un spectacle amusant.

Mais le trophée fut bien vite délaissé et retomba lourdement au sol. Les cinq démons attroupés se retournèrent subitement et se figèrent. Fixant le vide… fixant la dernière position visible de Tizio et Stella… leur visage suivirent une ombre presque imperceptible, même pour leur regard qui s’élevaient au-delà de la conception humaine. Ce n’était donc pas un autre démon… ni un humain ! Merveilleux, de la magie.
Le plus massif se lécha les dents supérieures avec sa langue qui terminaient en trois petites membranes indépendantes et gesticulantes. Ils s’accroupirent et s’élancèrent vers l’étable dans laquelle ils semblaient s’être réfugiés !

La meute de chien affamé ricanait alors qu’elle s’approchait à vive allure de Dazio laissé dehors. L’un des démons était déjà proche de lui, l’observant silencieusement. Les quatre autres arrivèrent en dérapant pour rapidement former un arc de cercle devant lui… et le cinquième blessé continua sans s’arrêter… vers Miguel !
Les démons visiblement amusé ne cessait de ricané en inspirant de grande quantité d’air qu’ils recrachaient dans un sifflement lugubre. Le plus massif, leur chef, fit un pas en avant.

- Iiiils soooont deeerrièèèère mooooo… Haahaahaaaaa…  Ils soooont deeerrièèèère moi !

Les autres se marrent… toujours aussi bêtement, toujours aussi sûrement. Nullement impressionné par l’arme dérisoire du jeune homme. Ils ont d’ailleurs laissé les leurs dans les corps sans vie des esclaves. Il était temps de s’amuser vraiment…

Le silence s’empara de leur rang subitement et ils se mirent tous en position pour bondir. Le plus massif pencha la tête sur le côté avant d’hurler en projetant sa tête vers l’avant, comme pour donner une impulsion à son cri.

- TIZzzzIIIIIIIIIiiiiiiIIIIIIOooooooooooo !

Le mot d’ordre, la variable qui les avait forcés à improviser ! Utiliser des tactiques plus primaire et ne plus se fié à leur avantage… mais comme un essaim d’abeille, ils s’étaient réorganisé. Quatre d’entre eux bondirent sur les parois de l’étable, surprenant Dazio qui les voyait déjà se ruer sur lui. Leur griffe perça les épaisses planches de bois et ils l’escaladèrent comme des cafards, hurlant à répétions le nom de Tizio. Ils se séparaient, se dirigeant rapidement vers chaque flanc de la maison… deux à l’arrière, un sur la droite et la gauche. Tous passèrent par le toit, histoire de bien faire comprendre à leur occupant que l’étable était cernée de toute part, faussant leur nombre par une course désordonné et en zigzag.

Le plus massif était resté devant Dazio, il s’en approcha et arma son poing. Le jeune tenta de se défendre, plantant la fourche dans la gorge du démon qui lança son attaque au même moment.
Raté !? Une planche de la porte en bois fut transpercée par le démon à présent percé d’une fourche.
Sa longue langue jaillie de sa bouche et s’enroula autour de l’arme de fortune… puis il s’y empala d’avantage sans ménagement, d’un coup sec et puissant.
Sa main vient serrer la hampe de la fourche à l’extrême et elle se brisa comme une brindille. Le reste est rapide, bien trop rapide pour un humain. Une claque monstrueuse et humiliante viendra faire tomber le jeunot qui se prend pour un homme. La main du démon viendra ensuite s’emparer de sa belle tignasse et écrasera son visage contre l’ouverture crée par son poing précédemment. Le contact visuel est établi… Dazio peut apercevoir Tizio toujours aussi impassible et Stella en larme. Et eux peuvent le voir aussi, la joue rouge et le visage en proie par la panique.
Panique qui viendra se confirmer lorsque le massif bourré arrachera l’arrière du pantalon du jeune homme, laissant rapidement son postérieur à l’air libre. Une image ridicule et horrible… une prémisse à l’atrocité que les hommes semblent vouloir éviter ! Pire que la mort pour les guerriers et la pire des perversions pour les religieux.

Le corps du démon se collera doucement contre celui du jeune homme… il est bien plus fort et ses gestes remuants pour se détacher n’y changeront rien ! Ses mains le plaquèrent bien à l’endroit où il voulait qu’il soit… toujours pour ce contact visuel. Son membre, jusqu’alors resté rétracté pour ne pas entraver ses mouvements, se déploya comme une larve difforme et gluante… il en pressa le bout contre l’orifice postérieur de Dazio qui pouvait réellement commencer à être épouvanté. Au plus grand plaisir et désir du démon qui se régalait d’avance.

Les autres démons quant à eux avaient encerclé la maison… cognant du plat de leur main les parois de bois. Solide mais branlante sous l’impact de leur coup.

- Gaaaamiiiine ! Haahaahaa… faaaais le rentreeeer ! Haahaahaahaahaa… FAAAIS LE RENTREEEER !

  Au même instant, le membre disproportionné du démon pénètre la chair de Dazio… et que l’horreur commence !


Miguel aurait pu l’entendre venir, il aurait même pu le voir ! Ce gros lourdo qui courrait à trois pattes, gardant son autre bras pour contenir viscère et organes étranges dans son ventre.
Mais cela n’aurait rien changé… et même l’épée qui transperça ça chair ne l’arrêta pas. Il le percuta lourdement, faisant tomber le vieillard. Son épée inutile sera rejetée plus loin, et le démon blessé le retourna sur le ventre. Posant ensuite son lourd pied sur son dos, ne manquant pas de faire craquer quelques vertèbres sous la pression qu’il y mettait.

Sortant ensuite de fourrée, comme surgissant des enfers ! Le septième démon oublié de la troupe… le plus chanceux, le plus important dans ce plan macabre. De longue minute, de long instant lui avait été laissé pour s’amuser avec Elea, la préparant à leur touche finale dans ce spectacle macabre. Et vu l’agencement des choses, le père allait pouvoir en profiter tout seul. Tant de peur, tant de rage… les démons se régalaient toujours d’avantage. Leur membre n’était qu’un outil de destruction. Nul orgasme, nul plaisir dans l’acte sexuel… juste celui de lire l’épouvante dans le regard de leurs victimes.

A la suite de se démon, Elea… traîné par les cheveux, robe en lambeau, corps couverte de coup de griffe et de trace de morsure ! Une flopé importante de sang coulait de son entre jambe et son visage couvert de bleu ne bougeait plus. Seul témoin de sa survie, son regard qui convulsait légèrement.
Elle avait été rouée de coup, blessée, violée et prise par tout endroit imaginable et permissible dans l’anatomie humaine ! Elle avait tenté de le morde lorsqu’il approcha son sexe de sa bouche… et comme punition, il lui avait arraché les dents une à une. Cela l’avait vite calmé, et elle c’était montré plus docile… suppliant tout ce en quoi elle croyait qu’il s’arrête ! Mais il ne s’arrêterait pas… il ne faisait que commencer.

Arrivé à quelques mètres de Miguel… le démon lâcha la tête de la femelle qui tomba mollement. Il observa Miguel et ricana, mais le rire n’a plus rien de grotesque. Il ébranlera le plus vaillant des cœurs, saisissant le cœur et le comprimant de terreur et de rage. La terreur d’y croire et la rage de ne pouvoir rien faire… Le démon se penchera lentement sur le corps respirant à peine d’Elea. Il observa ensuite Miguel, alors qui se plaçait à quatre pattes au-dessus d’elle…. Sa main s’empara d’une jambe de la femme qu’il releva, lui laissant libre accès à son intimité meurtrie et déchiré par un membre hors norme. Elea était vide de savoir… elle se laissait mourir, finissant d’avoir peur ou d’être enragé ! Il n’y avait plus qu’un corps rempli de douleur, agonisant. Mais Miguel semblait encore plein de goût et fit frémir les langues des deux démons.

Elea se fit prendre à nouveau… sans préliminaire, sans fioriture. Le membre força juste l’entré de son vagin qui laissa échappé un bruit de viande mouillé qu’on martelait avec un marteau. Les doigts fragiles et délicat de la jeune femme frémir, comme si son corps tentait de se défendre… mais en vain. Le démon s’excita de cette situation et accéléra le rythme sous les yeux de son père toujours coincé sous le pied puissant du démon blessé.
Celui-ci répète inlassablement les derniers mots d’Elea, comme un murmure…

- A l’aaaaaide !
« Modifié: samedi 03 mai 2014, 22:35:26 par Armée infernale de Malk »


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