Cette histoire s'est déroulée aux alentours du hameau qui allait devenir Castelquisianni, plus de six-cent ans avant notre ère. Ce n'était alors encore qu'un petit bourg paysan, en périphérie lointaine d'une Nexus déjà radiante. En ce temps là, on le connaissait encore sous le nom de la Quinquinière. Pour la métropole de Terra, on exportait des céréales, de la vigne, et quelques plantes médicinales qui ne poussaient guère ailleurs. En empruntant le sens contraire du fleuve qui reliait les deux viles, on importait également des produits d'artisanat, et des esclaves.
L'histoire d'Eolin, elle, n'avait rien de remarquable, mais c'était par le fruit de ce commerce qu'il s'était retrouvé à la Quinquinière. Bien malgré lui : dans sa courte vie, on ne lui avait jamais vraiment laissé le choix. Comme beaucoup de terranides, il vivait dans la servitude. Il était descendu du bateau à fond plat, puis avait été guidé dans une bâtisse en bois, qu'on avait fermé, sans vraiment leur donner de consignes.
Il ne s'en inquiétait pas trop, car c'était pour lui une situation familière. Sa mère, déjà, était née en captivité, et il n'avait jamais connu le moindre frisson d'aucune liberté. Très tôt, il avait su de quoi serait faite son existence. Sa destinée serait principalement dictée par le travail.
Un travail de force lui conviendrait, car ses gènes étaient ceux du bélier, encore que certains l'associaient davantage au mouton. Il ne goûtait pas les comparaisons faciles, mais était d'un bon caractère, et s'était toujours laissé taquiné par ses camarades de labeur. Le pelage brun, le ventre et le museau blanc, il était plutôt grand, quoiqu'il ne fut pas particulièrement massif. Sa carrure athlétique et ses jolis yeux bleus auraient pu lui fournir un travail tout autre, mais les hommes n'étaient pas aussi demandés que les femmes pour ce genre de service, dont il ne savait du reste rien.
[-]C'était en vérité la première fois qu'on allait lui confier une tâche en dehors du marché de son propriétaire, qui le gardait jusqu'alors pour l'entretient de sa propre maison. Certains esclaves avec lui avaient l'habitude de ce genre de trajet. L'aventure avait auprès d'eux bonne réputation, et ils ne s'en plaignaient pas. Quelques uns le faisaient tous les ans depuis plusieurs années déjà, avant de repartir servir à Nexus quelques mois plus tard.
En effet, peu nombreux étaient les agriculteurs, qui, cependant, possédaient les moyens d'acheter et de nourrir pendant les mois d'hiver une main d’œuvre, même travaillant gratuitement. En général, ceux-ci se contentaient donc de louer quelques hommes à des propriétaires plus riches pendant les périodes de récoltes et de semis, coûteuses en efforts physiques. Ce type de transaction était très courant, et avantageait tout le monde... esclaves compris.
Dans la pénombre de la grange où il avait été installé, il entendait les autres terranides discuter à voix basse. Eolin ne savait pas vraiment à qui se mêler. Constatant sa perplexité, un hybride au visage chevalin, un peu âgé, tenta de le rassurer.
« Tu verras gamin, la vie ici est rude, mais c'est moins cruel qu'en capitale. Si tu fais ton boulot, les fermiers t'embêteront pas.
– Je suppose que oui. Mon frère a déjà été y travailler l'année dernière, répondit-il avec un peu de timidité.
– Ah, et il s'en porte bien ?
– Je crois, mais nous avons été séparés depuis.
– Je suis désolé. »Peu de temps ensuite, les portes s'ouvrirent, éblouissant momentanément les esclaves. Le terranidier s'avança, un parchemin à la main, un monocle dans l'autre. Il ajusta la loupe à sa vue, puis ses petits yeux se mirent à arpenter le papier. À ses côtés se tenaient plusieurs autres hommes, qui paraissaient être des agriculteurs. Vérifiant systématiquement dans le registre qu'il détenait, le responsable distribua les ouvriers aux fermiers, au fur et à mesure que ceux-ci arrivaient. Certains en prenaient deux, d'autres trois. Bien vite, les rangs se clairsemèrent. Appelé à son tour, l'équidé qui avait discuté avec Eolin parti également, en lui adressant un signe de la main.
Finalement, Eolin fut le dernier à rester, seul dans le vaste hangar. Fronçant les sourcils, l'esclavagiste pointa d'un doigt accusateur son nom qui devait demeurer sur la liste. D'un geste sec, il sorti une montre à gousset de sa poche arrière, et la consulta, désapprobateur.
« J'espère qu'ils sont juste en retard. Hors de question que j'annule le paiement.
– Excusez-moi, voilà ! fit une voix féminine derrière lui.
– C'est pas trop tôt.
– Mon frère Tizio qui devait venir a fait une crise d'angoisse.
– Hum. Vous êtes bien Miguel Pohuel ?
– Euh, ben non. Je suis sa fille, Stella Pohuel.
– Certes, c'est pareil. Voilà, vous n'en aviez pris qu'un. »Se dégageant de l'ombre du marchand qui la cachait, la jeune fille apparut en pleine lumière aux yeux d'Eolin. C'était une demoiselle qui ne devait pas faire plus d'un mètre cinquante, et qui ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans. Elle avait un visage rond et amical, recouvert d'éphélides, et entouré d'une abondante chevelure rousse, maintenue par un bandeau vert. Sa peau était très blanche, et ses grands yeux verts la faisaient paraître joyeuse, pétillante et gentille. Le terranide sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine : c'était bien mieux qu'un énième fermier à moustache.
[-]« Bonjour !
– B-Bonjour, parvint-il à bafouiller, atteint d'une étrange et soudaine paralysie qui soudait ses jambes entre-elles.
– Je pense que tu devrais me suivre... »Un peu gêné, il secoua la tête, et s'avança vers elle précipitamment. Elle sourit, et bien que cette vision lui fut infiniment agréable, Eolin sentit une boule se former dans sa gorge. Ils entreprirent de s'éloigner, sans un regard pour le commerçant. Elle-même attendit d'avoir mis quelques distances avec l'homme peu sympathique avant de s'exprimer de nouveau.
« Je m'appelle Stella ! Mais tu le sais déjà... et toi ?
– Eolin. C'est un plaisir de vous s...
– Es-tu un bouc ou un bélier Eolin ?
– Je, euh, ce que vous voulez mada... demois...
– Tu n'as qu'à m’appeler Stella ! Et tu as quel âge ?
– Je l'ignore exactement. Je crois qu'il est marqué que j'ai vingt ans... mais l'on vieillit souvent les jeunes esclaves pour ce genre de travaux.
– D'accord, comme mon frère Dazio, alors ! Moi je n'ai que quinze ans, comme Tizio. En tout cas, tu es beaucoup plus grand que moi. »Le bourg de la Quinquinière était encore assez peuplé à cette matinée. Les premiers bourgeois de l'endroit faisaient leur marché. C'était un tout petit marché où il n'y avait que l'essentiel, bien loin du faste qu'on lui connaîtra six-cent ans plus tard. Le terranide et sa maîtresse passèrent entre les étals. Cette dernière avait le nez en l'air, cherchant à capter chaque odeurs de nourriture se dégageant des présentoirs.
« On pourrait acheter des poires, qu'est-ce que tu en penses ? Il fait tellement chaud. Ça ferait plaisir à tout le monde, attend ! »C'était vrai qu'il faisait chaud : mais Eolin n'étant habillé que d'un pagne, simple mais de facture décente, cela l'affectait assez peu. La tunique légère, assortie de bretelles et d'une petite jupe brune que portait la jeune fille était aussi plutôt bien adaptée. Elle échangea quelques pièces et se retrouva en possession de près d'une dizaine de poires.
« Tu m'aides à les porter ? lui demanda-t-elle en lui tendant une partie de ce qu'elle tenait dans les bras.
Garde une main libre pour en manger une ! »Le terranide jeta un regard interrogateur, voire un peu effrayé à Stella, craignant un piège. Les maîtres qui tentaient leurs esclaves pour mieux les battre n'étaient pas rares. Il fut cependant obligé de reconnaître qu'il n'y avait là aucun mauvais coup apparent. La remerciant, toujours confus, il porta le fruit juteux à sa bouche. Il n'avait encore jamais goûté de met aussi sucré et aussi doux ; c'est du moins ce qu'il lui parut. Probablement avait-il au visage une expression stupéfaite, car cela fit rire la demoiselle.
« Tu as l'air gentil. Tu vas bien t'entendre avec Talmide et Shney ! Ce sont deux autres terranides qui travaillent pour nous tous les ans.
– Je ne les ai pas vus dans le bateau.
– C'est parce qu'ils ont été avec nous pendant le printemps. Mon père commence à être un peu vieux pour travailler aux champs. Mais ne lui dis pas, il le prendrait mal ! Enfin, la récolte promet d'être tellement bonne qu'on a eu besoin de te prendre toi. »Sous le soleil qui frappait de plus en plus fort, ils sortirent de la ville. Ils prirent un sentier assez peu marqué qui passait à travers des plaines couvertes d'herbes denses et grasses, les tiges atteignant parfois plus d'un mètre de haut.
« Il y aussi Numyë... mais elle est un peu difficile de caractère. Les garçons l'aiment bien parce que, hum... » Elle plaça ses mains sur sa poitrine menue, la remontant légèrement à travers le tissu pour la faire paraître plus ostensible.
« Elle se balade sans haut. Ça attire le regard. Mais c'est parce qu'elle a que ça pour plaire. Entre-nous, c'est une pou... Oh, mais j'y pense, tu es un garçon toi aussi. Alors tu l'aimeras sûrement autant que les autres. »Elle avait ajouté cette dernière phrase sur ton un peu résigné, toutefois, son visage ne montrait toujours qu'une gaîté empreinte de légèreté. Eolin aurait bien voulu lui objecter que personne ne pouvait être aussi charmante qu'elle. Malheureusement, encore mal-à-l'aise et craignant de commettre une erreur, il ne trouva aucune façon élégante pour cela. Il se contenta alors de bégayer quelques réponses standards et faiblement assurées.
Les deux marcheurs progressèrent sans difficulté autre que la température. La peau de Stella était si pâle que le terranide se demandait comment elle faisait pour ne pas brûler sous les rayons ardents. Il songea que c'était peut-être ses cheveux fauves qui protégeaient efficacement l'épiderme sensible de son cou. La jeune fille était si bavarde qu'au bout des deux heures de randonnée qui les amenèrent jusqu'à la ferme, il eut l'impression de déjà tout connaître de ses habitants.
Finalement, ils purent apercevoir le domaine Pohuel se détacher nettement du paysage devant eux. Il apparut alors clairement à Eolin qu'ils avaient suivi le cours du fleuve, car celui-ci serpentait à une cinquantaine de mètres seulement de leur position.
La disposition de la ferme lui sembla moderne et bien pensée : elle s'étendait sur un espace rectangulaire dans lequel toute l'herbe avait été taillée à raz. Sur le côté, on pouvait distinguer une vingtaine d'arbres de type pommier, bien disposés et espacés, dont les fruits ne paraissaient pas encore mûrs. Plus loin derrière, un bâtiment à l'architecture sommaire devait servir à entreposer le foin, et à abriter quelques bêtes. Sans doute est-ce là que je vais dormir, pensa le terranide.
Du côté opposé, mieux bâti et mieux isolé de l'humidité, un autre hangar était utilisé pour stocker le grain. Le périmètre d'un poulailler était délimité par un grillage totalement fermé, y compris en hauteur : on y accédait par un petit portail de bois. Quelques belles volailles étaient sorties pour picorer. On pouvait aussi distinguer une poignée de clapiers. Derrière encore étaient les champs eux-même, divisés en quatre portions, et où se détachaient des silhouettes.
« Viens, on va te présenter à père ! »Stella attrapa Eolin par la main et l'entraîna, dévalant la colline sur laquelle ils se trouvaient. Elle ouvrit la porte en bois massif et possédant plusieurs verrous qui avaient l'air de ne pas avoir servi depuis longtemps. À l'intérieur de la pièce, il y avait une table tout en longueur, et au bout de celle-ci, un petit homme affairé à la lecture d'un épais livre. Celui-ci releva la tête, interrogateur. C'était un individu dont les rides témoignaient d'un âge commençant à lui peser. Ses cheveux étaient entièrement blancs, à l'exception des tempes, où persistaient des mèches d'un roux un peu délavé. Il ressemblait assez à sa fille, si l'on exceptait ses yeux, qui étaient bruns, mais tout aussi vifs.
[-]« Bonjour père ! Je te présente Eolin.
– Bonjour monsieur.
– Salut garçon, fit le vieil homme en se levant.
Hé bien, avec des muscles comme ceux-là, le travail va être vite terminé, cette année ! Sacré gaillard ! »Si la tradition dans la famille voulait qu'on appelle les esclaves « garçons », ce ne fut pas ce qui surprit le plus le terranide. En effet, à peine se fut-il extrait de sa chaise – avec une grimace indiquant qu'il souffrait peut-être du dos – Miguel Pohel s'avança vers le nouveau-venu, et lui serra la main. Eolin était à nouveau stupéfait, ce que dut comprendre Stella, qui enchaîna aussitôt :
« Nous t'avons apporté des poires, mon petit papa. »Elle lui tendit un fruit qu'il accepta avec un sourire. Au-dessus, des escaliers craquèrent, et c'est une autre jeune femme qui jeta un regard curieux dans la pièce.
« Ma fille, Elea, voici Eolin. »La demoiselle resta muette un instant, puis son visage prit une teinte rosée. La ressemblance avec sa sœur était encore plus frappante, même si elle avait peut-être quatre ou cinq ans plus. Elle possédait un visage plus mature, mais non-moins attrayant, sur lequel manquait seulement des tâches de rousseur. Ses cheveux noués en une unique natte étaient en revanche du même roux prononcé, et ses yeux étaient d'une teinte de vert légèrement différente de celle de sa cadette. Elle portait dans les bras des linges, qui n'étaient autres que ses propres vêtements.
[-]« Bonjour toi, lança-t-elle simplement.
Je vais me laver dans le fleuve, père. Dites aux ouvriers d'en rester éloignés ! Il ne faudrait pas qu'ils me surprennent à l'endroit, derrière les buissons épineux, en contrebas, où je vais toujours... »Elle laissa traîner son regard longuement sur Eolin, et enfin, sorti sans se presser de la demeure, attrapant au passage une poire dans les bras de sa sœur. Celle-ci, exaspérée, levait les yeux au ciel.
« Fais pas attention, elle aussi c'est une al...
– Stella ! Et si vous alliez plutôt porter des fruits à ceux qui travaillent ? C'est l'occasion de te les présenter, garçon.
– Bonne idée p'pa. Viens Eolin. »Une nouvelle fois, le jeune terranide se trouva agrippé par le bras. Ils firent le tour de la bâtisse, et marchèrent pendant une demi-minute avant d'arriver au champ. Il y avait quatre hommes, dont trois seulement paraissaient travailler. Deux d'entre-eux étaient des terranides massifs, et Eolin comprit aussitôt que le père avait voulu le ménager en complimentant sa musculature. L'un était un taureau noir et beige, incroyablement haut et large, auquel les cornes donnaient encore de la hauteur. Un énorme anneau de métal traversait son museau carré. L'autre était un félin, d'un genre que le nouveau-venu ne connaissait guère. À peine moins massif et aussi grand, ses muscles saillaient sous un pelage qui alternaient les rayons jaunes et brunes. L'un comme l'autre, malgré leur masse, avaient un air tranquille. Ils se retournèrent en entendant les bruits de pas sur la terre.
[-]« Talmide... et Shney, dont je t'ai déjà parlés » indiqua Stella en pointant successivement le taureau et le tigre.
« Lui c'est mon frère Dazio, qui a le même âge que toi. »Le troisième individu était pour Eolin un peu plus rassurant, car sa carrure d'humain lui paraissait plus accessible. Pour autant, il ne s'agissait pas moins d'un grand jeune homme très bien bâti. La parenté avec le reste de la famille était là encore absolument évidente, même si ses cheveux, agencés en de nombreuses tresses, tiraient plus sur le miels que le roux. Son visage et son torse et son dos nus, constellés de tâches de rousseurs, et les yeux bruns de son père se remarquaient aussitôt.
[-]« Enfin, lui c'est Tizio, mon frère jumeau. Ça va mieux Tizio ?
– Non. »Le ton du garçon était dur et sec. De plus, personne n'aurait parier sur son appartenance à la fratrie : sa peau plus foncée et sa tignasse en partie attachée en arrière, châtain sombre, détonnaient dans l'océan de rousseur de ses frères. Pourtant, on reconnaissait encore le regard noisette paternel. Il ne paraissait pas méchant, mais profondément troublé, et presque absolument renfermé sur lui-même. Il regardait le sol avec un air à la fois nerveux et autoritaire, comme s'il avait voulu commander au grain de pousser. Il était le seul à ne pas être au travail, et à porter un habit complet.
[-]« Bon... Voilà, dites bonjour à Eolin ! Il va travailler avec vous toute la saison. »Les deux terranides hochèrent la tête avant de le saluer à l'unisson. Ils le détaillèrent quelques secondes, paraissant évaluer son potentiel musculaire, mais ne firent pas peser trop de pression sur lui. Ils dégageaient une aura de confiance, de force, de simplicité. Eolin se sentit un peu plus à l'aise avec eux, et alla spontanément leur proposer les poires.
« Bonjour, garçon, dit le plus âgé des frères avec peut-être un peu trop de fermeté et de concision.
– Je vais ailleurs, lança soudainement l'autre frère, en repartant vers la cour de la ferme.
Quelque-chose ne va pas.– Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu ne prends même pas une poire ? Hé, Tizio ! »Les appels de sa sœur jumelle n'entravèrent pas la trajectoire de l'ombrageux garçon, qui ne daigna même pas y répondre, et s'enfuit d'un pas colérique.
« Tizio n'est pas toujours... enfin... c'est un gentil frère, je t'assure.
– Tu n'as pas non-plus à te justifier pour lui, Stella. Il est comme ça depuis toujours.
– Pas toujours ! Mais si papa et toi l’embêtiez un peu moins...
– C'est vrai que c'est particulièrement sévère depuis ce matin, va. »Plus profondément dans les champs, il y avait trois autres silhouettes, néanmoins, celles-ci n'avaient rien d'humanoïdes... ou presque. Portant son regard au loin, Eolin distinguait deux chevaux... et un cheval avec un buste humain. Un buste de femme. Un buste de femme qui ne s’embarrassait d'aucune tunique.
[-] Le terranide tiqua.
« Ah ah ! Je savais bien que tu allais les regarder ! T'es vraiment comme tous les garçons, Eolin.
– Je euh, non. Qu... qui est-ce ?
– La trop belle Numyë, je t'ai dit. Je me demande si elle voudra des poires... Elle en a déjà une belle p...
– Tu n'as qu'à aller lui en apporter, proposa sans appel Dazio.
Moi je vais parler en privé avec Eolin. Vous continuez seuls un moment les gars ?
– Pas de problème, fit d'une voix grave et posée Talmide, en agitant sa tête aux impressionnantes cornes.
»Le poussant légèrement, le jeune homme emmena l'esclave un peu à l'écart. Derrière une haie qui séparait deux pâturages, ils se trouvaient hors de vue des deux autres ouvriers, qui avaient de toute façon reprit le travail.
Une carte d'époque (authentique).