« Écoute, au risque de te décevoir je ne pense pas être un mauvais garçon... Je t'ai suivi plus pour te connaitre qu'autre chose ! Et c'est réussi ! J'ai du bol d'ailleurs d'être arrivé dans ce royaume, au vu de tout ce que tu racontes, j'aurais pu tombé pire ! »
Pour le coup, elle ne pouvait pas aller contre son avis. Il y avait bien des endroits dangereux sur Terra, bien des endroits où Matt aurait pu tomber entre de mauvaises mains. Les esclavagistes, par exemple. Même s’ils préféraient les femmes, ils ne feraient pas grand cas d’un homme. On pouvait toujours l’envoyer dans les plantations agricoles, ou dans les mines. Au moins, ici, il était à l’abri, et ne risquait aucune rencontre déplaisante. C’était toujours ça de pris. Il bénéficiait de la protection de la Princesse, et pouvait donc voir Terra sous ses meilleurs jours... Et ses meilleures formes. Elle sentait la gêne de l’homme, le fait qu’il était perturbé, troublé. Alice était espiègle, joueuse, et il était difficile de savoir ce qu’elle voulait, de savoir ce qu’elle pensait. Naturellement, la jeune femme entretenait elle-même le mystère. C’était plus amusant ainsi, et elle voulait voir ce que Matt oserait faire ou ne pas faire.
Le jeune homme ne tarda pas à reprendre, répondant aux questions posées par Alice :
« Et non je n'ai pas de petite amie, je voyage souvent donc il est assez difficile d'établir une relation, j'ai des amis de par le monde mais c'est tout, princesse... »
Alice hocha lentement la tête. Elle avait croisé les jambes, et, avant de lui répondre, elle consentit à répondre aux interrogations qu’il s’était légitimement posé.
« Je suis amie avec une vampire... Tu l’as peut-être déjà vu, elle erre au lycée... Mélinda Warren. Elle dirige un harem au cœur d’Ashnard, et ce n’est pas un bordel... Du moins, pas au sens classique du terme. C’est un établissement de charme où les filles exécutent les fantasmes des hommes et des femmes qui y viennent. Elles louent leurs services à un prix très onéreux, mais, après tout, un rêve n’a pas de prix, non ? C’est elle qui m’héberge sur Terre, et Sylvandell fait des affaires avec elle. Et, de fait, je ne vois pas en quoi il est surprenant qu’une Princesse ait des relations avec elle... La plupart de ses clients sont des personnes influentes, et vos propres hommes politiques ne me semblent pas avoir oublié le détail qu’ils ont entre les jambes non plus. »
Alice s’était relevée, un léger sourire amusé sur les lèvres. Parler de sexe ne la troublait pas autant qu’on aurait pu le croire. Comme quoi, quand on avait eu comme préceptrice Cirillia, et comme amie Mélinda, et comme garde Melendil, on avait tendance à ne pas voir dans le sexe un tabou infranchissable. Elle s’était légèrement rapprochée de l’homme, alors qu’elle se doutait bien de ce qui devait lui traverser l’esprit. L’innocente Princesse en savait un peu trop sur ce harem pour être honnête... Le pauvre, si il savait...
Elle lui sourit à nouveau, en s’étant rapprochée de lui, et décida d’éluder cette question, de laisser son imagination s’enflammer et réfléchir par elle-même aux conséquences qu’elle venait de dresser devant ses yeux.
« Donc, tu as beaucoup voyagé ? J’ai toujours eu envie de visiter la Terre... De voir toutes vos merveilles... Votre monde est aussi merveilleux que le nôtre... La Tour Eiffel... La Statue de la Liberté... Le Taj Mahal, les chutes du Niagara, la Place Rouge, les Îles Fidji, la Cité Interdite... Tant à voir, tant à explorer... Voudrais-tu être mon guide, Matt, si je devais un jour visiter ton monde ? Un noble chevalier des temps modernes qui conseillerait sa Princesse ? »
Elle posa ses mains sur ses épaules, se faisant définitivement bien trop tactile. Ses seins s’enfonçaient contre le torse de l’homme, et elle lui souriait, se blottissant un peu contre lui, et remonta encore ses mains, les enroulant gracieusement autour de sa nuque. Alice se sentait en situation de puissance, ici, chez elle... Et elle aimait la nervosité de cet homme. Non, ce n’était pas un voyou, juste un garçon qui avait flashé sur elle, et qui était maintenant dans la chambre d’une fille... Seuls. Neuf hommes sur dix auraient déjà compris, mais lui semblait trop gauche, trop nerveux pour oser faire ça. Alice continuait donc à le narguer, à jouer avec lui, à flirter avec la ligne, toujours plus proche, toujours plus vénéneuse.
« Au moins, tu n’auras pas de petite amie pour exprimer une quelconque jalousie... » rajouta-t-elle alors, sur un ton plus lent, presque sensuel.