Myumi accorda à Elianne un bon quart d’heure, le temps que le thé soit prêt. Elle alla dans un autre salon de sa petite maison, faisant office de cuisine, et fit chauffer l’eau, avec une fine infusion de thé blanc. Tandis que la bouilloire chauffait, elle réfléchissait silencieusement. Aujourd’hui était une courte journée, mais, en consultant sa montre, elle savait que la soirée approchait. Elle avait toujours l’impression d’être ce matin, et peinait à se dire que, pourtant, le soir était bien là.
*Il va falloir que j’arrête de faire des soirées comme ça, moi...*
Héritage de sa mère, Myu’ se remettait assez vite des efforts sexuels qu’elle faisait. Son cul avait souffert violemment hier, et, à sa place, une autre femme en aurait eu les fesses rouges pendant toute la journée. Son corps, lui, se remettait très bien, et ses belles fesses se portaient très bien. La senseï réfléchissait silencieusement, et, naturellement, ses préoccupations revenaient à Elianne. Si elle avait eu plus de temps, elle aurait sans doute mené des recherches plus détaillées pour savoir comment faire en sorte qu’Elianne finisse dans son lit. Bien que Myumi soit une femme assez libre, il fallait bien admettre que finir avec ses étudiants, c’était là un petit bonheur dont elle ne se privait pas. Il y avait là une sorte de plus, car, non contente de coucher avec un bel individu, Myumi avait aussi le sentiment de rompre les conventions sociales. Japonaise, elle savait combien les normes sociales étaient lourdes dans ce pays, à quelque niveau que ce soit. En entreprise, on se désignait rarement par son nom, toujours par son titre, par le poste qu’on occupait. On ne disait pas « Kazawa-san », mais « Monsieur le directeur d’établissement », par exemple. Au lycée, il en allait de même. Il y avait un monde, une frontière ausis grande qu’une autoroute, entre les élèves et le professeur, et ce clivage était particulièrement imprimé au Japon. Le rompre était donc excitant, car, pour Myu’, c’était une manière d’exprimer sa liberté, de lutter contre une société conformiste, d’aplatir les barrières sociales... Quoi de mieux que le sexe ?
De plus, Myumi, tout en étant bisexuelle, devait bien admettre qu’elle avait une légère préférence pour le beau sexe. Les courbes étaient plus harmonieuses, les formes généreuses, et les filles étaient généralement plus prudes que les hommes... De plus, une fois qu’un homme venait de se décharger, ce qui allait généralement assez vite avec ses lycéens, il pouvait être assez long de le réveiller. C’était comme une montagne russe. Or, Myu’ avait tendance à être adepte du slow sex, une méthode d’étaler sur plusieurs heures une séance de sexe, et qui était d’origine japonaise. Plus précisément, elle avait été développée par un sexologue nippon, Adam Tokunaga, et Myu’ avait lu son livre.
Elle avait hâte de poser ses doigts sur le corps d’Elianne, de la caresser sensuellement, d’exciter son corps, pendant toute la nuit, et de dormir avec elle, de la presser contre son corps, de dévorer ses belles fesses... Peut-être même pourrait-elle la conduire dans sa cave... Alors qu’elle y réfléchissait, elle sentait son bas-ventre la démanger, et soupira silencieusement.
*Bon sang, j’ai baisé comme une truie hier, mais cette petite suffit à me faire perdre mes émotions... Si je m’écoutais, j’irais directement la voir, et je la baiserais contre le bureau...*
Il fallait se calmer, et Myu’ respirait lentement, évitant ainsi de commettre des bêtises. Se décidant, elle retourna vers le bureau, afin de voir comment elle se portait. En portant la main sur la porte, et en faisant lentement coulisser son shōji, elle entendit un soupir, un gémissement. Myumi s’arrêta, interdite, pensant avoir rêvé, puis avança sa tête, comme une petite fouineuse, lui rappelant cette époque où, jeune, elle observait, dans le placard, les amants de sa mère la prendre sauvagement, en essayant de se dire que les hurlements de sa maman n’exprimaient pas sa douleur, mais une sorte de plaisir immense, et particulièrement jouissif. Dire qu’elle avait jadis craint que sa mère ne se fâche en la surprenant... Sa mère avait toujours su qu’elle était là.
« Hum... » entendit-elle.
Myumi sourit, et tira un peu sur le panneau coulissant. Elianne était là, la tête basculée en arrière, et se masturbait. Une magnifique vision. Si Myu’ avait un appareil photo, elle l’aurait sans doute photographié. Là, avec les cheveux remontant le long de sa chemise, les rayons du soleil réfléchissant sa peau bronzée, elle était l’incarnation d’une espèce de superbe nymphe. Un corps magnifique et langoureux. Elle vit alors, sur le bureau, son portfolio, et comprit.
*Au moins, je sais où il est... Il faut croire que mon inattention va avoir de bons effets...*
Elianne ne l’entendait pas, et Myu’, très délicatement, se faufila dans la pièce. Les tatamis étouffaient ses bruits de pas, et elle se rapprocha de la jeune lycéenne, se glissant dans son dos. De sa main libre, Elianne tournait les pages, et arrêta sur une image où on voyait un homme en train de prendre Myumi. Il était debout face à elle, mains sur ses hanches, et enfonçait vigoureusement son sexe dans le vagin d’une femme en sueur, toute nue. D’une main, la Myumi de la photographie pressait son sein, son visage éternellement figé dans un cri de plaisir.
« Lui, il en avait une grosse, j’ai eu l’impression d’exploser sous l’effet de sa queue » glissa alors Myumi, se révélant ainsi à la présence d’Elianne.
Myumi esquissa un léger sourire, avant de reprendre :
« J’aime la manière dont tu révises les maths en mon absence, Elianne... »