<< Jouer, c'est expérimenter le hasard. >>
Tu soupires et passes une main dans tes cheveux bruns. Bon. Si tu reviens en arrière … Retourner à cet endroit sans se faire voir sera assez compliqué. Donc, tu décides de rester là. Mais tu ne peux pas attendre sans rien faire. Alors, tu te décides à repartir, époussetant d'un geste rapide ton costume verdâtre. Tu passes ton doigt sur tes lèvres pour vérifier si ta bouche est bien propre. Léger tic. Tu hésites encore un peu et tu enfouies tes mains dans tes poches, profondément, Tu fouilles dans les poches, tu cherches, tu hésites, tu en sors avec un mouvement leste et stéréotypé une paire de lunettes noires. Tu les poses sur le bout de ton nez, comme un agent secret et te laisses doucement glisser le long du mur face à la salle principale où louvoient des corps à demi dénudés. Tu essaies de ne pas y penser. Tu réfléchis. Forcer la porte ? Ca ne faisait pas partie du plan, et de toute manière, vous n'avez jamais fait ça. Toi et ton frère, vous entrez et vous sortez comme des gens normaux, vous cambriolez sans faire de dégât, comme de véritables gentlemen, des Arsène Lupin modernes. Tu soupires. De nouveau. Rester là, c'est suspect, aussi. Mais les lunettes ont une seule importance. Si on vient te voir, tu joueras l'aveugle, celui qui ne sait pas ce qu'il fout là, un truc dans l'genre. Oui, certes, ça fait pas très vrai. Mais ça n'a pas d'importance. Tant qu'on te jette en dehors de la boîte et qu'on ne t'amène pas au poste le plus proche, tu ne te plains pas. Et dire que ton frère est en train de profiter ! Tu le retiens, ce fourbe, qui te laisse faire le boulot le plus compliqué.
Puis, illumination dans ton cerveau d'Aldo imbécile. La clef. Il doit être en train de chercher la clef ! Alors, non, il ne faut pas que tu te fasses virer de la boite parce que tu ressembles à un aveugle paumé ! Tu te relèves, mû soudainement par une nouvelle force intelligence et utile. Les loges ! Ca sera l'endroit le plus caché pour rester au chaud. Puis, bon, autant essayer de profiter un minimum tant que tu es dans cette drôle de boîte avec des clients qui fantasment sur des animaux/humains. Après tout, on peut lier travail et plaisir, surtout quand le travail est aussi con. Se cacher, c'est simple, c'est bête, c'est logique. Tu suis doucement le mur du fond, vers d'autres portes desquelles la lumière s'échappe, en légers raies ocres. Tu ne toques pas, tu pousses sur la poignée, tu pousses sur la porte, tu entres, tu refermes la porte et tu regardes enfin devant toi. Un couloir. Les loges des artistes, les coulisses de ce spectacle décadent de luxure, de chaque côté du couloir. Tu avances légèrement dans le couloir, un pas puis un autre, un pied devant l'autre, un souffle après l'autre. Le couloir ne va pas te cacher. Tu choisis une porte non-éclairée. Oui, profiter, profiter, mais bon, hein. Tu es un trouillard après tout ! Et un trouillard qui se respecte se cache dans une loge vide, noire, éteinte, referme la porte derrière lui et ne cherche pas à allumer l'ampoule. Tu te terres dans la pièce, dans le coin le plus éloigné de la loge. Ca sera simple de revenir à la porte qui garde le pactole, ton objectif.
Seul point négatif de cette planque. Si le propriétaire entre … Et bien il découvre un Aldo typé agent secret, assis dans un coin de sa loge, yeux à demi clos, moue mécontente, air inoffensif. Mais tu sais improviser, n'est-ce pas, Aldo ? Quelques charmes par-ci, quelques ironies mordantes par-là, quelques légers et graciles caresses sur le menton, et tu te penses capable de déjouer celui qui te trouvera. Mais c'est encore à prouver, ça, hein. Pour l'instant, fidèle à ta nature de peureux, te voilà à maudire ton frère, caché dans une loge abandonné. Et qui te dit que le proprio' de la loge n'y dort pas ? Mmm ? Tu n'en sais rien. Strictement rien. Tu es dans l'flou complet, tu ne sais pas ce que te réserve la suite des évènements. A l'inverse d'Aloïs. Lui, il sait.
Et tu comptes sur Aldo pour que tes efforts ne soient pas vains. Ca s'rait con. En plus, c'est toi, qui craint pour ta peau, là. Mais des deux, tu es le plus futé. C'est bien vrai, quoi ! Une chance que tu es eu le temps de dire quelques mots à Aldo, et ce avant que ton but ne s'approche de toi et te parle. Tu appuies sur l'oreillette, un mouvement discret alors que tu tires sur la cigarette et t'entoures d'un écran de fumée. Ow..
<< -
Ecoute moi bien, Aldo. Tu fais ce que tu veux, mais dès que j'ai les clefs, tu te débrouilles pour v'nir les chercher et r'partir. T'es où, là ? -
Planqué. Bien planqué, en plus. Pourquoi c'est pas toi qui irait, quand tu les as les clefs. -
J'pense que j's'rais occupé. Mais genre, bien. -
Tu comptes pas profiter, quand même ? T'es sûr que je te hairais jusqu'à la fin de ma vie sexuelle, si toi tu profites et pas moi. Genre, jusqu'à ce que ma libido cesse t'vois. -
Putain, ferme-lààà. C'était pas prévu, mais on va faire avec. Alors, une fois que je te le dirais, tu viendras chercher les clefs, tu prendras le blé, et tu dégages. -
T'as un plan ? -
Cible en vue, Al'. >>
Tu coupes la communication. Ce jaloux de frère. Tu souffles la fumée et écrase nonchalamment la cigarette sur la table. Tu l'as juste vu entré, et tu fais comme si de rien n'était, comme si ta présence en lieu était justifiée. C'est l'grand boss de cette boîte. Un homme jeune. Cheveux pétroles, allure mafieuse, nom russe, regard perçant, maintien charmant, visage à croquer. Tu gardes tout ça en tête. Ca avait été ta première réaction quand tu avais trouvé la photo sur l'net de ce Sasha. Un putain de mec que tout l'monde devait s'arracher, un putain d'homme avec qui tu n'avais qu'une envie, coucher, baiser. Cette réaction, elle réapparait là, tout de suite, dans ton torse, dans ton bas-ventre, dans ta tête, quand tu te retournes en entendant une voix murmurer dans ton oreille, une main placée sur ton épaule. Le geste te fait frémir, frissonner, rougir mais tu restes calme. Une devanture d'une froideur intelligente. Tu dois faire attention, tu dois la jouer fin, tu dois la jouer comme un vrai agent secret. Sourire en coin qui se dessine sur tes lèvres, tu te surélèves un peu pour atteindre l'oreille de ton interlocuteur, chatouiller son pavillon de ton souffle chaud. Tu ne veux pas t'enfuir, surtout pas ! Laisser passer cette occasion en or de trouver les clefs, laisser passer cette occasion de le voler bien comme il faut, de lui faire les poches de sa boîte … Non, tu ne veux pas partir ! Tes lèvres frôlent le lobe de l'oreille de l'homme aux cheveux bleus sales.
<< -
On parle beaucoup de ton club. Certains étudiants du lycée le recommandent aux professeurs, qui le recommandent à des élèves entreprenants pour qu'ils laissent parler leurs pulsions auprès de ton club. C'est le lieu de toutes les débauches, d'après les adultes … >> Tu souris doucement et te laisse retomber sur la banquette. Bon, ça c'est fait. Maintenant, pour les clefs … La musique couvre un peu le son de ta voix tranquille alors que ton cerveau marche à toute vitesse. Ca s'rait si amusant … De l'prendre à ton jeu ... <<
Je suis v'nu vérifier ça par moi-même, tu vois. >> Crée-toi un titre ! L'idée te paraît merveilleuse. Il est sûr que par rapport à Aldo, tu fais plus sérieux, plus mature, plus fragile, plus discret … Pour la soirée … <<
Mon père m'a envoyé vérifier ce qu'il s'passe ici. Il est russe, comme toi. Et il aime bien régner sur les affaires de cette ville. >> On peut toujours t'envoyer vérifier des choses. Tu fais assez professionnel pour ça, après tout. Puis, c'est la seule bonne raison pour être ici. Tu vas pas lui dire que t'es v'nu le voler, non ? Tu t'approches de nouveau du bel homme, non sans un regard qui englobe la totalité de l'établissement. Jouer un fils de mafieux pour la soirée, ça s'ra une bonne couverture pour lui voler les clefs. Juste le temps de le mettre en confiance, de s'approcher, de toucher, de voler, d'embrasser, de laisser, de dire, de voler, de baiser et de repartir.
Tu approches un peu tes lèvres de celles de Sasha, sans vraiment apposer un baiser, juste en soufflant légèrement, ta main se dirigeant vers le dos du bleuté pour caresser d'un mouvement la colonne vertébrale. Ton choix n'est pas anodin, le frisson aura un effet sur l'mental. Tu veux lui faire un peu peur. Peut-être même pour aller en privé, et faire ton p'tit travail de cambrioleur changeur de peau qui s'fait passer pour un fils de mafieux qui surveille. S'il peut avoir un peu peur, ça sera encore plus simple. Toi, tu le tutoies sans l'avoir vouvoyer. Il aura l'impression que tu es vraiment ce que tu dis être. Tu lui souris doucement, te rasseyant avec une légère once d'interrogation. Alors, il va l'prendre comment, on interlocuteur ? S'ils s'rend compte que tu te fous de sa gueule, ça risque d'être plus serré.
Note que ta main s'aventure sur ses fesses, mais non pas pour les toucher, mais pour chercher les clefs. Mmm...Mais au toucher, elles sont bien fermes. Ses fesses. Pas les clefs.