Terranide chassant les vampires, il faudra faire avec, inutile d'en discuter pendant de longues heures. De toutes façons, Stephen n'est pas là pour tenir salon ! Il aimerait ne pas passer la nuit seul et, à défaut de grives, autant se contenter de merles. L'endroit n'a rien de romantique, mais il a le mérite d'être éloigné de tout, et meublé autrement qu'un simple bureau d'accueil.
Il la regarde, la détaille presque ; si ce n'étaient ses propos farfelus et sa tenue fantasque, elle serait très mignonne. Non, pas pour se marier ; c'est fini tout ça ! Enfin, pour un petit bout de chemin, pour occuper ses nuits à Seikusu. Au moins pour une nuit, celle-ci justement. Demain matin, il verra quoi faire, si elle ne l'a pas découpé en morceaux pendant son sommeil.
« Ça te va bien d'être toute douce ainsi », il ne pensait pas que sa phrase aurait un tel effet, et la main puis le front de l'inconnue, se posant sur son épaule, viennent comme en écho.
Instinctivement, il en oublie sa douleur, la blessure qu'elle lui a causée, passant la main dans ses cheveux ; ce n'est plus la rencontre de hasard d'une folle et d'un errant dans un taudis lugubre, et il flotte dans la pièce un étrange parfum de total désir, pas bestial mais touchant, comme si leurs solitudes s'étaient rencontrées pour venir s'oublier ici.
Stephen passe la main dans les cheveux de cette douce compagne, empêtrant ses doigts dans les colifichets et autres fanfreluches. Elle n'a plus sa hache et semble même avoir capitulé ; il lui serait si facile de la violer sur place, mais tout sentiment de violence s'est enfui. Cinglée elle est sans doute, mais femme elle est encore plus sûrement. « J'ai envie de toi, simplement de faire l'amour avec toi », les mots sont sortis comme une évidence, comme un appel aussi.
Si elle est aussi barrée avec tous les hommes, il doit y avoir longtemps qu'aucun ne l'a touchée. Et Stephen a envie de lui faire rattraper le temps perdu...