[
Dossier n°7 - Les Marcheurs, recueilli par Ethan Granjeu ]
[
Notes Volantes ]
[ ... ] Elle s'appelle Étincelle. Fière Étincelle. Elle n'a pas encore 22 printemps, et elle est pourtant magnifique. Elle irradie littéralement de sex-appeal. Elle semble si fragile, mais il ne faut pas se fier aux apparence. Ce petit bout de femme d'un mètre cinquante est bien plus forte et résistante qu'on ne l'imagine. Je crois qu'elle possède un pouvoir étrange qu'elle nomme "Le Don". D'après ce que j'en ai vu, je constate qu'elle peut agir sur chaque cellule de son corps, sur son métabolisme. Concernant ce dernier point, ses agissements sur son métabolisme ne l'épuisent pas. Mais sur le reste des cellules, ça l'épuise beaucoup. Elle ne peut maintenir les changements bien longtemps, surtout s'ils sont conséquents. Je l'ai vu, une fois, changer complètement d'apparence. Mais ça n'a pas duré plus d'une heure. En revanche, à chacun de nos rapports (non protégés), elle a su changer quelque chose en elle qui la protégeait autant des maladies que du risque de tomber enceinte.
J'ai été sceptique, je l'avoue. Mais Étincelle est vraiment extraordinaire. Je sais qu'elle a eu beaucoup d'expériences sexuelles avec un grand nombre d'hommes, et pourtant, elle n'est jamais tombée enceinte. Alors j'ai fait une prise de sang. Et en observant bien les résultats, j'ai compris que c'était bel et bien réel. Elle me l'a même prouvé, changeant les particularités de son sang (alors même qu'il n'était plus en elle) sous mes yeux. Elle l'a transformé en eau. Absolument... Stupéfiant. [ ... ]
[ ... ] En plus d'être maladroite, Étincelle est aussi peu assurée quand elle est au sein d'un groupe social autre que son peuple. Elle est plus à l'aise avec les siens, ou en solitaire. Elle a toujours été gênée en groupe étranger, d'après ce qu'elle m'a dit. Elle se sent incomprise, pas à sa place. Elle se sent mal. Elle n'a pas peur de ces gens, mais elle est du genre sauvage plus que civilisée. Elle suit son propre code de conduite. Elle tue parfois, mais c'est toujours justifié. Jamais de cruauté gratuite pour la belle, juste une stricte nécessité.
Son don contient une autre facette : Comment, je l'ignore, mais elle réussit à "voir" au-delà des limites de son corps. C'est comme si son âme se projetait en avant. Personne ne la voit, mais elle voit à des lieux de distance. Elle ressent les présences aussi nettement que l'on voit des flammes dans le noir. Cette autre facette la rends souvent imprévisible. Souvent sur le qui-vive puisqu'elle muselle cette partie du don pour que personne ne la remarque, elle est plus détendue lorsqu'elle l'utilise.
Elle n'a pas peur de mourir, mais elle a peur de n'être pas aimée. Elle met tout en oeuvre pour qu'on l'apprécie, et elle est blessée lorsqu'on la rejette ou qu'elle ne provoque que de l'indifférence. Chez la plupart des femmes, ça se traduit par une crise de larme ou d'hystérie. Ou par une explosion de colère. Mais elle... Elle reste de marbre extérieurement, comme si ça ne la touchait pas. Elle est en réalité plus que blessée, mais faire voir ses faiblesses n'est pas dans ses habitudes. [ ... ]
[ ... ] Étincelle est belle. Petite, fragile, mais délicieuse à regarder. Sa silhouette n'est pas menue, mais généreuse. Une poitrine sensuelle et mise en valeur par des tenues adéquates, soulignée par une taille étroite et des hanches épanouies, et de longues jambes délicatement galbées. Elle possède un petit truc qui fait qu'elle exsude la sensualité. En la voyant, je ne peux empêcher mes pensées de dériver. Ses lèvres sont un appel au baiser, pulpeuses comme elles sont, et j'ai du mal à y résister. Son nez qui se retrousse lorsqu'elle est mécontentes...
Oui, Étincelle est fascinante, et fière. Son port de tête altier, son menton volontaire, son regard... Profond. Deux perles sombres, comme l'acier ou le ciel un soir de tempête, qui m'hypnotise... Elle m'appelle, je le sens. Même si elle ne le montre pas. J'ai envie d'elle, de serrer sa taille étroite dans mes mains, de la couvrir de mon corps à l'écraser... Elle paraît si fragile qu'elle est encore plus désirable encore.
Que dire d'autre ? Ah oui. Ses cheveux. Entre le brun et le roux, cuivrés à souhaits, ses cheveux sont si doux... Ils moussent sur ses épaules comme l'écume des vagues. Ils lui descendent jusqu'au creux du dos, et exhalent un parfum entêtant, euphorisant. Aphrodisiaque. J'ai envie de la saisir par les cheveux pour la pénétrer sauvagement. Elle me donne autant envie de la protéger que de prendre comme une poupée pour assouvir mes bas-instincts. [ ... ]
[
Extrait du carnet d'Étincelle ]
[ ... ] Les Abords du Lac Grael (le territoire alentours qui est sous l'influence de la cité du lac) sont vastes et possèdent des climats variables. En ce moment, je lutte contre le vent féroce qui me glace les os, j'avance avec difficulté, mais détermination. Je vais atteindre mon but, malgré le blizzard qui souffle au sommet du Mont de la Fleur. La neige entrave mes pas, et je peine à mettre un pas devant l'autre. Mais je continue à avancer malgré tout.
Le Temple des Dieux est proche, je le sens. Il pulse dans ma poitrine. Il m'attire inexorablement. Il est vide, je le sens. Mais pleins de souvenirs et de pouvoirs... Dieux absents, je vais y arriver. Encore un effort... Je vois la masse sombre qui se dessine au loin. Je reprend de la vigueur à cette vision. Et je finis par y arriver.
Quand j'entre dans l'édifice, il fait tout de suite plus chaud. L'absence de vent, mais pas seulement. Il règne ici... Une chaleur réconfortante. Elle vient du sol. Tout à fait détendue, je quitte mes chaussures et mes épaisses fourrures. Je sens que je vais trouver ici la réponse à mes questions. Mon passé, oublié, va pouvoir revenir. Je l'espère...
Déposant mon fardeau près de l'entrée, j'avance pieds nus dans la grande salle. J'avais raison, le chauffage est au sol. Tout en avançant vers le bassin qui fume, un peu plus loin, je quitte les couches de vêtements que je porte. D'abord l'écharpe, et le pull. Puis mon épaisse tunique. Et mon bustier. Le pantalon de cuir épais rejoins le reste des vêtements humides sur le sol. Et ma culotte. Pour finir, les chaussettes de laines partent aussi. Nue, je m'avance, et je pose un pied sur la première marche. L'eau est brûlante, mais je le supporte aisément. Je me glisse dans la vapeur, et dans l'eau. Je m'immerge entièrement, et ma tête perce la surface. Je sens mon esprit s'agiter. Le voile qui couvre confusément mes souvenirs se lève. Et je me souviens... :
Je suis née au Lac Grael. Ma mère et mon père, Flamme et Roc, sont les dirigeants de mon peuple. Nous appartenons aux Marcheurs, les enfants des Dieux. Mais les Dieux se sont lassés de répondre aux prières de leurs enfants, alors les offrandes ont cessés. Et les Dieux se sont détournés. Les gens ont continuer à prier. A les honorer lors des cérémonies. Mais il n'y a jamais plus eu d'offrandes. Les Dieux les avaient abandonnés en premier, et ce seraient donc à eux de faire le premier pas.
Je suis née pour régner à la suite de mes parents. Ils m'avaient fiancés, alors même que j'étais encore en gestation. Je devrais épouser mon cousin le plus proche, Flèche. Malheureusement, il perdit la vie en chutant d'une falaise. Alors on me fiança à Rage, un autre de mes cousins. L'inceste (frère-soeur, mère-fils ou père-fille) est interdite, mais entre cousins, c'est ce qui se produit le plus souvent. Surtout dans les hautes sphères des Marcheurs.
Nous sommes divisés en cinq tribus. Rage, mon cousin, vient de la tribu du Lac Honnory, la plus éloignée de la notre. Je ne l'ai vu qu'une fois étant petite et, Dieux absents, il est vraiment séduisant. D'accord, je n'avais que neuf ans, et il en avait quinze. Mais je l'ai trouvé vraiment charmant. Son image flotte souvent dans mes pensées.
Plus je grandis, et plus je m'instruis. Politique, combat rapproché ou à distance, cavalerie, botanique, sciences en général, calcul, lecture... On m'a aussi appris à utiliser mes dons. Je suis calée dans ces multiples domaines. Il en est un, cependant, que je maîtrise mal. Les relations sociales avec des étrangers. Qu'il s'agisse de mon peuple ne me dérange pas, puisqu'on a les même coutumes. Mais les peuples au-delà des terres inconnus me semblent si différents...
J'ai grandi encore, atteignant l'âge de dix-sept ans. C'est là que j'ai revu
Rage. Il avait vingt-trois ans. Il était devenu le meilleur guerrier que les Marcheurs aient connu. Et il était encore incroyablement séduisant. Même avec la cicatrice qui barrait son oeil gauche.
La cérémonie de mariage fut brève. Après que les liens nuptiaux aient entravés nos poignets ensembles (le droit pour moi et le gauche pour lui), et que le bracelet de l'Union ait été noué autour de mon poignet gauche et de son biceps gauche, la fête fut grandiose. A l'heure où la nuit était la plus noire, nous sommes parti nous retirer dans notre tente nuptiale. Là, j'ai connu ma première expérience sexuelle. On m'avait dit que je risquais d'avoir mal, mais Rage était tellement attentif à mes réactions, et beaucoup plus expérimenté que moi, que je ne sentis rien sinon un incroyable plaisir des sens.
Le lendemain, il partit à la défense de la frontière. Des spectres et autres créatures attaquaient par-delà les territoires inconnus. Je voulais y aller aussi, mais mon père m'en empêcha. Il me dit que j'avais un pèlerinage à faire avant. Il m'a remis un cristal, et j'ai été "envoyée" dans un endroit inconnu. Apparemment, c'était au-delà les terres inconnus d'après ce que m'avait dit mon père. Je devais trouver l'enfant Sacré, et je pourrais revenir parmi les miens car cet enfant me révélerais le moyen de contacter les dieux absents.
J'ai erré longtemps. Et j'ai trouvé une âme amie. Un homme qui m'a aidé, je-ne-sais pourquoi, à réussir ma quête. En trois ans, j'ai traversé Terra, et je l'ai trouvé, cet enfant sacré. Mais il n'était plus dans la grâce des dieux. Il avait sept ans, et en paraissait soixante-dix. Il était véreux, et corrompu. Il a failli me tuer, et sans la présence d'esprit de cet âme amie, je serais morte. Au lieu de ça, j'ai seulement été frappée d'amnésie.
La suite de mon périple, ce fut le trajet retour vers le territoire des Marcheurs. Je ne savais pas pourquoi, mais j'y étais attirée. J'ai rencontré de nombreux hommes qui sont, pour certains, devenus des amants. J'ai trouvé du réconfort dans les bras des inconnus. J'ai traversé les terres inconnues, perpétuellement dans le brouillard, et je suis arrivée au Lac Grael. Tout était dévasté. Il n'y avait plus que des squelettes dont les os avaient été blanchis par le temps et par un mal inconnu. J'ai avancé encore, et je suis arrivée au Mont de la Fleur. Perpétuellement en hiver, le mont était inhospitalier. Mais j'ai grimpé, et j'ai fini par atteindre le temple des Dieux.
Et me voici à présent. J'ai vingt-deux ans, et je suis plongée dans le bain de la Mémoire. J'ignore ce qui est arrivé à mon peuple, et j'ignore même si Rage est encore en vie. Quoi qu'il en soit, je sais comment quitter le territoire des Marcheurs, mais je vais profiter d'un peu de repos pour le moment, j'en ai bien besoin... Et je m'assoupis sur le bord du bassin, en observant le bracelet de l'Union autour de mon poignet.
Nom / Prénom / Surnom : Étincelle.
Âge : 22 ans.
Sexe : Féminin.
Race : Créature.
Orientation Sexuelle : Hétérosexuelle.
Situation de départ : Mariée (ou veuve), et expérimentée.
