«
C’est... C’est tout ce que nous avons pu ramener, Maîtresse... »
Nerveux, l’homme était agenouillé sur le sol, observant, avec une certaine inquiétude, les deux monstres qui, assis de part et d’autre du trône, l’observaient en grondant, leurs intenses yeux jaunes le fixant comme un délicieux plat à dévorer. La main de la Reine des Lames, violette, recouverte de chitine, frotta la tête d’un des monstres, qui poussa un nouveau grognement, remuant légèrement ses dents tranchantes et aiguisées. Jambes croisées, la femme calmait ses
Zergling, ses animaux de compagnie, qui, sentant l’irritation de leur Reine, voulaient dévorer l’insolent. L’homme était aussi terrifié qu’excité par sa proximité avec la Reine des Lames. Il avait une érection en observant le corps magnifique de la femme, mais, pour autant, il savait qu’il risquait de se faire tuer. Il n’avait rien ramené, et la Reine des Lames savait que les autorités &étaient au courant des disparitions. Lui et son groupe n’avaient pas été très prudents, et il n’aurait probablement pas le droit d’être transcendé, de devenir, comme Max avant lui.
Cet homme faisait partie des déshérités de la société. Il était le fils non désiré d’une union entre deux Tekhanes qui n’avaient pas eu les moyens de demander une intervention chirurgicale pour modifier le sexe de leur fœtus. Il avait été abandonné à la naissance dans l’un des orphelinats publics des banlieues de Tekhos Metropolis, le seul endroit où on accueillit les mâles sans parents. Il avait grandi dans la rue, sous la discrimination constante des Tekhanes, sous l’indifférence absolue des policiers, à vivre au sein des gangs, des groupes criminels, comme esclave. Il ne se faisait aucune illusion sur ses chances d’insertion sociale, et il n’avait pas les moyens de partir à Nexus. Soit il finirait tué dans un caniveau, soit enfermé à Eternum, soit utilisé comme cobaye par des groupes pharmaceutiques. Aussi, quand les Agents de la Reine étaient venus dans les bas-fonds, l’homme avait accepté de les suivre. Il y avait pas mal d’individus venant des Caligulas, tandis que lui venait d’une autre banlieue, Maurepas. Les Agents étaient reconnaissables à leurs costumes élégants et leurs lunettes de soleil, qui masquaient des yeux verts brillants. Ils parlaient de manière rocailleuse, et étaient des agents surhumains, améliorés par la Reine.
La Reine, Sarah Kerrigan, avait fondé, comme sur Terre, une secte dans les entrailles de Tekhos Métropolis, au nez et à la barbe de ses adversaires, afin de pouvoir mieux les espionner. Une offensive formienne massive était prévue, et elle comptait s’y impliquer, afin d‘augmenter son influence au sein de la Horde. Pour ça, elle voulait se renseigner, et, si possible, essayer de déstabiliser les Tekhanes en trouvant un moyen d’agir dans leur ville. Grâce à un ver de Nydus, Sarah avait réussi à atteindre les égouts, où elle avait pu, en compagnie de quelques-uns de ses bébés, trouver un petit nid. Elle ne disposait que de quelques Formiens, et avait du se déplacer en personne pour aller chercher des mâles, et les transformer en zombies, afin qu’ils la servent fidèlement, et lui rapportent d’autres hommes, qui capturaient ensuite des individus, essentiellement des femmes. Une secte occulte était ainsi née, mais Sarah avait appris que la police menait une enquête. Visiblement, des travailleurs municipaux avaient disparu, et la police soupçonnait quelque chose. Ceci troublait la Reine, car elle savait que les autorités ne tarderaient pas à déceler des spores formiennes, et enverraient des soldats.
Elle s’occupait donc de corriger ceux qui avaient échoué, et se tenait, pour cela, dans son nid, où elle avait convoqué cette raclure se prosternant à ses pieds, terrorisé. Il aurait du lui amener de nouvelles proies à enfanter, mais il était revenu bredouille, se justifiant mollement.
«
Des... Des militaires, ma Reine... Une escouade spéciale, la police... Les Tekhanes se doutent de quelque chose, et je... J’ai failli me faire capturer... »
La Reine fronça légèrement les sourcils en réfléchissant. Une escouade spéciale ? Elle n’avait pas les moyens de se battre contre des Tekhanes surentraînées... Du moins, en impliquant ses Formiens. Elle n’avait même pas de Chasseurs xénomorphes sous la main, rien de plus que des Zergling et quelques
Hydralisk, des créatures qui pouvaient cracher des salves d’acide en rampant comme des serpents. Un combat impliquerait donc nécessairement son intervention.
«
Tu as vu des militaires ? demanda Sarah en remuant un peu sur son trône.
-
Oui, ma... Ma Reine... Quatre femmes se sont aventurées dans les égouts, et... Elles se rendront probablement dans le secteur... »
Elles devaient probablement avoir un équipement de pointe, avec des détecteurs de mouvement, des capteurs thermiques, de quoi remonter jusqu’à son « nid ». Un nid très particulier d’ailleurs, car Sarah n’avait aucun œuf. Elle n’était pas venue pour pondre, n’ayant pas suffisamment de ressources pour le faire, et comptait surtout sur les viols qui avaient lieu sur les femmes capturées, enfermées dans les parties inférieures de son repaire.
Sarah se terrait dans une vieille station hydraulique, qui avait jadis eu pour rôle de purifier l’eau pour la recycler. La station était abandonnée depuis des années, et les femmes étaient enfermées dans des pièces accessibles à partir du repaire de Sarah. Elle se trouvait dans une grotte, proche du centre hydraulique, accessible par une galerie qu’elle avait taillé avec l’aide de ses Formiens. La Reine des Lames réfléchissait silencieusement, et finit par se relever, lentement. Ses épines dans son dos se déplièrent lentement, et elle se rapprocha de l’homme, qui baissa respectueusement le sol.
«
Si j’ai des invitées, il me semble naturel d’aller les accueillir... »
Elle se baissa vers l’homme, et tendit ses mains, venant tendrement caresser ses joues. Surpris, l’homme sursauta, et releva sa tête.
«
Tu vas aller voir ces femmes, et tu vas les conduire ici... Elles doivent probablement être proches, maintenant. »
L’homme hocha la tête, et se mit à courir. En réalité, Sarah avait creusé plusieurs tunnels, et il y avait d’ailleurs un système de grottes souterraines avec des embranchements. Elle ne voulait pas jouer au chat et à la souris, car elle n’avait pas assez de créatures pour s’occuper de ces femmes. Elle allait donc devoir s’en occuper en personne. Un peu d’action ne lui ferait pas de mal.
L’homme, de son côté, cherchait un bon mensonge en courant, et en eut rapidement un en tête. Lorsqu’il tomba sur les femmes, il fit semblant de trébucher, avant de leur dire qu’il s’était évadé de l’antre de la «
créature », qu’il avait peur, qu’il avait envie de pleurer, qu’il jurait n’avoir rien fait de mal. À force de vivre dans la rue et d’apprendre à mentir aux policières qui cherchaient tout le temps à le racketter ou à l’envoyer au trou, le lascar savait y faire