Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Une transition entre deux mondes, est-ce possible mon Père? [PV Père Yves]

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Adelyn Crawford

Humain(e)

* Au sein de la ville-Etat de Nexus, il était plutôt aisé de se perdre.  La cité était vaste, majestueuse, faisant un avec le paysage. C'était ce qui se faisait de plus civilisé en matière humaine, ou du moins parmi les endroits qu'avaient visités Adelyn. Elle était originaire d'une noblesse de campagne, riche mais rurale. Rien à voir avec Nexus donc...

Notre petiote se baladait parmi le petit peuple, déguisée en vagabonde, balluchon à la main. Elle était toujours recherchée par la garde de Grandchester et se vêtir de robes prestigieuses n'était pas conseillé dans la situation où elle se trouvait. Alors, même si elle avait avec elle sa magnifique robe blanche, la rouquine préférait porter une robe de paysanne rugueuse, mignonne mais incomparable face à la haute couture réservée à l'aristocratie. Mais elle ne pouvait pas faire la difficile. C'était soit ça, soit une mort lente et douloureuse car si le Lord auquel elle était promise mettait la main sur elle, après le châtiment que Cahir lui avait infligé, il était presque certains qu'il n'aurait plus qu'une envie: la tuer.

Quoiqu'il en soit, elle s'était retrouvée à Nexus pour une tout autre raison et s'apprêtait à présent à partir de la ville. En effet, elle avait retrouvé la personne qu'elle cherchait et pour sa propre sécurité, il était préférable de ne plus s'aventurer trop longtemps dans la foule remplie de soldats et de mercenaires à la botte d'Eric. La belle enfant ne connaissait pas vraiment tous les recoins de la métropole et c'est ainsi qu'en prenant une ruelle à droite, en traversant diverses routes et en continuant à déambuler sans trop suivre les indications sur les pancartes, notre délicieuse jeune fille se retrouva dans des allées inconnues, plutôt coupe-gorges. Il était normal qu'elle s'inquiète mais heureusement, une sorte de petit bois se dessinait non loin d'elle. Etrange... Depuis quand il y avait un petit bois dans Nexus?

Qu'importe, c'était ça ou bien continuer à marcher dans cet havre mal famé. La décision fut assez simple et sans attendre, notre demoiselle s'engouffra dans la végétation.

A plusieurs reprises, notre lady s'était retrouvée parmi la nature et à vrai dire, elle s'y sentait bien plus en sécurité que dans des villages ou mêmes des villes. Il y avait bien des brigands mais à présent, elle était bien plus vigilantes et arrivait à les éviter. Il était par contre plus dur de semer des gardes. Ce qui expliquait qu'elle appréciait être au beau milieu de nature. Elle s'y sentait plus libre, pouvait y être elle-même. Notre protagoniste gardait toujours avec elle sa boite à musique, écoutant souvent la douce mélodie qui s'en échappait, une gourde qu'elle remplissait autant que possible ainsi que du pain et de la charcuterie. Elle dépensait aussi peu que possible sa bourse remplie de pièces d'or. Pour ce fait, elle avait déjà fait quelques petits travaux pour subvenir à ses besoins. Cette vie de vagabondage n'était pas la plus belle, mais au moins, c'était elle qui avait choisi sa destinée!

Au fur et à mesure qu'elle marchait dans ce bois, Adelyn se rendit compte qu'elle ne connaissait pas cette végétation mais surtout, qu'elle s'était à nouveau égarée! Et ça, ce n'était franchement pas responsable car si dans une ville, il était assez facile de trouver à boire, dans une forêt, ça l'était beaucoup moins! Elle se retourna pour voir si elle voyait des habitations, celle de Nexus plus précisément mais étrangement... Il n'y avait plus rien!

Notre jolie donzelle commença à s'inquiéter, ne sachant absolument pas dans quoi elle s'était embarquée. Ses prunelles bleutées se mirent en alerte, cherchant du regard quelque chose qui pourrait l'aider. C'est ainsi qu'elle vit à quelques pas d'elle un tout petit ruisseau! Il devait bien mener quelques pars... Elle se dirigea donc vers la petite source, la longeant tout en chantonnant doucement. Son stress s'était envolé à la vue de ce ruisseau et puis, elle avait du temps! La matinée venait tout juste de commencer alors bon, elle pourrait toujours se diriger grâce au soleil. Il devait être 9 heures, tout au plus...

C'était tout de même étrange cette végétation. Jamais elle n'avait vu ces espèces d'arbres. Et pourtant, Dieu sait à quel point elle avait voyagé ces jours-ci! Ils n'étaient pas très hauts par contre. Enfin soit, ce n'étaient que des arbres après tout...

Après sa petite promenade, le ruisseau ne l'amenait toujours pas vers la grande cité. Notre rouquine commençait à avoir faim et du coup, s'arrêta au bord de l'eau, s'asseyant au sol et pris quelques miches de pains. Elle se mit également à actionner sa boite à musique. Aaaah… Cet air si mélodieux, cet air qui représentait tant pour la comtesse déchue. C’était certainement son bien le plus précieux car grâce à lui, elle pouvait rêver ! S’imaginer en train de danser, sans à n’avoir jamais à s’arrêter ! Elle aimait tant danser… Sentir son corps se mouvoir, se libérer de tous les fléaux de l’existence. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle se relève et se mette à s’agiter, laissant les pas lui faire oublier tous ses soucis. Valsant solitairement, elle ferma les yeux afin de sentir sa peau caresser l’air voluptueusement, au rythme de sa boite à musique…*

Pere_Yves

Humain(e)

Quand le temps s'offre à moi, j'aime à repenser à toutes ces années passées. Ai-je bien fait de choisir cette voie ? Etait-ce un bon motif de fuir un amour déçu pour s'engager sur le chemin de la religion ? Où serais-je aujourd'hui, si j'avais pris d'autres décisions ? Peut-être serais-je mari et père, intégré dans cette société. Une maison et un travail, une épouse et ds enfants, le bonheur selon ceux qui viennent aux messes. Oui, mais mon bonheur à moi, quel est-il ? D'avoir passé toutes ces années à parcourir l'Afrique, d'y avoir rencontré tant de personnes merveilleuses ? Ou peut-être aussi de profiter de lycéennes peu farouches au sein de Mishima, et d'avoir, en un peu lus d'un an, rattrapé une partie de mon abstinence sexuelle ?
J'avoue que cette deuxième réponse me convient ; certes, elle est aux antipodes de certains de mes veux, mais, tant que Dieu l'accepte, je n'y renoncerai pas. Je me sens en paix avec mon âme, je prie souvent pour expier mes péchés, mais je suis toujours aussi faillible devant la chair. Pourtant, il me manque quelque chose car, entre les nombreuses lycéennes tout juste écloses à leurs dix-huit printemps, et les vieilles grenouilles de bénitier défraîchies de n'avoir été que peu ou pas honorées, je n'ai jamais goûté au plaisir charnel d'une femme à la vingtaine resplendissante ou à la trentaine épanouie.
Pensées vagabondes et rêves insistants, qui accompagnent mes pas, alors que je me promène tôt en cette matinée de dimanche, où Seikusu ne s'est pas encore éveillée. Il y avait une fête hier soir, je ne sais plus laquelle, et les habitants doivent sans doute récupérer de leur nuit agitée. C'est pour cela que j'ai annulé la messe du matin, car l'église aurait été clairsemée de quelques rares bigotes, et je ne suis pas disposé à entendre de nouvelles jérémiades, ou à affronter la lubricité de la vieille Tallembrand, qui n'a qu'à s'occuper de son mari. Mais bon, comme c'est une généreuse donatrice, il faut savoir lui accorder parfois quelque menue compensation.
Allez, au Diable ces vieilles peaux, goûtons donc au silence du parc, fuyons loin des joggeurs et autres sportifs, enfonçons-nous pour écouter le chant des oiseaux, retrouvons cette solitude qui aide l'esprit à se ressourcer. J'aime laisser le parc et ses allées trop impeccables, pour retourner communier avec la nature. Je suis même certain de connaître des endroits où les plus anciens habitants de Seikusu n'ont jamais mis les pieds ; sinon, il se serait trouvé, depuis longtemps, quelque investisseur peu scrupuleux pour transformer ça en un quelconque parc de loisirs.
C'est par hasard que j'ai ainsi découvert un ruisseau qui serpente dans la forêt, un fait très rare près d'une ville qui aseptise tout ce qu'elle approche, un secret que je garde jalousement. Ni pêcheurs ni promeneurs, je n'y ai jamais vu âme qui vive. J'aime à m'y arrêter, et mes rêves me mènent souvent à une ondine, sortant nue de l'eau, une femme à la silhouette nue et gracile, sans fards ni artifices, aux antipodes de ces lycéennes dont j'aime cependant les cris lorsque je les baise. Mais là, si je voyais une créature sortir de l'eau, je saurais avoir plus de tact, et ne pas me jeter sur elle tel un animal en rut, fus-je troublé par sa nudité.
C'est toujours au même endroit que me mènent mes pas, un endroit comme encore vierge, un peu comme celle que je rêve de voir sortir de l'eau, et dont je prendrais le pucelage au cœur de cet écrin naturel. A chaque fois, le même tapis, fait de mousse humide et de feuilles séchées, m'attend. Un lit végétal, où j'aimerais coucher celle que j'imagine. Je m'y assieds, attentif au moindre mouvement, au moindre bruit....

Adelyn Crawford

Humain(e)

* L'air était frais, était doux... Le temps du bruit et de l'agitation urbaine était révolu en cet endroit si particulier où résonnait la mélodie enchanteresse de la boite à musique d'Adelyn. Celle-ci était toujours en train de danser, se laissant porter par le vent ainsi que par cette délectable sensation qui l'envahissait de son plein gré: celle de la liberté. Tel un serpent, ses mouvements étaient fluides, habiles et gracieux. On pouvait presque sentir cette harmonie réciproque entre cette nature sauvage et la belle qui faisait tourner son jupon terreux et dont la chevelure enflammée réfléchissait les rayons du soleil en mille éclats. L'eau du ruisseau l'éclaboussait de temps à autre, lui arrachant des petits soupires qui s'échappaient candidement de ses lèvres. Le temps n'avait plus d'emprise, semblant se suspendre à cet instant merveilleux pour notre rêveuse dont tout devenait dérisoire.

Sous les feux des projecteurs naturels, elle s'embrasait et son rythme s'accélérait, jusqu'au moment où la douce sonorité de sa boite s'estompa, ne laissant plus qu'un silence d'or. Celui-ci était cependant accompagné de bien des sons, comme le crépitement des feuilles sous ses pieds, ou bien du bruit de l'eau s'écoulant dans son cours... N'était-ce pas l'une des choses les plus agréables en ce bas monde que la tranquillité d'un sous-bois en un beau matin? La comtesse en était persuadée!

Celle-ci s'abaissa pour se rafraichir, plongeant sa main dans l'onde pure. Qui aurait pu croire qu'un tel endroit se trouvait dans Nexus...?

Elle se sentait bien et fermait les yeux, pour ressentir plus intensément la profondeur de ce moment. Puis, tout à coup, la petiote entendit un grésillement venant en aval de la rivière. Elle s'immobilisa, déglutissant une seconde puis fixa son regard en direction de la source de sa crainte. C'était bien des pas qu'elle entendait mais, de qui? Un simple paysan? Un garde? Un bandit...? Elle n'en savait rien et préférait se cacher afin de voir qui donc s'avançait vers elle.

Sans attendre, elle se plaça derrière un arbre qui longeait le cours d'eau, se faisant aussi fine que possible! Son cœur battait et sa respiration s'était soudainement accélérée mais heureusement, notre jeune fille savait garder un minimum son calme. Enfin, elle aurait su si elle n'avait pas remarqué un détail quelque peu problématique: Elle avait laissé ses affaires sur le bord du ruisseau!

Ses mains devinrent moites et notre demoiselle commença à angoisser, sachant que de tels indices de sa présence pouvaient lui être fatals! Elle entama une prière, écoutant les pas se rapprocher lorsque soudain, plus rien.

La personne s'était arrêtée non loin d'elle apparemment. Avait-elle trouvé ses effets personnels? Adelyn l'ignorait mais s'aventura à observer discrètement l'individu qui avait interrompu son instant de détente. Quelle surprise lorsqu'elle vit un homme allongée sur un tapis d'herbes et de feuilles situé de l'autre côté de la rive. Il portait une soutane et ce simple petit détail permis à notre vagabonde d'émettre l'hypothèse qu'il s'agissait d'un homme de Dieu. Que faisait-il ici? Ce n'était pas vraiment un endroit où elle s'imaginait rencontré un curé de campagne. Apparemment, celui-ci n'avait pas vu les divers objets jonchant le sol. Une chance... Enfin, il n'avait pas l'air bien méchant!

Mais tout de même, notre jeune femme préférait rester vigilante, quitte à sembler parano. Si elle s'avançait doucement près de ses affaires, peut-être qu'il ne l'entendra pas et qu'elle pourrait repartir d'aussitôt. Ah moins qu'elle ne l'aborde pour retrouver son chemin vers Nexus? Il devait mieux connaitre ce petit bois qu'elle et surement pourrait-il la renseigner. Toutes ces hypothèses se basaient sur des espérances, ce qui faisait tanguer notre rouquine vers la voie de la discrétion. Elle était assez grande que pour se débrouiller après tout.

Alors, lentement, elle sortit de sa cachette, marchant avec la souplesse d'un félin. Un pas devant l'autre, elle se rapprochait de son objectif en serrant les dents, crispée à l'idée de se faire découvrir par l'énergumène. Cependant, au fur et à mesure qu'elle s'approchait du rebord du ruisseau, elle put mieux distinguer cet homme dont elle ne connaissait rien et qu'elle comptait fuir dès que possible. Il était assez élégant pour un homme d'Eglise et à vrai dire, elle s'attarda sur son doux visage. Il était bien plus âgé qu'elle, à n'en pas douter et pourtant, il semblait avoir préservé une jeunesse qui lui allait à merveille. Ni trop musclé, ni chétif, c'était un bel homme.

Notre belle rousse se rapprocha d'avantage du bord du ruisseau pour observer l'intrus et se fut une bien belle erreur. Le pan de sa robe s'accrocha malicieusement à une racine d'arbre ce qui fit paniquée notre protagoniste qui se mit à gigoter pour se tirer d'affaire, avant de maladroitement tomber... Dans l'eau. Vive la discrétion! Le cours d'eau n'était pas très profond mais suffisamment que pour bien mouiller notre miss catastrophe qui fut toute étourdie de cette gaucherie juvénile.

Les prunelles bleutées rivées vers le curé, elle restait sans voix face à son réveil. Elle n'osait plus bouger alors que sa robe s'enduisait d'eau, complètement perturbée. Comment devait-elle réagir? S'enfuir avant qu'il ne puisse engager la conversation...?*

Pere_Yves

Humain(e)

Mes pensées s’envolent volontiers. Avant que je n’embrasse les ordres, je rêvais souvent de Viviane, sortant de l’onde dans une longue et belle robe blanche. Combien de fois n’a-t-elle pas bercé mes rêveries d’adolescent ? Et me voilà, plus de trente ans plus tard, à me retrover au fil de l’eau sans jamais avoir rencontré la fée que je voulais épouser. Pourtant, elle n’est peut-être pas si loin ; il m’avait semblé entendre, avant même que je m’allonge sur ce lit de feuilles, une petite musique, un peu comme celle d’une boîte à musique, un peu comme des notes portées par le vent. Allons, Yves, même si tu aimes venir ici apaiser ton âme tourmentée, ne vas pas imaginer que Dieu t’y a mené à la rencontre de la fée de tes rêves. Tu te contenteras de trahir ton vœu de chasteté avec les lycéennes de Mishima. Pour être digne d’une grande dame telle que Viviane, il aurait au oins fallu que tu soies pur !
Allez, tu es au calme, laisse ton rêve courir un peu… Viviane, à moins qu’elle ne porte un autre prénom, je la verrais plutôt avec une belle et longue crinière rousse, des cheveux à la fois défaits par les courses folles dans les sous-bois et savamment rangés comme si elle venait juste de se coiffer. Et des yeux, des yeux magnifiques et envoûtants, des yeux d’un bleu azur où j’aimerais me perdre, des yeux qui me renverraient à l’infini mon image d’homme dans la force et le charme de la presque cinquantaine. Et elle aurait une longue et diaphane robe blanche, aérienne comme ses pas. Non, pas ça, ce serait trop voyant ! Tiens, peut-être se cacherait-elle sous une tenue de paysanne pour ne pas être reconnue… sauf de moi bien entendu. Et puis ce serait plus pratique dans cet enchevêtrement de branches et d’épines, sans le moins du monde masquer sa beauté. Peut-être est-ce le Paradis que Dieu me réserve pour ma fidélité jamais trahie… à part quelques lycéennes, c’est vrai, mais pas vraiment de ma faute. Hum, trouver enfin cette fée des bois, à la fois belle et sauvage.
Justement, il y a quelque chose qui me dérange. Un bruit, ça ressemble à des pas, mais ce n’est pas le pas lourd et bruyant des braconniers qu’il y aurait par ici. Ceux-là, paraît-il, braillent et pètent, et mieux vaut ne pas gêner leurs activités. Mais non, là ça ressemble au pas d’un animal, comme un félin, peut-être une jolie chatte égarée. Non, ça ne peut être cela ! Le rythme de ce pas est humain, humain mais léger. Une femme ? Là, Yves, tu dérailles, c’est encore Viviane qui te perturbe. Allez, dis juste un Avé, et tu retrouveras ta lucidité !
Ah oui ? Et ce grand bruit d’eau, à m’en envoyer même des gouttes ? C’est quoi ? Une chatte ? Une femme ? L’Avé s’interrompt après trois mots seulement, et j’ouvre les yeux, aussi surpris qu’inquiet. Mes longues années de missionnaire en Afrique m’ont appris à ne dormir que d’un œil et à m’éveiller toujours prêt à agir. Instinctivement, ma main droite parcourt le sol, à la recherche de quelque arme, et trouve aussitôt un morceau de bois ferme et gros.
Les yeux ouverts, vers la cause de mon réveil brutal, j’aperçois… Viviane ! Là, Yves, il va falloir que tu te reprennes. La fée de ton rêve ne vient pas de tomber d’un arbre jusque dans la rovière, presque à tes pieds. Soit tu as un peu forcé sur ce délicieux Bordeaux que tu as fait venir de France, soit tu es encore dans ton rêve. Pourtant, je me lève, gourdn en main ; je me rends compte que je dois avoir l’air menaçant ainsi car, malgré ma soutane, je vois comme de la peur dans les yeux de celle qui est vraiment dans la rivière. Ses yeux, justement, azurés comme dans mon rêve. C’est impossible ! Et sa robe, comme ayant trainé dans la terre, mais qui semble tant se gorger d’eau que, malgré son tissu rêche, elle en deviendrait presque transparent. Oh, Dieu, je veux bien être ainsi réveillé en sursaut, chaque jour de la Création ! Car cette vision mêle et même emmêle tout dans mon esprit, la fée Viviane, la beauté de celle que je vois, le jupon léger qui cache à peine et que je relèverais volontiers, mon sexe soudain dressé sous ma soutane. Allons, Yves, des manières, voyons ! Tu l’as promis… Je laisse alors tomber le gourdin improvisé, mais, en même temps, je songe que ce mot de gourdin pourrait s’appliquer à autre chose sous ma soutane.
Je ne sais si je rêves ou si je suis éveillé, mais j’avance vers cette apparition, tendant la main, prenant une voix la plus douce possible.
« Bonjour, que vous est-il arrivé ? »
Mais cette douceur ne doit pas suffire, car la jeune femme se recule. Du moins essaie-t-elle, car sa robe semble constituer une prison qui se remplit d’eau, et paraît même accrochée à quelque branche sur la rive.
« N’ayez pas peur, je vais vous sortir de là. »
Je me veux rassurant et, en cet instant, j’essaie d’oublier le tissu mouillé qui dessine de plus en plus les contours d’une belle poitrine et de longues jambes fuselées. Allez, Yves, essaie de ne pas la laisser se noyer ; tu penseras au reste plus tard. Ma soutane n’est pas chose aisée pour un sauvetage ! Je la déboutonne prestement, mais c’est plus que de la peur que je vois alors dans ces yeux si bleus. Non, elle n’a pas cru que j’allais la… ?
« Rassurez-vous, je l’ôte pour ne pas la mouiller ! »
Elle semble terrorisée par tout ce que je fais. Qu’est-ce qui l’a menée ici ? Elle a dû fuir quelque chose de terrible pour être ainsi. Dieu, aide-moi à la sauver et à la réconforter !
Pieds nus et pantalon relevé, l’air du sous-bois transperçant ma chemise de lin blanche, j’avance dans l’eau fraîche, sentant les arêtes de quelques cailloux sous la plante des pieds, essayant d’arborer mon plus tendre sourire et mon plus réconfortant regard, tendant la main vers cette inconnue. Viviane ou pas, on verra plus tard !

Adelyn Crawford

Humain(e)

* L'eau s'engouffrait de plus en plus dans ses vêtements mais Adelyn restait figée, complètement désarmée face à cette situation incongrue. L'homme qui l'avait surpris s'était rapidement relevé, réveillé par les éclaboussements et le bruit de sa chute, s'étant armé d'une branche... Sur quel genre d'individu était-elle tombée pour qu'il puisse la menacer avec un gourdin? Cela pouvait bien faire rire certaines personnes mais notre jolie demoiselle, elle, n'était pas très rassurée. En reculant, elle sentit que les pans de sa robe s'étaient accrochés à des racines sous-marines, l'empêchant de se mouvoir à sa guise.

La belle rousse restait la bouche entre-ouverte, ses prunelles d'opalines exprimant véritablement sa frayeur. Mais de quoi avait-elle si peur...? Que cet homme puisse lui faire payer son impertinence, celle de l'avoir sortie de ses rêveries ou bien qu'il puisse la connaitre sans qu'elle ne le sache et qu'il puisse la raccompagner jusque chez Grandchester. Il y avait de nombreux ordres religieux en collaboration avec le Lord alors, il se pouvait bien qu'ils puissent être mis au courant de sa fugue. Fallait-il encore qu'il puisse l'identifier!

Quoiqu'il en soit, l'homme d'église se rapprocha d'elle et se mit à lui parler. Sa voix était douce, mielleuse... Peut-être un peu trop pour convenir à la représentation que se faisait notre petiote d'un curé? Pourquoi une telle tendresse dans ce regard, un sourire aussi rassurant? Trop de petites attentions qui firent qu'elle se détourna de lui d'un revers de la main, se recroquevillant sur elle-même. Il ne semblait pas bien méchant, bien au contraire... Mais elle se méfiait de ceux qui étaient trop bons. Le monde n'est pas fait de bons samaritains et malgré la candeur de notre ancienne comtesse, celle-ci se méfiait à présent de tout et de rien. Elle se comportait comme un animal farouche, piégé dans une prison naturelle.

L'étranger se rapprocha de plus en plus, lui tendant une main bienveillante et lui proposant son aide. Son regard pétillant semblait la scruter, l'observer sans laisser une seule parcelle de sa peau sous sa vigilance. Elle voyait dans ses yeux un profond étonnement mais pas similaire au sien. Elle avait été effrayée, chamboulé en s'apercevant de la venue d'un trouble-fête dans son instant de torpeur... Lui par contre, semblait presque.... Heureux? Heureux de la rencontrer...? Mais pourquoi donc? Ne le gênait-elle donc pas?

Puis soudain, elle crut comprendre la raison d'une telle joie, d'un tel dévouement face à son prochain. Il était en train de se déshabiller. Q...Que comptait-il donc faire d'elle? A..Avait-il envie de la violer? Un homme de Dieu? Elle ne pouvait y croire et pourtant, il était bien en train de retirer sa soutane, laissant apercevoir une chemise fine de bonne qualité, à la blancheur éclatante! Il devait avoir de l'argent pour se permettre cela car des paysans n'auraient jamais assez de sous pour acheter un tel habit... Mais là n'était pas la question pour le moment.

Adelyn laissa échapper un petit cri de panique, attrapant avec une de ses mains immergé, une pierre qui tapissait le fond du ruisseau. Ce n'était pas grand-chose mais au moins, ça lui permettrait de prendre la fuite s'il était réellement mal attentionné! E..Elle ne se laissera pas faire. Elle n'avait pas échappé à toutes ces mésaventures pour être violer par un curé de campagne! Même si la peur lui entravait le ventre, elle se défendrait.

Mais avant qu'elle ne puisse intervenir, son interlocuteur s'arrêta, retirant ses chaussures et relevant son pantalon tout en la rassurant sur ses intentions. Il ne voulait juste pas tremper son habit... Notre rouquine avait un avis mitigé sur ce drôle de personnage. Le ruisseau n'était pas très profond alors, quel besoin avait-il de la secourir? De plus, le débit de l'eau n'était pas extrêmement rapide, juste assez que pour laisser dériver le jupon de sa robe. Et à cet instant, le temps semblait s'être interrompu, elle ne respirant presque plus. Q..Qui était-il? Q..Que lui voulait-il et pourquoi aller à son "secours"?

Peut-être était-elle encore trop naïve, pas assez lucide mais... Les manières de cet homme mystérieux lui plaisaient. Elle avait l'envie d'ôter sa vigilance mais était-ce bien prudent? Il s'était engouffré dans l'eau, marchant doucement vers elle en gardant cette sérénité particulière. La jolie rousse avait le souffle court, toute perturbée par cette rencontre inattendue et des plus improbables dans un bois comme celui-ci. Un prêtre et une comtesse déchue... Enfin, il avait vraiment l'air d'être apparenté à un ordre mais maintenant, savoir lequel était plus ardu!

La bise venait caresser leurs chevelures, faisant danser les mèches rebelles de notre désirable demoiselle et faisant tanguer dans un océan de blés les cheveux soyeux de cet inconnu. Elle ne savait par quelle folie elle venait d'être foudroyée mais Adelyn éprouvait le besoin ainsi que le désir d'en savoir plus sur lui. Il lui indiquait la voie à emprunter, il ne fallait plus qu'elle saisisse sa main pour se sortir de l'onde furtive du cours d'eau. Et c'est ce qu'elle fit.

Sa petite main, frêle et fragile, attrapa celle de l'émissaire de Dieu, s'appuyant sur celle-ci pour se relever. Malheureusement, quelque chose la bloquait et elle dut forcer pour parvenir à se redresser sur ses deux guibolles, une idée pas très ingénieuse. Les branches tapissant le lit du ruisseau s'étaient entremêlées avec sa robe ce qui fit qu'une partie de celle-ci s'arracha, n'étant pas très résistante. C'est ainsi qu'elle se retrouva avec les jambes découvertes, le jupon s'étant déchiré à la hauteur de ses cuisses, juste au-dessus du genou.*

"Oh mince!"

*Par reflexe, la belle s'abaissa, tentant de libérer le tissu emprisonné mais en vain. Elle aurait pu demander à la raccommoder, n'ayant aucune notion de couture. Oui, elle avait appris bien des choses mais la couture avait toujours été sa bête noire... Elle était aussi habile avec une aiguille qu'un chien peut être délicat avec une poupée de porcelaine.

Quoiqu'il fut, s'était trop tard pour sa robe... Alors, elle se releva, complétement mouillée. Bon, heureusement, le soleil était radieux et elle ne le restait pas longtemps mais... Ce n'était pas vraiment la tenue qu'elle s'était imaginée pour une première rencontre avec quelqu'un cependant, elle avait déjà connu pire!

Ses brillantes petites prunelles se plongèrent dans le regard somptueux de son interlocuteur, tant et si bien qu’elle resta un instant immobile, noyée dans la profondeur de ses yeux… Elle était plus petite que cet homme qui semblait plus âgé qu’elle, plus mûr, plus… Sage ? Elle ne pouvait le certifier même si ça semblait être une évidence.

Alors, un peu déroutée, la jolie rousse se mit à lui adresser la parole pour la première fois, d’une voix douce mais légèrement embarrassée, le timbre vibrant tendrement.*

« J..Je suis vraiment confuse… J.. Je ne voulais pas vous déranger dans vos activités. Je voulais partir mais ma robe m’a entrainé dans le ruisseau et.. Je suis tombée. Excusez-moi… J..Je ne vais pas vous prendre d’avantage de temps que celui que je vous ai déjà ôté. »

*Notre délicate fleure avait peur de déranger… Et même si elle avait vraiment envie d’en savoir plus sur cet homme, elle ne pouvait pas se permettre de s’accaparer son attention alors qu’il avait déjà pris la peine de l’aider. Oh mince ! Elle ne l’avait pas encore remercié ! Quelle andouille !

Adelyn commença à rougir et, prudemment, elle lui lança un sourire et émit d’une voix faiblarde.*

« M.. Merci de m’avoir aidé à me relever… Je vous en suis très reconnaissante messire. »

Pere_Yves

Humain(e)

Elle paraît si farouche, si inquiète, cette inconnue sortie de nulle part ! C’est la première fois que quelqu’un vient troubler ma quiétude en ce paradis sur Terre, et il faut que ce soit une jeune femme aux aguets. Car comment pourrait-il en être autrement, pour expliquer qu’elle se saisisse d’une pierre ? Même en ces endroits loin de la chrétienté, tout un chacun, ou presque, sait qu’un prêtre catholique doit être ministre de bonté, et, en aucun cas, se précipiter sur quelque demoiselle égarée. Ne parlons pas des lycéennes de Mishima ; non seulement je ne leur saute pas dessus, mais je ne fais rien sans leur assentiment.
Il y a quelque chose d’irréel dans ce que je vis là. Si je sais pourquoi je suis ici, et ce n’est que pour le louable motif de la solitude nécessaire au recueillement, je ne comprends toujours pas comment une femme d’une telle beauté peut se trouver ici, a fortiori dans une tenue fort éloignée des japonaises de son âge, que j’estime à une vingtaine à peine passée. Pourtant, je sais que court une légende sur un monde parallèle, avec des créatures aux oreilles de chat. Mais, sous la crinière flamboyante de cette sirène, ne semble pas se dessiner le plus petit de ces appendices. Alors, qui est-elle vraiment ?
D’ordinaire, hormis les vieilles bigotes qui viennent chaque jour à l’église raconter leurs misères, j’avoue que je suis très porté sur le gent féminine, depuis mon arrivée à Seikusu, et que je me complais souvent à imaginer quelque inconnue ou quelque élève dans une situation que mon vœu de chasteté réprouve. Mais là, point de cela, même si sa robe, de plus en plus mouillée, finit par ne plus avoir toute la pudeur requise. Mais c’est assurément à son grand dam, et il émane d’elle une telle classe que je ne saurais la croire capable d’une telle provocation.
Une classe et une douceur, angéliques dirais-je sans offenser Dieu, qui m’apparaissent plus encore, lorsqu’elle me tend enfin sa main, chétive et tremblante, pour que je l’aide à enfin sortir de ce piège. Une toute fine main, où l’on devine des soins attentifs, peut-être pas récents, mais qu’il y eut autrefois. Elle a, en elle, un passé noble, mais il ne transparaît plus en ce moment. Quelle est donc l’histoire de cette femme, comme égarée ici ? Et, même si la charité chrétienne m’invite à aider mon prochain, ne suis-je pas en train de mettre le doigt dans quelque piège trop bien dissimulé ?
« Oh, mince ! », même sa voix est d’ailleurs, irréelle elle aussi ; ç’aurait pu être la Viviane de mon rêve, mais Viviane se serait extirpée de ce piège de branches sans effort ni dégât. J’avoue néanmoins que sa robe, dont un pan se déchira malgré elle, m’offre ainsi la jolie vision de ses jambes dénudées, et même d’une cuisse au galbe parfait. Oui, il n’y a pas à dire, cette inconnue est aussi parfaite… que pourrait l’être une créature de Satan envoyée pour me corrompre ! Et pourtant, trempée malgré elle, soutenant mon regard par ses yeux perçants à la limite du défi, elle ne peut receler en elle la moindre once de méchanceté ou de destruction.
« (…) Je ne voulais pas vous déranger. (…) Je ne vais pas vous prendre davantage de temps (…) ». Quelle politesse insolite, quelle courtoisie et quelle élégance, quel savoir-vivre qui me confirme ce que je pressentais, à savoir que cette inconnue égarée eut quelque lien de haut rang dans les années passées. Peut-être que, si elle ne s'enfuit pas aussi soudainement qu'elle est apparue, en saurai-je davantage. Et j'en ai envie, pour des raisons que j'ignore, peut-être juste parce qu'elle semble si « autre » et que cela lui donne un charme à nul autre pareil... à moins que ce ne soit le souvenir de Viviane qui hante encore mon raisonnement.
« Ne partez pas, je vous en prie. J'aime venir ici pour méditer sur la folie du monde qui nous entoure, et retrouver la sérénité indispensable pour exercer mon ministère. Et vous êtes la première qui arrive en ce lieu, pourtant éloigné de toute animation. », je ne veux pas qu'elle parte, j'ai face à moi une femme qui ne me rappelle ni les discours insipides des vieilles bigotes ni les provocations sexuelles des lycéennes de Mishima, j'ai l'impression d'être enfin face à une femme comme celles que je connus en Europe, pas intimement bien sûr mais simplement par l'entremise de mon mandat religieux.
Ce que je ne comprends pas, c'est qu'elle m'appelle « messire ». Il y a des siècles que ce mot est tombé aux oubliettes, et il n'a jamais désigné un homme de foi. Entre le monde parallèle avec des créatures aux oreilles de chat, et une moitié folle soit tombée des siècles passés soit enfuie de quelque asile local, il me faut trancher. Pour le moment, allons dans son sens, et je verrai ensuite.
« Voyons, c'est la plus élémentaire des courtoisies ; vous étiez en difficulté, et je n'ai quasiment rien fait. Il faut dire que votre tenue n'est pas, sauf votre respect, la plus adaptée pour venir en ces bois. Serais-je indiscret de vous demander ce qui vous a amenée ici ? »

Adelyn Crawford

Humain(e)

* Adelyn écoutait cet homme d'un air distrait, troublée par une chose bien futile mais qui, cependant, entravait son attention plus qu'il n'en était permis. Sa main gracile restait sous l'emprise de celle de cet inconnu, un contact qui émoustillait la belle plus que d'ordinaire et qui l'empêchait d'émettre des pensées cohérentes. Elle ne sut s'empêcher de rougir, décidément troublée par la présence de cet émissaire.

Notre délicate rouquine eut l'envie de partir, de ne plus être sous la joute de celui qui l'avait extirpé de l'eau mais tout ne se passa pas comme prévu. Elle connaissait les disciples des Ordres Religieux et la plupart se seraient indignés qu'une vagabonde puisse les sortir de leur méditation, perturbant leur assomption vers la volupté divine. Son interlocuteur, lui, ne fut pas de ces gens-là et lui pria même de rester à instant à ses côtés, visiblement intrigué par la présence de notre belle demoiselle. Etait-ce bien sensé que de trainer dans ces sous-bois proche de Nexus alors qu'elle était recherchée? Elle n'avait pas marché bien longtemps et des gardes devaient surement patrouiller dans les environs. Si elle devait écouter la voie de la raison, la comtesse déchue se serait éloignée poliment, indifférente à ce qu'il pouvait bien lui dire. Malheureusement, elle était curieuse et la singularité de cette personne attisait chez elle de nombreux questionnements. De plus, il ne paraissait pas bien méchant alors, serait-ce un crime que de s'attarder quelques instants?

La petiote écouta donc son cœur et se permit de prolonger la discussion. Cet homme était étrange et elle avait envie de résoudre l'énigme qui parcourait ses réflexions, à savoir, qui pouvait-il bien être! C'était diamétralement opposée aux mesures de conduites qu'elle s'était donné mais après tout, une entrave à la règle serait-il vraiment dangereux, pour une fois?

La jeune femme se redressa, la robe lui moulant le corps avec une grâce insolente, alors qu'elle ne cherchait qu'à fuir le ruisseau. Il était trop tard pour revenir en arrière de toute manière. Avant de répondre à son interlocuteur, la lady se dirigea vers la rive, sortant de l'eau pour pouvoir enfin engager une conversation dans des conditions normales!

D'un geste, elle glissa l'une de ses mèches rousse derrière son oreille, quelque peu échevelé par sa chute. On pouvait presque croire qu'il s'agissait d'une sauvageonne mais la blancheur et la pureté de son épiderme n'allait pas dans ce sens. Une peau de bébé n'aurait pas été plus lisse! C'est qu'elle avait tout de même vécu dans des modalités de vie exemplaires, ce qui pouvait expliquer qu'elle était loin d'être semblable à une paysanne labourant la terre.

La belle continuait à écouter l'inconnu qui se permis de dire qu'elle n'avait pas une tenue appropriée au terrain, ce qui était vrai. Cela ne l'offusqua aucunement mais, en même temps, Adelyn n'avait jamais eu l'intention de mettre un pantalon. C'était bien pratiquement mais de un, une femme avec un pantalon attirait toujours plus le regard des hommes (ce n'est après tout pas un habit convenable pour une Dame) et de deux.... Elle n'en avait jamais mis. Depuis son plus jeune âge, la lady avait été habituée à porter des robes et jamais, dans son petit esprit, cela devait changer...

Mais alors qu'elle s'était plongée dans quelques réflexions, une nouvelle fois, l'étranger lui demanda sans l'ombre d'une hésitation ce qui l'avait amené dans ses lieux... La rouquine n'aimait pas mentir mais bon, dire qu'elle fuyait des gardes sans rien connaitre de son interlocuteur, pouvait être risqué... Elle se permettrait de ne pas dire l'entière vérité et cela pouvait presque se voir dans ses prunelles qu'elle cachait quelque chose, tant elle n'était pas habitué à dissimuler une partie de ses intentions.*

" Vous avez tout de même eu l'amabilité de me porter secoure et je vous en suis grée. J...Je suis atterrie ici un peu par hasard à vrai dire... Je me trouvais à Nexus et j'ai vu dans une ruelle le début d'un sous-bois que je n'avais jamais aperçu auparavant et la curiosité à porter mes pas jusqu'ici."

*Elle n'avait pas précisé où se situait Nexus car, sur Terra, c'était l'une des cités les plus célèbres, si pas la plus célèbre! Tout le monde connaissait cette ville...

Adelyn rangea ses affaires, ne voulant pas attirer l'attention de cet homme sur sa bourse remplie de pièces d'or, ni même sur sa robe à la blancheur immaculée et au tissu de grande valeur. Elle tourna son visage vers les yeux du curé et continua à lui parler, sa voix fluette s'étant éprise d'une douceur sans pareille... *

" Je me nomme Adelyn, je suis enchantée de faire votre connaissance. "

* Un sourire se forma sur ses lèvres rosées et délicatement, elle s'inclina, faisant une légère révérence. On lui avait enseigné à montrer un profond respect envers les hommes appartenant à des ordres religieux, ceux-ci étant d'une importance capitale dans l'économie mais surtout afin de faire bonne impression auprès des émissaires des Dieux. *

" Vous m'avez appris que vous étiez ici pour trouver la sérénité nécessaire à votre ministère mais... A quel ordre appartenez-vous au juste? Je n'ai encore jamais vu un homme de foi habillé de la sorte."

* En effet, la jeune femme à la chevelure de flammes connaissait nombre d'ordres mais jamais elle n'avait vu une soutane aussi sobre et une croix aussi peu artistique. Priait-il le dogme d'un dieu païen?*

Pere_Yves

Humain(e)

Il se passe quelque chose que je ne saurais pas définir.
Sa main, tout d'abord, sa douce main que je tiens comme j'aurais aimé tenir la main de mon amoureuse si je n'avais pas été dans les ordres. Oui, Yves, tu y mets le plus profond et le plus sincère de toi-même, tu la tiens avec à la fois la délicatesse des sentiments et la force de la garder près de toi. Tiens, tu donnerais presque l'image de celui qui renoncerait à ses vœux religieux par amour d'une femme, plutôt que celui que tu es et qui culbute les lycéennes de Mishima sans le moindre scrupule.
Et ses yeux, ce miroir de l'âme dit-on, mais surtout ce miroir de ta propre âme. Tu n'arrives pas à t'en détacher, pas plus qu'elle ne baisse le regard. Si sa méfiance peut se comprendre ainsi, tu n'as pas de motif, toi. Ce qui est plus surprenant encore, c'est qu'ainsi tu ne prêtes aucune attention à sa robe qui, trempée par le ruisseau, se plaque à ses formes en ajoutant ainsi quelques transparences coquines qui, en d'autres circonstances, auraient provoqué de l'émoi dans ton caleçon. Oh certes, elle est ravissante, mais ravissante de charme respectueux.
Et ce charme se perd dans les mèches de sa crinière flamboyante, comme si, pour la première fois, un petit vent malicieux avait réussi à s'infiltrer dans ce sous-bois, et faire juste frissonner ces cheveux qui captent en même temps les rares rayons du soleil transperçant les feuillages denses. Alors, que dire de sa main qui, d'un geste noble et élégant, remet en place une mèche ? Oui, cette sauvageonne n'en est sans doute pas une, mais plutôt une femme de haut rang que des événements ont menée ici, et sur laquelle Dieu t'invite ainsi à veiller.
« (…) Je me trouvais à Nexus (...) », voilà donc d'où elle vient, une ville voisine avec un sous-bois également, sauf que...
« Nexus ? Je n'en ai jamais entendu parler. Et vous me dites que Nexus et Seikusu seraient donc reliées par un sous-bois. Certes, il n'y a qu'un peu plus d'un an que je suis ici, mais je pense que j'aurais dû en entendre parler. »
A la voir si aérienne, je dirais presque que Nexus est une cité du paradis, et que Dieu m'a envoyé un ange sous des traits humains. Et, à l'entendre, je ne puis qu'en être plus persuadé encore. Je ne me souviens pas avoir rencontré une telle douceur ici-bas, et je pense que je n'en rencontrerai plus jamais de pareille. Oh Dieu, c'est si irréel, comme si tu nous avais menés tous deux à l'origine même, comme si Adam et Eve se retrouvaient en nous dans leur pureté originelle. Allons, Yves, ne te laisse pas emporter par tes émotions, même si la vie te paraît soudain si simple !
D'ailleurs, Adelyn, fort joli prénom surtout prononcé par des lèvres aussi délicates, me ramène vite à une basse réalité. « A quel ordre appartenez-vous ? » a le mérite de me rappeler que ma tenue rappelle ma fonction, quoique « Je n'ai encore jamais vu un homme de foi habillé de la sorte » puisse faire penser le contraire. C'est vrai que, entre ma croix visible dans l'échancrure de ma chemise blanche, et mon pantalon retroussé au dessus des  chevilles, il y a de quoi être dubitatif !
« Eh bien, j'appartiens tout simplement à l'église catholique. » ; comme elle me semble d'origine européenne, cela ne devrait pas lui poser souci. « J'ai accepté cette mission au Japon, après plus de vingt années en Afrique. » ; là, visiblement, ça a l'air de l'interpeller, peut-être parce que je parle de mission. « Il y a des chrétiens ici, et j'assure la représentation du Saint-Siège » ; mieux vaut ne pas avouer que j'ai pris goût aux lycéennes de Mishima. « D'ailleurs, à Seikusu, j'ai remis en état une vielle bâtisse, qui est désormais une vraie église. » ; et je l'y inviterais volontiers, bien que j'apprécie pour le moment notre solitude partagée. « Voilà, en peu de mots, d'où je viens et qui je suis. » ; je ne veux pas rompre le charme, je dois veiller à chaque mot, à chaque geste même !

Adelyn Crawford

Humain(e)

*Au fur et à mesure que cet homme lui donnait moult informations sur sa personne, le visage d'Adelyn semblait se décomposer, complètement perdue par ses paroles insolites. Ses prunelles bleutées semblaient mitigées, cherchant dans sa mémoire des parcelles de souvenirs qui auraient pu l'aider mais rien n'y faisait. Elle ne comprenait rien à son charabia! Que ce soit "Eglise catholique", "Japon", "Afrique" ou "Seikusu", notre demoiselle ne connaissait aucune des choses dont il parlait. Mais ce qui était le plus étrange était certainement qu'il n'avait jamais entendu parler de Nexus. Elle qui comptait sur lui pour la ramener vers la citée, c’était râpé. Mais comment était-ce possible qu’il ne puisse pas connaitre un tel lieu, c’est insensé !

La douce petiote ne put s'empêcher de froncer les sourcils, montrant son désarroi face à ce qu'il lui disait, renforçant la brume qui entourait cet étranger. Lentement, une peur s'empressa de s'installer au plus profond d'elle, la crainte qu'elle soit tout simplement face à un aliéné. Pourtant, il semblait avoir toute sa tête et ne semblait pas être un comique alors... Qu'était-ce cette mauvaise blague? Pourquoi lui mentirait-il? Une seule explication était possible: C'est qu'il ne soit pas celui qu'il prétend être et qu'il tentait juste de la mettre en confiance afin de la manipuler. Pourquoi faire? Et bien... La ramener chez son mari? Peut-être était-il un psychopathe? Comment pourrait-elle le savoir après tout?

Notre jolie rouquine n'était plus très confiante et ne sut dissimuler le trouble qui la gagnait. Que devait-elle faire..? S'enfuir ou bien... Aller dans son sens? Prendre ses jambes à son cou était tentant mais assez absurde. Il la rattraperait facilement si tel était son choix. Non, il fallait qu'elle continue la discussion qu'elle avait entamé.*

" S..Seikusu vous dites...? "

*Sa voix était tremblante et elle se força à construire la conversation, malgré son trac qui lui prenait jusqu'aux trips.*

" J...Je ne connais point cet endroit. Est-ce votre village? En ce qui concerne Nexus, ça me déroute que vous n'en n'aillez jamais entendu parler... Il s'agit tout de même de la plus grande cité qu'il puisse exister et on en est relativement proche. Si votre village se trouve près d'ici, à n'en pas douter que le ravitaillement se fasse par Nexus."

*Une chose la perturbait également. L'homme d'Eglise n'avait toujours pas décliné son identité alors que c'était l'une des premières politesses. Elle l'avait bien fait pourtant, alors, était-ce juste un oubli de sa part ou bien était-ce volontaire? Fallait-il aussi qu'elle lui avoue qu'elle ne comprenait rien de ce qu'il lui disait..? Peut-être bien...

La belle enfant fut un instant éblouie par les rayons du soleil qui se faufilait entre le feuillage des arbres. Inconsciemment, elle se déplaça de sorte à ne plus être accommodée de la luminosité, se rapprochant inopinément du prête dont elle ne savait si elle pouvait s'y fier. Il allait faire très beau aujourd'hui et tant mieux! Cela lui permettrait de sécher ses vêtements plus rapidement.

Puis, timidement, notre protagoniste recroisa le délicieux regard de son interlocuteur et ne put s'empêcher de parler à nouveau, se trouvant fort à l'aise alors qu'il n'y avait rien qui lui permettait une telle désinvolture! Si elle avait bien suivi le raisonnement de cet homme, elle se trouverait au... Japon? Quelle drôle d'idée! Et cette "Eglise catholique", un ordre païen surement... Mais il se référence à quel dieu?  Bien des questions dont elle préférait connaitre les réponses au plus vite.*

" Je dois vous avouer que je n'ai jamais entendu parler du Japon ou de l'Afrique messire... Est-ce votre façon de nommer les régions de Terra? Je vous trouve vraiment... Particulier. Et si ce n'est trop demander, à qui ai-je l'honneur de m'adresser? Car si vous représentez cet ordre Catholique ou Chrétiens, je ne sais plus trop, cela ne me dit ni votre nom, ni même à quel dieu se réfère-t-il? Ma connaissance du panthéon est malheureusement limitée... Je ne connais que les principaux. "

* Un sourire délicat arborait ses fines lèvres qui tentaient de ne pas laisser percevoir l'inquiétude d'Adelyn. Celle-ci s'installa sur le sol, malgré sa robe humidifiée, et regardait le ruisseau s'écouler doucement, écoutant le son reposant de l'eau. La jeune femme se mit à soupirer puis, d'un regard nonchalant, tourna son visage vers l'étranger, quelque peu indécise. *

" Vous m'envoyez navré de ne pas connaitre Nexus... E...En fait.... Je me suis quelque peu égarée dans ce bois et je ne retrouve plus la voie vers la ville, ce pourquoi je suivais ce ruisseau, me disant qu'il m'y amènerait..."

Pere_Yves

Humain(e)

C'est vraiment comme si je vis un rêve éveillé. Certes, je ne puis oublier mes préceptes, mais j'ai tellement l'impression de voir Viviane, celle qui peuplait mes lectures d'adolescent, et qui, apparemment, est remontée d'un trait dans mon esprit. Car celle qui me tient compagnie, et quelle suave compagnie, a un regard perçant d'un bleu plus pur que l'azur, et aussi la chevelure rousse telle celle que les peintures et autres dessins attribuent à la fée Viviane. Essaie de garder ta lucidité, Yves, même si ces moments sont délicieux.
Cette douce inconnue est tantôt enjouée tantôt perplexe, et je lis sur son visage comme dans un livre ouvert. C'en est même inouï qu'une telle osmose se réalise entre deux êtres qui ne se connaissaient pas voici peu, comme si Dieu l'avait envoyée à ma rencontre. Une raison supplémentaire pour que je prenne soin d'elle, et que je ne fasse pas la moindre bourde qui déplairait au Seigneur. Elle en était presque amusante de considérer Seikusu comme un village.
« Mais Seikusu est la plus grande ville dans cette région ; je suis même sûr que les enfants de votre village, comment dites-vous, Nexus c'est ça, vont au Lycée Mishima, à Seikusu. »
Hélas, c'est davantage un dialogue de sourds qu'un échange constructif qui semble s'engager. Car à « ma » ville, elle répond par « sa » ville, comme si nous étions deux supporters de club sportifs différents, chacun vantant les capacités et les résultats de son favori. Cela m'interpelle de plus en plus ; à moins que, comme la fée Viviane, elle ne sorte d'un sommeil vieux de centaines d'années, ce qui expliquerait qu'elle ignore bien des évolutions, et en soit restée à je ne sais quel village ancien du temps où elle était déjà vivante. Oh Dieu, comment est-ce possible ? Et c'est à moi que tu confies la mission de tout lui expliquer... vu le flot de questions dont elle m'abreuve soudain.
J'ai envie de lui répondre oint par point, n'omettant aucun détail, lui proposant même des séances d'information privées où elle veut et quand elle veut. Et ce n'est pas ce léger mouvement qu'elle a fait, pour se rapprocher de moi, qui va me ramener à la raison. J'en suis même obligé de tourner la tête plus fort pour croiser son regard, mais c'est au point d'aussi sentir su souffle doux sur mon visage. Et, de près, elle est encore plus exquise, à me faire comprendre ce qu'est la beauté d'un ange.
Allez, Yves, cesse tes digressions, et réponds-lui, car il y a comme une sorte d'impatience dans son intonation !
« Eh bien, tout d'abord, et je vous prie d'accepter mes excuses de ne l'avoir point fait auparavant, je me présente ; je suis le Père Yves, prêtre de l'ordre des Franciscains, affecté comme je vous l'ai dit, à la paroisse de Seikusu. Et il n'y a qu'un Dieu, sans panthéon ni autre olympe, sur terre. D'ailleurs, pourquoi dites-vous Terra et non Terre comme tout le monde ? »
Je sens que ma réponse n'est pas celle qu'elle attendait, car ses yeux s'arrondissent encore, de surprise certes, mais aussi d'une sorte d'inquiétude que je dois vite combattre. Il ne faudrait pas qu'elle me prenne pour un fou dangereux, et disparaisse aussi vite qu'elle est apparue !
Mais la suite de ses mots m'a causé plus de désarroi encore, car je me sais incapable de la reconduire à ce village qu'elle me dit si grand. S'il suffisait de suivre ce ruisseau, ce serait trop simple. Pour ma part, à chaque fois que je suis venu ici, je ne me suis jamais posé la question, d'où partait et où aboutissait ce ruisseau. J'ai toujours vu l'onde paisible, mais j'avoue que ma visiteuse d'aujourd'hui est un délicieux événement. A ses côtés, je me dis même que, si je l'avais connue bien plus tôt, à l'âge qu'elle a aujourd'hui en fait, je ne serais jamais entré dans les ordres.
Une femme comme ça ne doit pas être laissée au loin. Avoir le privilège d'une telle épouse aurait été, pour moi, le début d'une vie de bonheur. Mais il n'en fut pas ainsi. Ce qui m'étonne, cependant, c'est qu'elle ne porte nulle alliance. Comment une telle beauté pourrait être seule... à moins qu'elle se soit vraiment enfuie de quelque asile ? Pourtant, ses mots sont trop raffinés, son élégance est trop parfaite, le doute n'est pas permis.
« Mais, sans être indiscret, que poursuiviez-vous, ou alors ou aviez vous vos esprits, quand vous avez quitté votre village, enfin votre ville comme vous dites, au point de n'en plus retrouver le chemin ? »
Il faut que je comprenne car, si j'aimerais que cet instant ne s'arrête jamais, j'aurais aussi besoin de savoir qui le partage avec moi, fut-elle envoyée telle un ange par Dieu.

Adelyn Crawford

Humain(e)

*Ses paroles étaient sincères, elle le voyait, le ressentait à travers sa voix sereine et ses prunelles qui la contemplèrent avec un ravissement dont elle ne connaissait l'origine. Ce prête mystérieux croyait réellement tout ce qu'il lui disait, comme si celui-ci était enfermé dans une illusion plus vraie que nature. Malheureusement pour lui, Adelyn savait que ce qu'elle racontait n'était non plus un tissu de mensonge et que si elle pouvait paraître troublée, peu sure d'elle, cela résultait du simple fait qu'elle avait le pressentiment que cette discussion n'en finirait jamais à moins de lui prouver la véracité de ses propos. Mais comment? Elle était perdue et dans leur situation, la petiote pouvait facilement ressembler à une folle à lier.

Il lui parlait encore de Seikusu, considérée selon lui comme l'une des villes les plus grandes de sa région. Oui... un beau dialogue de sourd. Cependant, cet étrange personnage lui indiqua également la présence d'un... Lycée? Qu'était-ce? Une institution? Encore une énigme à cette affaire qui la déroutait de plus en plus.

Par la suite, alors que notre jolie demoiselle s'interrogeait sur toutes ces choses, son interlocuteur se présenta enfin, s’excusant de la maladresse dont il avait fait preuve. Elle ne lui en voulait pas, ce n’était pas bien grave après tout mais disons que ça l’avait inquiété qu’il ne révèle pas de lui-même son identité, comme s’il avait l’intention de cacher quelque chose. Enfin soit, cette affaire était dès à présent close. Par ailleurs, il lui donna plus d’informations sur l’ordre dont il faisait parti et ce qu’elle entendit la choqua, littéralement. Un blasphème par rapport à tous les préceptes auxquelles elle était formée. Elle n’était pas contre l’originalité mais disons qu’un seul Dieu semblait tellement… Grotesque ! Une vision bien compliquée pour notre angélique donzelle qui trouvait ce système de monothéisme quelque peu autoritaire. Un être qui dirige l’ensemble du monde, ayant toute puissance et sans limite, n’était-ce pas dangereux ? Était-il bon ou mauvais ? Une variété de Dieu pouvait expliquer le dessein malheureux de certaines personnes mais le fait qu’il n’y ait qu’un Dieu rendait presque l’Univers… Humain. L’homme de foi pouvait certainement voir la stupeur qui s’imprégnait dans ses prunelles d’opaline en entendant pareil propos et la jeune femme n’était pas prête de sitôt à entrer dans un ordre aussi baroque ! Puis, à la dernière phrase qu’il eut émise, elle ne put s’empêcher de sourire, peut-être même de rigoler gentiment.*

" Et bien tout simplement car c’est le nom qu’on a donné à notre planète ! La terre n’est que l’humus sur lequel nous marchons alors que Terra désigne l’ensemble de la planète, qu’il s’agit des océans ou des continents. Enfin… J’ai presque l’impression d’être face à un être venu d’un autre cosmos… Vous m’interpelez, mon Père… "

*Cette conversation l’intriguait, que dire, la fascinait même ! Notre belle plante avait presque envie de l’accompagner à ce fameux village qui n’existait que dans son imagination car… Si elle était rêveuse, sa lucidité était encore bien préservée et jamais elle n’avait confondu songe et réalité ! Les comtes n’existaient malheureusement pas, la vie n’était jamais simple alors comment croire en l’existence d’un nouveau monde ? Surtout que cet homme, élégant et attentionné, semblait bien humain et de plus, elle n’avait jamais quitté Terra. Elle s’était simplement engouffrer dans une forêt particulière, aux arbres inconnus et sans passants mais il n’y avait pas de quoi en faire un plat ! Manquerait plus qu’on lui dise qu’elle ait passé un vortex entre deux mondes extrêmement semblables sans s’en rendre compte. Baliverne…

En fait, c’était bien simple, cette histoire commençait à l’amuser, tout simplement. Un large sourire arborait ses lèvres, jusqu’au moment où il lui demanda comment s’était-elle égarée aussi rapidement. Que dire… ? Devait-elle lui avouer la vérité ? Après tout, il lui livrait bien toutes informations concernant sa personne, elle pouvait bien faire cela aussi. Mais… Son histoire était trop compliquée et elle ne voulait pas paraitre plus folle qu’elle ne l’était. Adelyn n’aimait franchement pas mentir mais… Ce n’était pas le bon moment pour avouer qui était-elle vraiment. Peut-être pouvait-elle juste lui expliquer le pourquoi de son égarement sans rentrer dans les détails ?*

" E…Et bien… À vrai dire…. J.. Je me suis éloignée de Nexus car ils y a certaines personnes qui ne me veulent pas que du bien. J…Je ne peux pas tout vous dire mais… J’avais l’attention de me faire quelques peu oubliés. Oh mais attention ! Je n’ai commis aucun délit ! Soyez sans crainte ! "

*Son explication était assez incongrue, peut-être même avait-elle pu raviver le mystère qui tournait autour de sa personne mais la jolie rouquine attendait d’être plus en confiance que pour se livrer. Suffisamment de personnes l’avaient déçu pour qu’elle prenne ses gardes envers cet être impénétrable. Elle espérait qu’il ne veuille pas en savoir d’avantage pour le moment ou du moins, qu’il ne se fâche pas du silence dont faisait preuve notre farouche protagoniste. C’était déjà un exploit qu’elle puisse faire une conversation banale avec un inconnu, il ne fallait pas trop en demander pour le moment… Même si celui-ci était vraiment attachant. Notre lady ne savait pas dire pourquoi mais, cet homme dégageait une profonde sérénité, une douceur qui lui donnait envie de sourire, de se loger dans ses bras et d’entendre son cœur battre contre son épaule. Des sensations inexplicables qui ne laissaient pas indifférente la jeune femme qui gardait un regard brillant en lui parlant, encore et encore… Elle aurait pu continuer ainsi longtemps mais ce n’était pas raisonnable et surement devrait-il reprendre son service au sein du clergé. De plus, la faim s’installait… Son ventre ne put s’empêcher de timidement grogner, ce qui fit rougir la belle qui se mit à rigoler nerveusement. Par la suite, elle prit son balluchon, y sortant un bout de pain rassis, n’ayant rien d’autre à manger. Elle hésita à proposer ce festin bien frugale au prête, pour la bonne raison que ce n’était pas ce qui avait de plus ragoutant à manger, elle parlait en connaissance de cause. Cependant, elle ne put se permettre d’omettre de partager son bien maigre repas.*

" Vous… Vous en voulez un peu… ? Ce n’est pas grand-chose mais c’est assez bien pour remplir l’estomac. "

*Elle rougissait tant elle était gênée de montrer sa miche de pain, en prenant une bouchée les yeux rivées au sol. Elle préférait se dire que ce qu’elle consommait était une langoustine de premier choix, marinée à l’huile de truffes et accompagnée d’une salade garnie de tomates et de fromages. Cependant, le gout sec de sa pitance la ramenait sur Terra, se rendant à l’évidence que la vie de vagabonde n’avait pas tous les luxes de son passé. Mais c’était peu cher payer que pour ce qu’elle avait à gagner. Sa liberté valait bien ce misérable pique-nique.*

" Je serais tout de même curieuse de voir Seikusu… Mais bon, je suppose que ce n’est pas tout près et que vous avez bien d’autres activités à réaliser. Ce fut un plaisir de vous rencontrer mon Père, je ne vais pas vous déranger plus longtemps… Surtout que j’ai tout à apprendre de vous et que ça risque de prendre du temps."

*Elle souriait, ses perles rivées sur lui. Elle espérait au fond d’elle qu’il ne veuille pas qu’elle parte, qu’il tenterait d’en savoir plus sur elle…. Peut-être même qu’il lui proposerait de découvrir cette fameuse ville dont il parlait avec tant de convictions. Mais les leçons de la vie lui avaient apprises de ne pas trop en demander et de se contenter de ce que le moment-même avait à offrir.*

" Par contre…. Pourriez-vous m’indiquer le chemin d’un village à proximité afin de me ravitailler ? Je vous en demande beaucoup et j’en suis fort désolée… Comment puis-je me faire pardonner?"

Pere_Yves

Humain(e)

L’eau, le doux bercement de cette rivière, le calme environnant de la forêt, sont un cocon merveilleux où j’aime à me ressourcer. J’y ai ainsi passé des heures, des après-midis mêmes, rien qu’avec le chant des oiseaux pour me bercer. Ce calme m’a valu l’écriture de mes plus beaux sermons, et aussi de retrouver la foi quand le doute s’installait. Mais voilà que la première inconnue qui trouble ma quiétude remet en cause tous mes repères ; elle est aussi douce et prude que sont exubérantes et délurées les lycéennes de Seikusu, elle est aussi fraîche et innocente que sont provocantes et expérimentées ces mêmes lycéennes, elle vient dune ville qui m’est inconnue et vice-versa, ele me fait penser à la fée Viviane alors qu’elle ne doit même pas avoir la moitié de mon âge. Et, le comble, c’est qu’elle ose dire que la Terre, celle-là même où Dieu à fait naître la vie, s’appellerait en fait Terra. Un peu blasphématoire que de remettre en cause les Saintes Ecritures, et de dire que Dieu s’est fourvoyé ! Certes, elle corroborait les rumeurs que j’avais entendues quant à un ‘monde parallèle » ; et, si toutes les créatures en étaient aussi délicieuses, je l’accompagnerais volontiers à, comment dit-elle, Nexus je crois.
Mais une expression me stoppa net, « ne me veulent pas que du bien ». Suis-je en présence d’une criminelle, encore une qui jure n’avoir rien fait ? Mais comment pourrait-elle avoir commis un délit, elle qui a une silhouette si angélique et encore moulée par la robe un rien trempée ? Justement, Yves, n’est-ce pas le propre d’une succube que de prendre les traits les plus doux pour mieux pervertir un homme de foi ? Rentre dans son jeu, du moins pour le moment !
« Je ne demande qu’à vous croire ; et, si vous aviez commis quelque délit à Nexus, je puis vous dire que nul n’en a entendu parler à Seikusu. Et, si tant est que vous ayez commis quelque péché, mon ministère m’interdit de vous juger ou de vous livrer à la justice des hommes, car c’est la seule justice divine qui vous condamnera. »
Mais une bonne chrétienne, qui partage même un simple quignon de pain rassis avec son prochain, ne saurait être une bougresse. Elle ressemble bien plus à la biche apeurée qu’à la hyène chasseresse. Et ses yeux, oui ses yeux ; ce regard d’une pureté et d’une brillance que je n’avais jamais vues, ce regard qui me fait étrangement vibrer à chaque fois que je le croise, ce regard qui est presque une invite à rompre plus encore la distance qui nous sépare. C’est comme si, après avoir baisé –oui, car c’est le mot- des lycéennes plus soucieuses de leurs exploits sexuels et de jouir le plus fort possible, je me trouvais enfin face à une femme, oui une femme avec toute la tentation qu’elle suscite en moi, une femme que j’aurais plaisir à dévêtir et à caresser avec tant de délicatesse, une femme avec qui l’expression « faire l’amour » prendrait toute sa saveur.
Allez, Yves, tu rêves ou tu dérailles, peu importe mais la réalité est tout autre. Pourtant, entendre « curieuse de voir Seikusu » me fait soudain espérer je ne sais quoi de fou, avant que « je ne vais pas vous déranger plus longtemps » ne coupe aussitôt les pensées qui avaient aussitôt défilé dans mon esprit. Yves, ne la laisse pas s’enfuir ; si une femme, une seule, doit marquer ta vie avant que tu ne te présentes au jugement dernier, c’est elle. Oublie qu’elle ait pu t’être envoyée par Satan, n’y vois que son visage angélique et son corps élancé !
« Vous ne me dérangez pas, vous êtes le plus beau rayon de soleil qui me soit jamais apparu, depuis que je viens méditer en ces bois. ». Yves, te rends-tu compte que ce pourraient être les mots d’un jeune tourtereau qui déclare sa flamme à la femme de sa vie ? Il este à espérer que, dans son monde, les mots n’aient pas la même signification, et qu’elle ne s’en offusque pas.
« Comment puis-je me faire pardonner ? », c’est la phrase qu’elle n’aurait pas dû dire. La folie me gagne, l’envie de lui répondre « Simplement en demeurant à mes côtés, et en acceptant de devenir la femme de ma vie ». Yves ! Et tes vœux de te consacrer à ton Dieu dans la plus totale chasteté ? Et les lycéennes que tu baises et qui en demandent encore ? Réalises-tu ce que tu viens de penser ? Tu mettrais tout en l’air, les deux extrêmes en fait, rien que pour une inconnue, poursuivie pour des raisons que, finalement, tu ne connais pas ? Mes yeux brillent, elle ne peut l’ignorer. Mon pantalon dessine une étrange courbe, elle ne doit pas le remarquer.
Tendant la main, comme pour faire diversion, je m’empare alors de mon vieux sac à dos africain, resté sur la rive ; cette besace qui a tant vu de mes années, à la fois marquée de mes errances et de mes doutes, de mes rencontres et de mes fuites, est à nouveau là, dans un moment comme jamais je n'en connus. Et, l’ouvrant, j’en sors un beau morceau de baguette à la française, une petite bouteille de ce vin blanc liquoreux que je fais venir de France ainsi que deux gobelets, et un petit morceau de ce fromage à la pâte si crémeuse dont le nom m’échappe encore.
« Et si nous prenions le temps de nous reposer encore un peu au bord de l’eau, et de partager ce modeste repas ? Oh certes, ce n’est que la maigre pitance d’un curé du bout du monde, et elle pourrait vous paraître bien insipide. Mais elle est aussi un souvenir de mon lointain pays, et j’aime à y retrouver toutes ses senteurs. »
Peut-être en saurai-je ainsi davantage sur elle. Elle ne me paraît pas le moins dangereuse du monde, mais je ne sais si elle ne cache pas quelque couteau à trucider dans son baluchon, ni si ses complices ne sont pas tapis dans les buissons à attendre que je m’assoupisse. Parfois, je me dis que des prunelles telles que les siennes me rappellent les yeux de succubes que je vis dans mes cours de théologie. Mais qu’aurait à redouter un homme robuste comme moi, aguerri par des années en Afrique, d’une si faible femme ?
Alors, faisant une rapide prière pour que ce repas soit béni, et, je l’avoue, soit aussi le début d’une longue série, je l’y invite : « Chère soeu… Chère Adelyn, si vous me permettez de vous appeler ainsi, c’est de bon cœur que je vous invite. Prenez le temps de partager, prenez le temps de me parler de vous, et de votre village que je ne connais pas. Et, si vous le désirez, je vous ferai découvrir Seikusu. »
Yves, tu cherches toutes les excuses, tu baisses totalement ta garde, tu renonces à toute méfiance. Et, surtout, tu peux l’effrayer !
« Mais, je vous rassure, en tout bien tout honneur. Dieu m’a fait promettre de renoncer aux plaisirs de la chair, et il ne vous faut pas voir en moi un homme sans scrupules, désireux de vous mener dans un traquenard. »
Au moins, elle, d’où qu’elle vienne, ne peut qu’ignorer que j’ai rompu ce vœu depuis mon arrivée au Japon, et que nombre de lycéennes ont déjà crié de plaisir dans mon lit. Hum, je renoncerais volontiers à elles, toutes sans exception, pour…

Adelyn Crawford

Humain(e)

*Une légère brise vint caresser la chevelure flamboyante de notre belle enfant, qui resta un instant muette en contemplant de ses prunelles d’opalines l’homme qui la troublait, l’incitant à rester alors qu’elle savait indubitablement que leur chemin devrait se morceler sous peu. Il lui donnait confiance, laissant paisiblement le doute s’évanouir de son esprit… Adelyn avait l’impression de reprendre cette innocence, cette naïveté qui lui avait causé tant de torts. A ces côtés, sa méfiance disparaissait, son regard transpercé par celui de ce très cher Père Yves qui l’intriguait et qui, au fond, lui plaisait. Jamais à ce jour elle avait rencontré un homme aussi prévenant avec elle, si attentionné quand bien même il n’aurait rien en retour. Une générosité qui touchait la demoiselle qui ne savait trop comment agir face à une telle courtoisie. Il n’y avait pas d’ambiguïté sur le fait qu’il était certainement issu d’une famille noble, avant d’être homme de foi, vu l’éducation qu’il avait reçu. Un point qui les rapprochait surement, mais pour cela, faillait-il encore qu’elle révèle cette partie d’elle-même.

Alors qu’elle venait d’avouer qu’elle était recherchée, en omettant les raisons de cette poursuite, le chrétien n’avait émis aucun jugement, comme quoi il n’avait pas à le faire étant donné que s’était l’une des tâches de son Dieu. La jeune femme ignorait si la sentence divine s’abattrait sur elle une fois que son corps serait redevenu poussière… Elle avait fui son mari pour une cause pittoresque qui ne touchait qu’elle, apportant de nombreux impacts sur sa famille et sur le Lord mais, était-ce mal que de ne pas vouloir se soumettre à une vie qu’on n’avait pas désirée ? Était-ce punissable par les Dieux que d’éviter de se lier à un homme qui la rebutait, la battait et qui comptait, une fois l’avoir violé, la donner en pâture à ses soldats pour la châtier de l’affront qu’elle lui avait causé ? Elle avait porté préjudice à bien des gens mais… Devait-elle souffrir pour tous ceux qui la détestaient ? Combien de fois ne s’était-elle pas posé la question pour finalement se dire qu’elle avait eu raison de fuir sa prison dorée.

La prête lui indiqua qu’à Seikusu elle n’était surement pas recherchée mais, comment pouvait-il réellement le savoir ? Grandchester avait des espions, des délateurs dans toute la région et si sa « ville » se trouvait si proche de Nexus, elle ne devait pas faillir à la règle. Pourtant, elle se serait plu à rester encore quelques jours à parler de tout et de rien avec son interlocuteur mais, une telle utopie n’existait que dans les contes de fées et, hélas, elle n’y croyait plus. Comment croire en de telles bêtises en ayant vu la famine, l’esclavage, la corruption dans ce monde si violent et injuste ? Pourtant, le décor dans lequel elle se trouvait pouvait laisser croire en une telle magie, les arbres inconnus surplombant le ciel bleu, dans un bois où un ruisseau à l’onde pur s’écoulait lascivement, sans faire attention au temps.

Notre délicate petiote s’apprêtait à reprendre la route, ne laissant derrière elle qu’une trainée de poussière d’un souvenir vaporeux d’une rencontre agréable lorsque l’ecclésiastique prononça des mots qui firent chavirer le cœur de notre candide lady. Ses yeux se tournèrent vers lui, miroitants une lueur à la fois gênée d’une telle comparaison et en même temps, curieusement heureuse d’avoir pu les entendre. Ses joues s’empourprèrent sensiblement, émue et intimidée par cette simple phrase innocente. La jolie fleur se mit à balbutier maladroitement un « Merci » d’entre ses lèvres, apportant sa main à ses fines lippes. Bien évidemment que ce compliment lui faisait plaisir mais le simple fait de l’entendre l’embarrassait, surtout qu’elle ne se sentait pas digne de celui-ci. Cet astre si éblouissant, réchauffant les cœurs des enfants et des plus grands… Pouvait-elle seulement être un rayon du soleil ? Elle ne le méritait pas.

Et pourtant, dans le regard de cet homme, elle put voir une brillance peu commune qui la captivait, une sincérité qu’elle n’avait pas vue depuis des lustres. C’était étrange d’attribuer un tel regard à une personne aussi mûre qu’il pouvait l’être. A son âge, elle aurait plutôt daigné voir de la sagesse, de la maturité ou même un regard sévère plein de sermons, mais non. Son compagnon de route avait ce « je ne sais quoi » qui la touchait, qui l’attirait au point qu’elle veuille se rapprocher de lui et de se plonger dans ses bras. C…Ce n’était pas un comportement approprié et elle savait se garder de ses pulsions inaccoutumées bien que son cœur battait de plus en plus vite dans sa poitrine. Pourquoi une telle chamade sans raison ?

Adelyn le vit ensuite prendre un sac, dans un état proche de son balluchon, d’où il sortit une bouteille de vin, du fromage et du pain frais. Ce dernier avait une forme étrange mais avait l’air succulent ! E…Elle semblait bien misérable avec son quignon rassis alors qu’il sortait des mets si appétissants ! La jolie donzelle était gênée d’avoir proposé sa maigre pitance alors qu’il avait une nourriture bien plus raffinée. Cependant, elle resta un instant secrète en le voyant sortir non pas un mais deux verres d’une étrange matière de son sac. Allait-il lui offrir ce repas, sans même la connaitre ?

Apparemment, ce fut le cas. Le pasteur s’était assis pour déguster les vivres de son pays et lui proposa charitablement de l’accompagner dans cette dînette agréable. Notre rouquine hésita un instant, se trouvant fort embarrassée d’ainsi profiter de cet homme mais après tout… Elle avait faim et s’il lui proposait cela, c’est qu’il devait avoir les moyens. La rougeur sur ses pommettes ne s’était pas estompée, toujours intimidée à l’idée de faire une bavure. Elle ne voulait pas partir sur une mauvaise intention, surtout aux yeux d’un messire aussi aimable. Il avait beau être plus âgé, il avait un charisme qui ne laissait pas insensible la belle. Allons, un peu de tenue que diable !

La jeune brebis égarée s’installa donc à ses côtés, s’affaissant juste à côté de lui, face à la rive, son baluchon non loin d’elle.*

« Vous êtes trop bon mon Père… M…Mais je vous remercie de votre gentillesse. Le repas que vous m’offrez est plus que suffisant, semblant même très alléchant ! Est-ce du fromage de votre pays ? »

*Sa voix était douce, suave, s’échappant tel un murmure d’entre ses lèvres rosées. La demoiselle s’intéressait vraiment à lui et tout ce qu’il représentait n’était que nouveauté à ses prunelles bleutées, se plissant de plaisir à partager un moment si agréable. Il était rare de passé un si bon moment, surtout dans ses contrées et à vrai dire, elle ne craignait plus qu’une chose, que cet instant soit brisé par la venue d’un témoin mal attentionné. Surtout que son partenaire ne semblait pas être un grand guerrier sous sa chemise légère.

Son « hôte » l’invita donc à commencer à manger, afin d’en savoir plus sur elle et sur Nexus. Elle ne put se retenir de sourire, prenant un des gobelets délicatement entre ses doigts graciles. Elle n’avait plus vraiment peur, se fiant à son instinct. Cet homme ne paraissait vraiment pas dangereux et si ses attentions étaient mauvaises, surement aurait-il déjà agit.*

« J…Je ne sais pas si ce que j’ai à dire est vraiment intéressant mon Père. Je n’ai pas eu une vie très palpitante et surement avez-vous plus de choses que moi à raconter… J…Je n’ai jamais été doué pour raconter ma vie… Et oui, je vous autorise à m’appeler par mon prénom. »

*Elle ne put s’empêcher de rigoler tendrement, trouvant cela attendrissant que de voir une telle prudence dans tout ce qu’il disait. La gente Dame trouvait même ça flatteur ! Ca faisait tant de bien de rencontrer un tel homme ! On pouvait trouver ça étrange pour une femme qu’elle n’ait rien à dévoiler et bien évidemment qu’elle avait menti en disant cela mais elle avait la crainte de l’ennuyer.

D’une de ses mains, elle vint saisir une partie de la baguette et le fendit en deux morceaux inégaux, prodiguant le plus gros à son charmant partenaire.  Celui-ci lui avoua l’un de ses serments religieux. C’était incroyable ! Un homme de son âge, de sa prestance, de sa noblesse…. Encore vierge !? Elle aurait pu croire à une mauvaise blague mais notre jolie rousse vit rapidement qu’il était des plus sérieux. Mais une question subsidiait dans sa tête… Pourquoi ? Pourquoi son « Dieu » voudrait-il qu’il renonce aux plaisirs charnels ? Pourquoi donner le plaisir sexuel si ce n’est pour ne pas l’assouvir ?

Adelyn devin d’autant plus rouge qu’elle se disait que c’était un beau gâchis. L’existence leur offrait cette capacité de ressentir du plaisir en commun avec une autre personne alors, pourquoi ne pas en profiter ? Bien que la question lui brûlait les lèvres, il n’était pas commode de poser de telles choses !*

« J….. J’ai décidé de vous faire confiance mon Père…. Et puis, si vous aviez eu le vœu de me faire du mal, ne serait-ce point fait à l’heure actuelle ? »

*Son sourire était toujours aussi sublime et la demoiselle ne put se retenir de manger un morceau du pain, la faim lui tiraillant l’estomac. C..C’était délicieux ! Elle ne put s’empêcher de glisser un petit gémissement de satisfaction, faisant craquer la croute sous ses doigts.

« MMmm ! C’est exquis ! Si je vous accompagne dans votre ville, j’en reprendrais volontiers ! Ce pain est vraiment bon ! Mais je suppose que ce n’est pas bon marché… »

*Elle soupira un instant avant de reprendre. Il voulait en savoir plus sur elle ? Elle allait un peu assouvir ce désir en prenant son baluchon.*

« Et bien… V…Vous m’avez dit appartenir aux ordres catholiques, c’est cela ? M..Moi, je ne suis plus rien… C’est une longue histoire que je ne saurais vous raconter. T..Tout ce qu’il me reste de mon passé se trouve dans ce sac. »

*C’est alors qu’elle sortit une petite boite, aux gravures anciennes et ornées de certaines pierres semi-précieuses. Elle l’ouvrit délicatement, laissant ainsi une mélodie embrasser leurs oreilles, cristalline et qui la rendit quelques peu mélancolique… Ce n’était pas grand-chose, même un peu pittoresque mais… C’était ce qu’elle avait de plus précieux.*

« J…Je l’écoutais avant que vous arriviez… On en fait beaucoup à Nexus mais, je l’ai depuis mon enfance… »

*Adelyn lâcha un soupire avant de replonger ses perles dans le regard du prêtre et d’appuyer sa tête sur son épaule, candidement, innocemment. Elle se sentait en sécurité et avait besoin d’affection. Cet homme qui se vouait à son Dieu était certainement le meilleur réceptacle de son manque d’attentions mais en fait, ce n’était juste pas contrôler. La petiote s’était rapprochée sans arrière-pensée, juste parce qu’elle était paisible à ses côtés.*

« J’aime la musique, le théâtre… Et surtout la danse. Malheureusement, Nexus ne laisse pas beaucoup de possibilité à des artistes débutants de faire leurs preuves. Je n’aime pas trop cette ville… Les gueux y trainent partout, souvent atteint d’ivresses. Les nobles sont médisants et le petit peuple s’y retrouve confiné pour subvenir à leurs besoins. Et moi, dans tout ça…. Je ne suis rien. Parfois je me demande… Où est la vraie vie mon Père ? Que l’on soit riche ou pauvres, nous sommes tous destiné à s’acquitter de la dette que tout homme doit payer alors pourquoi faire une telle stratification au sein de la société ? J’aimerais croire en un monde où chacun aurait ses chances… J…Je sais…. C…C’est un peu bête…. »


*La jeune femme s’accrocha à son bras, finissant le bout de pain qu’elle avait entamé avant de se remettre à sourire, sa voix s’enjouant légèrement.*

« C’est pourquoi je voyage mon Père ! Afin de découvrir quelle serait ma place ! Et c’est pour ça que…. Que j’aimerais réellement visité votre ville… Peut-être que ce que je recherche n’est pas si loin, tout compte fait ? P…Pourriez-vous faire ça pour moi… ? »

*Ses yeux pétillèrent et doucement, elle renforça l’étreinte sur le bras du curé, montrant sa volonté d’y aller.*

« Enfin ! Continuant d’abord ce bon repas ! Se serait malheureux que de gaspiller ! Et je veux d'abord en savoir plus sur cette ville!»

Pere_Yves

Humain(e)

Yves, te rends-tu compte que tu n’es plus toi-même ? Je voudrais juste demander à Dieu une faveur, la seule en contrepartie du temps que j’ai consacré à son rayonnement. Oh oui, Seigneur, fasse que je puisse retourner en arrière, juste à ce moment où je croyais enfin coucher avec la première fille de ma vie. Fasse que j’y renonce, et que cela change entièrement mon avenir. Fasse que, à ce moment, je rencontre celle que tu viens de mettre sur mon chemin, et que je sois libre pour elle. Et alors, je te jurerai, sur la très sainte Bible, que notre vie ne sera qu’Amour, et que je consacrerai ma vie à elle.
Pourtant, cette femme doit porter quelque secret car, même si elle m’assure n’avoir commis nul délit répréhensible, je ne puis croire qu’une telle beauté, d’une telle élégance même, et bien que ses habits soient à l’encontre, se promène ainsi dans les bois. Dans ma bonne vieille France, a priori civilisée, une telle aventure m’aurait néanmoins incité à la plus élémentaire prudence, ne serait-ce que pour chercher le piège sous-jacent. Dans ce Japon que, finalement, je ne connais qu’à peine, je ne sais que penser, a fortiori parce que cette galante compagne d’un instant ne peut être originaire du pays. Mais qu’est donc ce Nexus sont elle parle tant ? Peut-être ferais-je avancer les croyances de la chrétienté, si je lui demandais de m’y mener. Encore faudrait-il qu’elle sache y retourner, ou que je ne m’y fasse pas arrêter parce que me promenant aux côtés d’une dangereuse criminelle. Et, si ce lieu-là existe, qu’est-ce qu’un délit voire un crime là-bas ? Peut-être est-elle criminelle, d’être comme tous ces croyants persécutés de ne pas appartenir à la religion imposée ?
Crime ou délit, tout me paraît si sordide, quand je me mire dans ses prunelles, que le soleil dardant au travers des feuillages pare de couleurs inconnues, avec néanmoins un vert dont je n’avais jamais vu une telle pureté. Cette jeune femme témoigne d’une telle candeur, que me revient en mémoire une expression maltraitée par mes pérégrinations en des pays où la douleur et la misère combattaient à qui serait le plus impitoyable. « Vivre d’amour et d’eau fraîche », quelle pensée rêvée avec un tel être, comme juste issu de la main de Dieu. L’eau de la rivière et le nid de la forêt, l’éloignement de toute civilisation violente, l’amour dans sa pureté originelle comme le vécurent Adam et Eve.
Et, comme Eve, elle semble si naïve, si peu au faîte de notre monde, au point que je me demande à quel degré d’évolution est sa ville de Nexus. Certes, certains éléments trahissent une évolution et une maîtrise, mais ses questions sont parfois si ingénues qu’elles me renvoient à des évidences que seules les lointaines tribus de notre Terre ignorent encore.
« Oui, moi aussi, je suis en quelque sorte un étranger en ces lieux, car mon pays est la France, de l’autre côté du globe en fait. Et c’est là-bas que j’ai pris cette décision de renoncer à connaître l’intimité avec une femme, et à taire toute pulsion en ce sens. »
C’est étrange comme je veux la rassurer, même en modulant légèrement une réalité écornée depuis que j’ai découvert les talents cachés et les appétits sexuels des lycéennes de Mishima. Et, même si je ne peux renier que battent en ce moment à la fois le tendre respect et le troublant désir, je dois maîtriser toute émotion, pour ne pas faire fuir celle qui, en d’autres lieux, aurait témoigné plus de méfiance encore. Et, quand elle parle de confiance jusqu’à me dire « (…) si vous aviez eu le vœu de me faire du mal, ne serait-ce point fait à l’heure actuelle », elle ignore que c’est, au contraire, du bien que je veux lui faire, un bien que je partagerais volontiers, et qui m’apporterait un plaisir physique et mental autrement plus exquis que le seul plaisir charnel partagé avec les lycéennes de Mishima.
« Je suis heureux de vous voir manger d’aussi bonne grâce. J’ai passé trop d’années à ne savoir de quoi serait fait le repas du lendemain pour les miséreux que j’accueillais. Alors, voir qu’un simple morceau de pain apporte une telle joie, c’est une merveilleuse satisfaction pour moi. »
Elle me rappelle ces regards d’enfants, quand nous partagions ensemble une maigre ration de riz. Une enfance où elle me replonge avec ce que je croyais disparu dans les profondeurs du siècle passé, une boîte à musique comme je n’en vis jamais, tant celle-ci est d’une pureté artistique digne du plus compétent artisan qu’on puisse imaginer. Mais son regard ne peut taire que l’enfance s’est enfuie, et que le monde adulte a déjà laissé des traces. Son regard mélancolique, je l’ai aussi vu chez ces adolescents africains qui gardaient, comme seul souvenir de leur père tué dans quelque conflit ethnique, un objet que nos civilisations européennes auraient depuis longtemps mis au rebut. Et là, Yves, au lieu de laisser poindre en toi quelque fantasme purement sexuel envers une jeune femme seule avec toi au creux des bois, c’est avant tout une femme-enfant blessée qui pose sa tête sur ton épaule. Ne vas pas donner cours à des idées perverses, même si tu poses délicatement ta main sur sa joue, avant tout pour la rassurer et l’apaiser ! Pourvu qu’elle n’y voit nulle pensée malsaine…
Fort heureusement, cela lui donne davantage l’envie de se confier, on dirait.
« J’aime la musique, le théâtre… Et surtout la danse. (…) », voilà un premier pas, et pas n’importe lequel. Lorsque, entre deux missions africaines, je rentrais à Paris, je n’avais qu’une idée en tête, retrouver l’art, dans toutes se expressions ; en une semaine, il me fallait ainsi au moins un soir à l’Opéra, au moins une pièce de boulevard, au moins un ballet nouvellement éclos, comme pour garder quelque lien avec mes racines.
Et, même si cette douce vision se ternit quelque peu, en l’entendant parler avec un certain dédain de « gueux » et de « petit peuple », c’est son « (…)Je ne suis rien. (…) » qui me bouleverse. Comment elle, qui doit osciller entre artiste méconnue et noble déchue, en est-elle arrivée à un tel mépris envers sa propre personne ? J’ai juste envie de lui dire :
« Oh que si, Adelyn ! Accompagnez-moi jusqu’à Seikusu. Je vous promets de renoncer à tout, mon ministère religieux comme mes frasques sexuelles, et de vous demander en mariage, avant que nous rentrions en France où, en compagnie de Madame Adelyn de Lansznernec mon épouse, je restaurerai la demeure familiale, et je vous offrirai une vie digne de vous. »
Une belle idée, Yves, sauf que ce n’est pas la réponse que tu lui fais, tandis qu’elle finit le pain en le faisant croustiller :
« Ne dites jamais que vous n’êtes rien, Adelyn. Vous n’êtes pas sur Terre, enfin sur Terra comme vous dites, par hasard. Vous avez, en effet, à vous acquitter, non d’une dette, mais d’une mission. Et, si nous sommes ici, vous et moi, c’est aussi qu’il y a une raison. »
Un mélange de philosophie et de sermon, tu es toujours aussi doué, Yves, pour tourner les mots, et masquer ton trouble. Reconnais que, si tu l’amenais dans cette vieille bâtisse qu’est le château de tes lointains ancêtres, ce serait aussi pour la mettre dans ton lit ! Alors, quand cette charmante jeune femme parle de « découvrir quelle serait sa place », je ne puis qu’y penser à nouveau.
« (…) Peut-être ce que je recherche n’est pas si loin (…) », elle ne peut savoir combien j’ai envie de lui dire : « l’homme de votre vie est là, tout contre vous, et il jure de vous aimer jusqu’à la mort ». Mais cela pourrait tellement la choquer, alors qu’elle est disposée à venir avec moi à Seikusu, et m’offrir encore le bonheur de sa présence.
J’aurais tellement voulu me noyer dans ses yeux, en lui répondant :
«  Oui, Adelyn, ma modeste demeure vous sera ouverte. L’église est fraîche, mais la sacristie est chauffée. Je n’y ai qu’un confort modeste, mais vous pourrez profiter de mon lit et, rassurez-vous, je dormirai sur un fauteuil. »
Ce n’est pas mon profond désir, surtout quand je sens je la sens étreindre mon bras plus encore, mais…
« Et, même si mon ministère m’impose des activités, je prendrai le temps de vous faire découvrir ce que vous semblez vraiment ignorer, à un point qui m’inquiéterait presque. »
Tiens, Yves, tu ne t’es pas encore demandé ce qu’elle ignorait sexuellement. Oh certes, une jeune femme aussi élégante ne doit pas s’abandonner facilement, ni se laisser aller à ces cris dont t’ont gratifié certaines lycéennes. Mais elle paraît si ingénue que c’en est à se demander si elle a connu quelque expérience. Hum, vierge à son âge, ce serait vraiment un cadeau fantastique que Dieu te ferait. Allez, arrête de rêver, et redeviens plus terre à terre !
« Je regrette de vous avouer que je n’ai nulle voiture (Aïe, sait-elle ce que c’est ?) ; je viens ici à pieds, et nous devrions repartir à Seikusu ainsi, également, en espérant que ceci ne meurtrisse pas vos petons. L’église (Euh, là aussi, sait-elle ce que c’est ?) n’est pas loin du bois, il y a juste un parc à traverser, puis vous pourrez vous y reposer. Ah, j’oubliais ; pour nous, une église est sacrée, et toute personne qui y entre, est sous la protection de Dieu, y compris envers la justice humaine. »
Etrange regard qu’elle a soudain ! Elle est poursuivie, injustement si je crois ses propos, mais semble très intéressée de se réfugier dans mon église. Je ne trahirai jamais la charité chrétienne que m’a enseignée Dieu, mais cela m’interpelle.

Adelyn Crawford

Humain(e)

*Il la rassurait, était d’une douceur commune à nul autre pareil. Ces gestes révélaient d’un amour presque paternel, simple et profond. Le plus étrange dans tout ça, c’est que notre pauvre biche semblait croire vigoureusement qu’il n’était point intéressé par sa personne si ce n’est par la curiosité de l’inconnue qu’elle suscitait chez lui, sentiment qu’elle partageait également. Le prêtre répétait à nouveau son vœu de chasteté, comme pour faire comprendre à notre jeune femme qu’il n’était pas un danger. A moins que cela ne fusse un message pour dissuader notre jolie petite tête rousse d’être  séduite par lui ? Adelyn ne savait pas trop comment l’interprété, gardant son emprise sur son bras comme une enfant. Elle avait tant besoin d’être rassurée, consoler, choyer avec une tendresse qu’elle n’avait que peu connu. S’il savait…

Le morceau de baguette croustillait sous les dents éclatantes de la demoiselle ce qui semblait faire plaisir son compagnon de route. Il était vrai que ce n’était qu’un simple bout de pain et pourtant, cette pitance lui était amplement suffisante. Pourquoi ne serait-elle pas heureuse de manger de la bonne nourriture en bonne compagnie ? Mais à sa remarque, elle ne put s’empêcher de sourire, les joues gonflées, rougissant légèrement. La belle rouquine n’aimait pas trop qu’on l’observe ainsi manger. Elle se trouvait ridicule et étrangement mal à l’aise. On lui avait souvent dit de se tenir convenablement à table et s’était pourquoi dès qu’elle se mettait à manger, la peur d’être surprise à ne pas être « avenante » pendant un repas lui procurait un embarras atroce, quel que soit l’observateur !  Mais son trouble s’estompa petit à petit, reprenant plus de manières par rapport à sa façon de se maintenir mais surtout en y faisant abstraction, se laissant aller à une nostalgie quelque peu désagréable. Sa boite à musique et ce bon repas lui remémora certain instant avec sa sœur ainée qui s’amusait en se moquant d’elle. Des choses pas bien méchantes mais qui l’étaient assez que pour blesser notre sensible petiote.

Puis, la voix du Père Yves la ramena à la réalité, celui-ci ayant posée une main sur sa joue, doucement, affectueusement. Une geste qui touchait la comtesse déchue, simple mais si réconfortant. Au combien même il n’aurait eu de pures intentions, elle n’aurait su le remarqué. Pour elle, ce n’était rien d’autre qu’une nouvelle preuve de la bonté de son interlocuteur. Et celui-ci ne s’arrêta pas, lui faisant un peu la morale sur les propos qu’elle avait tenus. Il semblait porté à la convaincre qu’elle était ici pour une « mission », que nulle vie n’était sur Terra sans but.  Elle était toute prête à le croire, si au moins elle en avait un concis aperçu. Rien qu’une bride de sa raison d’être lui serait utile mais ici, à par sa pittoresque envie d’être danseuse, qu’était-elle finalement ? Personne ne retiendrait jamais son nom, son visage, elle ne marquait les esprits d’aucuns, invisible aux yeux du peuple inversement à ce curé de campagne. Lui semblait avoir déjà fait beaucoup de choses et surement qu’il devait avoir une place dans le cœur de certains… Mais elle ? Néanmoins, cela la fit réfléchir. Pourrait-elle également trouvé quelqu’un pour qui elle ne serait pas qu’une simple rencontre, quelqu’un qui l’estimerait pour ce qu’elle était, non pour ce qu’elle représentait ?

Elle continuait à manger, prenant une part de fromage pour accompagner son repas, tout en respirant le bon air de la forêt. C’était si paisible d’être ainsi assise aux côtés d’un homme de foi  des plus humble et charitable. Comme quoi, toutes les rencontres ne sont pas néfastes ! C’était agréable et se mit à espérer que sa vie puisse être aussi tranquille qu’à cet instant. Et qu’un homme aussi charmant puisse combler le vide de son existence. Yves était bien loin du preux chevalier, jeune et musclé des contes de fées, mais il avait du charme et surtout, était des plus apaisants. Enfin, la question ne se posait même pas, le bel étranger vouait sa vie à quelque chose d’autres et certainement qu’il ne lâcherait pas toutes une vie de dévotion pour une femme aussi banale et insignifiante que pouvait l’être Adelyn. C’était réaliste alors, elle préférait profiter un maximum du bien-être qui lui prodiguait, tant qu’elle en avait l’occasion.

Soudain, le curé lui fit une offre peu commode et assez surprenante. Il lui proposait un logis pour un certain temps, dans cette fameuse Eglise dont il parlait depuis le début. Elle n’avait jamais entendu un tel nommais surement s’agissait-il d’un temple en l’honneur de son Dieu, une sorte de monastère où les fidèle pouvaient trouver refuge. De plus, il lui soumettait la possibilité qu’elle puisse dormir dans son lit, alors qu’il se contenterait d’un fauteuil. C’était extrêmement gentil de sa part mais cette fois-ci, la demoiselle se trouvait fort dépourvue d’ainsi profiter de sa bonté, à son détriment !*

" J…Je ne voudrais pas vous importunez dans vos obligations mon Père ! J’ai du temps devant moi et je ne me permettrais pas d’être un quelconque fardeau à vos devoirs ! Vous êtes déjà bien trop aimable en m’offrant de grâce votre nuisette, je ne serais souffrir d’avantage en vous laissant dormir sur un vulgaire fauteuil dans votre propre demeure ! Il en va de soi que cela soit ma place et non la vôtre… J’ai déjà dormi à la belle étoile, le confort que vous pouvez m’apporter est amplement suffisant. J..Je me sens déjà bien confuse d’ainsi vous gêner de ma présence. "

*Ses pommettes prirent une teinte rosée et son regard s’abaissa. La jeune femme ne voulait pas être une fille que l’on couve, surtout si cela pouvait nuire son hôte. Mais elle était contente de pouvoir coucher dans un endroit chaud pour la nuit. Mais alors qu’elle allait le remercier pour cette invitation complaisante, il lui parla de voitures en lui indiquant que le chemin se ferait à pieds. Vraiment très prévenant… Cela la fit même rire, amusée à l’idée de voir un attelage les attendre à la lisière du bois ! Quelle idée !*

" Oh mais ne vous en faites pas mon Père ! Je suis maintenant habituée à marcher et je me doute que votre diligence ne puisse vous suivre dans cet endroit ! Je ne suis pas complètement sotte ! Et pour votre Eglise, c’est une sorte de temple n’est-ce pas ? Je suis curieuse de la voir… Vous en parlez avec une telle ferveur… M…Mais je dois d’abord vous remercier pour tous ce que vous m’offrez… J…Je ne peux accepter de manger à votre couvert et dormir sous votre toit sans rien donner en retour alors, s’il vous plait, acceptez que je puisse vous acquitter de quelques pièces. "

*Sans attendre sa réponse, la jeune femme à la chevelure de feu se tourna vers son baluchon et fouilla à l’intérieur pour prendre de sa bourse 10 pièces d’argents purs. L’auberge lui coutait normalement 15 pièces avec un repas compris alors, cela ne lui dérangeait pas de débourser cette somme pour cette si serviable personne.*

" Ce n’est pas grand-chose… Mais j’espère que cela vous suffira. "

*Adelyn lui lançait un joli sourire, lui tendant la monnaie qu’elle déposa dans ses mains sans même qu’il ne put contester. Le plat qu’elle avait littéralement engloutit l’avait remis d’aplomb et elle se sentait prête à une petite ballade auprès de son partenaire.

C’est alors qu’elle se releva, manquant de tituber à cause de sa médiocre stabilité, en prenant soin de ranger sa boite à musique dans son baluchon. Notre rouquine se tourna vers la Père Yves, joyeuse et enthousiaste à l’idée de découvrir l’insolite Seikusu.*

" Je suis prêtes mon Père ! "


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