[HRP – Ta technique de séduction envers Élise est à revoir x)]
« Tu as quelque chose à proposer qui pourrait nous distraire ? »
Oui, qu’il se fasse dépecer sur place, mais Élise doutait que Zekreet acceptait cette proposition. Il n’arrivait décidément toujours pas à comprendre qu’il n’était pas chez lui, ici, mais dans la forêt d’Élise, dans son antre. La femme ne tolérait pas de tels agissements. Il se moquait d’elle, rejetait son autorité, avec une sorte de mépris condescendant qui semblait lui dire qu’il la considérait comme une gamine. La Reine avait sa petite fierté, comme toute Reine qui se respecte, et tomber sur un individu pareil n’était vraiment pas intéressant. L’araignée était par nature de sexe féminin. Les araignées de sexe féminin avaient tendance à être bien plus grosses que les mâles, ce qui était notamment notable chez les Néphiles, avec un fort dimorphisme sexuel. Élise, en d’autres termes, n’aimait que peu les hommes, et ce mâle-là n’allait pas rehausser la côte de popularité des hommes. Arrogant, impétueux, il s’avançait vers elle comme s’il était en pays conquis, et la Reine n’était pas assez sotte ou naïve pour ne pas voir ce à quoi il faisait allusion.
Elle fronça lentement les sourcils, son sang se glaçant sur ses joues. Elle voyait dans son regard une espèce de bête sauvage, et un signal d’alarme brilla dans la tête d’Élise. Ce regard... Oui, elle l’avait déjà vu, jadis, dans ce lieu... Quand son mari l’avait vendu à William Hamleigh... Elle sentit la panique l’envahir, et la forêt se mit nerveusement à trembler, alors que la peur s’insinuait dans les veines d’Élise. Le viol, le meurtre, cet horrible sentiment d’impuissance, alors qu’on la battait, que la vie s’échappait de son corps, qu’on lui arrachait son essence vitale, qu’on la brisait en mille morceaux pour en faire une docile petite poupée... Terrifiants, les souvenirs explosaient dans sa tête, agressifs, moqueurs, se jouant d’elle, de sa volonté, de son courage, de sa détermination. Ils étaient comme de petits diables aux dents grimaçantes, tournoyant autour d’elle. Yeux clos, elle se revoyait, dans cette forêt, hurlant et pleurant, la bouche en sang, les hommes abattant leurs coups sur elle, la faisant hurler quand ses os se brisaient, avant de la violer, les uns après les autres. Visages sinistres et maléfiques, joueurs et moqueurs, ironiques et cruels, ne voyant en elle qu’un paquet de chair à abuser. Vifs, les souvenirs la martelaient autant que des clous plantés dans le corps, perçant sa chitine.
Comme eux. Il voulait la même chose qu’eux, il allait la violer, il allait l’attaquer, elle le voyait dans son regard ! Libre ? Elle ne serait jamais libre, tant qu’on ne la respecterait pas ! Ses yeux se voilèrent, une lueur rouge en irradiant, et ses dents se crispèrent en un rictus haineux.
« Misérable individu, tu penses pouvoir venir ici, te jouer de moi, et baiser dans mon corps ? Tu as confondu ma forêt avec un bordel ? Mon corps avec celui d’une pute ? Je vais te faire regretter ça, salopard ! Tu es comme les autres, et, si je n’ai pas pu les tuer, j’aurais au moins la satisfaction de te briser ! »
Les pattes dans le dos d’Élise se mirent alors à s’agrandir démesurément, se plantant dans le sol, et son corps se transforma. En quelques secondes, la belle Reine des Araignées se transforma en une énorme araignée géante, fine, aux pattes élégantes et sexy, devant Zekreet. Elle ouvrit la bouche, et un jet de toiles en jaillit, une sorte de boule qui explosa au contact de Zekreet, l’aveuglant, avant que la tête d’Élise ne le frappe de plein fouet. Le choc fut terrifiant. Sous cette forme, sa puissance était décuplée, et elle avait utilisé ses huit pattes pour bondir en avant, balançant Zekreet. Il traversa plusieurs branches, roulant sur le sol, glissant sur un ravin se trouvant derrière, pour s’écraser sur une toile.
Élise n’attendit pas, et bondit à son tour. Ses huit pattes atterrirent tout autour de Zekreet, et son dard s’enfonça dans son ventre, perçant sa peau pour répandre son venin. Ce faisant, Élise bondit sur le côté, et changea rapidement de forme, retrouvant son apparence normale.
« Aussi fort que tu sois, cette toxine est sans espoir de survie. Moi seule détiens l’antidote à ta survie. Pour que la magie fonctionne, il faut que ton cerveau soit en bon état, mais ce venin altère tes pensées, le fonctionnement de ton corps. Tu es venu ici, empreint de ton arrogance, cette arrogance que les hommes ont usé sur moi, et qui a provoqué ma mort. Est-ce là ce que tu cherchais ? Me violer ? Tu es comme les autres, comme ceux qui m’ont tué. Je les entends encore se rire de moi, me battre, briser mes os, me torturer... Tu mérites la mort, comme eux. »
Son ton était hargneux. L’agressivité d’Élise, si imprévue, était en réalité motivée par sa peur. Elle ne voulait plus jamais revivre ça. Le viol... C’était encore pire que la mort. Prisonnière d’elle-même, soumise à la volonté de malades mentaux excités par son corps... Existait-il chose pire au monde pour une femme que de savoir que votre propre corps vous amenait la démence de malades, de ne pas savoir si vous alliez survivre ou non ? D’être obligée d’obtempérer à faire ce que des cinglés vous demandaient, par peur de mourir ? Oh non, Élise ne laisserait à personne, PERSONNE, le soin de lui faire revivre ça. Elle avait vu le regard de Zekreet, elle avait vu la luxure, la lubricité, ce désir qu’un gros chien arrogant était bien incapable de retenir.
C’était de la légitime défense, tout simplement.