LA DÉLÉGATION ASHNARDIENNE- Naraël. Surnommée « Reine Noire », Naraël est une importante personnalité ashnardienne, qui dispose de pouvoirs magiques liés à la magie noire. Elle fait partie de l’un des clans démoniaques les plus influents de l’Empire, qui a notamment un membre au sein du Conseil Impérial. Au sein de la délégation, elle représente le Conseil Impérial ashnardien ;
- Xyola. Fille et amante de Naraël, Xyola, « La Maîtresse des Iguanes », est une élégante démone, une perverse qui a officiellement pour mission de protéger Naraël. Dans la mesure où sa mère est plus forte qu’elle, Xyola est en réalité la concubine de Naraël, et est prédestinée à lui succéder. Elle ne se sépare jamais de ses bébés, deux abominables iguanes infernaux ;
- Grim. Le « Bourreau de Lochtis » est un maréchal de guerre, connu pour avoir réprimé dans la violence une révolte dans une contrée ashnardienne, en pendant le même jour 1 000 suspects à Lochtis, capitale de cette contrée. Il est chargé de représenter l’armée ashnardienne ;
- Tysho. Appelé « Le Chevalier d’Or », Tysho est le frère aîné de Grim, un bretteur d’excellence, reconnaissable à son armure dorée, et aux quelques cicatrices venant orner son visage. C’est un garde d’élite ashnardien, qui assure la sécurité de toute la délégation, et est donc le responsable de tous les gardes ashnardiens affectés à la sécurité des diplomates ;
- Mara. « La Flamme de Feu » est une influente magicienne ashnardienne, spécialisée dans la Pyromancie. Elle a une chaire en Pyromancie auprès de la prestigieuse académie militaire d’Ashnard, qui entraîne l’élite de l’armée. Elle a été choisie parmi les professeurs titulaires permanents au sein de l’Académie pour fournir une expertise magique auprès des Ashnardiens, ayant réalisé plusieurs théories sur les « concentrations physiques magiques », ainsi qu’elle les appelle ;
- Tala. Tala est un Commandeur de Sylvandell, ce qui revient à dire que sa seule et unique mission est de protéger Alice. C’est une guerrière émérite, qui a passé ses classes en tant que soldate ashnardienne, avant de rejoindre l’armée de Sylvandell, où elle a fini par monter en grade, jusqu’à atteindre le poste tant convoité de Commandeur.
Par ailleurs, la délégation comprend un certain nombre de gardes, d’assistants, et, naturellement, de diplomates qualifiés, soit des juristes.
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«
Je n’ai pas confiance. -
Et à qui faites-vous confiance, Maréchal, à part à votre frère, hum ? -
A la pute qui me suce la queue », répliqua l’homme.
Alice ne répondit pas. Elle ne disait rien, et triturait entre ses doigts gantés sa belle croix sylvandine, représentant le Dragon d’Or, le Patriarche. Elle entendit un sifflement dans son dos, et, en tournant la tête, vit que Xyola était en train de nourrir ses «
bébés », comme elle les appelait. Elle sortait de gros morceaux de viande, que les deux iguanes se partageaient, en la déchiquetant, broyant même les os.
«
Mes petits avaient faim... »
Pour le coup, la Princesse était rassurée de savoir qu’elle était avec eux. Toute cette délégation l’effrayait... Et, pourtant, quand on connaissait Tywill Korvander, son père, il y avait déjà un élément solide. Mais elle connaissait la réputation des deux responsables de la délégation : Naraël et le Bourreau. Le Conseil Impérial avait fait un curieux choix de les envoyer ici, au lieu d’envoyer les diplomates habituels... Mais, à ce qu’Alice avait compris, deux des principales armées ashnardiennes étaient engluées dans un conflit assez important au Sud de l’Empire, qui avait aussi mobilisé des troupes sylvandines. Une malédiction infernale sur fond de guerre, impliquant, outre l’Empire, deux puissants royaumes militaires limitrophes. Alice n’irait pour autant pas jusqu’à dire qu’on avait envoyé avec elle des incompétents... C’était même plutôt le contraire. Elle se félicitait juste de ne pas être aussi petite que jadis. Grim avait été rappelé du Sud, laissant la gestion de cette crise au Maréchal Coehoorn Var Emreis.
Alice était plongée dans ses pensées. A Sylvandell, son père était parti depuis plusieurs mois au Sud, afin de gérer cette crise, et, en attendant, c’était à elle qu’il revenait de représenter le pouvoir royal. Et c’était précisément à ce moment que la Princesse avait reçu une visite d’étrangers, des diplomates venant d’un endroit méconnu, au nom atypique : l’Empire de Vapeur. Il était perdu à l’ouest du continent, dans un endroit austère et dangereux, où les gens se rendaient rarement, car il y avait un imposant désert, Mornepierre, qui l’entourait. La Princesse avait envoyé à l’Empire une série de courriers afin d’obtenir de la part des Renseignements Impériaux une liste d’informations sur les Vaporéens. Bien que ce soit un royaume éloigné et discret, Ashnard était une puissance militaire de premier plan, pour qui l’information était essentielle. Elle avait reçu des dossiers confidentiels, ainsi que Naraël. Les Ashnardiens avaient donc rejoint les négociations, sans qu’Alice ne puisse, et ne veuille, s’y opposer. Sylvandell appartenait à l’Empire d’Ashnard. En vertu des accords passés entre eux, la souveraineté du royaume était restreinte sur les deux aspects. La souveraineté interne était limitée par le respect de la Constitution impériale, tandis que la souveraineté externe, soit le droit de faire des conventions avec d’autres puissances, était restreinte à l’approbation ashnardienne.
Les Vaporéens étaient venus car, selon leurs informations, le sol sylvandin comprendrait des cristaux très précieux pour eux : le Solsticium. Le rapport ashnardien lui avait expliqué qu’il s’agissait d’un mystérieux cristal ayant des propriétés magiques apparemment anodines, mais qui constituaient le cœur de la technologie vaporéenne, en leur permettant de faire voler le cœur de leur Empire : une immense ville futuriste s’appelant Mecanicae Imperium. Outre cette grande ville, l’Empire reposait aussi sur une sorte de mystérieuse superstructure, l’Usine. Alice avait beaucoup lu le rapport, tandis que les Vaporéens avaient exprimé le désir de pouvoir obtenir les gisements de Solsticium se trouvant dans la région. Cependant, les gisements se trouvaient dans les profondeurs de la montagne, une zone particulièrement dangereuse, que ce soit pour la présence des dragons, qui n’acceptaient en leur sol que la présence des Sylvandins, ou des prédateurs nocturnes. Il était impensable que des ouvriers vaporéens s’installent. Les Sylvandins devraient se charger de l’extraction, ce qui, en soi, n’était pas impossible. Cependant, la question était de savoir ce que les Sylvandins pourraient exiger en retour.
L’or ne les intéressait pas plus que ça. Ils en récoltaient déjà en pillant les royaumes éloignés. Quant à la technologie... Les Sylvandins n’en avaient que faire. Cependant, les Ashnardiens, eux, avaient trouvé de quoi discuter. L’ouverture des négociations avait amené les Renseignements à obtenir davantage d’informations sur les Vaporéens, Naraël et les juristes ashnardiens rallongeant les négociations, en invoquant des problèmes juridiques, des clauses à peaufiner afin qu’elles soient conformes à la jurisprudence en vigueur... Autant d’arguments factices pour attendre que les Renseignements Impériaux terminent d’obtenir des informations sur les Vaporéens. Les Renseignements se composaient de Drow, les Elfes Noirs, réputés pour être les espions les plus talentueux du monde, en raison de leur connaissance du monde souterrain.
Au terme des négociations à Sylvandell, les trois parties au contrat s’étaient mises d’accord sur un accord de principe, chacune des obligations principales des cocontractants s’envisageant ainsi :
- Sylvandell se chargeait d’extraire le Solsticium, en utilisant ses propres ouvriers, et en acceptant la présence d’ingénieurs vaporéens ;
- L’Empire d’Ashnard se chargeait de convoyer le Solsticium de Sylvandell vers les Vaporéens ;
- L’Empire de Vapeur s’engageait à financer une partie des frais de déplacement et d’extraction, ainsi que consentir à d’autres avantages.
Toutes les parties avaient convenu de poursuivre les négociations à Mecanicae Imperium, sur proposition des Ashnardiens, qui espéraient ainsi en savoir plus sur les Vaporéens, leurs éventuels futurs alliés. Le contenu des «
autres avantages » n’avait pas encore été déterminé, et serait justement au cœur des autres négociations à venir.
La Princesse de Sylvandell avait profité du voyage pour se renseigner sur les Vaporéens, relisant, non seulement les rapports des RI, mais aussi ceux de l’Académie Impériale, concernant le Solsticium. Les Sylvandins avaient envoyé un prélèvement, et plusieurs expertises magiques s’étaient penchées sur cette pierre, pour en arriver à la même conclusion. C’était un cristal magique, renfermant une puissante source magique, mais ils ignoraient comment l’ouvrir. Ils supposaient que les Tekhanes seraient plus à même de le faire, en raison de leur forte connaissance technologique, mais émettaient quand même des réserves à ce sujet. Face à la magie pure, la technologie rencontrait parfois quelques limites.
Dans tous les cas, le Solsticium intéressait beaucoup les stratèges ashnardiens. Avoir la perspective d’avoir sa propre flotte aérienne séduisait beaucoup les Ashnardiens, leur fournissant, non seulement un avantage indéniable sur les Nexusiens, mais aussi une manière de commencer à concurrencer la redoutable armée tekhane. Alice ne le savait pas, mais elle supposait que les Ashnardiens chercheraient aussi à se renseigner sur le Solsticium, sur la manière dont il était traité, afin de devenir cette source énergétique si précieuse. Même les Drow n’avaient pas réussi à en savoir plus.
«
Nous approchons... » glissa Mara.
La Pyromancienne était probablement, à part Tala, la seule femme en qui Alice n’avait pas peur. Elle était belle, et très enjouée, aimant jouer avec le feu.
Alice se releva, sa
longue cape royale flottant à ses pieds. L’intérieur était bleu, et l’extérieur noir, avec, sur le dos, en plein milieu, un blason doré en forme de dragon. Elle avait abaissé sa capuche, et se rapprocha de l’une des fenêtres de ce curieux navire flottant dans les airs, le Hautvent. Ils n’eurent toutefois pas le temps d’observer, qu’un homme alla les voir. C’était le diplomate vaporéen, Théodoric. Il s’était présenté comme le «
duc des Mines ».
Suivant son invitation, le groupe se rendit sur le pont. Alice sentit quelques légers frissons la parcourir. A cette altitude, même pour une montagnarde comme elle, il faisait froid. Le Hautvent tenait plus du bâtiment militaire que diplomatique. Il présentait d’épais canons, des tourelles de combat, et probablement d’autres dispositifs de combat. Alice sentit le froid sur sa peau, faisant remuer sa longue cape. Il y avait des nuages un peu partout, et, surtout, devant eux...
«
Woow... » avait-elle laissé s’échapper, admirative.
Mecanicae Imperium s’était présentée à eux. Une sorte de vaisseau gigantesque planté dans les nuages, une immense ville qui flottait dans les airs ! Elle pouvait voir, dans les coins, des espèces d’énormes tours lâchant de la fumée bleue, probablement les réacteurs permettant à la cité de se maintenir en hauteur. Des espèces d’avions tournaient continuellement autour de la ville, les Ailes-aciers.
«
Encore des types qui pètent plus haut que leur cul... » avait commenté Grim.
Il n’était pas l’ami de Père pour rien... Dans le dos d’Alice, Mara s’était également permise une remarque plus construite :
«
Seule l’Olympe peut flotter parmi les nuages. »
Alice n’avait pas trop su comment interpréter ça. Elle était rapidement rentrée dans la cabine, près du chauffage, se frictionnant les épaules, tandis que le Hautvent avait amorcé son approche vers Mecanicae Imperium. Elle, personnellement, avait été frappée par cette structure. C’était tout simplement incroyable, et elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment une telle structure avait pu voir le jour... Et ce qu’il y avait en bas. L’Usine était lourdement défendue, et les Drow n’avaient pu se livrer qu’à quelques rapports, parlant d’une espèce de mouroir sinistre, avec des mines interminables, où des pompes et des esclaves travaillaient continuellement, creusant toujours plus profondément. Un Empire idyllique qui n’était pas sans lui rappeler Nexus, où il y avait deux visages de la ville. Ici aussi, ce semblait être le cas.
Le Hautvent s’était posé dans le plus grand bâtiment de la région, le Palais Impérial, sur la Forge Stellaire. Ils entrèrent dans une sorte de réception grandiloquente digne de ce qu’Ashnard faisait parfois. Les nobles, les trompettes... On leur déroulait le tapis rouge. Les iguanes restaient autour de Xyola, grognant en claquant des dents, regardant les nobles, sans toutefois envisager de les attaquer. Gare à celui qui irait vers leur maîtresse sans son autorisation.
Parmi tous les nobles, il n’y en avait qu’un qui resta droit, qui ne baissa pas la tête.
Szaalion IV, maître de céans, Empereur des Vaporéens. Alice le regarda. Elle était au milieu de la délégation, car les Vaporéens avaient clairement exprimé leur souhait de converser avant tout avec Alice. Elle n’avait pas spécialement eu le temps de se rapprocher que Théodoric lui glissa quelques mots, auquel elle répondit assez rapidement, en décidant de manier la meilleure arme des diplomates : l’humour.
«
Je recommande vivement à Son Excellence et aux autres Vaporéens de mesurer leurs paroles à l’égard de Xyola. Si elle est assujettie au respect du protocole, ses petites bêtes ne le sont pas. »
Alice se rapprocha de Szaalion. Tous les Ashnardiens restèrent derrière elle, à l’exception de Tala, qui ne quitterait Alice que sur un ordre exprès de cette dernière, et en ayant la certitude qu’elle ne risquerait rien. Szaalon IV l’accueillit, et elle baissa poliment la tête, en signe de remerciement. Dans le regard de l’homme, elle pouvait lire ce qu’elle lisait chez bien d’autres regards : une expression de désir. Il poursuivit ensuite, lui demandant de désigner ses proches. Alice hocha à nouveau la tête, et répondit. Si son timbre de voix était calme, intérieurement, elle était extrêmement nerveuse. Elle était face à toute une assemblée, mais, dans un sens, sa nervosité se couplait à une sorte d’excitation.
«
Je remercie chaleureusement Son Excellence Szaalion IV, Empereur de Vapeur, pour son accueil. Notre voyage a été long, et, nous autres, hommes et femmes du sol, ne sommes pas encore habitués à vivre en hauteur. »
Elle rajouta rapidement, après avoir ménagé une petite pause, tout en regardant Szaalion. Elle avait répondu à sa question, et enchaîna sur autre chose :
«
Tala est ma garde du corps personnelle. Elle m’accompagnera dans tous mes déplacements, et en n’importe quelle circonstance. Les autres membres de ma délégation participeront du reste au déroulement des négociations, ainsi qu’il en a été convenu. »
Elle avait, de son point de vue, dit l’essentiel.
«
Et je tiens à vous assurer, termina-t-elle,
que c’est pour moi un immense honneur que de fouler des pieds une si grande et si prestigieuse ville. »