[Abandonné] Le Roi et l'Étrangère [Leïla]

Le printemps de Meisa est probablement la saison que le Roi appréciait le plus. Après un rude hiver qui n'avait que trop duré, qu'est-ce que cela pouvait être bon de sentir le soleil caresser tendrement les terres maintenant vertes et saines. Enfin, le soleil. La nuit commençait déjà à tomber. Le Roi était épuisé. Après des heures et des heures de délibérations avec les chefs de clans nains, n'importe qui aurait simplement laissé tomber l'idée de les fédérer et d'éviter qu'ils ne s'en mettent joyeusement sur la gueule, mais pas Kah'mui, non. Kah'mui, lui, Kah'mui, il devait absolument s'assurer que tout le monde s'entende, même si cela incluait de verser un dédommagement aux offensés pour qu'ils ne fassent pas de représailles. Mais il avait tout de même pris la peine de mettre une petite menace sans méchanceté; le prochain qui essaie de provoquer une guerre des clans, il va devoir prendre ses clics et ses clacs et foutre le camp hors de son royaume, et il les avait laissé sur cette menace. À coup sûr, ça leur a coupé le sifflet.

Depuis peu, le Roi avait ramené une femme de ses voyages. Un petit bout de femme qui s'était, selon ses dires, encore une fois retrouvée quelque part où elle ne s'attendait pas à être et, de plus, au mauvais moment. En Nexus, bien que la magie soit fortement encouragée, c'était un art qui était toléré chez les hommes, mais méprisé chez les femmes, et du coup, n'importe qui étant capable de se servir d'un don magique, quel qu'il soit, était automatiquement signalée comme étant une sorcière, et être une sorcière en Nexus, c'est un peu comme être un roux dans une classe de maternelle; on ne souhaite ça à personne. Cette femme, qui se nommait Leïla, habitait depuis un certain temps dans le palais royal, plus exactement dans la chambre des invités de marque. Les raisons du Roi pour l'avoir recueillie restaient obscures; certains s'entendaient pour dire que c'était simplement parce qu'elle était mignonne et que son Altesse Royale planifiait en faire une de ses concubines, ce qui serait un peu blasphématoire puisqu'il n'a pas ce genre de réputation et d'autres, plus modérés, croyaient qu'il l'avait recueillie pour avoir une amie au sein du palais, pour changer des servantes.

Après les délibérations, comme à tous les jours, le Roi décida de prendre un peu de son temps pour visiter son invitée dans ses appartements. Il avait pour l'occasion revêtu une tenue plus commode; un pantalon et une tunique en lin tout simple, les pieds nus, ses deux bagues de Royauté, l'un étant son sceau royal et l'autre étant une partie du Trésor Royal, composé de l'Épée du Roi, la Bague du Roi, la Couronne du Roi et finalement la Chaine Royale, tous valant un gros sac de pièces de platine et très bien gardé lorsque le Roi ne les portait pas.

-Leila? Tu es là?

Encore une fois, Leïla s'était complètement paumé. Une fois de plus, une fois de moins... ça commençait à devenir une fâcheuse habitude! Heureusement, cette fois, elle s'était préparé à l'idée de tomber un peu n'importe où.

*Je commence à avoir un véritable grave souci d'inattention, moi, en ce moment... il faut absolument que je retrouve le moyen de focaliser correctement mon esprit sans risquer à faire des bonds n'importe où juste parce que je me demande d'où vient un papillon...*

Bien décidée à dompter son esprit afin d'être capable de concentration  nouveau, chose qu'elle n'avait pas eu à faire depuis fort longtemps, elle fût rassurée de ne pas avoir quitté Nexus pour la Lune ou Dieu sait quoi encore.

Cependant, ben... elle était bel et bien paumé, et cette fois-ci, elle avait croisé des gens aux regards bien moins sympathiques, qui se mirent à médire sur elle lorsqu'elle était apparue un peu comme ça, au milieu d'une ruelle, la tête dans les nuages. Sa petite robe de bretelles bleu ciel et ses sandalettes blanches avaient beau la rendre mignonne à souhait, lui donnant presque un air d'enfant plus que de jeune femme, n'avaient en rien adoucit les passant qui commençaient à l'insulter de sorcière.

C'est à cet instant qu'était apparu un homme venant de nulle part, dégageant une présence un peu hors du commun de ce qu'elle connaissait, qui l'aida à sortir de se mauvais en lui proposant de le suivre chez lui.

Leila ne s'était pas fait prier, et le suivit donc sans même avoir pensé à se renseigner sur qui il était.

Elle apprit, à l'arrivée, qu'il n'était pas n'importe qui: il était un roi! Kah'mui de Meisa, qui était apparemment aimé de tout le personnel qui travaillait dans sa demeure. Leila se sentit alors intimidée et se demandait bien pourquoi elle avait été si naïve en le suivant comme ça. Car, même s'il avait été gentil avec elle, il n'empêche que cela soulevait des rumeurs, elle en était consciente! Elle n'avait pas envie de l'embêter, ni qu'on se fasse une mauvaise opinion d'elle au sein du palais. Aussi, elle se tient tranquille, ne sachant que faire d'autre, et, peu habituée encore à côtoyer des gens, n'osait même pas se mêler au personnel de la maison.

Quelques jours s'étaient alors écoulés quand elle apprit que le roi venait lui rendre visites dans ses appartements. Ne sachant pas trop comment réagir, elle vérifia simplement que son apparence était correcte. Qu'est-ce qui est correct ou non quand on ne sait plus très bien où e est la mode et la pudeur? C'était l'un des plus grands soucis de Leïla depuis qu'elle avait quitté son exil volontaire, aussi, elle s'était vêtue d'une simple petite robe bustier vaporeuse blanche, qui tombait amplement sur ses cuisses, oubliant de mettre des chaussures (surtout qu'elle n'était plus du tout habituée aux talons hauts et autres coquetteries féminines) et tressa simplement ses cheveux sur l'épaule sans les attacher: elle se dénouerait d'elle-même en bougeant, mais la jeune femme n'aimait garder les cheveux trop longtemps attachés. C'était un bon compromis.

Elle abandonna alors son miroir lorsqu'elle entendit la voix de Kah'mui résonner dans l'entrée de ses appartements qui l'appelait.

"Je suis là, Votre Majesté."

Elle apparut devant lui en franchissant un rideau de voile blanc qui ondulait sous la brise qui traversait la pièce en ce beau jour printanier. Intimidée, elle rougissait, ne sachant pas trop ce qu'elle devait faire ou dire, ce qu'on attendait d'elle.

"Je suis désolée, j'ignorais qui vous étiez lors de notre première rencontre. En tout cas, je vous remercie beaucoup pour votre bienveillance à mon encontre..."

Comme partout, en Meisa, il y avait des plants pourris, mais en général, les gens qui vivaient en Eist'Shabal étaient tout ce qu'il y a de plus sympathiques. En raison du climat très clément de Meisa une fois l'hiver passé, les gens ne prenaient pas longtemps à reprendre leur caractère enjoué à la place de l'humeur fourbue et ronchonne de ceux qui avaient vécu ces temps inhospitaliers qu'est l'hiver. Cela dit, il y en avait qui avaient l'humeur plus persistante que d'autres, et voir une femme à peine vêtue alors que le temps venait tout juste de s'adoucir, à la mode Nexienne en plus, c'était pas nécessairement bien vu. Enfin, tout cela pour dire que les commérages finiront bien par, tranquillement, s'estomper et laisser place à l'habituelle camaraderie qui règne dans ce joyeux petit coin de paradis qu'est la ville portuaire d'Eist'shabal, la capitale même du royaume de Meisa et location actuelle du Palais des Anciens, la demeure du puissant et éternel Roi Kah'mui. Du balcon de la chambre de la demoiselle, Leïla pouvait aisément voir tout ce qui se passait au port; les navires qui s'y amarraient, apportant les richesses du continent, les bateaux de pêcheurs qui s'affairaient à mi-profondeur, leurs filets toujours tendus pour ramener le plus de victuailles possibles pour la grande fête du printemps. Parlant de fêtes... il y en avait vraiment beaucoup trop, de ces temps-ci.

Le Roi regarda un long moment la jeune demoiselle qu'il avait recueillie. Jeune était bien le mot; à peine 17 ans, avec un visage juvénile et une peau saine. Il ne put s'empêcher de sourire, quelque part au fond de son esprit, en constatant qu'elle n'avait pas vraiment idée de la mode en Meisa. En même temps, si elle savait que la plupart des femmes préféraient être torse nu à cause du climat très chaud du domaine. Il était content de voir qu'au moins, elle ne s'était pas mise à se cloitrer dans un coin de la chambre. Cela arrivait souvent aux gens qui se retrouvaient dans une situation inhabituelle... ce qu'elle, d'ailleurs, semblait être sujette très régulièrement. Le monarque lui adressa un doux sourire et déposa sur la table de la chambre un grand panier de fruits saisonniers; il s'était fait un devoir de s'assurer que la demoiselle soit bien nourrie et ne manque de rien.

La chambre des invités était située dans une grande tour. Le seul accès à la pièce menaient sur le grand balcon, qui devenait ensuite un grand escalier qui descendait, dans le sens anti-horaire, tout le long de la tour jusqu'au niveau inférieur, qui était la Grande Bibliothèque et, accessoirement, à l'un des piédestaux de téléportation qui permettait, entre autres, d'accéder rapidement à toutes les sections du palais, à la condition d'en avoir l'autorisation, sous forme de tatouage fait dans une encre spécial dont seul le Roi et ses représentants officiels avaient le secret. Pour les visiteurs, comme Leila, un bracelet en or sur lequel l'autorisation était dessinée en relief suffisait. La chambre faisait cinq mètres de hauteur et avait un rayon de neuf. Devant l'entrée se trouvait le grand lit à baldaquin, lui-même grand de deux mètres par deux par deux. Les murs et le sol était composé exclusivement de marbre blanc, puisque l'humidité du climat encourageait l'usage de pierres pour la fabrication des logements, évitant les infestations de vermine. Au centre de la grande pièce se trouvait un grand bain ovale creusé dans le sol de marbre. De petits compartiments autour du bain servaient à entreposer les différents produits de soin du corps ainsi que des sels de bain parfumés.

Le Roi, une fois le panier de fruits déposé, se tourna vers Leïla et posa une main fraiche sur sa tête, un grand sourire sur les lèvres.

-Il est inutile de t'excuser, Leïla, et, je t'en prie, ne m'appelle pas par mon titre lorsque nous sommes en privé; il y a une raison pour laquelle je t'ai invitée et ce n'est pas pour t'enfermer dans une prison de protocole. Appelle-moi Kah'mui, ou Kah. Et si tu veux bien, tu peux même me tutoyer.

C'était probablement inusité de la part d'un Roi de demander la familiarité, mais rarement les gens se sentaient d'attaque à le contredire et lui rappeler que c'était la coutume de s'adresser avec déférence au dirigeant. Kah'mui n'était pas né Roi, et bien qu'il ait été élevé dans le domaine privilégié des Mages de la Tour Noire et habitué à se faire parler avec le respect dû aux ducs et duchesses, il préférait nettement s'adresser aux gens qu'il fréquentait de son plein gré avec la même convivialité que les gens de moins haut prestige.

-Alors, comment te sens-tu? Je sais que tu n'es pas vraiment sortie de la chambre depuis ton arrivée... et c'est un peu ce qui m'amène. Je voulais savoir si tu avais envie de venir avec moi faire une petite promenade, juste pour t'aider à te repérer en ville.

[HJ/ Il va falloir que je mette à jour ma fiche, quand même... xD /HJ]

Suite à l'incitation de toutes ces familiarités, Leïla se détendit un peu. Elle n'avait pas l'habitude de vouvoyer les gens, et si elle pouvait se comporter de manière un peu plus naturelle, elle ne dirait certainement pas non!

Et puis, elle revint à penser à son apparence. On lui avait la remarque, plus d'une fois depuis qu'elle côtoyait les gens, et même un peu avant son départ, d'avoir une apparence un peu trop juvénile.

*Serait-ce possible que j'aie oublié de continuer à vieillir? Il faut dire que je ne suis même plus certaine de l'âge que j'ai... il faudra que je prenne le temps de compter, pour voir. Tiens, ça c'est c'est ne bonne idée... Ah non! Concentre-toi! Tu parles à quelqu'un, là, quand même!*

Poliment, elle s'approcha de la corbeille qu'avait apporté le Roi, et vit combien tous les fruits qu'elle présentait étaient parfumés, beaux et appétissants. Cela faisait presque peine d'y toucher pour casser ce joli tableau. Elle se contenta donc de frôler la hanse en osier, pour se rappeler que lorsque quelqu'un se montrait gentil avec elle, la moindre des choses serait de ne pas disparaître alors qu'on entamait une discussion.

Enfin sûre de ne plus disparaître dans un quelconque verger, elle entreprit de répondre à son hôte.

"Je sais que je ne sors pas beaucoup d'ici, mais c'est que je ne sais pas trop quoi faire, ni ou aller."

Elle rougit légèrement en faisant cette confession.

"En fait, je ne sais plus vraiment comment je dois me conduire avec des gens, et j'essaie vraiment de réapprendre tout ça..."

Timide, elle replaça une mèche qui s'enfuyait de sa tresse derrière son oreille par mécanisme.

"En tout cas, je serais enchantée de pouvoir découvrir cette terre avec toi, Kah."

[Si tu as besoin d'un coup de pouce, fais-moi signe ]

Bon, au moins elle ne le craignait plus, c’était déjà un progrès vers la collaboration. Le Roi se détendit un peu à son tour, maintenant qu’elle s’autorisait à lui adresser la parole comme à un ami. Elle semblait d’accord pour sortir, donc, il n’allait pas la faire poireauter davantage dans cet endroit; la chambre était certainement accueillante, mais avec un lit aussi près, il doutait pouvoir résister à l’envie d’en profiter et de faire une longue sieste, laissant potentiellement la jeune femme susceptible de s’ennuyer très fermement. Aussi, il se contenta de lui prendre la main et de la guider à l’extérieur. Fort heureusement pour les habitants, les insectes se tenaient loin des habitations. C’était pour le moins accommodant pour ceux qui n’aimaient pas les bestioles. Une fois dehors, le Roi l’attira vers les escaliers et entama de les descendre avec elle. Normalement, une simple téléportation aurait fait l’affaire, mais il tenait à profiter de l’endroit. Il l’emmena vers le portail de transport, qu’il activa en prenant place avec la demoiselle dessus. Il fit part de son désir de se rendre dans le vestibule du palais royal.

Le Roi aimait les grands espaces. Le vestibule du palais était donc une des plus grandes pièces du palais, après la salle du trône elle-même. Doté de deux grandes rangées de colonnes ioniques qui soutenaient un plafond en arche. Le sol était fait de dalles de pierres polies, représentant quelques motifs. Le plus important était celui qui se trouvait exactement à l’entrée, qui était une réplique parfaite du cercle magique du Roi; un cercle rempli de forme géométriques relativement simple au centre duquel se trouvait un soleil [ Dessin Approximatif ]. Le Cercle d’un magicien était le reflet de son pouvoir et de sa psyché; rare était ceux qui pouvaient avec précision déchiffrer un Cercle de Sorcier, car beaucoup plus complexe et significatif qu’un cercle de magicien. Accroché au mur se trouvait l’étendard où figurait Dragon rouge et noir de Meisa.

Kah’mui invita sa compagne à s’avancer lentement. Si elle croyait que la vue de sa chambre était magnifique, elle ne s’était jamais retrouvé à l’endroit où le Roi était à son plus fort. En prenant place au centre de la réplique du cercle de Kah’mui, elle pouvait voir devant elle les grandes montagnes au nord-est, domaine des Nains et des Elfes Noirs, où les forges éternellement au travail faisait naître une fumée noire, les forêts à l’est, où résidaient les Elfes et les plus belles (et grosses) créatures forestières (on dit qu’un loup de Meisa en fait trois sur le continent), le désert au sud-est, terre des orcs et des hommes du désert, inhospitalier malgré ses oasis, et la grande rivière qui traversait l’île-mère, passant au beau milieu de la ville d’Eist-Shabal pour aller se perdre dans les forêts, sans oublier, bien sûr, les grands prés, où des centaines de fermier s’affairaient à préparer les récoltes du printemps. Meisa était une perle rare; à la fois variée sans manquer de richesse, c’était un endroit riche en couleur ou tous pouvaient se sentir confortable

-Plus à l’ouest, il y a de petites îles privées que je prête parfois aux visiteurs de marque qui désirent avoir leur intimité. La seconde plus grosse île, par contre, est au sud. C’est une île volcanique, où vivent quelques dragons et des élémentaux. Je n’y vais que rarement, et je doute que tu veuilles y aller, parce que la température y est vraiment insoutenable. Il y a une troisième île, au nord-ouest, qui est une île forestière. Je m’en sers principalement pour y faire pousser différentes plantes nécessaires à la fabrication de médicaments. C’est l’un des rares endroits dans mon royaume où il est possible de voir des Dryades.

Après cette petite description, il l’invita à descendre les longues marches, qui descendaient presque sans fin et qui donnait directement sur la grande place. Avec elle à son bras, il l’emmena dans les boutiques de vêtements. En Meisa, c’était les vêtements légers ressemblant au bikini de la Terre qui revenait à la mode, en prévision des chaudes températures qui s’annonçaient. Même les hommes se promenaient en short de lin plutôt que de porter des pantalons. Les hommes montraient fièrement leurs muscles et les femmes prenaient plaisir à savourer la caresse du soleil sur leurs corps. Leila put même remarqué que tous les gens de Meisa avaient un teint doré, à l’exception des quelques Meisaennes natives de l’archipel qui, pour leur part, arboraient des corps à la peau basanée, presque noire.

-Tu veux aller te faire une garde-robe?

[HJ/ J'ai déjà fait une première correction, il faudra que je rende ça plus attrayant à la lecture, ça fait plus simpliste qu'à mon souvenir xD]

Leïla suivit paisiblement Kah'mui, avec qui elle se sentait effectivement plus à l'aise, du fait qu'elle puisse se conduire plus librement auprès de lui. Alors qu'ils marchaient, elle se rappela un souvenir très lointain où ses parents adoptifs lui avaient donné des leçons de bienséance... mais hormis la façon de marcher, elle ne se souvenait de pas grand chose.

Alors, autant être simple et naturelle! Si elle faisait quelque chose qui ne convenait pas, elle ne doutait pas que quelqu'un la reprendrait, que ce soit avec bonne ou mauvaise grâce!

Kah'mui l'emmena voir les plus belles vues du palais. Bon Dieu, comme c'était beau! Peu importe où se posait son regard, tout paraissait tout simplement féerique.

"Je n'aurais jamais pensé pouvoir être à nouveau émerveillé par une telle vue,"murmura-t-elle pour elle, ignorant si le Roi l'avait entendue ou non.

Quand il lui parla d'îles privées pour des hôtes de marques, Leïla rêvassa un instant: cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu la mer, alors imaginer se reposer sur une île lui paraissait quelque chose d'extrêmement enviable!

En descendant sur la place, La jeune femme découvrit les habitants de Meisa. Elle fut étonné de voir qu'ils avaient tous la peau colorée, si bien qu'elle-même se sentait très pâle à côté d'eux, alors qu'elle avait pourtant pris des couleurs dans son petit paradis! vue..."

* Je dois m'y faire, je ne serais jamais faite pour avoir une telle peau caramel... mais c'est joli, les peaux de laits, aussi!* soupira-t-elle dans son esprit.

Elle fut cependant prise au dépourvu quand Kah'mui lui proposa de faire du shopping.

"Est-ce que je ne m'habille pas bien? C'est que, tu comprends, je ne sais vraiment, mais vraiment pas quoi mettre, j'ai perdu l'habitude..."

Elle se tut juste avant de terminer sa phrase qui aurait dévoilé au grand jour qu'elle ne s'habillait plus depuis des années, et que cela faisait à peine quelque jours qu'elle faisait l'effort de se vêtir pour pouvoir rencontrer des gens.

"Enfin, je veux dire... je n'ai pas beaucoup fréquenté de gens ni de ville ces dernières années, alors je ne saurais pas quoi choisir... et je n'ai pas beaucoup d'économies pour ça..."

Elle ne s’habillait pas? Eh bien, voilà une sacrée surprise à laquelle Kah’mui ne s’attendait pas du tout. À voir ses joues rougissantes, il se rendit compte qu’elle n’avait aucune idée de la mode ou des habitudes vestimentaires des gens normaux. Enfin un point en commun. À la place de lui faire des reproches, il se contenta de la prendre par la main et de l’inviter dans une des boutiques. Il salua brièvement la propriétaire, qui poussa de grands cris de joie à voir le Roi en personne se pointer dans son établissement puis elle lui demanda avec empressement ce qu’il venait acheter. Il la calma tout d’abord puis il lui demanda de lui apporter une belle jupe blanche pour son amie. Le blanc lui allant bien, il décida de ne pas changer ses habitudes. Ensuite, tout se passa si vite que Leila n’aurait probablement pas eu le temps de placer une seule protestation. La vendeuse lui avait arraché d’un coup brusque les vêtements qu’elle portait, avait pris ses mesures puis avait fouillé les étagères pour en tirer une belle jupe blanche, que le roi lui passa autour de la taille. Cependant, il ne fit aucun geste pour masquer la poitrine de la jeune femme; elle avait vraiment besoin de prendre un peu de soleil.

Après cet achat, il glissa sa main dans la sienne et, pieds nus, ils descendirent la longue pente dans laquelle avait été bâtie la ville d’Eist-Shabal, le sable blanc et fin leur massant innocemment les pieds alors qu’ils se dirigeaient lentement vers la plage à la base de la montagne. Leurs doigts doucement enlacés dans une solide étreinte était un contact auquel Kah’mui n’avait pas vraiment eu l’occasion d’être sujet, et peut-être même en profitait-il un peu trop, mais c’était beaucoup trop agréable pour qu’il arrête tout de suite. Une fois sur la plage, il savoura la caresse du vent marin sur son visage, l’odeur de l’eau salée et la beauté du décor qui se profilait devant ses yeux; de tout ce qu’il avait vu de son vivant, la mer sera toujours ce qu’il y avait de plus majestueux, comme la vie elle-même. Autour d’eux, ceux qui profitaient de leur journée se prélassaient paisiblement sur la plage sans le moindre souci du monde; il y avait des femmes nues qui profitaient du soleil, des enfants qui jouaient dans l’eau, et le plus suprenant, il y avait autant d’elfes, de nains et de nymphes des mers que d’humains, et personne ne semblait en faire un cas; c’était ça, la magie de Meisa, un endroit où tout le monde était chez soi. Il y avait même, au loin, une Géante, Anastasia, qui profitait joyeusement de sa baignade, causant de grandes vagues à chaque mouvement.

-Ici, tous sont voisins, amis ou même famille, dit Kah’mui. Tu n’as pas à avoir peur d’être différent, puisque nous le sommes tous. Tu pourrais même y vivre pour toujours, si tel est ton désir.

Il était sérieux. Puisque tant qu’elle serait en Meisa, son pouvoir serait sous contrôle, elle n’aurait pas à se surprendre d’apparaître quelque part ailleurs; s’il avait été possible pour elle d’entrer en Meisa, il s’était assuré qu’elle doive au moins être en dehors de ses frontières terrestres et maritimes avant de se transporter ailleurs sans raison. Il s’approcha doucement d’elle et lui caressa gentiment la joue.

-Alors, ca te plait?

Leïla, timide et confuse, se laissa entraîner dans les boutiques par Kah-mui, et fut stupéfaite de voir la réaction des gens à son passage: dès qu'ils furent entrés, les vendeuses comme les clientes le saluaient avec extase, tel un dieu qui leur avait l'honneur modeste de descendre des cieux pour pénétrer en ce lieu.

Etait-ce vraiment bien d'être si familière avec lui alors que tous le traitaient avec la considération qui lui est dû?

Alors que la propriétaire lui ôtait ses vêtements pour lui faire essayer une jupe, révélant que son corps était effectivement d'un teint légèrement hâlé et uni, sans la moindre trace de bronzage, avec la teinte de peau la plus foncé que son corps ne pouvait lui permettre, elle dévisageait le souverain.

Il était vraiment bel homme, et il la traitait vraiment bien. elle sentait envers lui une certaine douceur qui la mettait en confiance, et qui assurait qu'il était quelqu'un de bien. Entouré des vendeuses qui lui proposait des boissons durant son attente, qu'il refusait poliment, elle comprit cependant qu'il devait se sentir un peu seul, aussi.

*Si tout le monde le traite avec autant de déférence, ce doit être dur pour lui d'arriver à se détendre et passer du temps avec une personne normale, qui ne ferait pas attention à ce qu'il est, mais qui il est.*

Même si elle ne savait plus s'habiller, elle se souvenait du principe de la pudeur, et avec la jupe blanche, elle prit le haut d'un maillot de bain de la même couleur, car le temps était vraiment doux, et la chaleur de la journée d'été commençait à se faire sentir à son plus fort de la journée.

Le Roi l'emmena alors vers l'endroit qu'elle avait le plus envie de voir, liant leurs mains de leurs doigts, presque comme des enfants, jusqu'à la plage que fréquentait le peuple de Meisa, si divers dans les espèces de ce peuple.

Comment avait-il deviné qu'elle désirait voir la mer ? Rien que de voir l'éclat miroitant du soleil sur les vagues faisait bondir son coeur de bonheur, et le sable chaud qui caressait ses pieds lui procurait la sensation de ne désirer que de ce trouver ici, à cet instant, avec celui qui enlaçait sa main avec tant de douceur, qui l'avait emmené jusque là.

Entre l'émerveillement d'un enfant et le trouble soudain qui parcourait le coeur de Leïla en regardant le doux visage du Roi, qui lui offrait la paix de ce lieu, et une place dans ce royaume chaleureux, la jeune femme était chamboulée.

- Tout est magnifique, et cette plage offre le tableau le plus attirant que j'ai pu voir dans ma vie...

Un peu confuse, les doigts de Leïla serrèrent un peu plus celle du souverain.

- Mais... si je restais... je devrais sans doute te traiter comme mon seigneur, comme tout le monde ici. Je pourrais m'y faire, je pense. Mais je ne suis pas certaine que ce soit ce que tu désires...

De sa main libre, elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille, dévoilant malgré elle ses joues rosies.

-...Et j'apprécie ta présence près de moi.

[Pardonne ce post si court >w<]

Il la regardait. Il n’avait jamais regardé une femme avec autant d’intensité depuis des années. En fait, il ne se souvenait plus du temps où il s’était senti aussi confortable avec quelqu’un qui ne changeait pas sa manière d’être même s’il était informé de son rôle, de son rang, de son prestige. La tendresse de Leila lui faisait un changement d’air extrêmement apprécié, même s’il n’arrivait pas à le démontrer adéquatement, faute de pratique.

Après tout, son travail réclamait qu’il soit presque insensible à tout, qu’il ne démontre pas ses sentiments devant qui que ce soit, même auprès de ceux qui partageaient sa vie intime, incluant ses propres enfants, qui n’ont jamais pu bénéficier de l’amour d’un père et du plaisir que c’est de voir leur père participer aux moments importants de leur vie. Il n’a jamais vu ses petits-enfants, il a manqué cinq des six mariages de ses fils et filles à cause de la politique, et il n’a jamais même eu la chance de les voir grandir. Et il le regrettait. Leïla lui faisait oublier tout cela. Elle était vraie avec lui, et il se sentait vrai avec elle.

Elle lui avoua qu’elle ne voulait pas perdre leur relation, si elle restait là, avec lui. Qu’elle ne voulait pas de la distance qui s’était établie entre le Roi et son peuple. Elle voulait être avec lui, mais ne pas vivre la vie d’une sujette. Il lui caressa la joue avec tendresse, cette si belle joue rougie par l’embarras qu’il lui causait, et il l’attira dans ses bras dans une douce étreinte, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Son cœur? Ah, non, c’est vrai, son cœur ne bat pas. Mais il pourrait jurer qu’un instant, il s’était remis à battre. Il la serra fermement, dans un étau de pure tendresse.

-Moi aussi, j’apprécie ta présence, Leïla. Et c’est pour cela que je veux que tu restes… mais pas contre ton gré…

Non. S’il devait la retenir ici de force, il ne pourrait jamais plus supporter de voir son reflet dans une glace. Il remarqua alors la proximité qu’il avait avec la jeune femme et le fait que de nombreuses personnes les regardaient. Il leur adressa un bref regard de désapprobation et ils détournèrent aussitôt les yeux, puis il regarda Leïla dans les yeux. Il savait qu’il ne pourrait pas la garder à jamais avec lui, parce qu’elle vieillirait et mourrait alors qu’il resterait éternellement beau, jeune et vivant, mais il voulait au moins lui donne un peu de bonheur, le peu qu’il peut donner à une autre personne. Peut-être en tant que simple ami, peut-être en tant que confident et, si elle le désirait, peut-être même en tant qu’amant. Il relâcha doucement son étreinte sur elle et vint entourer son beau et jeune visage de ses mains, se penchant vers elle.

-Je te le demande… reste avec moi, Leïla. Je ne sais pas pour combien de temps tu pourras vivre ici, mais… laisse-moi rendre ce temps mémorable.

Et le meilleur, c'est que Leïla bénéficiait, tant qu'elle restait en Meisa, un avantage incroyable sur les autres humains; en Meisa, le temps s'écoulait beaucoup plus lentement qu'à l'extérieur, et pour cette raison, elle pourrait y passer des années sans prendre une seule ride. Chaque semaine, à l'extérieur, équivalait à plus ou moins un mois dans le domaine du Roi, ce qui lui promettait que peu importe ce qui se passait à l'extérieur, quand elle ressentira l'envie de partir, elle reprendrait sa vie à peu près où elle l'avait laissée. Elle pourrait rester ici, avec le Roi, partager sa vie, profiter des plaisirs d'une terre magnifique, travailler avec des gens accueillants et surtout en apprendre beaucoup sur la vie loin de la guerre, des tensions et de la douleur. Kah'mui pouvait lui offrir tout cela, et il le lui offrirait pour peu qu'elle l'accepte.

Le Roi se pencha un peu plus sur Leila, ses lèvres frôlant les siennes.

[ désolée de t'avoir fait attendre pour répondre ><]

Etait-ce bien raisonnable de s'approcher ainsi d'une personne bien plus éminente qu'elle ? Le temps où elle n'était plus qu'une orpheline était bien loin maintenant, elle avait oublié qu'elle avait eu une origine si humble, autrefois.  Pourquoi sentait-elle que ça comptait, ici, en Meisa? Pourquoi ce qu'elle était avant revenait en sa mémoire lorsqu'il s'agissait de rester aux côtés du Roi ?

Troublée plus que jamais, Leïla dégageait une pensée au dessus de toutes les autres: elle ne voulait pas qu'on médise de Kah'mui parce qu'il restait auprès d'elle.

Mais heureusement, bien des années avaient passé maintenant, et elle avait la joie de ne pas vieillir, car elle n'y avait jamais songé. Inconsciemment, sans doute, son origine et son pouvoir devait jouer un rôle dans son apparente jeunesse qui lui convenait bien. Elle avait déjà eu une vie précédente, bien chargée, avec un grand nombre de filles qu'elle avait pu avoir, qui ont grandi et on fait à leur tour leur vie.

Bien que ne connaissant que peu du Royaume de Meisa et de son roi, ne pouvait-elle vraiment pas envisager de rester un moment ici ? Auprès de celui qui la troublait tant, elle pouvait bien rester un peu.

Aussi longtemps qu'il saurait émouvoir son coeur, et qu'il tiendrait sa main, elle pourrait rester.

Aussi longtemps qu'il saurait rester lui-même avec elle, et qu'elle pourrait rester telle qu'elle était avec lui, elle resterait.

Alors qu'il s'approchait et qu'il l'enlaçait, Leïla sentit son coeur battre la chamade. L'aimait-elle donc déjà autant qu'elle souhaitait presque que le temps s'arrête en cet instant ?

Leurs lèvres se frôlèrent alors, délicatement, presque avec pudeur, avant que la jeune femme ne décide de répondre à ce baiser avec un peu plus de tendresse et d'abandon. Ses bras se nouèrent autour du cou de Kah'mui alors qu'elle déliait leurs lèvres pour lui parler.

"Je resterai, Kah'mui. Aussi longtemps que nous pourrons rester ainsi, je resterai."

Elle se blottit alors contre lui, l'embrassant de nouveau, tendre sans trop oser être plus entreprenante.