Quand l'héritage refait surface ~ {Leïla}

Enfin, un village... Shlylayll arpentait les terres du coin depuis un moment, sans trouver ce qu'elle voulait. Ça la frustrait, et peu de choses sont plus dangereuses que la luxure personnifiée frustrée. Le groupe de trois hommes qu'elle avait croisé tantôt en avait fait les frais. Elle ne se souvenait pas de ce qui avait été dit (probablement rien, en fait...), mais ça ne l'avait pas empêchée de passer ses nerfs sur eux, à grands coups de fouet. Elle leur avait arraché la peau et déchiré les chairs avant de s'estimer suffisamment calme pour reprendre ses recherches. Recherche de quoi ? Recherche d'une femme à pervertir !

Oui, elle est comme ça, Shlylayll. Elle fonctionne au caprice. En l’occurrence, elle voulait trouver une petite ingénue (enfin, autant ingénue que possible, l'ingénue pure et dure avait vu son cours grimper à des valeurs records à la Bourse du Sexe...) et la dévergonder. Et la seule femme sur laquelle elle avait pu mettre la main était une vieille bique de 80 ans. Certes, sa vie sexuelle était aussi vide que l'écuelle d'un pauvre, mais elle était aussi excitante à voir qu'un bulot. Shlylayll avait donc passé son chemin.

L'arrivée au village ne se fit pas dans la discrétion. Pas que ça dérange notre lubrique en chef, de toute façon rien ne la gêne (ou alors, pas longtemps). Observant la foule, elle finit par remarquer une jeune fille, plutôt jolie, et également timide et naïve, à en croire la lecture de son esprit. Miam miam, proie enfin trouvée !

" Bonjour jeune demoiselle ! Aurais-tu un peu de temps à m'accorder ? "

Suite à sa première escapade depuis qu'elle avait quitté son petit paradis loin de tout, Leïla avait décidé de découvrir un peu plus Terra. Il valait mieux qu'elle puisse apprendre à se maîtriser parfaitement avec les gens ici plutôt que chez les humains... après tout, elle avait été élevé par des humains, et gardait cette race comme sa race de coeur auprès de qui elle comptait bien retourner, et peut-être même réussir enfin ce qu'elle n'avait jamais réussi: avoir une vie normale.

Sa prochaine étape fut loin de Tekhos, ou elle avait atterri à sa première halte. Maintenant, elle se trouvait à Nexus, ce qui lui rappela un souvenir lointain, mais elle n'en était plus sûr, car sa mémoire était devenue assez défaillante depuis tant d'années d'ermitage.

Ayant pu s'acheter une véritable petite robe à bretelles bleue claire qui descendait sagement jusqu'à mi-cuisses, une petite culotte et des sandales, elle faisait déjà beaucoup moins sauvageonne perdue au milieu de nulle part que lors de sa première halte. Ses longs cheveux noirs lâchés flottaient dans la brise alors qu'elle arpentait les ruelles avec de grands yeux de touristes.

*Comme les choses en changés, ici! Je ne reconnais vraiment plus rien...*

Elle s'émerveillait de voir de nouvelles choses, et finit par être interrompu par son premier appel du corps: le grognement de son ventre affamé.

*Alors alors... je crois qu'il y avait un bon resto quelque part dans le coin...*

Elle se mit alors à farfouiller pour tenter de retrouver le restaurant de ses souvenirs, sans se rendre compte que quelqu'un venait de la repérer.

Lorsqu'elle entendit la voix d'une femme qui venait brusquement d'apparaître dans on champ de vision, elle sursauta. Elle bafouilla un instant, surprise, avant de se rendre compte que celle qui lui avait parlé était une démone, ce qui l'embrouilla encore plus.

Le seul démon qu'elle avait connu était son ancien époux, il y a très longtemps, et elle savait qu'une chose venant d'eux: c'était qu'ils pouvait être tentateurs à l'extrême, surtout pour une personne comme elle!

Mais elle voulait absolument garder le contrôle d'elle-même, et après une longue respiration, elle prit le parti de se montrer plus sûre que ce qu'elle était vraiment, dévorée de stress à parler à une démone sans savoir ce qui pouvait se passer.

"Et bien, personne ne m'attend, mais je ne pense pas vous être d'une quelconque utili..."

Sa voix fût coupé par le long bruit si distinctif d'un estomac criant famine, laissant sur le visage de la jeune femme une pâleur de gêne grandissante et une assurance apparente totalement émiettée.

Si Shlylayll n'avait pas eu la possibilité de lire dans son esprit, elle aurait cru que la jeune fille avait une forte volonté, vu l'assurance de sa réponse. Puis son ventre se met à gargouiller, et son assurance disparaît. Voila qui est mignon tout plein ! L'entité envisage de lui donner de son lait, mais ce n'est pas comme ça qu'elle pervertira sa proie. Ce qu'il faudrait, c'est l'amener à avoir des pensées d'ordre sexuel, puis les amplifier à l'aide de ses pouvoirs. Et une idée se formait dans la tête de l'être libidineux...

" Une petite faim ? Suis-moi, je connais un bon resto dans le coin. "

Et Shlylayll se dirige vers ce fameux "resto", qui n'est autre que celui que la jeune fille a en tête, l’entraînant derrière elle. Littéralement d'ailleurs, puisque l’incarnation lui avait prit la main sans lui demander son avis.

" Ne t'inquiète pas, c'est moi qui régale. Dis-toi que c'est une compensation pour le temps que tu m'accorderas. "

Moi qui régale, et moi qui vais me régaler, petite chose... Shlylayll avait en effet prévu de payer le repas "en nature", tout en faisant en sorte que sa proie assiste à la scène. Un tel spectacle devrait se marquer dans son esprit, et générer tout un tas de pensées que l'entité prendra plaisir à amplifier, jusqu'à ce que coït s'en suive. Mais une étape à la fois...

Tout ce que pouvait dire Leïla, c'était qu'elle n'en avait pas eu le choix, et était obligé de suivre la démone qui l'entraînait à travers les ruelles sans savoir où elle allait.

Cependant, même si elle mourrait de faim, se laisser manipuler par une démone qui n'avait même pas pris le temps de se présenter de devait absolument pas être correct, non?

La faim la taraudait cependant trop pour s'arrêter et forcer la discussion avec elle.

- C'est très gentil à vous, finit-elle pourtant par dire malgré la marche forcé, mais je ne vous connais pas, et j'ignore pourquoi vous avez besoin de moi...

Mais la voilà distraite par les odeurs de nourriture qui s'évadait non loin d'elles, forçant Leïla à perdre le fil de sa concentration pour suivre les humées des plats qui envahissaient ses narines, oubliant la compagnie du démon pour ne penser qu'à ça.

Le coup du restaurant fut une bonne diversion, l'odeur de nourriture attisait la faim, elle-même prenant le pas sur ses pensées plus importantes, comme la méfiance envers l'incarnation. Celle-ci frottait ses mains virtuelles : une petite proie facile à manipuler, exactement ce qu'il lui fallait !

" Je m'appelle Shlylayll, mais tu peux raccourcir en Shly, si tu préfères. Et ne t'inquiètes pas, je ne vais rien te faire. Disons juste que j'ai comme un don pour trouver les bonnes personnes, et aujourd'hui, c'est toi.
Mais pour le moment, allons manger, prend ce qui te fait plaisir ! "

Et Shlylayll entra dans le restaurant, tenant la porte à sa future victime. Les odeurs étaient bien plus fortes une fois rentré, et l'entité se doutait que cela aurait son petit effet sur la fille. Un garçon de salle vient les accueillir, et l'incarnation lui dicte ses instructions, assorties d'une œillade, puis le suit jusqu'à la table, marchant sensuellement histoire de préparer le terrain.

A la seconde même où elles pénétrèrent dans le restaurant, Leïla oublia immédiatement tous ses doutes et toutes ses craintes, ne pensant quasiment même plus à Shlylayll, tellement les odeurs des plats l'enivraient de toutes part.

"Bon Dieu que j'ai faim!"

Elle s'était exclamé sans même se rendre compte qu'elle avait parlé tout haut, surprenant l serveur qui les guidait à leur table. Celui-ci eu un petit sourire gentiment moqueur, mais là, pour le coup, la jolie brune s'en fichait. Son estomac allait être rempli: que demander de plus ?

Pourtant, une fois assise en face de son hôte, elle rougit, légèrement honteuse. Se laissant guider naïvement par sa faim, elle n'avait pas été très convenable avec celle qui l'invitait, et décida alors de s'excuser, ce qui était la moindre des choses.

"Je suis désolée, je ne me conduis pas très bien à votre égard... J'espère que je pourrais vous être utile en retour." dit-elle avec maladresse, ses joues rosies par la gêne de son comportement et replaçant comme une enfant une mèche de ses longs cheveux sombres derrière son oreille, geste qui la rassurait.