Les minions de la maîtresse des Enfers faisaient leur travail et cette fois ils s'appliquaient plus que jamais pour éviter de causer une nouvelle fois le courroux de leur maîtresse. Il n'y avait plus qu'à espérer que cette bataille la rassasie de sang et de violence afin d'éviter pour eux un châtiment cuisant.
L'outrecuidance de Slave aurait pu lui coûter beaucoup, mais Lady se contenta de le regarder en souriant et, mettant son index à la blancheur laiteuse sur les lèvres de son amant, elle se contenta de sourire :
_Explose ceux que tu voudras mon aimé, mais tu devrais plutôt faire s'écrouler un bloc du volcan pour boucher l'entrée par laquelle ils pénètrent mon royaume... Tant que tu me laisses en exterminer quelques uns, tu sais que tu peux te faire plaisir. Pour le reste... Sois patient.
Déposant un bref baiser sur ses lèvres, elle s'élança de nouveau dans la bataille, rejoignant ses serviteurs qui en avaient bien besoin. Angoissés à l'idée d'être poursuivi par la colère de leur maîtresse, ils n'en étaient que plus efficaces et leurs coups redoublaient de violence, tuant presque systématiquement chaque adversaire au lieu de les blesser comme ils en avaient l'habitude.
Dégainant Evil avec un hurlement vengeur, Lady Death fondit sur ses ennemis avec une fougue sans égal. Combattant mieux que vingt chevaliers assemblés, plus souple et agile que quarante assassins, elle était une adversaire plus que redoutable. Sa nature de femme et ancienne humaine lui assurait qui plus est parfois un petit avantage car ses ennemis restaient quelque fois immobiles une fraction de seconde en découvrant cette vision surréaliste d'une femme belle comme jamais à la blancheur laiteuse au milieu des Enfers. Fatale fraction de seconde.
Mais cette fois elle ne cherchait pas à faire du propre, à faire du grand art guerrier comme il pouvait lui en prendre l'envie, cette fois elle balançait Evil comme une masse, fauchant et tranchant ses ennemis par le milieu les laissant choir sur le sol en deux morceaux distincts et gargouillant de sang avant que la lave ne les brûle et/ou ne les avale.
La vision de Lady se battant était toujours quelque chose d'hypnotique, pour la partie adverse comme pour la sienne. Voir ses seins secoués sous ses mouvements d'épée, à peine maintenus par un maigre soutien-gorge, voir voler sa cape et dévoiler ses fesses rondes et fermes, son string dévoilant parfois une partie de Sacro-saint Sanctuaire féminin... Si elle s'habillait de façon aussi légère pour des raisons de température, elle avait bien compris que c'était un avantage indéniable dans les batailles, et pour elle, comme un défi lancé à ses adversaires : le signe que, ne portant aucune armure, elle ne craignait rien, ni leurs coups, ni leurs épées, que Lady Death vaincrait toujours, et c'était vrai.
Un coup d'épée – à plat de la lame, elle eut de la chance – lui fit brusquement lâcher Evil. Une petite dizaine de créatures en profita pour se jeter sur elle. Avec un cri elle commença la distribution de coups. Ici, une mâchoire qui craquait, là un tibia, ici un bras, plus loin un œil crevé, un nez cassé et plusieurs côtes brisées. Les coups pleuvaient. Elle poussa un cri de surprise en sentant une lame s'enfoncer dans son biceps. Le muscle avait été miraculeusement épargné, la lame glissant entre lui et l'os, mais la douleur était intense. Projetant violemment la paume de sa main sous le nez du fautif et remontant d'un coup sec, elle lui enfonça le cartilage nasal dans le cerveau, il s'écroula aussi sec. Avec un cri rageur elle sorti sans douceur la lame de son bras : au moins maintenant était-elle armée. Mais les créatures continuaient d'affluer toujours plus nombreuses. Pour le moment ils pouvaient encore les battre, mais si d'autres arrivaient, Lady serait contrainte de faire appel à son armée, ce qu'elle aurait préféré éviter. Levant la tête et cherchant des yeux Slave, elle finit par le trouver aux prises avec quelques créatures.
_Prime ! Colmate la brèche ! Maintenant !
Il acquiesçât, et la maîtresse ne prit pas la peine de le suivre du regard, elle savait qu'il ferait son travail et elle devait se débarrasser de ces bêtes qui l'assaillaient de toutes parts. Profitant d'une accalmie, elle put récupérer Evil au sol et désormais armée d'une dague encore tâchée de son sang et de son inséparable épée, elle allait faire des ravages.
Faisant tournoyer sa lame autour d'elle, elle faucha têtes, bras, tout ce qui passait à proximité sans faire dans le détail, ouvrait une brèche dans sa garde et son moulinet, de temps à autre, pour infliger un ultime coup de dague à son adversaire.
A ses pieds se formait une mare de sang et un petit tas de morceaux de corps divers.
Elle souriait, riait même, alors que le sang lui barrait le visage, lui tachait les dents, projetait sur sa peau à la blancheur irréelle une couleur effroyable.
De blanc, de rouge et de noir bariolés, jamais la maîtresse des Enfers n'aurait pu mieux porter son nom.
Enfonçant son épée jusqu'à la garde dans une dernière petite créature elle se retourna.
Prise dans le combat, elle n'avait même pas vu ni entendu le volcan s'écrouler partiellement pour colmater la brèche d'où sortaient leurs ennemis. De nombreux étaient morts écrasés et la plupart était en train ou allait mourir brûlés par la lave qui glissait maintenant sur un nouveau chemin : celui des ennemis des Enfers.
Plantant la pointe de son épée dans la tête d'une de ses victimes, morte et étendue sur le sol, Lady Death croisa les bras sur le pommeau, souriant en regardant la déroute des troupes adverses qui sombraient peu à peu dans la mer de feu. Les fuyards étaient massacrés par son petit contingent de fidèles tandis que les autres brûlaient, impitoyablement engloutis par la lave. Elle eut un grand sourire de satisfaction. Sourire qui, affiché sur son visage ainsi bariolé, lui donnait un air quelque peu inquiétant pour qui ne la connaîtrait pas.
Elle ne se retourna pas en sentant son amant se poser à ses côtés et enserrer sa taille. Elle eut un sursaut de douleur et un petit cri pourtant quand il glissa son bras droit sous le sien : il avait remué la blessure de la jeune femme.
Grimaçant, elle y jeta un œil. Ce n'était pas vraiment beau à voir, mais ce serait vite guéri, elle ne s'en formalisa pas et vint plutôt coller son corps à celui de son cher Slave Prime. Se tournant vers lui pour une meilleure étreinte, ce fut à son tour de l'embrasser comme une possédée, là, dressés sur les cadavres de leurs ennemis anéantis. Ce nouveau baiser fut long, sulfureux, entaché de sang, celui de Lady, de Slave, des autres, brûlant, plus encore que le volcan, et tandis qu'ils s'embrassaient, le corps de la maîtresse, comme mu d'une volonté propre, se pressait en ondulant contre celui de son amant. Elle termina ce baiser en lui mordillant la lèvre inférieure et en vrillant sur lui son regard sans iris ni pupille et dans lequel on lisait pourtant le désir dévorant.
L'embrassant encore, elle glissa doucement une jambe le long de la taille de son tendre et si aimé Slave, comme une invitation à la prendre, maintenant, comme ça, sur ses adversaires vaincus à deux, toujours à deux, à jamais à deux, pour leur éternité.