Divine Mélodie [PV Nô]

Parfait. La fuite semblait réussir pour le moment sans qu’aucun des étudiants ne les rejoignent malgré tout ou que d’autres intrus viennent s’incruster non loin du camion. Les badauds sont malheureusement un peu trop récurent pour la vampire qui préfèrerais avoir la paix un moment, juste le temps de rejoindre l’entreprise en toute discrétion. Pour l’instant, il n’y avait que du vide entre son objectif et l’orée du bois sans personne d’autre que ses hommes dans cet espace. Il ne restait plus qu’à marcher et ramper pour respectivement Nô et Cassandra pour rejoindre la remorque et ainsi filer. D’ailleurs, cette dernière s’arrêta net sans se dévoiler. Son signe de la tête voulait tout dire. Elle n’avait pas autant confiance que l’Empoisonneuse du périmètre de sécurité établit par Kiyuri et ses hommes. Bon il faut dire que s’en deviens tellement machinal avec l’une et sûrement nouveau pour l’autre que ça soit normal qu’une telle différence de jugement s’installe :

- Ouvrez la porte, messieurs.

Ce qu’ils firent. On pouvait voir deux parties distinctes à l’intérieur, visibles par la différence d’usure et de propreté. La première était celle qui se trouvait juste à l’avant, salle et abîmée comme n’importe quel véhicule de transport. La deuxième en revanche semblait comme aménagée, avec une nette différence de couleur et de matière. Le métal froid et inconfortable semblait plutôt être capitonné de haut en bas histoire de pouvoir séjourner plus ou moins longtemps de manière à la fois discrète et confortable. Alors que Nô venait de rentrer dedans, elle vit quelque chose faire de même, manquant de faire basculer la vampire par la surprise. Surprise qui n’en était pas vraiment une d’ailleurs car il était simple de voir qu’il ne s’agissait que de la Lamia. Marchant doucement vers cette dernière, laissant ses subordonnés boucher le passage avec des caisses sortant d’un bâtiment non loin, histoire de bloquer toute vue sur les deux sublimes femmes, elle s’installa droite contre le conteneur, patientant sagement.

Une fois tout cela installé, la porte fut rabaissée et le moteur remis en route. Le trajet commença donc rapidement, trajet les conduisant jusqu’au parking de l’entreprise. Pendant la durée de ce voyage relativement confortable si l’on tient compte de ce qu’il devrait se passer normalement, la Dame de l’ombre resta parfaitement silencieuse et immobile, toutes paupières closes. Non seulement le bruit du moteur à peine camouflé lui vrillait ses tympans plus sensible que ceux des humains, mais les chaos de la route s’y mettait aussi, lui donnant presque mal à l’estomac. Donc même si les rebords sont malgré tout faits pour diminuer l’impact de ces mouvements involontaire et atténuer les sons, cela reste trop insuffisant pour sa part. Heureusement, au bout d’à peine une poignée de minutes semblant être des heures pour la PDG, tout s’arrêta. Vu le temps effectué et la distance qui les séparait, facile de conclure qu’elles étaient arrivées :

- Nous y sommes. J’espère très sincèrement que cela n’eut pas été trop inconfortable pour vous…

Son mutisme était brisé, mais une pointe de mauvaise humeur fut légèrement perceptible autour d’elle, détestant ce genre de voyage clandestin. Un bruit de porte ouverte se fit entendre avec des caisses qui laissèrent un passage visible, ses hommes dégageant les encombrants en s’excusant pour le trajet. Normalement, elle aurait riposté un "Les excuses ne sont que pour les faibles s’assumant pas leurs actes" mais pour cette fois, elle passerait l’éponge, marchant avec la boite de son shamisen vers le plancher des vaches. Le parking souterrain destiné à l’unique usage des livraisons secrètes de Papillon… Il y avait quelques véhicules blindés ou comme celui qui avait été dépêché à l’instant, des piliers de bétons solides pouvant résister à un séisme ainsi que l’entrée déjà fermée en plus d’un escalier et d’un ascenseur. Il ne restait plus qu’à utiliser ce dernier pour rejoindre l’étage menant à son bureau :

- Je vais bientôt pouvoir reprendre la musique très chère Cassandra. Je pense que nous en aurons bien besoin une fois nos émotions remises

Je pouvais voir Nô silencieuse et immobile, sans doute ennuyée par le trajet. Moi par contre, pas du tout habituée à ce genre de déplacement et de véhiculé souffrit pleinement de leurs... désagrément. Ce qui vint d'abord fut les déplacements. Se sentir trimbalée, forcée de m'accrocher à des caisses sous peine de me retrouver projetée contre les murs était extrêmement désagréable, et souleva un début de nausée en moi. Nausée qui fut pleinement amplifiée par les odeurs nauséabondes qui s'infiltrèrent rapidement depuis l'arrière du véhicule. Les vibrations et le bruit assourdissant ne firent rien non plus pour me faciliter la vie, moi qui avais une ouïe très sensibles aux vibrations. Toujours était-il que je passai la majorité du trajet un peu verte, les yeux fermés et une main sur l'estomac pour éviter de régurgiter mon repas. Ça aurait été un comble d'impolitesse.

Puis, après ce qui sembla être des heures pour moi aussi, le véhicule s'arrêta. Je restai dans la même position quelques instants, vérifiant que je n'allais pas vider le contenu de mon estomac, puis, une fois rassurée et ayant entendu Nô me dire que nous étions arrivés, je poussai un soupir de soulagement. Ce fut d'une voix faible que je lui répondis.

- Malheureusement, ce ne fut pas le cas. J'espère sincèrement que c'est la dernière fois que je voyage dans un tel véhicule. C'était pour le moins désagréable.

Je me tournai vers elle et lui souris faiblement.

- J'ai pu néanmoins constater que vous aussi n'appréciez guère ce trajet. Je tiens à vous remercier de votre compagnie, alors même que vous saviez sans doute que ça allait être inconfortable pour vous.

Nous nous trouvions dans un lieu éclairé par quelques lampes... étranges seulement, avec divers véhicules semblables à celui que nous venions d'emprunter. Je sortis le plus rapidement que je le pouvais sans paraître malpolie et souris une fois de plus vers Nô alors qu'elle prit la parole de nouveau.

- J'apprécie énormément l'aide que vous m'apportez, mais je ne suis point égoïste. Je ne voudrais pas abuser de votre générosité en vous demandant à jouer pour moi alors même que vous avez peut être d'autres choses à faire. Je sais être une invitée convenable et n'aurais aucun problème à me plier à vos... indications si besoin est. Après tout, je vous dois déjà beaucoup.

Un petit sourire amusé s'afficha sur mon visage et la lueur dans mes yeux s'intensifia légèrement alors que je la regardais.

- Après vous très chère Nô.

Je ne savais ni où j'étais, ni où je devais aller, et je ne reconnaissais pas du tout la technologie. La seule option viable qui me restait était de lui emboîter le pas et de me plier à ses directives pour le moment.

Libre. Un terme qui serait plutôt bien ancré dans la situation actuelle en connaissant l’enfermement qu’il y avait dans le fourgon. Une fausse prison mobile destinée à avoir la paix pendant tout un trajet sans que ni la vampire ni la Lamia ne se fasse repérer dans ce qui était une chasse aux ennuis. Cette liberté avait été regagnée avec l’aide ses hommes de main dans cet endroit pas très beau et relativement peu utilisé par Nô. Suite à son petit discourt concernant la musique et les émotions déclenchée précédemment, Cassandra joua les modestes en soutenant le fait que Nô est quelqu’un d’occupée et qui n’a pas besoin de rester avec elle trop longtemps. Dans un sens, il s’agit de la vérité car des choses à faire, elle en a oui. Mais pour l’heure, il était tard et ce n’est pas la nuit qui irait la faire travailler, profitant toujours de ce moment pour se détendre sous la lumière de la lune. Même les affaires de la plus haute importance peuvent faire patienter ces pompeux collectionneurs face au doux rideau de la nuit.

Pour l’instant, il ne restait qu’à rejoindre son bureau. Elle ne rétorqua aucune parole suite au petit discourt de la reptilienne, sachant pertinemment ce qu’elle veut et doit faire. Inutile d’échanger des mots provoquant des phrases seulement destinées à passer de la pommade où c’est futile ou encore faire un échange banal de modestie plus ou moins vraie. Emboitant le pas vers l’ascenseur qui les emmènera plus haut dans la tour de verre noir, l’Empoisonneuse repris un peu de couleur même avec le teint pâle qu’elle possède d’habitude cela ne se voit pas beaucoup. La cabine était relativement espacée, juste de quoi laisser de la place à la PDG et une grosse caisse contenant des choses diverses pour sa collection personnelle, et réglé de façon à ce que les conteneurs n’abîme rien pendant le trajet, évitant également les sensations désagréable de la montée rapide pour la vampire :

- C’est par ici. Ne faite pas attention à l’espace confiné. Le trajet sera bien plus confortable que précédemment

Elle laissa la demoiselle rentrer la première étant donné que sa queue prend plus de place et qu’il serait plus facile de s’installer avant qu’après son hôte. Puis elle passa entre les portes ouvertes qui se refermèrent quand elle appuya sur le bouton de montée pour rejoindre l’étage. Il ne fallut que quelques secondes pour arriver en haut sans aucun problème majeur et atteindre le bureau non loin. Une odeur de fleur de lotus envahissait la pièce. Des tapisseries sur tous les murs de ce quasi hall de gare remasterisé en intérieur de temple japonais. Il y avait même une fontaine artificielle près de la baie vitrée et le bureau était entièrement fait de bois, à l’ancienne. Seul l’ordinateur portable faisait tache avec quelques prises dissimulées par-ci par-là pour générer un minimum d’électricité quand le besoin est. L’ambiance est relativement apaisante avec également un petit coin lecture avec des poufs, des coussins et des étagères remplies de livres divers :

- Nous voici arrivée très chère Casandra. En espérant que mon modeste bureau vous plaise. Je vous laisse observer le tout à votre guise

Au cas où, elle entreprit mentalement de la suivre car certaines choses sont plus fragiles que d’autres.

Je la vis rester silencieuse pendant un court instant face à ma tirade, et puis elle se dirigea vers une porte métallique et je la suivis prestement, emboîtant dans ses pas. Ici j'étais sur son domaine, donc au final je devais lui faire entièrement confiance. Ainsi, lorsque la porte métallique s'ouvrit, je gardai mon calme et la crut lorsqu'elle m’indiqua que le trajet serait plus confortable que celui dans ce véhicule infernal. Toujours était-il que je n'avais pas beaucoup de place, donc je fis de mon mieux pour ranger convenablement ma queue afin que la vampire puisse rentrer sans aucun souci.

Comme elle l'avait dit, le trajet ne me posa guère de souci, juste la surprise lorsque je sentis la nacelle dans laquelle je me trouvais monter rapidement, mais encore une fois ce n'était pas la première fois que je subissais ce genre de sensation donc je n'eus aucun souci à la surmonter. Les portes s'ouvrirent après quelques secondes et je laissai échapper un petit 'oh' étonné. C'était un endroit... assez joli, totalement différent de ce que j'avais vu de ce monde jusqu'à présent. Si ce n'était les quelques machines plus proches d'outils tekhans que le reste, je pouvais presque me croire sur Terra.

Dès qu'elle me donna l'occasion d'explorer son bureau, qui n'avait vraiment rien de modeste, je lui sourit, un vrai sourire ravi et lui répondit :

- Merci beaucoup Nô, je vais essayer d'être rapide et ne pas trop vous déranger par ma présence.

J'inspectai tout d'abord les tapisseries, respirant à pleins poumons cette odeur agréable qui me changeait agréablement du miasme malsain qui régnait à l'extérieur. Je passai ensuite à la bibliothèque, regardant plusieurs livres, certains que j'arrivais à lire et d'autres non. Ma curiosité et ma tendance à faire plusieurs choses à la fois me firent dévoiler une autre facette de moi même lorsque le bout de ma queue se saisit d'un livre et l'ouvrit avec une délicatesse et une précision peu communes pour un appendice caudal. Puis, une fois que j'eus fini de regarder les livres, j'inspectai prestement la fontaine, et regardai bouche bée par la baie vitrée. J'étais une lamia, une femme serpent, et j'aimais donc rester aussi près du sol que possible. Enfin, normalement de simples bâtiments tels des châteaux et autres ne me posaient pas de souci, mais là la hauteur élevée, ainsi que la grande baie vitrée me mirent légèrement mal à l'aise, et je fermai les yeux quelques secondes pour me calmer, m'éloignant un peu de la vitre.

Je me tournai ensuite, une fois calme, vers Nô et lui lançai un sourire amusé.

- Votre bureau est exquis ma chère, mais je dois avouer que sa hauteur m'a un peu pris de court. Emmener un serpent si loin du sol dans votre nid, je pourrais presque me sentir comme une proie. Enfin, pas vraiment, je vous rassure, mais l'analogie de l'aigle et du serpent m'a parue appropriée pour un moment... et assez amusante.

Elle pouvait clairement voir que je ne me sentais pas menacée du tout et étais simplement amusée.